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 catch me if you can (joseph&blake)

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Message(#)catch me if you can (joseph&blake) - Page 2 EmptyLun 29 Oct 2018 - 19:21


Catch me if you can
Joseph Keegan & Blake Smith
T’as de nombreux défauts, tu peux toi-même les nommer sans honte. Il te faudrait un classeur entier pour ranger la liste complète des conneries que t’as déjà faites dans ta vie. Peu nombreux sont ceux qui arrivent à voir derrière le mur de défauts derrière lequel tu te caches, probablement pour te protéger. Tu sais que t’as pas la puissance d’un boxer, la flexibilité d’un karatéka ou la vitesse d’un sprinteur. Mais, si tu devais nommer l’une de tes qualités, tu pourrais certainement affirmer que t’es pas rancunier envers ceux qui te jouent de mauvais tours. Toute ta rancune, tu la gardes pour tes parents que tu n’as pas vus depuis vingt ans. S’ils étaient morts, tu ne le saurais même pas. Et si quelqu’un venait t’informer de leur décès, tu lui demanderais s’il a quelque chose de plus intéressant à te raconter. Alors, que Blake ait couru sans se retourner le jour où la police a écrasé son autorité sur ton dos, tu n’as porté des remords qu’envers tes propres choix. T’aurais dû refuser ce job, tout simplement, car tu savais que t’étais pas prêt à grimper les échelons. Ça ne t’aurait d’ailleurs pas dérangé de rester un simple dealer de rue toute ta vie. Tu n’accordes pas d’importance à ta carrière. Ce qui te permet de te lever le matin, c’est de savoir que, tu ne risques pas de mourir de faim sur les trottoirs de Brisbane, sous les yeux indifférents des hommes qui jettent la moitié de leur repas lorsqu’ils n’ont plus d’appétit. Mais, depuis quelques temps, tes inquiétudes reviennent et elles sont fondées. Il ne te reste que cinq cents dollars. C’est ce que tu as compté, hier soir, avant de t’endormir sur un matelas que tu regretteras lorsque tu ne pourras plus te permettre de dormir dans les auberges de jeunesse. Alors, l’homosexualité, le plaisir qu’un homme pourrait t’offrir, ou, simplement, le plaisir qu’une femme pourrait t’offrir, ça t’importe plus depuis que t’as enclenché le mode survie. Tu ne cours plus derrière les femmes, tu ne te souviens pas la dernière fois où tu as complimenté le sourire d’une fille dans l’espoir de l’accompagner jusqu’à chez elle le soir venu. Et, ta dernière baise ? Tu préfères ne pas trop y penser. Lorsque Blake t’informe qu’il s’occuperait lui-même de ton cas si tu admettais être intéressé par l’un des pires des pêchés, tu glousses et tu hoches la tête.

- Ouais, merci. Je ferais pareil.

Le changement de sujet ne te déplait pas parce que, même si tes souvenirs sont flous, tu as l’impression de trop connaître le sujet de la pédophilie. Tu n’arrives toujours pas à mettre la main sur le problème mais, depuis toujours, lorsque tu passes devant une Église, un sentiment de malaise te ramolli les muscles. Tu préfères éviter ce lieu qui t’irrite la mémoire. T’as déjà pensé retourner chez tes parents pour enfin leur demander quel était ton problème, pourquoi tu n’arrivais plus à supporter l’image de la religion mais, à chaque fois, cette envie te passait bien rapidement quand tu repensais à cette ceinture fortement coincée entre les doigts refermés de ton père. Tes yeux se perdent un moment sur l’étoile de David encrée sur le coude de Blake. Tu t’arracherais la peau si un jour tu te réveillais avec ce tatouage sur ton corps.  Un rictus dégoûté anime ton visage l’instant d’une seconde et tu secoues la tête pour chasser le malaise qui a pondu ses œufs dans ton ventre. Tu préfères repenser à ce Noël, il t’incommode bien moins. " C'est le renne au nez rouge qui t'a fait de l'effet ? Tu me pardonneras si je te dis que je ne savais même pas que t'étais là! Il faut dire que j'ai fini la soirée à vomir à côté des toilettes en utilisant ce fameux pull pour essuyer! " Qu’il te révèle avoir oublié ta présence cette nuit-là, ça ne te surprend pas. Il t’avait bien fait comprendre, plus tôt, que jamais toi et lui n’avez été de bons copains. Tu souris inconsciemment, car tu repenses à cette soirée qui s’est effectivement terminée en massacre. Tu te souviens de Chris, bien trop bourré pour calculer ses actions, qui était sorti dehors autour de deux heures du matin pour chanter Noël sur le terrain des voisins qui n’avaient pas autant ri que les manthas devant le spectacle. Vers trois heures, Isaak avait complètement disparu et l’une des salles de bain était verrouillée. Tous avaient deviné qu’il était en pleine conférence avec la toilette. Les pommes ne l’avaient pas aidé à supporter l’alcool. Blake avait suivi la lancée un peu plus tard et, toi, t’as été le dernier debout. T’es resté très longtemps devant le sapin laidement décoré – les banderoles en papier de toilette n’avaient pas été la meilleure idée de Sam –, accompagné d’une bouteille d’alcool fort qui t’a côtoyé jusqu’à ce que tu le rejettes toi aussi vers cinq heures du matin, quand le quartier général était complètement silencieux. Tu savais déjà que la matinée allait être difficile.

- J’imagine que c’est plutôt la quantité d’alcool que j’avais ingérée qui m’a fait halluciner des seins sur ton torse.

Tu te pinces les lèvres pour contenir ton amusement. Cette fois, tu te permets un petit mensonge. Car, à ce Noël, c’est bien la masculinité de Blake qui avait attiré ton attention. Sa jambe collée contre la tienne lorsqu’il tente d’atteindre un biscuit, puis sa main qui frôle ta cuisse lorsqu’il se redresse avec son trésor sucré. Il ne t’a fallu rien de plus pour venir plaquer un oreiller contre tes hanches pour cacher ton érection soudaine. Et aujourd’hui, le simple fait d’observer son visage te rappelle les émotions tellement fortes et précises que tu as ressenties dans le passé. Il ne t’en faut pas plus pour sentir à nouveau la pression dans tes jeans et, cette fois, tu n’as pas de coussin pour protéger ton intimité. Tu te contentes d’approcher davantage la chaise de la table pour que cette dernière te couvre entièrement. Cette réaction de ton corps ne te dérange toutefois pas puisque Blake semble tout aussi ouvert à l’idée d’une sexualité déviante, selon la Bible. " Et qu'est ce que ça pourrait cacher ? Je n'ai rien à cacher, si tu veux savoir si je couche avec d'autres mecs, y a qu'à le demander. Les idées des Manthas, je me torchais déjà avec quand je dealais pour leurs beaux yeux mais ils avaient l'habitude de ne pas poser les questions qui pouvaient leur apporter une réponse gênante. Et j'ai pas l'habitude de mentir. " Tes doutes sont confirmés. Du moins, c’est ce que tu penses. Le garçon devant toi touche plus de corps masculins que féminins. Tu hoches la tête en caressant ta barbe piquante et tu détournes les yeux vers ta tasse vide. Il ne te suffit que de quelques secondes pour remarquer celle de Blake, encore à moitié pleine.

- J’pense que t’as répondu à toutes les questions que je me posais.
Mais, pour être certain de ce que j’avance, j’vais te le demander. Et, t’as presque l’air de vouloir m’en faire part. Tu couches avec des mecs ?


Si tu veux savoir, c’est simplement par curiosité. Tu aimes ça, les potins. T’es pas intéressé à lui faire des avances, même si ta queue prouve le contraire depuis qu’elle tend le cou vers Blake. Tu gigotes un peu sur ta chaise en serrant les dents et, discrètement, tu portes ta main à ta bouche pour faussement tousser puis tu la diriges vers ton entre-jambe que tu ajustes en te raclant la gorge. Rapidement, tu reposes tes coudes sur la table et tes yeux dans ceux de Blake, le regard aussi innocent que celui d’un chaton. C’est la première fois que tu alimentes une conversation aussi longtemps avec lui. C’est certain, avant il était rarement au QG mais ce n’est qu’aujourd’hui que tu te rends compte que lui et toi avez de nombreux points en commun. Avant, vos discussions se résumaient aux formules de politesse, façon mantha. Blake n’a jamais semblé s’intéresser à ton cas et tu ne toujours pas si, aujourd’hui, il fait semblant comme avant. Pourtant, il te révèle des renseignements sur ses emplois qui te surprennent. Des emplois assez… uniques." Je bosse quand je veux, je choisis les contrats qui me plaisent pour ces dames, si tu vois ce que je veux dire! " Tu plisses le regard et tu penches la tête sur le côté. Devant le sourire malin de Blake, tu comprends. Tes yeux se perdent un moment vers l’extérieur, tu observes chacune des femmes qui traverse de l’autre côté de la fenêtre et tu finis par glousser. Toutefois, ton intérêt n’est pas réellement là. Pas comme avant.

- Ouais, j’vois ce que tu veux dire. Alors tu fais les mecs et les femmes. T’es versatile. C’lequel le mieux ?

Puis, il te résume son occupation de « toile ». Tu n’en apprends pas beaucoup puisqu’il t’avait fait un bon résumé plus tôt, quand tu t’étais permis d’étirer son débardeur pour observer l’étendue des tatouages sur son torse. Tu es toutefois surpris d’apprendre que c’est ce qui lui rapporte le plus. C’est rarement l’art qui remporte sur les autres professions.

- Comment ça marche ? Il te paye à chaque fois que tu lui ramènes un client ? Ses dessins doivent valoir le cul de Dieu si tu dis que c’est ce qui te rapporte le plus.


Et, enfin, il apporte sur la table un sujet pour lequel tu es complètement démodé. Internet. Putain, ça fait des lustres que tu ne t’es pas promené sur la toile. Tu n’as plus de forfait, encore moins de téléphone. T’as déjà pensé à naviguer dans cet univers à partir des ordinateurs de la bibliothèque mais toutes les pages sont bloquées, exceptée celle que les clients utilisent pour trouver un bouquin dans les étagères. Et t’es pas assez doué en informatique pour comprendre comment détourner le système. Tu te contentes de la vie réelle et elle est déjà bien assez compliquée.

- Ah bon.

C’est réellement la seule réponse que tu as à lui offrir. Tu ne veux surtout pas qu’il te compare à ces vieux qui ne savent pas allumer un ordinateur. Tu préfères ne pas trop lui poser de questions. Après tout ce temps, tu as probablement loupé bien trop d’informations et tu paraîtrais complètement inculte, ce que tu veux éviter. Ensuite, c’est à toi d’informer Blake sur ton emploi. Évidemment, tu lui offres un mensonge dans une assiette en argent. Loin de toi l’idée de l’informer sur ta situation compliquée. Étrangement, c’est ceux qui admettent être tombé au fond du trou (ou qui sont contraints à l’admettre) qui reçoivent le moins d’aide. Les gens veulent tendre leur main, pas une échelle. Ça solliciterait trop d’efforts. Tu as ensuite la brillante idée de lui demander un service, celui de te prêter son salon le temps d’une partie de foot. Mais, bien rapidement, tu comprends que tu ne seras pas chanceux. Ton regard s’affaisse, réaction que tu ne réussis pas à bien cacher. T’as compris que Blake n’a pas l’intention de te refiler des informations sur sa vie privée, telle que l’adresse de la maison où il crèche. Par contre, lorsqu’il s’agit de révéler son orientation sexuelle inhabituelle, là il n’y a pas de problème ! Tu serres les dents et tu te forces à sourire à sa prochaine réplique. " Il va falloir trouver un autre mec super bandant chez qui squatter! Mais si c'est un match important, tu pourras peut-être trouver un café sympa où voir la diffusion! " Tu juges qu’il serait mieux pour toi de ne rien ajouter. Tu sens qu’une insulte pourrait t’échapper des lèvres si tu reprends la parole. Ton expression s’obscurcit étrangement, et tu le sais. Tu portes ta main à ton torse pour attraper le crucifix qui y pend, à travers ton t-shirt. Tu en tâtes la forme, les yeux tournés vers ailleurs. Ce symbole que tu détestes mais qui t’a sauvé à plusieurs reprises. Celui qui te rappelle les bonnes manières pour éviter de ne te faire que des ennemis. Tu le relâches bien rapidement, comme s’il t’avait brûlé les doigts, et tu reposes ton attention sur le tatoué. Tu commences à penser que ce mec est un connard alors qu’il n’est absolument pas au courant que t’as besoin d’un endroit où te poser si tu ne veux pas fréquenter les rues plus qu’il ne le faut. Tu expires discrètement et, de nouveau, tu souris faussement.

- Yep. J’f’rai ça. Merci.

Des mots courts, directs et soufflés. Tu ne peux pas te permettre d’en ajouter. T’as pas eu une discussion aussi profonde avec quelqu’un depuis trop longtemps. Tu ne peux pas tout gâcher. Il est la seule bouée sur laquelle tu peux t’accrocher pour le moment. Si tu la laisses glisser entre tes doigts, tu te noieras. La serveuse vient te sauver du malaise que tu as instauré en répondant aussi froidement. Elle se pose à côté de votre table, le sourire lumineux mais les yeux que pour Blake.

- Je peux vous apporter quelque chose d’autre ?

Tu prends la parole, rapidement, peut-être trop rapidement.

- Nop, pas besoin. Ça s’ra une facture. Pour lui.

Tu le pointes du doigt sans détourner les yeux de la demoiselle bien plus jeune que toi et tu te permets d’ajouter :

- Profites-en pour lui refiler ton numéro de portable, tant qu’à y être. Il se fera plaisir de te contacter.


Et tu te mords la langue pour te la fermer. Yep, t’as encore laissé tes paroles contourner les douanes de la prévention de la connerie.  


 

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Message(#)catch me if you can (joseph&blake) - Page 2 EmptyMer 31 Oct 2018 - 10:58

Blake ne se vantait pas d'être un fin observateur. Il n'avait pas l'extraordinaire mémoire de Joseph. Mais il y avait une raison bien précise à ce manque d'attention, c'était clairement qu'il se fichait bien des autres et de ce qui l'entourait, et c'était la raison pour laquelle il ne retenait rien. Un visage ne le marquait pas, il ne faisait pas attention aux détails, il passait ses yeux clairs sur les éléments sans s'y attarder, sans s'en préoccuper. Des traits pouvaient lui paraître semblables à d'autres, il différenciait les gens entre eux uniquement si quelqu'un parvenait à capter son attention. Il pouvait alors commencer à actionner sa mémoire pour retenir certaines choses et surtout, ses yeux pouvaient se balader doucement pour chercher les détails. Habituellement, il ne prêtait aucune attention aux mimiques des autres, à la gêne qu'ils pouvaient ressentir, il n'était ni empathique, ni compréhensif. Il fallait lui dire les choses pour qu'il les comprenne, il ne devinait pas, il ne cherchait pas à analyser. Pourtant cette fois, Joseph avait réussi à attirer son attention, il le regardait et il commençait à capter les changements qui s'opéraient chez lui. Et il vit son nouveau coup d'œil à son coude et Blake ne put s'empêcher de suivre son regard en fronçant les sourcils. Il avait compris que l'étoile tatouée sur sa peau posait un souci et la grimace qui accompagna les yeux de Joseph ne faisait pas de doute cette fois. Il désapprouvait visiblement cette marque posée là. Il ne savait pas si Joshua avait certaines convictions religieuses, ils n'en n'avaient jamais parlé, il ne lui avait jamais offert la signification de ce tatouage particulier. Blake ne l'avait découvert qu'une fois terminé, comme beaucoup de ceux qui se trouvaient sur son corps. Le tatoué ne voulait pas voir les dessins avant qu'ils ne soient gravés sur lui. Et Joshua avait accepté cette condition. Blake avait offert son corps à ce tatoueur hors du commun, il lui laissait comme une toile vierge prête à être peinte et pas question pour lui de se donner une occasion de changer d'avis ou d'émettre une opinion. Et il n'avait jamais regretté cette décision, il n'avait honte d'aucun dessins, il ne cachait aucun d'entre eux, bien au contraire. Et quand bien même il en aurait eu envie, il savait que Joshua n'apprécierait pas qu'il se balade en col roulé à longueur de journée. Mais Joseph avait un problème, soit avec la religion en lien avec l'étoile, soit avec la religion tout court. En règle général, il ne cherchait pas à savoir des choses. Il n'était jamais dans la recherche, Blake. Il ne questionnait que rarement, la curiosité ne faisait pas partie de son mode de fonctionnement. S'il posait une question, c'était généralement pour appuyer là où il sentait une faiblesse apparente. Il demandait pour emmerder, pour gêner, pour encombrer. Et si Joseph lui donnait l'impression d'être inébranlable et aussi emmerdant que lui, il sentait une faiblesse au niveau de ce tatouage qu'il avait bien l'intention d'exploiter. Parce qu'il était aussi con que ça. " Tu aimes les étoiles ? " Demanda-t-il d'un air parfaitement innocent, comme s'il s'interrogeait vraiment sur ce regard qu'il avait capté sur le tatouage à deux reprises. Il cherchait la signification de cette aversion, parce que la curiosité le titillait malgré tout et qu'il aimait voir la gêne s'inscrire chez les autres. Sa question était ironique bien sûr, il avait un léger sourire en coin, preuve que son innocence était complètement feinte. Mais il n'était pas le seul à s'interroger, à être curieux. Ou alors, Joseph faisait aussi bien semblant que lui et cherchait à le mettre mal à l'aise en le questionnant sur sa sexualité et tout ce qu'elle avait de tordue aux yeux de bien de la population mondiale. Il se savait déviant à ce sujet, et pas seulement parce qu'il aimait coucher avec un mec. Non, il aurait fallu une vie entière d'analyses pour comprendre ce qui faisait que Blake aimait autant les rapports de force et la manière dont Joshua le traitait parfois. Mais s'il était habitué à plaire et à ce que les visages se tournent sur ses traits angéliques et son corps sculpté, il était à mille lieux de s'imaginer que, de l'autre côté de leur petite table, Joseph bandait pour ses beaux yeux, ce qu'il tenta de nier pourtant. " - J’imagine que c’est plutôt la quantité d’alcool que j’avais ingérée qui m’a fait halluciner des seins sur ton torse. " Un sourire entendu franchit ses lèvres et il hocha la tête humblement, comme s'il laissait Joseph croire à ce mensonge. Et c'est d'ailleurs ce qu'il ne se priva pas de lui dire en haussant les épaules. " Si c'est ce qui te rassure! " Il eut même le culot de lui adresser un clin d'œil en ricanant comme un crétin. Blake mettait toujours les deux pieds dans la plat et le sujet ne le dérangeait pas. Pas plus que Joseph visiblement. Même si ce dernier venait lamentablement de se trouver une excuse pour quelque chose qui n'avait finalement pas vraiment d'importance. Blake ne se souvenait pas de ce jour, il ne se rappelait pas avoir été proche de Joseph une seule fois pendant cette soirée de toute manière et comme il l'avait dit, il était habitué à ce qu'on lui reproche une réaction involontaire du corps. Le sujet l'amusait mais il ne le prenait pas au sérieux. Sans se douter un seul instant de l'inconfort de celui qui lui faisait face. Il ne fut pas assez attentif pour remarquer les petits changements chez Joseph. Il était un peu trop concentré sur le regard de son ancien collaborateur en réalité, il cherchait plutôt à déceler le jugement ou tout autre sentiment dans son regard. Mais il n'y trouvait rien de tel et il était assez étonné de voir à quel point le sujet avait dévié. " - J’pense que t’as répondu à toutes les questions que je me posais. Mais, pour être certain de ce que j’avance, j’vais te le demander. Et, t’as presque l’air de vouloir m’en faire part. Tu couches avec des mecs ? " S'il avait envie de lui en faire part ? Certainement pas. Ce n'était pas le sens qu'il aurait dû accorder à ses paroles. Blake n'était gêné d'aucun sujet mais sa vie privée n'était pas ce qu'il préférait évoquer. Pourtant, il prit un malin plaisir à hausser les épaules avec désinvolture tout en répondant. " Ouais. De temps en temps. Tu me fais signe si la curiosité te titille la queue. " Il ne put s'empêcher de rire devant cette blague de bien mauvais goût mais c'était clairement la seule chose qu'il était capable de répondre. Joseph venait de reconnaître avoir déjà bandé pour lui et sa curiosité aiguisait celle de Blake. Il ne lui faisait pas d'avance. Ou du moins il ne le croyait pas. Il arqua un sourcil en observant de plus près l'aspect négligé du jeune homme assis en face de lui. Il n'aurait pas su dire s'il trouvait Joseph beau, ou même charmant. Il avait un sourire qui donnait envie de le suivre dans ses conneries et des yeux expressifs. Son côté mal rasé et mal coiffé était un parfait contraste avec Blake. Mais le jeune tatoué ne s'était jamais interrogé sur l'attirance qu'il pouvait parfois ressentir. En réalité, il mentait. Il n'avait couché qu'avec un seul mec, et c'était Joshua. A de nombreuses reprises certes, mais le tatoueur était le seul à ce jour à éveiller sa queue. Alors, elle ne risquait pas d'ouvrir les  yeux pour un mec qu'il connaissait à peine. Le simple fait pourtant d'en parler, d'imaginer coucher avec un autre que le tatoueur avait un côté excitant, inédit, presque interdit. Mais pas avec Joseph. Certainement pas avec Joseph. Il n'avait jamais parlé aussi longtemps avec l'ancien Mantha et il se surprenait à ne pas voir le temps passer, à ne pas regarder l'heure sur sa montre toutes les cinq minutes comme il en avait parfois l'habitude. Non, il ne comptait pas son temps et ne cherchait pas à savoir s'il prenait du retard dans son emploi du temps. Il se surprenait même à lui confier ce qu'il faisait dans la vie, sans le moindre filtre. " - Ouais, j’vois ce que tu veux dire. Alors tu fais les mecs et les femmes. T’es versatile. C’lequel le mieux ? " Là encore,  la répartie de Blake vint lui gratouiller la langue et son sourire en disait long sur ce qu'il pensait de cette question. La curiosité était un vilain défaut avec Blake, Joseph finirait par l'apprendre. Mais au lieu de lui demander s'il voulait tester sur pied quelle différence il pouvait y avoir, le tatoué ne refit pas l'erreur de faire deux fois une proposition scandaleuse à un hétéro à qui il n'était pas lié. Il n'était pas stupide au point de lui montrer un quelconque intérêt. Pourtant, son expression était plus provocante et clairement, il en aurait eu des choses à dire sur le sujet. Il haussa les épaules, d'un air parfaitement blasé. " Le mieux, c'est la thune que je touche pour ça. C'est la seule raison pour laquelle je touche les femmes. Mais c'est pas pour ça que je ne suis pas sélectif. " Il avouait être rémunéré pour ses prestations sexuelles avec les femmes et n'avoir qu'un désir financier pour elles. Donc, si Joseph avait l'esprit aussi intuitif que photographique, il en déduirait tout seul comme un grand qu'il préférait les hommes. "- Comment ça marche ? Il te paye à chaque fois que tu lui ramènes un client ? Ses dessins doivent valoir le cul de Dieu si tu dis que c’est ce qui te rapporte le plus. " Blake était surpris par les questions ciblées de Joseph. Elles étaient précises et intéressantes, des questions qu'il ne se posait pas en temps normal et il devait réfléchir pour poser une réponse. Et il aimait ça, la difficulté d'un échange l'attirait toujours, il détestait parler pour lui, échanger des banalités sans saveur, parler de la météo, de la pluie et des orages à venir. Il n'utilisait jamais sa langue sans un but bien précis. Il mit donc quelques secondes avant de répondre, l'air particulièrement interrogatif. " C'est l'un des meilleurs tatoueurs de la ville, il a une liste d'attente de neuf mois. Et je suis comme sa carte de visite ambulante, je l'accompagne aux salons. C'est un peu comme porter en permanence les habits d'une marque. Et ça entraîne de jolies primes. Je dessine pour lui quand il n'a pas le temps. " Il se rendit compte qu'en parlant, il avait attrapé une serviette et un stylo destiné à récolter les avis des clients sur les prestations reçues et comme un réflexe tout à fait inconscient, il avait commencé à gribouiller sur le morceau de papier. Ce fut cette vision qui l'amena à parler de ce qu'il faisait depuis quelques temps pour Joshua, en plus de tout le reste. Il se mordit la langue pour s'empêcher d'ajouter que le jeune tatoueur était particulièrement généreux quand il imprimait la marque de ses dents un peu trop violemment dans le cou de Blake. Il n'avait pas l'intention de délivrer trop d'informations d'un seul coup.



Mais Blake n'était pas tout à fait stupide et complètement aveugle et s'il avait raté la réaction de Joseph et son inconfort quelques instants plus tôt, le changement d'ambiance le frappa et il releva le yeux de son dessin sans se rendre compte que ses paroles étaient à l'origine de l'inconfort qui venait de s'abattre sur eux. Il vit l'ancien dealer se fermer, son regard changer, ses traits se durcir et il aurait juré qu'il se retenait de dire ce qu'il pensait réellement. Pourtant, en refusant la demande de Joseph, Blake ne s'était pas attendu à une telle réaction et il n'arrivait pas à comprendre ce qui avait bien pu la provoquer. Il n'était pourtant pas assez intéressé pour le demander. Peut-être la demande de Joseph cachait-elle quelque chose que Blake n'avait pas compris. Est-ce qu'il lui avait demandé de venir samedi soir dans le seul but de le revoir ? Non, le tatoué n'était pas ce genre de naïf sentimental. Il était encore moins le genre à se faire des idées et pourtant, il était bien forcé d'admettre que la réaction du plus âgé n'avait pas grand chose de rationnel. Son stylo suspendu au dessus du papier blanc qu'il gribouillait encore cinq minutes plus tôt, il observait Joseph d'un œil bien plus attentif que quelques instants auparavant. " - Yep. J’f’rai ça. Merci. " Blake hocha la tête sans rien répondre, pas toujours certain de ce qu'il convenait de lui dire de toute manière. Il n'avait pas la main sur son logement, il n'avait pas de télévision dans sa chambre et il n'avait pas l'intention de demander à ses colocataires de lui laisser la télévision pour une soirée. Blake n'eut pas le temps de chercher davantage quelque chose à répondre ni même à se détester pour se poser cette question, la serveuse revint vers eux pour leur demander s'ils désiraient autre chose. Il ouvrit la bouche mais ne fut pas le plus rapide et il détourna son attention de la brune pour la tourner vers Joseph. " - Profites-en pour lui refiler ton numéro de portable, tant qu’à y être. Il se fera plaisir de te contacter. " Blake crispa le poing en fronçant les sourcils. Il venait clairement et très nettement de dire à Joseph qu'il n'aimait pas les femmes, à quoi jouait-il exactement ? Il détestait ne pas suivre et subir ce genre de situation sans pouvoir réagir davantage et il se contenta de répondre au plus âgé sans le quitter du regard. " Tu crois qu'elle cache une queue dans son pantalon ? " Demanda-t-il, comme s'il s'agissait d'une véritable question. Ce n'était pas Joseph qu'il cherchait à mettre dans l'embarras et visiblement, il avait réussi son coup puisque la jeune serveuse ne mit que quelques nano secondes pour s'éclipser. Blake sortit son téléphone de sa poche et le posa sur la table pour le faire glisser vers Joseph. Avant de s'expliquer, il sortit sa carte bleue et la posa sur la table à l'attention de la serveuse. Il récupéra alors son stylo et se mit à gribouiller quelque chose sur la feuille sous le dessin qu'il avait commencé. Il le fit ensuite glisser à côté du téléphone. Il finit par ouvrir la bouche en désignant son portable. " Rentre ton numéro. J'ai un ordinateur et un réseau impeccable, si ça t'ennuie pas de mater le match sur un dix-sept pouces et avachi dans un vieux fauteuil bien sûr! " Il pointa alors la serviette du menton sur laquelle il avait inscrit son adresse en lettres noires et bien écrites. Il ne sut pas réellement ce qui venait de le faire changer d'avis sur la question ni ce qui le poussait à faire ce qu'il venait de faire mais il avait agi sous l'impulsivité qui le caractérisait et il ne le regrettait pas encore. Il était loin de se douter qu'il le regretterait très bientôt.
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Message(#)catch me if you can (joseph&blake) - Page 2 EmptyMer 31 Oct 2018 - 18:02


Catch me if you can
Joseph Keegan & Blake Smith
Tes yeux se baladent souvent un peu trop loin. Tu as souvent l’impression d’en perdre le contrôle lorsque quelque chose t’agace ou, au contraire, lorsqu’une vue intéressante t’est offerte. Oui, t’es ce genre de mec qui répond fortement aux décolletés plongeant de ces dames et qui ne se gêne pas pour profiter de la vue panoramique. T’as bien compris que, si les femmes se vêtissent comme ça, c’est pour le plaisir des hommes. Mais, aujourd’hui, c’est l’étoile de David qui capte un peu trop ton attention. Une simple étoile. Six branches, symétrique. T’aimerais bien ne pas avoir terminé ta boisson chaude; elle t’aurait aidé à oublier la présence de ce symbole religieux sur Blake en détournant ton attention. Mais, maintenant que tu n’as plus rien pour occuper tes mains, t’es bien contraint à laisser ta curiosité te promener là où elle le souhaite. Le garçon remarque ton regard insistant, comme une femme remarquerait tes yeux brillants rivés vers sa poitrine. « Tu aimes les étoiles ? » Tu ne redresses pas tout de suite la tête. Tu prends le temps de réfléchir à la question en plissant les paupières. C’est en passant ta main dans ta barbe que tu reprends tes esprits et que tu entrouvres la bouche un instant. Tu hoches la tête, puis tu la secoues, sans vraiment te rendre compte de ta gestuelle imprécise.

- Celles qui tapissent le ciel et celles qui ne possèdent que cinq branches, oui.

Tu n’es pas réellement mal à l’aise vis-à-vis de sa question. T’as compris qu’il a remarqué l’intérêt étrange que tu portes envers le tatouage sur son coude. Mais t’as pas l’intention de t’étendre davantage. Tu préfères éviter qu’il t’étampe le mot « nazi » dans le front car c’est bien eux qui ont méprisé le judaïsme pendant la seconde guerre mondiale. Mais, toi, tu ne fais pas de jaloux : tu détestes toutes les religions à parts égales. T’es de ceux qui pensent que ces dernières empêchent les hommes de faire les choix qu’ils veulent faire. Elles enferment ses pratiquants dans un moule de dogmes qui empêchent le réel éveil de l’esprit. Celui de vivre au jour le jour, d’apprendre de ses propres expériences et de se forger une propre opinion sur le monde qui nous entoure. Alors, que le sujet ait dévidé vers l’un des péchés dans de nombreuses religions, ça te fait plaisir, en quelques sortes. T’as toujours aimé défier ton éducation. Si tes parents t’entendaient parler avec Blake aujourd’hui, ils en perdraient connaissance. " Si c'est ce qui te rassure! " Le clin d’un qu’il te fait, tu ne t’y attendais pas. Tu hausses un sourcil, incapable de contenir ta surprise. Et tu détestes constater que ton érection soudaine est encouragée par ce signe invitant qu’il vient de te faire. Et, à ses prochaines paroles, tu sentirais presque le rouge te monter aux joues. " Ouais. De temps en temps. Tu me fais signe si la curiosité te titille la queue. " Putain, s’il savait. Un sourire nerveux soulève tes lèvres alors que tu détournes les yeux un moment pour te concentrer sur quelque chose d’autre. Tu penses au dernier cadavre d’écureuil que t’as croisé dans la rue ce matin, à l’homme de soixante-dix ans, puant, qui a tendu sa tasse vers toi pou te quémander un peu de monnaie. Mais ta queue est résistante. Elle, elle pense encore à Blake. Alors t’abandonnes, tu soupires fortement et tu replaces tes cheveux trop longs sur ta tête. Tu sais que Blake plaisante, son rire est si franc et spontané. Il est comme toi. Il rit des malaises pour les détruire. Alors tu décides de te joindre à lui et, étrangement, tu te surprends à ne pas forcer ton rire. Il vient naturellement, comme si Blake et toi étiez faits pour vous côtoyer.

- Ouais, c’est ça. Tu m’en reparleras le jour où j’me réveillerai avec une soudaine envie de sucer des queues.

Tu ricanes une dernière fois en laissant tes yeux glisser jusqu’à la table et tu te permets un moment de lire les petites annonces sur le napperon de papier devant toi. Fleuriste, forfaits internet, dentiste. Tout pour attirer ton attention lorsque tu ne sais pas quoi ajouter. Car, le sujet de l’homosexualité, vous l’aviez assez abordé. En parler davantage serait réellement louche. Tu remarques, à la réaction de Blake à ta question, que cette dernière l’amuse réellement. Tu penches la tête sur le côté en attendant sa réponse et c’est lorsqu’il admet ne coucher avec les filles que pour s’en mettre un peu dans les poches, tu comprends sans le questionner davantage qu’il penche davantage du côté des garçons. Tu ne réagis pas réellement, mais tu réfléchis à la question. Tu n’es pas de ceux qui voient un réel intérêt à baiser avec des gens du même sexe que toi. T’es pas un sentimental, t’es jamais tombé amoureux alors, pour toi, le sexe se base simplement sur le plaisir. Et les femmes peuvent t’en procurer davantage. Ils ont plus de… surfaces à offrir. La douceur des seins, la rondeur des fesses, c’est quelque chose qu’il te faut pour prendre ton pied. Du moins, c’est ce que tu pensais jusqu’à ce que la main de Blake frôle ta cuisse à ce Noël dont tu es sorti assez ébranlé, pas seulement à cause de l’alcool. Le sujet dévie vers quelque chose de moins gênant pour tout homme voulant prouver sa virilité. En apprenant que son tatoueur est complètement bouclé pour les neuf prochains mois, tu ne peux pas contenir ta réaction de surprise. Malgré toi, ton regard se porte vers le mouvement sur la table. Blake a empoigné un crayon et s’est mis à gribouiller quelques croquis qui, tu ne peux pas le nier, t’impressionnent. Tu n’as jamais eu les mains d’un artiste mais tu n’as pas te mal à reconnaître que Blake a du talent. Et jamais tu n’aurais pu le deviner, provenant d’un homme qui a côtoyé la criminalité. "Je dessine pour lui quand il n'a pas le temps. " T’as oublié de l’écouter jusqu’à ce qu’il arrête de parler. Tu restes muet un moment en essayant de reformuler dans ta tête les mots qu’il a enchainés mais tu n’y arrives pas. Pour ne pas révéler le manque d’attention dont tu as fait preuve, tu hoches la tête et tu réponds :

- C’est cool.

Mais, rapidement, l’ambiance s’obscurcit par ta faute. Ton plan a échoué mais rien ne te fait plus chier que de te faire ignorer de la sorte. Les insultes s’entassent dans le fond de ta bouche et tu fais tout en ton pouvoir pour ne pas les laisser s’échapper. Tu ne veux pas tout ruiner. T’as trouvé quelqu’un qui aurait assez de thunes pour te permettre de ne pas vivre à la rue comme un putain de sdf. Tu revois cet homme barbu accompagné de son arme, sa tasse, et tu frissonnes. S’il y a quelque chose qui te fait peur, c’est de finir comme lui. Tu ne pourrais pas supporter l’idée de vivre aux pieds des autres. Ton indépendance, tu l’as méritée. Malheureusement, lorsque la serveuse vient s’assurer que vous étiez deux clients satisfaits, tu ne peux pas retenir une phrase que tu jugerais toi-même d’injuste. Blake vient de te révéler sa préférence pour les hommes et t’as assez de culot pour capter l’intérêt de la jeune fille quant au tatoué. " Tu crois qu'elle cache une queue dans son pantalon ? " Tu ne quittes pas l’intéressé du regard, et lui non plus. Devant ses yeux bleus un peu trop sereins, tu te sens tout à coup minuscule. Il a lu la colère contenue dans les traits de ton visage. La silhouette de la serveuse disparait en un éclair et, enfin, tu te mords la lèvres inférieure, conscient de ton erreur. Mais, t’es encore heureux de ne pas l’avoir envoyé chier directement. Tu t’attendais à ce que Blake se relève en faisant couiner les pattes de sa chaise sur le plancher de bois mais, à ta grande surprise, il enfonce sa main dans sa poche et en sort un téléphone qu’il fait glisser jusqu’à toi. Tu restes hébété un moment jusqu’à ce qu’il t’explique ce qu’il désirait que tu fasses. Tes yeux lisent l’adresse inscrite sur le morceau de papier et, tout de suite, elle s’inscrit au fond de ta mémoire. Ces chiffres, cette rue. Ils font maintenant partie de toi. Tu les as tellement convoités. Un sourire discrètement vainqueur soulève tes lèvres et, sans plus attendre, tu ouvres le téléphone de Blake en essayant de paraître le plus aisé possible. Tu n’as pas touché à ce genre d’appareil depuis bien longtemps et tu n’es presque pas surpris de te rendre compte que l’écran entier est tactile. Un Samsung. T’étais un partisan d’Apple, toi, dans le temps où tu en possédais un. Tu avales de travers en faisant défiler les applications et tu cherches celle des contacts que tu trouves quelques secondes plus tard. Lorsque le clavier s’ouvre devant tes yeux et qu’il attend que tu y inscrives ton numéro de téléphone, tu n’hésites pas une seconde, tu jettes un seul regard au napperon qui t’avait intéressé quelques minutes plus tôt et tu inscris le numéro du dentiste en te mordant la langue pour t’empêcher de réagir à ta fourberie. Tu prends ensuite le papier sur lequel est encré l’adresse de sa maison ainsi que le dessin et tu l’enfonces dans ta poche même si tu sais que plus jamais tu ne la regarderas. Tu hoches la tête en redonnant le téléphone à Blake et tu lui offre un sourire sincère, quoique tu restes encore assez surpris de son changement d’attitude soudain. Peut-être apprécie-t-il les gens qui ont du caractère et qui savent ce qu’ils veulent, comme toi ? Bientôt, la serveuse revient, à pas boitant. Tu lis le malaise dans son visage et ça t’arrache un sourire amusé. Elle tend l’appareil de transaction à Blake, le bras tremblant et un sourire forcé illumine ses yeux ébranlés. Blake a bel et bien brisé ses rêves en l’humiliant ainsi. Tu glousses en pensant que, au fond, t’as plus de chances qu’elle de se retrouver dans son lit. Une pensée étrange pour un hétérosexuel, quand même.                              
 

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Message(#)catch me if you can (joseph&blake) - Page 2 EmptyVen 2 Nov 2018 - 15:56

Blake ne pouvait plus manquer, maintenant qu’il y prêtait un minimum d’attention, la gestuelle de Joseph. Et si on disait souvent au tatoué qu’il était un livre ouvert, il avait l’impression qu’il en était de même pour l’homme assis en face de lui dans ce café. Il sentait un léger malaise, sans pouvoir mettre de mot dessus et comme à chaque fois, il appuyait pour en apprendre davantage. Quand il pouvait trouver le moyen de mettre quelqu’un mal à l’aise, il ne se gênait pas, il faisait même en sorte d’en rajouter parce qu’il était ainsi plus facile pour lui de voir ce regard, cette étincelle qu’il cherchait en permanence. Celle qui lui indiquerait qu’il est allé trop loin, qu’il est sur la corde sensible, qu’il est en train de tirer trop fort, qu’il lui faudrait calmer le jeu s’il ne voulait pas se retrouver le nez contre terre et la pommette en sang. Mais c’était justement ça que Blake cherchait, c’était cette lueur dangereuse dans un regard agacé. Il sentait alors l’adrénaline lui couler dans les veines, il pouvait entendre son cœur s’accélérer. Il avait besoin de ça pour se sentir vivant. Il avait alors moins l’impression d’être un fantôme dans cette vie, d’être de passage, sans valeur ni appartenance. Il n’en n’avait jamais cherché bien sûr et il rejetait toute forme d’attachement et pourtant, il se sentait seul à certains moments. Une contradiction comme Blake en possédait beaucoup. Mais cette fois, il sentait qu’il ne trouverait pas ce qu’il aimait tant avec quelqu’un comme Joseph. Il ne le verrait pas s’énerver, serrer les poings et grincer des dents. Non, s’il manifestait un léger malaise, il n’était pas assez significatif pour que Blake en comprenne le sens et la raison. Il n’avait donc aucune raison particulière d’insister. « - Celles qui tapissent le ciel et celles qui ne possèdent que cinq branches, oui. » Il avait donc bien un problème avec le symbole et non avec le dessin en lui-même. Blake hocha légèrement la tête mais n’en demanda pas plus. Il n’avait pas réellement envie de savoir ce qui poussait Joseph à mépriser une religion, peut-être un côté biblique. Il avait avoué connaître l’ouvrage sacré dans les profondeurs, peut-être sa religion lui disait-elle de détester toutes les autres. Ou bien il avait un problème avec cette religion en particulier. Blake baissa les yeux légèrement pour secouer la tête et chasser ces questions de son esprit. Il s’en fichait. Il n’était pas de nature curieuse, il n’allait pas le demander directement et Joseph ne semblait pas disposé à le lui enseigne. Il n’irait pas chercher une réponse qu’il ne souhaitait pas réellement entendre. Il ne savait pas vraiment ce qui l’avait poussé à accepter cette entrevue mais c’était exactement cette même pulsion qui rendait Blake curieux. Mais pourquoi ? Il n’aurait pas su le dire. Il n’avait de cesse de se répéter qu’il ne connaissait même pas Joseph avant de faire cette transaction avec lui et il était plus que certain qu’il ne se sentait coupable de rien vis-à-vis de son arrestation alors pourquoi il cherchait à connaître ce jeune homme ? Pourquoi il poussait la conversation toujours plus loin ? Et pourquoi, ô grand pourquoi, il venait de faire à Joseph une proposition plus qu’indécente alors qu’il le savait hétérosexuel, même si parler d’homosexualité ne le gênait pas une seule seconde ? Là encore, il ne put rater la surprise dans les yeux de son ancien collaborateur et son sourire s’agrandit malgré lui. Si le jeune tatoué ne criait jamais sur les toits qu’il préférait coucher avec des hommes, il aimait bien faire ce genre de chose. Gêner les hétéros avec une proposition qui les mettrait dans l’embarras. Parce que si certains réagissaient violemment, d’autres se sentaient gêner de considérer la proposition un quart de secondes. Parce que Joseph l’avait très bien dit lui-même, Blake arrivait à faire bander des hétéros persuadés de détester le contact d’un autre homme. Il savait qu’il était doué pour le sexe, et pas seulement quand il s’agissait de faire monter une femme au septième ciel. La patronne de sa mère avait espéré faire de Blake une petite pute de luxe à l’époque pour ses clients les plus curieux et elle lui en avait appris des choses. Des choses que Blake aurait préféré ne jamais savoir. Et il avait expérimenté son savoir sur Joshua qui ne s’était jamais plaint, bien au contraire. Mais la question ne se posait pas, il n’était pas question de toucher Joseph et de coucher avec lui, quand bien même l’idée était tentante sur l’instant, sans qu’il ne s’explique pourquoi. « - Ouais, c’est ça. Tu m’en reparleras le jour où j’me réveillerai avec une soudaine envie de sucer des queues. » Blake sourit en coin, parfaitement à l’aise avec cette conversation, ce qui ne serait pas le cas de tout le monde. Il se contenta de poser son dos sur le dossier de la chaise en croisant les bras. « J’attendrais ton coup de fil alors ! » Persuadé que cela pourrait se produire ou simplement taquin ? Blake préféra laisser le doute à Joseph et clore le sujet sur cette belle conclusion. Il ne savait pas ce qui le poussait à être aussi bavard, à raconter sa vie, ce qu’il faisait de son temps libre mais surtout ce qu’il faisait de sa vie. Mais il n’avait rien à cacher, il répondait simplement, librement, il n’était plus dans l’illégalité depuis un an, il n’avait plus peur de rien. Il faisait bien son travail, il s’amusait, il vivait au jour le jour et sa vie lui convenait parfaitement. Il n’avait pas à la cacher. Mais qu’il s’intéresse également à celle de Joseph avait un côté étrange. Il se mit à gribouiller des formes imprécises sur un bout de papier et il continua à parler en même temps, sans se rendre compte qu’il avait perdu l’attention de Joseph au moment où il avait posé son stylo sur le papier.

Mais même l’ambiance froide ne l’aurait pas empêché de continuer son dessin et malgré toute sa bonne humeur, il ne put que répondre à l’attaque de Joseph par une autre attaque, visant la pauvre serveuse qui n’avait absolument rien demandé. Mais il ne fallait pas que Joseph s’amuse avec lui, ce n’était absolument pas un bon plan, pour aucun d’eux deux. Blake répondait toujours pour se défendre et il venait de prendre très mal la tentative de Joseph et le caser avec la jeune serveuse. Et la pauvre jeune femme n’avait pas mérité son attitude. Mais Blake s’en fichait pas mal, il était trop occupé à observer Joseph et à lui proposer de venir quand même mater le match chez lui. Il ignorait bien pourquoi mais tandis que l’ex taulard entrait son numéro de téléphone, Blake ne le quittait pas des yeux, cherchant la faille chez ce mec, cherchant ce qu’il pouvait cacher, ce qui clochait. Parce que Blake était convaincu que quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Pourtant, il voyait chaque détail, il observait les traits de Joseph tandis qu’il pianotait que son écran et malheureusement pour lui, un fracas en cuisine détourna son attention une seconde, cette seconde qui ne lui permit pas de voir le regard de Joseph dévier. Il revint quelques secondes plus tard vers lui tandis que le plus âgé lui rendait son téléphone et que la serveuse revenait. Il lui tendit sa carte en rentrant son téléphone dans sa poche et il ne rata pas son regard vers ses tatouages bien imposés, jusque sur sa main. Elle avait le regard tremblant et effacé mais il ne ressentit pas la moindre culpabilité. Il récupéra sa carte après la transaction et sortit un peu de monnaie de sa poche pour la poser sur la table. Il l’avait humilié, il pouvait bien lui laisser un pourboire. Il jeta un œil à sa montre et fit racler sa chaise contre le sol pour reculer. « C’est pas que je m’ennuie mais il faut que j’y aille, emploi du temps de dingue, t’as compris l’idée ! » Il se redressa rapidement, il avait déjà la tête ailleurs, il en aurait presque oublié qu’il venait d’inviter Joseph chez lui samedi soir et qu’il passerait la soirée à entendre un match, lui qui détestait ça. Lui qui détestait le sport. Mais cela lui était égal. Il se pencha légèrement pour lui attraper l’épaule et la serrer dans sa main pour le saluer et éviter de venir lui tendre la main. « Je te passe un coup de fil si j’ai un imprévu samedi ! A plus! » Il se retourna sans faire plus de cérémonie après avoir lâché l’épaule de Joseph. Il avait une soirée à préparer et il avait pris du retard sur son planning. Il allait devoir se dépêcher. Il sortit du café sans un regard pour la serveuse et encore moins pour Joseph.
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