Un premier appel, un second appel puis une troisième. Carter avait essayé de le joindre tout en sachant que le jugement devait être prononcé aujourd’hui, mais c’était le silence radio. Stephen n’avait sûrement pas envie de lui parler, chose qu’elle ne comprenait pas, mais elle faisait avec. De toute manière, elle n’avait pas d’autres choix. Elle se concentrait sur son ordinateur triant toutes les photos qu’elle avait en attente. La photographe s’ennuyait toute seule chez elle, elle avait l’habitude de voir sa fille courir un peu partout même quand elle était en train de travailler, sauf que là cette maison était bien trop vide. C’était juste étrange, relevant les yeux elle finit par les poser sur l’herbe qu’elle avait pu acheter il y a très peu de temps. La brune n’y avait pas touchée malgré que la tentation soit forte, elle ne devait pas et pourtant ça serait juste la solution idéale pour qu’elle arrête de penser à tout ça, pour que ses pensées arrêtent de lui rappeler à quel point sa vie était merdique et que dans très peu de temps, elle allait perdre sa fille. La jeune maman soupira tout en fermant rapidement son ordinateur pour prendre son téléphone qui venait de sonner. Il n’était pas mort, c’était toujours ça et malgré le silence pesant, elle se levait de son canapé pour se changer pour mettre quelque chose de plus chaud et pour le rejoindre à la plage. La brune était restée dans sa voiture pendant un petit moment fumant tranquillement pour se détendre en sachant que la suite ne serait pas drôle, en sachant que ce n’était pas un moment où ils allaient se taquiner, rigoler et tout ça ensemble. Cela allait être plus compliqué que prévu, Carter sorti enfin de sa voiture pour le rejoindre. Les mains dans les poches elle s’avançait vers la seule personne présente à la plage à cette heure, pas de doute il s’agissait de Stephen. Remontant son pantalon, jetant ses baskets sur la plage elle finit par se rapprocher de lui avant de s’arrêter laissant quelques centimètres entre eux. « Mais t’avais pas envie de me parler. » Ses épaules se haussèrent, elle avait fini par faire la conclusion toute seule et même si elle ne comprenait pas pourquoi, c’était comme ça. Elle avait toujours cru lui avoir prouvée qu’il pouvait se tourner vers elle n’importe quand, qu’elle serait toujours là pour lui et que jamais elle ne le jugerait pour quoi que ce soit. Mais finalement, elle s’était sûrement trompée sur toute la ligne, la brune n’en savait rien. Elle laissait ses deux mains se poser sur sa taille quand il venait la prendre dans ses bras, taisant ses pensées qui engendraient qu’une dispute entre eux ce qui était inutile pour le coup. Carter l’écoutait tout en le regardant dans les yeux. « Il est rare que les choses se passent comme on aimerait. La vie est une garce. » Qu’est-ce qu’elle pourrait dire d’autres ? Elle ne savait pas, elle aussi aurait aimée avoir une famille normale, mais elle se trouvait séparer du père de sa fille. Ce fameux père qui voulait lui prendre la seule chose précieuse qu’elle avait dans la vie. Il y avait des gens qui réussissaient à avoir ce qu’ils voulaient depuis toujours, et il y avait les gens comme eux. Les gens qui devaient constamment se battre et devaient faire une croix permanente sur le type de vie qu’ils voulaient avoir. « Baisse pas les bras. » Stephen devait déjà le savoir ça, mais le silence était bien trop pesant actuellement même s’il y avait le bruit des vagues, ce n’était pas assez.

La photographe savait parfaitement ce qu’elle risquait en acceptant de le rejoindre, elle avait passée assez de temps avec Stephen pour le connaître surtout dans ce genre de moment. Elle avait accepté ce risque sauf qu’elle ne pensait pas que ça ferait aussi mal, elle se prenait la pire chose dans la gueule, mais elle ne répondait rien. Ses mains retournaient dans ses poches alors qu’elle regardait en face d’elle, rien n’avait de sens. Carter était saoulée d’être son bouc émissaire quand quelque chose n’allait pas dans sa vie, comme si tout était de sa faute surtout depuis que leur relation avait pris une autre tournure. C’était dans ce genre de moment qu’elle regrettait presque que les choses se soient passées ainsi entre eux, elle passa sa langue sur ses lèvres doucement le laissant continuer, qu’elle se referme comme ça c’était peut-être la pire chose. Normalement, elle se serait autant énervée que lui, elle l’aurait juste envoyé chier parce qu’il était injuste avec elle. La brune était en droit de lui en vouloir pour son silence radio, elle s’était inquiétée bêtement et surtout pour rien. « T’as terminé ? » Ce n’était pas la chose à dire, il allait juste s’énerver encore plus, mais Carter en avait rien à faire. De toute manière, elle n’était pas assez débile pour rester un peu plus en sa présence surtout si c’était pour lui dire qu’il n’avait pas envie de la voir – même si c’était hier pour elle ça ne changeait rien du tout. Il allait vraiment avoir du mal à lui faire oublier ses mots. « Va te faire foutre. » La photographe parlait froidement tout en reposant ses yeux sur lui, elle ne savait pas réellement pas ce que ça voulait dire, mais en tout cas ce soir elle baissait les bras. Elle se tourna pour retourner prendre ses chaussures et rentrer chez elle. Putain, pour une fois elle aurait dû écouter cette petite voix dans sa tête qui avait été capable de lui dire que c’était une mauvaise idée. C’était plus fort qu’elle, il avait besoin d’elle, elle le savait parfaitement, sauf qu’il n’était pas le seul à avoir une vie de merde, pas le seul qui avait envie d’en vouloir au monde entier. Pourtant après quelques pas, elle se tournait pour reprendre la parole, encore une fois elle allait juste compliquée les choses, elle allait encore plus l’énerver, mais qu’importe. « La dernière fois, t’as dit que j’avais aucune estime pour toi. J’crois que tu t’es trompée, c’est toi qui n’en a aucune pour moi et j’en ai marre. J’en ai marre d’être ton bouc émissaire quand quelque chose ne va pas dans ta vie, c’était une erreur de coucher avec toi la première fois. » Elle gardait son ton froid, elle ne savait pas si ça allait le blesser ou quoi que ce soit dans le genre, elle s’en fichait pour le coup. La seule chose qu’elle voulait s’était retrouvée sa maison, augmenter la distance qu’elle avait déjà prise avec lui et juste mettre tout ça derrière elle. Après tout maintenant tout était clair, il n'avait pas besoin d'elle et elle n'allait sûrement pas s'imposer dans sa vie. Elle abandonnait.

La situation avait dégénérée encore une fois, beaucoup plus rapidement que les autres fois et elle n’était pas d’humeur à rentrer dans ce cercle vicieux. Carter en avait marre d’avoir cette place dans sa vie, comme si maintenant elle était la cause de tout ce qu’il se passait de mal dans la vie du kinésithérapeute. Bientôt il s’inventerait des soucis rien que pour l’engueuler, c’était tellement idiot que cela pouvait être probable. Alors ce soir elle abandonnait tout simplement, qu’est-ce qu’elle abandonnait exactement ? Lui, eux ou le fait de l’engueuler à son tour ? La brune n’en savait rien, elle n’avait juste pas envie de répondre à cette question, c’était inutile et le seul objectif qu’elle avait actuellement c’était de rejoindre sa voiture pour retourner chez elle. Carter avait envie d’être tranquille, elle avait assez de souci à se faire avec l’absence de sa fille alors non, elle n’allait pas porter ce nouveau poids sur ses épaules. Elle ne pouvait juste pas sauf que c’était plus fort qu’elle, elle se trouvait obliger de se tourner pour lui balancer ce qu’elle pensait. Son départ serait trop facile si elle n’ouvrait pas sa bouche et ça aurait été bien trop simple qu’il ne réagisse pas. Stephen se rapprochait d’elle, ses bras était croisés devant sa poitrine, une nouvelle fois. « Alors là c’est la meilleure. » Un léger rire sorti de sa bouche ne pouvant pas faire autrement, elle avait presque l’impression de rêver d’entendre ce genre de connerie sortir de sa bouche. « C’est toi qui te donne cette image de connard depuis le début, tu restes bloquer sur ça comme si c’était ce que je pensais. » La photographe avait raison sur ce point, il ne pouvait pas le nier. Depuis le début de cette histoire entre eux, il s’était collé l’étiquette de connard sur le dos comme s’il en était réellement un ou qu’elle avait pu un jour pensé un truc pareil. « Ose me dire que les choses auraient été différentes si j’avais essayé de te rassurer ? Si j’avais dit quelque chose de beaucoup plus intelligent que ça ? » Elle le regardait froidement parlant avec le même ton et n’attendit même pas sa réponse pour reprendre la parole. « Non, rien n’aurait été différent. Tu aurais réagis de la même manière, tu aurais fini par m’en mettre plein la gueule parce que tu agis tout le temps comme ça. Alors arrête deux secondes de me faire croire que c’est moi qui te force à agir comme ça. » Stephen était juste en train de se foutre de sa gueule et rien de mieux pour que la colère qu’elle ressente augmente petit à petit. Elle n’en pouvait plus, elle ne savait même pas ce qu’il se passait réellement entre eux et rajouter des disputes à tout ça ne l’aidait encore moins. La brune entendait les mots dont elle ne pouvait et surtout ne voulait pas faire face. Aucune réponse, elle n’avait aucune réponse à donner. La seule chose qu’elle savait s’était qu’elle avait besoin de lui, qu’elle refusait de le perdre, mais qu’est-ce qu’elle ressentait bordel ? Aucune idée ou alors elle se mentait à elle-même parce que cette réalité était bien trop compliqué. Il venait de mettre le bordel dans sa tête, une nouvelle fois et la photographe se laissait totalement aller en le poussant tout en lui hurlant dessus. « Tu sais très bien que t’es pas seulement le mec que je me tape ! Je t’ai donnée une partie de moi en parlant de mon passé, t’es la seule personne au courant dans toute cette ville. Et même si tu m’énerves à chaque fois, je reviendrais toujours parce que j’suis incapable de me dire qu’il faut que tu sortes de ma vie ! » Même s’il ne bougeait pas, elle continuait ses actions parce que comme ça, sa colère diminuait. « Tu crois que c’est compliqué que pour toi hein ? Tu penses vraiment que j’avais besoin de ça, actuellement dans ma vie ? Non tout comme toi j’sais pas quoi penser, j’aimerais te sortir de ma tête, mais apparemment c’est pas aussi simple. Alors va te faire foutre Stephen si tu crois que c’est aussi simple que ça pour moi. » C’est ça qu’il voulait entendre hein ? « Je te déteste putain, j’te déteste ! »

Une nouvelle dispute à rajouter sur la longue liste de celles qui étaient déjà passées, mais sans réellement savoir pourquoi, Carter avait l’impression que celle-ci se trouvait en première position. Comme si celle-ci mettait la fin à tout ce qu’il se passait entre eux, leurs disputes étaient le bon moyen de mettre les choses aux claires. C’était durant ce genre de moment qu’ils mettaient des mots sur ce qu’il se passait entre eux, qu’ils mettaient enfin des mots sur ce qu’ils ressentaient. Quand ils étaient dans cette bulle rien ne comptait sauf de profiter pleinement de l’autre, sauf d’être dans les bras de l’autre pour oublier la réalité. Ils se repoussaient pour ensuite s’attiraient une nouvelle fois parce que mettre fin à cette relation ce n’était pas possible. « Et c’est une raison valable pour m’en mettre plein la gueule à chaque fois ? » Parce que bordel ce n’était pas de sa faute, ce n’était pas comme si elle avait le contrôle de tout ou même de ses décisions. Son ton restait inchangé, son regard tout aussi froid, sa colère ne voulait pas redescendre, rien ne voulait redescendre puisque c’était trop. « Tu penses vraiment que je veux te mettre dans une situation pareille ? Je t’empêche pas de pleurer ta femme ou de te battre pour ta fille, j’t’empêche rien du tout et je suis pas la seule responsable des moments qu’on passe ensemble. C’est tes putains de choix, c’est toi qui décide d’avancer et c’est moi qui me retrouve au milieu de tout ça. » Même si c’était son choix, elle assumait parfaitement et jamais elle ne retournerait en arrière, mais elle n’avait jamais acceptée s’en prendre plein la gueule, c’était bien une chose qu’elle n’accepterait jamais. « J’ai pas la position idéale dans l’histoire, j’le sais bien. Mais c’est pas pour autant que tu dois toujours m’engueuler ou me remettre la faute sur le dos et tu peux pas attendre que j’accepte en la fermant. » Carter le regardait toujours froidement en laissant ses mots sortir de sa bouche, elle se montrait sincère et encore une fois, elle avait besoin qu’il comprenne qu’elle n’était pas son punching ball dès qu’il avait besoin de déverser sa colère. Ce n’était pas juste. La colère finissait par prendre le dessus sur tout le reste, elle le frappait tout en laissant ses mots sortir de sa bouche, des mots qui étaient une vérité comme un mensonge. Même si elle essayait, elle ne serait jamais capable de le détester, il était devenu bien trop important dans sa vie et bien trop vite qu’elle n’avait rien pu empêcher. Alors qu’elle allait reprendre la parole, le kinésithérapeute le fit bien avant elle pour lui lancer des mots qu’elle n’était pas prête d’entendre ou elle était bien trop surprise d’entendre ses mots sortir de sa bouche à lui. Jamais de la vie, elle n’aurait cru que ce soit lui qui avouerait cette chose en premier, elle le regardait partir restant sur place avant qu’elle ne sorte de son monde pour le rattraper. C’était trop facile de lui lancer ça comme ça et se barrer. Sa main empoigna son bras pour qu’il s’arrête, pas besoin de se retourner, Carter voulait seulement qu’il l’écoute. « J’te jure que si tu te barres… C’est définitif et j’te pardonnerais jamais. » Ce n’était pas très malin de dire ça en premier, mais c’était réel. « Moi… » La photographe fermait ses yeux un moment avant de reprendre la parole regardant le dos qui était juste sous ses yeux. « Moi aussi j’commence à tomber amoureuse de toi. » Carter mettait enfin des mots sur ce qu’il se passait entre eux, pourquoi mentir après tout hein ? « Putain, si j’te déteste c’est parce que tu viens de foutre en l’air toute les certitudes que j’avais, tout ce que j’ai cru pendant quatre ans. » Carter avait toujours cru qu’après le père de sa fille, elle enchaînerait bêtement les histoires sans que cela ne devienne sérieux. Sauf que clairement c’était l’inverse avec Stephen malgré son caractère à la con, malgré son habitude à lui donner des ordres constamment. Les choses devenaient sérieuses. La photographe finit par le lâcher tout en se reculant, maintenant c’était à lui de voir et de choisir.

Plus rien n’avait de sens, à la base ils s’étaient retrouvés ici parce qu’il venait de perdre la garde de sa fille et pourtant, ils arrivaient une nouvelle fois à se prendre la tête pour quelque chose qui n’avait rien à voir avec ça. Ils se prenaient la tête à cause de cette relation qui avait pris une grande place dans la vie de chacun, une relation qui se voulait sans étiquette et qui pourtant commençait doucement à en avoir une même s’ils ne voulaient pas l’assumer. Encore une fois, elle essayait de lui faire comprendre les choses, même si elle ne doutait pas qu’il ait déjà conscience de tout ça. Carter lui rabâchait les oreilles sans cesse avec tout ça, s’il voulait s’énerver contre elle qu’il le fasse, mais pour des choses justes. Comme d’habitude, elle faisait face à son silence et c’était presque préférable finalement. La brune aimerait que les choses soient différentes entre eux, surtout par rapport à ses disputes justes stupides à ses yeux. Elle avait envie que ça s’arrête, mais en même temps les choses s’empiraient entre eux actuellement. Ils s’enfonçaient sur un terrain glissant en parlant de cette relation, cette relation qui prenait doucement le chemin de la fin actuellement surtout avec sa fuite. Sauf que pour elle, il était hors de question qu’il parte après lui avoir dit des trucs comme ça, des mots sur ce qu’il se passait dans la tête du kiné et surtout entre eux. Ils se détestaient et se disputaient parce que justement ils commençaient doucement à ressentir quelque chose l’un pour l’autre. Stephen et Carter se repoussaient constamment, mais finissaient par se retrouver. Sauf cette fois-ci. Peut-être que tout serait différent, elle n’en savait rien. La photographe avait enfin répondue à cette stupide question, il n’était pas seulement le mec avec qui elle passait des bons moments dans un lit, il était celui qui avait fait voler en éclat tout ce qu’elle avait cru pendant des années. « Ne pense pas pour moi. » C’était l’hôpital qui se foutait de la charité puisque c’était bien son genre de faire ça normalement, mais là elle ne voulait pas que le kiné se mette à penser pour elle. Surtout pas pour ce sujet. La photographe continuait de regarder son dos tout en l’écoutant, tout en prenant note ce qu’il était en train de lui dire et elle ne savait pas réellement quoi répondre. Tout était trop compliqué, elle aussi n’était pas prête à vivre quoi que ce soit pourtant elle n’avait pas envie que tout cela prenne fin. Carter ne voulait pas voir Stephen sortir de sa vie, mais peut-être que c’est ce qu’il fallait pour tout aille mieux dans sa vie à lui. « Retourne dans cette voiture et va-t’en alors. » La brune ne parlait pas sous le coup de la colère ou même froidement. Elle parlait calmement avant de se mettre à soupirer doucement. Carter tourna les talons avant de s’installer un peu plus loin sur la plage, elle était incapable de le regarder partir tout en sachant parfaitement ce que cela voulait dire. C’est vraiment au-dessus de ses forces pour le coup. Alors elle coinçait une cigarette entre ses lèvres pour s’occuper l’esprit et se détendre – même si ce n’était pas possible pour le coup.

La brune lui avait dit de partir montrant qu’elle ne l’empêcherait pas cette fois-ci, qu’elle abandonnait ce petit jeu et qu’il avait juste gagné. Elle était fatiguée de se battre sans cesse avec lui, elle était fatiguée de tout ça. Se posant devant l’océan, elle coinça une cigarette entre ses lèvres espérant bêtement que ça lui fera du bien alors que pas du tout. Elle aurait dû prendre ce qu’elle avait acheté à Eros la dernière fois, elle en avait bien besoin pour le coup. Un léger sourire en coin se dessinait sur ses lèvres en pensant à ça alors qu’elle entendait de nouveau la voix de Stephen non loin d’elle. Ses épaules se haussèrent avant qu’elle ne prenne réellement la parole pour lui donner une réponse. « Parce que je suis fatiguée de me battre avec toi alors j’abandonne, j’baisse les bras. » Cette soirée avait été trop intense, il y avait trop de chose qui avait été dites et les non-dits avait été crevés. Bien que cela aurait pu arranger les choses, c’était tout l’inverse entre eux. Ses sourcils se froncèrent quand la tête de Stephen remplaçait l’océan qu’elle regardait depuis quelques minutes maintenant. Elle n’avait pas le temps d’ouvrir la bouche pour l’engueuler d’avoir jeté sa cigarette que ses lèvres se trouvaient déjà contre les siennes. Carter répondait à ses baisers tout en enfonçant une de ses mains dans ses cheveux refusant qu’il recule sa tête, qu’il arrête juste ce qu’il se passait. Il était sa faiblesse, il pouvait faire ce qu’il voulait d’elle sans le moindre problème parce qu’elle n’arrivait jamais réellement à le repousser. Il était partout, elle avait besoin de lui et venait d’avoir peur de le perdre aussi bêtement que ça. C’est vrai que tout ce qui se passait entre eux lui faisait peur, elle n’était pas prête pour une nouvelle histoire, mais encore moins prête à faire une croix sur le kinésithérapeute. Sa main de libre se posait sur son dos serrant son haut dans son poing. « Non, je te dirais pas ce que tu veux entendre. » Ses yeux étaient plongés dans les siens en lui disant ses mots et peut-être qu’il avait raison dans le fond, c’était mal d’avoir envie d’une quelconque histoire ensemble avec leur histoire respective, mais est-ce qu’ils pouvaient retourner en arrière maintenant ? Ce n’était sûrement pas possible, plus aucun retour en arrière ne pouvait être fait. Sans le voir et sûrement sans le vouloir, ils avaient été trop loin dans cette histoire et avaient laissés des sentiments se mêler à tout ça. « Et si t’arrêtais de penser ce soir ? » La brune soufflait ses mots contre ses lèvres avant de l’embrasser une nouvelle fois. « On s’posera toutes ces questions plus tard. » La jeune maman se retenait de dire pour une prochaine dispute parce que forcément ça finirait en dispute. Ils étaient des experts pour tout ça, bien que là ce soir elle en avait assez. Une de ses mains se posait sur sa joue la caressant avant de lâcher une phrase dans un murmure. « J’ai eu tellement peur de te perdre… » Elle se montrait totalement faible face à lui, baissant de nouveau les armes pour lui montrer à que tout ça avait un impact pour elle aussi. « Me fait plus ça. » C’était une demande tout comme un ordre, elle ne supporterait pas une seconde dispute dans ce genre-là. Pas maintenant qu’elle se mettait enfin à assumer ce qu’elle commençait à ressentir pour lui. Ses lèvres retrouvaient les siennes plus longuement.

Nouvelle contradiction de la part de Stephen. La brune se demandait de plus en plus ce qu’il se passait dans sa tête pour qu’il agisse sans cesse comme ça, ses deux mains se posaient sur son torse pour le repousser doucement. Cet homme était définitivement en train de lui faire perdre la tête et pas forcément dans le bon sens pour le coup. « Pourquoi t’es revenu alors ? Pourquoi t’as fait en sorte que rien ne soit fini entre nous ? Pourquoi tu viens de m’embrasser si tu sais parfaitement que tu finiras par me faire du mal ? » En fait, rien n’était réglé entre eux. Rien ne le serait réellement quand tout restera flou comme ça. « Qu’est-ce que tu attends de moi ? Que je mette fin à tout ça ? » Et elle recommençait avec ses mouvements de mains pour expliquer ce qu’il se passait entre eux. « Ne compte pas sur moi. J’en serais jamais capable, ce n’est pas seulement à cause de ce que je commence à ressentir, c’est juste que je ne suis pas assez forte devant toi. Si c’est ce que tu attends de moi alors fais-le avant. » Qu’importe ce qu’il attendait d’elle, qu’il agisse avant. Carter était bien trop têtue, il aurait besoin d’un million de raison, de lui faire mal un milliard de fois avant qu’elle ne finisse par laisser tomber. Malgré le sable présent sur ses mains, elle l’enfonça dans ses cheveux qu’importe le résultat de ceux-ci par la suite. De toute manière, elle devait déjà en avoir une tonne. Un peu plus ou un peu moins, elle n’en était plus à ça près. « Alors autant en parler maintenant. » Les deux étaient déjà en train de parler de tout ça, beaucoup plus calmement, même si elle ne doutait pas que les disputes pourraient facilement reprendre. Surtout avec ce sujet-là, mais le kinésithérapeute avait bien raison sur un point, il fallait bien qu’ils en parlent un jour ou l’autre. Cette histoire entre eux n’avait aucun sens, aucun des deux n’étaient prêts à quoi que ce soit pourtant ils s’étaient enfoncés dans quelque chose incontrôlable et dont ils ne pouvaient pas mettre fin. La photographe venait d’en avoir la preuve, elle lui avait dit de partir et que cela mettrait fin à cette histoire pourtant il était revenue pour lui annoncer qu’elle finirait par souffrir en restant proche de lui. Entendant sa réponse, elle ferma simplement les yeux sans réponse, elle allait de nouveau s’énerver si elle le faisait parce que ce n’est pas ce qu’elle venait de lui demander. Carter se renfermait sur elle-même, elle avait presque envie de partir et de fuir, mais ce n’était pas la solution. Même si sans savoir réellement pourquoi elle se doutait bien qu’elle allait se mettre à l’éviter maintenant, la brune venait de se rendre compte des sentiments naissants qu’elle commençait à ressentir pour lui et en plus de compliqué cette pseudo relation avec Stephen, ça compliquait juste sa vie. Elle n’était pas prête et voulait croire qu’en restant loin de lui tout s’arrangerait. La jeune maman se relevait rapidement avant de prendre une nouvelle cigarette qu’elle coinçait entre ses lèvres. « Si tu veux.. » Ses épaules se haussèrent alors qu’elle secouait doucement la tête pour se débarrasser du sable présent dans ses cheveux.