No matter what they say, it's like a brand new doomsday.
Tu paniques. Tu te sens stupide, installé là, sur une chaise. Tu te dis que tu pouvais encore partir. Tu te dis qu’il n’y aurait aucun témoin, qu’il n’y aurait personne pour te retenir. Tu as dû recoiffer une bonne demi-douzaine de fois tes cheveux blonds. Tu as dû remettre précautionneusement chacun de tes pins au moins quatre fois.
Tu ne sais pas pourquoi tu paniques autant.
Tu n’avais pas foutu autant de bordel dans ton crâne pour Wanda.
Pas qu’elle compte moins que Stephen mais … Quelque part, tu te disais que c’était un peu moins grave. Tu t’étais dit que c’était un peu moins grave si elle t’envoyait balader – c’était stupide, en réalité. Sans elle, tu ne serais pas là. Sans elle, tu n’attendrais pas dans cette salle d’attente de cabinet.
Tu as besoin d’une clope.
Au moins une demi-douzaine, en réalité.
Tu aurais été à l’extérieur, tu te serais servi de l’une pour allumer la suivante, sans en douter.
Le seul truc qui te retient de le faire ici, c’est les dessins des gamins. Les jouets dans un coin. Tu as l’impression de t’être trompé de monde. Tu as l’impression de faire tâche, au milieu de tout ça. Peut-être que ce n’est pas une illusion. Peut-être que tu fais vraiment tâche – ce ne serait pas la première fois.
Tes mains sont moites. Tu détestes ça. Tu les frottes nerveusement sur ton pantalon. Tu as l’impression d’être ici depuis mille ans – dix minutes, en réalité.
Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ?
Tu n’en as aucune idée. Peut-être que tu as réussi à trouver assez de courage. Peut-être que tu as été pris de suffisamment de folie pour te décider à passer la porte de son cabinet.
Tu aurais mieux fait d’y aller demain. Demain c’était mieux, non ? Ou une autre fois. Il devait être fatigué de sa journée. Il devait juste avoir envie de rentrer chez lui – et pas que tu viennes l’emmerder avec tes conneries. Qu’est-ce que tu peux être con. Lève-toi et marche, allez. Tire-toi avant qu’il ne te voie. Tu trembles tellement qu’il va te prendre pour un junkie. Il va te prendre pour un clochard qui cherche un abri pour la nuit.
Tu aurais peut-être mieux fait de lui faire un dessin. Ça lui aurait peut-être fait plaisir. Peut-être qu’il aurait voulu te chercher, comme ça – tu avais déjà traversé la planète, tu n’étais plus si loin. Peut-être que …
La porte s’ouvre.
La porte s’ouvre et t’es là, à moitié debout, presque prêt à partir. T’es là, comme un con, face au brun. Est-ce que c’était lui, au moins ? « Heu … » commences-tu. « J’ai pas pris rendez-vous. » Comme si ça justifiait absolument tout. Ça lui donnait surtout une raison de te foutre dehors. « Mais j’viens pas pour un rendez-vous. » continues-tu. Allez, creuse. Dans deux secondes, il va croire que tu viens juste pour le dépouiller. Tes doigts se perdent dans tes cheveux, alors que tu fixes ses pieds, paumé. « Est-ce qu’on peut … Est-ce qu’on peut se parler juste genre … cinq minutes ? » Juste ça. Tu ne demandais pas grand-chose, au fond. Juste cinq minutes de son temps, et après, s’il veut, tu disparais à jamais.
« C’est heu .. Stephen, hein ? » demandes-tu soudain. Comme si ça venait juste de te frapper. A tes souvenirs, tu n’avais vu qu’un nom sur la porte, mais sait-on jamais. « J’sais pas si Wanda t’a … vous … si elle a parlé de moi ? »