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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 1:07


Dans le bas de l'échelle.
Joseph Keegan & Aubrey Kruger

Plusieurs semaines ont passé. Ta situation n’a pas évolué. Au moins, tu n’es pas tombé plus bas. Tu as gardé le complet qu’Aubrey t’a offert, tu t’en sers quelques fois pour recevoir des regards positifs, comme si ça allait refermer la plaie qui s’est formée dans ton cœur il y a de ça des années. La solitude commence à peser dangereusement sur tes épaules qui doivent déjà supporter le poids de bien d’autres problèmes. Blake te permet de squatter chez lui quelques fois et, lorsqu’il n’a pas envie que tu viennes, tu t’empêches de dormir à la belle étoile. Ton égo est bien trop grand, jamais tu ne permettrais à Brisbane de te voir pioncer sur un banc. Pour toi, ce serait ça, tomber plus bas. Tu fais tout en ton pouvoir pour rester sur la première marche de l’échelle mais ça devient de plus en plus difficile. Tu commences à te négliger : tes cheveux sont à nouveau longs, ta barbe mal rasée et tu ne peux plus cacher les cernes sous tes yeux fatigués. Tu attends encore un miracle, une lumière quelque part qui te tendra la main. Une main à laquelle tu t’accrocheras sans plus jamais faire de faux pas.

Aujourd’hui, comme souvent, tu as décidé de venir admirer la façade extérieure de la clinique de psychologie d’Aubrey. Installé dans un banc avec lequel tu commences à avoir quelques affinités, tu soupires en observant des silhouettes passer derrière les fenêtres, mais jamais tu ne revois ce visage familier qui t’a offert le complet noir sans se poser de questions. Ce matin, tu ne le portes pas. T’es vêtu des mêmes jeans que tu portais la jour où tu as rencontré la psychologue et ses lèvres. Il est probablement plus troué qu’avant, d’ailleurs. À force de le porter, de le laver, il s’abime aussi rapidement que ton corps. Tu ne manges plus assez et n’importe quel médecin craindrait pour ta santé. Pourtant, tu ne sens plus l’appétit depuis un bon moment. Depuis le jour où Aubrey est partie en te laissant en plan, tu penses à elle. Elle t’a marqué, tu ne sais pas comment. Elle est bien la seule qui n’a pas tourné les talons en apprenant que tu n’étais pas une personne qui a réussi dans la vie. Tu ne passes pas une journée sans regretter d’avoir dit les mauvaises choses même si tu continues à croire que sa réaction était exagérée. Les femmes sont difficiles à comprendre. Avec Blake, il n’y a pas de questions à se poser. Vous vous laissez aller sans jamais remettre en question vos choix. Il s’occupe de toi, tu t’occupes de lui, et tu récupères la dose de brutalité que tu désires sans vouloir te l’avouer. Les minutes s’écoulent et tu ne détournes jamais les yeux. Tu n’as pas l’impression que tu as encore accumulé assez de courage pour mettre le pied dans le cabinet d’Aubrey. Pourtant, une petite voix te crie de franchir le pas, de mettre de côté ton honneur le temps de trouver une solution à tes problèmes.

- Putain… Ce n’est qu’une femme. T’en as croisé des centaines.

Tu masses tes tempes en fermant les yeux. Tes pensées sont brouillées par ton manque d’énergie. Tu hésites de longues secondes en pesant le pour et le contre et, enfin, tu te redresses d’un coup, le regard certain, les traits dévoués. Tu vas le faire. Tu vas entrer dans cette putain de clinique. Et tu vas demander à voir Aubrey. Tes jambes s’animent enfin et, sans que tu puisses t’en rendre compte, t’es à l’intérieur de l’établissement qui t’effrayait quelques minutes plus tôt. Tu avales de travers en t’approchant de la réception, les yeux faussement curieux. La réceptionniste te salue, tu lui rends un sourire incertain et tu te râcles la gorge avant de poser tes deux coudes sur le comptoir.

- J’suis venu voir une certaine Aubrey Kruger. Je n’ai pas pris de rendez-vous et ça ne me dérange pas d’attendre. Même, vous pourriez m'faire patienter toute la journée et je m’en ficherais.

Devant les yeux étonnés de la dame, tu te pinces les lèvres en portant ton pouce à ta bouche pour en ronger l’ongle. Elle acquiesce, te demande ton nom, puis te fait signe de rejoindre la salle d’attente. Tu la remercies dans un murmure et, en te dirigeant vers un siège libre, ton regard s’arrête sur une cafetière. Tu pivotes la tête vers la réceptionniste et tu attends de capter son regard avant de pointer du doigt le café, les yeux interrogateurs.

- Oui, oui ! Vous pouvez vous servir, c’est là pour ça.


Il ne faut pas te le dire deux fois. Tu te prépares une tasse de café bien chaud, tu ajoutes un petit contenant de lait, puis tu t’installes dans le siège le plus prêt de la machine en prenant une première gorgée. C’est seulement à ce moment que tu remarques le tremblement dans tes mains et ça t’arrache une grimace. Tu détestes lorsque ton corps te rappelle que tu ne prends pas soin de lui. Il est le seul que tu crois lorsqu’il affirme que tu devrais arrêter de foutre ta vie en l’air. Pourtant, tu ne fais rien pour changer tes habitudes car tu crois ne pas pouvoir y arriver.      
   

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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 1:53


_ C’est une catastrophe, docteur. M’annonce ma patiente en faisant des vas et viens incessants dans mon bureau. _ Vous m’avez conseillée d’être honnête envers mon mari pour que j’aie l’esprit plus tranquille, et ça ne marche pas ! Je suis encore autant anxieuse qu’avant, si ce n’est plus !
_ Si vous commenciez par vous asseoir, Izobel. Je lui suggère doucement, comme invitation à se détendre. _ Cela pourrait peut-être vous aidez à vous calmer.
_ Je ne peux pas ! Je ne peux plus ! Ça fait des jours que je ne tiens plus en place ! Je n’arrive même plus à dormir vous rendez-vous compte ? Je tiens grâce à la caféine !
_ C’est fâcheux. Et excessivement parlant quant à son comportement actuel. _ Seulement, vous ne pourrez pas obtenir d’amélioration de votre état sans faire un minimum d’effort pour vous contenir. Je vous réitère donc ma demande : asseyez-vous.

Elle obtempère, silencieusement. Bien. C’est un bon début. Nous allons désormais pouvoir nous concentrer sur la raison de cette nervosité accrue, qu’elle ressent depuis son passage aux aveux.

_ Expliquez-moi pourquoi votre anxiété est devenue plus forte, suite à vos révélations.

Ma patiente entame son monologue, décousu. Je le suis d’une oreille attentive, le regard penché sur mon bloc-notes où j’inscris les mots clefs à retenir. Des mots qui vont me permettre d’établir une conclusion à son mal-être. Des mots qui vont m’assurer de lui fournir la meilleure réponse qu’elle attends de moi. Des mots qui auront certainement plus de tacts que ceux que j’ai utilisé envers Joseph, contre Joseph. En résumé : des mots que je suis arrivée à regretter dans le confort d’un bon bain moussant, lorsque le calme a fait suite à la tempête. Je ne me suis pas reconnu ce soir-là, d’ailleurs. Ce n’est pas dans ma nature de me formaliser pour cette association à un stéréotype, bien que se soit exactement ce que j’ai fais ce soir-là. Je me suis vexée que cet homme ose pointer du doigt chez moi ce que j’exposais pourtant outrageusement, parce que je pensais qu’il saurait voir au delà de tout ça. J’avais fais les choses en ce sens, d’ailleurs. En lui offrant cette soirée inoubliable, je lui démontrais que je valais plus que ceux de ma classe sociale. Je lui prouvais que j’appréciais sincèrement sa compagnie, au delà de celle qu’il pensait être (un vulgaire objet sexuel pour femme riche). […] J’ai tout gâché. J’ai laissée la psychologue s’invitait au dîner et… Et elle a encore réussi à me faire détester par quelqu’un. J’en rirai presque si je ne trouvais pas cette constatation déprimante.

_ Docteur ? Vous m’écoutez ? Je sursaute légèrement au son de la voix de ma patiente, qui m’observe avec des grands yeux étonnés.
_ Oui, oui, bien-sûr. Je mens promptement, cherchant une excuse à mon manque flagrant de concentration. _ Je réfléchissais à mes notes pour mieux vous conseiller.

Ineptie. Je viens de perdre la grande majorité du discours de cette femme à bout de nerf. Jamais je ne pourrais lui fournir une recommandation. Quant à lui demander de se répéter, c’est inimaginable. Je lui admettrai immédiatement que je ne l’ai pas écouté jusqu’au bout. Je me retrouve donc moi-même piégée dans mon propre manque de professionnalisme.

_ Alors ? Est-ce que c’est normal que cela me rende encore plus anxieuse ?

Je me racle la gorge, mal-à-l’aise. Si seulement j’avais un début d’idée du sujet en question.

_ Hé bien…

Le silence s’installe, s’éternise. Je sens au regard de ma patiente qu’elle est suspendue à mes lèvres, impatiente d’entendre mon verdict. Je donnerais tout pour m’évaporer d’un seul coup. La métaphore est un peu forte, mais j’ai le sentiment d’être assise en plein cœur d’un désert immense où le vent siffle à mes tympans. Dis quelque-chose Aubrey. Je t’en supplie.

_ Hm… Je pense que… vous devriez essayer de voir la situation sous un autre angle. Elle fronce les sourcils.
_ Je ne comprends pas. Et moi dont… Cette déclaration n’a aucun intérêt autre que celui d’obliger subtilement ma patiente à se répéter.
_ Hé bien. Essayez de rendre les choses plus… positives ?
_ Mon mari m’a menacé de divorcer si je refusais qu’il se venge en prenant lui aussi une maitresse ! Comment pourrais-je rendre cette idée plus positive ? Je ne veux pas qu’il couche avec une autre !

Effectivement. Trouver un aspect positif à ce chantage est délicat. Mais pas impossible, néanmoins.

_ Je comprends, Izobel. Dis-je en ajoutant rapidement les nouvelles informations que je viens d’acquérir à mon bloc-notes. _ Néanmoins, je note une volonté de votre époux de remettre les choses à égalité, pour mieux ensuite sauver votre mariage. C’est positif. Et vous ne devriez que vous concentrer sur ça.
_ Mais s’il ne se contentait pas d’une seule partenaire, docteur ?! S’il y prenait goût à l’adultère et cumuler les conquêtes ?!
_ Hé bien nous aviserons en temps et lieux. Je lui rétorque confiante, avenante. _ En attendant, vous allez me faire le plaisir de vous détendre, et de relativiser. Votre couple ne traverse peut-être qu’une petite crise dont vous vous relèverez plus fort.

Elle soupire. C’est toujours délicat de convaincre sur des suppositions, mais j’ai bonne foi d’y parvenir un minimum. Du moins, juste assez pour qu’elle accepte de lâcher du leste, de calmer ces nerfs mis à rudes épreuves.

_ Je l’espère, docteur.

A ces mots, la séance prend fin. Je raccompagne la jeune femme jusqu’à la porte où je lui souhaite malgré tout une bonne fin de journée, avant de refermer la porte pour ajouter le compte rendu à son dossier. C’est à cet instant que ma nouvelle secrétaire frappe à la porte, timidement.

_ Entrez. Je lui informe en saisissant mes données.
_ Docteur Kruger, il y a un homme dans la salle d’attente, il aimerait vous rencontrer.
_ Il a prit rendez-vous ? Je ne gère plus complètement mon agenda, ces temps-ci. Peut-être a-t-elle oubliée de m’en informer auparavant ?
_ Non. Et il dit qu’il est prêt à attendre jusqu’à la fermeture pour vous voir. J’écarquille les yeux, étonné.  
_ Comment s’appelle-t-il ?
_ Monsieur Keegan.
_ Je ne connais pas de monsieur Keegan.
_ Dois-je le mettre à la porte ?
_ Non. Je soupire. _ Je vais m’en charger. Merci Tessa.

A ces mots, je quitte mon bureau pour rejoindre la salle d’attente. Et là, vision surprenante : Joseph assit en son centre, une tasse de café à la main. Je reste figée quelques secondes d’étonnement, puis me lance à l’aborder comme n’importe quel autre patient.

_ Monsieur Keegan, je présume. Je lui montre la direction de mon bureau, porte grande ouverte. _ Mon bureau est juste ici. Après vous.

@Joseph Keegan
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 2:43


Dans le bas de l'échelle.
Joseph Keegan & Aubrey Kruger

Tu n’as pas réellement l’impression d’attendre. Quand rien ni personne ne compte sur ta présence, tu ne ressens plus cette hâte, cette impatience. Les secondes s’écoulent comme elles doivent le faire et tu prends des rides sans t’en soucier. Tu ne cours plus après les aiguilles d’une horloge depuis que ta notion du temps a bien changée. Tu ne te lèves jamais à la même heure, tu te fatigues à des moments aléatoires et tu manges quand tu as faim, si tu peux le faire. Tu ne dépends plus de ce que tout le monde dépend. Le temps n’est devenu qu’une notion bien floue pour toi. Alors, l’attente dans la salle ne te dérange pas. Tu as toute ta vie devant toi et, si tu ne peux pas rencontrer Aubrey aujourd’hui, tu reviendras demain, après demain, vendredi prochain; jusqu’à ce qu’elle ait le temps pour toi. Tu finis ta tasse de café sans trop le remarquer, tu t’en serres une seconde en lorgnant la réceptionniste pour t’assurer qu’elle ne remarque pas ton acharnement sur la boisson chaude gratuite. Tu mets vide un contenant de lait à l’intérieur. Tu vas te rassoir en portant la tasse de nouveau chaude à tes lèvres. Tu ne ressens plus les effets de la caféine depuis longtemps. Quand tu as essayé les drogues les plus dures, les plus petites dépendances glissent entre tes doigts comme une livre de beurre. Tout ce que tu désires faire en ce moment, c’est remplir un peu ton estomac vide même si le café ne t’offre aucun nutriment. Il n’est là que pour te faire croire que tu t’es nourri. Une heure passe rapidement, ton regard se perd au nord, au sud, s’attarde un moment sur la réceptionniste dont tu essayes de deviner l’âge pour te divertir un peu. Vingt-cinq ans, probablement. Plus jeune que toi et tellement mieux lancée dans la vie. Une cliente sort enfin d’une pièce qui était jusqu’à maintenant fermée et tu croises son regard lorsqu’elle traverse la salle d’attende pour rejoindre la sortie. Ses yeux sont inquiets, tu imagines qu’elle traverse un moment difficile et c’est exactement la raison pour laquelle elle est venue ici. C’est ta raison à toi aussi, mais tu arrives quatre and en retard. La réceptionniste se lève pour la première fois et se dirige dans un minuscule corridor qui t’empêche de la suivre du regard. Tu reposes tes deux yeux sur le sol, tu observes tes chaussures bien sales et, quelques secondes plus tard, ton nom de famille est prononcé. Tu redresses vivement la tête en reconnaissant la voix de celle qui t’a interpelé. Tu ne lui offres aucun sourire, tu restes entièrement neutre et c’est exactement ce que fait Aubrey aussi. Tu restes immobile quelques secondes, comme si tu attendais son approbation et c’est quand elle te présente la direction de son bureau que tu comprends qu’elle accepte ta présence. Tu hoches la tête, tu poses ta tasse vide sur la table basse devant toi et tu te lèves non sans ressentir un certain malaise dans tes jambes qui ne s’attendaient pas à être tout de suite utilisées. Tu salues Aubrey d’un signe de la tête en la contournant pour rentrer dans le cabinet et tes yeux se mettent automatiquement à analyser la pièce dans laquelle tu resteras pour la prochaine heure. Tu replaces tes cheveux bien trop longs vers l’arrière en prenant place là où la psychologue te l’indique et tu te calles dans le canapé moelleux en soupirant. Tu réfléchis assez longtemps avant de te lancer.

- Une amie m’a dit que vous étiez excellente dans votre domaine, mademoiselle Kruger.


Toujours donner le titre de mademoiselle aux femmes, même lorsqu’elles sont plus âgées que soi. Certaines ne supportent pas de se faire appeler « madame ». Ça, tu l’as compris bien assez vite. Et, quelque chose te dit qu’Aubrey peut très facilement se vexer. Ce n’est pas juste une impression, en fait.

- Ça fait des semaines que j’hésite à venir. J’espère que je ne brise pas votre horaire. Je suis venu à l’improviste.

Tu marques une pause, tu redresses tes yeux qui étaient jusqu’à présent occupés à fixer le plancher et tu soutiens le regard de la psychologue. Tu espères ne pas regretter avoir eu le cran de te présenter ici, probablement beaucoup trop de semaines trop tard. Tu n’es pas prêt à partager tes pensées avec quelqu’un mais tu ne le seras jamais. Tu n’as jamais fait confiance à personne; si tu ne peux pas faire confiance à tes parents, pourquoi chercher plus loin ?  
 

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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 6:11

Joseph. Je peine à croire qu’il est véritablement là dans mon cabinet. Que dis-je ? Dans mon bureau, désormais. Dois-je craindre des représailles tardives pour mon dernier discours au restaurant à son encontre ? Je l’envisage, jusqu’à ce qu’il s’installe calmement dans le canapé, où je l’invite d’un geste à s’asseoir. Bien. L’homme semble vouloir agir comme si nous étions deux parfaits inconnus, et je ne vois rien contre de me prêter à cet exercice. Au contraire. Peut-être cela nous permettra-t-il d’améliorer l’image que nous avons de l’autre ? C’est du moins ce que j’espère en prenant place sur ma chaise, derrière mon bureau. Je prépare d’ailleurs une nouvelle page de mon bloc-notes, au cas où il souhaiterait réellement se confier à moi. Après tout, ne l’y ai-je pas invité lors de notre rencontre à la bibliothèque ? Assurément. Je suis donc entièrement disposé à lui offrir une thérapie, si cela est son véritable souhait. Le silence s’installe, longuement. Je ne fais rien pour le briser, lui laissant le temps de prendre la parole. Pour ne pas l’intimider, éventuellement, j’évite précautionneusement de le fixer avec intensité. Ce qui ne m’empêche pas de l’observer, cependant. Son état physique est encore plus déplorable que les semaines précédentes. J’en viens à me demander à quand remonte son vrai repas, sa vraie nuit de sommeil, ou encore son vrai détour par une salle de bain. Quoique. Sur ce dernier point, je pense que cela ne doit pas être si ancien que ça. Il ne dégage pas d’odeur désagréable particulière, et seule sa tenue indique son statut de SDF. Pauvre homme. Je ne le pense pas avec pitié, comme lorsqu’il se défendait face à moi au cours du dîner avorté ; je le pense avec cette affection toute particulière que je me suis trouvée pour lui. Une affection qui m’a encouragé à me montrer odieuse là où je n’aurais certainement pas dû l’être. Mais qu’importe. Joseph prend enfin la parole. Une amie lui a dit que j’étais excellente dans mon domaine. Je fronce légèrement les sourcils d’interrogation. Connaît-il vraiment une amie me consultant ; ou prétend-t-il cela en m’évoquant indirectement ? Intéressante interrogation qui n’aura sans doute pas de réponse immédiate. Tant pis. Le plus important n’est pas qui l’a convaincu de venir me consulter, mais sa démarche en elle-même. C’est courageux pur une personne qui ne souhaitait pas se confier. C’est audacieux après des semaines de réflexion, même. Je l’en féliciterais presque, si je ne me tenais pas aux rôles professionnel/patient qui se sont instaurés entre nous.

_ Absolument pas, Monsieur Keegan. Je lui assure quand au fait qu’il ne me dérange pas par sa venue impromptue. _ Je n’avais pas d’autres rendez-vous pour les heures qui suivent.

Je n’ai pas encore une clientèle autant importante qu’à Sydney. La bouche-a-oreille tarde à se mettre en place. Ce qui ne m’inquiète pas particulièrement. Je ne suis pas habitée par la même soif de réussite qu’à mes vingt-cinq ans, âge auquel j’ai investie dans mon premier cabinet de psychologie privé.

_ Dites-moi, Monsieur Keegan. Que puis-je faire pour vous aider ? Je reprends en me saisissant de mon stylo, courtoisement. _ Qu’est-ce qui vous amène à venir me consulter, aujourd’hui ?

Je ne peux pas créer un dossier sans qu’il formule clairement une demande de thérapie. J’attends donc sa réponse pour entamer cette première étape, nécessaire à mon suivi – si suivi il y aura.

@Joseph Keegan[/quote]
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 7:05


Dans le bas de l'échelle.
Joseph Keegan & Aubrey Kruger

Tu es chanceux, pour un SDF. T’as quelqu’un qui se tient derrière toi et, même s’il ne le fait pas toujours de bon cœur, il le fait. Il te permet d’utiliser sa salle de bain, t’offre quelques fois des collations, des clopes. Le seul membre du gang avec qui tu as pu garder contact. Cependant, il ne fait pas tout ça gratuitement. Tu dois bien le payer, Blake. Et quelques fois tu regrettes de lui avoir admis l’attirance que tu as éprouvé une seule soirée, quand tu étais trop bourré pour remarquer qu’il était un garçon. Il l’a pris au sérieux, ce type. Il n’a vu aucun mal à te demander quelques faveurs sexuelles en échange de son aide. Tu n’es pas dans la pire des situations. Ce mec a déjà été ton ami et, même si tu ne pourrais pas l’admettre à voix haute, il n’est pas du tout agréable à regarder. C’est bien grâce à lui que tu peux garder une hygiène acceptable alors tu ne te plaindras jamais de ta situation. Même si Aubrey tente de ne rien laisser paraître, tu sens ses deux yeux te scruter de bas en haut. Bien sûr que tu as changé. Tu ne peux pas te payer un vrai coiffeur et tu as perdu beaucoup de poids, tu ne saurais dire combien de kilos. N’importe quel passant pourrait deviner que tu ne manges pas trois fois par jour. Quelquefois, tu regrettes de ne pas t’être goinfré de ce homard et de ce pavé de thon qu’Aubrey avait commandé pour elle-même. Tu aurais fait des réserves comme un ours qui prépare son hibernation. Un léger sourire soulève le coin de tes lèvres lorsque la psychologue emploie une seconde fois ton nom de famille. Tu n’as plus l’habitude de te faire appeler ainsi. Tu te pinces les lèvres en acquiesçant lorsqu’elle affirme ne pas avoir de prochains rendez-vous dans la journée et tu te permets de te caller davantage dans le canapé. Tu passes ta main dans ta barbe, encore et toujours surpris de sentir les piquants sous tes doigts, puis tu redresses la tête lorsqu’Aubrey te pose la seule et unique question à laquelle tu t’attendais. Il y a bien une raison pour laquelle tu t’es décidé à venir la voir. Tu bascules légèrement la tête de bas en haut en serrant la mâchoire puis te décides enfin à ouvrir la bouche.

- Je me suis dit que je devais bien vous laisser une chance de m’offrir un peu d’aide. Vous voyez… Je ne suis pas matérialiste. Cette voiture luxueuse, ce complet noir qu’elle m’a acheté, cette suite qui n’a finalement accueilli aucun client la nuit venue…


Tu marques une pause sans remarquer que tes yeux glissent le long des lèvres d’Aubrey, comme ils l’ont fait le jour de votre rencontre.

- Ils n’ont absolument rien changé à ma situation.


Une boule de mauvaises émotions serre tes tripes depuis que tu as mis le pied dans le bureau. Tu restes muet de longues secondes, sachant qu’Aubrey attend la suite de tes confessions. Quand tu te décides finalement à continuer, ta voix se casse mais ça ne t’empêche pas de terminer ta phrase.

- J’me suis rendu compte que j’m’en fiche complètement de ce que l’argent de cette fille aurait pu m’offrir. C’qui m’a aidé, c’est d’avoir un peu de compagnie. Si je peux m’habituer à vivre à l’extérieur, à ne pas manger à ma faim, à faire des choses que je n’aurais jamais pensé faire auparavant… Je ne peux pas m’habituer à la solitude.

Tes mots se bloquent dans le fond de ta bouche, tu t’étouffes légèrement et tu reprends sans avoir pris le temps de retrouver une respiration normale.

- Et j’imagine que cette fille, elle aussi, elle pense comme moi. Elle a beau avoir un mari, elle se sent seule. Elle a besoin de quelqu’un d’autre.


Tu redresses la tête, tu interroges Aubrey du regard.

- Mais je ne voudrais pas dire n’importe quoi. Peut-être avait-elle simplement envie de passer un bon moment. Elle n’avait pas envie de se prendre la tête et c’est exactement ce que je l’ai forcé à faire. Elle a eu raison de partir. J’espère qu’elle a tout de même passé une bonne soirée.


Tu t’arrêtes. Tu en as déjà bien assez dit. Es-tu maladroitement en train d’essayer de demander pardon ? Même toi tu ne saurais dire. T’as un truc sur le cœur et tu es prêt à le dire à une seule et unique personne.


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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 19:41

J’écoute mon « patient », l’observant avec attention. Je découvre une volonté chez lui de me laisser une chance de l’aider. D’accord. C’était ce que je lui avais proposé indirectement, lorsque l’on avait évoqué mon métier, et je tiendrai cette parole. Je la tiendrai bien plus sérieusement que celle de lui offrir une soirée inoubliable, d’ailleurs. En parlant de cette soirée justement, Joseph me confie qu’il n’est pas matérialiste. C’est une bonne chose, surtout dans sa situation. Il cite à la suite ma voiture de luxe, le complet que je lui ai offert, ainsi que la suite qui n’a finalement eu personne pour la nuit. Je ne saisie pas trop sur quel voie il désire m’emmener en évoquant tout cela. Néanmoins, j’attends patiemment qu’il m’aiguille de lui-même, ce qui peut prendre du temps. Et du temps, nous en possédons autant qu’il en aura besoin ; j’ai trois heures de libre devant moi, si ma nouvelle secrétaire n’a pas ajoutée des rendez-vous au planning sans m’avertir. Il m’informe que mes attentions n’ont rien changées à sa situation. Je l’imagine sans mal, effectivement. Ce n’était qu’une parenthèse dans sa vie. Une parenthèse que je souhaitais prolongée sur la durée. Et une parenthèse qui s’est refermait brutalement suite à notre ultime échange. Je soupire de désappointement à cette pensée, discrètement. Je sens bien à l’attitude de l’homme que j’ai fais plus de mal que de bien et… les remords étreignent ma gorge de façon désagréable. La déglutition devient soudainement bien plus pénible. Je baisse brièvement mes yeux sur mon bloc-notes pour reprendre le contrôle de mes émotions, mon professionnalisme. Ce qui est délicat quand on a affaire a un « patient » que l’on n’a jamais considérée réellement comme tel. Et inutile de me baser sur ma relation étrange avec Liam ; notre rencontre n’a eu lieu que parce qu’il cherchait à suivre une vraie thérapie avec la meilleure psychologue de tout Sydney. De ce fait, dès le départ nous étions dans un rapport professionnel. C’est plus tard que sont arrivés les séances plus… intimes. Je chasse cette idée de ma tête, d’un léger hochement de tête. Ce n’est pas le moment de m’auto-analyser ou encore de regretter les événements passés. C’est le moment de me consacrer entièrement à cet homme qui a fait le pas de venir s’ouvrir à moi, spontanément. Et ce qu’il dit me démontre que j’ai eu tort de me rabaisser à le mettre lui-même dans une case : celle du salaud. Il se fichait bien de tout mon argent ; même de mourir de faim, ou ne traîner les rues. Il cherchait uniquement une compagnie et je lui ai arrachée la mienne avec une violence inconnue. Comment rester de marbre face à une telle souffrance ? Je l’ignore. C’est impossible, sûrement. Et tandis qu’il s’aventure à parler à nouveau de ma solitude maritale, je me lève doucement de ma chaise pour contourner le bureau sur lequel je m’appuie. Je ne dis rien, pour l’instant, mais j’assimile qu’il a lu autant en moi que je n’ai lu en lui. Il est l’unique étranger à y être parvenu, d’ailleurs. Ah moins qu’il ne soit l’unique étranger a qui j’accorde volontairement ce « miracle », peut-être. C’est une éventualité que j’accepte, au même titre que la conclusion qu’il s’est faite de cette « fille ». De moi. J’aurais pu être une de ses bourgeoises s’acoquinant avec le premier voyou à la belle gueule venu, c’est un fait. Mais les choses sont bien plus complexes qu’elles ne le paraissent. La bourgeoise a ressenti un coup-de-cœur pour le voyou à la belle gueule, au point d’avoir éprouver l’envie de le couvrir de toutes ses attentions. Et pas uniquement ce soir-là. Je parle de toutes les journées, les nuits qui auraient suivis. Je l’aurais aidée à se remettre à flot, sans rien exiger en retour de sa par. Pas même cette attention dont j’ai cruellement besoin, et qu’il a décelé chez moi. Quant à la fin de sa soirée, à cette « fille », elle a été des plus désastreuses. Des heures à se ronger les sangs de remords dans un bain chaud, un lit froid, puis en guise de punition : une belle insomnie. Il existe bien meilleure fin de soirée, n’est-il pas ?

_ Monsieur Keegan. Dis-je doucement pour reprendre la parole, suite à son long monologue. _ Avant de pouvoir vous aidez, je vais vous demandez de répondre à une question avec la même sincérité que je décèle dans votre attitude actuelle. Je marque une pause. _ Je vais vous demandez d’y répondre mais – auparavant, et c’est important – vous allez prendre le temps de la réflexion. Je l’observe attentivement, toujours les fesses posées sur le bord de mon bureau. _ Car voyez-vous, la réponse que vous allez me fournir va déterminer la suite de ce rendez-vous. Il est donc primordial de ne pas prendre les choses à la légère. Nous sommes d’accord ? C’est une question rhétorique. Je sais déjà qu’il l’est, sinon il ne serait pas là. _ A qui souhaitez-vous réellement avoir affaire, monsieur Keegan : la psychologue, ou la femme ?

Rapport professionnel, ou rapport personnel ?

@Joseph Keegan
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 22:17


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Joseph Keegan & Aubrey Kruger

Tu es là. Tu ne peux plus faire un pas en arrière. Elle t’a vu, a cru à ta volonté de venir la voir et tu ne peux pas la décevoir une deuxième fois. Ça ne peut pas être si difficile de t’ouvrir comme un livre. Tu feuillettes des bouquins à longueur de journée; tu dois bien savoir comment raconter une histoire après tout ce temps consacré à tourner les pages. Mais, ton récit commence par la fin et voilà le piège. Tu n’as pas l’impression que tes péripéties méritent d’être raconté à voix haute. Mais tu arrives à poser l’introduction sur la table. Tu ne caches pas cette peur de la solitude. Certains diraient que tu la côtoies depuis longtemps. Pourtant, en prison, tu n’étais jamais seul. Tu savais que tous ces gens enfermés partageaient un point commun avec toi. Ils avaient tous commis un crime. Et, par le fait-même, tu n’étais jamais réellement esseulé comme tu l’es aujourd’hui, entourés de gens qui ont fait le bon choix dès le départ. Tu remarques les réactions discrètes d’Aubrey lorsque tu lui révèles certains choses que tu aurais préféré garder pour toi quelques minutes plus tôt. En t’écoutant, elle s’écoute aussi. Ses jambes trahissent sa sérénité. Elle se lève, quitte son sofa et s’appuie contre son bureau. Elle a besoin de penser un peu, elle n’est pas ta simple psychologue. Elle sait autant que toi que ces appellations et cette mention d’une femme ne sont que le fruit d’un jeu de rôle auquel elle a pris part sans poser de questions. Et tu aimerais la remercier pour ça. Tu n’as pas trouvé un meilleur moyen pour te libérer de certaines pensées que tu gardais pour toi jusqu’à présent. Tu as réussi à admettre que la solitude te faisait souffrir, toi qui a longtemps pensé que le monde était néfaste et que tu étais mieux dans ton indépendance. Tes membres se tendent lorsque la psychologue s’adresse à toi une nouvelle fois. Tu commençais à apprécier le silence qu’elle t’offrait jusqu’à présent. Une sorte de calme avant la tempête, un cadeau avant Noël, une bouchée de chocolat avant que les cloches annonçant pâques ne tintent. Tu l’écoutes des deux oreilles et, lorsqu’elle t’intime de bien réfléchir, tu doubles ton attention en te replaçant machinalement dans le canapé. Elle te pose finalement la question à laquelle elle t’a judicieusement préparé et tes sourcils se froncent, tu humidifies tes lèvres et tu entrecroises tes doigts posés sur tes cuisses. Elle t’a demandé de bien réfléchir avant de lui offrir une réponse et c’est ce que tu feras. Ta gorge se serre, tu entrouvres la bouche, prêt à donner ton verdict.

- Vous le sentirez, quand j’aurai besoin de m’adresser à la femme. Pour le moment, j’ai l’impression qu’elle a elle aussi besoin d’entendre vos conseils, madame la psychologue.

Tu l’as bien compris. Même si elle n’affronte aucun problème financier, quelque chose ronge son inquiétude. Une envie de renouveau, un désir de goûter à de nouvelles saveurs. Tu ne saurais mettre un nom sur ses craintes et tu ne doutes pas une seconde qu’elle non plus.

- J’espère qu’ensemble on pourra l’aider à poser le doigt sur le problème et que, seulement par la suite, elle pourra m’aider avec les miens. J’ai besoin d’un chez moi, de thune, de nourriture, d’un job mais elle, elle a tout ça mais n’arrive quand même pas à être simplement heureuse.


Tu baisses la tête, de peur d’avoir dit quelque chose de déplacé. Qui es-tu pour juger de son état ? Elle t’a dit d’éviter de faire des généralités et c’est probablement pour une bonne raison. Elle ne vit pas le rêve américain.
 

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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 23:06

Une simple question, mais une question lourde de sens paradoxalement. Une question à laquelle j’attendais une réponse, assez nerveusement du reste. Et à laquelle il apporte une réponse pour le moins étonnante. Selon lui, la psychologue en moi, saura lorsqu’il aura besoin de s’adresser à la femme. Je suis perplexe. D’autant plus sur l’affirmation qu’il ajoute, à son sujet. Certes, la femme en moi nécessiterait bien une bonne thérapie pour surmonter la crise, mais certainement pas l’une des miennes. Pourquoi pense-t-il que je puisse m’aider ? Parce que j’ai l’air suffisamment cultivée pour maitriser moi-même toute la complexité de ma matière grise ? Si c’est le cas, cela n’est pas la vérité. Preuve en est le simple fait que nous nous connaissions, tout les deux. La femme en moi n’en fait qu’à sa tête ; et la psychologue n’a qu’à retourner potasser ses bouquins pour espérer juste l’interpeller. Néanmoins, je ne relève pas. Je le laisse encore s’exprimer avec franchise. Il me parle d’un espoir qu’ensemble nous puissions l’aider à trouver le bonheur, au delà de tout ce qu’elle possède. C’est aberrant. Cela l’est d’autant que nous parlons de moi. Moi et moi seule, uniquement. Alors je soupire, contrariée, puis m’hasarde à lui fournir une réponse. Une qui sera certainement aussi décousue que celle que me fournissait ma patiente, précédemment.

_ L’inconvénient d’un tel choix, Monsieur Keegan, c’est que la femme dont il est question n’est pas de celle qui consulte un psychologue. Vous ne l’avez pas oublié ?

Il ne peut pas l’avoir oublié. Il ne peut rien avoir effacé de cette rencontre bouleversante, d’un point de vue comme de l’autre. Le cas échéant, je ne comprendrai pas la motivation principale de sa venue. Non. Je ne comprendrai pas ce qui l’encourage à consulter pour « Elle ».

_ Il est donc presque impossible pour moi de vous affirmez qu’il y a une chance que nous réussissions.

C’est une défaite, hélas. Je n’ai que très rarement des résultats aussi négatifs en thérapie, et dans toute l’ironie qu’est la vie, il faut que j’en sois moi-même l’exception. Néanmoins, je lui souris, sincèrement. J’apprécie qu’il ait été touché par ce qu’il a vu dans ses regards que je lui échangeais. Je dirais même que j’apprécie qu’il ait remisé sa fierté au placard pour me le faire savoir. Je contourne à nouveau mon bureau, pour reprendre place sur mon siège.

_ Cependant, Repris-je en me saisissant de mon stylo et mon bloc-notes, comme vous l’avez souligné, Monsieur Keegan, ce travail est un travail d’équipe. Une première dans ma longue carrière. _ Peut-être auriez-vous des idées sur le pourquoi elle vous est apparue malheureuse, lors de cette rencontre ? Ou peut-être même aviez-vous un début de voie à suivre, pour l’aidez à s’en sortir ? Si c’est le cas, je vous prie de m’en faire part, je suis toute ouïe.

C’est un drôle d’exercice de s’auto-psychanalyser avec l’aide d’un homme faisant le ménage à la bibliothèque, mais qui ne tente rien n’à rien. Et cette « femme » a véritablement besoin d’un déclic pour enfin s’ouvrir aux autres ainsi qu’à son problème. Alors j’accepte de mener la thérapie en se sens, dans l’espoir de l’aider lui par la suite. Une sorte d’ échange de bon procédé, je crois.

@Joseph Keegan
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyJeu 29 Nov 2018 - 23:40


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Elle commence en se défendant. Elle n’est pas du genre à conseiller un psychologue. Elle est la psychologue. Pourtant, elle ne semble pas être capable de lire ses propres pensées. Peut-être qu’à force d’écouter les autres, elle est bien trop épuisée pour s’écouter elle-même.

- Vous voyez, mademoiselle, moi non plus je ne suis pas de ceux qui consultent un psychologue. Pourtant, me voilà. Les chirurgiens n’opèrent pas sur leur propre corps à ce que je sache. Ça devrait être pareil pour elle. Je ne dis pas qu’elle devrait consulter, au contraire. Je dis que ce n’est pas parce qu’elle connait le cerveau sur le bout des doigts qu’elle peut se guérir sans l’aide d’un ami qui pourrait l’écouter.


Tu te pinces les lèvres pour ne plus en ajouter. Évidemment, tu es cet ami. Et, aujourd’hui, tu n’es pas venu pour te plaindre de ton sort. Jamais tu n’as mis la faute de tes maux sur le dos des autres. Tous ces actes illégaux que tu as commis dans le passé étaient guidés par ta propre volonté. Celle de faire un peu d’argent pour survivre comme n’importe quel citoyen de Brisbane. Jamais on ne t’a forcé à rejoindre le gang, tu as simplement été faible, paresseux. Tu as opté pour la manière la plus facile. Certes, tu en voudras toujours à tes parents qui ne t’ont pas laissé être qui tu es mais jamais tu ne les blâmeras pour les choix que tu as fait une fois que tu ne les côtoyais plus même si nombreux affirmeraient qu’ils prennent une grande part dans l’histoire. Ils t’ont guidé trop strictement, ont tiré ta laisse comme si tu n’étais qu’un chien qui devait obéir et, une fois que tu as quitté ta niche, ils n’ont jamais cherché à s’assurer qu’ils n’avaient pas commis une erreur en te traitant de la sorte. Dans le fond, tu n’étais qu’un accident; un condom troué et une vie de couple regrettée. C’est bien pour cette raison que tu n’as jamais eu de frère ou de sœur. Le tic toc de l’horloge suspendue au mur d’interpelle, tu observes en silence les aiguilles tourner jusqu’à ce qu’Aubrey s’empare d’un épais bloc-notes dans lequel elle inscrira tes futures pensées. Elle reprend la parole, ton attention se repose sur elle et un mince sourire éclaire ton visage quand tu comprends qu’elle te laisse la chance de tenter ce que tu es venu faire ici. Tu n’as pas l’intention de repartir avec une liasse de billets ou avec le ventre plein. Ce que tu désires ne relève pas du matériel.

- Hé bien… Je crois qu’elle est malheureuse car elle ne vit plus. Elle a réussi à atteindre son but. Elle est mariée, possède tout objet dont elle aurait besoin mais vous savez, la vie est comme un jeu vidéo. Elle est remplie de défis, d’obstacles, mais, une fois qu’on terminé le jeu, qu’est-ce qu’on fait ? Tout devient plus facile, on connait la stratégie à employer pour ne plus jamais perdre la partie. Et, au fur et à mesure, on perd tout intérêt. On n’a plus envie de se lever le matin pour relever les défis qu’on connait déjà sur le bout des doigts.

Tu marques une pause et seule ta respiration est perceptible dans la salle. Tu secoues la tête, tu balaies l’air du revers de la main et tu te calles nonchalamment dans le canapé moelleux.

- J’imagine que cette fille m’a laissé l’embrasser car jamais elle n’avait fait l’expérience de s’offrir à un inconnu. C’était un nouveau défi, quelque chose qui faisait pomper son sang.

Un long soupir et une conclusion soufflée.

- Mais je dois dire n’importe quoi, n’est-ce pas ? Selon vous, sa situation ne mérite pas d’être davantage analysée. Même, vous pensez peut-être que cette fille est déjà bien heureuse comme ça ? On ne se voit jamais comme les autres nous voient, Aubrey.

Jamais tu n'aurais pensé que le flot de cette séance prenne un virage aussi radical. Tu étais venu sans savoir ce que tu attendais de cette expérience et, comme tu arrives toujours à le faire, tu n'es pas le centre du sujet.  
     
   
 
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyVen 30 Nov 2018 - 1:22

Il a de la répartie, c’est un fait. Et il a également beaucoup de bon sens, je dois l’avouer. S’employer comme exemple en contre argument, c’est brillant. Je suis presque totalement admirative. Cependant, je dis bien presque puisque qu’il s’avère que cette soudaine inversion de nos rôles m’est déplaisante. Je déteste l’idée seule qu’il devienne celui qui conseille et moi celle qui reçoit les conseils. Cela m’oblige indirectement à baisser ce bouclier que je porte, complètement ; une chose à laquelle je ne semble pas véritablement prête. Pourtant, j’en aurais bien besoin, comme il me l’a fait comprendre. J’aurais bien besoin de m’entendre par le biais d’un ami dévoué à me « guérir ». Mais quel ami ? Lui ? Je rirais presque à gorge déployée. Nous deux c’est à peine si l’on se connaît ; nous sommes avant tout un homme et une femme ayant gâchés leur chance de faire l’amour dans une suite d’hôtel. Pourquoi devrais-je plus m’ouvrir à lui qu’à mon amie de toujours : Abigaël ? Je l’ignore. Et c’est parce que je l’ignore que je ne rejette pas l’idée immédiatement d’un revers de main. Non. Pire. C’est parce que je l’ignore que j’accepte de me prêter à l’exercice, en me convaincant que nous formons une équipe. Et quelle équipe… Ha… Une psychologue incapable de se comprendre, et un homme de ménage. Enfin. Je suis ouverte aux suggestions, malgré tout. Et je note les réponses que me fournit Joseph à mes interrogations qui s’en suivent, par mots-clefs : absence de vie ; absence de but ; absence d’intérêt ; absence de défi. Du bon sens, encore une fois. L’analyse est douloureuse mais réelle. Cette « femme » tourne en boucle dans un circuit où elle connaît le parcours par cœur. Elle ne prend aucune initiative de sortie de terrain par peur de perdre la « partie », de perdre le fruit des étapes qu’elle a traversée. Elle est en quête de défi à relever, mais redresse le véhicule dès que les roues franchissent ses limites. D’accord. C’est un excellent début d’explication mais pourquoi s’y ose-t-Elle alors ? Qu’est-ce qui l’encourage à franchir les lignes ne serait-ce qu’un peu ? […] J’observe Joseph qui continue son raisonnement. Mais oui. C’est ça ! Offrir ses lèvres à un inconnu sous le jeu, c’était à nouveau ce sentir vivante ! C’était un instinct de survie ! Mais alors… Je baisse les yeux sur le bloc-notes, relisant ainsi les mots que j’y ai inscrit. Il n’y a quasiment aucune chance que la situation s’améliore en ces termes. Non. Je vais continuer à tourner dans le circuit jusqu’à… Jusqu’à n’être plus rien qu’une psychologue. C’est une violente « claque » que vient de m’administrer Joseph. Une brutale prise de conscience qui me ferait volontiers tourner la tête, si je n’étais pas assise.

_ Nous allons nous prêter à un petit exercice, Monsieur Keegan. Je l’informe immédiatement, suite à la conclusion que j’aurais moi-même faite sur mon propre cas quelques minutes auparavant. _ Nous allons intervertir nos places, réellement. Je me lève de mon siège hâtivement, lui faisant signe d’y prendre place. _ Venez ici. Installez-vous. Je contourne moi-même mon bureau à ces mots, pour directement m’asseoir sur mon canapé. _ À partir de maintenant, je ne suis plus la psychanalyste, Joseph. Je suis la femme de la bibliothèque, le nez plongé dans un livre de psychologie. Je suis l’épouse qui suffoque dans sa propre existence solitaire, en quête de nouveau défi pour me sentir vivante. Que me conseillerais-tu de faire ? Que dirais-tu à ton amie, sincèrement désolé de t’avoir balancé toutes ces horreurs avant de te quitter ?

Je suis à mon tour suspendu aux lèvres de quelqu’un, et se sont les siennes. Aide moi Joseph. Aide moi.

@Joseph Keegan
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyVen 30 Nov 2018 - 3:15


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Tu la déstabilises plus que tu ne l’aurais imaginé. Tu la vois noter des choses que tu ne peux pas lire à cette distance mais tu te doutes qu’elle retranscrit certaines de tes paroles. Tu ne sais pas lesquelles. Tu ne sais pas laquelle de tes idées réveille son attention. Mais, elle écrit. Et c’était déjà plus que tu n’aurais espéré. Sa prise de conscience bientôt terminée, elle reprend la parole et tu écarquilles les yeux devant sa proposition. Toi, prendre la place d’une psychologue ? Elle ne te laisse pas le temps de donner ton avis, elle t’intime rapidement de te redresser, ce que tu fais sans te plaindre. Tes deux yeux restent figés un moment, tu fixes le bureau comme si tu n‘avais jamais vu un tel meuble de ta vie, ce qui n’est pas complètement faux. Tu prends place sur le siège et tu poses tes deux coudes sur le bureau, fidèle à tes habitudes. Aubrey ne t’accorde pas une seule seconde de répit, elle t’explique rapidement le but de l’exercice et devant les directives spontanées, tu figes. Et elle attend. Que dirais-tu à ton amie ? Que dirais-tu à celle qui n’arrive plus à profiter des obstacles de la vie ? Ton teint est pâle, ton air est hébété et tu n’as pas d’idées avant que les aiguilles de l’horloge ne fassent un tour complet. C’est seulement là que tu comprends. Elle a besoin de changement, et toi aussi. Vous devez trouver un juste milieu. Elle fait sa part en te présentant le luxe, le travail et l’autonomie. Tu feras ta part en lui montrant le plaisir de vivre au dépend de seulement soi-même. Tu poses ta main sur un stylo qui semble dispendieux, tu le glisses entre tes doigts et tu le montres à Aubrey avant de l’interroger du regard :

- Ce crayon, il vaut cher ?

Elle hésite un moment puis hoche la tête pour répondre positivement. Sans plus attendre, tu viens fortement t’en saisir à deux mains et tu le casses sans laisser la moindre hésitation t’arrêter.

- Il n’était pas très beau. J’ai toujours préféré la simplicité d’un crayon à mine. Le trait est plus doux et si on fait une erreur, on peut toujours l’effacer.

Tu te redresses rapidement sans laisser le temps à Aubrey de comprendre là où tu veux en venir. Tu contournes le bureau en laissant ta main balayer tous les objets soigneusement placés dessus. Les livres, tu les tournes à l’envers. La lampe, tu lui tords le corps pour la placer dans une position loufoque. Le petit contenant de menthes, tu le renverses sur le bureau et tu n’hésites pas à chiper un bonbon que tu déballes rapidement avant de le poser sur ta langue. Finalement, tu viens t’écraser dans le canapé comme un animal épuisé. Tu poses ta tête sur les cuisses d’Aubrey et tu la regardes avec un large sourire provocateur, les bras croisés sur ta poitrine.

- Tu sais pourquoi ta vie s’achève alors que tu n’as pas encore pris une seule ride ? T’es coincé dans la routine. Il n’y a pas une seule miette de poussière dans cette pièce, tout est parfaitement rangé et ça sent… Ça sent le putain de bureau. J’ai jamais supporté cette odeur.


Tu plonges ton regard dans le sien, la tête à l’envers. Si tu t’es posé sur elle, c’est bien pour l’empêcher de prendre peur et de fuir la situation.

- Tu veux que te donne des conseils ? Je n’ai pas l’impression que tu peux les prendre. Tu t’es vexé tellement rapidement le jour de notre rencontre. Je viens de casser ton stylo, de foutre le bordel dans ton bureau et là je t’étouffe. Qu’est-ce que tu vas faire ? Te vexer à nouveau et me laisser seul ici ? J’espère que ce n’est pas la solution à laquelle tu penses en ce moment.

Tu marques une pause, le regard joueur, les lèvres retroussées par un sourire presque moqueur. La vision que tu lui offres, c’est toi. Toi qui s’amuse de n’importe quelle situation. Toi qui tournes la page après les échecs ; les yeux illuminés par le plaisir de ne pas suivre les normes.

- Pour que tu acceptes mes conseils, il va falloir que tu te mettes à nu. Que tu empêches ton corps de refuser ma vérité. Celle que je veux t’offrir. Je pense qu’il n’y a pas meilleur moyen pour se mettre à nu que de retirer son chemisier.


Tu l’observes de tes deux grands yeux bleus, le regard incitant mais aucunement mal intentionné. La nudité n’a jamais été quelque chose à censurer, pour toi. Tu n’es pas pudique et tu te permets de fantasmer sur le corps nu seulement lorsque tu sais que quelque chose se produira plus tard. Pour le moment, tu veux seulement qu’elle se libère de ses manières, de cette routine qui est devenue sa réalité.  

      
 
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyVen 30 Nov 2018 - 4:29

Joseph est déstabilisé. Assis sur mon siège, le rôle qu’il a prit devient soudainement bien plus complexe à ses yeux. Il devient livide. Néanmoins, il est hors de question pour moi d’interrompre l’exercice. Il a voulu venir en aide à la « femme », a lui de montrer ces capacités à le faire. Je suis entièrement disposée à entendre ces recommandations pour améliorer ce train de vie qui m’asphyxie, d’ailleurs. Or, aucun son ne sort de cette bouche que j’observe avec grande attention. Mon « psychologue » observe le décor comme en quête d’une issue de secours. J’ai envie de rire. Très sincèrement. J’ai envie de lui signifier qu’être à ma place n’est pas si évident qu’il n’y paraît ; qu’il ne suffit pas d’écouter les gens se plaindre, ou bien de les analyser d’un regard, pour qu’ensuite un début de solution prenne forme. Non. J’ai envie de lui expliquer qu’être psychologue c’est bien plus compliqué ; que cela demande un investissement qui prend le pas sur le reste au prix de l’écraser. Mais je n’en fais rien. Je me cantonne dans mon « rôle », attendant qu’il s’en sorte tout seul. Il se saisit soudainement de mon stylo – celui que m’a offert mon mari pour une occasion passée, oubliée – et je fronce les sourcils d’interrogation. Que fait-t-il exactement ? Pourquoi me demander s’il vaut cher ? Oui, bien-sûr. Enfin. J’imagine. Je n’étais pas là lors de l’achat mais… OH MON DIEU. Je suis horrifiée par la violence qu’il use contre cet objet. Et d’avantage lorsque je découvre ce qui l’a encouragé à le briser. C’est totalement dingue ! Ce type est un fou-à-lier. En quoi ce raisonnement sur la simplicité est sensé m’aider à avancer ? Je n’en ai pas la moindre idée. Et je n’ai pas l’occasion d’y réfléchir puis qu’il refait la « décoration » de mon bureau, à la suite. Je suis effarée. Totalement. Je suis dans l’incapacité même de m’interférer dans ce chahut sans nom. Et inutile d’espérer pouvoir m’en remettre. Joseph se laisse tomber ensuite dans le canapé, avant de déposer sa tête sur mes cuisses. Je les serre vigoureusement, immédiatement. J’ai le stupide réflexe de penser qu’il pourrait vouloir s’intéresser à cet endroit alors que… Pas du tout. Il commence à me donner le verdict de son analyse, que j’écoute attentivement. Ma vie s’achève alors que je n’ai pas pris une ride, parce que je suis coincée dans la routine. D’accord. Cela fait sens. Il est inutile de critiquer l’agencement ou l’odeur de mon bureau pour le confirmer. Mais soit. Là n’est pas l’important. Ce qu’il l’est sont les propos qui suivent : des reproches. Je les encaisse en serrant les mâchoires, consciente qu’il dit vrai. Je suis incapable de recevoir particulièrement ces conseils sans m’en offenser. Cependant, il n’a pas complètement raison. Je ne me suis pas vexée de conseils au restaurant, mais bien de jugements hâtifs de sa part. […] Où peut-être n’en avaient-ils pas été ? Qu’importe. Nous ne pouvions plus remonter le temps, et plaidoyer sur le sujet n’améliorera pas la situation. J’opte donc d’en faire-fi, ravalant une fierté mal-placée, pour tenter de cerner ces intentions. Il a le regard joueur, le sourire moqueur. Il m’explique l’intérêt de me mettre à nu pour accepter ces conseils. C’est au sens figuré, bien sûr ? Non. Il veut que je le fasse en ôtant mon chemisier, réellement. Je déglutis ma salive, péniblement.

_ Tu n’es pas sérieux…

Inutile que je termine cette question. Son expression est on-ne-peut-plus révélatrice sur la réponse. Il ne s’agit pas d’un jeu malsain mais bien d’un exercice, pour contraindre mon corps à accepter ces conseils. C’est excessivement gênant. Je suis terriblement mal-à-l’aise. Entendons-nous bien : je sais qu’être en soutien-gorge, c’est comme être en haut de bikini sur une plage. Or, il s’avère que j’ai eu la « brillante » idée de ne pas en mettre ce matin. Idiote. Comment aurais-je pu prévoir cela ? C’était impossible… Impossible. Et il me faut faire vite un choix : fuir à nouveau en mettant un terme à l’exercice, lui donnant ainsi raison ; ou retirer le chemisier comme il me l’a expressément formuler, dans l’espoir que son raisonnement mène vraiment à un résultat. Seigneur. Mon cerveau travaille à mille à l’heure. Il pèse les pours aussi lourds que les contres. Mon désarroi ne saurait être dissimulé à Joseph. Décide-toi. Décide-toi. Je me lance. Je me saisie avec hésitation des boutons de mon chemisier, que je fais céder un à un sans empressement. Je ne pourrais pas lui cacher ma poitrine durant l’opération, j’en ai conscience. Je ferme donc les yeux pour faire abstraction de son regard qui se posent potentiellement sur mes seins, tandis que j’ôte les manches de mes vêtements. Une fois que j’en suis libérée, je croise mes bras sur mon torse.

_ Bien. Ensuite ? Je demande aussitôt, empressée d’arriver au terme de l’expérience.

@Joseph Keegan
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyVen 30 Nov 2018 - 5:23


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Elle te laisse faire ton cinéma sans jamais t’interrompre; tu ne saurais pas comment la remercier pour ça. Ça te fait du bien d’agir comme tu as toujours agi avant que les flics n’écrasent ton corps contre le sol, avant que les menottes de l’interdit ne coincent tes poignets dans leurs anneaux bien trop serrés. Tu oublies un moment l’image de ton corps encore en santé qui se fait de force trainer par les autorités alors qu’aucun son ne sort de ta bouche. Tu ne t’es jamais débattu, tu n’es pas de ceux qui fuient la justice lorsque cette dernière a posé sa main sur leur épaule. Tu es de ceux qui profitent jusqu’à ce que l’orage ordonne à un premier éclair de fracasser leur crâne. C’est tout ce que tu as recherché au cours de ta vie. Un peu de plaisir pour oublier les malheurs. Mais, quand tu n’es plus un enfant et que tu as passé l’âge des gamineries, tu t’adonnes à des pratiques parfois illégales, parfois immorales. Quand le jeu s’est transformé en ennui tu es passé au niveau supérieur. Un niveau qui te permettait de retrouver ce sentiment de liberté et d’euphorie d’une simple pression sur la seringue. Une minuscule douleur froide puis une sensation de chaleur réconfortante. Tu n’es pas addicte à la drogue. Tu ne peux simplement plus te passer de cette sensation délicieuse qu’elle t’offre sans que t’aies à réfléchir à une autre méthode pour atteindre le paradis. Tu le sais. Tu es paresseux, tu n’as aucune volonté, tu as abandonné à la seconde même où la prochaine marche à atteindre était trop haute. Même si tu serais une bonne influence pour personne, tu peux enseigner une leçon. Celle de cueillir la fleur du plaisir avant que ses pétales ne fanent. La fleur d’Aubrey, une rose, probablement, elle respire encore. Mais elle est coincée quelque part où elle ne peut plus déplacer ses racines. Au creux de son ventre. Tu n’as pas trouvé meilleur moyen pour la libérer. Tu dois déstabiliser Aubrey, la faire sortir de sa zone de confort, l’aider à ne pas regretter de franchir le pas. L’interdit est unique à chacun. Bon. Sauf quand il s’agit de vendre de la drogue à des mineurs. Ça c’est un interdit assez universel. Devant la surprise de la femme sur laquelle tu reposes ton crâne depuis quelques secondes, ton sourire s’élargit davantage. Oui. Tu es sérieux. Elle sait que tu ne plaisantes pas pour ce genre de chose. Elle a rencontré ta franchise bien malgré elle. Tu suces ta friandise à la menthe en observant les réactions d’Aubrey et, quand elle décide enfin d’accepter ton défi, tu te sens victorieux. C’est déjà un grand pas de franchi. Pas n’importe quelle femme aurait accepté de se dévêtir devant un inconnu. Même si, d’un regard, elle t’avait signalé qu’elle n’était pas fermée à l’idée de terminer la soirée avec toi dans cette suite bien trop chère. Tu observes ses doigts habiles déboutonner un à un les boutons de son chemisier, tu remarques évidemment qu’elle prend son temps mais tu n’es pas là pour la jeter en bas de la falaise. Elle peut transformer les secondes en minutes si c’est ce qu’elle souhaite. C’est bien elle qui dépend de l’horloge. Toi, tu as une journée entière devant toi.

- Oh.

C’est ta première réaction lorsque tes yeux un peu trop curieux se posent sur sa poitrine découverte. Ça, tu ne t’y étais pas attendu. N’importe quel homme aurait détourné les yeux, par respect. Mais toi, t’es bien un cas unique. Tu ne te gênes absolument pas, tu observes la forme arrondie de sa poitrine, ses mamelons joliment sculptés et cette vue du dessous t’inspire. Tu souffles tout ton air par tes narines, les yeux grands ouverts. Ta bouche s’entrouvre naturellement, tu en profites pour humidifier tes lèvres avec ta langue et tu réussi enfin à relever tes yeux un peu plus haut vers les yeux d’Aubrey.

- Putain. En fait, je pensais que tu étais plus… coincé que ça dans le moule de la société.

Tu ne peux pas étaler davantage ta réflexion, un rire surpris s’empare de tes cordes vocales. Tu plaques ta main sur ta bouche pour t’empêcher de rire trop ouvertement, sachant pertinemment que ce n’est pas la meilleure des idées de t’esclaffer devant la vue d’une poitrine. Mais ce n’est pas l’apparence de ses seins qui t’ont surpris, mais bien… leur présence, tout simplement. Tu ris encore plusieurs secondes, tu passes proche à plusieurs reprises d’avaler de travers le bonbon dans ta bouche et, enfin, tu te calmes, les yeux gorgés d’eau. Tu soupires fortement en reposant ta tête sur les cuisses.

- Oh putain. Merci pour le fou rire. Merde, j’ai oublié où on en était.

Un dernier gloussement te bouscule et tu reprends enfin ton sérieux en respirant doucement. Aubrey a préféré croiser ses bras sur son torse : c’est à sa guise.

- Alors, sois honnête. Qu’est-ce que tu as envie de faire, là, maintenant ? Si tu me dis que t’as juste envie de rentrer chez toi, t’auras pas compris ma leçon. Mais, j’imagine que pour une femme de ton calibre, c’est une première leçon assez difficile à digérer.

Tu marques une pause, tu observes les alentours en croquant dans ton bonbon et tu soupires finalement :

- Je veux que tu comprennes que le bureau est l’une des premiers choses qui enferme un individu dans la routine. Il va falloir que tu trouves un moyen de rénover cet endroit, le plus souvent que tu peux. Ça consiste simplement à changer la position de la lampe, retourner le livre sur lui-même… Se débarrasser d’un crayon pour en racheter un nouveau plus coloré….


Tu souris en coin en la lorgnant et tu avises de nouveau la nudité de ses bras et tu ne peux pas t’empêcher de passer un autre commentaire :

- Ça doit te faire bizarre d’être à moitié nue dans un espace professionnel comme celui-là.  
           


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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyVen 30 Nov 2018 - 6:48

Les stéréotypes. Ce qu’ils sont méprisants. Ils enferment les gens dans des petites cases étriqués, où ils ne peuvent plus sortir. Joseph lui-même le confirme avec sa remarque quant au fait que je ne suis pas si coincée que ça. Je le suis, pourtant ! Seulement, là il s’agit uniquement d’un fâcheux concours de circonstances, doublée d’une idée stupide de ma part. Sans ça, je ne serais certainement pas à demi-nue devant lui – hors contexte sexuel, on s’entend. D’ailleurs, je ne sais véritablement pas comment je dois assimiler le fou rire qui l’accapare. Dois-je m’en offusquer, comme je serais tentée spontanément de le faire ? Peut-être. Après tout j’ignore totalement pourquoi il est victime d’une telle hilarité soudaine. Et je doute que le problème vient de ma poitrine à proprement parlée. Elle est encore très jolie pour mon âge avancé et... Bon sang. Je suis grotesque de les plaider pour me rassurer. Je suis une femme tout ce qu’il y a de plus sexy pour quarante ans. La raison de son fou-rire ce situe ailleurs, obligatoirement. D’ailleurs, je dois avouer que ses éclats de rire sont particulièrement communicatifs. Je me surprends à glousser moi-même timidement dans un premier temps, avant de l’accompagner sans plus de retenu. Et Dieu que cela me fait un bien fou. Je me sens soudainement beaucoup plus détendu que je ne l’étais auparavant. Je souris à Joseph pour le remercier également de m’avoir fait découvrir à nouveau cette sensation, longtemps oubliée. Elle m’offre le loisir de moins appréhender ses intentions que je sais bienveillantes, au delà de n’être absolument pas orthodoxes. Toutefois, il nous faut reprendre sérieusement le cours de ma « thérapie ». Joseph m’interroge sur ce que je voudrais faire, dès à présent. C’est une excellente question. En dehors de remettre mon chemisier pour retrouver ce confort qu’il m’a volontairement ôté, je n’ai aucune envie qui me vient à l’esprit. Quant à fuir – comme il le suggère de lui-même, cela ne m’a pas effleuré l’esprit. Pas parce que ma secrétaire trouverait cela étrange ou s’imaginerait que je cherche à fuir un agresseur sexuel, mais plutôt parce que j’ai le désir de parvenir à un résultat positif. Ce qui est un grand pas en avant. Oui. Pour une femme qui s’obstinait à vouloir se débrouiller toute seule, c’est une excellente nouvelle. Quant à mon bureau, source principale de ma routine, je ne saisie pas où changer les objets de place, ou encore me débarrasser d’un crayon pour un plus coloré, peut sincèrement m’aider à la briser. Mais, qu’importe. S’il le suggère, c’est que c’est en accord avec le reste. Je me promets donc d’y prêter plus attention. S’en suit alors finalement une remarque qui ne manque pas de me faire rire brièvement.

_ Absolument pas. Je lui avoue presque aussitôt, en le regardant droit dans les yeux. _ J’ai déjà été plus d’une fois entièrement nue dans mon propre bureau. Je marque une pause. _ Alors, certes, ce n’était pas celui-ci, mais j’imagine que cela n’a pas la moindre importance. Un bureau reste un bureau.

Cela ne change rien à la donne : je ne trouve pas bizarre d’être à moitié-nue sur mon lieu de travail ; je trouve bizarre d’être à moitié nue devant cet homme pour autre chose que du sexe.

_ Et, pour répondre à ta question précédente, je n’ai pas envie de fuir comme tu le supposais. Je suis très sérieuse en disant cela. _ J’ai envie de te laisser une chance de m’aider.

Je le paraphrase, effectivement. Et je ne me contente pas de cela.

_ Alors vas-y, Joseph. Je l’invite en me penchant vers son visage, comme pour rendre la confession plus secrète. _ Enseigne-moi toutes tes leçons. Je suis prête.

Prête à tout. Absolument tout. Montre moi ce que tu as dans le ventre.

@Joseph Keegan
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Message(#)Dans le bas de l'échelle. [Jo&Aub] EmptyVen 30 Nov 2018 - 20:21


Dans le bas de l'échelle.
Joseph Keegan & Aubrey Kruger

Tu es ravi de l’entendre se joindre à ton rire que tu ne savais pas si communicatif. Tu avais plutôt l’habitude de te prendre un objet en plein dans la gueule quand un fou rire de ce genre s’emparait de ton corps. Un coussin, un sachet de chips, la télécommande d’une télévision, une fois. Elle t’a laissé une marque sur le front pendant plusieurs semaines d’ailleurs, celle-là. Il faut croire que tes potes en avaient marre de t’entendre te marrer dans un coin tandis qu’ils essayaient de suivre le programme télévisé. Mais t’apprenais jamais et tu recommençais quelques minutes plus tard, perdu dans tes pensées et peut-être un peu trop drogué. Cette époque là te manque. Pas de prises de tête, un job simple, des amis aussi tarés que toi. Tes meilleures années qui ont pris fin brusquement. Il t’arrive souvent de te questionner à leur propos. Travaillent-ils encore pour le gang ? Ont-ils recruté quelqu’un avec lequel ils s’entendent aussi bien qu’avec toi ? Tu ne le sauras jamais; tu t’es interdit de les approcher. Tu ne veux pas leur faire subir ce que la justice t’a fait subir. Tu n’approches pas de leur quartier général à moins d’un kilomètre, tu as toujours l’impression d’avoir les yeux des autorités rivés vers toi. Mais, si c’était le cas, t’imagines qu’ils ne te laisseraient pas simplement crever dans la rue comme ils le font en ce moment. Tu ne t’attends pas à la réponse négative qu’Aubrey t’offre. Tu fronces les sourcils, plongeant tes yeux intrigués dans les siens et tu restes simplement bouche-bée jusqu’à ce qu’elle t’explique qu’elle s’est plusieurs fois retrouvée complètement nue dans son bureau. Un gloussement nerveux soulève ta poitrine et tu clignes plusieurs fois des paupières, hébété. Tu n’as pas l’impression de pouvoir lui demander la raison de cette nudité régulière et, t’as beau réfléchir, la seule hypothèse qui te vient à l’esprit est bien déplacée.

- Donc… Je dois comprendre que tu ne t’ennuies pas trop entre deux clients ! Tu caches combien de vibromasseurs dans tes tiroirs ?


Tu ne peux pas contenir un sourire provocateur, tes yeux s’illuminent de malice mais bien rapidement le sujet reprend une tournure adéquate pour un public familial. Le ton sérieux de celle qui t’a refilé le métier de psychologue pour quelques heures te rassure et tu te mords la lèvre inférieure en hochant doucement la tête.

- Ce n’est pas une thérapie que j’ai à t’offrir. Ni une leçon précise. Tu tireras ce que tu veux de ce que je te montrerai.


Tu lorgnes l’ordinateur posé sur le bureau et tu te redresses non sans jeter un petit coup d’œil aux formes rebondies des parties découvertes de la poitrine d’Aubrey. Elle n’a pas rejeté l’idée de te les montrer, tu ne vas pas t’en priver. Ce n’est pas comme si elle avait oublié qu’elle ne portait pas de brassière. Tu sors du canapé, légèrement déstabilisé par ce changement de position soudain mais tu n’en laisses rien paraître, tu ravales ton inconfort. Tu te diriges vers l’ordinateur, tu fronces les sourcils en l’examinant. Tu n’as jamais vu ce modèle avant d’être enfermé. Ça fait très longtemps que tu n’as pas touché à une machine de ce genre. Tu reconnais le symbole d’internet, tu doubles clics dessus et tu réfléchis plusieurs secondes lorsque la page Google s’ouvre. Dans la barre de recherche, tu tapes « youtube » et tu cliques sur le premier lien qui t’amène sur le site.

- Putain, ça a changé. Bon. Le jour de notre rencontre, tu écoutais du Queen dans ta voiture.

Tu souris en coin en faisant une petite recherche et, lorsque tu trouves la chanson que tu désires, tu cherches un endroit où augmenter le volume du son. Ça te prend quelques secondes, tu ressembles à un ainé qui découvre pour la première fois la technologie. Enfin, la musique s’élève dans la pièce et tu t’approches lentement d’Aubrey en mimant les paroles de Don’t Stop me Now.

- Tonight… I’m gonna have myself… A really good time…


Devant son appréhension, tu souris davantage et tu lui tends ta main tandis que l’introduction de la chanson s’achève.

- Ne me laisse pas danser tout seul. Je ne voudrais pas m’humilier davantage. Allez… Les percussions vont embarquer et je te jure, si je n’ai pas ta main dans la mienne lorsque le rythme débute, je m’amuserai tout seul et tu regretteras de ne pas t’être joint à ce merveilleux moment.

Tu mets l’emphase sur le mot merveilleux car il se veut sarcastique. Tu sais que tu danses comme un pied. Tu ne veux pas lui apprendre la valse, tu veux qu’elle se déconnecte du présent le temps d’une chanson. Quoi de mieux pour faire ça que de se trémousser les seins à l’air ?
         
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