Mon téléphone vibre. Je n’ai pas l’habitude. D’ailleurs il faudra que je fasse gaffe de bien le garder chargé à bloc. On sait jamais. C’est un message de Calvin. J’esquisse un sourire. Ce soir, je ne passerai pas la soirée à regarder un film chez Kelya. Je sors. Je sors et je ne rentrerai pas de la nuit. Après avoir lu le message de Calvin je me rends compte qu’il y en a un d’Erin aussi que je n’ai pas lu. Elle me dit simplement que je lui manque. Depuis quatre jours que j’ai croisé son fils chez elle, je n’ai pas remis les pieds là bas. Je n’ai pas peur de lui, mais plutôt des représailles, de son mari, de la tournure que pourraient prendre les choses. Elle me manque aussi. C’était inévitable. Mais depuis hier, j’ai élu domicile chez une quadra, Kelya, elle a pas l’air très équilibrée, et besoin d’une présence. J’ai accepté, après tout elle a une grande baraque. Mais je ne vais pas rester longtemps. Du moins, je ne pense pas. Calvin me fait livrer une robe dans un relais en centre ville. Je ne perds pas de temps. Je sens qu’on va passer une belle soirée, qu’il va m’emmener dans un des ces endroits pétés de thunes que je déteste, mais à son bras, il ne peut pas m’arriver grand chose. Je me prendrai pour Pretty Woman, une nuit de plus. Je lui donne l’adresse à laquelle il doit passer me chercher, sur les coups de 22h. Je me sens comme une princesse, comme Cendrillon après le passage de la bonne fée. Mais sans le contre coup de minuit. Lorsque la grosse limousine s’arrête devant la maison de Kelya, un sourire se pose sur mes lèvres. Le chauffeur vient m’ouvrir et j’entre alors rejoindre Calvin. Un baiser au coin de ses lèvres et son regard me détaille avec gourmandise. « Je savais qu’elle t’irait à merveille. » « Faut dire que t’as le compas dans l’oeil… » Il a eu le temps de me regarder sous toutes les coutures. La voilà la réalité. Calvin est un de mes ‘clients réguliers’, à moins que je sois une de ses escorts régulières. Peu importe. Il n’est jamais question d’argent entre nous. Il me montre son monde, et en retour je lui offre une nuit de plaisir comme il en a rarement connu. Ce n’est pas pour me vanter, c’est lui qui l’a dit. Cavin est un très bel homme. Trente cinq ans, une classe hallucinante, un regard bleu à vous faire tomber à la renverse. S’il me plait ? Oui, en quelque sorte. Mais nous sommes bien trop différents pour penser à vivre quelque chose de sérieux. Notre ‘arrangement’ nous convient tout à fait. Je n’ai pas l’habitude d’avoir une régularité avec les gens. Mais lui c’est différent. Nous arrivons vite à la soirée, et à son bras, je fais bonne figure. Je sais bien faire. Je souris, fais des courbettes. Il m’a bien appris. Mais à peine une heure plus tard, il sent que quelque chose ne va pas. « Kyrah.. tu veux rentrer ? » Je fais une bouille adorable, de quoi le faire craquer. J’attrape les pans de sa veste pour le rapprocher de moi. « Je m’ennuie. J’aimerai qu’on aille ailleurs. tu t’es montré, maintenant on peut filer non ? » Il sourit. J’ai gagné. Encore. Je gagne toujours. Alors sans plus attendre, nous prenons la fuite, et nous arrêtons dans un bar lounge dans un quartier que je connais très peu. « Là ! Ça a l’air sympa ! » Ni une ni deux, nous nous retrouvons dans le bar. Il y a pas mal de monde. Nous nous approchons du bar pour commander. Je suis face à Calvin, son bras m’entoure, sa main est posée dans le creux de mes reins. Je joue avec les boutons de son costume en même temps que mon regard est planté dans le sien. Le serveur arrive et nous demande ce que nous voulons. « Je vais prendre une vodka. Une vodka melon. » Je tourne finalement mon regard vers le barman et je tombe complètement des nues. Putain c’est pas possible. Pas lui. Mon sang se glace, ne fait qu’un tour, et je bouillonne déjà. Je le fusille du regard, et il en fait autant. « Moi je vais prendre un cocktail à base de champagne. Vous avez ça ? »

Quel heure est-il ?... J’ouvre les yeux difficilement, aveuglé par la lumière du jour qui a déjà envahi totalement ma chambre. 16h30… Bon dieu la soirée a fini vraiment très tard, et en me retournant je remarque d’ailleurs le corps d’une jeune femme dans mon lit. Rapide récapitulatif d’une soirée plutôt sympathique, j’ai pourtant beaucoup de peine à retrouver son nom alors qu’elle ouvre déjà les yeux. « Salut toi. » Elle me sourit et je la trouve aussi jolie que la vieille ce qui est plutôt bon signe. « Salut toi aussi. » Oui bon c’est pas la réplique la plus charmante mais on fait comme on peut. « Je crois que ton portable vibre. » Effectivement j’entends quelque chose vibrer et ce n’est qu’une fois le lit retourné presque en totalité que je mets la main dessus. « Allo ? » « Elio putain tu foutais quoi ? Ca fait au moins 15 fois que je t’appelle. » « Désolé j’étais… occupé. » Je lance un petite sourire à ma conquête qui est encore enroulée dans le drap. « Dani est malade comme un chien, il fait que de vomir depuis deux heures du coup on rentre à la maison. » « Attends vous quoi ? » Moi qui pensais avoir mon weekend tranquille. Kaecy devait emmener les jumeaux dans un parc d’attraction pour le weekend mais travaillant au bar je n’avais pas pu me libérer pour aller avec eux. Ce qui au final n’était pas si mal… « Ouais, on arrive dans 5 minutes. » « Dans 5… » J’ouvre grand la bouche alors que mon doigt a déjà appuyé sur la touche raccroché. Je suis dans la merde.

La jolie blonde me regard toujours attendant sans doute que je lui propose un déjeuné ou quelque chose du genre. « Ecoute Lydia. » Bordel mais oui Lydia ! « Je suis désolé mais il faut que tu y ailles. » Se relevant dans le lit elle m’offre un regard bien moins sympathique que quelques minutes auparavants. « Attends tu me fous dehors là ? » Je tente de prendre des pincettes mais ce n’est pas facile. « Non c’est juste que… Tu peux pas rester. Je suis désolé vraiment. Promis je me rattraperais. » Elle semble plutôt douteuse face à ma promesse. « Ah oui est comment. T’es marié c’est ça ? C’est ta femme qui se ramène» Je ne n’ai pas du tout envie de lui expliquer la situation et encore moins le temps. « Non je suis pas marié… Ecoute je travaille encore au bar ce soir si tu veux passer je finis vers 1h. Je te payerais un verre. » Je n’ai pas pour habitude de prendre de deuxième rendez vous mais Lydia est vraiment jolie et puis je lui dois bien ça. Elle part encore fâchée après avoir enfilé ses habits en vitesse sans avoir trouvé sa petite culotte. C’est Scott qui la trouvera plus tard m’offrant le plus gênant des « c’est à qui ça ? » que j’ai connu de ma vie. Quoi qu’il en soit, je ne crois pas que Lydia viendra ce soir mais sait-on jamais, je prends sa culotte en partant.

Mon service commence relativement tôt et je vois le bar petit à petit se remplir. L’ambiance est plutôt cosy ce soir et le patron me laisse même monter sur scène une fois alors que je n’étais pas prévu. Puis je retourne derrière mon bar. Aucun signe de Lydia à l’horizon ce qui n’est peut-être pas plus mal. Je m’approche d’un couple qui vient d’arriver sans trop faire attention à eux, alors que j’essuie un verre. « Qu’est ce que peux vous servir ? » [/color] « Je vais prendre une vodka. Une vodka melon. » Je lève la tête interpellé par cette voix qu’il me semble connaitre. Puis mon cerveau fait une sorte de looping intérieure. C’est une blague… Je vois que Kyrah est aussi étonnée que moi vu le regard qu’elle me lance. « Moi je vais prendre un cocktail à base de champagne. Vous avez ça ? » Je me retourne vers son compagnon pour l’observer un peu mieux. Mais c’est quoi ce mec ? Clairement il détonne avec l’ambiance ici, elle aussi d’ailleurs. Puis qui commende un cocktail à base de champagne dans un bar ? D’ailleurs ce mec me rappelle méchamment mon père mais pour lui je n’ai pas de haine, plutôt de la pitié. Il faut être tombé bien bas pour trainer avec une fille comme Kyrah, et de toute évidence vu la tenue qu’elle aborde se soir je ne m’étais pas réellement trompé en la pensant prostitué. « Oui je dois pourvoir vous faire ça évidement. » Je doute que notre champagne soit au gout de monsieur mais le client est roi non ? « Mais pour être honnête je vous conseillerais plutôt nos spécialisées : jus de venin de serpent ou cocktail à la sale manipulatrice profiteuse. Ca devrait vous plaire je pense… » Je me retourne cette fois vers Kyrah avec un sourire un peu pervers. Puis m’éloigne du bar pour poser le verre propre. « Je vais vous préparer ça. » Je ne compte pas faire d’esclandres alors que je suis derrière le bar. J’aime mon job et surtout cette place de travail et même si le patron est cool je sais que j’ai plutôt intérêt à me tenir à carreau avec mes multiples absences de ces derniers mois. Je reviens quelques minutes plus tard avec les deux cocktails que je tends à Kyrah et son ami. Je m’adresse à l’homme sans même avoir un regard pour elle. « Vous êtes bien classe pour un bar comme le notre, vous revenez d’une soirée ? » Je ne sais pas pourquoi mais j’ai très envie d’en savoir un peu plus sur ce mec, peut-être parce que c’est aussi un moyen d’en savoir plus sur Kyrah et de prouver à Erin qu’elle se fiche bien de sa gueule.

J’ai chaud, affreusement chaud. Cette robe me gratte. Et puis lui, pourquoi il a encore sa main dans mon dos. Je prends une distance, fine, mais une distance tout de même. Pourquoi fait-il si chaud d’un seul coup ? Je fuis son regard l’espace d’un instant, avant de le regarder de nouveau. J’ai vraiment une poisse infernale. « Oui je dois pourvoir vous faire ça évidement. Mais pour être honnête je vous conseillerais plutôt nos spécialisées : jus de venin de serpent ou cocktail à la sale manipulatrice profiteuse. Ca devrait vous plaire je pense… » Je le fusille du regard, je ne peux pas m’en empêcher. A quoi il joue bordel ? Il s’éclipse soudain pour aller nous préparer nos boissons et nerveusement, je passe ma main sur mon visage. « Tu le connais ? » Je regarde Calvin et soupire d’exaspération. « C’est… compliqué. » Il semble agacé. Je le sens bien. « Tu n’a aucun compte à me rendre Kyrah. » Il passe sa main délicatement sur mon visage et j’esquisse un sourire. Dommage que mon coeur ne semble pas fonctionner, sinon Calvin aurait été une sorte de prince charmant. Malheureusement, je ne ressens rien pour lui mis à part un poil d’affection. « Je peux faire quelque chose pour t’aider face à lui ? » Je hausse un peu les épaules. A vrai dire, je n’en sais rien. Est-ce que je dois montrer à ce petit con que je suis bien avec quelqu’un, que je suis passée à autre chose et que je ne reverrai plus sa mère, ou est-ce qu’il vaut mieux que je me casse de là vite fait pour qu’il ait cru à un mirage. Merde merde merde. Et puis sans que je n’ai pu répondre à la question de Calvin, la petite gueule de con du serveur revient, nous donnant nos cocktails. « Vous êtes bien classe pour un bar comme le notre, vous revenez d’une soirée ? » Je pose mon regard dans celui de Calvin. Qu’est-ce qu’il va dire ? Ok, j’suis pas du genre à flipper, mais là, oui. Calvin me rapproche de lui et me regarde avec un petit sourire avant de reposer son regard sur le jeune serveur. « On était à un gala de charité. Mais ma princesse n’est pas vraiment une grande adepte de ce genre de soirées. Alors je me suis plié à ses volontés et on a quitté le monde des cravates pour celui des jeans troués ! » Il rit. J’esquisse un sourire, mal à l’aise. Putain. Je regarde le fils d’Erin. Ça y est, il a tout pour me descendre auprès de sa mère. Erin sait, elle me connaît, elle connaît mes activités. Ça ne changera pas vraiment l’idée qu’elle a de moi. Mais ce n’est pas le cas de son fils. Il vient de comprendre que je ne suis pas du genre fidèle, et que donc je suis un poison pour sa mère. Je vais finir par avoir toute la famille sur le dos. Manquait plus que ça. Sans adresser un regard de plus au jeune homme, nous prenons nos verres et prenons le chemin d’une table un peu plus loin. « Attends, je vais chercher de quoi grignoter, je meurs de faim ! » Sans plus tarder, je quitte la table que nous venons de trouver, laissant Calvin seul, et je reviens près du comptoir, le coeur battant. Je sais déjà que je ne vais pas aimer faire ça. Mais je n’ai pas vraiment le choix. Je me glisse sur le côté du comptoir et quand Elio se présente pas très loin, je l’attrape par le bras et l’attire vers moi, le surprenant en même temps. « Quoi que tu penses, ne bousille pas tout. J’ai réussi à lui changer les idées, à la faire sourire. Casse pas tout ce que j’ai entrepris depuis des mois. » Mon ton est plutôt doux, c’est comme une demande, une faveur. Je tiens à Erin, j’ai appris à la connaître, à m’attacher à elle. Et je ne veux pas qu’il brise tout, par simple orgueil. Alors si je dois me calmer un peu pour essayer de lui faire du charme, je peux aussi essayer cette option. Pourtant, j’ai bien l’impression qu’il ne se laissera pas amadouer aussi facilement.

« On était à un gala de charité. Mais ma princesse n’est pas vraiment une grande adepte de ce genre de soirées. » Je manque de laisser échapper un petit rire alors qu’il l’appelle ma princesse. Mais d’où il sort lui ? Il a du se tromper de siècle et de toute évidence de personne parce que si il a bien une chose à laquelle elle ne ressemble pas c’est à une princesse. Au lieu de parler je jette un regard à Kyrah qui en dit long sur se que je pense et attrape le billet que son minet de copain me tend avec nonchalance. Je déteste ce genre de mec qui sous prétexte qu’ils ont de la thune se pensent supérieurs, veulent boire un cocktail au champagne avec leur princesse alors qu’ils sont dans un bar tout ce qu’il a de plus simple. Bon dieu qu’ils dégagent tous les deux et vite fait. « Alors je me suis plié à ses volontés et on a quitté le monde des cravates pour celui des jeans troués ! » J’hoche la tête en me pinçant les lèvres me demandant si il trouve vraiment sa remarque adaptée. « Evidement, le monde des jeans troués, c’est bien connu… » Je me dépêche de lui rendre sa monnaie qu’ils puissent tous deux dégager de mon bar avant que je ne perde mon sang froid. J’ai eu les infos qu’il me fallait, bien assez pour comprendre que Kyrah se fout bien de la gueule d’Erin et que tout se que je pense n’est pas que pure divagation de ma part.

Ils partent enfin alors que je me remets au travail. Mon patron pas très loin finit par me rejoindre. « Ca va Elio ? Un souci avec des clients ? T’as pas l’air dans ton assiette. » Je tente mon sourire le plus sincère pour le rassure. « Pas le moins du monde, tout roule. » J’adore mon patron mais il en connaît déjà bien assez sur ma situation familiale sans que je n’en rajoute une couche en lui parlant de la maitresse de ma mère. La seule qui a le droit à ce genre de lamentations est Kaecy, la pauvre en voit de toutes les couleurs avec moi. Et je sais qu’après cette soirée c’est encore elle qui va devoir s’occuper de calmer mes nerfs.

Je continue pourtant mon travail essayant de ne pas faire attention à Kyrah et son mec. Malheureusement trop souvent mon regard se perd. J’ai envie qu’elle se casse tout de suite maintenant et en même temps je voudrais pouvoir la provoquer un peu plus ce qui est sans doute un peu gamin de ma part. De toute évidence Kyrah n’en a rien à foutre de personne donc peu importe ce que je pourrais bien dire. Alors que je vais ranger l’argent dans la caisse je sens une main me saisir le bras. Par pur réflexe je m’en extirpe cherchant l’auteur de ce geste. « Kyrah… Qu’est ce que tu veux encore ? » La petite voix de mon patron raisonne dans ma tête. « Zéro point niveau politesse envers le client Elio, pas biiieenn. » « Quoi que tu penses, ne bousille pas tout. J’ai réussi à lui changer les idées, à la faire sourire. Casse pas tout ce que j’ai entrepris depuis des mois. » Le ton de sa voix me choque presque tellement il est calme et j’en reste quelques secondes silencieux en la fixant. Madame aurait-elle tout de même un cœur ? Un soupçon d’intérêt pour toute personne n’étant pas elle ? « Mais qu’est ce que tu crois que t’as entrepris ? » Je tente moi aussi de rester calme même si je peine. « Tu crois que tu l’aides en faisant ça ? Tu crois qu’elle a besoin d’une meuf qui couche avec je ne sais pas combien d’autres personnes et qui de toute évidence se soucie plus des jolies robes qu’on peut lui offrir que de la personne qui le fait. Non attends…Tu sais quoi ? Oublie ce que je viens de dire. » Je prends quelques secondes pour réfléchir à la façon dont je vais formuler ma phrase, ma main en suspens au dessus du bar pour lui demander de ne pas réagir avant que j’ai fini de dire ce que j’ai à dire. « Je sais ce que tu vas dire. T’as raison je te connais pas. Je devrais sans doute pas te juger » Même si je ne peux pas m’en empêcher et qu’elle me donne toutes les raisons de le faire. « Mais je connais Erin mieux que toi ! Peu importe ce que tu penses ! J’ai vécu toute ma vie avec elle et je suis sûr d’une chose. Ce que tu fais c’est juste lui donner un peu de bonheur pour mieux le lui reprendre. Peut-être qu’elle te dit qu’elle s’en fiche mais c’est pas vrai. Si Erin tombe amoureuse de toi et crois moi ça arrivera elle t’as déjà donné son corps elle ne doit plus en être loin » Si ce n’est pas déjà fait. « Jamais. Jamais elle ne pourra accepter ça ! » Dis-je en désignant l’homme qui l’accompagne. « Et là tu lui briseras le cœur ! Je connais les filles dans ton genre, j’en ai fréquenté. Et le jour où ça arrivera, ça sera trop tard pour que je puisse faire quoi que ce soit, je pense pas qu’elle se relèvera de ça.  Alors je ne vais pas laisser ce jour arriver. Tu vas déguerpir de sa vie.  » J’ai parlé le plus lentement possible mes yeux plongés dans les siens et en gardant mon calme. Je me moque de savoir si elle pense bien faire ou non… Je ne la laisserais pas faire. « Elio tout vas bien ? » Une fois de plus mon patron vient se poster derrière moi. Il a un sixième sens ce con. «  Oui pas de soucis, madame n’est pas contente de son cocktail du coup je m’apprêtais à le lui rembourser. » Il hoche la tête pour acquiescer et s’en va. « Tu ferais mieux d’aller retrouver ton prince avant qu’il ne se transforme en crapaud. Pour ma part je vais bosser. C’est ce que font la plus part des gens quand ils veulent du fric. »

« Evidement, le monde des jeans troués, c’est bien connu… » T’as perdu une occasion de te taire, Calvin. Pour le côté pas crédible, on a tout gagné. Je ne perds pas de temps avant de quitter la table que nous occupons avec Calvin pour aller voir Elio au bar. J’ai besoin de me justifier. Pourtant, ce n’est pas dans mes habitudes. Je le chope su le côté du bar et plante mon regard dans le sien. « Kyrah… Qu’est ce que tu veux encore ? ». Je ne me laisse pas déstabiliser, et je lui dis ce que j’ai à lui dire. J’essaie d’être gentille, je prends sur moi, alors que j’ai juste envie de lui mettre une baffe dans la gueule et lui dire qu’il me lâche la grappe, et que je fais ce que je veux avec sa mère. Au lieu de ça, ma voix est posée. Presque douce. Je m’étonne moi-même. « Mais qu’est ce que tu crois que t’as entrepris ? » Et voilà, c’est reparti. Je serre les dents, mon regard devient plus noir, mes sourcils se froncent. Comment il arrive à m’énerver aussi vite ? C’est incroyable ça ! « Tu crois que tu l’aides en faisant ça ? Tu crois qu’elle a besoin d’une meuf qui couche avec je ne sais pas combien d’autres personnes et qui de toute évidence se soucie plus des jolies robes qu’on peut lui offrir que de la personne qui le fait. Non attends…Tu sais quoi ? Oublie ce que je viens de dire. » Je passe mes mains dans mes cheveux, mon coeur bat à tout rompre, je vais lui mettre un coup de boule. Je prends une inspiration pour répondre mais il me coupe rapidement. « Je sais ce que tu vas dire. T’as raison je te connais pas. Je devrais sans doute pas te juger ». Je me contente de hocher la tête, les lèvres pincées, un air vraiment énervé sur mon visage fin. « Mais je connais Erin mieux que toi ! Peu importe ce que tu penses ! J’ai vécu toute ma vie avec elle et je suis sûr d’une chose. Ce que tu fais c’est juste lui donner un peu de bonheur pour mieux le lui reprendre. Peut-être qu’elle te dit qu’elle s’en fiche mais c’est pas vrai. Si Erin tombe amoureuse de toi et crois moi ça arrivera elle t’as déjà donné son corps elle ne doit plus en être loin. Jamais. Jamais elle ne pourra accepter ça ! » Il fait allusion à Calvin assis là bar un peu plus loin. « Et là tu lui briseras le cœur ! Je connais les filles dans ton genre, j’en ai fréquenté. Et le jour où ça arrivera, ça sera trop tard pour que je puisse faire quoi que ce soit, je pense pas qu’elle se relèvera de ça.  Alors je ne vais pas laisser ce jour arriver. Tu vas déguerpir de sa vie.  » Je secoue la tête à la négative. « Mais tu crois vraiment que je vais me laisser dicter ma vie par un mec dans ton genre, juste sous prétexte que tu es son fils et que tu veux ‘le meilleur pour elle’ ? » Je mime les guillemets avec mes doigts. « Ce qui est sûr, c’est que tu ne sais pas qui je suis, et pour quelles raisons je fais ce genre de choses. Maintenant, tu penses ce que tu veux, j’en ai rien à foutre. Mais n’essaie pas de te mêler de ma vie. » « Elio tout va bien ? » Je tourne la tête vers cet homme qui semble être son patron. «  Oui pas de soucis, madame n’est pas contente de son cocktail du coup je m’apprêtais à le lui rembourser. » Menteur. J’attends que l’homme soit parti pour reposer mon regard sur Elio. « Erin est assez grande pour prendre elle-même ses décisions. Si t’étais pas au courant depuis 6 mois, c’est qu’elle ne voulait pas que tu t’en mêles. Alors reste en dehors de tout ça. » Mon ton est sec, sans appel. Je n’ai pas crié, je ne me suis pas énervée sur lui - pas encore - je veux juste lui faire comprendre les choses. « Tu ferais mieux d’aller retrouver ton prince avant qu’il ne se transforme en crapaud. Pour ma part je vais bosser. C’est ce que font la plus part des gens quand ils veulent du fric. » Là il est allé trop loin. Ses allusions me déplaisent vraiment. Je déteste passer pour une pute. « Mais tu t’prends pour qui putain ? » Là je gueule. Il me pousse à bout cet abruti. « Tu t’prends pour qui pour dire des trucs pareil ? Le roi des préjugés ouais ! » Son patron revient vers moi en sentant bien que quelque chose ne tourne pas rond. « Mademoiselle tout va bien ? » Je ne lâche pas mon regard de sur Elio. « Non ! Non ça va pas. Ce jeune homme m’insulte ouvertement. Vous trouvez ça normal ? » Je repose mon regard cette fois sur le patron. « Il me traite de pute sous prétexte que je suis arrivée avec un homme plus vieux que moi.» Cette fois je m’adresse à Elio. « Les gars comme toi, ça devrait pas exister. » Je fais rapidement demi-tour, bien contente d’avoir foutu la merde. S’il se fait virer, tant mieux pour sa gueule. Abruti. Alors je retourne à notre table où m’attend Calvin. « Ça va pas. » Je secoue la tête, attrape mon verre et le vide d’un seul coup sans grimacer. « C’est qui ce gars ? » « Un connard. » « Tu veux que j’aille lui dire ce que je pense? » « Non ça va. Laisse tomber. Je suis assez grande pour me défendre. »

« Mais tu crois vraiment que je vais me laisser dicter ma vie par un mec dans ton genre, juste sous prétexte que tu es son fils et que tu veux ‘le meilleur pour elle’ ?  Ce qui est sûr, c’est que tu ne sais pas qui je suis, et pour quelles raisons je fais ce genre de choses. Maintenant, tu penses ce que tu veux, j’en ai rien à foutre. Mais n’essaie pas de te mêler de ma vie. » Oui évidement il y a des milliers des raisons pour faire ce genre de choses. Le bien de l’humanité, l’amour de son prochain ça a vraiment l’air d’être son genre effectivement. « Mais j’en ai rien à foutre de ta vie ma petite ! Tu peux faire ce que tu veux tant que c’est loin de moi et de ma famille. » Si elle croit qu’elle m’intéresse elle se fiche le doigt dans l’œil mais c’est elle qui est venue interférer dans nos vies la première, alors qu’elle ne la ramène pas maintenant.

Je me fais couper par mon patron qui me rappelle gentiment que j’ai du boulot.   « Erin est assez grande pour prendre elle-même ses décisions. Si t’étais pas au courant depuis 6 mois, c’est qu’elle ne voulait pas que tu t’en mêles. Alors reste en dehors de tout ça. » Je commence à désespérer avec cette fille qui pense savoir mieux que tout le monde. Qui se prend pour je ne sais qui à vouloir réparer la vie des gens alors qu’elle ne fait que plus de dégâts. « Erin vit probablement les pires moments de sa vie. Peut-être que tu ne t’en es pas rendue compte… » Même si j’en doute fortement « …mais elle est influençable et bien moins capable que ce que tu crois de prendre les bonnes décisions pour elle. » La preuve en est avec ces petits fils qu’elle a allègrement rejetés. Puis maintenant Kyrah… « Alors que ça te fasse plaisir ou non tant que tu tenteras de garder contact avec elle t’auras à faire à moi. » Je vais devenir son pire cauchemar, si il faut je suis prêt à démonter sa vie – même si au vu de ce qu’elle a l’air d’être je ne suis pas sûr qu’il y ait grand chose à démolir. Cette fille doit disparaitre, pas pour me faire plaisir mais parce que je suis persuadé que c’est la bonne chose à faire.

Je finis par lui tourner le dos en lui rappelant que certaines personnes doivent travailler pour de vrai, réflexion qui de toute évidence ne lui plait pas du tout. « Mais tu t’prends pour qui putain ? Tu t’prends pour qui pour dire des trucs pareil ? Le roi des préjugés ouais ! » Ca y est le ton est à nouveau entrain de monter ce qui ne manque pas de rameuter mon patron. « Mademoiselle tout va bien ? » « Non ! Non ça va pas. Ce jeune homme m’insulte ouvertement. Vous trouvez ça normal ?  Il me traite de pute sous prétexte que je suis arrivée avec un homme plus vieux que moi. Les gars comme toi, ça devrait pas exister. » Je la regarde avec la bouche mi ouverte. Mais quelle salope cette meuf, je vais lui faire la peau, je vais sérieusement lui faire la peau. Et elle repart déjà me laissant dans la merde mon patron me fusillant du regard. « Tu peux m’expliquer ? » Je jette mon linge sur le bar et pose les deux mains dessus pour pousser un énorme soupire. « C’est rien… » Je sais très bien que ça ne va pas passer aussi simplement mais pour le moment j’ai juste besoin de redescendre d’un cran sinon je vais finir par bousiller quelqu’un. « Ecoute Elio je te connais assez pour savoir que t’es un minimum professionnel pour ne pas insulter les clients. Une fois le travail finit tu fais ce que tu veux mais là tu as des comptes à me rendre. Alors soit tu m’expliques soit tu peux rendre ton tablier. » « Cette meuf couche avec ma mère t’es content ? Je la traite pas de pute pour me faire mousser elle couche avec ma mère est je suis quasi sur qu’elle le fait pas pour rien. Je veux dire regarde là avec ce gars. » Je vois bien que mon patron est choqué et il reste quelques secondes silencieux. « Heu… d’accord. » Ah ouais ça t’en bouche un coin ein ? « Tu veux que  je leur demande de partir ? » Je me retourne vers mon patron surpris. John est du genre bon patron qui fait attention à sa clientèle alors une telle proposition m’étonne bien que je sache qu’il m’a à la bonne. « Non laisse tomber… Vaut mieux faire comme si elle n’existait pas. Je devrais accorder aucun crédit à une miss dans son genre. » Mon patron est maintenant entrain de fixer Kyrah et son compagnon sans aucune gêne. Je me demande bien à quoi il pense. « Tu sais quoi Elio, tu devrais rentrer chez toi, ton service se finit dans une demi heure, je prends le relais tu me revaudras ça. » Je pense que je pourrais lui être éternellement reconnaissant. Je ne rêve que d’une chose me casser d’ici.

Je vais au vestiaire enfiler ma veste quand j’entends une voix dans mon dos. « Elio tu pars ? » Lydia et merde…. « Hey, t’es venue ! » Je me sens un peu mal à l’aise, je lui avais promis un verre et elle est venue jusque ici. Toute maquillée toute jolie. « J’ai eu une soirée un peu mouvementée et… » Elle me regarde avec ses yeux de biches et je repose ma veste en capitulant. Je suis un homme faible parfois. « Une promesse est une promesse. Viens je te paye un verre. » Je passe ma main derrière son dos et nous nous dirigeons vers le bar.

Ca doit faire à peine 5 minutes que je suis avec Lydia quand je vois Kyrah se diriger vers les toilettes. « Je vais me rafraichir je reviens. » Je laisse la jeune femme au bar et me dirige à mon tour vers les toilettes d’un pas rapide. Je rattrape Kyrah et lui attrape le bras avec vigueur pour l’arrêter et la plaquer contre le mur me mettant face à elle. « Si tu cherches les problèmes crois moi que tu vas en avoir Kyrah ! J’aime pas du tout les emmerdeuses dans ton genre ! » Je suis presque collé à elle, nos têtes tellement proches que je peux sentir son souffle caresser le mien. L’intensité de son regard plonge en moi me faisant presque chavirer. Je ne sais même plus si ce que je ressens est de la haine ou une sorte d’excitation malsaine mais ça me prend dans mon entier ça en presque paralysant.

« Erin vit probablement les pires moments de sa vie. Peut-être que tu ne t’en es pas rendue compte… mais elle est influençable et bien moins capable que ce que tu crois de prendre les bonnes décisions pour elle. Alors que ça te fasse plaisir ou non tant que tu tenteras de garder contact avec elle t’auras à faire à moi. » « Pauvre abruti. » Je me demande ce qui me donne encore envie de me battre avec un tel gamin. J’ai même plus envie de lui parer, de le voir. Alors je me casse, c’est mieux. Je n’ai rien à ajouter, et je m’éclipse, avant de m’énerver pour de bon et lui mettre ma main dans sa gueule. Mais avant ça, je le descends auprès de son patron. Il veut me faire chier, il va voir que je suis douée aussi. Un petit jeu de ce genre, ça se fait à deux. S’il veut jouer, s’il veut me chercher, il va me trouver. J’estime ne pas avoir mérité qu’il vienne foutre encore plus le bordel dans ma vie. Qu’il n’essaie même pas. Je rejoins Calvin et essaie de me calmer comme je peux. Mais le pauvre, il n’a pas vraiment la soirée qu’il attendait. Moi qui d’habitude suis un vrai petit agneau, là, je n’ai aucune envie ni de rire, ni même de sourire. Je reste silencieuse, pensive, je n’arrive pas à le sortir de ma tête. Très régulièrement, je jette des regards au bar. Je sens qu’il parle de moi avec son patron, qu’il est sûrement encore en train de me descendre comme il sait si bien faire. Mais putain j’ai fait quoi pour mériter qu’il s’acharne sur moi. « On va y aller je pense. Peut-être que nous retrouver tous les deux te fera retrouver ton sourire. » J’esquisse alors un sourire. Oui, il faut que je sorte de là. « Je vais faire un tour aux toilettes avant. Attends-moi dehors si tu veux ! » Je pose un baiser sur ses lèvres et me lève pour aller en direction des toilettes. En passant près du bar, je remarque qu’Elio n’est plus derrière le comptoir. Il est avec une jeune femme qui lui fait les yeux doux. Pathétique. Je reporte mon attention sur ce que j’étais venue faire à la base et emprunte le couloir qui mène vers les toilettes. Mais avant que je n’ai pu atteindre la poignée de la porte avec ma main, je sens une pression sur mon bras et un dixième de seconde plus tard, je me retrouve plaquée contre le mur, par Elio. J’en ai perdu mon souffle, et mon coeur a raté un battement, ou sans doute même plus d’un. Mon souffle est court, je ne m’attendais pas à lui, pas à ça. Il bloque mon corps contre le mur, avec le sien. Je plonge alors mon regard dans le sien. « Si tu cherches les problèmes crois moi que tu vas en avoir Kyrah ! J’aime pas du tout les emmerdeuses dans ton genre ! » Je ne réponds rien pour le moment, et un petit sourire vient se poser au coin de mes lèvres. Je me sens vivante. J’existe. J’existe dans ses yeux, il a beau tout faire pour me dégager de sa vie, ce qu’il ne sait pas c’est que rien ne fonctionne avec moi. Rien sauf peu-être l’ignorance. Et encore. Mon regard oscille entre ses yeux, mon sourire toujours provocateur sur les lèvres. « J’ai pas peur de toi Elio. Tu pourras faire absolument tout ce que tu voudras, jamais t’arriveras à me dicter ce que je dois faire. Mais si ça te plait d’essayer, fais toi plaisir… fatigue toi, tu te lasseras avant moi ! » Mon coeur ne se calme pas, je ne comprends pas pourquoi une telle excitation s’est emparée de moi à l’instant où il a plaqué son corps contre le mien. Cette fois je n’ai pas haussé le ton. Au contraire même. D’ailleurs, j’en rajoute une couche, avec une voix plus sensuelle. « Je pense que tu peux me lâcher maintenant. » Mais il n’a pas l’air d’en avoir terminé avec mon cas. Et puis soudain, je vois se rapprocher de nous sa ‘petite amie’, ou du moins, la fille qui était avec lui tout à l’heure. Je profite du fait qu’Elio ne l’a pas encore vue, et j’approche mon visage de son oreille pour lui murmurer « Tu veux me pourrir la vie, fais attention à toi, tu ne sais pas encore de quoi je suis capable ! » J’écarte mon visage du sien pour le regarder, un petit sourire au bord des lèvres. Je le nargue, je le pousse à bout, j’adore ça. Et puis pour faire fuir un peu plus sa copine, je dépose un baiser au coin des lèvres d'Elio alors qu’il ne s’y attendait le moins du monde, et je m’éclipse, profitant de sa surprise pour me libérer de son emprise. Je passe alors près de la demoiselle et lui adresse un regard faussement désolé, avant de prendre le chemin de la porte d’entrée.

Son sourire pareil à celui d’une vipère me glace presque le sang. Cette fille est de toute évidence machiavélique ce qui ne fait que renforcer mes impressions. Il faut que je me méfie d’elle mais surtout que je trouve un moyen d’être plus fort. Le combat que je mène avec elle n’est pas un de ceux donc j’ai l’habitude. Il m’est presque inconnu je dois l’avouer, j’ai plus tendance à user de mes poings mais avec Kyrah je ne peux pas. Ce n’est pas l’envie qui manque mais j’ai encore quelques principes et même si elle ressemble plus à une hyène enragée qu’à une femme je ne compte pas lever la main sur elle. Non, le petit combat qui nous oppose est bien plus malsain et j’ai l’impression qu’elle y trouve un certain plaisir. « J’ai pas peur de toi Elio. Tu pourras faire absolument tout ce que tu voudras, jamais t’arriveras à me dicter ce que je dois faire. Mais si ça te plait d’essayer, fais toi plaisir… fatigue toi, tu te lasseras avant moi ! » « C’est ce qu’on verra. » Peu importe ce qu’elle pense je ne suis pas du genre à lâcher l’affaire aussi facilement. Et je ne mettrais pas ma main à couper qu’elle va gagner cette bataille. « Je pense que tu peux me lâcher maintenant. » Mes yeux sont noirs de colère alors que je ne bouge pas d’un pouce. « C’est marrant parce que moi je pense tout autre chose. » Je n’ai pas envie de lui faire plaisir. Si cette situation l’encombre c’est encore mieux. Mais contre tout attente au lieu de s’énerver elle se rapproche un peu de mon oreille pour me susurrer des mots. « Tu veux me pourrir la vie, fais attention à toi, tu ne sais pas encore de quoi je suis capable ! » La façon dont elle siffle ça a quelque chose d’un peu effrayant mais je tente de ne rien laisser paraître. Puis sans que je ne m’y attende ces lèvres se posent au coin des miennes. J’ai un mouvement de recule mais bien trop tardif et quand je me rend compte de ce qui vient de se passer elle a déjà filé.

Je me retourne pour la chercher du regard mais c’est face à Lydia que je suis. « C’est qui cette fille. » Je me passe une main sur le visage fatigué par toutes ces histoires. « C’est personne. Viens on retourne au bar… » Je tente de rester doux et de prendre sa main dans la mienne pour initier le mouvement. « D’abord tu me dis qui est cette fille que tu embrassais. » Mais merde qu’est-ce qu’ils ont tous ce soir ? J’ai le droit à une vie privée ou pas ? Foutez moi la paix.   « Je l’embrassais pas ! Cette meuf c’est Satan en personne, cherche pas elle est barge. » « Et moi je crois que tu me prends pour un conne. » Et moi je crois que tu te sens persécutée ma pauvre petite. « Ecoutes, c’est pas le moment de me chercher Lydia. » Elle se rapproche de moi et j’ai l’impression que son regard change. « En faite t’es qu’un goujat, je te faisais confiance moi, je voulais qu’on tente de construire quelque chose, je suis même venue ici ce soir et toi tu te tapes une autre meuf, t’es pas net comme mec. » Mais pourquoi je tombe toujours sur des barges, c’est quoi le soucis je me souviens pas lui avoir fait de promesses ! On a passé une nuit ensemble on est pas en couple depuis des mois, je ne lui dois rien ! « Tu vas me le payer. » Sa main vient claquer méchamment mon visage alors qu’elle s’en va. Moi c’est à quelqu’un d’autre que je vais faire payer tout ça.

Je sors du bar en quatrième vitesse pour retrouver Kyrah dehors ! « Toi sale petite trainée ! Tu ne me touches plus jamais ! T’es pire qu’un venin ! » Je m’approche d’elle, la colère possédant tout mon corps et le doigt en avant. Mais c’est son bel apollon qui s’interpose. « Je crois que vous devriez vous calmer de suite. » « Toi minet t’as tout intérêt à rester en dehors de cette histoire. » Je le pousse d’un geste pour faire face à nouveau à Kyrah. « T’es malsaine comme fille et t’iras bruler en enfer ! Si je peux pas m’occuper de toi quelqu’un le fera j’en suis sûr ! Je ne marche pas dans ton petit jeu moi. » Elle semble envouter tout le monde, réussir son petit jeu à merveille pour ma part je ne suis pas dupe. « Non mais vous allez vous calmez… » La main de l’homme se pose sur mon épaule et c’est plus fort que moi. Mon poing va s’écraser violemment dans sa face. « TU RESTES EN DEHORS DE CA BORDEL » J’ai hurlé cette fois. Je n’ai maintenant plus aucune emprise sur ma colère. Mon poing me brule pourtant ce n’est de loin pas la première fois que je tape mais il me semble que j’ai mis toute mon énergie dans ce coup d’ailleurs l’homme est à terre. Quoi on ne boxe pas dans son petit patelin de riche ? « On aide pas son prince Cruella ? »

Un petit sourire vainqueur sur le coin des lèvres, je rejoins Calvin à l’extérieur. « Ça a l’air d’aller mieux toi ! » Il m’attire dans ses bras et je lui souris. « Oui, j’ai réglé un bout du problème. » Le problème, c’est Elio. Et là, je pense qu’il est bien occupé avec sa petite chérie qui va lui faire une belle petite crise de jalousie, comme le ferait n’importe quelle fille. Je suis tranquille, au moins pour la soirée. Je reste dans les bras de Calvin et il vient m’embrasser doucement. « J’ai appelé mon chauffeur. Il devrait plus tarder. » « Parfait, j’ai envie de rentrer, j’en ai marre, j’suis claquée. » « J’aurai pas le droit à mon petit cadeau ? » Je laisse échapper un rire, et prends une inspiration pour lui répondre mais j’entends une voix connue derrière moi. « Toi sale petite trainée ! Tu ne me touches plus jamais ! T’es pire qu’un venin ! » Je me retourne et d’un même coup, sors des bras de Calvin. « Je crois que vous devriez vous calmer de suite. » Il s’interpose. Je crois que c’est une mauvaise idée. « Toi minet t’as tout intérêt à rester en dehors de cette histoire. » Ça commence à mal tourner, et j’espère vraiment que le chauffeur de Calvin ne va pas tarder à arriver. « Mais t’as pas autre chose à foutre de ta vie que de me coller au cul là ? » Il pousse Calvin et s’approche de moi. Je crois que je flippe un peu, mais je fais mine de rien. « T’es malsaine comme fille et t’iras bruler en enfer ! Si je peux pas m’occuper de toi quelqu’un le fera j’en suis sûr ! Je ne marche pas dans ton petit jeu moi. » Je ris, encore. Parce que j’ai bien remarqué qu’il détestait ça, qu’on se foute presque de sa gueule. Qu’on n’ait pas peur de lui. « Non mais vous allez vous calmer… » Calvin fonce sur Elio pour s’interposer mais sans que je ne le vois venir, Elio frappe Calvin d’un poing dans sa gueule. Putain. « TU RESTES EN DEHORS DE CA BORDEL » « Mais t’es un putain de grand malade ! » Cette fois c’est à moi de le pousser pour qu’il s’éloigne de Calvin, Calvin qui gît par terre. « On aide pas son prince Cruella ? ». Ok, il a réussi, il avait réussi à faire sortir la lionne en moi, mais cette fois, c’est le dragon qu’il a réveillé. C’est à moi de le pousser violemment. Je suis sûre qu’il n’imagine même pas de quoi je suis capable, malgré ma petite taille. « T’as pas de cerveau ou quoi ? C’est pas possible d’être aussi con putain ! J’pourrai t’envoyer un taule pour un truc pareil ! » Je le fais reculer, le poussant en donnant des coups, mes mains à plat sur son torse. « T’es un connard, un CONNARD ! » Je sens ses grandes mains se refermer sur mes bras. « Lâche-moi où c’est toi qu’ira brûler en enfer ! » Les sirènes de police retentissent, des crissements de pneus. Je n’entends plus rien, aveuglée par la rage qui a pris possession de moi. Pour me libérer de son emprise, je lui donne un coup de pied dans son entre-jambes. Bim. Si je dois te castrer mon gars, je vais pas m’en priver. Et sans que je m’en rends vraiment compte, je sens deux mains attraper mes poignets. Tout va très vite, trop vite. « Mais lâchez-moiii putain ! » Je me débats avant de me rendre compte que c’est un flic qui me tient par les poignets, et il me traîne pour me plaquer contre la voiture. J’ai l’impression d’être dans un film, c’est une blague ?  « De toute évidence, vous avez trop bu mademoiselle ! Restez-calme où je risquerai de vous casser un bras. » J’essaie de me calmer mais ce n’est pas si simple. En fait, je commence à me calmer au moment où je vois le corps d’Elio balancé sur le capot de la voiture, juste à côté de moi. Au moins, dans le même bateau. « Voilà où on en est à cause de tes conneries abruti ! » Les flics nous font monter dans la voiture, je boue. Je vais finir par le tuer. C’est là qu’il veut qu’on en vienne ? T’façon, en taule ou à la rue, ça changera quoi ? J’ai jamais ressenti une telle haine. C’est dingue ce qu’il fait naître en moi. Je ne pense même pas à Calvin, il a sûrement le nez pété, et j’en ai rien à foutre. Je regarde par la fenêtre le paysage qui défile. C’est pas la première fois que je finis au poste, je vais sûrement passer la nuit en garde à vue, avec ce connard. Génial. Ce n’était pas du tout, mais alors pas du tout la soirée que j’attendais.

« Mais t’as pas autre chose à foutre de ta vie que de me coller au cul là ? » Elle semble enfin comprendre ce que j’entendais par devenir son pire cauchemar. Non je n’ai rien d’autre à faire, je veux lui faire chier jusqu’au bout et encore plus si il le faut, quitte à me retrouver moi aussi dans de sales draps. Je sens que je perds royalement mon calme et son rire ne fait que m’insupporter encore plus. Elle veut la guerre elle va l’avoir mais une chose est sûr ça risque de ne pas être très jolie à voir. Et c’est sans même réfléchir et comme un automatisme que mon poing va se ficher dans la gueule de son abruti de copain. Je n’ai même pas de remords, il n’avait qu’à rester à sa place, peut-être que la prochaine fois il réfléchira à deux fois avant de sortir avec un fille comme Kyrah. « Mais t’es un putain de grand malade ! » Elle rigole beaucoup moins maintenant que son pote est à terre et pour ma part je n’en tire même pas de satisfaction. Son pote à l’air du genre pacifiste dans l’âme qui se fait vite rétamer de toute évidence et ce n’est pas à lui que j’en veux réellement. Au final il fait bien ce qu’il veut de sa vie et de son fric. « T’as pas de cerveau ou quoi ? C’est pas possible d’être aussi con putain ! J’pourrai t’envoyer un taule pour un truc pareil ! » Elle me frappe maintenant de ces poings alors que  je garde les bras en l’air, ripostant à peine. Je dois dire que sa force m’étonne mais j’ai vu bien pire. « T’es un connard, un CONNARD ! » Je la laisse faire un moment avant de lui attraper les bras pour tenter de la canaliser mais rien n’y fait elle se débat comme une petite lionne enragée. « Lâche-moi où c’est toi qu’ira brûler en enfer ! » . Je ne la lâche absolument pas bien au contraire je tente de calmer ces coups même si je sens que l’énervement commence aussi à me gagner. J’attrape d’ailleurs ces deux poignets de mes mains et la stoppe cette fois. « T’es enragée ma parol… » J’ai à peine le temps de finir ma phrase qu’un magistral coup de genou vient se perdre dans mes parties intimes. « Putain de salope… Sale conne je vais te faire la peau je te promets. »

Je reste plier en deux un petit moment me demandant pourquoi je n’ai pas reçu de riposte de sa part jusqu’à ce que deux mains m’attrapent les poignets et me plaquent contre le capot d’une voiture. « Police restez calme. » J’étais tellement occupé que je ne me suis même pas rendu compte de l’attroupement qui c’était formé autour de nous ou de la voiture de police qui venait d’arriver. « C’est pas moi qu’il faut arrêter c’est cette folle. » Je fusille Kyrah du regard alors qu’elle est elle aussi aux prises avec la police. « Et vous allez nous faire croire que c’est elle qui a cogné monsieur ? » Il me montre le fameux mec de Kyrah et son nez ensanglanté qui couine comme une pauvre demoiselle en détresse. « Pathétique. » « Je vous conseille vivement de garder le silence monsieur. » Je secoue la tête avec mécontentement alors que les mains du flic me fouillent sans aucune gène et devant tout le monde.   « Voilà où on en est à cause de tes conneries abruti ! » « Putain mais fermes ta gueule. » « Vous deux vous la fermez ! Bande de gamins. » C’est le policier qui a parlé faisant autorité sur nous deux.

Une fois embarqué dans la voiture de police je garde le silence le plus total. Très vite nous sommes amenés au commissariat et entendus séparément. Pour ma part je ne lâche pas un mot, si ça lui fait plaisir de me descendre qu’elle le fasse mais la police et moi on n’est pas très amis et je n’ai pas du tout envie qu’il se mêle de ma vie. De plus j’ai peur qu’Erin ait des soucis si je balance ce que je pense savoir. « Je crois qu’une petite nuit en garde à vue ne vous fera pas de mal jeune homme. Prenez le temps de penser à vos actes ! » Il me dirige vers un cellule composé de barreaux uniquement et où est déjà installée Kyrah. « Sérieux vous avez pas un autre endroit. » « C’est pas l’hôtel ici mon petit, et vous avez meilleure temps de vous tenir à carreau les deux où votre nuit pourrait très facilement se prolonger. » Il me fait rentrer dans la cellule refermant derrière moi. « Est ce que je peux au moins appeler ma famille ? Ou envoyer un message ? » Le policier lève un sourcil comme si c’était la meilleure des blagues que j’ai une famille. « On verra plus tard, j’attends de voir votre comportement. » Je ne suis même pas sûr que ça soit légal mais pour ne pas aggraver mon  cas je me tais et vais m’assoir sur l’un des lits. Je ne compte pas ouvrir la bouche, et j’espère sincèrement que pour une fois dans sa vie Kyrah va elle aussi fermer sa grande gueule ça nous fera des vacances.

Je déteste me sentir sous l’emprise de ses mains qui me bloquent les poignets. Je déteste qu’il me retienne de le frapper. J’ai besoin de me défouler, et il est la cible parfaite. Après tout, c’est qui qui m’a cherchée. L’avantage, c’est qu’il ne peut pas me frapper, parce que s’il le fait, il finira ses jours derrière les barreaux, j’en fais la promesse. « T’es enragée ma parol… » J’ai trouvé le moyen de lui faire fermer sa gueule. Je n’ai pas frappé assez fort pour le priver à jamais d’avoir des enfants, mais suffisamment pour qu’il se taise et surtout qu’il me lâche putain. Il vient de réveiller la bête en moi. « Putain de salope… Sale conne je vais te faire la peau je te promets. » Je me recule et le regarde, bien contente qu’il se calme un peu, ça lui fait les pieds. Mais mon bonheur est de courte durée puisque je me retrouve plaquée contre le capot d’une voiture. «  Putain mais ferme ta gueule. » Tout ça c’est sa faute. C’est lui qui a commencé avec ses noms de cocktails de merde quand on est venus commander. J’aurai pu fermer ma gueule, j’aurai pu être gentille, pour une fois. Mais il m’a cherchée, et il ne faut surtout pas me chercher. Au moins maintenant, il le sait. Pendant le voyage, je reste silencieuse, j’essaie de me calmer. Mais ce n’est pas simple. J’ai beau venir des pays froids, j’ai vraiment le sang chaud. Une fois au commissariat, je fais face à une femme, sèche, dure. « Nom, prénom. » « Malikov.. Kyrah. » Je capitule, je vais pas en rajouter, ce serait pas bon. « Adresse. » « J’en ai pas. » Elle relève le regard vers moi pensant que je me fous de sa gueule. « Je n’ai pas d’adresse. C’est pas une blague. Je vis dans la rue. » « De toute évidence, vous avez soit fumé quelque chose d’illicite, soit bu trop l’alcool. Ou alors vous êtes folle. Avec cette robe, vous allez me faire croire que vous êtes SDF ? » Je soupire. « Pensez ce que vous voulez après tout. Ça changera quoi hein ? » Elle se lève et me prend fermement par le bras et me jette presque dans une cellule de dégrisement. Y’a un vieux fou qui me regarde avec un air de pervers. « Si il essaye de me violer et que je crie vous ouvrez ? » Elle me regarde comme une conne « Vous le connaissez sans doute, c’est un de vos collègues SDF ! » . Je soupire et m’éloigne au mieux de cet homme vraiment bizarre. J’essaie de ne pas le regarder, en plus il sent la mort, mélangé à de la vinasse bas prix. Quelle soirée de merde. Mais heureusement - je dis bien heureusement, ce qui est complètement fou - deux hommes arrivent, dont Elio. Le flic l’envoie dans la cellule avec moi et ce mec complètement pervers qui me reluque depuis une dizaine de minutes. « Est ce que je peux au moins appeler ma famille ? Ou envoyer un message ? » Je ricane dans ma moustache. C’est plus fort que moi. Mais j’attends que le flic soit parti pour regarder Elio et lui dire. « Si t’arrives à appeler ta maman chérie, dis lui que je l’embrasse. Où elle veut ! » Je suis vraiment une connasse, mais qu’est-ce que ça fait du bien. Je jubile. Son regard revient se poser sur moi, je n’attendais que ça. C’est presque devenu un besoin, sentir son regard sur moi. Une chaleur m’envahit de nouveau. J’ai l’avantage d’être une femme. Il ne portera jamais la main sur moi ou il pourrait vraiment le regretter, surtout aux yeux de la loi. Alors j’en joue, j’en profite. Je suis toujours debout, les bras croisés contre ma poitrine, en face de lui qui est assis à l’autre bout de la pièce, et je le regarde, sans faillir. « J’espère que je t’ai pas fait trop mal tout à l’heure. Je m’en voudrais de priver Erin de nouveaux petits enfants… ». Je sais maintenant ce que je dois dire pour le mettre hors de lui, et j’en joue.

Je regarde ma monte et commence à m’inquiéter un peu. Kaecy  a prévu de partir travailler à 6h ce matin et il n’y aura donc personne pour garder les jumeaux et surtout pour les amener à leur cours de judo du dimanche. Ils vont me faire la vie dure puis surtout il va falloir que je justifie mon absence. Hors de question de leur dire où je passe la nuit ça pourrait leur donner des idées à ces deux crapules. « Si t’arrives à appeler ta maman chérie, dis lui que je l’embrasse. Où elle veut ! » Je la fusille du regard mais ne rajoute pas un mot il faut vraiment que je me tienne à carreau si veux pouvoir passer ce coup de fil. Puis je sais que Kaecy va flipper si je ne lui donne pas de nouvelles. Cette connasse de Kyrah a vraiment réussi son coup, ma nuit est plus que foutue… « J’espère que je t’ai pas fait trop mal tout à l’heure. Je m’en voudrais de priver Erin de nouveaux petits enfants… » Je dois avouer que j’ai encore l’entre jambe qui me chauffe méchamment. Mais je  secoue la tête avant de m’étaler sur le lit. Au final le silence est peut-être la meilleure arme avec une fille dans son genre. Elle semble prendre un malin plaisir à me voire réagir voyons ce qu’il en est si je ne le fais pas. Evidement ça me demande un certain effort, je suis du genre plutôt impulsif alors bien sûr que je voudrais lui répondre, l’insulter mais au lieu de ça je reste silencieux commençant même à siffloter. Le regard rivé vers le haut je fais comme si elle n’existait pas. Comme si j’étais tout seul. Je voudrais pouvoir dormir mais impossible premièrement parce que je suis encore trop pleins d’émotions puis surtout parce qu’il a une odeur de vieux rat pourri dans cette cellule. Je suis presque sûr que ça vient du mec avec nous, un sorte de vieux pervers un peu flippant mais à choisir je préfère encore parler avec lui qu’avec Kyrah. « Et toi mon vieux qu’est ce qui t’amène ici ? » Je tourne la tête pour l’observer et remarque qu’il est entrain de se curer le nez tellement profondément qu’on dirait qu’il entame une recherche archéologique. Il finit tout de même par sortir son doigt puis en me regardant droit dans les yeux le fourre dans sa bouche. Je manque de vomir tellement il me dégout et échange un bref regarda avec Kyrah qui semble penser comme moi. C’est d’ailleurs je crois la première fois que nous sommes d’accord à propos de quelque chose est c’est plutôt étrange. « Rien de grauuvvve… » Dit-il de sa voix qui déraille alors que son regard se perd maintenant dans les seins de Kyrah comme s’il s’apprêtait à lui sauter dessus d’une seconde à l’autre pour la déshabiller. Pour une fois ce soir je suis bien content d’être un homme. « J’ai juste dépouillé l’corps d’un mec mort pour vouuaaar ce que j’pouvais trouver. Mais l’était mort. C’devrait même pas être punissableuuh. » Je regrette maintenant de lui avoir posé la question et reporte mon attention sur les barreau du lit au dessus du mien.

Je sens que je suis gentiment entrain de me calmer. Je respire profondément pour retrouver une certaine sérénité intérieure même si penser à mes deux compagnons de cellule ne m’y aide pas vraiment. Je finis pourtant par rompre le silence, comme incapable de rester plus longtemps dans cette cellule sans la ramener, je sais que j’ai tord de le faire mais cette fois je ne le dis pas sur un ton accusateur. Juste comme une vérité qui a besoin de sortir. « J’ai beau chercher je vois pas ce qu’Erin te trouve. Quand je te regarde je vois juste une miss seule, un peu misérable et qui ne semble pas se soucier de grand chose… Ou de quiconque… » Je ne suis plus dans la provocation même si ce que je dis n’est pas vraiment très sympa. « Alors vas-y explique moi ce truc que de toute évidence je suis trop con pour comprendre ? » J’utilise ces propres jugements de valeurs à mon égard et je m’en fous. Elle veut que j’arrête de juger sans connaître je l’écoute. Mais j’ai réellement des doutes quant à une possibilité que je change d’avis à son sujet. Et ce qui c’est passé ce soir risque de me rester coincé en travers de la gorge pendant très longtemps. Probablement que mon avis est déjà bien trop  définit pour que je le change mais je n’aie plus envie de me battre. Je me sens fatigué, j’ai mal aux parties intimes et je veux rentrer chez moi… Oublier cette soirée de merde avec ces personnes de merde.

Il ne répond rien. C’est bien la première fois qu’il ne répond rien à mes provocations. Je reste là les bras croisés à le regarder faire comme si tout était normal. Il s’allonge et mes yeux n’arrivent pas à dériver. Mon regard est comme attiré par lui. C’est sans doute pour éviter de regarder ce fou qui sent le mort. « Et toi mon vieux qu’est ce qui t’amène ici ? » Il est sérieux là ? Il est vraiment en train de s’adresser à ce mec trop bizarre ? Je tourne alors la tête et j’ai déjà envie de vomir en voyant son doigt entrer en quasi totalité dans son nez. Mon dieu. Je ferme les yeux très fort pour essayer de sortir cette image de ma tête. Je croise alors le regard d’Elio, pour une fois, nous sommes d’accord sur une chose. Ce mec est vraiment flippant. « Rien de grauuvvve… » Mon dieu c’est quoi cette voix ? Je me sens observée, pire même, c’est comme s’il me déshabillait. Je lui envoie un regard de vipère, il a intérêt de s’arrêter tout de suite ou je le castre lui aussi. « J’ai juste dépouillé l’corps d’un mec mort pour vouuaaar ce que j’pouvais trouver. Mais l’était mort. C’devrait même pas être punissableuuh. ». Oh putain. Je lève les yeux au ciel et me retourne pour ne plus le voir parce que je vais vraiment vomir. Un silence s’installe, un silence de mort. Je n’ai rien contre le silence, au contraire, je m’y suis habituée, j’ai appris à en faire mon allié. Mais là, c’est vraiment pesant. C’est simplement parce qu’Avec Elio, depuis que j’ai croisé sa route, on ne fait que gueuler, se cracher dessus. Mais on a jamais usé de silence, et ça m’angoisse. « J’ai beau chercher je vois pas ce qu’Erin te trouve. Quand je te regarde je vois juste une miss seule, un peu misérable et qui ne semble pas se soucier de grand chose… Ou de quiconque… » Je reporte mon attention sur lui au moment où il prend la parole. Sa voix est plus calme. Il semble ne pas chercher à m’agresser, simplement à comprendre. Mais je ne réponds rien. « Alors vas-y explique moi ce truc que de toute évidence je suis trop con pour comprendre ? ». Je soupire un peu et détourne mon attention de lui. Je descends de sur mes talons, je commence à avoir mal aux pieds. Et puis je finis par glisser, dos au mur, pour me retrouver assise sur le sol, les jambes étendues devant moi. Je me penche en avant pour m’étirer et toucher mes pieds avec souplesse. C’est alors que je me radosse au mur et le regarde. « C’est pas seulement que t’es trop con pour comprendre. C’est juste que tu réfléchis pas. Je sais pas si c’est parce que tu sais pas faire ou simplement parce que t’as pas envie… ». Je ne suis pas tendre avec lui, pourtant ma voix est bien plus douce, plus posée que tout à l’heure. J’en ai marre de me battre ce soir. J’ai envie de rentrer chez Kelya, et prendre un bon bain. « On est des êtres humains, y’a des gens avec qui ça passe, et d’autres avec qui ça passe pas. Je vais pas t’apprendre ça. Avec Erin c’est passé avec toi ça passe pas. Y’a rien d’autre à comprendre. » Le truc, c’est qu’il n’y a pas que ça, et il en est aussi conscient que moi. « J’suis pas une sorcière, j’ai pas de pouvoirs magiques pour envoûter qui je veux. Erin a voulu m’aider quand j’en avais besoin. Elle en avait besoin aussi, alors on s’est donné ce qu’on avait besoin mutuellement. Ça s’arrête là. Tous les jours j’ai essayé de la dissuader de s’attacher à moi. Mais moi aussi j’me suis attachée à elle. Même si c’est pas du tout ce que je veux… personne ne doit s’attacher à moi. » Ma voix se brise à mesure que je parle. Pourquoi je lui dis tout ça ? Pourquoi je suis gentille avec lui ? Il essaie de me dicter ma vie, il me juge, il ne sait rien. Je ne vais pas en plus lui donner le bâton pour me faire battre. Et puis quoi aussi. « Elle sais qui j’suis. Mieux que personne, p’tetre même mieux que moi-même. Alors crois-moi, t’as pas besoin d’en rajouter des couches. Si elle a pas décidé que je devais quitter sa vie, c’est pas toi qui va changer les choses. Même avec toute la haine que t’as pour moi. »

« C’est pas seulement que t’es trop con pour comprendre. C’est juste que tu réfléchis pas. Je sais pas si c’est parce que tu sais pas faire ou simplement parce que t’as pas envie… »  Ouais bon, c’est bon j’ai compris la chanson passe à autre chose. « On est des êtres humains, y’a des gens avec qui ça passe, et d’autres avec qui ça passe pas. Je vais pas t’apprendre ça. Avec Erin c’est passé avec toi ça passe pas. Y’a rien d’autre à comprendre. » Oui c’est sûr qu’avec elle ça ne passe pas. Il n’y a rien de plus concret que ça. « Merci pour l’aide Einstein, effectivement je vois que ton cerveau est bien plus productif que le mien, t’as du réfléchir longtemps avant de trouver cette jolie phrase ?. » Parce que pour sortir des banalités comme ça moi aussi j’en suis capable, faut pas non plus user avec abus de son cerveau. Je pense que tout le monde pourrait le dire, entre elle et moi ça ne passe pas, mais alors pas du tout. « J’suis pas une sorcière, j’ai pas de pouvoirs magiques pour envoûter qui je veux. » Ca j’en doute mais soit, je lui laisse le bénéfice du doute. « Erin a voulu m’aider quand j’en avais besoin. Elle en avait besoin aussi, alors on s’est donné ce qu’on avait besoin mutuellement. Ça s’arrête là. Tous les jours j’ai essayé de la dissuader de s’attacher à moi. Mais moi aussi j’me suis attachée à elle. Même si c’est pas du tout ce que je veux… personne ne doit s’attacher à moi. » On est au moins d’accord sur ce point ! J’hésite quelques secondes à le dire à haut de voix mais malgré tout je sens que c’est un sujet sensible et je crois que je suis trop fatigué et a bout d’énergie pour en profiter. Je regretterais sans doute plus tard de ne pas avoir utilisé cette brèche, mais peu importe. Le laïus des gens qui ne veulent pas qu’on s’attache à eux je le connais. Je pourrais moi même le servir. Pas d’attache c’est beaucoup plus simple bla bla bla… Je sais que c’est comme ça qu’on croit se protéger des sales trucs. Je sais aussi que pour nous ça semble avoir du sens mais sortit de la bouche de quelqu’un d’autre c’est comme une vieille blague déjà trop entendue. « Elle sais qui j’suis. Mieux que personne, p’tetre même mieux que moi-même. Alors crois-moi, t’as pas besoin d’en rajouter des couches. Si elle a pas décidé que je devais quitter sa vie, c’est pas toi qui va changer les choses. Même avec toute la haine que t’as pour moi. » Ca y est elle est repartie. Je pousse un long soupire et me retourne pour enfin la regarder. « Et de toute évidence tu te rends compte toi même que tu n’es pas bonne pour elle. Alors si vraiment elle te tient tant à cœur, c’est toi qui devrais prendre la décision de t’éloigner. » Je sais que Erin va énormément souffrir et que ça sera dur pour elle pendant un petit moment mais Kyrah me donne toutes les raisons de croire qu’il n’y a pas d’avenir pour elles deux alors que je me doute qu’Erin se projette déjà bien plus. « Je vais te poser la question qu’une seule fois et parce que je suis fatigué et que je suis dans une putain de cellule enfermé avec mon entre jambe qui brûle. Ca doit me rendre plus sensible ou un truc du genre…» Je garde une de mes mains sur mes parties depuis un moment comme pour être sur que personne n’ose ne serait-ce que les effleurer ce soir. « Est ce qu’il y a ne serrait-ce qu’un chance pour que vous ayez une fin heureuse. Je veux dire heureuse au sens d’Erin ? » Je sais que si elle connaît ma belle mère aussi bien qu’elle le prétend elle se rend bien compte que ce qu’elle lui offre ne lui suffira jamais. Peut-être que pour le moment elle s’y fait parce que c’est mieux que rien – parce que de toute façon elle n’a pas le choix.

A nouveau je me retourne sur le dos fermant les yeux cette fois alors qu’elle semble réfléchir à la question puis c’est une voix d’homme qui prend la parole. « Vouz’êtes mignon les tourterelles.. » Déjà on dit les tourtereaux puis en plus pourquoi il l’a ramène celui là je crois pas qu’on l’ait sonné. « Dit garçon, tu l’as partage avec mouaa ta copine ? Ein dit ? Elle est jolie ! » Le vieux pervers est littéralement entrain de la déshabiller du regard ce qui me fait presque pitié. « Non, t’as tout intérêt de rester à ta place mon petit. » Je lui jette un regard noir et il reste tranquille à sa place - du moins pour le moment. Franchement je ne sais même pas pourquoi je prends la défense de Kyrah, il peut bien lui sauter de dessus je n’en ai rien à faire au fond, et qui sait s’il a un peu de fric elle pourrait même lui dire oui. En plus je vois de loin venir une petite réponse cinglante de la part de Kyrah du style « Je peux très bien me défendre toute seule blablablabla »… Quand est-ce que je sors de cet enfer ?

Pourquoi je me confie à lui ? Pourquoi je lui donne le bâton pour me faire battre. MAis ça va pas bien ma vieille ! Je suis pas du genre à baisser les armes. Mon bouclier est tout ce que j’ai de plus cher, sans lui, je serai sûrement six pieds sous terre. Mais là, sous la fatigue, j’ai tendance à le laisser reposer par terre, au même titre que ma position actuelle. Sur ce sol crade et collant. J’ai connu pire, croyez moi. Dans un dernier effort, j’essaie quand même de lui faire comprendre que je ne le laisserai jamais m’évincer de la vie d’Erin. Si elle veut le faire d’elle-même, qu’elle le fasse. Mais ce n’est pas à lui de juger si je suis néfaste pour sa mère ou non. « Et de toute évidence tu te rends compte toi même que tu n’es pas bonne pour elle. Alors si vraiment elle te tient tant à cœur, c’est toi qui devrais prendre la décision de t’éloigner. » Je laisse tomber ma tête en arrière, cognant contre le mur dans mon dos. Mais il va jamais lâcher l’affaire c’est pas possible. « Je vais te poser la question qu’une seule fois et parce que je suis fatigué et que je suis dans une putain de cellule enfermé avec mon entre jambe qui brûle. Ca doit me rendre plus sensible ou un truc du genre…» Je secoue la tête d’un air désespéré, m’attendant au pire. « Est ce qu’il y a ne serrait-ce qu’un chance pour que vous ayez une fin heureuse. Je veux dire heureuse au sens d’Erin ? » Cette fois je relève la tête pour le regarder mais il a les yeux rivés sur les barreaux du lit au dessus du sien. « Mais c’est pas possible t’as vraiment un trou à la place du cerveau ! Tu m’as bien regardée ? » Cette fois il me regarde et je lui montre de ma main l’intégralité de ma personne. « On est aux antipodes elle et moi, y’a rien qui nous rassemble à part… » Ok, je vais être gentille et l’épargner, pour une fois. « Enfin bref. C’est absolument pas le but, ni pour elle ni pour moi d’avoir une fin heureuse, j’veux dire, pas ensemble en tout cas. Elle est mariée, et je compte pas finir mes jours avec elle. On prend ce qu’il y a à prendre c’est tout. C’est si mal que ça ? » J’ai pas l’impression de faire quelque chose de mal en donnant un peu de mon temps, de mon affection à une personne qui en a cruellement besoin. Elle doit se changer les idées, sa vie est un enfer, et quand je suis là, quand je la fais sourire, j’ai l’impression pour une fois de servir à quelque chose. Et si je dois me battre pour ça, je le ferai, même si c’est avec son propre fils. « Vouz’êtes mignon les tourterelles..Dit garçon, tu l’as partage avec mouaa ta copine ? Ein dit ? Elle est jolie ! » Non mais j’hallucine. Il veut ma main dans sa gueule lui ? « Non, t’as tout intérêt de rester à ta place mon petit. » Je tourne cette fois le regard vers Elio qui d’un coup se la joue superhéros protecteur. Je laisse échapper un rire cynique. « Ah bon… moi qui pensais que tu le laisserait faire s’il venait me faire chier.. » Le vieux se lève et s’approche un peu de moi, ni une ni deux je me lève aussi prête à rebondir, talon dans la main pour le menacer. « Tu t’approches de moi papi j’te défonce le crâne avec ça ! » Je lui montre le talon avant de faire un signe de tête vers Elio. « Demande-lui à lui, y’a pas une heure je lui ai brisé les couilles, dans tous les sens du terme, donc je serai toi je resterai bien à ma place ! » Je n’ai pas peur de grand chose, mais alors lui, il me fait vraiment flipper avec son air de pervers. Pourtant, j’en ai rencontré des gars, de tous les âges. Mais lui, c’est un cas à part. Il sourit, un sourire complètement immonde, en plus il lui manque quasiment toutes les dents. « Bouge-pas j’ai dit ! » Il s’approche encore et sort sa vieille langue en haussant les sourcils comme un psychopathe, mais putain ! Sans plus tarder, furtivement, je cours pour atteindre l’échelle et monter sur le lit au dessus d’Elio. « Surtout bouge pas ton p’tit doigt toi connard ! C’est non assistance à personne en danger ça ! » Et je balance à l’aveuglette mon talon sur le lit du dessous, sans vraiment viser, juste pour le faire un peu réagir. « C’est pas parce que je couche avec ta mère que tu dois me laisser me faire violer par un gros pervers ! » Je fusille le vieux du regard qui lui est visiblement plus amusé par la situation qu’autre chose. « Mais il est teubé ou quoi ? ». Le fou se rassied finalement et un silence s’installe. Je ne vois plus Elio, et ça m’angoisse. Je sais qu’il est là, mais ne plus le voir me fait stresser, je ne sais même pas pourquoi. « Pourquoi tu veux que je dégage de sa vie ? Donne-moi une seule bonne raison. »