« Je savais que ça vous plairait. » Admit le pilote en souriant, malgré tout fier de son idée. A chaque fois qu’il venait à New York, le pilote grimpait jusqu’au toit pour pouvoir profiter de cette vue imprenable. Il n’en avait évidemment pas le droit – les membres du personnel de l’hôtel seraient probablement horrifiés de savoir qu’un de leurs clients outrepassait volontiers cet interdit – mais il adorait la sensation que cela lui procurait. Sur le toit de l’hôtel, il était seul au monde. Dans sa bulle, loin du tumulte de la ville. C’était aussi une façon pour lui de pouvoir réfléchir, ou simplement se poser, sans jamais être dérangé. Aujourd’hui, contrairement aux fois précédentes, le pilote avait consenti à partager ce moment unique avec quelqu’un – et pas n’importe qui. Il ne comprenait pas pourquoi, mais l’entraîner jusqu’ici lui avait semblé être la meilleure chose à faire. Alors, il avait suivi son instinct. Une cigarette entre les lèvres, il était désormais en train de se confier, le plus naturellement du monde, à sa future patronne. « Il n’y a rien à dire. » Répondit-il simplement en haussant les épaules en soupirant. Il n’attendait pas d’elle qu’elle le plaigne, le réconforte, ou le cajole pour lui faire oublier ses malheurs. Il était suffisamment grand et autonome pour se débrouiller tout seul. « Ne vous méprenez pas : je ne vous dis pas ça pour que vous vous apitoyez sur mon sort. » Déclara-t-il d’une voix neutre, alors qu’une main délicate venait effleurer ses cervicales. Il eut un pauvre sourire pour l’héritière, qui semblait sincèrement navrée pour lui. « C’est la vie, voilà tout. » Conclue-t-il un peu abruptement. Tout n’était pas tout noir ou tout blanc ; en réalité, la vie de l’héritier Bishop était plutôt faite de nuances de gris. Et il commençait à s’y faire. La maturité, sans doute. Il écrasa son bâton de nicotine, et déposa le mégot sur le bord du toit de l’hôtel. « Dommage. » Murmura-t-il en laissant échapper un léger rire, alors que Carmina avouait qu’elle avait toujours su qu’il n’y avait pas de monstre sous son lit. « J’aime bien l’idée de sauver les demoiselles en détresse. » Plaisanta-t-il, en sachant pertinemment que l’héritière n’avait jamais rien eu à craindre. Il s’était pourtant plié à ses exigences et volontés de bonne grâce, conscient que son attitude pouvait avoir un aspect rassurant. Mais l’humeur badine retomba aussitôt, lorsqu’elle mentionna le fait qu’il était sur le point de se marier. Chamboulé par la sincérité qui émanait de l’héritière, le pilote en resta perplexe. « Je… » Il détourna les yeux, ne sachant que dire. Les mois suivants étaient flous, pour lui. Ses certitudes s’étaient envolées. « Rien, laissez tomber. » Déclara-t-il, ne sachant comment exprimer ses doutes. Il fit quelques pas vers elle, et attrapa son poignet. Ses doigts s’emparèrent du reste de cigarette qu’elle tenait toujours entre son index et son majeur. Il écrasa le mégot sur le sol du toit de l’hôtel du bout de son pied avec une parfaite indifférence, désormais entièrement captivé par l’héritière. « Mademoiselle Farrell ? » L’interpella-t-il en souriant, faisant glisser son index sous son menton. Il lui fit relever la tête, jusqu’à ce que leurs regards se croisent. « N’en faites tout de même pas trop. » Déclara-t-il sur un ton badin, peu convaincu par les propos de l’héritière. Cependant, ce manque d’assurance ne l’empêcha pas de se pencher vers l’Australienne. Il ne l’empêcha pas non plus, d’abord, de fermer les yeux alors qu’il faisait se frôler leurs lèvres. Son cœur s’emballa rapidement dans sa cage thoracique, et une chaleur rassurante se diffusa dans l’ensemble de son corps. Ses mains remontèrent jusqu’aux joues de l’héritière et, bientôt, ce simple contact labial ne lui suffit plus. Il quémanda un accès complet, qu’elle lui octroya sans y réfléchir. Automatiquement, leur baiser s’intensifia. Les mains du pilote se logèrent sur les hanches de l’héritière, pour mieux la rapprocher de lui. Les battements de son cœur se firent plus irréguliers, alors que, pour la première fois depuis longtemps, il se sentait entier. Lui-même. « Bonne année. » Murmura-t-il en se détachant d’elle, alors que des feux d’artifice venaient illuminer le ciel de New York. Ses mains toujours logées sur les hanches de l’héritière, il prit un moment pour observer les couleurs vives qui se hissaient dans le ciel, avant de retomber en une pluie lumineuse en direction de la foule. Les cris et échos leur parvenaient d’en bas, où la foule semblait être plongée dans une liesse qui durerait jusqu’au bout de la nuit. Serait-ce son cas ? Pour être tout à fait franc, il n’en avait pas la moindre idée. Et, surtout, il n’avait pas envie de se poser la question. Pour le moment, et malgré la température qui devait être bien en dessous de zéro, il se sentait bien. « Qu’est-ce que je vous souhaite ? » Finit-il par demander en posant son regard sur l’Australienne, après que le spectacle pyrotechnique se soit achevé dans un tonnerre d’applaudissements.
By seeking and blundering we learn ★ Carlisle Bishop & Mina Farrell Mina avait toujours eu tout ce qu’elle voulait. Enfant gâté, il suffisait qu’elle demande pour qu’elle possède. Ses parents avaient toujours fait en sorte qu’elle ne manque de rien. Ils avaient culpabilisé d’avoir laissé à l’abandon un premier enfant. Une sœur que Mina avait rencontré il y a quelque année et qui avait une vie plutôt simple. Contrairement à sa famille biologique, Noa n’avait pas grandi dans le luxe et les soirées mondaines. Elle avait un quotidien plutôt rangé ce qui n’était pas plus mal. A force d’avoir toujours tout, Mina ne savait plus apprécié les choses à leur juste valeur. Elle avait la plus jolie vue sur New York depuis sa chambre pourtant elle ne s’en était quasiment pas aperçu puisqu’elle s’était tenue loin des fenêtres depuis son arrivée. Elle ne pensait qu’à son petit confort personnel incapable de voir au-delà de tout cela. Pourtant, lorsque le pilote concentra son regard sur ce beau paysage, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir bien. Elle prit du temps avant de détacher son regard de toutes ces lumières et c’est vrai que c’était magnifique. « Je savais que ça vous plairait. » C’était probablement ce qui lui manquait le plus dans ses journées bien rempli, un peu d’authenticité. Elle avait fini par prendre place à ses côtés, alors qu’il lui tendait un de ses bâtons de nicotine, puis se confia sur sa relation avec sa fiancée. « Il n’y a rien à dire. » Il ne menait pas la vie de rêve qu’il semblait dépeindre avec Amal. Leur relation devenait toxique à mesure que la date de mariage se rapprochait. « Ne vous méprenez pas : je ne vous dis pas ça pour que vous vous apitoyez sur mon sort. » Une part de Mina voulait le rassurer, il n’était pas le premier à craindre l’engagement. Seulement, au fond d’elle, elle savait que la future épouse en question n’était pas irréprochable. Mina était au courant de ses infidélités, elle avait mis à ses trousses un détective et son intuition ne l’avait pas trompé. « C’est la vie, voilà tout. » Elle baissa les yeux ne voulant pas enfoncer un peu plus le pilote. Il était à des années lumières de la réalité et ne s’imaginait pas que sa fiancé le trompait. À cet instant, Mina se detestait de connaître la vérité et de ne rien pouvoir lui dire. Elle avait choisi l’humour pour dévier le sujet et éviter de se trahir. « Dommage. » souffla t-il lorsqu’elle lui avoua qu’il n’y avait rien sous son lit. « J’aime bien l’idée de sauver les demoiselles en détresse. » elle hocha la tête et comme à son habitude ne tarda pas à saisir la petite perche qu’il lui tendait : « Et bien ma foi, si tel est votre souhait, je pourrais être cette demoiselle en détresse. » à son tour, elle laisse de nouveau la fumée noire venir caresser son visage. Elle ne voulait pas qu’il se mari, Carlisle était de ces hommes fidéles qui ne jureraient plus à travers elle une fois la bague au doigt. C’était d’ailleurs ce qui s’était passé plus tôt dans la soirée, il avait résistée au charme de la jolie brune. Il l’avait repoussé la blessant dans son égo. Il n’en avait pas conscience, mais il lui plaisait réellement. « Je… » elle posa son regard sur lui, incapable de savoir ce qu’il allait pouvoir lui dire. « Rien, laissez tomber. » elle secoue la tête, c’était mal la connaître de penser qu’elle laisserait tomber. « Dites ! » insista-t-elle, elle le laissa faire lorsqu’il s’empara de son bâton à moitié consommé pour venir l’écraser contre la balustrade du toit. Elle n’objecta pas, et lorsqu’il posa ses mains froides sur sa joue, elle frissonna. « N’en faites tout de même pas trop. » elle secoua la tête, elle n’en faisait pas trop. Elle le pensait réellement mais elle ne pouvait pas le justifier. Son regard se perdit de nouveau dans celui du jeune homme. Elle resta troubler quelques secondes tandis que leur visages s’approchaient petit à petit. Son cœur battait la chamade, à son tour elle vint poser ses mains sur les joues du pilotes, tandis que leur baiser s’intensifia rapidement. Elle en avait tant rêver de ce moment qu’elle mit du temps à comprendre ce qui se passait. Front contre front, elle le force à soutenir son regard tandis que petit à petit ils se détachent l’un de l’autre. « Bonne année. » murmure-t-il alors même qu’elle n’est pas tout à fait rassasié de ce baiser. Elle ne détacha pas son regard de lui, malgré les jeux de lumières qui se jouaient sous leurs yeux. « Qu’est-ce que je vous souhaite ? » elle avait perdu sa faculté de parler, il n’y avait rien qu’il pouvait lui souhaiter qu’elle n’avait pas déjà. « Que ce moment ne s’arrête jamais… » dit-elle tirant de nouveau le pilote vers elle tandis qu’elle grimpe sur lui prise par l’ivresse de l’instant. Ce contact lui fait du bien, elle sait qu’elle pourrait facilement en être accro…
« Je n’ai rien d’un prince charmant sur son cheval blanc. » Déclara-t-il en haussant les épaules. Ce qu’il voulait lui dire, c’était qu’il n’était pas celui qu’elle attendait. Il n’était pas aussi parfait, pas aussi bien qu’elle ne semblait le penser. La preuve ? L’Australien, qui avait toujours eu une ligne de conduite irréprochable, n’était plus tout à fait certain de vouloir s’y tenir. « Et vous n’avez pas besoin d’être sauvée. » Ajouta-t-il, dans une veine tentative de se donner bonne conscience. Après tout, n’était-elle pas celle qui avait tout initié entre eux ? Elle qui, maligne, avait provoqué cette situation ? « Je ne veux pas en parler. » Après tout, pourquoi se lancer dans de grandes conversations sur le mariage ? Carlisle n’était plus sûr du bien fondé de cette union, et ses doutes prenaient une place de plus en plus considérable dans son esprit. Il voyait bien que le comportement d’Amal avait changé : elle était plus froide, plus distante. Elle ne s’impliquait plus dans leur relation, mais passait l’essentiel de son temps à s’impliquer dans ce projet de mariage. Et lorsque le pilote lui avait fait la remarque, elle lui avait craché au visage qu’elle n’avait d’autre choix que de le faire, puisque leur wedding planner leur avait claqué entre les doigts, et que lui-même ne se montrait pas très disponible pour parler menu, fleurs, et plan de table. Il avait levé les mains au ciel en guise de résignation, et s’était éloigné de sa fiancée. Lorsqu’elle était dans cet état, discuter avec elle semblait tenir de l’impossible. « Il y a un temps pour tout. » Et ce soir, clairement, le mariage n’arrivait pas en tête sur sa liste des priorités. Non, ce soir, il voulait juste profiter. Oublier ses soucis, oublier ses incertitudes, oublier sa vie australienne. Il écrasa le reste de cigarette de Carmina Farrell sur le toit de l’hôtel, et initia un rapprochement qu’elle avait réclamé, quelques minutes plus tôt. Ses mains encadraient désormais son visage pâle, et il pouvait sentir son souffle chaud réchauffer sa joue. Il prit une seconde pour l’observer pleinement, profitant de la supériorité physique qu’il pouvait avoir sur elle. Ses grands yeux marrons, son nez droit, sa bouche pulpeuse et sa gorge, offerte. La fille qui s’abandonnait dans ses bras n’était ni plus ni moins qu’un concentré de luxure, de promesses délicieusement tues. Alors, il comprit : il était foutu d’avance. Il avait été foutu dès l’instant où il avait passé la porte de sa suite, pour s’assurer qu’aucun monstre n’avait élu domicile sous son lit. Et son sort avait été scellé lorsque sa main, faussement enfantine, avait effleuré son genou de sa paume. Il combla la maigre distance qui les séparait encore, et goûta à ses lèvres sucrées.
Jamais ? Jamais. Le mot lui convenait. La situation lui convenait. L’intensité du moment lui convenait. La chaleur de ce moment lui convenait. L’ivresse, aussi. Carmina Farrell, emportée par sa fougue, avait noué ses jambes autour des hanches du pilote. Ses mains se logèrent instinctivement sous les cuisses de l’héritière, pour la maintenir fermement contre lui. Ils s’embrassèrent jusqu’à manquer d’air, jusqu’à faire plier l’autre sous les assauts répétés. Ils se découvraient tantôt fougueusement, tantôt paresseusement, et goûtaient aux charmes interdits de la transgression. Il mordilla la peau de son cou, effleura son décolleté de ses lèvres, et la sentit frémir à travers son manteau. Il aimait ce qu’il vivait, ce qu’il sentait, ce qu’il ressentait : leurs peaux qui se cherchaient et s’embrasaient, leurs souffles erratiques, leurs gémissements retenus. Il aimait sentir ses mains se perdre dans ses cheveux, sa joue se coller contre son front alors qu’il la marquait de son passage dans le cou, son cœur qui palpitaient frénétiquement contre son oreille. « J’en veux plus. » Admit-il au bout d’un moment. Il ne savait pas depuis combien de temps ils s’abandonnaient l’un à l’autre, mais un désir ardent avait fini par l’emporter sur toute pensée cohérente. Ils partagèrent un regard complice et, aussitôt, le pilote lâcha l’héritière. Elle fit glisser sa petite main dans la sienne, pour l’entraîner à sa suite. Ils dévalèrent les marches de l’issue de secours dans le sens inverse, leurs mains toujours cimentées, riant et courant pour combler la trop grande distance qui les séparait encore d’une intimité parfaite. Carmina ne s’arrêta qu’une fois qu’elle fut devant sa suite et, machinalement, le pilote se plaça derrière elle. Il profita de sa position pour repartir à l’assaut de son cou, alors que ses mains s’étaient ancrées sur ses hanches. « Mademoiselle Farrell aurait-elle un peu de mal à se concentrer ? » Demanda le pilote, amusé, alors que l’héritière dut s’y reprendre à plusieurs fois pour faire fonctionner la carte magnétique qui ouvrait sa chambre.
By seeking and blundering we learn ★ Carlisle Bishop & Mina Farrell L’héritière n’avait pas imaginé une seconde que sa soirée se terminerait sur ce toit accompagnée du pilote. Elle avait eu beaucoup de mal à lui mettre la grappe dessus, au point de se demander si finalement le problème ne venait pas de lui. C’était la première fois qu’un homme lui résistait autant, à tel point qu’elle avait fini par se remettre en question. Personne n’était parfait et en vue de ce qu’elle avait donné pour qu’il ne tombe dans ses filets, aucun autre n’aurait résisté. Mina savait exactement comment faire pour obtenir ce qu’elle voulait. Si elle ne demandait pour l’instant qu’une nuit avec le beau blond, au fond d’elle elle en espérait encore un peu plus. Elle n’avait jamais cessé d’envier sa fiancée qui ne semblait pas consciente du trésor qu’elle avait entre ses bras. Elle resta longuement silencieuse, tandis que ses yeux se baladaient dans la citée illuminée et bruyante prête à exploser pour fêter cette nouvelle année. Il n’avait pas tort, Mina n’avait pas besoin d’être sauvée, surement parce que malgré son jeune âge, elle savait parfaitement dans quoi elle mettait les pieds. Elle avait jeté son dévolu sur son pauvre employé et petit à petit elle avait fait naître en lui un intérêt pour elle qu’il n’avait jamais eu. Elle avait réussi à lui faire réaliser qu’il pouvait la posséder s’il en avait envie alors que ses jambes se nouaient délicatement à la hanche du pilote. Elle n’aurait pas espérer mieux commencer l’année tandis que ses lèvres et sa langues se mélangeaient à celle du pilote. Plus elle le gouttait, plus elle en redemandait, gourmande de nouvelles sensations qu’elle avait souvent rêvé. Un départ timide qui au fil de la soirée chauffait un peu plus l’atmosphère extérieur. Dans ses bras, elle ne sentait plus le froid, impatiente, elle aurait très bien pu conclure là, contre le sol gelé et bétonnée de cet hôtel. Elle le voulait ! Elle voulait le sentir encore un peu plus en elle. Elle n’avait pas eu l’occasion de le découvrir un peu plus et du peu qu’elle avait eu, elle en était déjà accro. Au fond, c’était comme s’ils s’étaient toujours connus. Leurs rires étaient complices, comme les regards qu’ils se lançaient. Sa pauvre fiancée était à des années lumières d’imaginer ce qui était en train de se tramer et à vrai dire, Mina s’en moquait pas mal.
Elle étouffa un rire alors qu’ils dévalaient les escaliers à une vitesse déconcertante. Ils ne voulaient pas être surpris, ou peut être que si à la manière dont ils faisaient du bruit à leur passage. L’alcool qu’ils avaient chacun consommait faisait un peu son effet et ils avaient plus l’air de deux gosses qui s’amusaient dans les couloirs du palace. Chatouilleuse, elle eut du mal à ouvrir la porte de sa suite mais elle ne lui demanda pas d’arrêter pour autant. Elle aimait la sensation que ses baisers dans le cou lui faisaient. Une fois la porte refermée sur eux, elle laissa tomber sa fourrure au sol. « J’espère pour toi que tu sais ce que tu fais, parce que je ne compte pas te laisser partir ! » dit-elle le poussant d’un geste brusque sur le canapé. Elle ne lui laissa pas la possibilité de relever qu’elle vint l’écraser un peu plus de son corps. De son petit corps facilement cassable s’il le voulait. Elle l’observe un instant avec curiosité, puis sans réellement se poser de question, elle vient arracher sa chemise éclatant ses boutons au sol. « je t’en rachèterai une autre… » dit-elle avant qu’il n’objecte. Elle ne lui laissait pas réellement le choix parce qu’elle était celle qui menait la danse ce soir-là. Il en demandait plus, monsieur allait être servi. Elle voulait rendre sa soirée inoubliable, au cas où ça ne soit la dernière. Leur premier et seul corps à corps risquait d’être mémorable, elle espérait pouvoir graver l’esprit du jeune fiancée. Elle voulait lui faire douter d’un mariage qu’il n’était visiblement pas prêt à avoir. Mina ne le soutenait pas sur chemin, elle lui rendait même la tâche plus compliquée. Elle brisa le dernier espace qui les séparaient pour reprendre de plus bel leur échange passionnée, alors que ses mains s’aventuraient sur le torse du bel homme.
À son dernier râle, elle vint prendre place prêt du jeune homme épuisée par la fougue de leur liaison. Elle n’était plus sûre du nombre de fois qu’ils l’avaient refait. Elle ne voulait pas le laisser se reposer, elle ne voulait pas laisser de répit à son esprit de pouvoir regretter ce qu’ils avaient fait. Essoufflée, il lui fallut de longues secondes avant de retrouver un rythme de respiration normale. De nouveau elle logea son regard sur Carlisle, cherchant désespérément à percer ses sentiments, puis de sa main libre elle continue de faire des cercles sur son torse. « Si ça peut te rassurer, je n’en parlerais à personne… » elle avait beau collectionner les défauts, Mina n’avait qu’une seule parole lorsqu’il s’agissait de faire des promesses. Elle ne voulait pas le blesser, c’était d’ailleurs la dernière chose qu’elle espérait…
Ses mains logées sur les hanches de l’héritière, le pilote s’échinait à la déconcentrer dans sa tâche. Ses lèvres jouaient avec la peau fine de son cou. Carmina avait beau s’appliquer, rien n’y faisait : la concentration n’était pas au rendez-vous. Et lorsqu’enfin, après quelques tentatives, la porte s’ouvrit, le pilote fit face à une femme sûre d’elle. Elle fit glisser son manteau de fourrure le long de ses bras, dévoilant à nouveau un corps qu’il avait hâte de découvrir davantage. Perdu dans sa contemplation, « J’ai rarement été aussi sûr de moi. » Confia le pilote en souriant, se laissant bousculer par l’héritière. Il s’échoua sur le canapé, et accueillit aussitôt le corps de l’héritière sur le sien. En faisant courir ses mains sur son corps, il prit pleinement conscience de la finesse et de la vulnérabilité du corps de sa future supérieure hiérarchique. Soudainement, son propre corps lui sembla être un frein, comme disproportionné : il craignait presque de la blesser. Il ralentit la cadence, et entreprit de faire glisser une des bretelles de la nuisette de l’héritière le long de son bras. Il prit sur lui-même pour ne pas se montrer trop entreprenant, mais visiblement, sa comparse n’envisageait pas les choses de la même façon : ses doigts firent sauter les boutons de sa chemise, avant qu’elle ne fonde littéralement sur lui. « On s’en fout. » Murmura-t-il d’une voix erratique, alors qu’il se redressait légèrement pour retirer les lambeaux qui lui servaient désormais de chemise. Il en profita pour passer une main dans ses cheveux, et l’embrasser jusqu’à manquer d’air. La nuit s’annonçait longue et passionnée.
La fine pellicule de sueur qui recouvrait leurs deux corps haletants était révélatrice : la nuit avait été chaude, pour ne pas dire brûlante. Carlisle, qui manquait cruellement de souffle, se laissa tomber sur le matelas aux côtés de l’héritière après l’avoir embrassée une ultime fois. Un petit sourire béat scotché aux lèvres, il passa une main dans ses cheveux désorganisés, témoins d’une nuit agitée et passionnée. Bon sang, ce qu’il se sentait bien ! Détendu, apaisé, comblé : Carmina Farrell n’avait fait qu’une bouchée de lui, et il en était pleinement satisfait. Comblé, en quelque sorte.
Il hocha la tête, et soupira légèrement. Ne rien dire. Evidemment. Comment aurait-il pu en être autrement ? La situation dans laquelle ils étaient n’avait rien de normale, ou de naturelle. Rien de tout cela n’aurait jamais dû se produire. Seulement, le temps et les circonstances avaient joué en leur faveur – ou pas, d’ailleurs. « Personne n’a besoin de savoir. » Confirma l’Australien en passant son bras autour du cou de l’héritière. Il pencha légèrement la tête, et effleura son front du bout de ses lèvres. Sur le coup, le pilote ne réalisa pas que son attitude pouvait prêter à confusion. Il ne réalisa pas que ce moment de tendresse partagé n’était pas forcément logique, puisqu’ils n’étaient rien l’un pour l’autre. Par contre, ce dont il prit immédiatement conscience, c’est la sérénité dans laquelle il se trouvait. Il était juste bien. Satisfait. Et la chaleur que diffusait le corps de l’héritière, lovée contre lui, semblait l’apaiser. « Et puis, je ne tiens pas à rendre tous mes collègues jaloux. » Plaisanta-t-il, tout en sachant pertinemment que plusieurs pilotes auraient aimé pouvoir épingler Carmina Farrell à leur tableau de chasse. Il n’était pas rare que l’héritière de la compagnie aérienne soit au centre des discussions ; nombreux étaient ceux qui admettaient ressentir de l’attirance pour elle. Carlisle s’était toujours tenu en retrait, refusant de prendre part à ces grivoiseries – même si, il devait l’admettre, il était difficile de rester de marbre face à cette femme. Désormais, les choses ne seraient jamais plus comme avant : pour lui, l’héritière n’était plus une source de fantasme. Ils avaient dépassé ce stade quelques heures plus tôt. Il se redressa sur un coude, et enroula une mèche de Carmina autour de son index. « En plus, j’aime bien l’idée d’exclusivité. » Ajouta-t-il, avant de finalement basculer au-dessus d’elle. Il posa ses mains de chaque côté de la tête de l’héritière, la retenant prisonnière. Cette dernière fit la moue, pas forcément convaincue ou enchantée par cette dernière perspective. Le pilote laissa échapper un léger rire, et se pencha pour effleurer ses lèvres. « Au moins pendant un petit moment. » Il ne lui donna jamais le baiser qu’il avait laissé en suspens. A la place, il préféra laisser sa tête reposer sur le haut de la poitrine de l’héritière. Il écouta son cœur battre avec régularité, et savoura pleinement le silence qui s’installait.