ÂGE : trente-trois ans, né le 26 janvier 1990. SURNOM : sid, c'est déjà bien assez court... et c'est déjà un surnom aussi, même si très peu de gens le savent. STATUT : il a finalement trouvé le courage d'avouer ses sentiments à sa belle irlandaise... MÉTIER : tatoueur, propriétaire de son propre salon, wild ink. LOGEMENT : #55, spring hill [appartement] POSTS : 1630 POINTS : 170
TW IN RP : TW IRL : GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : Il a un chat noir et blanc. • Il est bisexuel. • Il adore lire et regarder des documentaires. • Il a une sœur cadette. • Il déteste qu’on le prenne en photo. • Il n’a jamais touché à la drogue. • Il a arrêté de fumer et a réduit sa consommation d’alcool. • Il se spécialise dans les tatouages personnalisés. • Il adore dessiner. • Il aime les chats, la crème glacée à la pistache, les musées, les livres de recettes. • Il n'aime pas les épinards, les huîtres, le marron, les imbéciles et les gens bornés.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #0489B1 RPs EN COURS : aisling #14 • aisling #16 • aisling [r.a. sinling] • min-kyung #2
RPs EN ATTENTE :
wasted on you • and it seems like I've known you forever, I'll keep you safe for one more night, need you to know that it's all right. I see the real you, even if you don't, I do. I do.
blood is thicker than water • we've taken different paths and traveled different roads, I know we'll always end up on the same one when we're old.
J’espère pour toi que t’avais parié des millions, parce que tu viens de gagner le gros lot. Sid pince les lèvres. Il savait qu’il avait raison, mais il aurait tellement voulu se tromper. Pour ne pas trop penser à ce que Jo a pu endurer durant son enfance, il se plonge dans son art. D’abord, tout va bien. Sous ses doigts attentifs, il sent les muscles de son client se contracter et se relâcher, mais il a l’habitude. C’est une conséquence inévitable du médium qu’il a choisi. S’il l’avait voulu, il aurait pu se cantonner au papier ou à la toile, comme tant d’autres artistes. Il a plutôt choisi d’encrer des canevas vivants à la musculature nerveuse et à la peau frémissante, préférant à une surface lisse et sans intérêt l’anatomie capricieuse du corps humain. À ses yeux, c’est justement ce qui fait la richesse du tatouage. Ça, et la nature intrinsèquement éphémère de ces œuvres, qui connaîtront invariablement la pourriture d’un cercueil ou la chaleur d’un incinérateur plutôt que les cadres délicats et les murs d’un musée.
Et puis quelque chose change. La respiration de Jo s’alourdit, comme si Sid s’était appuyé de tout son poids sur son dos au lieu d’y avoir simplement posé la main. Les sourcils froncés, le tatoueur s’arrête. L’aiguille en suspens au-dessus de la ligne qu’il vient de tracer, il tente d’évaluer l’état de son client. Ne percevant rien d’alarmant pour l’instant, il reprend prudemment son travail, s’attaquant au contour du cinq. La voix étranglée de Jo l’interpelle, non pas pour réclamer une pause, mais pour lui demander de raconter son histoire. Sid ne sait pas quoi répondre. Il n’a pas l’habitude de parler de sa vie et lorsqu’il le fait, c’est toujours à demi-mots. Par peur de raviver toutes ces vieilles blessures mal cicatrisées, oui, mais surtout par crainte de voir sa franchise récompensée par de la pitié. Il déteste plus que tout cette étincelle qui s’allume dans les yeux des gens et qui leur permet de camoufler sous un vernis d’empathie les jugements qu’ils passent sur son histoire.
Jo bouge brusquement. L’aiguille dérape et Sid, que le mouvement a pris par surprise, laisse échapper un juron. Inquiet, il éponge la surface pour évaluer les dommages. Heureusement, l’encre a débordé vers l’intérieur du chiffre, là où il allait de toute façon noircir la peau. Mais quelle mouche l’a piqué? L’agacement du tatoueur fond comme neige au soleil lorsqu’il remarque les tremblements qui parcourent le corps de Jo et la sueur qui perle à son front. Reconnaissant les signes avant-coureurs d’une crise de panique, il se redresse. Il relâche la pédale et le bourdonnement de la machine s’arrête. Kenny lève la tête de son cahier, se demandant sans doute si Sid a besoin de lui. Le tatoueur lui fait signe de retourner à ses dessins. Il dépose la machine et retire ses gants pleins d’encre avant de se lever. En quelques pas, il a traversé le salon et rejoint la kitchenette. Du mini frigo, il sort une bouteille d’eau et l’apporte à Jo. Il la lui tend : « Bois. » Il soutient le regard de son client jusqu’à ce qu’il ait décapsulé la bouteille et se soit mis à avaler l’eau à petites gorgées.
Il retourne s’asseoir sur son tabouret. Penché, les avant-bras appuyés sur ses cuisses, il fixe le sol, essayant de mettre de l’ordre dans ses pensées. Les confidences inconfortables lui ont toujours paru plus faciles lorsqu’il ne risque pas de croiser le regard de la personne qui l’écoute. Après une profonde inspiration, il se lance « Moi, c'est ma mère qui m'a pourri la vie. Elle a pas fait exprès, » concède-t-il en fronçant les sourcils, « mais c’est pas comme si ça changeait quelque chose à tout ce que j’ai vécu. » Il soupire et passe une main dans ses cheveux. « C'était une junkie. Elle avait arrêté de consommer avant ma naissance, mais quand ma petite sœur est née, elle a replongé. Je me suis occupée d’elle pendant des années. Quand elle s’écrasait un peu partout dans la maison, c’est moi qui la ramenais dans sa chambre. Quand ses cocktails de pilules et de poudre la rendaient malade, c’est moi qui nettoyais derrière elle. Parfois, elle ne me reconnaissait même pas tellement elle avait consommé. Elle a fini par en crever d’ailleurs. J'ai jamais su si c'était volontaire ou accidentel. » Erreur de dosage ou suicide? Voilà une question à laquelle il ne connaîtrait jamais la réponse.
Il lui en a tellement voulu, lui en veut encore parfois d’avoir tout saccagé. Non contente de s’autodétruire, elle a bien failli emporter son mari et ses enfants avec elle. La seule bonne chose qu’elle a réussi à faire, c’est d’inspirer à son fils la peur des drogues. Car Sid ne se fait pas d’illusions, s’il n’avait pas été aussi violemment confronté à sa déchéance, il se serait probablement tourné à son tour vers les pilules et la poudre pour engourdir sa douleur. Parfois, il s’en veut de se montrer aussi dur. Intellectuellement, il comprend que les problèmes de consommation sont une maladie, que sa mère, au fond, était elle-même victime de sa biologie défaillante. Cependant, l’enfant et l’adolescent meurtris qui vivent toujours tapis quelque part en lui n’arrivent pas à lui pardonner d’avoir été incapable d’être une vraie mère. « Le plus difficile, c’est qu’au début, elle n’était pas toujours comme ça. Il y avait des moments où elle était presque… normale. » Il a vu des bribes de la femme souriante, chaleureuse et maternelle qu’elle aurait pu être, mais elle est disparu aussi soudainement qu’elle était apparue, le laissant seul avec le deuil de cette vie qui aurait pu être possible. « Je devrais probablement me compter chanceux d’avoir vécu tout ça parce que ce sont ces épreuves-là qui ont fait de moi la personne que je suis devenue, mais la vérité, c’est que j’aurais donné n’importe quoi pour avoir une vie normale, » souffle-t-il.
just kiss me in the dark
maybe i’m just as scared as you. it's alright, stay by my side on the edge of everything we know. it's alright, just don't look down and i will hold on and never let go. you're right beside me, so just close your eyes, i'll never let go. you're all that i need, so just close your eyes. • close your eyes, rhodes
Te revoilà, vingt-cinq ans plus tard, à ravaler les larmes de douleur qui te brûlent les yeux. Les cris sont coincés dans le fond de ta gorge, et c’est une chance. Ton père avait pour habitude de te punir dans le sous-sol, là où aucune voix ne traversait les murs pour atteindre les oreilles sensibles d’une personne assez concernée pour appeler la police. Tout cela se faisait dans le plus secret des secrets. Pourtant, dans ce salon de tatouage, il ne fait pas sombre. L’air n’est pas étouffant et les mots de ton père ne t’agressent pas. Tu récoltes juste assez d’éléments pour rester dans le moment présent. Ce n’est pas une ceinture qui te mord le dos. C’est l’aiguille d’un tatoueur. Tu n’es pas chez tes parents. Pourtant, ton corps est couvert de sueur et ta respiration se fait de plus en plus lourde, pesante, comme si une masse imposante te clouait contre la chaise. Tu fermes fortement les yeux, tentant de rassembler tes idées les plus claires et de jeter celles qui assombrissent ton cœur. Le ronronnement du moteur cesse et tu rouvres les paupières, surpris. Machinalement, ta tête pivote vers Sid et tu croises son regard, oubliant presque ton état lamentable. Ta peau est aussi pâle que la neige canadienne et tes iris plongés dans l’océan. Le tatoueur s’anime, retire ses gants et repose son matériel avant de se lever comme si l’édifice était en feu. Tu le suis du regard, les sourcils froncés et tu souffles :
- Qu’est-ce qu…
Tu n’arrives pas à terminer ta phrase que ta voix se coupe violemment. Tu n’as définitivement plus aucune salive et la sécheresse dans ta gorge t’arrache une grimace. Quelques secondes plus tard, ton sauveur revient avec une bouteille dos, comme s’il avait deviné qu’un désert s’était installé dans ta bouche. Sous son regard insistant, tu portes le goulot à tes lèvres et tu profites de ces premières gorgées rafraîchissantes qui te font l’effet d’une cascade dans tout le corps. Bientôt, tu te permets d’avaler de plus généreuses gorgées, certain de ne pas t’étouffer. Le tatoueur reprend place dans son siège mais sa garde se fait plus basse. Comme tu l’as fait quelques minutes plutôt, il se met à fixer le plancher comme s’il était son confident. Il reprend la parole et tu comprends que, lui, il a le courage de raconter ce genre d’histoire. Tu décides de détourner les yeux pour lui laisser le reste d’intimité qu’il peut recevoir et ton attention s’ancre sur un grand aquarium que tu n’avais étrangement pas remarqué depuis ton arrivée. Tu observes chacun des poissons colorés, un à un, tandis que les mots difficiles de Sid viennent te nouer la gorge. Attentif à ses récits, tu redresses le dos, instinctivement, lorsqu’il explique que sa mère était une junkie. Un terme que tu n’as jamais apprécié. Un terme qui dérobe toute la crédibilité d’une personne, peu importe sa valeur. Un seul mot pour arracher le vécu d’une personne que le monde considère dorénavant comme un fou, un dépendant à l’excès, un délinquant. Lorsqu’on devient un junkie, aux yeux des autres, on devient un animal, un déchet sur le bord de la route qui ne vaut pas la peine d’être ramassé. Tu décides de ne rien dire, sachant pertinemment que ce n’est pas le moment de débattre. Lorsqu’il termine en admettant qu’il ne sait pas si la mort de sa mère était préméditée ou pas, tu te pinces les lèvres. Ces morts sont rarement des suicides. Tu as accompagné un ami deux fois à l’hôpital pour des raisons de mauvais dosage. Jamais la lumière au bout du tunnel ne l’a intéressé. Mais, peut-être était-il un cas à part. - J’suis désolé. Mais si tu veux savoir mon avis, j’pense pas qu’elle a réellement voulu vous laisser. J’la connais pas, j’dis peut-être n’importe quoi, mais crois-moi, un junkie, comme tu dis, ne cherche habituellement pas le réconfort dans la mort.
Tu devrais probablement éviter de trop en dire à ce sujet. Tu parles par expérience et, lorsqu’une personne s’y connait bien dans un sujet, ça s’entend à son ton. Tu ne parles pas dans le vide. Tu n’es pas le radis dans l’assiette de légumes. Et cette métaphore ne fait aucun sens. Je suis fatiguée. Tu détournes à nouveau les yeux vers l’habitat aquatique dans le fond de la pièce lorsqu’il continue l’histoire que tu as demandé à entendre pour ne plus te sentir aussi seul. Un léger sourire soulève le coin de tes lèvres lorsque Sid raconte qu’il a au moins eu la chance de voir sa véritable mère, sans que la poudre ou les pilules ne voilent son visage. Pourtant, le plus jeune ne semble pas en avoir de réels souvenirs positifs, comme s’ils n’avaient été que de faux espoirs promettant une vie familiale parfaite. Un soupir gonfle ta poitrine et, tandis que la température de ton corps diminue, tu te rends compte de ta nudité assez gênante et tu pivotes sur ton siège pour te retrouver dans la position initiale, les bras sur l’accoudoir. Tu marmonnes :
- Yep. T’es devenu tatoueur. T’as une vie d’rêve, non ? Les gens payent pour que tu leur poinçonnes la peau. Allez. Finis c’que t’as commencé si tu veux ta paye.
Tu te trémousses le dos pour attirer son attention dessus. Il a des chiffres à terminer. Tu marques une pause, observant Kenny quelques secondes, avant de lancer : - C’est quoi une vie normale pour toi, d’ailleurs ? Sa vie à lui ?
Tu pointes l’assistant du menton, lui qui redresse la tête au même moment et qui vous interroge du regard. Il semble totalement perdu, ce type. Tu ricanes dans ta barbe en te libérant les yeux de quelques mèches collées à ton front. Vraiment, il faudra que tu prennes rendez-vous avec un coiffeur. De nouveau dos à Sid, tu te permets de l’interroger une seconde fois, certain de ne pas voir sa réaction :
- T’as pas parlé d’t’on père. T’en as un ?
Tu serres les poings et les dents, sachant que lorsque l’aiguille entrera à nouveau en contact avec ta chair, il te faudra retrouver ta concentration pour ne pas perdre la tête une seconde fois.
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Sid Bauer
le tatoueur au coeur tendre
ÂGE : trente-trois ans, né le 26 janvier 1990. SURNOM : sid, c'est déjà bien assez court... et c'est déjà un surnom aussi, même si très peu de gens le savent. STATUT : il a finalement trouvé le courage d'avouer ses sentiments à sa belle irlandaise... MÉTIER : tatoueur, propriétaire de son propre salon, wild ink. LOGEMENT : #55, spring hill [appartement] POSTS : 1630 POINTS : 170
TW IN RP : TW IRL : GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : Il a un chat noir et blanc. • Il est bisexuel. • Il adore lire et regarder des documentaires. • Il a une sœur cadette. • Il déteste qu’on le prenne en photo. • Il n’a jamais touché à la drogue. • Il a arrêté de fumer et a réduit sa consommation d’alcool. • Il se spécialise dans les tatouages personnalisés. • Il adore dessiner. • Il aime les chats, la crème glacée à la pistache, les musées, les livres de recettes. • Il n'aime pas les épinards, les huîtres, le marron, les imbéciles et les gens bornés.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #0489B1 RPs EN COURS : aisling #14 • aisling #16 • aisling [r.a. sinling] • min-kyung #2
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wasted on you • and it seems like I've known you forever, I'll keep you safe for one more night, need you to know that it's all right. I see the real you, even if you don't, I do. I do.
blood is thicker than water • we've taken different paths and traveled different roads, I know we'll always end up on the same one when we're old.
D'un ton sérieux qu’il n’a pas beaucoup employé depuis son arrivée au salon, Jo se dit désolé de ce qui est arrivé à la mère de Sid. Il poursuit et, du même souffle, explique qu’à son avis, elle ne voulait pas mourir. À une autre époque, Sid aurait probablement été offensé que ce presque inconnu ait osé porter un jugement sur une situation qu’il ne connaît que par les bribes qui lui ont été racontées. Mais il a vieilli et s’est assagi depuis. Il a fini par comprendre que même s’il a connu des moments vachement difficiles dans sa vie, ça ne veut pas dire pour autant qu'il a le monopole de la douleur et que personne ne peut comprendre ce qu'il a vécu. De toute façon, il y dans la voix de Jo un éclat de sincérité qui ne trompe pas et qui laisse Sid songeur. Il a parlé comme s'il s'y connaissait, comme s'il avait puisé dans ses propres expériences pour en arriver à cette conclusion. Rangeant cette nouvelle parcelle d'information quelque part dans un recoin de son esprit, le tatoueur continue son histoire. En ouvrant la bouche, il n’avait pas l’intention de se montrer aussi vulnérable et lorsqu’il se tait, son estomac se tort d’inconfort. C’est qu’il n’a pas l’habitude de brasser de vieux souvenirs comme ça, et encore moins avec des gens qu’il connaît à peine.
Heureusement, il peut compter sur Jo pour briser l’atmosphère suffocante de la conversation. Il ramène Sid à l’ordre en lui rappelant qu’il a un tatouage à terminer. Faussement agacé, le jeune homme lève les yeux au ciel. « Oui, chef, » répond-il en imitant paresseusement le salut militaire. Au lieu de remettre les gants chiffonnés et pleins d’encre, il en sort une nouvelle paire stérile de son tiroir et les autres finissent à la poubelle. En enfilant les nouveaux gants, il réfléchit aux paroles de son client. Mène-t-il vraiment une vie idéale? Possible. Il a réussi à réaliser son rêve, ce qui, en soi, est déjà beaucoup plus que beaucoup de personnes. Il s’en est bien tiré malgré tout. Les choses auraient facilement pu mal tourner, comme elles ont bien failli le faire. Mélangée à la colère d’une vie et à une peine insurmontable, la liberté peut être dangereuse. En arrivant à Brisbane, où il ne répondait enfin plus que de lui-même, il s’était aventuré sur un chemin cahoteux, parsemé de beuveries et de batailles. Si Andrew n’avait pas menacé de le renvoyer de son salon, qui sait où il se serait retrouvé? Terrifié à l’idée de perdre sa place d’apprenti et de devoir dire adieu à son rêve, il avait repris le contrôle de sa vie. Il ignore s’il a vraiment du mérite d’avoir réussi ou s’il a juste été incroyablement chanceux.
C’est quoi une vie normale pour toi, d’ailleurs? Sa vie à lui? Le tatoueur tourne la tête vers Kenny, qui les observe d’un air confus. Il hoche la tête, amusé. Visiblement, la tête de son assistant ne revient pas à Jo, qui n’en est pas à son premier coup d’œil moqueur. Mais comme ce n’est pas vraiment méchant, il se contente de répondre au commentaire de son client. « D'accord, peut-être que normale n'était pas le bon mot. Tout est toujours relatif, surtout la normalité. Mais j'aurais aimé que les choses soient différentes. » Il aurait surtout voulu connaître le bonheur de l’insouciance. Vivre sans avoir à s'inquiéter d’insurmontables difficultés, voilà un luxe qui lui a toujours semblé au-dessus de ses moyens Le visage souriant d'Aisling s'interpose dans son esprit. Aisling, qu'il a sortie du pétrin des dizaines de fois. Aisling, qui s'essaie à la sobriété depuis quelques mois. Aisling, à qui il n'ose toujours pas révéler que les sentiments qu'il ressent à son égard sont moins platoniques qu'il ne le croyait. Aurait-il su l'appuyer s'il n'avait pas déjà eu à s'occuper de sa mère? L'aurait-il même remarquée, ce premier soir, petite ombre angoissée au milieu de la foule, s'il n'avait pas développé ce besoin irrépressible de prendre soin de tout le monde tout le temps?
Il reprend la machine, puis repositionne son tabouret correctement. Il actionne la pédale et se penche à nouveau vers le dos de son client où l’ébauche des chiffres contraste violemment avec la peau pâle en-dessous. Sans savoir exactement ce qui s’est passé pour que Jo frise la crise de panique, Sid se doute que la situation lui a rappelé de mauvais souvenirs. C’est donc pour le distraire de ses idées noires qu’il accepte de répondre à la prochaine question même s’il a déjà l’impression d’en avoir beaucoup – trop? – dévoilé. « J'en ai un. Il est toujours vivant. » Il s’interrompt momentanément, pinçant les lèvres le temps de se concentrer sur la courbe qu’il est en train de tracer. « Il faisait ce qu'il pouvait, mais je pense qu'il était dépassé par les événements. Et comme c'était un motard et il était souvent parti avec son club. Alors je m’occupais de ma petite sœur en plus de ma mère. Je l’ai pratiquement élevée. Je suis presque certain que c'est lui qui fournissait les drogues à ma mère. » Il avait fini par tirer cette conclusion, mais il n'avait jamais osé poser la question, sachant très bien qu'il n'était pas prêt à entendre la réponse. Pendant un moment, il n’y a que le bourdonnement de la machine qui traverse le silence de la pièce. Sid continue à travailler patiemment, suivant avec minutie le stencil qu’il a appliqué. Il s’écarte un peu pour essuyer l’excédent d’encre rejetée par la peau. En observant la vue d’ensemble, il survole du regard les cicatrices. Succombant à son tour aux stéréotypes, il suppose que c’est le père de Jo qui est à blâmer. « Le tien était comment? » La question déboule de ses lèvres sans qu’il y ait trop réfléchi, mais il n’essaie pas de la retenir. Il avait promis de ne pas interroger son client, oui, mais c’était avant que la séance de tatouage ne devienne une séance de thérapie. Et du reste, il ne doute pas un instant que Jo saura éviter de répondre s’il n’en a pas envie.
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Ce n’est pas que la tête de Kenny ne te revient pas. C’est qu’il semble tellement perdu, ce gamin. Tu as l’impression que, un matin, il est tombé du ciel derrière ce bureau et que Sid l’a engagé en haussant les épaules. Il ne fait pas mal son travail, au contraire. C’est juste qu’il a l’air perdu, autant que toi quand tu ne savais pas si tu devais prendre place dans le siège ou si tu devais garder tes fesses sur le canapé. Peut-être aurait-il besoin d’une boussole dans la cervelle. Mais tu as tiré ta propre conclusion : il est là pour se faire un peu d’argent tandis qu’il étudie, à côté. Tu ne lui donnes pas plus de vingt-trois ans. Sid reprend sa définition de normal, il précise qu’il aurait plutôt préféré que les choses soient différentes. Tu glousses, pensif. Tu laisses ton instinct répondre sans trop y réfléchir. - Yep, et dans cet univers alternatif où les choses se sont passées différemment, tu te poses la même question. Crois-moi, t’es pas si mal où t’es. C’est déjà fantastique qu’tu sois tombé dans un pays où y’a pas d’neige en hiver. On s’les gèle pas.
Un sourire amusé redresse tes lèvres et tu t’assures une dernière fois que tes cheveux sont bien coincés dans le chignon pour éviter qu’ils ne nuisent au travail du tatoueur. Le son de la machine fait de nouveau vibrer l’air et tu inspires doucement en reposant ton attention sur le carrelage qui n’a pas changé et qui ne changera pas de sitôt. Tu profites du moment pour ramener un autre sujet sur la table, dans l’espoir d’occuper tes pensées qui se retourneront rapidement vers la douleur si tu laisses le silence vous envahir une nouvelle fois. Sid te confirme que son père se trimbale toujours quelque part, peut-être à Brisbane, peut-être ailleurs, il ne te l’a pas précisé. Tu roules en boucle des images dans ta tête pour contourner cette sensation d’aiguille qui te creuse la peau. Sid reprend enfin la parole mais pour te révéler des informations qui ont peur effet de te nouer la gorge. Tu restes muet quelques secondes lorsqu’il se tait et tu hoches très légèrement la tête, compréhensif. Si son père était physiquement absent, ta mère l’était mentalement. Elle te voyait, t’entendait, mais ne disait rien comme si ses lèvres avaient été clouées ensemble. Mais, quelque chose dans l’histoire du tatoueur a capté son attention. Il a parlé d’une sorte de club duquel il rapportait de la drogue. Intrigué, il demande, entre deux vagues de douleur :
- Un club, hein ? Une sorte de gang ?
Conscient que ce n’est probablement pas la meilleure question à poser, tu te reprends : - Et ta sœur, elle a bien tourné ? J’veux dire, pas aussi pire que toi ?
Tu plaisantes, et, pour lui faire savoir que tu es sarcastique, tu ricanes légèrement, évitant de trop bouger pour ne pas faire déraper son aiguille une seconde fois. Car, ce type, il n’a pas mal tourné. Même s’il pourrait être délinquant aux yeux de la classe moyenne à cause des tatouages qui recouvrent son corps et des quelques piercings qui parsèment son visage, tu es prêt à parier que tu es une personne bien moins respectable. La différence entre vous deux est que toi tu te fais plus discret, tu n’aimes pas attirer les regards. Tu préfères être le minuscule nuage au beau milieu de la tornade : personne ne te remarque. T-shirt blanc, jeans foncés, rien de plus extravagant. La question t’est renvoyée. Tu aurais dû la voir venir. Tu décides de plonger ton regard dans l’aquarium et tu te mets machinalement à compter le nombre de poissons en essayant de ne pas trop laisser les souvenirs remonter à la surface.
- Assez différent du tien. L’inverse, même. Il était trop présent. J’pouvais pas faire un pas sans sentir ses yeux de taureau sur moi. Et il avait une vision d’la vie qu’j’ai jamais partagé. Le genre de mec qui demande à Dieu c’qu’il a fait pour mériter un fils aussi irresponsable que moi. Quand il m’battait, il m’disait qu’il se punissait lui-même pour avoir raté mon éducation. Alors il ne savait pas quand arrêter. Il ne la sentait pas, la putain d’ceinture, lui.
Ce n’est que lorsque tu te tais que tu remarques la tension dans tes muscles. Tu te détends automatiquement en expirant, oubliant presque la douleur dans ton dos. Tu marmonnes : - Et ma mère ne faisait que l’suivre, lui. Elle n’a jamais donné son avis. Alors j’te laisse deviner que j’n’ai pas vraiment d’famille moi non plus. J’les ai pas revus depuis vingt ans. Sont p’t’être morts et je l’saurais même pas.
Tu reportes ton regard vers l’avant, jugeant que tu as assez scruté les poissons pour te rappeler tous les noms que tu leur as inconsciemment donnés. Tu t’étais trouvé une nouvelle famille dans laquelle tu te sentais comme chez toi mais la justice t’en a séparé. Ce n’est pas le gang qui te manque, mais cette impression d’être entouré de gens qui te comprennent sans que tu n’aies à prononcer un mot. La commissure de tes lèvres s’étire et tu glousses : - J’ai une p’tite sœur, aussi. J’la vois pas souvent mais j’sais qu’elle est encore vivante. Elle habite à Brisbane, la tienne ?
Tu ne lui en veux pas, à Arielle. Elle n’a jamais réagi, elle non plus, mais elle suivait l’exemple de votre mère. Elle ne voulait pas subir les colères et tu la comprends. Et tu as aussi compris que, si elle préfère t’éviter, c’est parce qu’elle s’en veut d’avoir récolté tout l’amour du monde en naissant.
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Sid Bauer
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ÂGE : trente-trois ans, né le 26 janvier 1990. SURNOM : sid, c'est déjà bien assez court... et c'est déjà un surnom aussi, même si très peu de gens le savent. STATUT : il a finalement trouvé le courage d'avouer ses sentiments à sa belle irlandaise... MÉTIER : tatoueur, propriétaire de son propre salon, wild ink. LOGEMENT : #55, spring hill [appartement] POSTS : 1630 POINTS : 170
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blood is thicker than water • we've taken different paths and traveled different roads, I know we'll always end up on the same one when we're old.
L’air intrigué, Jo lui demande si son père faisait partie d’un gang. Peut-être par peur d’avoir froissé Sid en insinuant que son père pouvait être un criminel, il poursuit presque immédiatement avec une autre question, sur Caro cette fois. C’est plus fort que lui, le tatoueur ne peut s’empêcher de sourire quand on lui parle de sa petite sœur. Cette fois-ci n’échappe pas à la règle et ses lèvres se tordent d’elles-mêmes. Caroline a toujours été la prunelle de ses yeux et il n’aurait pas été moins fier d’elle si elle avait été sa propre fille plutôt que sa sœur. « Oh, elle a bien mieux tourné que moi. Moi, je fais juste des graffitis sur la peau des gens, mais elle, elle a fait des études en communication et en marketing, elle a fini première de classe et elle cumule les emplois importants depuis, » explique-t-il d’une voix amusée. Enfin, ça c’était avant l’accident. Il craint que les semaines de physiothérapie et de réhabilitation nécessaires pour atténuer les séquelles n’affectent sérieusement sa carrière. Pour éviter de donner l’occasion à l’inquiétude de reprendre trop de place dans sa poitrine, il répond à la première question de Jo. « Mon père faisait partie des Wild Devils. C’est l’un des MC* les plus importants de Melbourne. En gros, c’est des vieux chevelus qui font de la moto ensemble et la plupart des membres étaient parfaitement clean. Mais il y en avait quelques-uns qui trempaient dans des trucs louches. Quand mon père me traînait au local du club, je les voyais parfois qui discutaient à voix basse dans un coin. Mon père a longtemps été le bras droit du chef, il devait forcément être au courant des deals. J’pense qu’il les aidait et qu’en échange, ils lui vendaient des drogues pas chères. On n'était pas riches, je vois pas comment ma mère aurait pu continuer à consommer autant sans qu'on se retrouve à la rue sinon. » Car, malgré tout ce qu’il peut reprocher à ses parents, lui et Caro ont presque toujours eu de quoi manger et des vêtements convenables à se mettre. Et ils n’avaient jamais reçu la visite de dealers peu commodes réclamant leur argent. C’est ce fait, plus que tout le reste, qui avait fini par faire croire à Sid que son père avait sans doute quelque chose à voir dans l’approvisionnement en drogues de sa mère.
À la grande surprise de Sid, Jo se met à raconter lui aussi son histoire. Penché sur son travail, le tatoueur l’écoute attentivement. Devant ses yeux, les images déprimantes qu’il essayait de repousser qu’il a aperçu les cicatrices se précisent : un gamin terrifié devant la silhouette menaçante d’un homme qui brandit une ceinture, un enfant au dos ensanglanté qui pleure en silence, une femme maigre et nerveuse aussi présente qu’un fantôme. La mâchoire serrée, il se demande pourquoi des gens aussi mal équipés pour élever des enfants que les parents de Jo ou les siens décident tout de même d’en avoir. Et comment certaines personnes arrivent à tordre suffisamment les messages de leur religion pour croire qu’il est juste et bon de battre leur propre fils. Profitant d’une pause dans la conversation, Sid souffle : « J’suis désolé. » Ce n’est pas grand-chose, il le sait, mais il ne voit pas ce qu’il pourrait dire d’autre sans ressortir des clichés plats et inutiles (oui mais t’en es sûrement sorti plus fort) ou se complaire dans les évidences (c’est horrible ce qui t’es arrivé).
Le contour des chiffres est finalement terminé. À l’aide d’un peu d’eau et d’un papier essuie-tout, Sid enlève l’encre et le sang qui ont remonté à la surface de la peau. À l’exception de la ligne qui a débordé quand Jo a bougé, le résultat est parfait, constate-t-il avec une pointe de satisfaction. Il fait pivoter son tabouret vers sa station de travail. Prudemment, pour éviter de se piquer, il enlève l’aiguille de la machine et la retourne dans son emballage, duquel il tire celle dont il aura besoin pour remplir les chiffres. En la vissant à la machine, il explique à son client où ils en sont : « J’ai presque fini, j’en ai probablement pour une dizaine de minutes encore. » En se repenchant vers le dos de Jo, il répond à sa question. « Oui, elle est déménagée à Brisbane il y a quelques années avec mon père. Ça m’arrange parce que je détestais retourner à Melbourne. » Trop de souvenirs pénibles sont rattachés à cette ville où il ne s’est jamais vraiment senti chez lui. Les rares fois où il y est revenu, il avait l’impression de voir le fantôme de sa mère partout. Du coin de l’œil, il voit Kenny qui s’avance à pas lents vers l’aquarium. Dès que les premiers flocons de nourriture touchent l’eau, les poissons foncent presque comme une seule et même entité vers la surface. Kenny, lui, perd son air apathique habituel et sourit en parlant à voix basse aux petites créatures. De toute les tâches que lui confie Sid, c’est clairement sa préférée (pour ne pas dire la seule qu’il aime). Délaissant les poissons, le tatoueur revient à son travail. Aurait-il été capable, lui, de couper les ponts avec sa famille pendant aussi longtemps? Difficile à dire sans avoir été à la place de Jo, mais il n’en est pas certain. Il aurait au moins voulu savoir si le monstre de ses cauchemars vivait toujours ou non. Curieux, il se demande à quel âge son client a quitté le « nid familial ». Sid ne lui donne guère plus que la mi-trentaine, ce qui veut dire qu’il était très jeune, trop jeune, sans doute, pour pouvoir vivre légalement par lui-même lorsqu’il est parti. « Tu as été placé en famille d’accueil? »
*MC = Motorcycle Club
just kiss me in the dark
maybe i’m just as scared as you. it's alright, stay by my side on the edge of everything we know. it's alright, just don't look down and i will hold on and never let go. you're right beside me, so just close your eyes, i'll never let go. you're all that i need, so just close your eyes. • close your eyes, rhodes
Alors, leur vie se ressemble plus qu’ils n’auraient pu l’imaginer. Ils ont tous les deux grandi dans un cadre familial boiteux, faussement élevés par des parents qui n’auraient jamais dû, à la base, offrir la vie à de nouvelles petites têtes. Un grand frère et une petite sœur. Et, dans les deux cas, c’est la sœur qui a réussi à devenir le rêve d’une mère et d’un père fier. Lorsque Sid répond à la question de Joseph, il entend un sourire dans ses paroles. Il est donc fier d’elle. Il l’aime, ça se sent. Un gloussement s’échappe des lèvres de celui qui se fait tatouer puis il répond, d’un ton amusé : - Ce n’est pas parce que l’école lui convenait davantage qu’elle a plus réussi que toi, mec. Suffit d’aimer c’qu’on fait et on a réussi.
Il marque une pause en se mordant la lèvre inférieure, tentant d’ignorer l’aiguille qui lui dévore la peau. S’il suit sa propre logique, il n’a pas réussi, lui. Il sacrifierait beaucoup de choses pour trouver un moyen de vivre sa vie sans détester la sonnerie du réveille-matin. Il aimerait se lever le matin et savoir que c’est une belle journée qu’il l’attend. Mais, en faisant partie de cette catégorie de gens qui ne supportent pas la routine, il s’empêche lui-même de tester une nouvelle expérience qui pourrait lui permettre d’atteindre un but qu’il ne s’est pas encore posé.
- Ma sœur aussi elle s’en sort pas mal du tout. Elle gère des médocs, elle soigne des malades derrière un comptoir. Elle n’a pas fait les études de médecine, mais elle en a fait assez pour représenter une pharmacie entière.
Il repense à elle, à sa façon de remonter ses cheveux sur sa tête lorsqu’elle tente de cacher le feu qui monte en elle lorsque son frère fait une connerie. Mais, ses joues écarlates dévoilent les émotions qui traversent ses pensées à chaque fois qu’elle apprend que Joseph s’est encore mis dans le pétrin. Et c’est arrivé à plusieurs reprises. C’était bien la seule qui pouvait aller le chercher au commissariat quand il se faisait coincer entre le mur et la pression d’un policier. Étrangement, Sid décide de répondre à la première question que son interlocuteur avait préféré couper, pour ne pas trop s’immiscer dans sa vie privée. Il lui offre d’ailleurs une réponse détaillée qui lui donne un indice important : Sid est familier avec les gangs. Il ne doit d’ailleurs pas les garder bien dans son cœur, d’ailleurs, car il semble avoir longtemps réfléchi avant de tirer sa conclusion : si sa mère était aussi dépendante à la drogue, c’est bien à cause de son conjoint qui en rapportait entre les quatre murs de leur maison. Plongé dans les questionnements, Joseph fronce les sourcils et s’exclame :
- Pourquoi il lui refilait du stock ? Il avait bien vu qu’elle perdait toute sa tête, non ?
C’est à son tour d’étendre une parcelle de sa vie à qui bon veut écouter. Raconter les manières ignobles de son père, l’ignorance de sa mère, ça lui apportait un drôle de sentiment. Il n’avait pas l’habitude de se faire interroger à propos de sa famille. Les gens avaient pour habitude de simplement déduire qu’il était un solitaire par choix et qu’il avait décidé de continuer sa vie en suivant le modèle de la liberté et du plaisir. Après avoir raconté son passé minable qu’il aimerait tant oublier, Joseph reçoit un simple désolé de la part du tatoueur et il sourit en coin sans rien ajouter en baissant lentement la tête pour poser son menton sur ses avant-bras. - Yep.
Bientôt, on lui annonce que le travail de l’artiste s’achève bientôt et il se contente d’acquiescer avec une onomatopée. Si sa peau était moins collante de sueur qu’auparavant, il avait tout de même hâte de ne plus entendre le bourdonnement de la machine qui commençait à s’imprégner dans sa tête comme la détestable musique d’une mauvaise publicité. - Avec ton père ? Ils habitent ensemble ? Putain, j’laisserais pas ma soeur dans la même pièce que l’homme qui a assassiné sa mère.
Il s’arrête, se crispe légèrement. Il se rend compte qu’il a perdu tout le tact qu’il avait réussi à accumuler à l’écoute des sujets poignants. Il vient ouvertement de culpabiliser son paternel pour la mort de la femme qui aurait dû l’élever.
- Désolé, c’est sorti d’ma bouche plus violemment que j’l’aurais imaginé.
La silhouette de Kenny traverse son champ de vision. Il le lorgne tandis qu’il rejoint le large aquarium puis ses lèvres s’étirent en un sourire enfantin lorsque la masse de poissons colorés se met à tourbillonner à la surface de l’eau tandis qu’une pluie de nourriture tombe sur leur museau. Il a toujours aimé les animaux, Joseph. Lui et la vache que sa famille élevait étaient de bons amis. Elle pouvait l’écouter parler pendant des heures sans jamais l’interrompre. Elle broutait l’herbe, les oreilles attentives, les paupières mi-closes.
- En famille d’accueil ? Non. J’étais assez vieux pour travailler, alors j’ai fait ça, et j’me suis trouvé un appartement assez louche. Le propriétaire m’a jamais posé d’questions, j’avais une tête plus mature que les autres mecs de dix-sept ans.
Il marque une pause, attentif aux derniers poissons qui cherchent encore des infimes miettes de nourriture.
- Tu l’payes combien, Kenny, pour nourrir des poissons ?
La question est légitime. Il veut savoir si un adolescent qui n’a probablement pas encore fait l’amour reçoit un meilleur salaire que lui. Il a l’impression qu’il sera payé au minimum toute sa vie et ce n’est pas la motivation qui l’aide à oublier sa situation honteuse.
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Sid Bauer
le tatoueur au coeur tendre
ÂGE : trente-trois ans, né le 26 janvier 1990. SURNOM : sid, c'est déjà bien assez court... et c'est déjà un surnom aussi, même si très peu de gens le savent. STATUT : il a finalement trouvé le courage d'avouer ses sentiments à sa belle irlandaise... MÉTIER : tatoueur, propriétaire de son propre salon, wild ink. LOGEMENT : #55, spring hill [appartement] POSTS : 1630 POINTS : 170
TW IN RP : TW IRL : GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : Il a un chat noir et blanc. • Il est bisexuel. • Il adore lire et regarder des documentaires. • Il a une sœur cadette. • Il déteste qu’on le prenne en photo. • Il n’a jamais touché à la drogue. • Il a arrêté de fumer et a réduit sa consommation d’alcool. • Il se spécialise dans les tatouages personnalisés. • Il adore dessiner. • Il aime les chats, la crème glacée à la pistache, les musées, les livres de recettes. • Il n'aime pas les épinards, les huîtres, le marron, les imbéciles et les gens bornés.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #0489B1 RPs EN COURS : aisling #14 • aisling #16 • aisling [r.a. sinling] • min-kyung #2
RPs EN ATTENTE :
wasted on you • and it seems like I've known you forever, I'll keep you safe for one more night, need you to know that it's all right. I see the real you, even if you don't, I do. I do.
blood is thicker than water • we've taken different paths and traveled different roads, I know we'll always end up on the same one when we're old.
Pourquoi son père aurait-il fourni à sa femme les drogues qu’elle prenait? Sid n’en sait rien puisqu’il n’a jamais abordé le sujet avec lui. Il hausse les épaules avant de se rendre compte que Jo ne peut évidemment pas voir le mouvement puisqu’il lui fait dos. Il exprime donc son incertitude : « Aucune idée. Je pense qu’il était dépassé par les événements. » Elle avait déjà des problèmes de consommation au début de leur relation, mais elle avait réussi une cure de désintoxication un peu avant sa première grossesse. C’est la naissance de Caro et la dépression post-partum qui a suivi qui l’ont ramenée à ses vieilles habitudes. Peut-être que ces années de sobriété l’avait trop mis en confiance et qu’il n’avait plus su gérer la situation. « Il se disait sans doute qu’elle allait consommer de toute façon. Et puis au moins, de cette façon, j’imagine qu’il pouvait contrôler la qualité de ce qu’elle prenait. » Au moins, en achetant à ses frères motards, il ne risquait pas de tomber sur de la dope coupée avec des cochonneries, système d’honneur et de loyauté oblige.
Putain, j’laisserais pas ma sœur dans la même pièce que l’homme qui a assassiné sa mère. Le tatoueur a déjà pu constater à plusieurs reprises que son client n’hésite jamais à dire le fond de sa pensée, ce qui ne l’empêche pas de serrer la mâchoire de mécontentement en entendant ce dernier commentaire. « Il ne l’a pas assassinée. Elle savait parfaitement ce qu’elle faisait, » rétorque-t-il froidement. Les paroles de Jo raniment la vieille culpabilité qu’il ressent à chaque fois qu’il pense à la façon dont il s’est enfui après les funérailles de sa mère, laissant Caro à elle-même. Il s’est bien gardé de raconter cette partie de l’histoire et il en est heureux. Il n’est pas prêt à exposer cette blessure encore vive au premier venu, surtout quand le premier venu en question risque fort d’y verser du sel. Sans doute conscient de son faux pas, Jo s’excuse. Le tatoueur soupire. « Ça va, » répond-il d’un ton un peu trop brusque pour être parfaitement naturel. La conversation lui paraît trop lourde tout à coup. Il n’est donc pas trop déçu de voir qu’elle prend une tournure un peu plus légère alors que son client lui explique qu’il s’est trouvé un appartement et un emploi après avoir quitté sa famille. « C’est sûr, plus c’est louche, moins les gens posent de questions. » Ça lui rappelle ce minuscule salon de tatouage à la propreté douteuse où il s’est fait tatouer la première fois. Même si c’était évident qu’il n’avait pas l’âge requis par la loi pour se faire encrer, le type n’avait pas hésité un instant avant de prendre ses billets et de reproduire le logo de Batman sur son avant-bras. En rétrospective, il se dit qu’il a tout de même été vachement chanceux de ne pas avoir chopé d’infection.
L’attention de Jo s’est une fois de plus tournée vers l’employé de Sid. Ce dernier lève les yeux de son ouvrage le temps de jeter un coup d’œil dans la direction de Kenny qui, même s’il a terminé de nourrir les poissons, les observe toujours avec un air qui se rapproche dangereusement de l’adoration et qui arrache un ricanement amusé au tatoueur. « Je lui donne un peu plus que le salaire minimum. Comme il travaille juste à temps partiel, ça lui fait un salaire un peu plus substantiel. » Avec aisance, il remplit la courbe inférieure du neuf. « Pourquoi, tu te cherches du boulot? » demande-t-il à la blague. Il relâche enfin la pédale. Le bourdonnement de la machine s’arrête et le silence reprend ses droits dans le salon. Il dépose la machine sur le comptoir puis il prend quelques feuilles d’essuie-tout et la bouteille d’eau stérile. Il arrose le tatouage section par section, essuyant soigneusement l’excédent d’encre pour révéler la peau rosée et les chiffres en dessous. Une fois qu’il a terminé, il observe une dernière fois le tatouage. Il constate avec satisfaction que chacun des caractères est parfaitement tracé. De plus, comme il s’y attendait, il n’y a plus la moindre trace de l’erreur causée par le mouvement soudain de son client. « J’ai fini, » annonce-t-il. « Tu peux aller voir si tu veux. » Il retire ses gants et les jette dans la poubelle accrochée à sa station de travail, heureux de libérer ses mains du carcan synthétique. « Ça te dérange si je prends une photo pour mon porte-folio? »
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Il pourrait dire que, parfois, il ne comprend pas les actes que certains ont commis mais il se retient, sachant pertinemment que lui-même a fait beaucoup de choix inconcevables pour n’importe quelle autre personne. Peu nombreux sont ceux qui accepteraient de faire de l’illégalité leur quotidien. Joseph faisait partie de ces quelques âmes assez brisées pour ne plus accorder d’importance au respect de la loi. Il était seul, pauvre, et avait besoin d’appartenir à une communauté, un besoin qui le suit encore aujourd’hui, d’ailleurs. Sid marque un point en ajoutant que son père pouvait contrôler la qualité de ce que sa mère absorbait; l’ex taulard se pince les lèvres et hoche la tête, conscient qu’il devrait arrêter de donner son opinion à ce sujet. Il en aurait tellement des choses à dire, mais il ne peut pas se permettre de raconter cette partie de sa vie qu’il doit cacher au-delà de ses pupilles.
Le ton du tatoueur refroidit dangereusement et Joseph comprend qu’il n’a pas été juste de sa part de traiter son père d’assassin. Il a laissé sa pensée s’exprimer avant sa raison, comme il le fait trop souvent. Il serre les dents en espérant qu’il n’a pas allumé assez de colère en lui pour qu’il se mette à bâcler le travail qui persiste dans le haut de son dos. La position de l’aiguille ne change pas et un soupir de soulagement s’échappe de sa bouche entrouverte. Il s’excuse rapidement d’avoir laissé ces mots brusques s’élever dans la pièce et c’est d’un ton sec que Sid lui répond que tout va bien, qu’il ne lui en veut pas. Il laisse un silence apaiser les plaies puis le sujet dévie vers l’adolescence du client. Il n’a jamais rencontré de problème en louant un appartement miteux : les propriétaires n’ont jamais jugé important de l’interroger quant à son âge, sa provenance, ses occupations. Un gloussement dégonfle sa poitrine et il marmonne :
- Yep. Personne n’aime s’mettre dans l’trouble.
C’est ensuite Kenny qui devient le centre du sujet. Joseph se fait un peu plus curieux, intrigué de savoir quelle somme d’argent ce type touche par heure. Il n’est pas surpris de la réponse de Sid : il n’y a que les mauvais patrons de sandwicherie qui préfèrent en mettre moins dans les poches de leurs employés. « Pourquoi, tu cherches du boulot ? » Il se fait surprendre par son propre rire et sa tête bascule très légèrement de droite à gauche. Le travail du tatoueur n’est pas terminé et il doit rester le plus immobile possible. - Oh, j’demanderai pas à c’que tu m’engages, j’sais que je suis un mauvais employé. J’voudrais pas ruiner la réputation de ton salon !
Malheureusement, il se croit sur parole. Il n’a jamais eu l’occasion de se prouver à lui-même sa juste valeur. Il pense être capable du minimum, sans plus. C’est le manque de motivation qui l’empêche de viser plus haut qu’une petite chaîne de fast-food. Les vibrations dans le sol cessent, le silence reprend ses droits. Intrigué, Joseph tend le cou vers l’arrière pour interroger l’artiste du regard. C’est terminé ? Déjà ? Il n’a plus senti la douleur une fois que la discussion s’est lancée. Aussitôt qu’il reçoit la permission de se lever, Joseph reprend le contrôle de ses jambes engourdies et il fait quelques pas sur place avant de se tourner dos au large miroir accroché au mur. Ses traits se détendent lorsqu’il aperçoit la série de chiffres noirs, logée au centre de sa chair écarlate : sa peau est irritée mais il s’y attendait. Satisfait, il se prépare à défaire ses cheveux mais Sid l’arrête en lui demandant la permission de prendre une photo. Il hésite un moment, les mains dans les cheveux, puis il resserre son élastique. - Non, vas-y. Mais tu sais comment cadrer.
Évite d’inviter les cicatrices dans le portrait, surtout. Le clic de l’appareil photo retentit et Joseph le considère comme un feu vert pour se revêtir de son tshirt. En replaçant le tissu presque sec sur lui, il s’abaisse vers son sac à dos qu’il avait jeté au sol pour récupérer son portefeuille gorgé de pièces de monnaie. Il enfonce ses doigts dans une petite pochette et fait claquer quelques rondelles de dollars ensemble.
- J’te dois combien ? J’ai quatre-vingts, sur moi.
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ÂGE : trente-trois ans, né le 26 janvier 1990. SURNOM : sid, c'est déjà bien assez court... et c'est déjà un surnom aussi, même si très peu de gens le savent. STATUT : il a finalement trouvé le courage d'avouer ses sentiments à sa belle irlandaise... MÉTIER : tatoueur, propriétaire de son propre salon, wild ink. LOGEMENT : #55, spring hill [appartement] POSTS : 1630 POINTS : 170
TW IN RP : TW IRL : GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : Il a un chat noir et blanc. • Il est bisexuel. • Il adore lire et regarder des documentaires. • Il a une sœur cadette. • Il déteste qu’on le prenne en photo. • Il n’a jamais touché à la drogue. • Il a arrêté de fumer et a réduit sa consommation d’alcool. • Il se spécialise dans les tatouages personnalisés. • Il adore dessiner. • Il aime les chats, la crème glacée à la pistache, les musées, les livres de recettes. • Il n'aime pas les épinards, les huîtres, le marron, les imbéciles et les gens bornés.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #0489B1 RPs EN COURS : aisling #14 • aisling #16 • aisling [r.a. sinling] • min-kyung #2
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Oh, j’demanderai pas à c’que tu m’engages, j’sais que je suis un mauvais employé. J’voudrais pas ruiner la réputation de ton salon ! Il y a une drôle d’intonation dans la voix de Jo. D’abord, Sid ne sait pas trop de quoi il s’agit et puis il se rend compte que c’est de la sincérité. Pour une fois, il n’y a pas une once de sarcasme dans ses paroles. « J’sais pas si tu ruinerais la réputation de mon salon, mais je pense qu’il y a de bonnes chances que tu ferais fuir les clients en leur disant leur quatre vérités. » Vu la franchise désarmante de Jo, Sid l’imagine mal en champion du service à la clientèle, et encore moins si la clientèle en question se montre un peu chiante. Son travail terminé, il a demandé à Jo s’il pouvait prendre une photo de l’œuvre. Après un bref moment d’hésitation, il accepte que Sid prenne une photo, mais précise l’importance de bien cadrer. Le tatoueur hoche la tête en signe d’assentiment.
Il sort son téléphone portable du petit tiroir dans lequel il a l’habitude de le laisser quand il travaille. Du pouce, il active la caméra. Il approche l’objectif du dos de son client jusqu’à ce qu’il ne voie que la naissance du cou, la ligne des épaules et, tout au centre, le tatouage encore frais dans le cadrage. Lorsqu’il appuie sur le bouton pour prendre la photo, l’appareil émet un clic artificiel, puis l’image s’affiche sur l’écran. Satisfait, il la montre rapidement à Jo pour lui prouver qu’il a respecté sa demande. Il se détourne à peine quelques secondes, le temps de reposer son téléphone sur la surface de travail et d’attraper un pansement, mais il quand il se redresse, il constate que son client a déjà remis son t-shirt. Il a aussi sortie une pochette pleine de ce qui semble être une énorme poignée de monnaie qu’il secoue distraitement. Étonné, il sourcille. C’est bien la première fois en presque dix ans que quelqu’un paie son tatouage exclusivement en pièces de monnaie. J’te dois combien? J’ai quatre-vingts sur moi. Quatre-vingts dollars, ça représente environ quarante dollars de moins que le prix réel du tatouage en tenant compte du taux horaire de Sid et du temps qu’il a passé à travailler sur l’encrage. Il ne répond pas tout de suite, cependant, évaluant discrètement du regard la façon dont Jo fait tinter ses pièces. Le jeune homme est presque certain qu’il n’a pas beaucoup que ces quatre-vingts dollars et il hésite à exiger le montant total.
À défaut d’avoir trouvé une réponse, il contourne la question. « Tu t’es rhabillé trop vite, il faut que je recouvre le tatouage, » dit-il en agitant le pansement toujours emballé. Après s’être nettoyé les mains avec du gel désinfectant, il prend le pot de vaseline qu’il garde en permanence sur le coin de sa station de travail et s’approche de Jo, qui a simplement relevé son t-shirt. Avec des gestes précis, il applique soigneusement une mince couche de gelée sur le nouveau tatouage, s’assurant de bien recouvrir chacun des chiffres. Il déballe ensuite le pansement et le colle dans le haut du dos de Jo. « Bon, maintenant j’ai fini. » L’emballage du pansement finit en boulette dans la corbeille et puis le tatoueur entreprend d’expliquer à son client comment s’occuper de son nouvel encrage. « Tu gardes le pansement deux heures environ, puis tu l’enlèves et tu nettoies la zone avec un savon doux. Après, tu nettoies une fois par jour pendant une semaine et tu mets de la crème deux fois par jour jusqu’à ce que ça ait fini de cicatriser. Et surtout… » Il marque une pause et s’assure d’accrocher son regard à celui de son client pour bien indiquer à quel point la prochaine consigne est importante : « …tu laisses les gales tomber toutes seules, même si ça te démange. Si tu les arraches, tu risques d’arracher l’encre en dessous avec. » Tout en parlant, Sid s’est approché du comptoir. Une pile de cartes d’affaires repose tranquillement sur un petit présentoir. Il en prend une sur laquelle figurent son numéro de cellulaire et une adresse courriel. « S’il y a un truc qui cloche, tu peux m’appeler, m’écrire ou passer au salon. » Maintenant qu’il a épuisé ses conseils, il ne reste plus que la question du prix à régler. Kenny, qui a abandonné ses poissons pour la tablette dont ils se servent pour gérer les factures, choisit ce moment pour se mêler à la conversation. « Ça fait 120 $, » précise-t-il en relevant le nez de son écran. Pris d'une impulsion soudaine, Sid règle son dilemme : « Non, soixante. » Devant le regard confus de son employé, le tatoueur précise : « J'ai fait une erreur dans le tatouage, l'aiguille a dérapé. » Ça ne justifie pas vraiment de réduire de moitié le prix du tatouage, surtout que l'erreur en question n'est plus du tout visible, mais c'est une excuse qui en vaut bien une autre. Toujours perplexe, Kenny ouvre la bouche comme s'il allait protester ou poser une question, mais le regard que lui envoie Sid le fait taire. Et puis, comme il a utilisé son quota d'intérêt quotidien, il rend les armes et hausse simplement les épaules. « OK, c'est toi le patron. »
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Bien trop pressé d’enfiler à nouveau son t-shirt qui protège son dos, Joseph ne pense pas une seconde d’attendre de recevoir l’autorisation du tatoueur pour se rhabiller. Il se fait bien rapidement remettre à l’ordre lorsque Sid précise qu’il doit recouvrir la série de chiffres qu’il vient de lui tatouer dans le haut de la nuque. Légèrement hébété, le garçon ressort ses doigts de son porte-monnaie et le renfonce dans sa poche avant de simplement relever son haut pour dévoiler le tatouage fraichement encré. Les doigts glissants de Sid qui se posent sur les rougeurs le font sursauter. Sa peau est extrêmement sensible : il comprend maintenant pourquoi il doit recouvrir le travail de l’aiguille. C’est un soupir de satisfaction qui s’échappe de ses lèvres lorsque la voix du tatoueur s’élève, affirmant que le travail est officiellement terminé. Il relâche le tissu de son chandail qui retombe mollement sur son dos et il étire légèrement les muscles de ses bras, endoloris par la position qu’ils ont prise. D’une oreille attentive, il prend mentalement en note chacun des conseils de Sid et une grimace de surprise déforme son visage lorsqu’il lui conseille de laisser les gales tomber d’elles-mêmes. Il ne s’attendait pas à ce que son tatouage guérisse de la même façon que n’importe quelle plaie ouverte.
- Pas de problème. De toute façon, j’pense que je n’arrive même pas à toucher le tatouage avec mes mains. J’ai jamais été très flexible.
Il ricane légèrement puis tend la main vers l’avant pour attraper le petit papier cartonné que lui tend le professionnel. Aussitôt, ses yeux se mettent à patiner sur les chiffres et les lettres transcrits sur la carte d’affaire et il la repose immédiatement sur le comptoir, certain d’avoir bien appris par cœur les informations qui s’y trouvaient. Il n’a pas assez de place dans son porte-monnaie pour garder ce genre de carte. Si sa mémoire lui sert à quelque chose, c’est bien à alléger son sac à dos de papiers volatiles.
- C’est noté.
Enfin, la question du prix est enfin soulevée et Joseph reprend machinalement son portefeuille en posant ses yeux clairs sur Kenny qui semble s’occuper de la facture, par-delà le comptoir. Lorsque le premier nombre un peu trop élevé est dicté, Joseph écarquille les yeux, surpris. Il ne s’attendait pas à une telle somme et il se retrouve bien hébété à l’idée de n’avoir que quatre-vingts dollars sur lui. Il s’apprête à parler lorsque Sid le coupe pour lui offrir un rabais de cinquante pourcents, le justifiant sur l’erreur qu’il a commise. Les lèvres de l’ex taulard s’entrouvrent, il reste confus un moment mais, en lisant la bonté dans le regard de Sid, il décide de ne rien dire. Il se contente de pincer les lèvres et d’hocher la tête pour le remercier. Ses doigts s’enfoncent une seconde fois dans la pochette regroupant les dizaines de pièces de monnaie puis il les sort une à une, les posant sur le bureau au fur et à mesure que ses mains se remplissent. Lorsque le compte est tout bon, il hoche fièrement la tête en regardant Kenny pour lui faire signe qu’il peut récupérer les soixante dollars physiques qui s’empilent devant lui. Le client se retourne enfin vers le tatoueur et lui tend la main pour l’inviter à serrer la sienne.
- Merci beaucoup, c’était… sympa ! J’n’hésiterai pas à t’faire d’la pub. Si tu viens à ma sandwicherie, j’te ferai un rabais mais…
Il lui fait un clin d’œil :
- Ne le dis pas à mon patron !
Enfin, Joseph replace son sac sur ses épaules mais il grimace, se rendant compte que son dos n’est pas prêt à accueillir la pression. Il décide de le garder dans sa main en tournant les talons. Il ouvre la porte de sortie, la sonnette tinte et il disparait au coin de la rue, vêtu d’une toute nouvelle œuvre d’art.