Levi. It suits him perfectly. Tu vas enfin pouvoir mettre un nom sur son visage. Sur son parfum. Sur le souvenir de son corps pressée avec le tien. Sur ses lèvres contre les tiennes. Sur ce torrent d’émotion qui te traverse depuis le jour où il a croisé ton chemin, au bon moment, au bon endroit.

Il te précise que tu le trouveras pas avec cette simple info. Tu t’en fou. Tu voulais juste son prénom. Tu ne te serais jamais laissé le droit de faire des recherches à son propos et puis, juste un prénom, c’est impossible. T’es pas un stalker des réseaux sociaux. T’en connais, mais tu n’aurais jamais été leur demander de l’aide pour retrouver l’identité d’un mec. Ca aurait soulevé beaucoup trop de question. Levi. Tes lèvres toujours bien contre sa peau, tu profites de ce moment tant qu’il dure, parce qu’il ne va pas durer. Et voilà qu’il bouge. Qu’il s’immisce dans ta poche. Okay? T’es pas sûr de ce qu’il fait mais il a le champ libre. Tu ne lui montres aucune barrière. Tu n’en as plus une seule avec ton corps. Et t’es légèrement détaché de lui, mais tes bras toujours autour de lui. Tu t’accroches encore un peu à lui. Tes yeux se sont ouverts et damn… tu croises ses yeux bleus. Oh no… Tu savais que tu n’aurais pas du. Tu pensais être plus calme, mais non. Les sensations dans ta poitrine sont toujours là. Et puis tu comprends qu’il est en train de mettre son numéro dans ton téléphone. Oh no… Oh yes.

T’es speechless. T’es un peu détaché - physiquement - plus qu’un de tes bras autour de lui. Tu le regardes, avec mille questions dans tes yeux, mais surtout un thank you qui n’arrive pas à franchir la barrière de tes lèvres.

« I should go. »

Mais tu ne bouges pas d’un poil. Pas d’un seul. Ta main qui est toujours dans son dos se serre contre lui. Tes yeux posés sur son visage, c’est ton coeur qui est en train de souffrir de battre si vite.

« I really should. »

Still not moving tho.

Get up, get up. Take me down, this time I'm done. Into the river and out of the sun. Under the water, it's all out of love. I'll drown alone, who gives a fuck?

Tu le sens envoûté sous l'emprise de ses propres émotions contre ton corps. C'est comme s'il venait d'enfin rompre ces liens qui l'empoisonnent et l'emprisonnent depuis un moment - de malsaines habitudes, des a priori toxiques, des ambitions aussi étrangères que sectaires. Tu le laisses éclore davantage, profiter, inspirer ton parfum tandis que son cœur bat la chamade contre le tien. Au fil des minutes, il te semble que vos palpitants tambourinent au même rythme.

Tu lui souffles ton prénom, donnée qu'il te réclame une troisième fois. Third time's a charm. Tu lui indiques qu'il ne te dénichera pas avec cette information. C'est à peine si t'existes dans ce monde civilisé. Tu vis à la sauvage, sans foi, loi, administration, règle. Tu te glisses dans les mailles du filet d'un monde stricte et possessif qui te paraît vouloir épier et contrôler chacun de ses petits soldats. T'as donné 19 années de ta vie à suivre les règles et répondre aux demandes de directeurs curieux ; c'est largement suffisant.

Tu entres ton numéro de téléphone avec une facilité déconcertante dans son engin. Manifestement, le destin est de votre bord. Tu le remets doucement dans la poche de son blouson, l'invites à faire bon usage de ce numéro, ce lien direct avec toi, que tu n'accordes d'ordinaire qu'à tes proches. Tu as beau déjà être reconnu dans Brisbane, ton répertoire téléphonique se limite à moins de dix contacts.

Il te fixe, mots au bord des lèvres, maux au seuil des yeux. Tu lui laisses le temps, toutes les minutes nécessaires à se retourner, se recueillir, se stabiliser. Vous êtes encore seuls, un nouveau signe que tu interprètes comme providentiel. « I should go. » qu'il finit par prononcer, tes yeux se levant au Ciel en guise de réponse. « I really should. » Tu trépignes, faussement agacé, ambitionnant à faire naître au moins un sourire sur ses lèvres pincées. Finalement, tu conseilles, reprenant un sérieux inébranlable : « Stop sayin' I should and start sayin' I wanna. » Tu te décales, lui laissant le libre choix de te quitter si vraiment il en ressent le désir.

Il roule des yeux quand tu annonces ton éventuel départ. Ce que tu devrais faire mais que tu n’arrives pas à te résoudre de mettre en action. Tu prends ça comme une bonne chose. Tu ne sais pas trop en fait, ton esprit est clairement pas net avec tout ce que t’as bu et toutes ces émotions qui te traversent depuis que vos chemins se sont croisés. Tu insistes sur le départ soi disant imminent qui devrait arriver et tu vois sur ses si beaux traits qu’il est un peu saoulé par tes conneries. So am I. Son visage redevient ferme et ses mots le sont tout autant. Damn. Et il se défait un peu de toi. Don’t go.

Et tu te perds dans tes pensées. Tu cogites fort. Ton coeur en peut plus. Est-ce que tu oses dire un truc ? Un truc. Ok. Juste un.

« I wanna stay with you. » I wanna hold you.

Tes yeux lui crient tes pensées. Mais tu as tellement d’autres choses qui te viennes en tête que tu as envie d’ajouter. Tu trouves que ce premier aveux est déjà énorme et pourra te faire gagner du temps avec lui ce soir. Tu sais que c’est totalement en contradiction avec ce que tu as dit juste avant mais ouais, tu fais aucun sens. Absolument aucun.

« Levi… »

Tu sais pas trop où tu veux en venir, t’as tellement de phrases qui se bousculent dans ta tête, mais la vérité c’est que t’avais surtout très envie de prononcer son prénom. Felt it. Tu soupires, tu fermes un bref instant les yeux, te les frottant rapidement. T’es tout perdu. Tu sais pas ce que tu fais là. I’m not doing anything wrong. C’est vrai. Mais faudrait que tu crois un peu plus à tes paroles Asher. Tu redresses ton visage pour plonger tes yeux dans les bleus de Levi. Gosh…

Get up, get up. Take me down, this time I'm done. Into the river and out of the sun. Under the water, it's all out of love. I'll drown alone, who gives a fuck?

Il cogite, il marine. Tu l'observes, le scrutes, l'analyses. Tu aimerais tant qu'il parvienne à te communiquer avec des mots tout ce qu'il pense, tout ce qu'il ressent ; mais une partie de toi assimile le fait qu'il y a des sensations, des histoires, des préoccupations qui ne savent résider en de simples termes. Il te semble pouvoir lire des bribes de son histoire et les motifs qui font battre si fort son cœur dans ses traits tirés, son regard étincelant. Il te fait un peu mal, pour être tout à fait sincère, et il t'intrigue aussi, invitant une indéniable attirance. Les couplets des chansons qu'il chantait avec véhémence et que tu as écoutées d'innombrables de fois te heurtent plus que jamais.

« I wanna stay with you. » qu'il t'avoue faiblement, répondant à ta demande qu'il commence à vouloir et non devoir. Un fin sourire étire tes lèvres, tu poses ta main sur son épaule, la glisse dans son cou affectueusement. Il répète ton prénom comme s'il s'agissait d'une clef vers la suite, descellant un porte verrouillée qui l'empêche depuis trop longtemps de respirer convenablement. Tu lui laisses le temps de souffler, d'arrimer les pensées qui semble tournoyer dans son crâne. Tu t'imagines les points d'interrogation et d'exclamation qui s'y bousculent, les points-virgules qui narguent les point finaux. Ses yeux bleus se recueillent dans les siens vers des langueurs océanes, ton sourire s'élargit et tu invites : « Tu veux bouger ? » Parce que cette intimité que vous trouvez sur ce balcon n'est pas éternelle et que tu augures que tout l'alcool qu'a su ingurgiter Asher réclamera son dû sur son corps au bout d'un moment. Tu es prêt, dans une étrangeté exceptionnelle, à l'héberger sur ton bateau pour t'assurer qu'il ne finira pas échoué dans une ruelle ou rescapé par un bon samaritain employé au Sixteen Antlers. Et même si tu justifies certain de ses comportements par les ailes que font pousser l'alcool, tu ne crains plus qu'il te réarrange le portrait, même sobre. T'en as trop vu pour le redouter.

Le sourire qui s’inscrit aussitôt sur les lèvres de Levi te fait ressentir encore quelques sensations étranges dans ta poitrine. I think I need to see a doctor. Nope, t’as pas besoin Asher. Il se remet en contact avec toi. Ton épaule. Ok. Ton cou. Shit. Tu frissonnes. Il est beaucoup trop tendre et tu es beaucoup trop réceptif à tout ses gestes. Sa peau contre la tienne. Ta main n’est plus dans son dos depuis qu’il s’est détaché, mais tu tiens sa chemise. Tu t’accroches même. Tu veux pas le lâcher. Tu veux pas rompre le contact. Mais t’es rassuré de ce côté là parce que tu vois que c’est son cas à lui aussi. He likes it too. Et il sourit. Encore. I can’t handle this. Tu aimes beaucoup trop cette vue.

Il propose de filer d’ici et tu hoches la tête aussitôt. T’as envie de l’inviter chez toi, mais tu sais pas. C’est trop. C’est compliqué. Tu pourras pas t’échapper si jamais tu n’assumes plus du tout tes actes. Tes décisions. Quand tout l’alcool aura quitté ton organisme.

« Your place. »

Ca t’es venu naturellement. T’as pas pensé une seule seconde que vous pourriez aller ailleurs que chez lui ou chez toi. Alors qu’il y a tout un autre tas d’endroit possible et inimaginable dans cette grande ville qu’est Brisbane. Juste… T’as l’impression de l’avoir lu dans ses yeux. I really did. On te croit tous Asher. Et quand vous emboiter le pas pour sortir d’ici. Ton coeur est vraiment incontrôlable. Tu commences même à sentir une pression dans ta poitrine. Ta main qui tient toujours sa chemise, se détache aussitôt que vous remettez les pieds à l’intérieur, où y’a des gens. Votre bulle est brisée. T’as l’impression que tout le monde sait ce que t’as fait sur ce balcon. T’essaies d’ignorer toutes ces voix dans ta tête mais ça, plus la pression dans ta poitrine qui ne fait que de s’amplifier et… c’est la crise de panique qui t’arrives en pleine face. T’essaies de te maîtriser le temps de passer devant tout le monde et de sortir de l’enceinte mais une fois sur le trottoir, sur le point de prendre vraiment la route pour aller vers chez lui, tes angoisses redoublent.

« No. »

Tu t’es arrêté de marcher. T’as des palpitations dans le corps, et cette pression sur la poitrine. Tu prends de grandes inspirations pensant que ça va t’aider à faire passer le tout mais ça ne fait rien du tout, t’as du mal. Trop de mal.

« I can’t do this. I can’t… I’m not… I’m gonna… » I’m gonna die.

Tu tiens plus trop sur tes jambes et tu vas t’appuyer contre le mur. Tu fermes les yeux. C’est la première fois que tu fais une crise de panique. Tu sais pas trop ce qu’il se passe. T’as vraiment l’impression que tu vas mourir et rien ni personne ne peut dire le contraire. Tu vas mourir Asher. Ce soir. C’est ton dernier jour sur Terre. Finally.

Get up, get up. Take me down, this time I'm done. Into the river and out of the sun. Under the water, it's all out of love. I'll drown alone, who gives a fuck?

Ta main dans son cou, la sienne qui tient ta chemise fermement. Il te semble s'y accrocher, comme si elle représentait une preuve de l'existence, une ancre à la réalité et au fait qu'il puisse exaucer ses vœux les plus proscrits. Tu lui souris, tu ne romps aucunement le contact visuel qui vous lie, vous définit, vous élucide. Tu as conscience que personne ne vous entoure, que probablement aucune âme ne vous observe ; cependant, une partie de ton être commence à s'interroger sur la possibilité que tu ne le remarquerais pas si tel était le cas tant tu t'absorbes dans cette bulle riche de son unicité. Asher est devenu le centre de ton attention, toi qui ne cesses d'ordinaire bouger, toi dont l'esprit est si vif qu'il en est incontrôlable.

Tu lui proposes de partir, s'orienter vers un havre où le regard d'Autrui ne composera plus une menace. Si tu te fiches éperdument de l'avis que l'on peut avoir sur ta personne, tu devines que le blond perçoit les choses de manière diamétralement opposée. Il hoche la tête aussitôt, une réaction si sincère qu'elle te fait doucement rire. « Your place. » Heureusement que t'avais considéré l'endroit car si Ash était un autre, il aurait fini sur les roses. Plutôt, tu acquiesces et valides : « My place then. » Ta main quitte sa chaire avant que tu n'ajoutes d'un ton léger : « J'espère que t'as pas le mal de mer. » Tu lui offres un clin d’œil complice, signifiant qu'il n'a pas à extrapoler tes propos et redouter le pire, l'invitant à te faire de nouveau confiance.

Vous traversez le bar vers la sortie. Tu le guides dans la marée humaine, lances quelques regards à la volée pour t'assurer qu'il est toujours derrière toi. Il te semble ralentir le pas mais déterminé à sortir. Tu lui tiens la porte et l'incites à bifurquer dans une ruelle qui vous mènera à ton bateau plus rapidement. Un des nombreux raccourcis que t'as assimilés, à force de traîner dans l'araignée urbaine que constitue Brisbane.

« No, » tu l'entends faiblement t'adresser alors que vous aviez à peine parcouru quelques mètres. Ce n'est cependant pas un refus de te suivre, un changement de cœur que tu interprètes. Non, c'est une incapacité. Le corps du blond reste en suspens, sa poitrine se gonfle de manière alarmante. Tu reconnais la panique dans ses yeux agités, t'approches vivement de son teint qui remporte en lividité à mesure des secondes agonisantes. Sa respiration devient sifflante tant elle lui est difficile et précipitée. « I can’t do this. I can’t… I’m not… I’m gonna… » Il s'appuie sur le mur, ses jambes vacillantes. « Shh, shh, » tu le pries de cesser de parler et ta main contre son humérus, tu l'invites à s'asseoir au sol avec toi et l'aides à s'y installer sans se faire du mal.

« You're gonna be okay. » Tu complètes sa phrase d'un ton aussi catégorique que doux. Tu le couves du regard, agenouillé devant lui, prêt à réagir au moindre souci, devinant la crise d'angoisse qui malmène l'organisme d'Asher pour en avoir vues maltraiter ton frère et ta cousine. Ton coeur se serre à la pensée de Gideon. Les deux ont en souffert pour des raisons radicalement divergentes, néanmoins, le résultat et la sensation en demeurent peu changées. « Close your eyes, » tu lui susurres, l'heure avancée de la nuit imposant le désert et le silence autour de vous. Tu te félicites d'avoir emprunté cette ruelle, vous ne serez probablement pas dérangés. « I promise you're safe. » With me, tu penses, méfiant de l'humanité qui a façonné Asher ainsi. Tu n'oses pas l'ajouter toutefois, de peur de créer un climat d'individualisme, d'assurer par ce simple complément que le monde est mauvais et le jugera sans merci s'il se contente d'être qui il est. « Breathe, okay. It'll pass. I promise you it'll pass soon. » Tu fais écho à ton toi du passé. Ces mêmes mots, combien de fois les as-tu jurés à ton cadet ? A d'innombrables reprises, ton cœur en miettes toujours orienté vers son bien-être, l'assurance demeurant dans ton regard auquel il s'accrochait douloureusement quand ton âme était brisée de le voir souffrir ainsi.

Tu t'assis dos contre le mur, dans la même position qu'Asher. Tu ne veux pas que le poids de ton regard accentue son anxiété. Tu colles cependant ton bras au sien, tel un soutien, une garantie que tu ne bouges pas mais aussi que tu peux t'éloigner si tel en est son besoin. « And I guarantee you that we have all the time in the world. »

Le silence vous enlace, tu te concentres sur la respiration d'Asher, lorgnes sur sa poitrine qui se soulève toujours avec autant de virulence. Comme s'il ne réalisait pas que l'air qu'il rejette dans un espoir d’annihiler possiblement ces démons qui l'habitent peut toujours être altéré des éléments qu'il rencontre. Tu inspires doucement et finis par chantonner à voix basse, juste pour vous deux : « You're not abandoned. There's always someone waiting with open hands who'll reach out and stop you fading into the darkness. » Tu marques une pause, fais le tri dans les paroles, reprends en voyant que ta voix n'empires pas la situation : « You've been hurt before and hurt again. And you're wondering will it ever end. 'Cause no matter what you say or do, it's so hard to find the truth. One thing I can promise you » Tu fixes le mur de briques vous faisant face, ayant l'impression que l'australien reprend peu à peu pied et qu'il n'a pas besoin d'un spectateur pour cela, qu'il a le droit et la légitimité d'être vulnérable, de craquer, d'angoisser. Tu ne jugeras jamais quiconque pour cela. Tu accompagnes seulement le musicien dans le sinueux, prêt à faire office de filet. Tes doigts tapotent la mesure sur ta cuisse, ta voix a capella reprend : « I'll be your shelter, I'm gonna help you to believe. You'll always be safe with me. I know how it feels to be afraid and to question every step you take. » Ta main prend délicatement la sienne pour appuyer tes propos chantés.

J’espère que t’as pas le mal de mer. What ? Tu l’as entendu mais t’as pas réalisé ce que ça veut dire. Tu es trop focalisé par l’instant et puis il peut pas habiter dans la mer de toute façon. Mais plus vous avancez vers dehors, plus tu vas pas. Dans cette petite ruelle tu paniques carrément. Il s’approche de toi pour tenter de te calmer et c’est vrai que sa main sur toi a un certain effet. Peut être pas celui escompté mais il ne t’est pas du tout indifférent. Ca n’aide pas vraiment en vrai. C’est beaucoup trop d’émotions dans tout ce mélange. Tu te retrouves assis au sol. Et il te dit que tu vas aller bien. I won’t. Mais t’as envie de le croire. Ta respiration est tellement saccadée, tes pensées sont en train de te hurler que tu n’as plus longtemps à vivre. Tu ne verras pas la prochaine saison. Ni même une nouvelle lueur du soleil. C’est fini. Et t’as même pas profiter parce que tu ne savais pas que ce serait les derniers. Et maintenant que tu sais que la fin est proche, t’as envie de vivre. Y’a une partie de toi qui veut espérer que ce n’est pas aujourd’hui que tu t’éteins. I don’t wanna die. T’es effrayé comme une fillette Asher. You’re such a pussy. What would your father say ? Shut up. Et tu remarques que Levi est posté devant toi alors que pourtant tes yeux sont toujours ouvert depuis tout à l’heure. Ton cerveau a du mal à traiter tout ce qu’il se passe. T’es pas tout à fait ici. Et cette pression sur ta poitrine qui te gêne tellement. Il te dit de fermer les yeux et tu l’écoutes. Tu te focalises sur sa voix. Tell me things… I promise you’re safe. I’m not. Ta poitrine… T’as si mal. Man up Asher ! Are you about to cry ? SHUT THE FUCK UP! Tes yeux sont fermés si fort. Et Levi qui te dit de respirer. Que ça va passer. Please make it stop. I don’t want to die. It’ll pass soon. Sooner. Please. I don’t want to die. Tu sens Levi s’installer à côté de toi. Son bras contre le tiens. Tu le sens très bien. Tu te concentres là dessus. And i guarantee you that we have all the time in the world. And you are really feeling that. Tu n’as pas loupé cette inclusion. Ce vous dont il fait mention. Ca te fait du bien. T’as vraiment l’impression qu’il sait de quoi il parle. Il a l’air si sûr de lui. Il te dit de trop belles choses. It’s going to pass. Tu veux le croire. Tu veux faire taire ces voix dans ta tête qui te font tant de reproches sur ton comportement. Levi would do everything to piss them off. I don’t think that I can. I’m not as strong as him. Il te semble être un véritable roc. Tu veux être un peu plus comme lui. Tu te perds dans tes pensées alors que tu essaies de te raccrocher à tout ce qu’il t’a dit, que non, tu ne vas pas mourir et puis… Il se met à chanter. Shit. Tu entends tous ces mots qu’il dit. Ses mots ont les mêmes effets qu’une étreinte que tu voudrais bien qu’il te donne. Ton coeur bat toujours aussi vite. Même plus encore. C’est la première fois que quelqu’un te dire ce genre de truc. C’est aussi la première fois que tu te retrouves dans une situation pareille. Darkness is my safe place. Tu as aucune idée de la vie dans la lumière. Tu te caches toujours derrière tous les faux semblants. La suite des mots chanté de Levi sont des claques que tu te prends en pleine face. He is actually making up a song as he speaks? Parce que tu ne la connais pas et t’as vraiment l’impression que tout ces mots sont fait pour toi. But he doesn’t know me… Comment il fait ? Ton visage est fermé parce que tu te prends tous ces mots en pleine face… Ses derniers vers font autant de bien que de mal. Hurts more. C’est ce que tu veux croire. Il prend ta main et tu le laisses faire mais tu n’en mènes pas large du tout. T’es complètement fuck up. T’es un mess Asher. Un pur mess. I know… but at least I’m not going to die tonight. Tes démons se sont calmés. Tu serres fort la main de Levi dont tu as enlacés tes doigts aux siens. Tu as besoin d’un moment avant de prendre la parole. Un long moment. Et t’es tellement touché de voir qu’il ne bouge pas. Qu’il reste là. Qu’il est vraiment là. Comme il l’a dit dans sa chanson juste avant.

« I don’t know what is going on with me… »

Tu n’expliques pas ta façon d’être, de penser, ces démons, tout ça.

« I had a good life… »

Wrong. Ton père et ses propos beaucoup trop manly, beaucoup trop homophobes. Il t’a brisé avant même que tu n’aies pu te construire. Ta main se serre fort encore dans la sienne. Don’t leave me just now. Parce qu’il va partir à un moment, c’est sûr. Pourquoi il est encore là d’ailleurs? Tu comprends pas. Mais tu prends. Tu ouvres enfin les yeux, tournes ton visage vers le sien. Une nouvelle pression sur sa main. Thanks.

« Did you make up the song just now ? »

Impressionné tu es. Tu reprends un peu de contenance. Nouvelle pression sur sa main. I'm going to be okay. Le pire c'est que tu es en train d'y croire presque.

Get up, get up. Take me down, this time I'm done. Into the river and out of the sun. Under the water, it's all out of love. I'll drown alone, who gives a fuck?

Tes gestes sont dictés par ton bon sens, teintés de tes sentiments. Tu repousses aussi férocement que possible les souvenirs de tes proches torturés par la panique et l'angoisse que tu as su apaiser par le passé pour te focaliser uniquement sur Asher. Tu es déterminé à l'aider, à lui faire reprendre pied. Doucement, tu l'apprivoises, tu sais à quel point la panique peut rendre quelqu'un survolté. Certains nécessitent de demeurer dans leur périmètre bien fermé et surtout n'entrer en contact avec personne. D'autres, au contraire, ont besoin d'un appui, d'une ancre pour traverser ce tsunami psychologique.

Tu lui parles, tu lui assures que l'impact de ses démons va s'amenuiser, tu lui promets qu'il va bien et ira bien - qu'il est en sécurité, que tu demeures à ses côtés. Tu l'invites à fermer les yeux, à respirer puis tu tiens à lui souligner que vous n'êtes pas pressés. Vous avez tout le temps pour vous poser, respirer, ressentir, vivre. Les minutes peuvent bien s'arrêter pour vous. T'as toujours renié cette pression temporelle de toute façon.

Vos bras se collent et il te semble que ce lien physique aide Asher. Le silence vous enrobe, tu laisses les secondes planer tels des baumes sur ses plaies. Puis, ta voix chantonne délicatement pour vous deux, persévère en constatant que celle-ci aide le blond à aller mieux. Sa respiration devient moins sifflante, sa poitrine se surélève à un rythme de plus en plus normal. Tu l'estimes encore fragile, mais il revient timidement à la surface. Vos doigts s'entrelacent, sa poigne devient de plus en plus solide, ferme. Il ne veut pas que tu partes et ça tombe bien puisque tu n'en as pas l'intention. T'as promis qu'il irait bien, tu comptes bien honorer ta parole.

Il te confie qu'il ignore ce qui cloche chez lui, qu'il a eu une bonne vie - assez bonne pour ne pas être brisé comme il l'est. Tu le scrutes, l'examines. Ton regard décrypte ses traits, les retien, les redessine silencieusement. « It will make sense when the time comes. » Inutile de précipiter l'avancée de l'esprit. Il serait futile et assassin de tergiverser, de chercher des réponses à des questions qui ont juste besoin de temps pour être élucidées. Tu t'imagines qu'Asher a besoin d'assimiler des éléments, qu'il faut qu'il soit en paix avec des parties de son histoire et de son être et ce genre de processus ne se produit pas en une soirée. Il faut savoir être patient et accueillir l'évolution de soi en temps voulu, un déclic à la fois.

Un sourire étire tes lippes lorsqu'il te demande si tu as improvisé ta récente performance. « Does it matter? » Ta manie de répondre à une de ses questions par une autre reprend. On ne chasse pas le naturel si facilement. De plus, t'as pas l'habitude de changer pour les autres, même si tu sais que le mystère que tu imposes l'agace. Tu couves la main qui serre toujours la tienne de celle qui t'es libre et proposes, attentionné : « Tu veux que je t'appelle un Uber ou tu as toujours envie de venir chez moi ? » Tu comprendrais facilement que le Baxton en ait assez subi pour une soirée et qu'il t'émette ainsi l'envie de retrouver son chez soi, sa zone de confort, afin de se poser et se remettre de ses émotions, de cette crise d'angoisse qui a dû l'épuiser et fortement le secouer. Mais tu peux aussi assimiler le fait qu'il ne veuille pas passer la nuit seul après tout ceci, que peut-être qu'il recherche ta compagnie et que ta présence lui fait un peu de bien. Alors, tu lui laisses le choix et jures de ton regard de respecter sa décision quelle qu'elle soit. « It's up to you and in both cases I'll stay in touch. » Tu illustres cette affirmation en tapotant son téléphone portable dans la poche de son blouson qui contient ton numéro privé.

It will make sens when the time comes.
Ca te fait penser à une chanson que t’as déjà entendu mais tu sais plus laquelle. T’écoutes tellement de chanson avec des paroles misérable tout le temps. It’s my only mood. Yup. Mais là, tu ressens des trucs en plus. Avoir sa main dans la tienne. C’est fort. Trop fort. Tu comprends pas trop ce qu’il se passe mais t’essaies de pas trop réfléchir. Tu prends. Parce que ça va partir. C’est sûr. Plus tôt que tard. C’est sûr.

Et tu parles musique. Parce que ça, ça fait du bien. C’est universel. Ca fait pas peur. Tout le monde met le sens qu’il veut sur les chansons. Tu es bien content que personne ne sache ceux que tu mets sur la plupart de tes favorites. Tu as bien trop honte de tes pensées. Mais tu le vois sourire Levi, et oh mon dieu ton coeur fait des trucs bizarre dans ta poitrine. Who the fuck is this guy ? Tu comprends pas pourquoi tu ressens autant en sa présence. I hate this. You love it Asher. Fuck off.

Levi vient poser son autre main sur la tienne. Oh yes please. Et tu t’en veux d’avoir eu cette pensée. Mais fuck it. Tu réfléchiras à toute ta honte plus tard. Quand tu seras sobre. I am not planning on being sober for a while. Of course you don’t. Et il ne te donne pas de réponse sur la chanson qu’il t’a chanté. Et tu ne lui en veux pas. Tu restes dans ton mystère. Dans ton idéalisation de lui. Tu l’imagines beaucoup trop parfait pour toi parce que tu ne le connais pas du tout et il ne te donne rien. I barely met the guy. Vrai.

Il te propose un next move pour la suite de la nuit. Uber. Chez lui. Tu sens un léger frisson te parcourir. I can’t follow him. Tu n’as pas la force d’aller jusque là. Tu en as envie mais non, jamais ton corps, ton cerveau, ne te laissera faire. Tu n’écoutes pas ton coeur. Jamais. Il voit ton questionnement sur ton visage et il ajoute qu’il gardera contact.

Une nouvelle pression sur sa main. Thank you.

« I’m going home. »

Mais pas tout de suite. Tu restes encore quelques longues minutes à ses côtés dans cette ruelle, ta main au creux des siennes. Thank you so much Levi. Tes yeux disent tellement. Tes yeux qui décrochent rarement des siens. I’m weak… Don’t worry about it Asher. I do worry…