Ariane saisit la clef de son véhicule d'entre mes doigts, attrape à l'aveuglette le t-shirt abandonné sur la banquière arrière quelques temps plus tôt, avant d'annoncer la couleur de vos prochains agissements. De toute évidence, vous allez affronter l'ultime famille du géniteur de Parker et docile, tu t'extirpes de la voiture lorsque la rouquine te somme de l'accompagner.
« Je me ferai pas chier avec famille parfaite toute seule. » Vous avancez vers la demeure, empruntez le petit chemin de rochers vers l'imposante porte de bois blanc derrière laquelle évolue la famille pour laquelle Harvey a opté. Tes yeux scrutent sans merci les alentours, les décorations de jardins, des nains à la fontaine, des plate-bandes de fleurs aux modules solaires. Tu passes une main dans ta tignasse hirsute, comme si toutes ces images dignes d'un magazine te rendait plus conscient de ton allure. Tu meurs d'envie de t'allumer un joint, mais la roadie enfonce déjà son index impétueux dans la sonnette et tu ne veux pas ruiner ses plans avec ta drogue qui agirait sans doute comme répulsif chez
Juliet, Clara et Bradley.
« Et après on va chercher un café, et on va le prendre avec lui. À son bureau. » « Parfait. » Tu approuves, sincèrement, sourire aussi fier que malveillant aux lippes.
« Il bosse où ? » Tu questionnes, curieux. Tu croises les bras contre ta poitrine, tapotes du pied impatiemment sur le paillasson vous annonçant la bienvenue en toute ironie.
« Si un jour, je sais pas par quel miracle ou quelle connerie de divinité tu deviens père, soit pas une merde s’te-plaît. » Tu lèves les yeux au Ciel. Il faut toujours se répéter avec ce moineau.
« Tu sais bien que je serai jamais père. Get over this dream of yours. » Tu avais cru le devenir, une vie plus tôt, épisode que tu avais bien caché à Ariane. Tu savais ainsi que tu en avais cette capacité, ou en tout cas l'avais eue. Mais quoi qu'il advienne, tu avais été soulagé que cette grossesse ne soit que fausse alerte et en aucun cas ne voudrais-tu qu'un être innocent soit propulsé dans ce monde pourri avec ton patrimoine génétique dégénéré.
Ça sonne en continu, jusqu'à ce qu'une silhouette se mouve enfin derrière les rideaux dentelé d'un blanc immaculé.
« Enfin. » Tu râles en guise de salut.
« Bonjour. Je suis Ariane Parker. » Tes yeux passent de la prénommée Juliet à ton amie. Sait-elle qui elle est ? A-t-elle déjà entendu ce fatidique nom et tout ce qu'il invoque ? A son air, tu en doutes. Mais ces potiches respirent beaucoup trop de parfums pour jouir d'une quelconque vivacité d'esprit.
« La gamine que votre connard de mari a abandonnée y’a un peu plus de 25 ans. » La main cadavérique de la trentenaire repose en suspens entre les deux femmes.
« C'est à ce moment là que vous la prenez et la serrez. » Tu expliques sur un ton sarcastique, imitant une poignée de main dans un élan pédagogique.
« Vous avez un truc à manger ? I’m starving. » Tu pouffes brièvement de rire et devant l'inertie de la blonde, reprends ton cours :
« Pour vivre dans une si belle maison, qu'est-ce que vous manquez aux règles de bienséance. » Tu soutiens le regard de la femme éhontément, aperçois ses rejetons qui observent curieusement l'échange à distance.
« C'est à ce moment là que vous nous invitez à entrer chez vous, avec le sourire. » Tu indiques, avant de siffler pour attraper au vol les progénitures qui semblent vouloir décamper, tels deux chiots mal dressés.
« Clara, Bradley, venez rencontrer votre frangine. » Tu hoches la tête, désapprobateur, fais claquer ta langue contre ton palais.
« Faut tout vous apprendre. »