PRIMROSE & YOKO ⊹ A good friend will help you move, but a true friend will help you move a body.

Abonne-toi à la chaîne ! — et lâche un pouce bleu. C’est un peu comme ça que ça se termine, cette aventure digne des plus grandes comédies internationales. Dans un mélange de rires euphoriques et légers, les deux jeunes filles (ou héroïnes comme le clame si bien Primrose) voient enfin le bout de la nuit et surtout, aperçoivent au loin le sommeil réparateur bien mérité (sans penser au lendemain). Assise sur le goudron, Yoko attend patiemment que sa pote trouve les clés et apparaisse de nouveau à la fenêtre pour capturer une photo. A l’instant où cette dernière resurgit fièrement, clés en main et balançant un commentaire sur le bordel évident de son appartement (tout en ajoutant qu’elle a évidemment le même chez elle), la jeune asiatique appuie sur le bouton central de son téléphone et enregistre la photo, toute joyeuse (elle ne perd pas le Nord). « Trop belle avec le trousseau de clé, j’la mets sur Instagram di-rect !! » s’exclame-t-elle avant de se relever rapidement pour s’écarter et ne pas recevoir lesdites clés sur la tête. « L’alcool m’explose déjà bien assez le crâne comme ça » ; sourire narquois aux lèvres, elle lève le pouce vers Primrose pour lui dire que le colis est bien réceptionné et s’empresse d’insérer la clé dans la serrure alors que sa pote lui lance un « A tout de suite ! » — ça marche bien mieux avec une clé qu’avec une épingle à cheveux, c’est évident. La seconde suivante, la porte s’ouvre et elle grimpe quatre à quatre les marches de l’escalier situé à quelques mètres, sans croiser personne dans ces couloirs déserts, pour se retrouver devant la porte de son appartement tant désiré, déjà ouverte par Primrose. « Bienvenue chez toi, honey ! » (grand sourire et par pure envie de taquinerie, Yoko affiche un air faussement choqué) « C’toi qui a mis le bordel dans mon appart comme ça ?? Il était nickel avant que t’arrives ! » — nouvel éclat de rire, Primrose referme la porte derrière. C’est presque trop beau pour être vrai ; elles sont chez Yoko, prêtes à dormir pour les vingt-quatre prochaines heures, histoire de se remettre dignement de leur épopée. La jeune asiatique s’avachit sur le canapé clic-clac défait et laisse s’échapper un soupir de soulagement de ses lèvres « Meuf, t’es la plus fabuleuse des meilleures amies du monde » (elle laisse une seconde de silence) « Bon, ça fera 200 balles pour le compliment, j’ai des baskets à acheter moi » ajoute-t-elle avec malice. Même si elle déguise tout cela avec du sarcasme et de la moquerie, Yoko reste sincère dans sa première phrase — sans Primrose, elles seraient encore définitivement en bas, à attendre un miracle ou un éventuel serrurier qui leur aurait coûté un bras. « T’as tout fait, j’ai juste joué le rôle des pom pom girls ! » (à part lancer des encouragements et donner de vagues indications, Yoko n’a pas le sentiment d’avoir été d’une grande aide et elle se demande bien sous quel point de vue Primrose regarde la situation pour penser que la jeune asiatique ait aidé). « Bon, on va dormir ? A mon avis, on ne va pas être fraîches demain… Ou plutôt tout à l’heure… J’espère que t’as pas prévu trop de trucs ou sinon tu les feras sans moi parce que j’ai bien l’intention de rester larver ici » « Ah ouais ? Moi, j’étais prête à escalader tout l’immeuble là ! Spider-Lee est dans la place » réplique ironiquement Yoko tout en s’approchant de la fenêtre pour la refermer. « Trop marrant la vue, j’ai pas remis la poubelle en pla— » ; silence brutal lorsqu’elle réalise que sur la poubelle trône sagement la fameuse paire de collants qu’elle était censée ramener et ne surtout pas oublier ; et merde. Se tournant vers Primrose, un sourire gêné sur les lèvres mais en même temps amusé, Yoko pointe du doigt l’extérieur à travers la vitre de la fenêtre et conclut dans une dernière phrase avant d'aller enfin dormir « Tu penseras à récupérer tes collants demain en repartant ? » et elle adresse un signe de la main aux collants, comme pour leur dire à demain — l’insolence même alors que c’était à elle d’y penser !