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 (alfiana) can't deny my love

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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyDim 24 Mar 2019 - 21:39


JULIANA & ALFIE ⊹⊹⊹ It's driving me crazy, and you can try to lie, But you're not gonna, not gonna deny, No you're not gonna, not gonna deny my love. And you can run to the hillside, and you can close your eyes, But you're not gonna deny my love.


Les premiers rayons de soleil parvenant à se frayer un chemin à travers la chambre, sortant ainsi celle-ci de la pénombre, donnent le top départ de la journée d’Alfie, pourtant réveillé depuis ce qui lui semble être des heures – et peut-être est-ce le cas. Bien qu’habitué à un sommeil naturellement écourté, pour la version officielle, devenu particulièrement mauvais, pour la version officieuse, le trentenaire tente malgré tout de se soumettre à un rythme imposé par la nature plutôt que par son horloge interne ; celle-là même qui est foutrement déréglée, capable de le convaincre que dormir quatre heures par nuit lui assurera un teint de porcelaine à la Emma Stone – spoiler alert : le concernant, cette accumulation de fatigue lui permet surtout d’être prêt à passer le casting de The Walking Dead – ou de lui assurer que se lever à trois heures du matin lui permettra d’être à l’apogée de sa productivité – alors qu’il est surtout question de se confondre en excuses et de travailler le regard innocent quand il croise une patrouille de police qui le voit s’adonner à son cross matinal à l’heure où d’autres rentrent de soirée. Qu’on se le dise, si ça ne tenait qu’à lui Alfie ne changerait pas le moins du monde ses habitudes, il lui est bien plus agréable de débuter sa journée au milieu de la nuit si la nécessité s’en fait sentir plutôt que de s’infliger une catalepsie difficilement supportable. C’est pourtant ce qu’il s’impose depuis que Joseph dort dans le salon, respectueux de ne pas faire subir aux autres ce rythme qu’il a lui-même parfois des difficultés à assumer – lorsque ses deux jambes ne peuvent plus maintenir son corps mais que son esprit s’oppose à toute forme de repos. Alfie ne voit pas de problème à sa situation ; il a toujours eu besoin de peu de sommeil et si cela s’est accentué au cours des derniers mois, c’est uniquement parce que son quotidien est moins fatigant. Il n’y a rien d’alarmant, c’est l’ordre naturel des choses. Pour autant, c’est bien sur la respiration endormie et apaisante de Jules qu’il tente de calquer la sienne, saccadée, comme il le fait de plus en plus régulièrement au milieu de la nuit. Le regard fixé vers le plafond – parce qu’il se sentirait l’âme d’un Joe Golberg s’il venait à dévisager sa compagne des heures durant – Alfie inspire, expire au même rythme que la jeune femme pour imposer à son rythme cardiaque de ralentir. Le jeune homme finit par se détendre après de trop longues minutes. Du moment qu’il garde les yeux ouverts, tout va bien. Il faut juste qu’il puisse y parvenir alors qu’il se sent dériver. Il faut juste que ses pensées envahissantes cessent de l’abandonner pile au moment où il en a le plus besoin. Il faut juste remplacer cette image furtive apparue dans son sommeil par d’autres, plus agréables, ou par des mots, plus abstraits mais tout aussi efficaces. Et c’est ce qu’il fait, énumérant mentalement tantôt sa liste de courses, tantôt celle des os du corps humain, en passant par le nombre de Pokémon dont il est capable de se souvenir ou encore les diverses nuances de rouge dont il a connaissance afin que ses paupières ne s’alourdissent pas et qu’il ne sombre pas. Son esprit s’affaire, liste, tente de contenir l’agitation de son corps susceptible de réveiller Jules paisiblement endormie à ses côtés. L’association se fait naturellement, d’images désagréables il en vient à des pensées nuisibles, comme c’est le cas depuis plusieurs jours, à l’approche de ce cap fatidique.

Trois ans.
C’est rien, trois ans dans une vie. Dans la sienne, ça lui paraît être une éternité. Pourtant, ça ne lui semble pas être une éternité qu’il est avec Jules, au contraire, il a parfois l’impression que leur première rencontre n’a eu lieu que quelques semaines auparavant. Peut-être parce qu’il se raccroche à celle-ci compte tenu du naturel qui la caractérise, qui tend désormais à laisser place à des interactions presque forcées, alors même qu’il n’y a qu’avec elle qu’il se sente lui-même – si on fait abstraction de toutes ces choses qu’il s’affaire encore à lui cacher. Son esprit n’est plus qu’un amas de pensées contradictoires parmi lesquelles il ne parvient pas à faire le tri. Il se questionne, Alfie, sur beaucoup de choses qui ne devraient pas susciter autant de tracas. La journée qui s’annonce va être belle ; comme toutes les autres, pas vrai ? Il s’est réveillé au côté de la femme qu’il aime, il va passer quelques heures sur une terrasse pour peaufiner ses travaux, il ira probablement au Canvas improviser une jam avec qui le veut bien, il reviendra pour passer la soirée avec Jules. La routine, en d’autres termes. C’est bien ça, le problème. Il laisse échapper un soupir, s’agace d’accorder autant d’importance à une fichue date qui ne devrait rien changer au reste. Ils ne sont pas dans un jeu vidéo, il n’a aucune obligation de passer au niveau supérieur, plus compliqué, la configuration actuelle est très bien et leur convient à tous les deux. Cette pression ressentie à chaque cap important n’est qu’une invention de la société actuelle ; il est bien dans sa vie, il n’a aucune raison de remettre celle-ci en question. C’est la pensée à laquelle il finit par se raccrocher alors qu’il s’extirpe avec délicatesse et habitude des bras de sa petite amie dès que le signal naturel lui apparaît à travers les stores.

La journée n’est pas tout à fait comme les autres en réalité – et peut-être ne le sera-t-elle pas du tout. S’il ignore encore l’issue de celle-ci, sa surprise, elle, sera à la hauteur et rattrapera le manque d’investissement de sa part l’an dernier à la même période – parce qu’il avait eu bien d’autres choses à penser à ce moment-là. C’est simple, comme la petite brune, mais c’est important, à l’image de sa présence de la vie d’Alfie, quoi qu’il puisse en penser, quoi qu’il puisse se passer. Appuyé contre le comptoir de la librairie qu’il a pu privatiser grâce à son amitié avec Gabriel, Alfie passe ses mains sur son visage comme si ce geste avait la capacité de chasser de nouvelles pensées parasitaires. Il n’en est rien, et ses yeux papillonnent sur l’endroit, se raccrochant au moindre détail susceptible de détourner son esprit. Ça fonctionne lorsqu’il vérifie l’emplacement des quelques guirlandes lumineuses qui donnent un air plus cosy à la pièce, qu’il s’assure que la table centrale de l’espace salon de thé soit correctement dressée, qu’il se perd parmi les centaines et centaines de livres l’entourant pour s’assurer du bon emplacement de celui qu’il a dissimulé au préalable. Il ne lui a pas fallu la journée pour tout préparer – loin de là – la décoration est simple et ordinaire compte tenu des lieux qu’il se doit de respecter, mais tout a été réfléchi jusque dans les moindres détails – Jules le découvrira bientôt par elle-même. Un dernier coup d’œil à l’endroit fait naître un sourire sur ses lèvres, tandis qu’il se met en route pour rejoindre la bénéficiaire de tels efforts.

Il lui obstrue la vue à l’aide d’un foulard lorsqu’il la rejoint à l’appartement, lui glissant un « et surtout, interdiction de tricher ! » à l’oreille alors qu’il l’aide à faire le chemin jusqu’à la voiture. Il monte le son de l’autoradio par sécurité, ayant à cœur de la priver de tous ses repères pour lui assurer la surprise la plus totale. Il ne leur faut qu’un petit quart d’heure depuis leur appartement pour rejoindre les lieux, et dans la continuité des choses, Alfie aide sa moitié à sortir de la voiture, elle qui est toujours privée de ses sens. L’abandonnant quelques instants pour se saisir d’un sac sur la banquette arrière, il revient rapidement auprès de Jules dont il saisit rapidement les mains. Un « qu’est-ce que j’ai dit, mademoiselle ? » accusateur s’échappe de ses lèvres alors que la jeune femme avait peut-être juste prévu de replacer une mèche de cheveux, qu’importe, Alfie prend son rôle à cœur et si elle n’a ne serait-ce qu’un bref aperçu de la rue où ils se trouvent, il pourra se considérer comme un piètre guide – au cas où il envisageait de se reconvertir en chien d’aveugle dans une prochaine vie. À côté de la jeune femme, une main sur sa hanche et l’autre qui se mêle à l’une des siennes, Alfie la dirige à travers les rues, jusqu’à la State Liberty. Le tintement caractéristique de la porte d’entrée devrait aiguiller Jules quant à l’endroit où elle se trouve, ainsi Alfie n’attend pas plus longtemps pour ôter le foulard de ses yeux lorsqu’ils sont à l’intérieur. « Bon anniversaire. » Il murmure, profitant des quelques instants où elle reste interdite le temps de s’imprégner de la surprise pour entourer la taille de Jules avec ses bras, la rapprochant de lui tandis que son visage s’enfouit dans son cou pour y déposer un baiser. Car c’est finalement ça, le plus important, cet amour sincère qu’il lui porte depuis plusieurs années. Et tout le reste est oublié.
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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyMar 26 Mar 2019 - 22:56



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes


Ma cuillère émet un bruit sourd alors que je la lâche au fond du bol de muesli que je viens d’avaler plus que difficilement. Mes mouvements sont secs, prouvant la colère évidente qui m’habite en ce matin pourtant si particulier. Je ne me suis pas levée du pied gauche, non, loin de là, mais je suis juste dégoûtée par l’attitude d’Alfie et ça me suffit pour être dans une rage folle. Ces dernières semaines, j’avais déjà l’impression qu’il était un peu distant, fuyant, qu’il cherchait à passer un peu moins de temps à la maison en s’adonnant à des activités diverses et variées, mais si ces doutes en étaient restés-là, jusqu’ici, ils sont devenus des certitudes à présent. Sauf que je ne comprends pas pourquoi il ne m’a rien dit, pourquoi il ne me parle pas si jamais il a un problème avec moi ? Parce que c’est évident, non ?! Il a vraiment un problème ! Sinon, pourquoi aurait-il, ce matin encore, décidé de prendre la fuite avant même que je sois sortie du sommeil ? Je sais que je suis sûrement stupide à accorder de l’importance à un jour plutôt qu’à un autre. Après tout, même si ça fait trois ans qu’on est ensemble aujourd’hui, hier ça faisait deux ans et trois cent soixante-quatre jours, c’est presque pareil et pourtant je n’en ai pas fait tout un foin. Alors peut-être que je ne devrais pas me prendre la tête, que je me comporte comme une gamine à vouloir que ce jour spécifiquement soit un peu magique parce qu’il est spécial à mes yeux. En vérité, je n’aurais pas demandé la lune non plus, mais puisque nous ne travaillons pas, j’aurais aimé que pour une fois, il ait envie de trainer au lit avec moi, refaire le monde en discutant de tout un tas de trucs, rester lovée dans ses bras comme une adolescente amoureuse, bref, des petites choses tellement banales aux yeux de beaucoup de gens mais qui pour Alfie-la-pile-électrique relèvent d’un véritable exploit.

Ce sont les mêmes gestes rageurs qui se répètent alors que je lave la vaisselle dans l’évier puis que je brosse mes dents au-dessus du lavabo de la salle-de-bain. Rien à faire, la colère n’arrive pas à retomber, malgré tous mes efforts. Je n’ai même plus envie de faire le moindre effort pour faire quoi que ce soit de ma journée. Je me retrouve telle une larve, en pyjama devant la télé, à zapper rageusement sur tous les feuilletons débiles que je trouve à la télé, ls yeux dans le vague, incapable de me concentrer sur quoi que ce soit d’autres que sur les pensées négatives qui tournent en boucle dans ma tête. Comme anniversaire d’amour, franchement on a vu mieux. Comme quoi, j’ai vraiment la poisse quand il s’agit de réussir sa vie de couple et pourtant, quand nous avons officialisé notre relation avec Alfie, j’ai tout de suite pensé que j’avais enfin trouvé la bonne personne et que je serais heureuse. Enfin, ça prouve simplement que j’ai un instinct à chier et que je ferais mieux de ne pas le suivre du tout. Les heures passent, ma rage persiste mais quand vient le soir, je finis quand même par réussir à me bouger pour aller jusqu’à la douche. Je ne sais pas pourquoi je veux enfin m’habiller maintenant, je crois que malgré mes certitudes, j’ai encore ce tout petit espoir minime que la journée finisse mieux qu’elle a commencé. Alors je me lave, je choisis une jolie robe plutôt simple, il n’est pas dans mes habitudes d’en faire trop et j’ai peur de me ridiculiser si jamais il arrive et se pose dans le canapé comme si de rien n’était. Je n’ai pas préparé le diner, au pire on commandera chinois, ce sera un peu un repas de fête… Dans mon sac, j’ai glissé le cadeau confectionné par mes soins, sans savoir si je vais vraiment lui offrir en fin de compte.

Lorsqu’Alfie franchit la porte de l’appartement à une heure plus que raisonnable, je me rends compte que je suis bien plus heureuse que je le devrais. Parce que maintenant, je devrais être contente qu’il daigne passer plus de dix minutes d’affilée à la maison avec moi ? Super. Toutefois, il me prouve bien rapidement que j’ai raison d’être enthousiaste puisque je me retrouve quelques minutes plus tard les yeux bandés, agrippée à sa main pour essayer de ne pas me casser la figure, toute ma colère s’est définitivement envolée. Il n’a pas oublié. Je crois que ça fait bien longtemps que je n’ai pas été aussi heureuse. « Promis ! » Mon ton est léger, aérien, à l’image de l’état émotionnel dans lequel je me trouve actuellement. Dans la voiture, j’imagine tout un tas de possibilités sur ce qui m’attend sans pouvoir m’arrêter avec certitude sur l’une d’entre elles. Après trois ans, je devrais connaitre Alfie par cœur et pourtant il me prouve ce soir qu’il n’en est rien. Lorsque je sors de la voiture, je reste bien immobile, attendant sagement qu’Alfie, qui s’est apparemment éloigné, s’occupe de me guider vers notre destination. « Eh ! J’ai rien fait, je te jure ! » Je proteste alors que je me fais sermonner sur ma capacité à attendre avant de découvrir ma surprise. Je marche à ses côtés et j’entends une sonnette tinter alors que nous entrons dans un lieu qui ne m’est évidemment pas étranger. Mon enthousiasme augmente encore d’un cran alors qu’il enlève le bandeau pour me laisser découvrir la libraire dans laquelle nous nous trouvons. Je regarde avec bonheur ces rayonnages de livres que je connais si bien, je respire l’odeur si parfaite de ce lieu que je fréquente assidument. La State Liberty est la même que d’habitude, enfin c’est ce que je pense dans un premier temps mais quelques secondes d’attention me permettent de me rendre compte que la décoration est différente et les guirlandes lumineuses accrochées dans la pièce suffisent à me donner le sourire. « Merci. » Je murmure, alors qu’Alfie me serre contre lui, redevenant enfin le garçon tendre qui me manquait tant ces derniers jours. Je comprends tout maintenant, sa distance, l’impression qu’il me fuyait… Il préparait une surprise, voilà tout ! J’ai été tellement idiote. Je passe mes bras autour de son cou, fermant les yeux pour profiter de cet instant et m’imprégner de son parfum que je connais par cœur et que j’aime tant. Elle est bien loin désormais, la colère de ce matin. « Bon anniversaire à toi aussi. » Je chuchote à son oreille, désireuse de ne pas briser la magie. Ce n’est qu’après de longues secondes que je m’éloigne enfin, parcourant des yeux l’ensemble de la pièce comme si je la découvrais pour la première fois. « On est seuls ? » Cette constatation me frappe seulement maintenant parce qu’au départ, j’étais trop obnubilée par mon bonheur pour me rendre compte qu’il était étrange de se retrouver à deux dans la librairie. « C’est toi qui as fait tout ça ? » Je connais la réponse, bien sûr, et peut-être est-ce mon côté maniaque du contrôle qui me donne envie de savoir pourquoi on est là plutôt que de simplement profiter de ce que j’ai. Une chose est sûre, je suis plus qu’impressionnée. « C’est la plus belle surprise de toute ma vie. » Je le pense sincèrement et l’immense sourire qui ne me quitte plus en témoigne.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyJeu 4 Avr 2019 - 19:05

S’il délaisse la jeune femme ce matin, c’est pour mieux la retrouver d’ici une poignée d’heures. Il prétendra le contraire tout au long de la journée, mais Alfie n’a pas oublié, et il sait qu’il ne peut agir de la sorte avec Jules en ce jour particulier auquel elle accorde probablement plus d’importance que lui. Pas qu’il s’en fiche, seulement d’ordinaire il ne retient pas les dates, il préfère célébrer dignement un événement avec du retard plutôt que de se contenter d’un simple mot poli le jour même. Or, si l’on prend en compte les événements indépendants de sa volonté s’étant déroulés l’année dernière à la même période, ils n’ont ni fêté l’événement avec du retard, ni dignement – tout juste avait-il concédé à un restaurant entre deux visites sur le tombe de Rachel et deux séances de rééducation qui l’épuisaient bien plus qu’il n’avait voulu l’admettre. Cette année, Alfie ne compte pas rater le coche et il lui est important de marquer ce jour où, trois ans plus tôt, ils ont commencé à se penser ensemble et non plus seulement comme deux identités distinctes. Et si l’envie de faire briller les yeux de Jules par la surprise qu’il lui prépare depuis quelques semaines est sincère, sa démarche n’en demeure pas moins égoïste dans son besoin de se raccrocher à la perspective d’un avenir commun qui s’est effacée pour la première fois – et il l’espère, unique fois – il y a quelques jours. Tout ceci est encore flou, autant que ça en devient tangible, et Alfie est plus perdu qu’il ne veut l’avouer, qu’il ne veut se l’avouer. Il aime Juliana, c’est la seule chose dont il a la certitude ; il aime sa compagnie, il aime son sourire, il aime le calme qu’elle lui apporte qui compense ces choses qu’elle lui a enlevées. C’est plus fort que lui ; ses pensées finissent par dériver, comme toujours, mais elles en deviennent problématiques, presque dangereuses. Il adore ses yeux rieurs plus que son regard accusateur, c’est pourtant cette image qui s’impose dans ses pensées. Il admire la patience dont elle a toujours fait preuve à son égard plus que les promesses qu’elle lui a forcées à faire, et pourtant il ne songe qu’à celles-ci. Il chérit la manière dont elle dessine des cercles dans sa paume lorsque son attention est nécessaire et qu’il n’est pas en mesure de l’offrir sans son aide, mais ce sont ces mêmes mains avec lesquelles il ne joue plus aussi naturellement qu’avant. Il a besoin qu’elle continue de l’emprisonner dans ses bras lorsqu’il s’agite, autant que l’espace qu’il souhaite instaurer entre eux, parce qu’il affectionne sa présence autant qu’il s’habitue à son absence. Pour toutes ces raisons, cette soirée lui est nécessaire autant à lui qu’à elle, probablement désireuse de fêter l’événement dignement. Ce n’est pas pour autant que les prochaines heures s’annoncent catastrophiques – bien au contraire, malgré tous les sentiments qui l’animent par rapport à Jules, son amour est toujours aussi présent et sincère, c’est quelque chose dont il ne doute pas et les instants passés en sa compagnie s’avèrent toujours aussi précieux. C’est bien ce qui complique d’autant plus les choses.

Lorsqu’il revient à l’appartement en début de soirée, Alfie est surpris de faire face à une Jules étonnamment heureuse de le voir, alors qu’il s’attendait à une réaction bien moins calme, à des hurlements, et peut-être un « abruti » crié avec fureur tandis qu'il aurait évité une spatule volant en sa direction. Et en réalité, il est presque déçu de la douceur avec laquelle elle l’accueille, lui qui affichait déjà son sourire d’imbécile sur les lèvres à l’idée de se jouer d’elle en prétextant avoir oublié ce jour important. Il se serait probablement amusé encore un peu plus de la situation avant de lui dévoiler ses véritables intentions, à coup de « non mais chérie laisse-moi t’expliquer, comme cette année j’ai trente-cinq ans et que je le vis suuuuper mal mon esprit est resté bloqué en 2018 et dans ma tête on a déjà fêté cet anniversaire ahah bah mince alors » ; « ah ouais, faut fêter nos trois ans par contre t’as pas fêté mon cap des cinq mois sans séjour à l’hôpital, alors, on fait moins la maligne ? » ou encore « ah non j’ai pas oublié, détrompe-toi, viens seulement avec moi » pour l’emmener devant une célèbre chaîne de restauration rapide située à quelques pas de la librairie avant de terminer la soirée en ces lieux après s’être assuré d’avoir bien mis à mal la patience de Jules pour qu’elle soit d’autant plus heureuse – ou pour qu’elle finisse par l’achever à coup d’escarpin, c’est une solution aussi. Mais comme Alfie n’a pas de prédisposition au sadisme, il ne tarde pas à lui faire comprendre qu’une surprise l’attend, sans pour autant en dévoiler le contenu. Mais Jules est suffisamment perspicace – et passe surtout bien assez de temps dans cette librairie pour reconnaître le son de la clochette parmi des dizaines d’autres – pour ne pas attendre qu’Alfie concède à lui faire recouvrer la vue pour commencer à assembler les pièces du puzzle. De la même manière, il n’attend pas qu’elle apprécie ce qui se dessine devant elle pour l’emprisonner dans ses bras et quémander une affection dont il a toujours besoin malgré tout ce qu’il peut se passer entre eux. Ses lèvres viennent caresser sa tempe en guise de remerciement silencieux tandis qu’elle lui souhaite un bon anniversaire à son tour, avant qu’elle ne se libère de son étreinte. « Complètement seuls. » Il acquiesce, sagement en retrait tandis qu’elle prend possession des lieux qui sont siens pour la soirée. « À moins que les esprits de Tolkien ou Jules Verne soient aussi de la partie. J’ai essayé de les booker, d’ailleurs, ça aurait fait un super cadeau, mais ils sont trop gourmands sur le chèque alors j’ai abandonné, j’espère que tu m’en voudras pas trop. » Il soupire, en haussant les épaules, l’air convaincu, comme s’il s’était amusé à faire une séance de spiritisme pour contacter les auteurs mentionnés, avant que ceux-ci l’envoient balader sans aucune délicatesse. À croire que la grosse tête est un concept toujours aussi fonctionnel, même une fois à trépas. Pas étonnant qu’autant de gens se fassent incinérer, ça évite les problèmes de cercueil pas suffisamment adaptés à l’estime du macchabée qu’il est censé accueillir. « La déco, oui, le repas c’est Gabriel donc s’il y a un souci, je te laisserai te plaindre à lui. » Il affiche un sourire en mentionnant le propriétaire des lieux, qui doit inévitablement connaître la jeune femme puisqu’elle doit bien lui rapporter un tiers de son chiffre d’affaire. « Oh, attends, ça peut vite tourner à la pire surprise de ta vie si tu trouves pas ton cadeau. » Il précise avec un sourire sur les lèvres, tandis qu’il sort de sa poche une carte sur laquelle on peut lire, de sa plus belle écriture (donc pas très lisible, en réalité) :

    « Successeur des apparences, reprenons là où tout a commencé par une énigme qui n’a pas fait de mystère pour toi ».

Tendant celle-ci à Jules pour qu’elle en prenne connaissance de l’énigme, il ajoute un simple « oui, parce que c’est à toi de le trouver, va pas croire que je vais tout faire » avec un sourire amusé, lançant ainsi le départ de cette chasse au trésor qui ne peut que lui plaire, il en est convaincu. Dans le cas contraire, il sera forcément déçu, car il a eu à cœur de lui proposer des énigmes qui font sens, qui l’obligent à fouiller parmi les étagères, à passer de livre en livre, jusqu’à tomber sur son véritable cadeau. Il s’est donné de la peine, Alfie, lui qui est novice dans le domaine parce que la lecture ne le calme pas autant que Jules car il ne parvient pas à rester suffisamment concentré pour cela, et qui est bien plus partisan des bandes dessinées qui lui permettent de s’arrêter sur chaque case à la recherche de toujours plus de détails ou de livres scientifiques que le commun des mortels trouverait chiant à mourir. Il est beaucoup plus enclin à suivre les aventures de Ra’s al Ghul ou Doomsday que celles des filles Bennet. Il espère que la jeune femme parvienne à reconstituer le parcours jusqu’à son cadeau, sans quoi il sera obligé de l’aider, quel dommage, d’autant plus que ce ne sera pas sans demander une contrepartie. « Oh, et je peux t’aider si tu le souhaites, mais les indices se paient chers, je te préviens. » Il n’a pas encore décidé exactement comment, mais Jules le sait et en a encore la preuve ce soir ; il peut être plein d’imagination.

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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyVen 5 Avr 2019 - 23:35



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@Alfie Maslow & Juliana Rhodes


Complètement seuls. Je ne sais pas comment il a réussi un tel exploit, le tout sans me mettre la puce à l’oreille. J’imagine qu’il n’a pas prévu ça ce matin sur un coup de tête mais que c’est quelque chose qu’il a prévu depuis longtemps. Savoir qu’il a vraiment fait l’effort d’organiser cette soirée mémorable me touche encore plus que la soirée en elle-même. Je suis évidemment ravie d’être-là, ravie qu’il me consacre toute sa soirée, ravie de voir ses yeux pétiller de bonheur et d’excitation en me voyant scotchée par tous ces préparatifs dont je ne m’étais absolument pas doutée. A ce moment précis, je suis convaincue d’avoir le meilleur petit-ami de l’univers et rien ni personne ne pourrait me faire changer d’avis. « Bien sûr que si je t’en veux ! Je m’attendais à diner en compagnie de tous les plus grands écrivains… Je te croyais meilleur négociateur. » Je le taquine, bien sûr, l’aspect financier et matériel n’ont jamais été deux choses essentielles à mes yeux et ce lieu magique qu’il a réussi à privatiser pour la soirée suffit largement à mon bonheur, je n’en demandais pas tant. La mine boudeuse que je tente de conserver doit tenir à peine dix secondes avant que je craque, retrouvant le sourire et la mine réjouie bien plus crédible compte tenu du niveau de joie et d’excitation auquel je me trouve actuellement. « Bon, d’accord, je te pardonne. » Dis-je en m’approchant de lui pour laisser mes lèvres effleurer les siennes en un baiser furtif avant de le laisser poursuivre son explication. Le fait qu’il se soit entendu avec Gabriel pour cette soirée ne me surprend pas, ou plutôt, ne me surprend plus compte tenu de ce que j’ai déjà appris. En revanche, je suis tout de même étonnée qu’il nous laisse profiter de la librairie au point de rester y diner et je n’ai apparemment pas fini d’être surprise puisqu’Alfie, après avoir rétorqué une phrase plus qu’énigmatique devant mon enthousiasme un peu trop débordant, sort une carte de sa poche. Je dois m’y reprendre à trois fois pour lire les deux lignes rédigées sur cette dernière et une troisième lecture est nécessaire pour que j’arrive à comprendre le sens de la phrase maintenant que je parviens à déchiffrer chacun des mots.

Sans forcément comprendre vers quoi est censée m’orienter la carte que je tiens en main, les paroles du jeune homme viennent confirmer ce dont je me doutais déjà. Un jeu de piste. Alfie m’a organisé un jeu de piste. Evidemment, je trouve l’idée géniale et je sais qu’il a parfaitement conscience de me faire plaisir. Sur le principe, tout jeu de piste est amusant mais alors l’organiser dans ce que je considère être une véritable mine d’or, je pense qu’il n’aurait pas pu viser plus juste. Et puis, ça veut dire qu’il a fait l’effort de se plonger dans mon univers, de s’approprier ma passion et c’est quelque chose qui me touche énormément. « M’aider ? Ai-je bien entendu ? » Je lui fais face, baissant l’espace de quelques secondes la carte que je tiens en main pour plonger mon regard dans le sien. « Monsieur Maslow, douteriez-vous de mes capacités à résoudre les énigmes que vous avez concoctées ? C’est bien mal me connaitre, préparez-vous à être impressionné. » Je sais que je ne devrais pas fanfaronner, pas avant même de commencer le jeu, parce que je vais certainement le payer cher. En plus, je connais Alfie, je peux même dire que je le connais par cœur et c’est parce que je parle le Alfie couramment que je sais qu’il peut se montrer imprévisible et que ses idées partent parfois tellement loin et tellement vite que même après trois ans de relation, il m’arrive d’être complètement dépassée. « Cela dit, je m’en voudrais que tu te sentes inutile parce que je suis trop brillante alors je crois que je peux faire semblant d’en avoir besoin au moins une fois ou deux et me sacrifier pour la bonne cause. » On se raccroche aux branches comme on peut, hein, parce que là, je ne me suis pas rendu service.

On parle, mais j’ai une première énigme à résoudre. « Maintenant chut, laisse-moi me concentrer ! » Je passe clairement l’une des meilleures soirées que j’ai pu vivre en compagnie d’Alfie et je pense que ça se voit, et pourtant, je n’ai même pas encore commencé à jouer. Je relis la phrase encore une fois, regarde autour de moi et réalise assez facilement la manière dont je dois chercher. « Bon, j’imagine que je dois chercher un livre en rapport avec cette phrase, c’est ça ? » Pour le coup, ça me parait assez évident, on est dans une librairie et il m’a fait comprendre que nous n’allions pas parcourir Brisbane tout au long de cette soirée. Si on reste ici, le plus logique est donc de chercher dans les livres. « Attends, ne réponds pas à cette question ! Je ne veux pas griller mes indices dès le début, pars du principe que je réfléchis à voix haute. » Je dois ressembler à une gamine dans un magasin de bonbon, j’ai envie de sauter partout, d’ouvrir tous les livres possibles et imaginables pour voir ce qu’il y a à l’intérieur et enfin découvrir le fameux cadeau qu’Alfie me fait miroiter. Malheureusement, je doute que cette méthode fonctionne à moins que nous passions toute la nuit ici. « Successeur des apparences », ça ne me dit absolument rien, j’abandonne donc cette partie de la phrase. « Reprenons là où tout a commencé », ça c’est plutôt évident, c’est lié à notre rencontre. Je lève les yeux de la carte pour dévisager mon petit-ami. « Une bible ? » A dire vrai, j’ignore totalement si Gabriel a des bibles en vente dans sa librairie mais même si c’était le cas, j’admets que j’ai du mal à faire le lien avec le « une énigme qui n’a pas fait de mystère pour toi ». La religion est une énigme pour tout être humain, alors ça n’a absolument aucun sens. Je suis obligée de relire six ou sept fois, fronçant les sourcils, concentrée sur mes recherches. J’oublie presque la présence d’Alfie qui doit bien se marrer en me voyant galérer de cette manière. « Une énigme qui n’a pas fait de mystère pour toi… Ça n’a aucun sens, c’est comme si j’avais trouvé la fin d’un roman policier avant…  » J’allais terminer par « de l’avoir achevé » mais ça a fait tilt dans ma tête, d’un seul coup. Mon dieu, mais quelle conne ! Comme quoi, le simple fait d’entendre ma propre réflexion a suffi à me débloquer. Lorsque nous nous sommes rencontrés, je me souviens parfaitement lui avoir parlé à de nombreuses reprises du livre que j’étais en train de lire. J’étais passionnée par l’histoire, même quand je ne le lisais pas, je me creusais la tête pour comprendre le mystère qui planait dans cette histoire. Il était captivant et quand j’ai réalisé qu’Alfie était bien plus pour moi qu’une rencontre amicale, ce livre a fini par avoir une valeur particulière à mes yeux et encore aujourd’hui, je relis certains passages de temps à autres pour me replonger dans cet univers que j’ai tellement apprécié. « Tu t'en es souvenu... » Je murmure, simplement. Sans en dire plus, je me précipite dans les rayons, sans avoir vraiment besoin de m’orienter plus que ça parce que j’ai passé tellement de temps en ce lieu que je connais parfaitement que le classement des livres est loin de m’être inconnu. J’attrape le fameux ouvrage de Paula Hawkins intitulé La fille du train et l’ouvre sans plus attendre, poussant une exclamation de joie en découvrant une nouvelle carte à l’intérieur. Triomphante, je reviens vers Alfie, brandissant mes deux trophées. « Victoire ! C’est qui la meilleure ? » Je fanfaronne mais ce n’est que le début. La lecture de cette seconde énigme va sûrement me donner encore plus de fil à retordre.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyMar 9 Avr 2019 - 18:14

C’est parce qu’il connaît Jules par cœur qu’il a été suffisamment confiant pour se jouer d’elle durant toute la journée sans envisager que la surprise puisse tomber à l’eau à cause d’une dispute initiée par la jeune femme à peine aurait-il franchi le seuil de leur appartement. Tous deux partagent un optimisme à toute épreuve, et il sait pertinemment qu’avant minuit, Jules aurait conservé l’espoir d’avoir le droit à un petit mot, une attention, ou peut-être mieux – et c’est précisément dans cette catégorie que s’inscrit la surprise qu’il lui a réservée. Là encore, c’est parce qu’il connaît la jeune femme mieux que personne qu’il ne s’inquiète pas de celle-ci et l’estime suffisamment à la hauteur pour qu’elle lui pardonne la sournoiserie du comportement qui a été le sien tout au long de la journée. Dans la continuité des choses, le fait qu’elle lui tourne le dos ne le dérange pas outre mesure puisqu’il peut estimer sans difficultés la palette des émotions qui se lisent sur son visage à cet instant. Il devine sans peine ce sourire qu’il apprécie tant et qui donne naissance à ces petites fossettes au creux de ses joues, la gratifiant par la même occasion de cet air espiègle pour lequel il a craqué lors de leur première rencontre. Il imagine ses yeux rieurs papillonnant de détails en détails, qui remplacent le regard noir qu’elle a dû afficher durant les dernières heures. Il visualise son petit nez se tordre telle une Samantha Stevens moderne pour contenir l’envie d’investir les lieux telle une enfant dans un parc d’attractions. Et c’est précisément parce qu’il la connaît par cœur qu’il se raccroche à ces détails, à sa silhouette qui finit par lui échapper, à l’enthousiasme avec laquelle il a préparé cette soirée, et l’impatience qu’il a contenue toute la journée. Car c’est bel et bien cette Juliana qui doit occuper ses pensées, et non l’image de celle dont il a eu un aperçu il y a un peu plus d’un an et qui continue de s’immiscer tel un poison dans son esprit. Paradoxalement, comme toujours lorsqu’il dérive, c’est la jeune femme qui le ramène sur terre – involontairement cette fois-ci, alors qu’elle se plaint du dîner manqué avec des auteurs qui n’ont malheureusement pas répondu présent à la séance de spiritisme initiée – ou plutôt, qu’il comptait faire, car évidemment que c’est une idée qui lui a traversé l’esprit, ce serait mal connaître Alfie que de l’envisager opter pour la rationalité en première option. « Désolé, je vais essayer de me rattraper pour ton anniversaire. » Il précise en haussant les épaules. Son anniversaire qui approche à grands pas et dont il n’a, pour le coup, aucune idée de la manière de le fêter – parce qu’il lui paraît loin, trop loin, mais il est encore dans le déni de telles pensées. « Merci de ton indulgence. » Il finit par murmurer contre les lèvres de Jules qui se mêlent aux siennes dans un instant furtif, trop furtif. Pour autant, il comprend que la curiosité de la jeune femme prime sur le reste – lui-même étant bien trop curieux pour son propre bien, aussi s’empresse-t-il de satisfaire celle-ci en expliquant comment il est parvenu à lui organiser une telle soirée. Ce n’était rien de bien compliqué, en réalité, il a seulement fallu convaincre Gabriel pour la partie « dîner », mais fort heureusement pour Alfie, le libraire semble être ignorant de la maladresse caractéristique de l’anthropologue – ce qui n’est pas le cas du principal concerné qui s’est assuré de quémander un repas qui ne risquerait pas de laisser une quelconque odeur sur les ouvrages qui les entourent, il ne manquerait plus que Gabriel perde sa clientèle parce que « Guerre et Paix » sent la bolognaise (ce qui mettrait à mal l’aspect dramatique nécessaire pour véritablement se plonger dans telle lecture) ou qu’une bible du végétarisme sente le poulet grillé (question crédibilité, on serait mal, très très mal).

Toutefois, le repas préparé par le propriétaire des lieux ne prendra une forme concrète que lorsque la jeune femme sera parvenue à résoudre les énigmes qui la mèneront à son cadeau – car il semblait évident pour le trentenaire de profiter des lieux jusqu’au bout, et ne pas se contenter de lui tendre un emballage alors qu’il a un véritable terrain de jeu à disposition (du moins, si on rejoint le point de vue de Jules sur la question). Ainsi, il lui dévoile la première énigme d’une demi-douzaine préparées par ses soins et glissées ici et là dans la librairie, non sans être anxieux quant au fait d’être parti trop loin, beaucoup trop loin et perdre la jeune femme en cours de route. En réalité, en vue de la manière dont fonctionne son esprit, il est inévitable qu’à un moment ou à un autre, elle ne parvienne pas à suivre le cours de ses réflexions ou, à l’inverse, elle est bien la seule personne en mesure de déchiffrer ce qui semble logique pour le jeune homme mais qui ne l’est jamais pour le reste du monde. « Toutes mes excuses, miss Rhodes, je ne doute pas de vos capacités à m’impressionner, mais des miennes à formuler quelque chose de cohérent. » Il lève les mains à mi-hauteur, air innocent plaqué sur le visage – celui qui dit « tu ne pourras pas me reprocher de ne pas t’avoir prévenue ». Finalement, c’est un sourire en coin qui s’empare des lèvres d’Alfie, alors qu’il imagine déjà sans difficultés la jeune femme tourner en rond parmi les étagères, fouillant secteur par secteur, râlant quelques fois, lui adressant un regard de pitié parfois, sans qu’il n’accepte de lui venir en aide du moment qu’elle ne le suppliera pas en bonne et due forme, elle qui semble si persuadée de venir à bout de ce jeu de piste. Préparé par n’importe qui d’autre, par Gabriel en personne par exemple, elle aurait pu mettre en avant ses capacités, mais préparé par son petit-ami, on peut l’estimer courageuse de se montrer aussi sûre d’elle. « Sinon, si tu penses que je vais être inutile à ce point, je peux tout aussi bien aller prendre un café et revenir d’ici une heure, quand tu seras en PLS au milieu de la librairie, une bonne partie de tes cheveux traînant partout à force de les arracher, en train d’éponger tes larmes avec des pages de « la logique pour les nuls » et qu’il te faudra vraiment, vraaaaaimeeeent ramer pour avoir le droit à une once de compassion de ma part. » Car il est évident qu’il la laissera là, seule et dépourvue de toute capacité mentale, au milieu des rayons et qu’il se contentera de lui passer par-dessus en prenant soin de ne pas lui écraser la main pour aller engloutir seul le repas prévu par Gabriel. « J’oublierai pas l’appareil photo, évidemment. » Qu’il ajoute, dans un coup de pression totalement gratuit. Et alors qu’elle lui ordonne de se taire, il hausse les sourcils, pince les lèvres, détourne légèrement la tête pour s’outrer de cette manière de lui parler, qui assurément ne lui rend pas service pour bénéficier des futurs indices dont elle aura évidemment besoin. M’enfin, elle fait bien ce qu’elle veut et Alfie obéit à la jeune femme, recule même de quelques pas pour se mettre en retrait afin qu’elle en oublie sa présence et se concentre exclusivement sur le trésor qu’elle doit trouver parmi les centaines et centaines de livres autour d’eux. Un instant, il est presque tenté d’ajouter une règle de dernière minute concernant une limitation de temps – parce qu’il se ferait un énorme plaisir d’imiter le bruit d’un chronomètre à mesure qu’elle approche du délai imparti – mais il préfère garder cela pour plus tard, histoire d’enfoncer le clou quant à son assurance qui va forcément s’effriter au fur et à mesure des minutes qui passent.

Alfie reste silencieux – un exploit, pour autant il ne parvient pas à rester statique et ne peut s’empêcher d’effectuer quelques pas de son côté de la librairie, près du comptoir. Quand on est un gosse comme lui, c’est difficile de regarder les autres agir tandis qu’il se doit de rester en retrait pour le bon déroulement de la chasse au trésor, c’est d’autant plus difficile qu’il voudrait lui crier « chauuuud, tiède, ah non, carrément froid » à mesure qu’elle s’approche ou s’éloigne du premier livre qu’elle doit trouver. Lorsque la voix de Jules s’élève dans la pièce, un franc sourire se glisse sur les lèvres d’un Alfie qui ne l’imaginait pas craquer aussitôt, mais son enthousiasme est bien vite réfréné par une Jules qui précise très vite réfléchir à haute voix, et non pas quémander un indice comme il l’imaginait. Alfie fait glisser son doigt d’un coin de sa bouche à l’autre avant de jeter la clé imaginaire dans le vide derrière lui, demeurant toujours aussi muet – et peinant toujours autant à rester sagement à sa place. Il réprime un rire lorsqu’elle évoque une bible – parce que c’est bien le dernier ouvrage dans lequel il aurait songé à cacher quelque chose, même s’il est vrai que Jules est bien plus croyante que lui. C’est pour cette raison qu’il reste muet, ne laisse pas échapper la surprise d’une telle suggestion en un rire bruyant, parce qu’il a toujours respecté les croyances de sa petite amie et aujourd’hui ne fait pas exception à la règle – quand bien même elle est complètement à côté de la plaque, qu’on se le dise (et il parle bien de la chasse au trésor). Pour autant, c’est bien un sourire qui s’affiche sur ses lèvres, pas moqueur, mais bel et bien amusé par la manière dont elle tourne en rond – et complètement satisfait par le fait qu’elle se prenne au jeu de cette façon. L’illumination qui frappe Jules pourrait être illustré par une ampoule au-dessus de sa tête alors qu’elle s’empresse de rejoindre le bon rayon – cette fois, c’est sûr, elle a bon. « Tu en doutais ? Wow, c’est carrément vexant, je crois qu’on va arrêter-là, hein, j’espère que t’es fière d’avoir fait passer ton homme d’un être euphorique à une âme moribonde. » Qu’il soupire alors qu’il affiche une moue boudeuse pendant une quart de seconde. En réalité, la réflexion est parfaitement appropriée ; d’eux deux elle est bien celle qui emmagasine le mieux les informations, Alfie tend à devoir faire des raccourcis ou user de combines mnémotechniques pour se souvenir de tout ce qui semble important pour le commun des mortels, mais qui est foutrement inutile pour lui – ou plutôt pour son esprit, car ce n’est pas faute d’avoir toujours l’espoir, trente-quatre ans après sa naissance, d’enfin parvenir à se souvenir de tous ces événements considérés comme importants. Alors que Jules revient vers lui, c’est avec un sourire amusé qu’il l’accueille, non sans poser ses mains sur la tête de la jeune femme et inspecter celle-ci comme s’il était un médecin ô combien expert dans le domaine de la circonférence crânienne. « Hm… mouais, j’avais un doute, mais tu peux encore passer les portes. Fais attention quand même, parce que je pense qu’à ce rythme, d’ici la fin de la soirée je vais devoir te laisser ici parce que t’arriveras pas à franchir l’entrée. » Il s’amuse, libérant finalement Jules. Tandis que d’un signe de la tête, il l’invite à prendre connaissance de la seconde carte, sur laquelle est écrit :

    « En cette année est née ma bien-aimée, et ça n’est pas un hasard si je l'aime autant. »  

Lorsqu’elle relève les yeux, il croise son regard et anticipe déjà la petite danse de la victoire qu’elle risque d’exécuter à l’issue de cette seconde énigme. « Celle-ci est facile. Enfin, je crois. Ceci dit, c’est pas la plus facile, mais c’est vrai qu’elle est pas aussi compliquée que l’avant-dernière, m’enfin, j’en sais rien, peut-être que justement tu vas galérer sur celle-ci et complètement réussir les dernières, ça dépend, peut-être que tu vas partir bien trop loin alors que la réponse est évidente, ou peut-être qu’elle est tellement évidente que tu vas même pas avoir besoin de réfléchir, mais ça m’étonnerait parce que j’essaie vraiment d’embrouiller ton cerveau juste pour le plaisir de te voir un peu galérer, sinon c’est pas drôle. » Il conclut finalement, sourire d’imbécile sur les lèvres, alors qu’à nouveau, il s’écarte pour se mettre en retrait et lui laisser ainsi le champ libre.
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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyMer 10 Avr 2019 - 17:26



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@Alfie Maslow & Juliana Rhodes


Je ne crois pas qu’il réalise vraiment à quel point il s’est tiré une balle dans le pied en m’organisant une telle surprise à deux mois de mon anniversaire. Alfie vient de placer la barre extrêmement haute et faire mieux me parait quasiment impossible. Mais en vérité, et il le sait, je préfère largement qu’il m’ait réservé cette soirée exceptionnelle pour notre anniversaire et non pour le mien car j’ai vraiment beaucoup de mal à accepter les années qui passent ce qui a pour conséquence de provoquer chez moi une intense déprime à chaque jour J. Heureusement, cette dernière est de courte durée mais chacun de mes anniversaires semble me rappeler que mon chemin de vie n’a pas été comme je l’aurais voulu. Alors, forcément, célébrer le fait qu’après trois ans nous nous aimons encore me parait largement plus essentiel que de fêter mes trente-deux années sur cette terre. S’il pouvait carrément l’oublier, d’ailleurs, ça ne serait pas plus mal. Quoi que, peut-être que voir une année de plus écoulée pourrait lui donner un petit déclic et qu’il se rendrait compte que nous pouvons avancer dans notre relation. Malgré tout, je suis bien décidée à ne pas laisser de telles idées parasiter notre anniversaire et je garde le sourire, mettant dans un coin de ma tête mes rancœurs qui n’ont pas lieu d’être puisqu’Alfie a été absolument parfait ce soir. Je m’en voudrais de conserver cette colère résiduelle dans un moment tel que celui-ci. Heureusement, le jeu qu’il a organisé capte cent pour cent de mon attention et je n’ai donc aucun mal à passer à autre chose, profitant pleinement des longues heures que nous allons pouvoir passer ensemble, rien que tous les deux. J’en rêvais, j’ai l’impression que ça fait une éternité que ça n’est pas arrivé. « Ne t’inquiètes pas pour moi, je crois qu’après trois ans, on peut officiellement dire que je suis devenue bilingue, je parle le Alfie couramment. » Je ne sais pas si c’est la vérité ou si j’ai tout simplement envie que ça soit la vérité. Alfie fait partie de ces personnes qui n’ont pas de bouton « pause » sur leur cerveau. Les idées fusent à une vitesse impressionnante et il est souvent, pour ne pas dire tout le temps, très difficile à suivre. Bizarrement, c’est un des traits de sa personnalité que j’apprécie le plus, sûrement parce qu’il contraste parfaitement avec mon côté carré, ou plutôt carrément psychorigide, et calme. Il est arrivé dans ma vie telle une tornade que je parviens souvent avec peine à canaliser et qui m’apporte ce grain de folie dont je manquais cruellement avant qu’il entre dans ma vie. Il m’a appris à me montrer plus téméraire, à sortir de ma zone de confort et à accepter l’imprévu. Très régulièrement, encore, il arrive que mon naturel revienne au galop mais il est toujours là pour voler à mon secours lorsque ça se produit, avec son humour et son dynamisme. Sans lui, je serais une toute autre personne à l’heure actuelle et je crois que j’aime vraiment bien celle que je suis devenue grâce à son soutien. « Non mais quel sadique… Je suis sûre qu’en rédigeant les énigmes, tu m’imaginais déjà au bout de ma vie parce que je n’en trouvais pas une seule. Heureusement que je vais pouvoir te prouver à quel point tu m’as sous-estimée. » Les vannes d’Alfie ne me rassurent pas du tout sur ma capacité à venir à bout du jeu. Je me doute bien que s’il se permet de la ramener, c’est qu’il a parfaitement conscience qu’il va réellement me mettre en difficulté et que je vais forcément devoir faire appel à lui. Bien entendu, je vais tout faire pour que ça n’arrive pas. « Mais rassure-toi, à défaut d’avoir lu « la logique pour les nuls », je maitrise parfaitement « Comment faire semblant d’éprouver des difficultés pour ne pas vexer son petit-ami », alors tu auras ton heure de gloire, je te le promets. » Et il insiste en plus, apparemment ravi de m’enfoncer encore davantage. Bon, on ne va pas se mentir, c’est totalement de ma faute puisque j’ai voulu dès le départ me prétendre bien plus forte que je ne le suis en réalité. Gosh. Je me suis mis dans une sacrée merde. « Tu veux immortaliser ma victoire ? Trop mignon. On pourra la faire développer et encadrer. » Au fond de moi, je n’en mène pas large et il me connait assez bien pour savoir que je suis loin d’être aussi sereine que je le prétends.

J’en mène encore moins large lorsque je réalise que je butte sur la toute première énigme. Après quinze lectures, une bonne dose de désespoir et la nette certitude que je ne vais pas réussir à finir cette soirée sans devoir supplier Alfie de me venir en aide, j’ai tout de même l’illumination que j’attendais ! J’en profite pour, involontairement, vexer mon amoureux au passage et il ne manque évidemment pas de me le faire remarquer ce qui m’arrache un sourire. « Tout de suite les grands mots… » Je lève les yeux au ciel, ce n’est pas de ma faute s’il m’a déjà prouvé à maintes reprises que sa mémoire laissait sérieusement à désirer. « En plus, ça partait vraiment d’une bonne intention ! » Je me raccroche aux branches comme je peux, autant dire que c’est plutôt difficile d’autant plus que j’ai trop hâte de vérifier ma théorie ce que je fais dans les secondes suivantes, ravie de découvrir la fameuse deuxième énigme dans mon livre favori. Evidemment, je fanfaronne, ravie d’avoir été aussi brillante pour la toute première énigme d’une longue série. Alfie se charge de me faire redescendre un peu sur terre, jouant aux apprentis médecin pour me faire parfaitement conscience que la prétention dont je fais actuellement preuve risque de me faire prendre la grosse-tête. « Tu n’iras nulle part. » J’adopte un ton faussement sérieux. « Comme j’ai passé notre journée d’anniversaire toute seule, j’ai pris la décision unilatérale que tu serais à moi et rien qu’à moi jusqu’à minuit minimum. » Il fallait quand même que je lui fasse remarquer à un moment que j’ai vraiment failli bouder en me rendant compte qu’il me délaissait aujourd’hui, tout en profitant de cette constatation pour lui faire comprendre que je n’avais pas du tout l’intention de le lâcher. Evidemment, j’ai parfaitement conscience que ma tête ne risque rien et que je rentrerais chez nous saine et sauve à la fin de la soirée, mais au moins, il sait désormais qu’il peut oublier tout de suite l’idée de me fausse compagnie ne serait-ce que deux minutes.

J’ai une seconde énigme à résoudre désormais et cette dernière m’arrache, évidemment, un immense sourire. « J’ai rien compris, mais je l’aime déjà beaucoup celle-ci. » C’est une déclaration comme une autre, après tout, avec les hommes mieux vaut ne pas être trop exigeante. « Je cherche un livre qui a été publié en 1986, donc. » Je trouve ça presque facile. Enfin, pour le début de l’énigme en tout cas, mais Alfie se charge une fois de plus de faire en sorte que je ne prenne pas trop la confiance en ajoutant son petit commentaire. « et peut-être que si tu continues à envisager toutes les possibilités, on va rester ici toute la nuit et s’endormir sur les énigmes avant que j’ai pu finir de les résoudre ? » Mais j’admets que j’ai des doutes quant à l’évidence de la résolution de l’énigme actuelle. Je veux bien maitriser un minimum la culture littéraire, je suis loin de connaitre par cœur tous les livres qui ont été publiés durant mon année de naissance. J’admets, de toute façon, que je ne connais en général pas vraiment la date de publication des ouvrages à moins que celle-ci soit vraiment très récente ou vraiment très ancienne. Cependant, je ne me laisse pas abattre pour autant et relis la phrase pour en détacher chaque morceau et essayer de les interpréter, à ma manière. « Ce n’est pas un hasard si tu l’aimes autant… Du coup, je dois trouver un livre publié en 1986 qui renvoie à la raison pour laquelle tu m’aimes ? » Encore une question à laquelle je n’attends pas vraiment de réponse, simple preuve de la réflexion qui est en train de faire des nœuds à mon cerveau. « Je suis censée savoir pourquoi tu m’aimes ? » Non pas qu’Alfie soit avare en compliments, mais de là à connaitre précisément la raison pour laquelle il est tombé amoureux de moi… D’ailleurs, je ne pense pas que lui-même le sache. Je ne crois pas que je pourrais répondre à cette question si la situation était inversée d’ailleurs, c’est comme ça, c’est tout. C’était juste une évidence. Est-ce que ça peut avoir un rapport avec les évidences ? Après tout, il vient de dire que la réponse était évidente… C’était peut-être un indice. « C’est en rapport avec le hasard ? Je connais un seul livre qui en parle… Il s’intitule « Ce n’est pas un hasard », je crois, mais c’est une sombre histoire de catastrophe naturelle et je crois que ça a eu lieu dans les années deux-mille, donc rien à voir… Et puis si tu m’aimes parce qu’il y a eu plein de morts au Japon, ça fait de toi une personne extrêmement bizarre.  » Exit donc, la catastrophe naturelle du Japon. Je vais devoir trouver autre chose de plus pertinent que ça. « Sinon, à la bibliothèque, on vient de recevoir un livre qui s’intitule « C’est décidé, je suis fabuleuse », mais ne t’inquiètes pas, je ne prends pas la grosse tête, c’est un livre qui parle des imperfections féminines, je crois. Ou plutôt de comment bien vivre ses imperfections. Mais je t’avoue que je ne l’ai pas lu, je vis déjà plutôt bien les miennes. » Bon, de toute façon, ce n’est pas ça évidemment, le livre est paru récemment sinon on l’aurait depuis longtemps en stock. Je voulais juste lui rappeler qu’il avait une copine extraordinaire au cas-où il commencerait à en douter un petit peu. « Je connais vraiment des TONNES de livres qui parlent de l’amour, du hasard, et de tous ces trucs-là… Il y a même un bouquin dont l’héroïne est une femme de trente-trois ans qui se fait quitter par son mec et se retrouve à pleurer sur sa vie détruite… Sache que si tu essaies de me faire passer un message, c’est un très mauvais moyen de le faire. » Je souris, évidemment, à des millénaires de penser que notre couple va mal et que nous allons éventuellement nous séparer. Bon, il est vrai que je n’en menais pas large ces derniers jours, les absences à répétition d’Alfie commençaient à me peser plus que je ne voulais l’admettre. Maintenant que je sais que tout cela était lié à cette surprise, je suis évidemment infiniment rassurée et sereine quant à l’avenir qui nous attend. « Est-ce que ça peut être un livre dont l’histoire se passe en 1986 mais qui n’a pas été publié en 1986 ? » Cette donnée augmente encore une fois le champ des possibles mais ça réduit encore davantage mes chances de mettre la main sur le livre auquel Alfie à penser. Tout en parlant, je parcours les rayonnages, espérant qu’une date me saute aux yeux pour que je puisse crier victoire mais malheureusement pour moi, il n’en est rien. « Tiens, il y a ça qui a été publié en 1986. » Dis-je en brandissant un ouvrage au hasard. « Ça s’appelle « Mémoires d'un moine aventurier tibétain », tu m’aimes parce que j’ai préféré être avec toi plutôt que d’entrer au couvent ? » Merci les raccourcis foireux. Je feuillette tout de même le livre par acquis de conscience, pas du tout surprise de ne rien trouver à l’intérieur avant de le reposer sur son étagère pour rejoindre Alfie, toujours en retrait. « J’avoue, je sèche un peu… » Je murmure, le regard fuyant, parfaitement consciente de ce à quoi je m’expose en prononçant à voix haute cet aveu de faiblesse. Exposition de joie d’Alfie dans cinq secondes, montre en main.


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Dernière édition par Juliana Rhodes le Ven 12 Avr 2019 - 10:21, édité 1 fois
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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyVen 12 Avr 2019 - 1:25

Il se rattrapera à son anniversaire – il essayera, du moins. Même si celui-ci lui semble encore loin, il convient de ne pas douter des capacités créatives d’Alfie qui n’aura probablement aucun mal à organiser une surprise qui, à défaut d’être à la hauteur de celle-ci, parviendra malgré tout à égayer cette journée particulière. Pour autant, là où certains auraient privilégié cet événement plutôt que la célébration de leurs trois ans ensemble pour sortir le grand jeu, Alfie n’est pas sans savoir que Jules n’est pas aussi à l’aise que lui avec les années qui passent. Si le brun s’apprête à passer le cap des trente-cinq ans cette année et que cela pourrait tendre à l’angoisser ; il n’en est rien, il se veut serein, principalement parce que s’il faut faire un bilan, celui-ci ne s’avère pas aussi catastrophique que son passé aurait pu le laisser présager. Il s’est débarrassé (croit-il) de ses vieux démons, aussi cliché cela soit-il a réellement trouvé un sens à sa vie de par sa passion qui est devenue son métier, et quand même bien il ne sera jamais aussi célèbre que Malinowski et ne contribuera jamais à autant d’apports dans son domaine, il peut se targuer de doucement bâtir une carrière et avoir des opportunités dont d’autres ne peuvent pas se vanter, et d’avoir la chance de partager tous les moments essentiels de sa vie avec une jeune femme qui l’a toujours épaulé – ou presque toujours. Sa vie telle qu’elle se présente à l’heure actuelle lui convient – à l’exception de quelques détails, ceux-là même qu’il ignore à ce moment-là ne justement pas être que de simples détails –, il est épanoui et les années qui défilent ne sont pas synonymes d’angoisse autant qu’elles semblent l’être pour Jules. C’est pour cette raison qu’il ne compte pas en faire autant d’ici deux mois, lorsque le temps de son anniversaire sera effectivement arrivé, et qu’il privilégiera certainement un dîner dans le restaurant favori de Jules plutôt qu’une surprise de cet acabit. Et si aujourd’hui cela lui tenait autant à cœur, ce n’est pas pour répondre aux conventions sociales qui font du cap des trois ans un cap hautement symbolique, et s’il y a une part de son action motivée par le fait de rattraper l’anniversaire carrément inexistant de l’an dernier, au-delà de tout cela il y a ce besoin aussi égoïste qu’inavoué de se rassurer, de démontrer (à qui, c’est la réelle question) l’importance de Jules dans sa vie. Car malgré les difficultés qui commencent à apparaître, qui se dessinent sans qu’il ne l’accepte vraiment, sans qu’il ne soit prêt surtout, il y a quelque chose qui demeure stable entre eux ; tout ce qu’elle représente pour lui. Avant elle, il n’aurait jamais envisagé de se lancer dans une relation sérieuse – lui qui, au contraire, tendait à passer de draps en draps, ne s’éternisant jamais au-delà de l’aurore, dont les efforts étaient présents, mais jamais bien longtemps. Un mois, deux, six tout au plus. Et trois ans après, le voilà qui en fait toujours pour Jules. Et si symbole il y a à chercher, il est bien dans les actions plus que dans les années qui atteignent une première étape – parce que sa peur de l’engagement l’empêche de voir les choses de cette manière.

La réflexion de Jules le tire de ses pensées et il esquisse un sourire tendre à celle-ci. Rares sont ceux pouvant se vanter parler le Alfie comme elle le dit, mais assurément s’il y en a une qui peut se targuer d’avoir cette capacité, c’est bien elle. Au-delà de simplement le parler, elle le comprend. Sans qu’il n’ait besoin d’ouvrir la bouche parfois, et c’est la raison principale pour laquelle il est, pour la première fois, parvenu à penser une relation sur le long terme – et à le vouloir, surtout. Parce qu’elle ne s’est jamais agacée de ne pas parvenir à le suivre, elle ne s’est jamais offensée qu’il ne l’écoute plus parce qu’il n’avait pas les capacités pour cela, elle ne s’est jamais outrée de ses propos parfois décousus du moindre sens. Il n’a jamais eu besoin de plus d’un mot, d’un regard, d’un signe pour qu’elle prenne la mesure de sa détresse – celle qu’il assume – et agisse en conséquences. Et jusqu’à récemment, elle acceptait celui qu’il était, là où beaucoup ont souhaité le domestiquer, là où d’autres n’ont jamais cessé de le mettre dans des cases, de lui imposer un conformisme auquel il n’est jamais parvenu (et ne parviendra jamais) à se soumettre. « Très bien, considère que c’est ton examen final, alors, après quoi tu obtiendras officiellement ton bachelor. Ça tombe bien en plus, c’est pile poil la bonne durée, comme quoi, j’ai pensé les choses jusqu’au bout, t’as vu. » Son index bien tendu vient caresser sa tempe dans sa plus belle interprétation du génie qu’il est pour avoir élaboré un plan aussi construit. Un plan qui, évidemment, fait une belle place au probable échec de Jules, quand bien même celle-ci se complait dans une assurance feinte, car il la connaît suffisamment pour savoir que l’arrogance n’est pas un des traits de sa personnalité, et il s’en amuse, Alfie, encore et encore, à imaginer la détresse dans laquelle sa moitié sera assurément plongée quand elle devra reconnaître qu’elle a raté son examen final (c’est pas grave, il l’aime suffisamment pour lui donner un certificat équivalent). « Ou peut-être que tu vas seulement prouver que je te connais suffisamment. » Il glisse, l’air de rien, épaules qui se haussent de la plus innocente des façons, les lèvres qui se pincent et le sourire amusé qu’il empêche de naître. « Et non, je suis pas aussi sadique. Je pense quand même que tu vas en trouver une ou deux. » Et cette fois-ci, il ne réprime pas le sourire qui se dessine sur ses lèvres, s’écartant légèrement alors qu’il s’attend déjà à un faible coup sur son épaule ou son torse – ça dépendra de l’agacement qu’il provoque chez elle. « Attends, attends, donc la semaine dernière quand tu m'as demandé d'ouvrir cette boîte de conserve parce que tu n'y arrivais pas… ? Et celle d’avant, quand tu as prétendu ne pas savoir où se trouvait cette épicerie bio qui venait d’ouvrir et qu’il a fallu que je me la joue guide… ? Il écarquille les yeux, s’offusque théâtralement, pose une main sur son cœur. Mais qui êtes-vous ? Il soupire, non sans esquisser une petite moue. Continue, j’aime bien avoir mes heures de gloire. » Qu’il murmure sur le ton de la confidence, alors qu’il laisse échapper un rire lors du nouvel élan de confiance de Jules. « Bonne idée, et on la mettra au milieu du salon pour que tous nos invités puissent avoir un aperçu de ta PLS. » Il insiste, Alfie, il ne compte pas la lâcher, même si au fond, il sait qu’elle peut résoudre tout ce casse-tête qu’il lui propose ce soir, et que si elle ne devrait pas faire la maligne avant d’être parvenue jusqu’à l’issue du jeu, il ne devrait pas non plus partir du principe qu’elle sera confrontée à des difficultés tôt ou tard.

Ce n’est en tout cas pas sur la première énigme que les difficultés se font ressentir, car même s’il lui a fallu quelques minutes pour parvenir à l’enchaînement logique – il l’était dans la tête d’Alfie, du moins – des mots, elle est parvenue à mettre la main sur le livre qui contient la seconde énigme, non sans s’attirer les foudres du brun lorsqu’elle s’étonne qu’il se soit souvenu de son intérêt pour ce livre. Le contraire aurait été étonnant, puisqu’elle n’avait eu de cesse de lui en parler et que comme la passionnée de romans qu’elle est, le sujet avait naturellement monopolisé la conversation au cours de leurs premiers rendez-vous – pas que ça le dérangeait, au contraire, ça lui avait plu de laisser la technologie de côté le temps de quelques heures. « Oui, on va dire ça, oui. » Qu’il marmonne (faussement) vexé. Il est vrai que sur ce point, il lui est difficile de paraître crédible tant la mémoire d’Alfie peut lui faire défaut, et préfère retenir des informations ô combien inutiles à son quotidien plutôt que celles qui parviendraient à le dépêtrer de situations périlleuses. « Oh, c’est le genre de décision qui me pose un énorme problème, tu t’en doutes bien. » Qu’il soupire exagérément alors qu’il entoure la silhouette de Jules de ses bras pour la retenir prisonnière un bref instant. Peut-être aurait-il dû préciser que le problème n’en est pas un mais seulement pour ce soir, mais là encore, cela nécessiterait d’avoir un nouveau regard sur Jules alors qu’il s’évertue à garder les yeux fermés sur certains éléments. « Tu admettras que la surprise valait bien que je m’amuse de la situation. » Il finit par ajouter alors qu’il détache son étreinte à contrecœur, ne perdant de vue le fait qu’elle a une nouvelle énigme à résoudre.

Énigme auquel elle ne comprend rien selon ses propres dires, ce qui dessine un sourire amusé sur les lèvres d’Alfie. Il acquiesce silencieusement à son premier raisonnement, le livre en question ayant été effectivement publié en 1986. Pour la première partie de l’énigme, elle est dans le juste, et cela laisse présager une certaine facilité pour la résoudre – quand bien même il met beaucoup d’énergie à essayer de l’embrouiller. « Ça tombe bien, j’ai prévu un sac de couchage. » Qu’il avoue, et il ne s’agit même pas d’une plaisanterie dans la continuité des précédentes, mais d’une prévoyance avouée. Il a promis à Gabriel de rendre la librairie en l’état demain matin, rien n’interdit de passer la nuit ici s’ils le souhaitent, s’ils y sont forcés par la finesse de ces énigmes, hm. Comme lors de la première, Alfie se met en retrait maintenant que la machine Jules est lancée, ne voulant pas perturber ses questionnements et ses – tentatives, puisqu’elles ne sont pas couronnées de succès – de résolution. La jeune femme enchaîne les questions, et tout ce qui s’affiche sur le visage d’Alfie est une parfaite neutralité, se remémorant encore la précision qu’a été celle de Jules quand il a eu le malheur de croire qu’elle était désireuse d’un indice. Elle réfléchit à voix haute, il n’y a donc aucune raison qui justifierait qu’il prenne la parole ou laisse entrevoir quoi que ce soit sur son visage qui se doit rester stoïque. Tout juste se permet-il un « ça, c’est à toi de me le dire » lorsqu’elle s’interroge sur la raison pour laquelle il l’aime. Et finalement, c’est un rire franc qui s’échappe de ses lèvres lorsqu’elle poursuit ses réflexions à voix haute. « Mince, je suis percé à jour. » Il débute, son esprit s’active, les scénarios les plus farfelus s’enchaînent afin d’envisager une explication satisfaisante quant au lien qu’elle fait. Ding ding ding, nous avons un vainqueur. « Pourtant le lien est facile à faire : si on part du tsunami de 2011, on peut le mettre en lien avec d’autres catastrophes, dont, à tout hasard, Tchernobyl qui a eu lieu… oh surprise, en 1986. » Dingue. « T’as déboulé comme ça, sans que je m’y attende, t’as tout remué sur ton passage et t’a laissé des séquelles – mais des bonnes, je te rassure. T’es ma petite catastrophe à moi, avoue que c’est vachement plus original comme surnom que chaton, bébé et autres mon cœur. » Sur une échelle de 1 à 10 de la déclaration d’amour, Alfie se situe sur un autre continuum encore non-identifié à ce jour (et c’est tant mieux pour l’espèce humaine). « Ah ? Tu devrais, pourtant. » Qu’il s’amuse par la suite, heureusement en retrait, parce qu’à provoquer Jules comme il le fait, il y a un escarpin qui va traverser la pièce avant la fin de la soirée, c’est une certitude. Pour autant, s’il se permet autant de légèreté, c’est parce qu’elle le connaît suffisamment pour savoir qu’il n’est pas sérieux et qu’il l’apprécie comme elle est – ce sont certaines actions qui posent problème, plus que sa personnalité. « Moooooi ? J’oserais pas ! Il écarquille les yeux, véritablement choqué, outré, déçu. Et puis, t’as pas encore trente-trois ans, je te rappelle. » Air innocent sur le visage, sourire de bouffon sur les lèvres, Alfie va réellement finir la soirée coincé entre deux étagères s’il continue ainsi. La jeune femme pose une nouvelle question qui se heurte au mutisme d’Alfie, ayant décidément bien retenu la leçon – et appréciant de la voir galérer ainsi. Les minutes défilent, la solution s’éloigne, et les supplications se préparent. « C’est une raison parfaitement valable, tu crois pas ? Il marque une courte pause, avant de reprendre. Bien que si ce cas de figure s’était présenté, c’est bien-sûr toi qui aurait eu le plus à perdre, j’veux dire, regarde à côté de quoi tu serais passée. » Dit-il en se désignant des deux mains, tandis que son arrogance n’est qu’amplifiée par les derniers propos de Jules. Ses yeux s’écarquillent de nouveau, sa bouche s’entrouvre, et finalement un énorme sourire qu’il ne prend pas la peine de dissimuler naît sur ses lèvres. Sans tarder, il fait les quelques pas qui les séparent, cessant ainsi sa mise en retrait. « Quoi ? Pardon ? J’ai pas très bien entendu, tu peux répéter ? Qu’il s’amuse, se penchant pour être à sa hauteur, se rapprochant comme si elle s’apprêtait à lui murmurer un secret à l’oreille. Ah oui, tu disais que tu as besoin de l’aide de ton formidable petit ami, si précurseur, ce voyant, pour résoudre cette terrible énigme et que tu t’excuses d’avoir été aussi confiante, car, vraiment, il a fait fort sur ce coup-là et tu ne peux que t’incliner. » À peu de choses près, c’est effectivement ce qu’elle a dit, bien évidemment. Finalement, l’anthropologue reprend son sérieux, et laisse échapper un bref soupir. « Je t’offre le premier indice, cadeau de la maison. Pas de contrepartie, qu’elle s’estime heureuse. Moi, je m’en suis souvenu, toi par contre... Qu’il glisse sur le ton de la confidence, comme s’il était un grand orateur et que l’indice était ô combien précieux. Alors tu peux bien t’en étonner, mais j’assure plus que toi de ce côté-là, et je suis franchement vexé. » Et s’il affiche un sourire, ce n’est pas totalement faux. Quoi qu’il en soit, il estime qu’elle est désormais en possession de toutes les pièces qui lui permettront de reconstituer ce puzzle. Dans le cas contraire, elle n’a qu’à s’estimer heureuse qu’il ne soit pas susceptible – quoi que, il est presque en train de le devenir à cet instant.  
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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyVen 12 Avr 2019 - 15:52



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes



Quelle grossière erreur de la part d’Alfie, il n’aurait absolument jamais dû dire que ceci était un examen destiné à prouver que je le connais bien. Je prenais déjà ce jeu beaucoup trop à cœur – compétitrice oblige – mais là, je suis obligée de réussir, ne serait-ce que pour moi. Me prouver qu’après trois ans je connais parfaitement mon copain est essentiel à mes yeux. Si je désirais déjà arriver au bout de ce jeu parce que l’idée m’amusait et que mon goût pour les livres et mon métier me poussaient à prouver que je m’y connaissais un minimum, ajouter ce challenge m’impose presque d’y arriver. Alfie, sans s’en rendre compte, vient d’ajouter une pression supplémentaire. Je n’ai jamais échoué à un examen et celui-ci me parait bien plus important que tous ceux que j’ai eu à passer dans ma courte existence. « Impressionnant. Je peux déjà commencer à préparer le discours que je ferais lorsque tu me remettras mon diplôme. » Heureusement que je n’ai jamais réussi assez bien mes études pour avoir le droit de faire un discours devant l’ensemble de ma promotion, je pense que je me serais liquéfiée sur place mais puisque je suis la seule candidate dans ce cursus, j’imagine que la place de major me revient de droit. En tout cas, il est hors de question que j’échoue, je m’en voudrais énormément de ne pas lui montrer que je le connais par cœur alors que je considère évidemment que c’est le cas. « Ce n’est plus à prouver. » A partir du moment où Alfie sait de quel côté du lit je préfère dormir, que les pancakes du dimanche matin me mettent toujours de bonne humeur, que je me sens obligée de ranger mes sous-vêtements en les triant par couleur, que je déteste parler de l’époque où j’ai perdu mon père, que je considère ses bisous dans le cou comme les meilleurs du monde ou encore qu’une séance de cinéma sans popcorn sucré est une sortie ratée, alors oui, je pense qu’il n’a plus à faire ses preuves. Encore aujourd’hui, je suis étonnée de la facilité avec laquelle je l’ai laissé entrer dans ma vie. Je me suis confiée, je l’ai écouté et la suite a été fluide, je n’ai même pas eu peur de me montrer vulnérable alors que je m’étais jurée de ne plus jamais le faire. Comme quoi – et c’est une pensée affreusement niaise – une rencontre peut changer une vie.

En revanche, s’il y a bien une chose qu’il doit encore prouver, c’est son absence de sadisme parce qu’il a quand même l’air un peu trop réjoui à l’idée d’assister à mon échec, c’en est presque inquiétant. J’ignore combien d’énigmes il m’a concocté mais il n’est pas dans mes projets d’en résoudre seulement une ou deux, bien au contraire. Je profite de ses doutes pour fanfaronner avec une assurance que je ne possède pas du tout, en réalité, et il me connait assez pour le savoir. Je ris devant son air faussement outré et ses mimiques théâtrales. « Les boites de conserve, je te jure que c’est vrai ! » Je lève une main, comme pour prêter serment devant un tribunal. « Elles sont super fourbes, quand je vivais toute seule je ne mangeais jamais de conserves parce que je devais aller chez ma mère pour qu’elle ouvre les boites… Heureusement que tu es arrivé. » Niveau compliment, on est sur du haut niveau, je suis sûre qu’il va être flatté. « Pareil pour les pots de confiture. » Eux aussi, ils sont sacrément fourbes, je suis sûre qu’ils ont une reconnaissance faciale des gens et qu’ils se disent « encore la fille avec les tous petits bras pas musclés, on va lui mettre la misère ». « Heureusement que je gère pour le Nutella. » Ce serait criminel que je me retrouve avec un pot devant les yeux sans pouvoir l’ouvrir. Je pense que j’enverrais même une lettre incendiaire à la marque pour qu’ils changent le packaging rien que pour moi. Mais mes problèmes de boites à ouvrir sont bien dérisoires par rapport à l’épreuve qui m’attend et qui capte toute mon attention. Je fais tout pour prouver à Alfie que ses tentatives pour me déstabiliser sont vaines alors qu’il n’en est rien. Je n’ai même pas encore commencé que je suis déjà en train de me demander ce que je ferais si je n’arrive même pas à en trouver une seule. Ce serait terrible ! L’idée d’une photo de moi en PLS dans le salon n’est clairement pas enthousiasmante et je vais tout faire pour que cette idée ne se concrétise pas. Dans le pire des cas, je dispose d’un certain nombre de dossiers qui pourraient dissuader Alfie de tenter de m’afficher de cette manière, mais pour le moment je préfère le laisser penser que je vais réussir et que je n’aurais donc pas besoin d’user de chantage pour qu’il ne fasse pas éclater ma défaite au grand jour.

La première énigme résolue, non sans avoir vexé Alfie au passage, je me détends un peu, réalisant que finalement, ses tentatives pour m’impressionner étaient peut-être simplement destinées à me faire peur et que les énigmes suivantes seront peut-être aussi simples que celle-ci. Je profite même de cette sérénité retrouvée pour lui rappeler qu’il a failli me fâcher en s’absentant pour la journée entière ainsi que pour lui imposer ma présence pour les longues heures à venir. L’obligation n’a pas l’air de lui déplaire puisque je me retrouve dans ses bras, oubliant pendant un court instant – vraiment très court, hein, il s’agirait de ne pas perdre de vue les objectifs – les énigmes pour me concentrer sur cette proximité qui, même après trois ans, réveille de petits papillons dans mon ventre. « J’ai bien peur que tu n’aies pas le choix. » Je rétorque avant de lui voler ses lèvres, autant parce que j’en meurs d’envie que pour avoir le dernier mot car aucune négociation n’est possible quant à cette demande qui n’en était pas vraiment une. Lorsqu’il me libère de son étreinte, je ne peux qu’acquiescer devant sa justification pour son attitude de la journée. La surprise valait bien ma mauvaise humeur, même si ça me fait mal de l’admettre. « Carrément mais j’ai vraiment cru… Qu’il avait mis de la distance entre nous ? Qu’il n’était plus aussi bien qu’avant dans notre relation ? Que quelque chose n’allait pas dans notre couple ? Qu’il tentait de me fuir pour ne pas m’avouer des choses trop dures à entendre pour moi ? … Que tu avais oublié. » J’ai réussi à m’auto convaincre avec cette belle surprise que je m’étais fait des films ces derniers jours et que son attitude, un peu différente de celle qu’il avait pu avoir précédemment, était liée à cette belle surprise et non pas à d’éventuels problèmes. Je ne suis pas prête à accepter que des nuages soient en train de s’amonceler au-dessus de notre couple qui n’a jamais connu de véritable crise avant cela. Alfie a pris une telle place dans ma vie en trois ans, que je ne peux pas me résoudre à envisager que quoi que ce soit nous éloigne. Les doutes de ces derniers jours ont été déjà suffisamment douloureux, alors saisir la première opportunité de les éloigner est une évidence. Comme d’habitude, je suis douée pour fuir tout ce qui pourrait paraitre négatif. Me convaincre moi-même que je nage dans le bonheur n’est nullement un problème tant que ça me permet d’échapper aux potentielles difficultés qui s’annoncent.

En termes de difficulté, je suis déjà servie avec cette seconde énigme dont le sens m’échappe bien que la première partie de la phrase soit assez facile à interpréter. Alfie se met en retrait, comme je lui ai demandé précédemment et je commence vraiment à regretter d’avoir été trop sûre de moi. Il se joue de moi sans le moindre scrupule, rebondissant sur mes arguments avec facilité pour pouvoir me narguer encore davantage. « Ouais, je crois qu’on va rester sur Jules, c’est bien Jules. » Je tente tant bien que mal de garder mon sérieux malgré le tissu d’inepties qui vient de sortir de la bouche d’Alfie. « Il y a des moments où l’originalité n’est pas franchement quelque chose de positif, et tu viens justement d’en donner un exemple. » Ma petite catastrophe à moi… Non mais sérieusement. Je ris intérieurement mais essaie quand même de rester concentrée, ne perdant pas de vue le fait que je suis encore totalement dans le flou concernant l’énigme que j’essaie de résoudre. Chaque hypothèse que j’énonce me parait invraisemblable et même s’il ne me confirme pas directement mon erreur, il me fait bien comprendre que je suis à côté de la plaque. En un sens, tant mieux, je crois que je n’aurais pas apprécié qu’il place ses énigmes dans un livre parlant de rupture amoureuse rien que pour la symbolique un peu foireuse. Je commence à être à court d’idées et aucune solution miracle ne me saute aux yeux alors que je parcours les rayonnages. Ne pas venir à bout de l’énigme m’ennuie bien plus que je veux bien l’admettre mais une simple histoire de couvent me redonne le sourire et le commentaire d’Alfie à ce sujet me fait carrément éclater de rire. « Comment tu le sais ?! » Oscar de la meilleure actrice pour l’air surpris que j’essaie désespérément d’adopter alors qu’il n’en est rien. « C’est vrai qu’à chaque fois que je te regarde, je me dis : J’ai tellement de chance de faire partie de sa vie au lieu d’être entrée au couvent, je serais passée à côté de quelqu’un de tellement incroyable. » Le ton un peu suraigüe de la cruche au quotient intellectuel bien en-dessous de la moyenne devrait lui donner une bonne indication quant à la sincérité de mes propos. Tout n’est pas totalement faux dans ce que je viens de dire, j’estime, en effet, que j’ai eu de la chance de croiser sa route, en revanche le couvent ne me serait pas venu à l’esprit.

Capituler fut difficile mais pas autant que de voir Alfie m’enfoncer sans le moindre scrupule, ne cachant absolument pas à quel point il est ravi de me voir galérer. « Blablabla. » Je lève les yeux au ciel alors qu’il se lance des fleurs avec un bonheur non dissimulé. « Tu as oublié la modestie dans ta longue liste de qualités. » Mais il a raison sur un point, j’ai bel et bien été un peu trop confiante. La solution de l’énigme ne me semble absolument pas évidente et son indice ne sera pas de trop pour que j’en vienne à bout même si ça me fait mal de l’admettre. Et effectivement, il ne m’est pas difficile de comprendre mon erreur lorsqu’il se décide enfin à m’aiguiller un peu. « Oh… » Je souffle en comprenant que j’ai mal interprété le sens de la phrase. « En fait, ce n’est pas moi que tu aimes mais le livre ! » Enfin, dans la phrase, pas dans la vie de tous les jours – j’espère –. « Bien sûr que si je m’en souviens ! » Et c’est à mon tour d’adopter un air vexé pas forcément si faux que ça puisque je suis véritablement un peu fâchée qu’il réussisse à me piéger sur quelque chose d’aussi évident. « Ce n’est pas de ma faute si ta phrase manquait cruellement de cohérence. » Et mon amie la mauvaise-foi vient de se joindre gentiment à ce jeu qui risque de tourner mal si je me montre aussi mauvaise joueuse à chaque fois que je sèche. Mais je retrouve bien vite le sourire, consciente que cette fois, je tiens la clé qui me mènera à la troisième énigme. « Roald Dahl ou Stephen King ? » Ce n’est pas une véritable question mais plus une manière de lui prouver qu’effectivement, ce n’est pas quelque chose que j’ai pu oublier. « Tu ne me simplifies pas la tâche, ils ont tous les deux publié dans les années quatre-vingt je crois… Et je t’avoue que je ne connais pas la liste de leurs romans par cœur, ni leur date de parution. » En même temps, si je fais abstraction des années de publication des livres et que je me concentre uniquement sur son livre préféré – car il m’a bien fait comprendre que c’était de celui-ci qu’il s’agissait – je n’ai qu’une seule et unique possibilité, à moi de prier pour que la date coïncide. Une fois de plus, je parcours donc les rayons à la recherche du livre que j’ai en tête. Heureusement pour moi « Ça » est plutôt facile à trouver et je pousse une exclamation de joie en constatant que la date est effectivement la bonne. « Punaise, je ne m’étais jamais rendu compte qu’il avait été publié l’année de ma naissance ! Il est vieux ! » J'ouvre le livre à la recherche de la fameuse carte que je ne mets pas bien longtemps à dénicher. « TADAM ! » Dis-je en arrivant devant lui, prête à en découdre avec l’énigme suivante. « Tu vois que je m’en souviens très bien. » Je n’accepte pas du tout qu’il puisse s’imaginer que cette information soit sortie de ma tête. « Je ne risquais pas de l’oublier, c’était la première fois de ma vie que je rencontrais quelqu’un qui avait comme livre préféré un roman d’horreur. » Et dire qu’à ce moment-là j’étais déjà en train de tomber amoureuse de lui, j’ai l’impression que c’était dans une autre vie. J’ai du mal à imaginer qu’il n’en a pas toujours fait partie.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyVen 19 Avr 2019 - 21:41

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Alfie a toujours été un fervent partisan des rites de passage, qu’il en soit l’initiateur ou l’initié, principalement parce qu’il a toujours aimé tester ses limites et que sous cette dénomination, l’aspect problématique de cette prédisposition tend à être minimisé. Quand bien même ceux-ci ne jouent pas toujours en sa faveur – comme ce fut le cas avec Amelia plus jeune et les extrêmes vers lesquels elle n’a eu cesse de le pousser qui n’étaient pas un moyen de lui prouver son amour, mais bel et bien un moyen de lui confirmer qu’il n’était qu’une marionnette actionnée par ses mains habiles, ce qu’il n’a compris que bien trop tard – Alfie s’y est toujours soumis et c’est peut-être là le seul domaine dans lequel il se montre particulièrement docile. Ainsi, il n’est pas étonnant qu’il compare le cap de leurs trois ans à un rite qui prend fin et permet à la jeune femme de prétendre enfin accéder au diplôme de « compréhension de l’Alfie sauvage » qu’elle va décrocher haut la main, que ce soit parce qu’elle réussit effectivement à résoudre la totalité des énigmes qu’il lui a préparées, ou parce qu’il l’aime suffisamment pour fausser les résultats de l’examen final. Dans tous les cas, ce qui est certain c’est qu’elle sortira de sa promotion – la seule – avec les honneurs. « J’attends évidemment qu’il soit à la hauteur pour justifier que tu sois ma meilleure élève et qu’on ne m’accuse pas de favoritisme. » Il glisse avec un sourire en coin, alors que l’un de ses doigts vient brièvement caresser la hanche de Jules. Car il va sans dire que son entourage dans sa totalité suit ce cursus – qu’ils soient au courant ou non – et que Jules est bien la seule à prétendre à l’ultime réussite, félicitations à elle. Il en plaisante, mais dans les faits, c’est la pure vérité. Parce qu’il se lassait d’eux ou parce qu’ils s’agaçaient de lui, les quelques personnes qu’il a laissé entrer dans son intimité n’ont jamais dépassé la première année, contrairement à Jules qui parvient brillamment à franchir les étapes, tous ces examens intermédiaires, les uns après les autres, jusqu’à être érigée en véritable légende. Vous savez, cette élève dont on parle sans jamais avoir la confirmation de son existence, celle, discrète, qu’on a tendance à sous-estimer, mais qui est parvenue, à force d’efforts qui semblent pourtant si naturels, à faire littéralement un sans-faute à chacun de ses examens, décrochant le respect des professeurs et l’admiration de ses camarades. Si ceux-ci se résument présentement à deux rats, une tortue et un squatteur, son professeur est néanmoins très touché de toutes ces connaissances mémorisées au cours des années, bien que si les rôles étaient inversés, il n’aurait pas à rougir à en croire la jeune femme. À ce constat, il se contente d’afficher un sourire, entre la satisfaction et la gêne, avant d’ajouter, avec un air presque blasé : « et dire que moi j’ai même pas eu le droit à un ‘’bravo’’. » qu’il marmonne avant qu’un sourire ne reprenne possession de ses lèvres.

Jules fait preuve d’une arrogance qui ne la caractérise pas en temps normal, mais qui se veut parfaitement adaptée dans ce contexte, bien qu’Alfie ne puisse s’empêcher de se prétendre plus fort qu’elle ne le sera. Pour autant, c’est bien elle qui risque de ressortir vainqueur de cette joute verbale dans laquelle ils se sont lancés, lorsque, à l’issue de la soirée, elle sera parvenue à mettre la main sur le livre qui est son véritable cadeau. En réalité, s’il peut imaginer qu’elle bute sur certaines énigmes, elles restent néanmoins accessibles – monnayant un indice par ci, par là. Le contraire n’aurait pas été drôle, et l’objectif d’Alfie est qu’elle trouve son cadeau et non pas qu’elle claque la porte de cette librairie en le traitant d’imbécile parce que son envie de la charrier quant à sa défaite est plus forte que tout. « Donc… t’es avec moi parce que je sais ouvrir les boites de conserve ? » Et d’une mine outrée, il passe à une moue triste, sourcils froncés et lèvres pincées. Un peu plus et il repensait à Torpille, ce poisson rouge qu’il a mis dans le grille-pain pour l’aider à sécher – et ça n’avait réussi ni à l’animal, ni à l’appareil, ni aux plombs de la maison – dans le but de verser une larme pour être plus crédible. « Juste pour ça, tu mériterais pas de ‘’gérer pour le Nutella’’. » Un grand méfait mérite un grand châtiment, et il passera sous silence toutes les questions éthiques et écologiques car Jules le supporte déjà assez lors de ses grandes tirades révoltées et le but de la soirée est de passer un bon moment, pas de se disputer pour les préférences alimentaires de chacun – sans quoi le débat sur le Nutella fera ensuite place au débat sur le quinoa.

La jeune femme reprend son sérieux au moment de s’attaquer à la première énigme, avec une certaine facilité qui ne le surprend pas – évidemment pas parce que Jules est douée dans le domaine, mais seulement parce qu’il a décidé de commencer en douceur, voyons. La prétendue assurance de sa petite amie revient au galop, au point où Alfie propose de tout simplement la laisser seule et de ne revenir que dans une heure, car elle sera assurément en PLS au milieu de la librairie, complètement traumatisée par l’expérience. Et en un sens, voilà qu’il pourrait faire un très bon maître du jeu si le programme de la soirée devenait une escape room. Mais il n’est pas prévu qu’il s’éloigne, surtout pas ce soir puisque son petit manège a porté ses fruits et qu’elle l’a réellement détesté une bonne partie de la journée en pensant qu’il avait pu oublier leur anniversaire. La décision a été prise à l’unanimité entre Jules et sa conscience, il n’est rien qu’à elle ce soir, et c’est tant mieux car la réciproque est tout aussi vraie, ce qu’il confirme en emprisonnant la jeune femme dans ses bras. Il n’a pas le choix, et cela se lit sur son visage que c’est un réel problème, oh oui, et ça l’est d’autant plus lorsqu’elle lui vole ses lèvres dans un baiser furtif mais toujours agréable. Il a confirmation que la surprise valait bien qu’il s’amuse d’elle, et c’est à cet instant qu’il s’estime véritablement chanceux d’avoir Jules pour moitié, car d’autres personnes ne seraient pas parvenues à passer l’éponge aussi facilement malgré la surprise préparée. « Wow, je suis pas sûr de vouloir te donner ton diplôme en fait, comme si j’étais capable d’oublier ça. » Il râle en secouant légèrement la tête, un poil vexé il est vrai. Il n’avait pas oublié leur anniversaire l’année précédente même si les conditions se prêtaient totalement à ce que cet événement sorte de sa tête, il n’aurait ainsi pas eu la moindre excuse pour que ce soit le cas cette année et de toute évidence, si on peut lui reprocher beaucoup de choses et certains oublis, il y a quelques dates qui parviennent à passer entre les gouttes de la passoire qui lui sert de mémoire, n’en déplaise à Jules.  

Cette affection partagée n’est qu’un entracte et très vite la jeune femme se remémore ses objectifs. Désormais en possession de la seconde carte, Alfie se met en retrait afin de la laisser vaquer à ses réflexions, maintenant qu’il a bien compris qu’il ne pouvait l’interrompre que si elle en formule le besoin explicite. Ce n’est pas pour autant qu’il reste parfaitement silencieux – c’est chose impossible – seulement, il ne prend la parole que lorsqu’il le peut et qu’il n’est pas susceptible de l’aiguiller sur le livre auquel fait référence l’énigme. Dans un premier temps, Jules songe à un livre sur les catastrophes naturelles, ce qui ne manque pas d’amuser Alfie qui saisit l’opportunité de se moquer – gentiment – de sa compagne. Il l’aime parce qu’elle lui fait penser à Tchernobyl, puisqu’elle est sa petite catastrophe à lui. On ne peut pas faire plus romantique comme déclaration, il est à son apogée de la poésie, n’importe quelle personne rêverait d’être à la place de Jules à cet instant précis, évidemment. « Comme tu veux, moi qui voulais changer un peu, j’aurai essayé. Qu’il soupire en haussant les épaules. Du coup, j’imagine que c’est mort aussi pour ‘’ma petite victime des conserves’’ ? Ça t’allait si bien pourtant. » Dommage, vraiment dommage. Il se voyait déjà l’interpeller de cette façon pour les mois à venir, poussant le vice jusqu’à inscrire le surnom sur un t-shirt qu’il aurait constamment porté à l’appartement, juste pour lui faire une piqure de rappel de cette faiblesse précédemment avouée entre deux instants de haute arrogance. Il reporte son attention sur la jeune femme lorsqu’elle continue à partager ses hypothèses, qui se heurtent au mutisme promis par Alfie, même s’il ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire par ci, un froncement de sourcils par là. S’il s’est joué d’elle une bonne partie de la journée, il ne lui serait jamais venue à l’idée de pousser le sadisme jusqu’à cacher une énigme dans un livre dont le sujet principal est la rupture d’un couple. Par contre, à la suggestion du couvent, il s’en veut presque de ne pas avoir songé à l’idée. « J’ai passé mon diplôme haut la main, MOI, je te signale. » Qu’il rétorque, bras croisés, air hautain sur le visage. Alors qu’elle le complimente avec une exagération qui pourrait le faire rougir, Alfie ferme les yeux, pose la main sur son cœur, entre dans son jeu avec un amusement non-dissimulé puisqu’il finit par éclater de rire à son tour. Il ne rebondit toutefois pas sur ses propos, préfère jouer l’arrogant qui se complait dans cette nuée de compliments, et de toute évidence il est bien trop enthousiaste par ce qui suit : la capitulation de Jules. Il se rapproche d’elle, énorme sourire sur les lèvres, et peut-être qu’il est effectivement aussi sadique qu’elle l’a présumé quelques instants plus tôt. Son sourire ne quitte pas ses lèvres alors que la jeune femme râle un peu de la manière dont il s’amuse de la situation, et il accueille sa réflexion avec un haussement d’épaules. « C’est quand même pas toi qui va me reprocher mon manque de modestie ?! » Tu t’enfonces, Jules, tu t’enfonces. Mais il garde cette dernière réflexion pour lui, et maintenant qu’il a pleinement savouré sa victoire à cette bataille (mais pas à la guerre), il prend enfin le temps de lui fournir ce premier indice offert par la maison. Le visage de Jules s’illumine alors qu’elle semble enfin parvenir à assembler les pièces du puzzle. « Euh moui, enfin, je t’aime quand même, hein, va pas croire que je te fais des infidélités avec un bouquin. » Et puis, un instant, il est tenté d’imaginer comment ce cas de figure pourrait se présenter avant de secouer la tête pour chasser ses pensées franchement peu conventionnelles et peu agréables de son esprit. Restons sur l’idée qu’il dîne en tête à tête avec le bouquin – mais que Jules se rassure, compte tenu de la maladresse d’Alfie, il est fort probable qu’en se levant, il heurte la table, faisant tomber le chandelier en direction du fameux bouquin, mettant le feu à celui-ci, éliminant ainsi la menace qui pèse sur leur couple. « Tutututu, essaie pas de te trouver des excuses, c’est tes idées qui manquent de cohérence, pas ma phrase. Oui, car il est connu que les idées d’Alfie sont les plus cohérentes qui soient. Et si j’étais toi, j’éviterais d’énerver le maître du jeu, ça pourrait vite dégénérer en un mauvais escape game. » Il dit ça, il dit rien. Si l’intégrité physique de Jules sera évidemment respectée, il n’en promet pas autant pour son intégrité psychique s’il décide de l’enfermer ici toute la nuit pour lui donner une bonne leçon… Mouais, c’est une idée foireuse, limite ce serait un meilleur cadeau car elle pourrait se lancer dans une lecture sans qu’il ne vienne la déranger. À la question de Jules, il pince les lèvres, reste muet, mais finit par esquisser un sourire alors qu’elle lui confirme être sur la bonne voie. Deux auteurs qui ont ses faveurs, même s’ils sont diamétralement opposés. « Mais quelle piètre bibliothécaire vous faites, miss Rhodes ! J’attendais de vous que vous puissiez me donner absolument tous les titres, toutes les années de publication, toutes les maisons d’édition, de touuuuuuus les livres ici présents. » Hashtag choqué déçu. Toujours en retrait, il observe Jules se diriger vers le bon rayon, et c’est par un applaudissement qu’il accueille sa résolution de cette seconde énigme. « Tu te traites de vieille là, t’en as bien conscience ? » Peut-être qu’il aurait dû s’abstenir d’un tel commentaire, mais c’en était trop tentant. Alors qu’elle revient vers lui, il lui vole un baiser sur le front comme une manière de la féliciter. « Hé, je t’arrête tout de suite, c’est super réducteur de le considérer seulement comme un roman d’horreur ! C’est tellement plus subtil que ça, c’est un récit psychologique, c’est une description crue mais réelle des peurs profondes de chacun, du passage à l’âge adulte, c’est beau et malsain à la fois, c’est une critique de tout ce qui va mal dans la société et c’est toujours autant d’actualité, et puis même sans l’aspect fantastique ce livre tient la route parce que les personnages sont tellement riches que… Il s’arrête un instant, observe le regard de la jeune femme, prend conscience qu’elle n’a pas tort dans le fond puisqu’il est effectivement classé comme tel. Je m’emballe, c’est ça ? Pardon. » Il affiche un sourire pincé, finit par désigner d’un signe de la tête la carte qu’elle tient en main, sur laquelle on peut lire : « Sans elle et sans lui ce commencement n’en aurait pas été un ». Alfie replonge son regard dans celui de Jules et esquisse un sourire. « Allez, impressionne-moi. T’as tout intérêt, parce que les prochains indices seront payants. » Et le connaissant, nul doute qu’il ne s’agira pas seulement de lui dire « s’il te plaît » ou d’afficher un regard de chien battu pour qu’il concède à fournir son aide.
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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptySam 20 Avr 2019 - 18:43



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes



Je ne vois pas comment je pourrais ne pas être la meilleure élève dans le cursus Maslow sachant que, à moins qu’il m’ait caché quelque chose, je suis la seule à suivre les cours qu’il propose. A moins que cette ignoble garce d’Ariane Parker ait décidé de venir encore une fois me prouver que son histoire avec mon copain était si exceptionnelle qu’il est légitime qu’elle soit toujours à proximité pour pouvoir me le rappeler autant de fois que nécessaire. Mais je ne peux pas penser à poil-de-carotte en ce jour d’anniversaire et encore moins en parler, à la limite je pourrais éventuellement profiter de mon vœu d’anniversaire – oui parce que j’ai décrété que j’avais le droit d’en faire un – pour souhaiter qu’elle passe sous un bus. Ce serait dommage, il y a tellement d’autres choses que j’aimerais souhaiter pour nous et notre avenir, mais ce serait quand même nous enlever une sacrée épine du pied, je pense même qu’à ce niveau d’épine, on peut plutôt parler de brindille, voire carrément d’un tronc d’arbre tant elle est handicapante. En attendant, je me contente de ne pas relever la pression supplémentaire qu’Alfie vient de me mettre sur les épaules, agissant comme si elle ne m’affectait pas alors qu’en réalité je serais au bout du rouleau si je venais à échouer. En revanche, je ne peux me retenir de lever les yeux au ciel lorsqu’il se permet de réclamer un bravo. « Ta copine est une ingrate, que veux-tu. » J’ai rassemblé dans cette courte phrase toute l’ironie possible et imaginable. J’évite évidemment de relever le fait qu’il est bien plus facile de me cerner que de le cerner, lui, sujet délicat qu’il ne vaut mieux pas aborder en ce jour festif. « Mais si tu y tiens, on pourra inviter tous nos amis et nos deux familles pour une remise des prix officielle. » En réalité, il y a plein de raisons pour lesquelles il mériterait réellement un prix, il a réussi bon nombre d’exploits, comme celui de me rendre moins psychorigide. J’arrive à lâcher du lest et à accepter de ne pas avoir le contrôle sur tout, à présent, chose inconcevable quelques années auparavant. Bon, par contre, si remise des prix il devait y avoir, j’aimerais lui en remettre un bon nombre qui ne seraient pas du tout en rapport avec moi, comme celui de pile électrique, d’addict au quinoa ou de massacreur de cuisine dès qu’il veut tenter une nouvelle recette. Heureusement, je ne devrais de toute façon pas à avoir à organiser un tel événement, j’imagine que la simple perspective de devoir inviter ses parents suffirait à le dissuader et je le comprends. Je n’ai rien contre papa et maman Maslow, mais leurs idées très arrêtées et leurs principes de vie totalement en désaccord avec ceux de leur fils et la manière dont ils traitent ce dernier m’ont toujours incitée à rester à bonne distance.

Est-ce qu’avouer mon conflit de longue date avec les boites de conserves et autres créations de Satan du même acabit était une bonne idée ? Je l’imagine déjà s’en servir contre moi à la moindre occasion, usant et abusant de cette faiblesse pour obtenir des faveurs diverses et variées. « Evidemment… Pour quelle autre raison voudrais-tu que je sois avec toi ? » J’essaie de prendre un air étonné, comme si le fait que je trouvais évident que l’idée de sortir avec lui était liée au fait qu’il ait cette capacité que je ne possédais pas. Pourtant, les raisons pour lesquelles j’aime Alfie sont nombreuses, et évidemment absolument pas liées à des boites, quelles qu’elles soient. Bien sûr, je n’ai pas la moindre intention de me lancer dans une énumération, déjà parce qu’elle serait trop longue mais aussi – et surtout – parce qu’il risquerait de prendre la grosse-tête. En plus, ce n’est pas comme s’il l’ignorait. Je suis totalement ce genre de fille un peu trop romantique qui écrit le prénom de celui qu’elle aime dans son journal intime avec des petits cœurs partout et fait des déclarations d’amour un peu flippante à des garçons pas prêts à les entendre. Bon, en l’occurrence, compte tenu du fait que je suis tombée amoureuse deux fois dans ma vie, je n’ai pas non plus eu à me ridiculiser avec des grands discours un trop grand nombre de fois. D’autant plus que, après ma mésaventure avec Julian, je m’étais jurée de ne plus m’emballer, principe que j’avais respecté à la lettre jusqu’à ma rencontre avec Alfie. Pour une raison que je n’explique pas, il a réussi à me faire envoyer balader toutes les limites que je m’étais imposée et il est évident que je ne le regrette nullement aujourd’hui. « Comment peux-tu vouloir me torturer de cette manière ? » Mon air choqué parfaitement surjoué ne trompe personne, d’autant plus qu’il m’est difficile de réprimer mon sourire. « Me priver de Nutella c’est comme m’enlever une partie de moi-même. » Aucun excès dans tout ça, c’est une réaction parfaitement normale et proportionnée. En même temps, il comprend évidemment de quoi je parle, son amour inconditionnel pour le quinoa est à peu près à la hauteur de celui que je porte pour la pâte-à-tartiner, il est juste dommage que je n’ai pas jeté mon dévolu sur un aliment un peu moins calorique.

Outre nos passions culinaires respectives, il y a ces énigmes que je dois résoudre et que j’oublie l’espace d’un instant dans les bras d’Alfie que je n’aurais probablement jamais quittés si mon instinct de compétitrice n’avait pas pris le dessus sur mon désir d’affection. Je ne sais pas si je suis la plus enthousiaste à l’idée de résoudre les énigmes, ou parce que je me rends compte qu’il préparait cette surprise depuis un moment déjà et que contrairement à ce que je pensais. Bien sûr, en temps normal, j’aurais effectivement pensé qu’il était impossible qu’il oublie, mais comme il a passé pas mal de temps à jouer les déserteurs ces derniers jours, je commençais sérieusement à me faire des films. Ce n’est pas une justification que je peux me permettre de lui donner sans aborder un sujet que je préfère évidemment éviter. « Tu aurais pu avoir la tête à autre chose. » Piètre justification, je le reconnais. « Bon d’accord, j’ai eu tort… Je peux toujours avoir mon diplôme ? » Je chasse toute pensée négative qui pourrait me venir en tête à cet instant et me concentre sur les énigmes. La première est assez simple à résoudre, sûrement parce qu’il a dû les ordonner par niveau de difficulté et non pas parce que je suis absolument fabuleuse. C’est sûrement la raison pour laquelle la deuxième est déjà nettement plus problématique et Alfie a l’air de bien s’amuser de toutes mes hypothèses plus foireuses les unes que les autres. « Essaie un peu pour voir, tu risques d’avoir de sérieux problèmes. » Mes menaces sont tellement peu crédibles que ça va sûrement lui donner envie d’essayer, et je crois qu’en réalité, tant que ça reste entre les murs de notre appartement et qu’il ne se lance pas dans ce genre de surnoms stupides devant ma mère, je peux encore le supporter. A la limite, il aura Joseph comme public mais si ce dernier le supporte depuis de longues années déjà, j’imagine qu’il sera bon public et prêt à en rire. « Peut-être que ton évaluateur est tout simplement plus clément que le mien. » Véridique, s’il me parait évident qu’Alfie me connait par cœur et est capable de me comprendre sans la moindre difficulté, ce dernier semble s’imaginer qu’il peut me lancer des défis pour que je lui prouve ma valeur. Et évidemment, je me sens prête à les relever, déjà parce que j’aime gagner et encore plus parce que j’ai envie qu’il réalise que je lui suis indispensable. En réalité, ce ne sont pas une poignée d’énigme qui vont prouver quoi que ce soit mais c’est un bon début, alors challenge accepted.

Malheureusement, les difficultés de la deuxième énigme surpassent de loin mes capacités à la résoudre et je suis obligée de capituler, non sans regretter instantanément mon acte devant la jubilation intense dont fait preuve Alfie qui ne prend même pas la peine de faire semblant de ne pas être ravi de mon échec. « Moi je suis réaliste, c’est différent. » Nous savons l’un comme l’autre que c’est totalement faux, mais j’use et j’abuse de la prétention, sans doute plus pour tenter de me convaincre que je suis capable de venir à bout des énigmes farfelues concoctées par Alfie que pour lui faire entendre à quel point je suis fantastique – même si c’est vrai, bien sûr –. Je suis rassurée lorsque je réalise que son indice me permet de comprendre le sens de la phrase et que je peux enfin mettre la main sur le livre tant attendu. J’étais complètement à côté de la plaque, il faut bien le reconnaitre, mais mon cher et tendre a la gentillesse de ne pas – trop – me le faire remarquer. « De toute façon, je ne vois pas très bien comment tu pourrais me faire des infidélités avec… » Je m’arrête net, conscience des hypothèses que je vais implicitement lui demander d’élaborer et désireuse de conserver ma passion pour les livres intacte sans que les images qu’il puisse me mettre en tête vienne altérer mon opinion sur le sujet. « En fait, je crois que je préfère rester dans l’ignorance. » Et surtout essayer de me trouver des excuses pour réussir à lui faire croire que son énigme était pourrie, histoire de me dédouaner de l’échec – le tout premier mais sans doute pas le dernier – que je viens de subir. J’aimerais évidemment me dire que les phrases suivantes seront claires comme de l’eau de roche mais je sais pertinemment qu’il n’en est rien et que la difficulté était croissante, j’ai autant de chances de résoudre la première du premier coup que de sauter du dixième étage d’un immeuble sans me fracturer un membre ou mourir. « Je rêve ou ce sont des menaces ? » Air faussement outré à l’appuie de cette constatation ô combien choquante. « Sachez monsieur Maslow, qu’il en faut plus pour me faire peur. » Bon, on passera sur le fait que j’ai la trouille de ne pas venir à bout de ses énigmes depuis qu’il m’a annoncé le début du jeu. En plus, je le connais assez pour savoir qu’il est très doué pour taper sur les nerfs des gens quand il a décidé d’être chiant. Je pourrais très bien avoir dans deux minutes la version masculine de Agnès dans Moi, moche et méchant qui me répéterait inlassablement « est-ce que ça c’est un bruit énervant ? » jusqu’à ce que je craque et que j’aille dormir dans la baignoire.

Evidemment, menaces ou pas, il parvient très bien à me charrier sur mon incompétence, profitant de mon ignorance quant aux années d’éditions de ses ouvrages pour en rajouter une couche qui ne manquerait pas de me faire sourire si je ne devais pas prendre un air faussement vexé pour la forme. « Ne me tente pas, je vais demander à Gabriel une liste pour pouvoir les apprendre par cœur et je te les réciterais tous les soirs avant de dormir pendant les dix prochaines années. » Ce qui implique d’une part qu’Alfie daigne venir dormir avec moi le soir au lieu de trainer avec ses potes – mais j’ai bon espoir que les choses redeviennent comme avant à l’issue de cette surprise – et que nous restions ensemble pendant dix ans, chose qui me parait tout à fait envisageable puisque je n’imagine pas un seul instant que quoi que ce soit puisse venir ternir notre histoire. « Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, ce n’est pas mes vingt-ans que je vais fêter ? » Vivre dans le déni, ça je sais bien le faire. Quoi qu’en réalité, je n’aspire pas forcément à avoir vingt ans mais plutôt vingt-cinq, ce serait déjà pas mal. J’ai toujours aspiré à me marier et à avoir des enfants avant trente ans. Tant que je n’avais pas dépassé cette limite, vieillir avait donc été plutôt supportable mais maintenant que j’ai franchi ce cap, chaque année supplémentaire est un supplice que je subis sans mot dire, compte tenu du fait que je ne peux pas vraiment partager avec Alfie les raisons pour lesquelles ces anniversaires ont un goût aussi amer. Comme quoi, j’ai beau penser que rien ne pourrait venir faire de l’ombre à notre couple, je ne peux ignorer que les non-dits que je garde en moi pourraient devenir une arme redoutable. Livre en main, je m’apprête à découvrir la troisième énigme lorsqu’Alfie s’insurge sur la manière dont je catalogue son roman favori, argumentant avec une passion qui ne manque pas de me faire sourire. C’est dans ces moments-là – et dans plein d’autres – que je me souviens exactement de la manière dont il a réussi – sans trop de difficultés d’ailleurs – à conquérir mon cœur. J’aime qu’il ait des idées très claires sur certains sujets et tout un tas d’arguments pour les défendre. « Tu aurais pu continuer. » J’affirme avec sincérité. « Je suis ravie que tu aies une aussi haute estime de ce roman mais moi je le vois surtout comme le bouquin qui m’a fait tellement flipper que j’ai passé trois semaines sans dormir et probablement provoqué une rupture de stock d’anticernes de la boutique à côté de chez moi. » Il l’aime tellement ce livre, j’étais évidemment obligé de le lire mais je dois admettre qu’en tant que flipette qui se respecte, je n’ai pas vraiment été emballée par l’ambiance super glauque et le stress permanent instauré par le brillant auteur. « Malgré tout, je ne renie pas le talent de Stephen King, au contraire, c’est juste que même si je suis certaine qu’il va bien plus loin que le côté horreur, je pense que sa simple classification dans cette catégorie est une raison plus que suffisante pour ne jamais le lire. » Ce n’est pas pour rien que je me suis spécialisée en romans jeunesses, beaucoup moins de coups de stress en perspective.

La troisième énigme est à peu près aussi obscure que la précédente et je la relis plusieurs fois, tentant de trouver un sens caché à cette phrase qui veut tout dire et rien dire. C’est tout juste si je ne m’attends pas à ce que les mots finissent par prendre vie pour me dire « eh banane, c’est pas compliqué, il va falloir y mettre un peu du tien ». Malheureusement, rien ne se passe, ils restent figés sur la carte que je tiens en main et aucune évidence ne vient me frapper. Le commentaire d’Alfie n’est pas pour me rassurer, je sens que je vais être de corvée de vaisselle pendant trois semaines, quoi que ce serait cruel de profiter de notre anniversaire pour négocier les corvées. Malgré tout, j’ai du mal à envisager quel autre type de paiement il pourrait me demander, l’hébergement du pote envahissant, c’est déjà fait, les visites chez ses parents, je suis presque plus enthousiaste que lui à chaque fois, et j’imagine qu’il ne se fera pas payer en marque d’affection quelle qu’elle soit puisque ce serait loin de me déplaire et l’objectif n’est pas de me faire plaisir. « Ne t’inquiète pas, ce n’est pas aujourd’hui que tu pourras me faire payer quoi que ce soit. » Dis-je alors même que je n’ai absolument rien compris à la phrase que je tiens entre les mains. C’est donc parti pour une nouvelle vague de réflexion à voix haute. « Elle c’est moi ? » Je demande, sachant pertinemment qu’il ne va pas me répondre, à cause de l’ordre que je lui ai si intelligemment donné au début de la partie. « Et lui c’est toi ? » Jusque-là, c’est potentiellement vrai, même si ça ne m’éclaire en aucun cas sur la suite de l’énigme. « Encore une histoire de début, tu es sûr que tu n’as vraiment pas mis d’énigme dans une bible ? » On peut supposer que si nous n’avions pas été à cet événement organisé par la paroisse, nous n’aurions pas pu nous croiser et donc il n’y a aurait pas eu de début. « Ou alors, je suis encore en train de m’emballer en me disant oh, trop mignon, il a encore fait référence à notre histoire alors qu’en fait, tu parles d’Adam et Eve ou pire des dinosaures. » Les dinosaures sont mêmes plus probables vu que je doute que les références bibliques ne sont pas le point fort d’Alfie. « Ou peut-être qu’il y a un livre qui s’appelle Alfred et Juliana ? » Mais quelle bonne idée, il est clair que je ne patauge pas du tout dans la semoule à cet instant précis. « Mais j’imagine que si c’était le cas, je le saurais déjà. » Sachant que les livres sont un élément central de ma vie, j’ai bien évidemment déjà regardé si je pouvais assimiler notre histoire d’amour à un bouquin. « Si je te dis que je ne trouve pas, tu vas encore jubiler pendant trois heures ? » Rien d’excessif dans cette évaluation du temps pendant lequel Alfie s’est évertué à me faire remarquer que j’étais une grosse nase, bien sûr. En attendant, c’est malheureusement le cas, je sèche.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyLun 22 Avr 2019 - 23:18

Alfie acquiesce silencieusement avec un regard entendu à la réflexion de Jules, gestes maniérés à l’extrême, une main sur le torse, l’autre qui couvre sa bouche une fraction de seconde, judgemental look à la Ryan Gosling dans Crazy Stupid Love. « Je découvre enfin ton vrai visage... » Il s’offusque dans un murmure, retenant toutes les théories les plus foireuses qui lui viennent en tête pour expliquer ces trois ans d’ignorance, durant lesquels il n’a eu de cesse d’idéaliser Jules, alors qu’en réalité elle n’est qu’une reptilienne ayant œuvré tout ce temps dans l’ombre pour le manipuler. À quelle fin, cela reste à déterminer, les talents d’Alfie se résumant à une prédisposition à ouvrir des bouteilles avec tout ce qui lui passe sous la main – briquet, dents, archet de violon – ou à énumérer de longues listes absolument inutiles dont il parvient à se souvenir plus facilement que les anniversaires de ses parents. Il doute que le peuple de Jules ait besoin de lui – ou alors, en tant que secrétaire – et c’est un mystère qu’il devra élucider au plus vite, bien que son espérance de vie semble sérieusement compromise maintenant qu’il a révélé être au courant de sa véritable identité. Plus sérieusement, si Alfie se doutait être passé expert dans l’art de comprendre Juliana Rhodes, c’est toujours plaisant d’en avoir la confirmation, et même s’il tend à accueillir celle-ci sous le couvert de l’humour car Alfie n’a jamais été à l’aise avec les compliments – comme à peu près 90% de la population mondiale – il est malgré tout touché face à ce constat qui se veut réciproque. Bien-sûr, s’il était honnête avec lui-même, il admettrait que Jules ne le connaîtra jamais totalement, parce qu’il le lui interdit, mais concernant tout ce qu’il accepte de lui dévoiler, la jeune femme peut effectivement faire preuve d’arrogance, et il est étonnant qu’elle n’ait pas été diplômée plus tôt. Alfie ne lui dit peut-être pas tout, mais ça n’enlève en rien la manière dont elle agit avec lui et qui ne fait que confirmer, de jour en jour, qu’ils se sont bien trouvés, tous les deux. Parce que si elle ignore tous les doutes et souvenirs qui s’implantent de plus en plus dans son esprit ces dernières semaines, elle connaît par cœur la personnalité qui est la sienne à l’heure actuelle, ce qui lui permet d’anticiper un certain nombre de choses, de ses crises de panique qu’elle avorte par un câlin à ce surplus d’énergie qu’elle anticipe toujours en passant par toutes ces idées envahissantes qu’elle canalise avant qu’elles ne deviennent oppressantes. Elle mérite un prix plus qu’il n’en mérite un, car Jules est assurément moins compliquée que lui, moins pénible, moins fragile, aussi, et le simple fait qu’elle s’accroche toujours à lui plus de trois ans après leur rencontre quand il ne lui donne pas toujours de raisons valables est certainement la plus belle déclaration qu’elle puisse lui faire. « Ah, quelle bonne idée, ce sera aussi l’occasion de me remettre un darwin awards. » Il lance avec un fin sourire, parce que la perspective d’une telle soirée ne l’enchante guère et qu’il trouvera un moyen de s’échapper de la cérémonie – même si le prix à en payer est un Awards à titre posthume parce que c’est la seule solution valable pour fuir la présence de ses parents. En réalité, la relation qu’il entretient avec eux n’est pas aussi conflictuelle qu’elle le semble, il s’agit plus d’un jeu qu’il a instauré entre eux et qui s’est installé au fil du temps, qui consiste à ce qu’il se plaigne d’eux autant qu’ils se plaignent de lui, tout en sachant pertinemment qu’il peut compter sur eux autant qu’ils peuvent compter sur lui.

Parce que Jules a réellement décidé de jouer avec son petit cœur – et de faire de cette soirée d’anniversaire sa dernière nuit sur terre, a priori – après avoir pris conscience de l’ingratitude de la jeune femme, c’est désormais la raison pour laquelle elle l’aime qui est dévoilée, et peut-être est-ce la raison pour laquelle son peuple reptilien le garde en vie ; parce qu’ils ne sont pas foutus d’ouvrir les conserves et que c’est là sa seule utilité en tant qu’humain. « Tu veux la version condensée ou t’as le temps pour la version exhaustive ? » Qu’il demande, en jetant un coup d’œil à la pièce autour d’eux, se désolant de ne pas avoir prévu dans les décorations un long parchemin qu’il aurait pu sortir de sa poche pour accentuer l’arrogance. Heureusement pour lui, à défaut il tient sa vengeance face à ce désamour affirmé – et il remet sérieusement en cause le diplôme qu’il compte offrir à la jeune femme à l’issue de la soirée – en ayant un moyen de pression à utiliser contre elle à la première occasion en l’objet du pot de nutella. « Attends deux secondes. Qu’il lance alors qu’il s’éloigne pour chercher rapidement un calepin et un stylo, qu’il trouve près du comptoir de l’entrée, pour revenir vers sa petite amie. Répète un peu, s’il te plait. C’est pour compléter ma liste ‘’10 façons de torturer Juliana Rhodes’’, ce sera le numéro quatre : s’assurer qu’il n’y ait jamais de nutella dans les placards. L’air sérieux, il griffonne sur la feuille de papier avant de reprendre, un sourire en coin. Et bien-sûr, en petit caractère j’ajoute ‘’à cumuler avec la proposition de faire des crêpes le dimanche quand tout est fermé’’. » Jules oublie parfois avec qui elle partage sa vie, c’est-à-dire Alfie Surenchère Maslow, qui ne compte pas lui permettre de le vexer de telle façon sans s’attendre à des représailles en retour. Elle le connaît suffisamment pour savoir que si elle décide de glisser sur ce terrain-là, il sera paaaaarfaitement capable de mettre ses menaces à exécution, voire même d’élaborer tout un plan consistant à faire appel à son ingéniosité et une bonne dose de colle extra forte pour qu’elle se retrouve confrontée à son pire cauchemar : ne pas réussir à ouvrir son pot de pâte à tartiner, devant un Alfie qui ne manquera pas de la pointer du doigt et d’esquisser un « ha ha » à en faire pâlir de jalousie Nelson Muntz.

L’ambiance se veut plus sérieuse sans pour autant s’alourdir lorsque le top départ de la chasse au trésor est lancé et que Jules prend connaissance de la première énigme, qu’elle parvient à résoudre sans trop de difficultés. Le contraire l’aurait étonné, ce n’est pas sur celle-ci qu’il imagine la jeune femme buter ; par contre peut-être qu’il aurait dû effectivement rehausser le niveau pour lui faire payer la réflexion qui est la sienne, lorsqu’elle avoue avoir présumé un oubli de sa part. Même s’il s’est joué d’elle, elle le connaît suffisamment pour avoir envisagé jusqu’au bout une bonne surprise à en croire la tenue qu’elle a enfilé sans même qu’il ne lui demande de faire des efforts – ce qui aurait laissé présager l’issue de la journée. Malgré tout, Alfie se vexe plus qu’il ne l’aurait pensé, même si comme d’habitude avec lui, c’est oublié après quelques instants. Il fronce toutefois les sourcils alors qu’elle tente de se justifier ; il ne voit pas réellement ce qu’il aurait pu avoir en tête qui soit suffisamment valable pour oublier cette date importante. L’an dernier, il aurait effectivement eu une excuse crédible, mais ce n’est pas le cas cette année. Un instant, Alfie est tenté de lui demander ce qu’elle veut dire par ces quelques mots ; avant de très vite réfréné cette envie en songeant à la discussion qui pourrait en découler et qui changerait inévitablement l’ambiance toute en légèreté du moment qu’ils passent tous les deux et dont il a terriblement besoin. « Moui… mais c’est bien parce que vous êtes la préférée du professeur. » Il reprend finalement avec un air las, levant même les yeux au ciel pour la peine avant d’adresser un sourire à la jeune femme. De tous ses étudiants, elle est assurément la seule qui le convainc de briser cette règle selon laquelle il est interdit de fréquenter un élève et pire encore ; d’en tomber éperdument amoureux.

La seconde énigme est plus délicate à résoudre, et c’est un sourire qui s’affiche sur les lèvres d’Alfie, qui ne cesse d’augmenter à mesure qu’il écoute les réflexions de Jules et qu’il l’aperçoit tourner en rond dans la pièce sans savoir vers quelle étagère se diriger ; parce qu’elle n’a aucune idée du livre qu’indique cette seconde carte. Elle tente bien une proposition qui ne manque pas d’amuser Alfie au point où il en imagine les raisons qui auraient pu effectivement le pousser à choisir ce livre plutôt qu’un autre, et tout ceci est à l’origine une sombre histoire de surnoms et d’une envie d’innover de sa part – ce qui en soit, est déjà un très mauvais signe. Jules n’est pas aussi réceptive que lui à sa tentative de changement, mais ça n’arrête pas Alfie pour autant. « Serait-ce un défi ? Qu’il demande, son sourire d’imbécile plaqué sur ses lèvres. Parce que tu as piqué ma curiosité, ma petite callipyge préférée. » Et elle reconnaîtra que cette fois-ci, le surnom se veut être un compliment plutôt qu’une gentille moquerie quant à ses faiblesses. Alfie acquiesce silencieusement alors qu’elle estime que son examinateur est plus clément que le sien ; c’est une certitude. Il n’y a qu’à voir la manière dont il a passé son diplôme sans aucune difficulté ou sans même être confronté à un examen final comme elle l’est de son côté, Alfie est bien plus sévère qu’elle. Et un poil sadique, il est vrai, alors qu’il ne peut contenir sa joie de voir sa petite amie reconnaître ses difficultés. En temps normal, il ne s’en serait pas autant réjoui, car il sait à quel point la jeune femme apprécie de réussir tout ce qu’elle entreprend, et que malgré l’aspect divertissant de l’activité, elle n’en demeure pas moins une compétitrice acharnée qui souffre de se heurter à des embûches. Mais Jules a fait preuve d’une telle arrogance, même faussée, que c’est bien trop tentant de s’en amuser et de retourner la situation à son avantage. D’autant plus qu’elle s’enfonce à mesure qu’elle ouvre la bouche, maintenant qu’elle ose lui reprocher son manque de modestie. Il éclate de rire face à tant de mauvaise foi, perdant en crédibilité par la même occasion, mais qu’importe, c’est quand même lui le maître de la situation à cet instant. « Réaliste » qu’elle justifie, et Alfie laisse échapper un « pfffffffff » théâtral d’entre ses lèvres, avec un signe de main qui frappe l’air pour dire « et puis quoi encore ». La jeune femme continue ses réflexions à voix haute, supposant que ce n’est pas elle qu’il aime, mais le livre. Il ne manque pas d’apporter des précisions à ces paroles, car il ne manquerait plus qu’ils échangent définitivement leurs traits de caractère : il récupère l’ingratitude et Jules la modestie. Lorsqu’elle s’interroge quant à la manière dont il pourrait lui faire des infidélités avec un livre, avant de très vite s’interrompre, c’est un regard entendu qu’il lui adresse, tête penchée, petite moue en prime, pour lui confirmer que les idées ne manquent pas, et qu’il pourrait très bien déblatérer pendant des heures si elle le souhaite. Mais ce n’est pas le cas, en vue de la rapidité avec laquelle elle réfrène son imagination qui ne demandait qu’à s’exprimer. Jules persiste et signe, refuse d’admettre la supériorité de son petit ami et accentue l’incohérence habituelle de ses propos pour justifier ses difficultés. Mais ça ne prend pas, parce qu’Alfie est peu décidé à la laisser tranquille avant qu’elle admette sérieusement qu’il est plus fort qu’elle – sur cette énigme, en tout cas. Quant à savoir si ce sont des menaces, Alfie esquisse une moue innocente, lève les mains à mi-hauteur. « Oui, j’ai cru comprendre ça, et c’est presque vexant qu’une pénurie de nutella t’effraie plus que mon esprit sadique qui peut être siiiii créatif, et que tu prends aussi peu au sérieux. » Autrement dit, il serait préférable de te méfier malgré tout, jeune fille.

L’indice qu’il lui dévoile a l’effet escompté, et la jeune femme parvient à comprendre où il voulait en venir, citant au passage ses deux auteurs préférés. À choisir, c’est le second qui a sa préférence, car Stephen King possède un style qui provoque le malaise et il n’est pas surprenant qu’Alfie en soit bon public, puisqu’il est particulièrement partisan de « tous ces trucs chelous » comme on lui fait souvent la réflexion. « Oh, mais tu ferais ça ? C’est gentil de penser à mon sommeil, plus besoin de veilleuse, avec ça je suis sûr de m’endormir en un quart de seconde, tu es si bienveillante. » Qu’il exagère avant de lui coller un baiser sur le front. Il pourrait presque être tenté de lui demander de mettre cette menace à exécution parce qu’il s’agit là d’une solution qu’il n’a pas encore envisagé pour parvenir à trouver le sommeil plus rapidement, mais pour cela encore faudrait-il prendre conscience que celui-ci s’avère problématique depuis quelques temps. « On a qu’à dire que oui, comme ça en plus tu t’assures un peu de rab’ pour quand je ferai ma crise de la quarantaine et que je me chercherai une nouvelle copine ayant presque la moitié de mon âge. » C’est pas ce que font tous les hommes passé ce cap ? Bien-sûr qu’il n’échappera pas à la règle, voyons. Et heureusement que Jules vient de s’offrir quelques années supplémentaires avec Alfie avant qu’il ne pioche du côté de ses étudiantes – parce qu’évidemment que c’est un comportement qui lui ressemble. Jules finit par mettre la main sur « Ça » ne manquant pas de le réduire à son statut de livre horrifique – ce qui équivaut à enclencher le bouton « on » d’Alfie qui s’emballe aussitôt pour déclarer encore une fois tout l’amour qu’il porte à ce livre – et on peut sérieusement douter de ses propos précédents qui visaient à assurer à Jules qu’il l’aimait elle, et non le bouquin en question. « C’est vrai ? Qu’il s’étonne, question rhétorique, alors qu’elle lui assure qu’il aurait pu continuer. C’est justement parce qu’il est classé dans cette catégorie que tu devrais sérieusement songer à le relire, parce que ça te donnerait une deuxième raison de m’aimer, outre l’ouverture des conserves, parce que tout être normalement constitué apprécie de pouvoir être rassuré par sa moitié quand l’occasion se présente, encore plus quand la moitié en question c’est moi-même. » Certes, la situation est défavorable à une Jules qui n’osera plus fermer l’œil de la nuit, mais elle est particulièrement enviable pour un Alfie qui pourra profiter d’une Jules blottie dans ses bras à la moindre occasion, et pour lui qui recherche toujours le contact rassurant de la jeune femme, ce serait une belle opportunité à côté de laquelle il ne peut pas passer.

La jeune femme se lance très vite dans la résolution de la troisième énigme maintenant qu’elle a pu prendre connaissance de celle-ci, et face au mutisme qui est le sien alors qu’elle ne décolle pas ses yeux du petit bout de carton, il semble évident qu’elle sèche de la même manière qu’à la précédente. Alfie fronce les sourcils, porte toute son attention sur le visage de Jules pour y déceler la moindre réaction qui pourrait lui faire comprendre qu’elle commence à assembler les pièces du puzzle, et qu’il n’aura pas à dévoiler d’indice (payant, désormais) cette fois-ci. Ce n’est pas l’envie qui manque pourtant, mais il commence sérieusement à douter de ses capacités de maître du jeu maintenant qu’elle bute pour la seconde fois en quelques minutes. « T’apprends vraiment pas de tes erreurs, c’est dingue. » Qu’il siffle entre ses dents, le sourire amusé sur les lèvres, alors qu’elle fait encore preuve d’une certaine arrogance. Toujours aussi fausse et, par conséquent, toujours aussi plaisante. Quoi qu’il en soit, si Alfie n’a effectivement pas prévu d’être un véritable sadique, les paiements qu’il compte demander feront bien ses affaires, et peut-être moins celles de Jules. Cette dernière fait à nouveau part de ses réflexions à voix haute, et encore une fois, elle se heurte au mutisme d’un Alfie qui, malgré tout, écoute avec attention chacune de ses paroles. Si elle est dans le juste au départ, elle s’écarte de la solution lorsqu’elle remet la bible sur le tapis, provoquant un léger signe de la tête de la part d’Alfie pour démentir ses idées – et tant pis si c’est un indice qui n’était pas quémandé. « Sérieusement, Jules ? Tu sais que je préfère les manchots aux dinosaures. » Et donc, à choisir, c’est plutôt de ces premières créatures qu’il parlerait s’il devait choisir. « Pas que je sache, et très franchement j’espère pas, ça vend pas du rêve comme titre, c’est vachement moins classe que Roméo et Juliette. » La faute à son prénom, qui est bien moins agréable à entendre que celui de la jeune femme, et qui tend à lui mettre trente ans dans la figure dès qu’on l’interpelle de cette façon. Finalement, Jules abdique et la réaction d’Alfie est beaucoup moins enjouée que précédemment – la faute à ce doute qui subsiste sur sa manière de rédiger les énigmes et les réflexions derrière celles-ci. « Non, voyons. Juste pendant dix minutes. » Qu’il précise avant d’effectuer quelques mouvements d’épaules traduisant d’une danse de la victoire – qui lui donne plus l’air d’être un épileptique dans une baignoire que d’une Beyoncé. « Très bien, l’indice te coûtera pas grand-chose. » Qu’il annonce, s’approchant d’elle avec son meilleur air de gros sadique sur le visage, le sourcil haussé, et le bout des doigts qui se rencontrent dans un geste machiavélique. « Ta tarte au chocolat, j’en exige la confection une fois par semaine pendant un mois. » À l’origine, il partait plutôt sur un an, mais il a revu ses ambitions à la baisse pour ne pas dégoûter Jules – parce que ce n’est pas lui qui serait dégoûté du chocolat, qu’on se le dise. Face à l’acceptation de la jeune femme, il tapote dans ses mains comme un gamin qui vient d’avoir sa première voiture électrique pour Noël, avant de reprendre la parole. « C’est la même idée que l’énigme précédente, mais pas la même date. » Il dévoile, espérant que l’indice est suffisamment clair pour que la jeune femme s’oriente sur la bonne piste, et dans le cas contraire, le voilà qui réfléchit déjà à la manière dont elle pourra payer le second indice.
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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyMar 23 Avr 2019 - 20:48



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes


Les talents d’acteur d’Alfie me font évidemment mourir de rire, d’autant plus que nous savons lui et moi que rien de tout cela n’est vrai. Si je ne fais pas étalage de mes sentiments à chaque minute de la journée, ça ne veut pas dire que je n’en éprouve pas, bien au contraire, et je ne pense pas avoir été avare de ce côté-là. Il est vrai, cependant, que je n’ai jamais vraiment envisagé de mettre en place un cérémonial officiel pour attester solennellement de la place qu’il a pris dans ma vie… Quoi que, cette cérémonie existe en réalité et elle s’appelle le mariage, événement dont nous n’avons absolument pas parlé. Il me connait assez pour avoir une assez bonne idée de mon opinion à ce sujet et bien que je commence à espérer qu’après trois ans de relation relativement stable – ou du moins avec le niveau de stabilité maximum qu’Alfie est capable d’accepter –, je commence à me dire que peut-être qu’un jour, le sujet reviendra sur le tapis. Mais si l’idée de la remise des prix semble résonner aux oreilles du jeune homme, ce n’est manifestement pas pour les mêmes raisons que moi et son commentaire me fait lever les yeux au ciel, pour ce qui me semble être la centième fois depuis le début de cette soirée. « Je crois que je préfère m’en tenir à des prix un peu plus classiques, si tu n’y vois pas d’inconvénient. » Heureusement que je suis là pour réfréner ses ardeurs, sinon je ne sais pas quelles idées farfelues il aurait pu avoir. Il n’est pas brimé malgré cela, je ne l’empêche pas de mener bon nombre de ses folies à bien, la plupart du temps je suis même plutôt partante pour le suivre dans ses délires même si ceux-ci ne sont pas forcément les plus intelligents. Toutefois, il y a bien des fois où je suis obligée de tempérer un peu les choses, parce que non nous n’aurons pas une piscine de chantilly dans la maison, il n’est pas non plus utile d’installer un distributeur de quinoa dans la cuisine et je ne suis pas sûre qu’Odie ait envie de sa lancer dans une carrière de mannequin-tortue. A bien des occasions, je me suis demandé s’il était sérieux ou s’il me faisait juste marcher, mais dans le doute, je préfère tout simplement considérer que oui, il est très sérieux et qu’il me faut donc me méfier de toutes les connexions parfois improbables qui se font dans son cerveau.

Notre soirée, certainement prévue pour être romantique compte tenu de l’événement que nous fêtons, prend une toute autre tournure alors que nous entrons dans une surenchère dont je ne sortirais certainement pas vainqueur compte tenu de l’adversaire qui se tient en face de moi. Pour autant, je ne rends pas facilement les armes, loin de là, j’ai appris du maitre au fil des mois et je compte bien lui montrer de quoi je suis capable. « Parce qu’Alfie Maslow est véritablement capable de faire une version condensée ? Je demande à voir. » Je le charrie gentiment, parce qu’il est assez facile de se moquer de son débit de parole impressionnant et de sa capacité à ne jamais avoir un seul moment de calme durant lequel il ferait une véritable pause. Mais nous ne nous arrêtons pas là, bien sûr, tous les sujets sont bons pour s’enquiquiner mutuellement et alors qu’il sort un calepin – vraiment ? – pour noter la soi-disant quatrième manière de me torturer. « Attends, attends, attends… Quatrième ? Parce que tu en as déjà noté trois ? » Non parce que c’est quand même l’information essentielle de cette conversation. Je ne sais pas pourquoi ça m’étonne, ça ne devrait pas, il est capable de tout pour me rendre complètement dingue – dans tous les sens du terme – et je devrais me méfier de toutes les paroles qui ont le malheur de sortir de ma bouche. « Tu n’imagines même pas de quoi je suis capable pour du Nutella, si tu crois qu’un magasin fermé peut m’arrêter, tu te trompes lourdement. » Evidemment, loin de moi l’idée d’entrer dans un magasin par effraction mais j’ai toujours l’option coup de fil à maman qui peut être une très bonne idée dans une situation critique comme celle-ci. « En plus, je serais obligée de riposter et tu n’aimerais pas ça. » Parce que s’il possède une liste de tortures à m’infliger, je le connais assez pour pouvoir prétendre à la même chose. Une privation de quinoa sur une durée limitée pourrait avoir une incidence assez visible sur sa joie de vive. Outre cette évidence, j’ai la malchance d’avoir été l’ainée d’une grande fratrie et d’avoir donc subi les pires blagues de mes frères et sœurs du vinaigre blanc sur les poils de brosse-à-dent en passant par la gelée de groseille au fond du lit. Ce sont autant d’idées que je n’hésiterais pas à reproduire si la guerre devait être déclarée entre nous.

La guerre attendra, j’ai des énigmes à résoudre et après avoir été rassurée sur le fait que malgré mes suppositions fausses je reste l’élève favorite du professeur, et résolu la toute première énigme, je me lance à l’assaut de la seconde, non sans commettre un terrible impair sur lequel Alfie ne manque pas de rebondir. « Callyquoi ? » Je demande, un peu frustrée d’être celle des deux qui va apprendre un nouveau mot de vocabulaire alors que contrairement à lui, j’ai fait des études de littérature. « Je crois qu’on va s’arrêter-là, je sais pertinemment que tu serais capable de tenir toute la soirée voire même pendant un mois et sache que les affreux surnoms sont classés dans la catégorie tue-l’amour. » Enfin, j’imagine que ça dépend dans quel contexte ils sont prononcés. Si ces surnoms me font rire à l’heure actuelle, j’imagine que si au moment de se coucher, je vais vers lui pour lui faire un bisou et que je reçois un « bonne nuit ma loutre rampante », je risque d’être tentée d’aller dormir sur le canapé – ah non, merde, il y a Joseph –, autant nous éviter à tous les deux ces moments de gêne intense. Rien n’arrête Alfie, c’est bien connu, autant que je lui montre moi-même le panneau stop. C’est d’ailleurs pour ça que, contrairement à ce qu’il pense, je ne minimise nullement les menaces qu’il peut proférer. Si j’ai appris à ne pas avoir peur des idées qu’il pourrait mettre en application, c’est sûrement parce qu’il m’a bien fait comprendre et ce, dès le début de notre relation, que je devais m’attendre à tout en toutes circonstances. Evidemment, dans un premier temps, ça a fait du mal à mon côté grandement psychorigide mais avec le temps, je me suis habituée à ne plus vraiment avoir le contrôle de la situation en sa présence. « Mais quel raccourci, malheureux, je prends tes menaces très au sérieux, au contraire, j’estime simplement qu’il me sera plus facile d’échapper à ton sadisme qu’à une pénurie de Nutella. » Ne connaissant pas de recette de pâte à tartiner qui parvienne à égaler cette dernière, j’aurais effectivement du mal à en venir à bout. Pour ce qui est de la trop grande créativité de mon petit-ami, j’ai développé des ruses diverses et variées pour anticiper certaines de ses créations loufoques ou éventuellement lui faire oublier pendant un temps le projet fou qu’il vient d’élaborer même si c’est évidemment un peu plus difficile.

Résoudre la deuxième énigme fut plus complexe mais grâce au ciel je finis par y parvenir, ravie de lui montrer que je le connais un peu mieux qu’il ne le croit, finalement. Evidemment, je n’échappe pas à une énième vanne bien trouvée qui nous renvoie dans cette joute verbale dont nous ne lassons pas et qui pourrait certainement surprendre n’importe quel couple normalement constitué. A son bisou sur le front, je recule, air outré su le visage ! « Eh ! » Je proteste vivement, pas du tout ravie qu’il se permette cet élan d’affection en plein combat verbal. « Comment veux-tu que je sache si j’ai tout juste si tu t’endors en plein milieu de ma récitation ?! Ce n’est pas du tout comme ça que ça fonctionne ! » Je peux toutefois admettre que le côté soporifique de la chose le précipite dans les bras de Morphées, ce qui ne serait pas un mal compte tenu de la lutte permanente qu’Alfie mène lorsqu’il s’agit de sommeil. Je n’ai jamais vraiment compris ce qui l’empêchait de dormir. Je me suis contentée d’imaginer que ses pensées refusaient simplement de le laisser se reposer. En règle générale, lorsque ses nuits sont agitées, je me contente de le serrer contre moi jusqu’à ce qu’il s’apaise et si j’ignore l’efficacité de mon intervention, il n’a jamais eu l’air de protester ce qui m’incite à continuer. « Mais bon, si tu préfères les récitations de dates aux câlins, on peut s’arranger, bien sûr, je peux même t’enregistrer une cassette. » Je passe évidemment sous silence qu’en ce moment, il n’aurait eu probablement besoin ni de l’un ni de l’autre puisque sa présence à mes côtés avait été fortement réduite. Je ne tiens pas à revenir sur le sujet ni même à laisser mon subconscient l’évoquer, l’explication que j’ai trouvé quant à son absence me convenant parfaitement. « J’aime tellement quand tu me fais miroiter l’avenir merveilleux que nous aurons ensemble… Donc si j’ai bien compris, dans un peu plus de cinq ans, tu achèteras une voiture de luxe, tu porteras des joggings d’adolescent et tu finiras par me quitter pour une blonde avec des gros seins ayant entre vingt et vingt-cinq ans, maximum ? Je vis un véritable conte de fées. » Mieux vaut ne pas préciser que j’espère surtout que dans cinq ans, je porterais son nom et qu’on aura un voire deux enfants et un plus grand appartement. Je préfère éviter d’aborder ce sujet de manière un peu trop cash et surtout pas durant un moment où nous plaisantons avec une légèreté qui nous convient parfaitement à tous les deux. Enfin, jusqu’à e que nous abordions le sujet du livre préféré d’Alfie qui lui vient évidemment à cœur et qu’il se met à défendre avec un enthousiasme que j’apprécie énormément chez lui. « Vu la taille du roman et comme je lis deux ou trois livres en même temps, on peut considérer que tu es parti pour trois semaines à avoir une sangsue en guise de copine, tu crois que tu es vraiment prêt à supporter ça ? » Je plaisante, consciente malgré tout que s’il y a bien une chose pour laquelle Alfie n’a jamais été chiant – et c’est un exploit – c’est pour toutes les marques d’affection. En trois ans, je ne me souviens pas avoir été repoussée une seule fois.

J’espère que ça n’arrivera jamais mais la prétention dont je fais preuve, même en plaisantant, pourrait finir par lui donner envie de me fuir, d’autant plus que, il n’a pas tort, je lui prouve que je n’apprends nullement de mes erreurs ce qui est un réel problème compte tenu du fait que l’énigme en question est encore plus obscure que la précédente. Je commence vraiment à appréhender la suite si chacune de ses phrases est aussi incompréhensible. Mais bien sûr, je ne me laisse pas abattre, continuant à réfléchir à voix haute pour tenter de lui extorquer des informations l’air de rien. Malheureusement, il ne laisse rien paraitre, appliquant mes stupides conseils à la lettre. « Statistiquement, il doit y avoir moins de livres qui traitent des manchots que des dinosaures, donc ça réduit mon champ de recherches… Si on exclut tous les documentaires mais bon tu n’aurais pas été capable de… Enfin si d’ailleurs, tu es capable de tout. » Tu vois Alfie, je ne minimise pas ton côté sadique. Si je dois me taper tous les documentaires existants sur les manchots, je crois que je vais le planter là et rentrer à la maison. Soirée de rêve avortée. Je préfère me dire qu’il n’a pas été aussi cruel avec moi et que la réponse est bien plus évidente. Malheureusement, si évidence il y a, elle est très loin de me sauter aux yeux. « Un mois ?! Tu vas faire une overdose…  » C’est peut-être le côté grand enfant d’Alfie que je minimise pour le coup mais de toute façon, je n’ai pas le choix que d’accepter car je ne sais pas du tout comment comprendre la phrase que j’ai toujours sous les yeux. « Mais pas de souci, je peux faire ça. » Le paiement n’est pas encore trop excessif, j’aime bien cuisiner et ça veut dire que mes talents culinaires lui conviennent ce qui en définitive est plutôt flatteur. J’obtiens donc l’indice tant attendu mais sans avoir l’illumination espérée. « La même idée… Donc un truc avec une date de publication précise ? En rapport avec nous ? La date d’anniversaire d’Odie ? La notre ? Notre date de rencontre ? Notre emménagement ? » Tout cela est en rapport avec le commencement, je vais avoir du mal à faire le tri et, comme je lui disais précédemment, je ne connais pas les dates de publication des livres par cœur donc il me parait vraiment impossible de réussir à dénicher le bon bouquin parmi toutes ces dates. « Attends, t’as dit la même idée ? Donc comme c’était mon année de naissance avant, maintenant c’est la tienne ? » Pour un peu, je me serais presque coupable d’avoir envisagé la date d’anniversaire d’Odie avant celle d’Alfie. Oups. Malgré tout, je me dis qu’il ne se vexera pas pour si peu. « 1984, donc… » Je reste songeuse, cherchant un livre connu qui aurait pu être publié à cette date sans pour autant en trouver un. « Je crois que je ne les connais vraiment. » J’avoue avant de me rendre compte que je n’ai peut-être pas envisagé l’énigme sous le bon angle, une fois de plus. « Ou alors, le livre c’est 1984 ? Celui de George Orwell ? Le chef-d’œuvre ?! » Je ne suis pas sûre de réussir à associer le livre au commencement mis à part s’il s’agit du commencement de la vie d’Alfie mais c’est la seule idée concrète que j’ai depuis que j’ai pris connaissance de cette troisième énigme. Je pars donc en quête du roman, poussant une énième exclamation de joie alors que la carte numéro quatre me tombe dans la main. « C’est donc à ce livre que tu t’associes ? » Je lui demande en revenant vers lui. « Il est vraiment sublime ce roman… C’est toi qui me parlais de modestie ? » Je pense que, contrairement à beaucoup de livres, celui-ci fait l’unanimité. De mon côté, j’espère surtout que je vais réussir à résoudre la prochaine énigme sans avoir besoin de l’aide de mon petit-ami parce que s’il m’imposer les menus pour les quatre mois à venir, mon quotidien va devenir plutôt compliqué.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyJeu 25 Avr 2019 - 23:59

Si Alfie aimerait s’abstenir de côtoyer la mort de sitôt – d’autant plus depuis qu’il en a eu un bref aperçu il y a un an et demi de cela, bien qu’il ne qualifiera jamais cette expérience comme telle, mais plus de « malentendu » – il est certain que s’il devait l’envisager, il se verrait difficilement pousser son dernier soupir de façon paisible durant son sommeil. À l’inverse, il est très probable que son trépas soit le résultat d’un accident stupide ou d’une maladresse à en faire pâlir tous les candidats aux Darwin Awards ; l’année où Alfie trépassera sera également celle où il remportera cette récompense suprême. Que ce soit parce qu’il a décidé de proposer une version moderne de la roulette russe en prônant le lancer de bâton de dynamite en compagnie d’un chien de chasse dressé à rapporter, parce qu’il est tombé sous le joug d’un gourou islandais qui le pousse au suicide en avalant son poids en feuilles de menthe – bien que compte tenu de son allergie, une seule sera suffisante pour le conjuguer au passé – ou encore parce que suite à une énième commotion cérébrale il lui est apparu logique d’aller jouer au football sur l’autoroute pour tester sa rapidité (spoiler alert : il tiendra à peu près 3 secondes sur le terrain), Alfie pourrait faire une liste des diverses manières les plus originales de mourir et en être encore à la réciter dans trois semaines. Ce n’est pas pour autant qu’il souhaite voir sa vie se terminer d’une façon aussi foireuse, mais à choisir, si cela peut lui permettre d’éviter une cérémonie à laquelle seront conviés ses parents, c’est un risque qu’il est prêt à prendre. En mentionnant ses géniteurs, Jules est parfaitement parvenue à reprendre l’avantage sur cette bataille-là, même si la relation qu’Alfie entretient avec eux est bien plus complexe qu’une histoire de cérémonie (classique, comme finit par le préciser Jules, ce à quoi Alfie acquiesce par un simplement mouvement d’épaules) à laquelle ils pourraient être conviés. En vérité, s’il est certain qu’Esther et Jacob Maslow ne manqueraient pas de partager leurs petits commentaires pour mettre en évidence les imperfections d’Alfie, ils seraient bien présents, quand bien même l’événement est aussi farfelu que les titres qui seraient remis, tout simplement parce qu’ils ne manqueraient cela pour rien au monde, et seraient les premiers à prendre des photos de leur fils entre deux « tu pourrais faire tellement mieux ! ». C’est là tout le paradoxe de leur relation, et la raison pour laquelle Alfie n’arrive toujours pas à statuer sur ses propres parents, partagé entre l’amour inconditionnel qu’il leur porte, et le sentiment de médiocrité qu’ils font constamment naître en lui.

Ce sentiment est heureusement contrebalancé par l’attitude de Jules qui prend à cœur de vanter les (faux) mérites de son petit ami. Là où d’autres personnes auraient mis en évidence sa gentillesse, sa bienveillance, ou encore son humour (aussi foireux soit-il), Jules est tombée amoureuse de lui pour sa capacité à ouvrir des boîtes de conserve ou à retrouver son chemin sans GPS – ce qui en soit est effectivement une qualité dans une ère aussi portée sur la technologie. Alfie est (évidemment) outré par de telles révélations, alors qu’il s’agit là de déclarations qui lui sont bien plus agréables à entendre que les sempiternelles qualités trouvées dans un article « comment bien se vendre à un entretien d’embauche » qui lui donnent l’impression d’être peu sincères tant elles sont automatiques. Dans le fond, il s’en fiche bien d’être attentionné ou de confiance, ça n’arrive pas à la cheville de sa capacité de compteur (oui, le gars qui peut vous vendre un passage à la photocopieuse comme un récit d’aventures à coups de « je marchais tranquillement, j’étais si près du but ET LÀ l’ENNEMI ARRIVE. Miss Kellergan, aka le boss ultime qui va te reprendre sur le fait que tu économises pas assez de papier ou que tu pourrais privilégier le noir et blanc, ALORS TU SAIS CE QUE J’AI FAIT, bah j’ai bifurqué à gauche dans la classe d’espagnol en prétextant venir prendre la mesure des têtes de chacun pour leur commander des sombreros personnalisés, MAIS KELLERGAN M’ATTENDAIT DEHORS alors j’ai prétendu prendre ses mesures aussi, ça a marché jusqu’à CE QUE TU SAIS PAS QUOI… » ce gars, c’est lui) ni de son adresse qui se doit effectivement d’être félicitée dès qu’il enchaîne plus de trois semaines sans passage à l’hôpital ou à défaut, sans ouvrir l’armoire à pharmacie de leur appartement (et est-ce que beaucoup de personnes verraient en « waaah mon chéri, je te félicite pour tes excellentes capacités physiques et ta merveilleuse coordination motrice de ce mois ! » la déclaration d’amour ultime ? Probablement pas). Est-ce qu’Alfie est en mesure de proposer une version condensée de ses idées ? Certainement pas, à en croire la manière dont il a divagué jusqu’à ce que la voix de Jules le ramène sur terre. « Hé ! Je t’assure que je fais des efforts et que je suis sur la voie de la concisation, ne me mets pas au défi ! » Qu’il répond, l’index tendu bien droit comme pour l’arrêter dans ses critiques. Qui n’en sont pas réellement en réalité, puisque ce n’est que la stricte vérité : Alfie et condensé peuvent difficilement coexister dans la même phrase. « Em, oui, en général quatre vient après trois. » Qu’il rétorque pour sa défense, sachant pertinemment qu’elle voudrait surtout avoir un aperçu des trois premières méthodes listées – qu’il n’a pas écrites, en réalité. Mais qu’elle ne le tente pas, car il n’aurait aucun problème à improviser pour faire de cette liste fictive une véritable liste. « C’est pas faux... » Qu’il laisse échapper par la suite, yeux plissés, scrutant Jules qui marque un point : ce n’est pas un magasin fermé qui va l’arrêter dans sa quête du st-Graal, comme ce n’est pas ce qui l’empêcherait de trouver du quinoa par période d’apocalypse : quand on veut, on peut. « Sérieusement, Jules ? » Il demande, la tête légèrement penchée, les sourcils haussés. Oh, il ne doute pas qu’elle puisse rivaliser en termes de sadisme, seulement il est un adversaire redoutable à l’imagination plus que débordante, et il est hors de question qu’elle gagne sur son terrain privilégié ; à savoir : rendre fous les autres.

Et parce que leur association n’a rien d’ordinaire, il n’est pas étonnant que leur soirée ne le soit pas ; et là où certains auraient privilégié une soirée romantique au restaurant à se glisser des mots d’amour, Alfie préfère l’enfermement dans cette librairie avec des surnoms quelque peu originaux qui, cependant, ne semblent pas plaire à Jules autant qu’ils lui plaisent à lui. Ce n’est pas ce qui l’arrête, car si Jules est tombée amoureuse de lui, ce n’est pas pour son conformisme, bien au contraire, et cette originalité ne devrait plus la surprendre après tout ce temps. « Callipyge, c’est un type de statue, mais dans le vocabulaire moderne ça veut surtout dire que t’as de belles fesses, et t’avoueras que c’est vachement plus classe que de te dire que ‘’t’es bonne’’. » Car, pour le coup, ce ne sont pas des mots qu’elle risque de l’entendre employer, et à choisir nul doute qu’elle préfère de très loin les « affreux surnoms » que ce vocabulaire limité et au seuil de la vulgarité. « Mais j’ai compris, et j’en prends bonne note. » Qu’il finit par dire, les lèvres pincées comme un gosse pris sur le fait qui concède à admettre ses erreurs après avoir été malmené par ses parents. Dans tous les cas, il se voit forcé de ne plus monopoliser la parole alors que Jules a en sa possession la première énigme et que la soirée peut officiellement être lancée. En retrait, Alfie se contente d’observer les allers-retours de sa petite amie et d’écouter ses réflexions, jusqu’à ne plus parvenir à contenir son excitation lorsqu’elle reconnaît être en difficultés, ni à s’empêcher de proférer des menaces – si tant est qu’elles soient considérées comme telles puisqu’il a la crédibilité d’un chaton qui donne rendez-vous à un lion sur le parking du bar où ils se sont engueulés – il faut seulement considérer que l’idée même qu’un bar puisse accueillir des animaux soit crédible, mais hé, on est dans l’imaginaire d’Alfie et il peut même y exister des boîtes de strip avec des hyènes pour danseuses si ça lui fait plaisir. « C’est que mon sadisme est pas assez élevé alors, va falloir que je travaille tout ça. » Il soupire avec un vague haussement d’épaules, faisant comprendre à Jules qu’elle a réveillé la bête et qu’elle aurait peut-être dû s’abstenir, car exit les promotions, exit le retour sur le terrain, exit la belle maison entourée d’un chenil d’une vingtaine de tortues, la nouvelle ambition de sa vie est de retourner la situation à son avantage et que Jules finisse par considérer qu’échapper à une pénurie de nutella est plus facile que d’échapper à son sadisme. Dès ce soir, il googlera « comment devenir le maître du monde » pour parfaire ses connaissances, et peut-être même qu’il lancera le projet d’en développer des cours du soir, oui ; qu’on critique son immaturité, mais lorsqu’il a un but dans la vie, il met tout en œuvre pour y parvenir.

Miss Rhodes tente de se redonner un minimum de contenance après son semi-échec (c’est l’interprétation qu’Alfie fait de la situation compte tenu de son besoin d’indice) et envisage de torturer – puisque c’est vraisemblablement le mot d’ordre de la soirée, à se demander s’il s’agit d’un anniversaire ou d’un divorce – Alfie en lui récitant les années d’édition de chacun des livres de cette librairie. Mais encore une fois, il ne s’en offusque pas parce qu’il voit le bon côté des choses : ce serait un somnifère naturel et particulièrement efficace, même si Jules n’envisage pas les choses sous cet angle. « Eh ! Qu’il l’imite dans un premier temps, la protestation tout aussi crédible. Comment peux-tu penser que je n’envisage pas tous les détails ? » Il débute, laissant planer le mystère, mais pris de court par une Jules qui lui propose une cassette – ce qui était la proposition qu’il comptait lui faire. Si Alfie passe une bonne partie de ses nuits éveillé – contre son gré – il est certain qu’il ne pourrait guère lutter contre une récitation aussi ennuyante, même si c’est la douce voix de Jules qui s’élève. « Les cassettes me bavent pas sur l’épaule, au moins. » Il glisse, son air d’imbécile sur le visage, alors qu’à choisir, sa préférence va évidemment pour la seconde option. Quant au déni de Jules par rapport à son âge, là-aussi Alfie préfère envisager les choses sous un aspect positif – enfin, ça dépend pour qui. « C’est ça, sauf qu’au lieu de la voiture de luxe, il sera plutôt question d’un yacht. » Et ce n’est même pas une façon d’embêter Jules que de faire cette précision, c’est un réflexe naturel face à la possibilité de s’envisager derrière un volant, sans même qu’il ne soit en mesure d’interpréter les choses comme cela. « Mais comme je suis un petit ami parfait, j’ai la décence de te prévenir pour qu’on profite à fond de ces cinq dernières années ensemble, et que tu puisses te préparer psychologiquement à l’issue fatale de notre relation. » Et il n’y a aucun message caché derrière son discours, c’est une simple plaisanterie comme il en fait beaucoup à la jeune femme, sans se douter que, finalement, il y a peut-être une pointe de vérité là-dedans. Alfie ne s’attarde pas sur la question, puisque la jeune femme découvre le second livre, lequel est son préféré et qu’il a à cœur de défendre alors qu’il est réduit à son genre littéraire – quand bien même c’est la stricte vérité – et que c’est la raison pour laquelle Jules n’apprécie pas autant ce livre que lui. « Hm… Il fait mine de réfléchir, lèvres pincées, petite grimace incertaine et tête qui bascule doucement de gauche à droite, ouais, je pense que je dois pouvoir supporter ça, en tout cas, j’ai envie d’en prendre le risque. » Qu’il conclut, avec un large sourire sur les lèvres. S’il accepterait difficilement que Jules le suivre partout où il va, lui demander des comptes à chaque occasion, ou ne pas le lâcher d’une semelle même quand il va sous la douche, le fait est qu’elle n’a jamais été pénible de ce côté-là et qu’elle a su respecter la liberté qu’est la sienne – jusqu’à récemment – et que c’est quelque chose qui ne peut lui reprocher, elle n’est ni collante, ni jalouse ; ou du moins, elle n’en donne pas l’impression. Alors supporter que la jeune femme se colle à lui durant la nuit, lorsqu’ils entendent un bruit dans l’appartement lorsqu’elle aperçoit un clown dans la rue, ne serait absolument pas problématique, d’autant plus qu’il tend à être celui qui s’accroche à elle une fois dans leur lit, et là aussi c’est un geste presque mécanique dont il ne se rend pas nécessairement compte.  

Même en difficulté, la jeune femme trouve le moyen de prétendre être pleinement maîtresse de la situation, et Alfie reconnaît bien Jules qui, même si elle est parvenue à se distancer du contrôle absolu depuis le début de leur relation, n’arrive jamais totalement à lâcher prise. Elle le lui prouve encore une fois alors qu’elle n’apprend pas de ses erreurs et décide de garder ce masque d’arrogance plutôt que d’admettre qu’elle ne gère pas la situation autant qu’elle le voudrait – même s’il ne s’agit que d’un jeu. En retrait, Alfie l’écoute, sans pour autant rester parfaitement muet ; mais ce n’est pas pour autant qu’elle peut espérer gratter un indice l’air de rien. Il esquisse un sourire alors qu’elle admet enfin qu’il est capable de tout, est-ce qu’il n’aurait pas besoin de prendre part à ces cours du soir envisagés précédemment, finalement ? Dans tous les cas, Jules finit par quémander un second indice, à la différence du premier qu’il est payant, et qu’Alfie exige – ou, rien que ça – sa fameuse tarte au chocolat une fois par semaine pendant un mois. Ce n’est pas cher payé selon lui, et non, l’overdose lui paraît invraisemblable, ce qu’il ne manque pas de faire comprendre à Jules par une moue surprise et peu convaincue. Son estomac dicte la majeure partie de ses décisions, s’il n’est pas adepte de la junk-food de manière générale, il n’en demeure pas moins qu’il est très gourmand et que ce n’est pas prêt de changer – encore moins maintenant que la jeune femme concède à payer le prix de l’indice. Celui-ci n’est peut-être pas très explicite, mais il ne se doute pas que Jules parviendra à l’interpréter comme il se doit de l’être pour trouver la solution, même si ce ne sera pas forcément immédiat. Elle continue ses questionnements à voix haute, et Alfie est un peu outré de voir qu’Odie est en pole position dans la conversation. Jusqu’à preuve du contraire, c’est sa tortue à lui, celle qu’il a ramenée de sa chambre d’adolescent, alors qu’elle ne commence pas à vouloir séparer la bromance qui unit son véritable propriétaire à la bestiole. Alfie demeure muet durant toute la durée des réflexions de Jules, se contentant d’esquisser un pas lorsqu’elle en fait de même, de l’observer, d’écouter, jusqu’à ce qu’elle finisse par se diriger vers 1984, qui est effectivement la réponse. « Tu l’as dit toi-même, il est sublime ce roman, alors forcément que je m’associe à lui. Il plaisante, avant de rapidement reprendre. Je suis désolé de te décevoir, mais pour le coup, tu cherches trop loin. Ce roman a beau être génial, j’ai pas été plus loin que le titre pour justifier son utilisation. » Le jeu de piste lui avait déjà pris un certain temps à confectionner, si en plus il devait constamment associer les résumés avec une certaine logique, il ne s’en serait jamais sorti. « C’est l’avant-dernière carte, tu te rapproches ! Tant mieux, parce qu’il te reste… Il jette un coup d’œil à sa montre, environ une demi-heure avant que le gong final retentisse. » Ah, il ne l’a pas prévenu qu’il y avait une limitation de temps ? Parce qu’il vient de le décider à l’instant. Quoi qu’il en soit, il s’écarte légèrement pour laisser Jules prendre connaissance de cette carte, sur laquelle est inscrit « sbire de Napoléon, précédent de Winston Smith, je suis désormais au premier plan » et lui laisser le champ libre pour qu’elle poursuive ses innombrables réflexions moins que plus souvent correctes.
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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyVen 26 Avr 2019 - 1:22



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes


La voie de la concisation d’Alfie me fait évidemment lever un sourcil sceptique, je doute fortement qu’il y ait une nette amélioration sur le sujet sachant qu’il est carrément capable de me réécrire l’équivalent d’un dictionnaire en trois langues pour rédiger une note me demandant simplement d’aller acheter du pain. Malgré tout, j’abdique pour cette fois, levant les deux mains pour lui signifier que je me rends, laissant tomber ce défi qui aurait certainement eu pour conséquence de nous faire dormir tous les deux ici ce soir et peut-être même pour les trois prochaines semaines suivant la concisation effective dont il aurait été capable. Evidemment, lorsqu’il me fait remarquer que le chiffre quatre suit le chiffre trois, je fais preuve d’une maturité exceptionnelle en lui tirant la langue comme une gamine de quatre ans, déçue de réaliser que je ne saurais absolument pas quels sont les premiers moyens de torture imaginés par son esprit tordu. Quoi que, avec un peu de chance, il a lancé quatre un peu au pif et ignore quels sont les trois premiers et c’est sûrement en posant des questions que je vais le pousser à y réfléchir et ce sera pire que mieux. Il est donc largement préférable de lâcher l’affaire pour me concentrer sur l’éventuelle riposte que je vais devoir préparer si cette joute verbale se concrétise pour de bon. J’ai bien conscience que je suis certainement tombée sur le pire adversaire possible et qu’il se battra jusqu’à un craquage psychologique de ma part. Mais il se trompe s’il pense que je vais capituler sans me battre, je pourrais sortir de ce combat la tête haute quoi qu’il arrive parce que niveau chiantitude, j’ai appris auprès du maitre et avec le temps, je commence à me débrouiller plutôt pas mal. Il faut également prendre en compte le fait que je le connais assez bien pour pouvoir le titiller sur des sujets précis de manière plus ou moins subtile. « Très sérieusement, Alfie. » Je rétorque, air de défi en prime, soutenant son regard pour recréer une pseudo scène de combat de regard de mauvais film western.  

Je pense que le jour où Alfie Maslow me sortira un magnifique t’es bonne en plein milieu du petit-déjeuner, je pense que je pourrais considérer que des aliens sont descendus sur terre et ont pris possession de son corps pour conquérir notre planète, ce serait la seule explication possible. Evidemment, son compliment me fait sourire, on est sur du haut-niveau de flatterie made by Alfie, je crois que je peux difficilement m’attendre à mieux de sa part et le pire, c’est que ça me plait beaucoup. « Aaaaw, tu ne le vois pas mais sache qu’elles rougissent. » Est-ce que des fesses peuvent réellement rougir ? C’est une question qui mérite très sérieusement d’être posée et j’ose espérer que je trouverais la réponse dans un livre. Petit bémol, j’imagine que si l’historique de nos ordinateurs du travail est consulté et que quelqu’un se rend compte que j’ai fait une recherche sur des fesses rouges, il est possible qu’une fausse rumeur de champignon quelconque ou de maladie sexuellement transmissible se répande comme une trainée de poudre parmi mes collègues ce qui serait parfaitement regrettable pour mon image. Exit, donc, la possibilité de faire une découverte extraordinaire sur la capacité d’une paire de fesse à montrer ses émotions. Je me garde bien de lui faire remarquer discrètement que si, son sadisme est largement assez élevé, et que j’ai déployé grâce à lui une patience qui force l’admiration. D’ailleurs, si jamais notre couple traverse une crise un jour, même si ça ne me parait pas franchement envisageable, il ne faudra pas que j’oublie de lui faire remarquer que je suis sans doute la seule personne sur cette terre à réussir l’exploit de le supporter au quotidien. Quoi que je ne suis pas certaine que ça arrange nos affaires, mais c’est un argument qu’il faut prendre en compte. « Tu me préviendras quand tu auras décidé de travailler tout ça, juste histoire que je prenne une semaine de vacances loin de la maison pour l’occasion. » Il y a des choses que je préfère ne pas ignorer et le saccage probable de notre appartement suite à des expérimentations foireuses dans le but de me prouver sa supériorité face à la pénurie de Nutella en fait partie.

J’avance doucement mais sûrement dans les énigmes fournies par Alfie ce qui ne nous empêche pas de continuer à nous chercher sans relâche, ce petit jeu nous amusant vraisemblablement autant l’un que l’autre. La torture par récitation de date me semble être totalement appropriée à la situation mais Alfie trouve sans aucun problème la parade, invoquant une histoire de bave qui ne manque pas de me faire lever les yeux au ciel. « Il y a plein de choses que les cassettes ne font pas et qui risqueraient de te manquer, chéri. » Je rétorque sur un ton suggestif, laissant planer sur cette conversation des mots que je ne prononce pas tout en sachant parfaitement que son imagination fertile n’aura aucun mal à les identifier sans que j’ai besoin d’apporter davantage de précisions. Malheureusement pour moi, la petite jeune de vingt-cinq ans risquerait d’être une remplaçante bien plus performante que de bêtes enregistrements et je n’aime pas trop l’idée d’avoir de la concurrence, aussi fictive puisse-t-elle être. « Je te remercie de ton avertissement, petit-ami parfait Maslow, j’ai donc cinq ans pour te convaincre d’acheter une maison au bord de la mer avec un jardin, d’avoir trois enfants et d’adopter des poissons et un hippocampe pour notre aquarium d’eau de mer. » Bien qu’évoqué sur le ton de la plaisanterie, le sujet des enfants n’a pas été choisi au hasard. Malgré tout, j’ai pleinement conscience que cette vague allusion ne fera pas tilt dans l’esprit d’Alfie. Comme tout membre de la gente masculine, il a cette capacité à ne pas voir les signes qu’on pourrait lui lancer avant que quelqu’un vienne lui dire « EH MEC, IL Y A UN SIGNE DEVANT TOI, OUI LA, JUSTE ICI ». Je sais qu’un jour ou l’autre, il faudra que j’aborde le sujet, parce qu’au bout de trois ans, je commence à y penser bien trop souvent pour que ce soit une lubie. Malgré tout, en bonne flipette terrifiée à l’idée de se faire envoyer sur les roses, je repousse ce moment au maximum, cherchant une formulation idéale qui me parait impossible à trouver. Aussi il m’est plus facile de chasser tout simplement cette idée de ma tête pour me concentrer sur Alfie. D’ailleurs, Moi qui croyais le connaitre par cœur, je suis surprise de son empressement à accepter que je me transforme en sangsue. Mais la surprise s’efface au bout de dix secondes alors que je traverse les quelques mètres me séparant de lui. « On pourrait tester dès maintenant… » Je me love dans ses bras, enfouissant ma tête dans son cou l’espace de quelques instants, constatant avec toujours autant de plaisir que la proximité d’Alfie est probablement ce qu’il y a de plus agréable au monde – même si j’espère pouvoir être la seule à en témoigner, en tout cas dans le présent –. « … Malheureusement le devoir m’appelle, il va donc falloir remettre cette expérience à plus tard. » Le tout en espérant qu’il oublie que la lecture de son roman préféré est une condition sine qua non à son autorisation de le coller plus que d’habitude. Il faut dire que j’ai de la marge, car si j’apprécie sans m’en cacher tout contact physique initié par le jeune homme ou par moi, je n’ai jamais été beaucoup trop demandeuse, loin de là.

La troisième énigme commence sincèrement à me faire douter de mes capacités d’enquêtrice tout en remettant en question mes choix professionnels tant je mets de temps à associer l’année de naissance pourtant évidente de mon petit-ami à un chef-d’œuvre de littérature que toute personne normalement constituée est censée connaitre. Je me rassure comme je peux en me disant que de toute façon Alfie a un cerveau qui ne fonctionne pas vraiment de la même façon que celui de tout le monde et qu’il n’est donc pas étonnant que je me plante. Malheureusement, ça ne me rassure pas totalement puisque ce jeu était censé me prouver que, comme je le prétends, je connais Alfie par cœur alors que je suis bien évidemment en train de montrer tout le contraire. Toutefois, je ne laisse rien paraitre de cette amère constatation, me contentant de fêter cette énième victoire – qui n’en est pas une – comme il se doit, poussant un cri de joie pour marquer ma réussite. « Désolée d’avoir imaginé que tu t’étais vraiment creusé la tête. » Pour le coup, j’ai peine à croire que c’est un cherchant plus loin qu’Alfie que je me suis trompée, j’aurais plutôt tendance à penser que je ne suis pas capable de faire un cheminement aussi lointain que celui qu’il est capable de faire. Comme quoi, tout arrive. Evidemment, je ne manque pas de m’offusquer face au sablier qui vient de s’introduire dans le jeu comme un cheveu sur la soupe. « Comment ça trente minutes ?! Tu as dit que j’avais toute la nuit ! » Non Alfie, je n’ai pas oublié cette partie de la règle du jeu et j’ai bien l’intention de profiter de tout ce temps imparti pour arriver au bout de ce jeu victorieuse. Certes, j’ai dû faire appel à lui déjà trop de fois, mais ce n’est pas parce que j’ai perdu plusieurs batailles que j’ai perdu la guerre, loin de là. « Je proteste ! Il y a baleine sous gravillon. » Et je ne compte évidemment pas lâcher l’affaire si facilement. « Changer les règles en plein milieu du jeu est interdit par la loi numéro quarante-trois du code Maslow-Rhodes. » Code régissant notre relation dont il a tout à fait connaissance, bien sûr. En plus j’ai mis son nom en premier, histoire de faire passer la pilule un peu plus facilement.

Malgré tout, si le temps imparti doit être plus court que d’habitude, je ferais mieux de me mettre en quête de la réponse à la quatrième énigme tout de suite, sinon je risque de perdre du temps bêtement. Bien sûr, comme à chaque fois, la lecture de la phrase ne provoque pas un déclic soudain. Je ne peux que constater que nous sommes désormais sortis de toute idée de romantique pour nous diriger vers tout autre chose. Une deuxième relecture – avec froncement de sourcils s’il vous plait – s’impose et comme à mon habitude, c’est à voix haute que je commence ma réflexion. « Il y a trois bébé énigme dans la phrase ? Je dois trouver qui est le sbire de Napoléon, qui est le précédent de Winston Smith et ce qui fait qu’il est au premier plan. » Super, ça me fait une belle jambe. « Attends, c’est pas dans ce sens-là, c’est le précédent de Winston Smith qui est un sbire de Napoléon qui lui-même est au premier plan. » Mais ça ne m’avance pas à grand-chose, malheureusement, même si je pense être dans le vrai. Je crois que c’est la première fois depuis le début du jeu que j’arrive à peu près à organiser les pièces du puzzle. Certes, je ne distingue pas pour autant les petits dessins sur chacune des pièces, mais c’est un bon début. « Du coup le précédent de Winston c’est son ancêtre ? » Cette hypothèse ne me plait pas des masses parce qu’elle implique nécessairement que je maitrise le bouquin ce qui n’est pas le cas, je ne suis même pas sûre qu’on mentionne l’ancêtre de ce mec dans le livre. « Je crois que je vais devoir le relire pour le savoir mais en trente minutes ça risque d’être court. » Mon cerveau est au bord de la surchauffe. Il me parait peu probable qu’Alfie m’ait orienté sur une piste aussi compliquée que celle-ci alors qu’il n’avait pas prévu que nous passions la nuit ici, il me faut donc une autre hypothèse et je peine réellement à la trouver. « Ou alors un héros précédent de George Orwell ? » C’est déjà un peu plus plausible même si ce n’est pas non plus une réelle évidence. « Ce qui implique encore une fois que je connaisse les dates de publications… » A force de froncer les sourcils, je vais finir par devenir ridée à trente ans ce qui ne va clairement pas arranger mon acceptation de mon âge qui me parait déjà bien trop avancé. « Je crois qu’il y a un Napoléon dans un de ses livres. Il s’appelle… » Je ferme les yeux pour réfléchir, mais je suis incapable de retrouver le titre du roman, j’ai beau adorer cet auteur, je ne maitrise pas la liste de ses œuvres avec autant de précision que je le devrais. « BON. Plan B. » Et je me redirige au niveau de l’allée de « O » où je viens de récupérer 1984 pour examiner la liste quasi complète des ouvrages de l’écrivain afin de trouver le roman où est mentionné le fameux Napoléon. Quelques minutes de recherche et des lectures de quatrième de couverture sont nécessaires avant que je dégote enfin « La Ferme des animaux » et je suis déçue de réaliser qu’aucune carte se trouve à l’intérieur même si, sachant que je n’ai pas résolu l’énigme en entier ce n’est pas si étonnant que ça. Retour à la case départ devant mon petit-ami qui doit certainement vivre un des plus beaux moments de toute son existence. « Du coup, il faut que je trouve un sbire du cochon ? Malabar ? Brille-Babil ? Les poules ? Les vaches ? Le coq ? Des poneys ? Il y a trop de possibilités. » Et après, il y a la fin de l’énigme en plus. Une fois de plus, je m’approche d’Alfie, mais cette fois, c’est pour poser mon front sur son épaule comme si je m’apprêtais à me taper la tête contre un mur, laissant la main qui tient le livre retomber mollement le long de mon corps. « Je te déteste. » Voilà, son sadisme surpasse clairement la pénurie de Nutella et j’imagine que le pire c’est que ça va sincèrement le réjouir.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love EmptyLun 29 Avr 2019 - 0:14

Parmi tous les mensonges dans lesquels Alfie s’illusionne au quotidien, le plus gros de tous est probablement cette certitude à être concis. Ou plutôt, c’est une fabulation qui n’a aucune validité en dehors du domaine professionnel, car on ne peut pas enlever au brun qu’il est parfaitement en mesure de condenser ses idées et d’optimiser sa concentration lorsqu’il donne cours ou est consultant. Il peut également l’être à quelques autres occasions, notamment lorsqu’on s’attaque à un sujet qui le touche particulièrement, mais là-encore ce sont généralement des sujets étroitement liés à sa spécialisation, ou lorsqu’on lui annonce une nouvelle importante qui nécessite tout son sérieux. Mais là-aussi, il ne parvient pas toujours à aller droit au but et se perd parfois dans la vague de pensées et d’émotions qui l’assaillent en prenant connaissance du problème. Dans les autres domaines, il est vrai qu’Alfie n’a jamais été réputé pour parvenir à tenir une conversation qui ne part pas, à un moment ou à un autre, dans tous les sens. Il n’y a qu’à voir le scepticisme qui se lit sur le visage de Jules après cette (fausse) affirmation, qu’il est tenté, un instant, de contrer en prétextant avoir longtemps eu une disposition à peser ses mots lorsqu’il était plus jeune ; mais les questions que cette révélation surprenante pourraient engendrer effacent bien vite l’envie de contredire la jeune femme pour le plaisir de la taquiner continuellement. Alors Alfie se veut volontairement silencieux, affichant seulement un air choqué par tant de vulgarité sur le visage lorsque Jules lui tire la langue lorsqu’elle prend conscience qu’elle restera dans l’ignorance des plans de torture qu’il a prévu – et ils sont nombreux, en réalité, seulement ils sont inscrits dans le disque dur qui lui sert de mémoire plutôt que sur un bout de papier qu’il serait forcément amené à perdre (et ce serait tant mieux pour la jeune femme, à ne pas douter). Et peut-être qu’il devra faire appel à sa créativité sans limite plus tôt que prévu alors que Jules lui assure être sérieuse après ses menaces, et encore une fois c’est silencieux, mais à l’aide d’un sourire en coin qui en dit beaucoup qu’Alfie réagit. De ceux qui l’informent qu’elle a appuyé sur le bouton « on » de l’animal, et a réveillé ses pulsions les plus primaires ; non pas celles qui appellent au sang ou au sexe, mais bel et bien celle qui consiste à mener la vie infernale à ses proches. Jules a voulu jouer ; et voilà qu’Alfie est déjà particulièrement tenté de voir tout ce qu’elle a en réserve, car à ne pas en douter, c’est probablement la meilleure adversaire qui se présentera jamais à lui.  

Dans l’immédiat, il n’est pas encore question de se mener la vie dure, mais bel et bien de s’échanger des compliments, aussi originaux soient-ils – et la scène qui se joue est certainement la plus belle description de leur couple. « Meilleur ouvreur de conserves », « ma petite callipyge », des surnoms qui en feraient fuir beaucoup, mais qui ne manquent pas de charme aux yeux du duo, et aux yeux des fesses de Jules à l’en croire. Cette réflexion ne manque pas de tirer un rire sincère à Alfie, qui se décale très légèrement pour laisser son regard glisser de façon entendue, comme s’il essayait d’en avoir la preuve formelle de la part des principales concernées. La parenthèse compliments est très vite oubliée lorsque la compétition est lancée – et on peut effectivement parler de compétition alors qu’Alfie ne joue pas à en croire les piques que le couple continue de se lancer. La jeune femme doute du sadisme de son conjoint ; et forcément, la fierté de celui-ci est atteinte. Qu’elle le reprenne sur ses talents culinaires, sur sa force absolument pas impressionnante, son incapacité à se montrer concis comme précédemment, sur son haleine au réveil, n’importe quoi, mais pas sur son esprit sadique ; parce qu’encore une fois l’une des activités préférées d’Alfie est certainement de rendre fou son entourage. Jules a déjà malmené celui-ci précédemment, et en continuant de la sorte, elle ne fait que s’assurer de mois entiers de farces et autres réflexions qui mettront à mal sa patience, qui est déjà exemplaire et qu’Alfie ne devrait pas trop bousculer – mais il l’ignore encore. « Attends, tu veux dire que trois mots suffisent pour te faire quitter l’appartement une semaine et avoir moi-aussi le droit à des vacances ? Et c’est que maintenant que je l’apprends ? » Il débute, toujours dans cette envie de la taquiner, malgré tout avec un sourire aux lèvres pour lui certifier qu’il n’y a aucun message caché là-derrière. Jules a toujours été facile à vivre ; il n’a absolument pas à s’en plaindre et malgré le fait de se marcher dessus dans un appartement qui est sérieusement trop petit, il n’a jamais eu le besoin de fuir celui-ci pour avoir la paix – croit-il. « Mais promis, compte sur moi pour t’en informer au préalable. » Il ajoute, l’air soudain ailleurs, parce que bon sang, il y a déjà une multitude d’idées qui se bousculent dans son esprit quant à ce qu’il pourrait tester en l’absence de Jules pour mener la vie dure à celle-ci ; cacher des réveils dans l’ensemble de l’appartement, de la chasse d’eau au conduit d’aération, et en différer les sonneries, remplacer la sonnette de l’alarme par un cri digne du meilleur film d’horreur, lui faire la surprise de ramener un chat à la maison et finalement lui tendre Odie avec un serre-tête d’oreilles de félin, préparer une solution type slime et en verser dans le lit en criant « MAIS QUEL GENRE D’EAUX T’AS PERDU », la liste est aussi longue qu’elle en sera pénible pour la jeune femme.

Tout comme une récitation des différentes années d’édition des livres contenu dans cette librairie sera pénible pour le jeune homme selon Jules, mais il est suffisamment plein de ressources pour retourner la situation à son avantage ; il voit surtout cela comme un somnifère efficace qui lui serait plus qu’utile en cette période – même s’il ne le formule pas de cette façon, car pour cela il faudrait encore en être conscient. La jeune femme marque toutefois un point lorsqu’elle se plaint qu’il ne pourra la corriger en cas d’erreur, mais encore une fois Alfie ne compte pas lui laisser le dernier mot et envisage de lui prôner l’intérêt d’un dictaphone, mais il faut croire qu’elle lit dans ses pensées. Les cassettes ont un avantage certain qui est moins humide, mais les cassettes ont également des désavantages que ne manquent pas de mettre en avant Jules et cette fois-ci, il est forcé d’admettre que le point lui revient. Le regard est toujours absent, mais cette fois-ci pour traduire de sa frustration quant à ce constat, agrémenté d’une légère moue boudeuse. « T’as gagné, tu viens de reprendre l’avantage sur les cassettes. » Il admet, bien qu’un instant il aurait tenté de lui rétorquer quelque chose comme « ne sous-estime pas mon imagination, chérie, tu veux qu’on reparle des livres et de l’infidélité ? », mais Alfie s’abstient, car même son imagination ne parviendra pas à l’aider à reprendre l’avantage alors que Jules a parfaitement raison. Et puis, autant profiter des dernières années de couple qu’ils leur restent, et déjà qu’il est prévu de remplacer Jules, autant lui accorder encore un léger répit. Prévoyant comme il est, la jeune femme ne manque pas de le remercier pour sa bienveillance, et s’avance quant aux projets qui seront les leurs au cours des prochaines années. Alfie écoute, et son visage illumine lorsqu’elle parle d’un certain projet en particulier. « Un hippocampe ? Sérieux ?! Il répète avec un énorme sourire sur les lèvres. Et peut-être qu’en plus, tu viens aussi de reprendre l’avantage sur cette petite jeune par laquelle je comptais te remplacer. » Non, mais, un hippocampe, sérieusement. BEST ANIMAL EVER. Un instant, il s’en veut de faire des infidélités à Odie, mais QUAND MÊME, UN HIPPOCAMPE. Il ne saurait dire si c’est volontaire ou non, mais c’est la seule chose qu’il a retenu des plans de Jules, parce qu’elle est celle qui lui paraît la plus importante (même si la maison sur bord de plage lui parle aussi, il doit l’admettre). Jules finit par résoudre la seconde énigme, la plus importante aux yeux d’Alfie puisque celle-ci traite de son livre favori, Ça, que Jules devrait relire quitte à ce qu’il en résulte un certain nombre de cauchemar, Alfie est prêt à la soutenir si ce cas de figure se présente, et il ne se forcera même pas pour cela. C’est une certitude qui se confirme encore plus alors que la jeune femme réduit la distance qui les sépare, sa silhouette emprisonnée entre ses bras, sa tête perdue dans son cou. L’anthropologue laisse échapper un bref soupir alors qu’elle se sépare de lui, ajoutant un « je te prends au mot » ne lui laissant pas le choix ; reste à savoir s’il est question de lire le livre ou de venir à nouveau se lover contre lui.

Ce n’était même pas volontaire de sa part, mais il est vrai que les énigmes se suivent et augmentent en difficultés, c’est ce qu’il constate alors que la jeune femme s’avère complètement perdue face à la troisième, et qu’il se retrouve à tenter de l’aiguiller sur la bonne réponse. Outre ses énigmes, il semble que ses indices se veulent également peu cohérents, et Alfie pourrait sérieusement remettre en question ses capacités s’il était du genre à se vexer. D’autant plus que parmi toutes les dates que Jules évoque au moment de ses réflexions, son année de naissance est la dernière qu’elle mentionne. Malgré tout, elle finit par trouver la solution, qui finalement était bien plus simple que tout ce qu’elle a pu imaginer, et l’arrogance de Jules revient au galop suite à cette victoire. « Hé ! Faudrait savoir, parfois je vais trop loin, parfois pas assez, j’sais plus, moi, après ! » Il s’offusque, malgré tout un poil vexé, mais pas suffisamment pour véritablement lui en tenir rigueur. « Mais fais la maligne, tu verras que pour la prochaine, je me suis vraiment creusé la tête, et je suis pas certain que tu seras aussi confiante. » Encore une fois, elle ne peut guère critiquer la bienveillance de son petit-ami, qui prend toujours autant à cœur de la préparer psychologiquement à ce qu’il lui réserve. Un brave gars, cet Alfie. Mais malgré la frustration évidente qu’il lui réserve, elle pourra bientôt souffler sans crainte ; la chasse au trésor arrive gentiment à terme, et par conséquent, il est temps pour elle de s’activer puisque le chronomètre défile et le temps à sa disposition s’écoule. Oui, car il a décidé d’un commun accord avec lui-même (comme quoi, il n’est pas le seul à user de ce stratagème), qu’il était temps (littéralement, ahah, qu’est-ce qu’il est drôle) d’augmenter l’enjeu. « J’ai dit ça, moi ? T’es sûre que tu n’as pas mal compris, plutôt ? De la mauvaise foi ? Parfaitement. Du donnant-donnant ? Complètement. Et la loi numéro vingt-deux de ce code stipule que ce que ce permet un partenaire, l’autre peut aussi. Alors quand il y a de la mauvaise foi dans l’air, je me dis que... Que je peux en faire de même, mais je n’accuse pas, Jules, voyons, c’est pas mon genre. M’enfin, on peut supprimer le décompte, si tu ne te sens pas capable de réussir dans les temps. Je me disais juste que t’aimerais avoir un enjeu supplémentaire, mais si tu ne veux pas, il n’y a pas de soucis. » Est-ce qu’il titille volontairement l’esprit de compétition de la jeune femme ? Oui, et il n’a aucune honte à l’admettre en vue du regard de défi qu’il lui lance. Ne lui demandez pas la raison derrière cette soudaine envie d’instaurer cette règle ; il n’y en a aucune, comme souvent avec Alfie.

L’avant-dernière énigme dévoilée, la jeune femme ne perd pas de temps avant de se mettre à réfléchir, soumettant encore une fois ses réflexions au stoïcisme d’Alfie qui, pour une fois, est parfaitement obéissant et s’interdit de perturber la jeune femme comme elle le lui avait demandé dès le départ. De toute manière, il tient à ce que le jeu soit joué dans les règles de l’art et qu’elle soit celle qui trouve les réponses ; dans le cas contraire il aurait pu simplement s’organiser un jeu de pistes pour lui-même (sauf qu’il aurait délocalisé celui-ci dans le musée d’anthropologie de la fac plutôt que cette librairie). Quoi qu’il en soit, le cerveau de Jules fulmine d’idées, et c’est un air surpris qui s’affiche sur le visage de son copain alors que, pour la première fois de la soirée, elle parvient à assembler les pièces avec une certaine facilité, alors même qu’il pensait qu’elle serait en difficulté pour celle-ci. Elle n’a pas encore trouvé la solution, mais elle comprend la direction qu’elle doit prendre. Et là où Alfie devrait ne pas apprécier l’aisance avec laquelle elle passe de 1984, à Orwell, à un autre livre, à Napoléon, à la ferme des animaux, il se réjouit surtout d’avoir été suffisamment clair malgré la formulation pour qu’elle comprenne, et surtout, il se réjouit qu’elle semble penser comme lui pour parvenir à trouver la résolution. Alors il esquisse un sourire, même si elle n’est pas encore la gagnante de ce nouveau duel, parce qu’il voudrait vraiment qu’elle le soit pour féliciter ses efforts et la remercier d’entrer dans sa tête, même si c’est pour cinq minutes. Mais Jules se veut muette, ne poursuit pas ses réflexions, et revient vers lui – sauf que cette fois-ci ce n’est pas pour lui offrir un geste d’affection mais faire preuve de son dépit. « Moi aussi je t’aime. Qu’il s’amuse dans un premier temps, avant de très vite reprendre. Mais t’étais si bien partie ! Il l’encourage alors qu’il embrasse le sommet de son crâne qui repose sur son épaule. Je t’assure, I was rooting for you cette fois, t’étais vraiment dans la bonne direction, et j’étais émerveillé de voir la manière dont tu faisais les liens ! » Il marque une pause, hésite quelques instants. J’aime bien les titres de quatre lettres, et Anabel aussi. » Il finit par dire, l’air de rien. Et si elle ne trouve pas avec ça, son admiration sera vite remplacée par la déception. Voyant que la jeune femme relève la tête et croisant son regard qui lui informe que l’indice semble avoir eu l’effet escompté, c’est les sourcils froncés qu’il accueille ce regain d’inspiration. « Attends, attends… J’espère quand même pas que t’as essayé de m’attendrir pour te gratter un indice à l’œil ? T’aurais pas osé ? » Certainement que non, elle avait l’air si sincère dans son désespoir formulé à son encontre. Lui, le maître de la fourberie, lui qui a fait d’elle son élève à en croire le plan foireux qu’elle a élaboré pour le forcer à converser avec Leonardo. Sa bouche s’entrouvre, ses yeux s’écarquillent, avec l’impression d’être l’arroseur arrosé même s’il n’a aucune certitude et qu’il ne s’agit que d’allégations pour l’instant. « Non parce que je t’ai dit que les indices étaient payants et j’ai pas confirmé que celui que je viens de te donner était gratuit, alors tu peux toujours passer à la caisse, hein ! » Réfléchis bien à ta réponse Jules, pendant qu’il réfléchit déjà au paiement.


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