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 (alfiana) can't deny my love

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Message(#)(alfiana) can't deny my love - Page 2 EmptyLun 29 Avr 2019 - 16:14



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes


Si Alfie savait le nombre de trucs qu’il pourrait dire pour que j’ai envie de quitter l’appartement au plus vite pour ne pas assister à un massacre, il serait déçu de ne pas avoir essayé plus tôt. En général, j’essaie d’ailleurs de ne pas être présente quand il se lance dans une expérimentation culinaire, histoire de ne pas être là si notre appartement venait à exploser ce qui est une probabilité non négligeable. Je me vois déjà devant le commissaire qui viendra constater les dégâts, air innocent sur le visage, à lui jurer que j’ignore totalement ce qu’il s’est passé en promettant de garder un œil sur Alfie à l’avenir. « N’essaie pas de me faire croire que ton imagination débordante n’a jamais été capable d’élaborer le moindre stratagème pour obtenir ces vacances. » S’il avait voulu que je quitte notre appartement, il aurait largement trouvé un moyen de me faire partir et je ne me serais sûrement doutée de rien. « Tu ne peux pas te passer de moi, c’est tout. » Cette simple phrase prononcée sur le ton de l’humour sonne pourtant affreusement faux à mes oreilles. Je n’oublie pas qu’il y a quelques mois encore, Alfie n’était pas le même garçon, il était celui qui partait à l’autre bout du monde sans me donner de nouvelles pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, préférant sa passion pour son métier à une vie de couple où la routine prendrait certainement le dessus sur l’adrénaline que lui procuraient ses différents voyages. Je suis évidemment ravie qu’il ait fini par renoncer à cette vie d’aventurier qui ne me convenait pas mais je n’oublie pas que je suis la cause de ce changement radical de vie et le fait de lui avoir imposé cette évolution me laisse un sentiment de culpabilité qui ne part pas avec le temps. Il ne m’a jamais reproché cette décision mais j’ai parfaitement conscience de l’avoir prise à sa place. J’avais de bonnes raisons, il ne s’agissait pas que de moi, bien sûr, le voir allongé entre la vie et la mort sur ce lit d’hôpital a clairement motivé ma décision, j’aurais peut-être attendu encore un petit peu sans cet événement que je n’ai toujours pas vraiment digéré aujourd’hui. Malgré tout, je sais que si j’ai voulu le préserver de cette vie dangereuse, c’est avant tout pour moi, parce que j’avais eu trop peur de le perdre, parce que je ne me voyais pas vivre sans lui et parce qu’égoïstement je pensais qu’en restant vivre à Brisbane, il se rendrait compte que je suffis amplement à son bonheur. Ce simple souvenir suffit à assombrir mes pensées l’espace d’un court instant, mais un simple « Monsieur est trop bon. » ajouté avec le sourire alors qu’il accepte ma demande me permet de revenir à cette soirée qui se veut plus enthousiasmante qu’un passé que j’accepte encore trop difficilement.

En plus, je devrais me réjouir de cette victoire sur l’increvable Alfie qui a toujours le dernier mot en toutes circonstances parce que son cerveau tourne à une vitesse impressionnante, lui permettant d’élaborer des idées toujours plus farfelues qui viennent bien souvent contrecarrer les miennes. Et pourtant, avec le temps, j’ai appris à le voir venir, parfois, à anticiper ses réactions et même à le prendre à son propre jeu. C’est rare, trop rare encore, mais je savoure chacune de mes victoires avec la sensation d’avoir gagné un concours ou d’être entrée dans le livre des records. « Trop facile. » Je fanfaronne parce que la fausse prétention est le mot d’ordre ce soir et qu’il sait pertinemment que je joue, insistant sur une confiance en moi que je suis bien loin de posséder pour prendre cette position d’arrogante que je ne pense pas être en réalité. Et j’ai certainement eu bien tort de me réjouir de connaitre assez Alfie pour savoir quelles paroles prononcer pour qu’il capitule puisque j’ai réussi à associer hippocampe et enfants dans la même phrase. C’est évidemment sur ce second sujet que j’aurais aimé qu’il rebondisse et j’aurais dû savoir qu’en lui offrant une pareille porte de sortie, ce ne serait évidemment pas le cas. Si je l’écoutais, notre appartement serait déjà transformé en refuge animalier, tous les prétextes sont bons pour envisager d’adopter une de ses petites créatures toutes mignonnes, mais je te jure Jules que ce sera la dernière et on a largement la place dans l’appartement si on rase les murs en marchant sur la pointe des pieds. Je viens de ruiner tous mes efforts de canalisation du pet-rescuer Alfie Maslow, simplement parce que je ne suis pas fichue de réfléchir avant de parler. C’est du propre. Heureusement que, en temps normal, je suis la raisonnable des deux. « Peut-être. » Je précise, loin de vouloir briser ses rêves mais pas non plus prête à faire une promesse que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir. Non parce qu’un hippocampe, ça doit être une sacrée responsabilité et en plus, si je lui dis oui, il est capable de terminer ce jeu en avance pour aller Googler à toute vitesse « nourriture pour hippocampes », « aquarium pour hippocampes », voire même un « vêtements de Noël pour hippocampes », juste histoire de voir s’il pourra participer à notre habituelle photo de famille. Je devrais sans doute me réjouir d’avoir malgré tout repris l’avantage sur ma concurrente du moment, alias la blonde aux gros seins, qui ne devait pas être si intéressante que ça pour qu’il la plante pour un hippocampe. Quoi qu’à bien y réfléchir, je me demande si ma rencontre avec Odie n’a pas été plus décisive pour notre couple que celle de ses parents. Peut-être aurais-je dû commencer à avoir peur à ce moment-là. Je pourrais méditer là-dessus pendant les prochaines minutes mais retrouver les bras d’Alfie me parait être une idée nettement plus attrayante même si je continue à espérer qu’il finisse par oublier que j’ai – dans un instant de folie pure – envisagé une deuxième lecture de son roman favori.

Je pense que j’ai de toute façon été bien assez malmenée par ses énigmes qui me retournent le cerveau pour ne pas avoir besoin de maltraiter mon petit cœur qui risquerait de frôler la crise cardiaque. J’ai beau le charrier sur la qualité du contenu qu’il propose, je dois admettre que je suis impressionnée par tout ce qu’il a fait jusqu’ici et je n’ai pas encore tout découvert. Mais bien sûr, je me garde bien de l’admettre, ce serait capituler dans ce combat qui nous oppose et que je compte bien remporter. « Ce n’est pas de ma faute si tu ne sais pas faire preuve de constance dans tes choix ! » Je feins d’être offusquée, loin de penser réellement ce que je dis. Je suis simplement frustrée de ne pas être plus douée et de butter sur toutes les difficultés qu’il met sur mon passage. J’ai beau me comporter comme si j’étais parfaitement confiante, je suis loin de l’être et les difficultés qu’il m’annonce pour la suite du jeu sont évidemment loin de me réjouir parce que je sais qu’il fait preuve de réalisme et que je vais certainement m’arracher les cheveux. « Détrompe-toi, c’est dans la difficulté que l’on découvre les vrais génies. » Je crois que je suis au maximum de l’auto-flatterie, et j’ai parfaitement conscience de ne pas réussir à faire preuve de beaucoup de crédibilité. C’est sûrement pour ça que je ne veux pas qu’il m’ajoute une difficulté supplémentaire et je pense sincèrement avoir trouvé la parade en invoquant un code aux origines obscures qui n’a jamais été mentionné durant nos trois ans de relations. Et je comprends pourquoi quand Alfie ne manque pas de retourner mon invention contre moi, invoquant à son tour un article qui n’existe que dans sa tête pour justifier de maintenir un chronomètre qui me fait un peu peur. J’espère qu’il n’aura pas l’idée de maintenir ce code en vigueur dans notre quotidien, sinon je vais y avoir droit tous les jours jusqu’à ce qu’il ait épuisé la liste d’articles utiles ou qu’il finisse par s’embrouiller dans la liste des numéros de ceux qu’il a déjà utilisés. « Tu es sûr de toi ? Je crois que le numéro vingt-deux c’est celui qui dit que couper les spaghettis pour les manger peut s’apparenter à un acte criminel, tu dois confondre. » Après tout, sans trace écrite, c’est sa parole contre la mienne et s’il n’a pas envisagé une seule seconde de dénaturer mon article quarante-trois, j’imagine que je peux me permettre de douter du sien puisqu’il ne pourra pas m’apporter la preuve de son existence. « Tu peux oublier cette idée, le talent a besoin de ne pas être brusqué pour pouvoir s’exprimer pleinement, mais c’était bien essayé. » Mon esprit de compétition déjà bien amochée par mes mini-défaites successives ne le laissera pas ajouter un obstacle supplémentaire qui risquerait de m’être fatal, je suis peut-être un peu perdue dans toutes les recherches que j’effectue depuis tout à l’heure mais ce n’est pas suffisant pour ne pas conserver ma lucidité.

La suite des événements me confirme que j’ai bien fait de rester sur mes gardes. C’est avec un énième bouquin en main et une bonne dose de désespoir à évacuer que je viens m’écrouler contre l’épaule d’Alfie, décidément dépassée par tous ces indices que je n’arrive pas à trier et qui commencent à se mélanger dans ma tête au point qu’un doliprane devienne bientôt nécessaire. Pour la première fois depuis le début de la partie, j’ai envie de jeter l’éponger, de rester dans ses bras et d’oublier que ce jeu existe. Mais Alfie – non sans en profiter pour se moquer une fois de plus – me redonne un peu espoir, me poussant à continuer en donnant même un indice que je n’ai pas demandé. Forcément, la compétitrice que je suis est reboostée par cet indice qu’elle n’a pas eu à quémander, pour une fois. Je me redresse, sourcils froncés, prête à analyser les deux nouveaux éléments en ma possession pour reprendre la piste sur laquelle je me trouvais précédemment et qui, malgré ce que j’avais pu imaginer, a l’air de ne pas être si nase que ça finalement. Mais avant que j’aie pu me replonger dans le jeu, Alfie s’offusque de mon soudain regain d’énergie et doute de la véracité de l’état de détresse intense dans lequel je me trouvais précédemment. Il n’oublie pas de préciser au passage que l’indice sera payant ce qui ne manque pas de me déplaire et je n’hésite pas une seule seconde à le lui dire. « Quoi ?! Mais ce n’est pas juste ! » Répartie d’une enfant de six ans, tout au plus, mais j’assume parfaitement. « Je ne l’ai jamais demandé l’indice et tu me l’as donné de ton plein gré ! C’est comme si tu m’offrais des fleurs, n’hésite pas d’ailleurs à l’occasion, et que tu me demandais de te payer le prix du bouquet une fois que tu me les as offertes ! » Outre le fait que je vais sûrement passer pour la pire des ingrates en réclamant un cadeau alors qu’il m’a organisée ce que je considère comme la plus belle surprise de toute ma vie, j’estime que mes arguments sont tout à fait recevables et que le paiement de l’indice devrait être bonnement et simplement annulé.

Me battre contre l’injustice est une chose, résoudre enfin cette énigme en est une autre. Pour le titre de quatre lettres, je laisse tomber quasiment immédiatement, si je devais éplucher tous les bouquins dont le titre est composé d’un mot de quatre lettres parlant de près ou de loin des animaux, je crois que je pourrais y passer une vie entière. Je choisis donc naturellement de me concentrer sur Anabel, cette petite fille fabuleuse qui a eu la malchance de perdre beaucoup trop tôt sa maman. J’ai un attachement particulier pour elle, parce que je peux comprendre sa douleur mais aussi parce qu’elle est pétillante, curieuse et que j’ai toujours envie de la faire sourire. Je lui ai lu des tonnes de livres depuis que je la connais, parce que raconter des histoires est probablement ce que je sais faire de mieux et qu’elle a toujours eu l’air captivée par les univers dans lesquels je la plongeais. « Anabel a adoré Le dragon des étoiles et moi, j’ai dû lui lire environ dix fois mais il n’y a pas de dragon dans une ferme, alors ça ne doit pas être ça. Et puis, niveau mots de quatre lettres… » Je continue mes recherches, fouillant dans mes souvenirs à la recherche de tous les livres que j’ai pu lui lire. « Il y a toute la collection des dinosaures mais là non plus, ils ne font pas quatre lettres. » Et il y a eu des livres sur les fourmis, sur les éléphants, sur les coccinelles et tout un tas d’animaux dont je ne me souviens même plus. Mais rien ne m’a réellement marqué et je peine à réussir à me souvenir de chacun d’entre eux. En y réfléchissant bien, Alfie n’était pas là, la plupart du temps, quand je lui lisais ces livres, alors si moi j’ai déjà du mal à m’en souvenir, je ne vois pas du tout comment ça aurait pu le marquer. Donc il faut que ce soit un livre vraiment particulier, un livre dont je lui ai vraiment parlé, un livre qu’Anabel affectionne tout particulièrement. « C’est un livre qu’elle aime plus que les autres ? » Parmi ceux qu’elle apprécie particulièrement, aucun ne me vient vraiment à l’esprit, enfin si, plein, mais ils parlent de fées, de princesses, et autres personnages de fictions appréciés par les petites filles. Quoi qu’elle aime aussi beaucoup les chevaliers, c’est une femme moderne et j’aime beaucoup cultiver son goût de l’aventure même si je n’ai jamais vraiment eu le même. « Oh… Ça pourrait être un livre que je lui ai offert ? » Quoi de mieux qu’un cadeau pour se souvenir du livre en question ? Chacun des cadeaux que j’ai offert à Anabel a été évidemment choisi avec soin. Je sais que les enfants ne sont pas très enthousiastes de recevoir un pareil cadeau pour une fête quelconque alors je fais toujours très attention de sélectionner un ouvrage qui ne lui paraisse pas barbant. Je n’ai besoin que de quelques secondes pour faire mentalement la liste des cadeaux et m’arrêter sur le bon livre. « Zoom ? » Question rhétorique car au fond je sais déjà que j’ai trouvé, parce que je me souviens des images de ferme et que le lien entre le livre que je tiens à la main et celui-ci me parait évident maintenant que j’ai mis la main sur celui qui m’apportera la victoire. Retourner dans les rayons pour dénicher le fameux livre est encore plus rapide que les fois précédentes, je maitrise parfaitement l’organisation des romans désormais et je pourrais même demander à Gabriel s’il n’a pas besoin d’une nouvelle employée, les coûts de formation seraient bien moins importants que pour d’autres. Je ne fais pas attention en attrapant le livre et l’objet qui se trouvait à l’intérieur s’écrase bruyamment au sol, m’arrachant un « merde » aussitôt suivi d’un « désolée » alors que je ramasse la loupe tombée au sol. Je reviens vers Alfie sans cri de joie cette fois, l’air simplement sceptique devant cette découverte qui me parait encore plus obscure que toutes les phrases précédentes. « Une loupe ? Vraiment ? » Je demande comme si le prononcer à voix haute pouvait le pousser à s’exclamer bravo Jules, c’est exactement ça, tu es trop forte alors que je sais bien que c’est loin d’être le cas. Je ne sais pas si j’espère trouver une de ses phrases tordues dissimulée quelque part sur cette loupe, mais je prends quand même la peine de l’examiner, m’arrêtant rapidement sur des chiffres gravés. « Mille neuf cents quatre-vingt-dix-huit. » Mon sourire s’efface, s’il y a une date que je n’ai aucun mal à associer à un événement, c’est bien celle-ci. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi après toutes ces dates synonymes de bonheur, c’est celle-ci parmi toutes les autres qu’Alfie a choisi pour achever le jeu. Je me doute bien que son but n’est pas de me faire ressasser ces souvenirs, il sait que le temps écoulé n’efface rien et que chaque petit détail de mon quotidien peut devenir une douloureuse piqûre de rappel. Mais il sait également à quel point j’estimais mon père et l’amour de ce dernier pour les livres. C’est un clin d’œil, j’en suis sûre, mais qui est censé m’amener vers quoi ? Je l’ignore. « Pitié dis-moi que je ne suis pas censée fouiller toute la librairie en cherchant un détail invisible à l’œil nu ? Je te promets de ne plus jamais sous-estimer ton sadisme. » Je retrouve le sourire, presque enthousiaste à l’idée de galérer une dernière fois en cherchant je ne sais pas quoi avec un indice que je ne comprends pas. Je n’ai presque pas envie que ça se termine.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love - Page 2 EmptyDim 5 Mai 2019 - 7:11

Les sourcils haussés, les yeux légèrement écarquillés, la bouche à peine entrouverte ; à cet instant Alfie illustre à la perfection le hashtag choqué déçu face à cette révélation qui, assurément, est celle de l’année, si ce n’est d’une vie. Travailler tout ça, trois petits mots d’apparence parfaitement anodins, mais impliquant un grand pouvoir : celui de disposer de leur appartement, seul, pendant toute une semaine pour y effectuer toutes les expériences qu’il s’est toujours retenu de rendre concrètes pour préserver l’intégrité physique (et surtout, psychique) de la jeune femme. C’est comme si elle venait de lui donner officieusement le feu vert de disposer de leur logement comme il l’entend dès lors qu’il aura rassemblé suffisamment d’idées à expérimenter (autant dire que ce sera chose faite d’ici une petite dizaine de minutes, et peut-être que la jeune femme ne regagnera pas leur logis à l’issue de la soirée comme cela était prévu de prime abord). Les plantes poussent-elles plus vite quand on leur parle ? Peut-on faire du skate tout terrain ? Est-il possible de tirer à l’arc avec plusieurs flèches ? Peut-on courir avec des échasses géantes ? Tout le monde peut-il devenir cracheur de feu ? Peut-on faire du froid sans frigo ? Comment faire une barbe-à-papa géante ? Finalement, il ne lui faut pas plus de dix secondes pour que les idées fusent et qu’il s’y perde jusqu’à ce que la voix de Jules raisonne à ses oreilles. « Je t’assure ! » Qu’il s’offusque, plus contre lui-même pour ne jamais avoir essayé une telle méthode que suite à l’accusation de la jeune femme. Et s’il est certain qu’il n’aurait jamais manqué d’imagination si une telle envie s’était faite ressentir, le fait est que, justement, il n’en a jamais eu le besoin ; Jules est facile à vivre, lui laisse l’espace et la liberté nécessaires à son bien-être, ne surveille pas ses fréquentations, le laisse sortir sans demander d’explications, tout ceci justifie le fait qu’il n’ait jamais eu besoin de trouver une excuse pour se retrouver seul chez eux. Parce qu’il ne peut pas se passer d’elle, comme elle le fait remarquer. « C’est probablement ça, oui, je vois pas d’autres explications. » Il confirme, yeux plissés, son index et son majeur caressant son menton tandis que son regard se perd dans le vide. « Par contre, maintenant je peux t’assurer que mon imagination débordante va se rattraper pour rentabiliser un max ce ‘’camp de survie en territoire confortable de 70m2’’. » Il avoue, car si la manière d’inviter la jeune femme à quitter son propre logement est désormais actée, la manière dont il occupera ce temps n’est pas encore totalement déterminée ; mais encore une fois, ce ne sont pas les idées qui manquent, bien au contraire, et il ne reste plus qu’à arrêter celles-ci sur les options qui lui semblent les plus intéressantes – et en d’autres termes, les plus folles.

Et si les idées d’Alfie appartiennent généralement à cette seconde catégorie, Jules n’est pas en reste avec sa proposition (à moins qu’il s’agisse d’une obligation qui prenne, pour l’instant, la forme d’un simple avertissement) de lui réciter les années d’édition de livres en remplacement du traditionnel bisou de bonne nuit. S’il est vrai que c’en serait tout de suite moins agréable, Alfie y voit malgré tout un avantage non négligeable : son sommeil n’en serait que plus reconnaissant, car dans la catégorie « ennuyeux à en mourir » difficile de rivaliser face à un tel projet. Mais difficile aussi de le préférer à la compagnie bien réelle, et bien plus avantageuse sur certains points, de Jules, comme elle ne manque pas de le souligner, prenant l’avantage et gagnant le point quant à cette bataille. C’est facile, trop facile, ce à quoi il acquiesce silencieusement avec un fin sourire. De la même manière, c’est avec une certaine facilité qu’elle parvient à vaincre par K.O. son adversaire imaginaire dans la lutte pour le cœur de l’anthropologue ; à savoir la jeune blonde aux faux seins et au Q.I. négatif (car quitte à faire dans le cliché, autant faire les choses correctement), en envisageant l’adoption d’un hippocampe domestique. Et à cette pensée, Alfie ne répond plus de rien, oublie toutes les règles et lois en vigueur quant à la détention d’un animal de compagnie en Australie, s’imaginant déjà où placer l’aquarium d’Hypo (façon de traduire de sa hype par rapport à la bestiole) le hippo, songeant à la manière la plus délicate de présenter le nouveau compagnon de la famille à Odie, réfléchissant déjà aux cadeaux d’anniversaire les plus adéquats. Alfie fait la liste ; oublie que Jules lui en a également proposé une, et il ne retient que ce détail, omettant pas si involontairement le reste – d’autant plus lorsqu’elle confirme être peut-être sérieuse. Il n’est pas aussi stupide qu’il le prétend, Alfie, et il sait pertinemment que les autres propositions glissées dans la phrase ne sont pas que des détails, et c’est bien ce qui lui fait peur et lui impose de faire la sourde oreille. Cela semble être un succès – il aime le croire, du moins – et il n’a finalement pas à se forcer pour reléguer le sous-entendu dans un des nombreux tiroirs de sa mémoire, de ceux qu’il prend soin de fermer à double-tour, dès lors que la jeune femme réduit la distance entre eux pour se serrer tout contre lui ; mais il y a une chose qu’il n’oublie pas, c’est la justification derrière ce comportement qui deviendra encore plus régulier au cours des prochaines semaines, lorsqu’elle laissera une seconde chance à ce roman qu’il apprécie tant.

Dans l’immédiat, c’est dans d’autres romans qu’elle se plonge ; écumant la librairie et les étales à la recherche des cartes dissimulées ci et là qui l’amèneront jusqu’à son véritable cadeau. Et l’euphorie qui s’est emparée du trentenaire au moment où Jules a demandé un premier indice s’estompe peu à peu pour faire place à un certain scepticisme à l’encontre de ses énigmes au niveau bien moins atteignable qu’il ne le pensait. Elle patauge, Jules, et l’impression que rien n’a de sens prend brièvement le dessus sur la fierté de lui avoir élaboré un jeu de piste digne de ce nom. Mais la déception est très vite effacée ; ce n’est pas un sentiment qui l’anime et il préfère s’amuser de la situation en compagnie de la jeune femme – qui se plaint désormais de son inconstance. « Parce que ça t’étonne ? Qu’il l’interroge avec un fin sourire sur les lèvres. J’ai envie de te répondre que ce n’est pas ma faute si tu n’es pas capable de t’adapter ! » Cette fois, le point lui revient de droit ; si en dehors de ces murs elle lui fait – toujours gentiment – la réflexion qu’il divague parfois (beaucoup) trop loin, elle a mis en avant son manque de recherche à la découverte de la précédente énigme, par conséquent elle est mal placée pour faire une réflexion, alors même que celle-ci n’a pas de sens tant l’inconstance fait partie des traits de personnalité dominants d’Alfie. Et la jeune femme n’est pas prête d’arrêter de se plaindre – ou à l’inverse, elle va être ravie de savoir qu’il s’est effectivement creusé la tête – car l’énigme qui suit aura encore level up d’un niveau. C’est finalement la deuxième option qui se dessine alors que Jules fait à nouveau appel à cette confiance maximisée, que son compagnon accueille avec un sourire. « Oh, rien que ça ? Je vais donc déjà anticiper et soumettre ta candidature au Prix Nobel de littérature, ça devrait être une étape de routine pour un génie comme toi. » Qu’il s’amuse, mais dans le fond la plaisanterie ne traduit que d’une terrible réalité : ce qui suit est d’un autre niveau, et elle n’est pas prête. Seulement, parce qu’il mérite définitivement son surnom de petit-ami parfait Maslow, il est suffisamment bienveillant pour l’en avertir sans la brusquer. Mieux, il tapote même le haut de ce crâne qui abrite le cerveau d’un tel génie – même si dans les faits, il n’a jamais douté de l’intelligence de la jeune femme et tend à penser qu’elle l’est bien plus que lui – pour pousser la flatterie (ou la pression ?) jusqu’au bout. Toutefois, pour Alberte Einstein première du nom, la difficulté a ses limites ; puisqu’aussi confiante qu’elle le prétend, l’idée de déclencher un chronomètre pour ajouter une pointe de défi supplémentaire ne l’enchante pas. Et il ne devrait pas s’en surprendre en réalité, puisque l’interdiction d’un changement de règles en cours de partie est officialisée par le code Maslow-Rhodes dont il vient certes de découvrir l’existence, mais qui lui plaît déjà fortement. Principalement parce qu’il décide de réutiliser l’information à son avantage. « Complètement, j’en ai une copie écrite à la maison, on regarde ça demain si tu veux. » Il lance, air innocent flanqué sur le visage, alors qu’elle sait très bien ce que cela veut dire : il rédigera ledit code pendant la nuit. Qu’elle se rassure toutefois ; il compte inscrire noir sur blanc le fameux code quarante-trois (de même que pour le code vingt-deux) et en ajouter quelques-uns supplémentaires qui ne s’apparenteront pas à des méthodes diverses et variées de torturer la jeune femme – pour rester dans le thème du début de soirée – bien au contraire ; il se voit déjà codifié le bisou du soir même en cas de dispute (à ce moment-là, il ne doute pas d’être dans une malheureuse anticipation), l’utilisation d’un joker une fois par mois pour obliger l’un à suivre l’autre à une activité qui ne l’enchante guère, l’obligation de cuisiner du quinoa au moins une fois par semaine… En soit, que des règles qui jusqu’ici ils suivaient de manière tacite et qui ne manqueront pas de devenir enfin concrètes. Un fin sourire s’affiche sur les lèvres d’Alfie alors qu’il réalise que la suprématie du quinoa tant redoutée par Jules est officiellement en marche, et tout cela uniquement parce qu’elle a été prise à son propre jeu. « C’est si beau, à se demander si je vais pas aussi demander la création d’un Prix de Philosophie exclusivement pour récompenser cette si belle citation. Ou du moins, de ne pas manquer de la mémoriser pour s’assurer son utilisation dans divers autres contextes. Mais très bien, tes désirs sont des ordres, c’est ta soirée après tout. » Certes, et aussi la sienne puisqu’il s’agit de fêter leur anniversaire, mais plus parce qu’il s’est amusé comme un gosse à rédiger les énigmes, et qu’il s’amuse désormais à voir galérer sa copine à résoudre celles-ci, que parce que l’événement lui semblait si impératif à fêter. Pas que ce ne soit pas important pour lui, seulement elle le connaît suffisamment pour savoir que, la plupart du temps, il se fiche des conventions, et qu’il aurait pu très bien sortir le grand jeu pour célébrer leur trois ans, deux mois et une semaine seulement parce que la continuité des chiffres lui parlait plus.

Il n’a pas menti ; la difficulté de l’énigme à laquelle elle fait désormais face dépasse de très loin tout ce qu’elle est parvenue à résoudre jusqu’ici. Et ce n’est pas tant qu’il est sadique que les enchaînements d’idées qui mènent jusqu’au livre en question lui semblaient logique au moment de leur rédaction, toujours est-il qu’il se surprend à ne pas prendre le même plaisir que précédemment à voir Jules tourner en rond, elle dont le raisonnement commençait à faire sens. La difficulté annoncée est déjouée par la facilité avec laquelle Jules pense comme il l’a fait, et rien que pour ça, c’est une moue dépitée qui s’affiche à son tour sur son visage lorsqu’elle vient s’écrouler contre son épaule. Il n’est pas question de lui redonner de l’espoir pour mieux se moquer d’elle, il est véritablement déçu qu’elle ne soit pas parvenue à aller plus loin, qu’elle ait presque abandonné en pensant être à côté de la plaque, alors qu’elle était sur la bonne voie comme elle ne l’a jamais été depuis le début de la soirée. C’est probablement la raison pour laquelle il en vient à donner un indice purement gratuit – du moins, à la base. Car l’engouement avec lequel la jeune femme se redresse l’interroge ; forcément son indice lui semble totalement à la portée de Jules et justifie qu’elle retrouve l’énergie de poursuivre le jeu de piste après cette minute de doute, mais Alfie n’oublie pas qu’elle suivait son raisonnement il y a quelques instants, et s’il avait été dans sa situation il n’aurait pas manqué d’accentuer sa détresse pour s’assurer de la pitié de sa copine. Alors, peut-être, que dans la continuité des choses, c’est la stratégie à laquelle a songé Jules. Pour autant, il ne semble pas qu’elle se soit montrée aussi fourbe à en croire sa réaction. Il hausse les sourcils en même temps qu’il écarquille les yeux, un peu surpris par son murmure qui lui fait douter, lui pensait être plutôt enclin à lui offrir des fleurs, mais voilà qu’elle contredit cette pensée. « Oh, mais, en voilà une bonne idée ! Plus besoin d’utiliser l’argent du compte commun pour t’offrir des cadeaux, autant me la jouer honnête dès le départ, j’aime bien. » Il s’en amuse, par envie de se venger, parce que ça le travaille maintenant, il offre pas assez de fleurs, sérieusement ? C’est comme si toute son existence venait d’être remise en question, et il repense à toutes les fois où il en a offertes, à tous les indices qu’il aurait pu manquer. Une part de lui concède au fait que préparer un mail de memes (avec beaucoup d’alpagas dedans, très important les alpagas) toutes les semaines pour égayer celle-ci n’égale effectivement pas les fleurs auxquelles il pense tous les quatre matins, mais l’effort est le même, non ? « Et c’est pas totalement de mon plein gré, non, t’es en partie responsable, donc ça justifie un passage en caisse. J’veux dire, c’était sûr qu’en me faisant tes petits yeux et en venant t’échouer comme ça t’allais activer le bouton ‘’sos Jules en détresse’’ qui m’empêche de raisonner correctement ! Sinon j’aurais pas craqué aussi facilement, j’ai une réput’ de sadique à développer, je te rappelle. Donc les torts sont partagés, au même titre que le loyer ou les tâches ménagères, c’est bien ce que fait un couple, pas vrai ? Maintenant, j’ai pas affirmé que le paiement n’allait pas t’arranger toi aussi. » Il glisse avec un fin sourire, et tant pis pour la réputation de sadique que, de toute façon, il ne peut plus se faire après trois ans de vie commune.

Son indice est payant (ou gratuit ? On ne sait plus vraiment) puisque la jeune femme se remet en selle assez rapidement. Comme toujours, Alfie se contente d’observer dans un premier temps, ses commentaires n’étant pas requis, mais c’est malgré tout un sourire qui reste sur ses lèvres alors qu’il aime l’entendre formuler ses idées à voix haute, savoir si elle poursuit le chemin vers le succès ou décide de faire demi-tour pour l’échec. « Un dragon dans une ferme, ça battrait presque l’hippocampe en bord de plage. » Mais il dit ça, il dit rien. Il faudrait quand même qu’il passe un coup de fil à la production de Game of Thrones afin de savoir si Viserion, Rhaegal ou Drogon sont disponibles à l’achat à l’issue de la série (ou plutôt, leur version inanimée, il n’est pas stupide à ce point, Alfie). Mais avouez quand même qu'un dragon en carton ou métal grandeur nature, ça en impose à côté de la porte d’entrée. Il pourrait même fabriquer un mécanisme qui permet à la bête de cracher du feu lorsqu’on frappe à la porte. C’est carrément un truc à faire même, de manière à s’éviter les visites religieuses ou celles de ses parents. Il ne sort de ses pensées que lorsque Jules lui pose une question, à laquelle il répond par un haussement d’épaules ; il ne faudrait pas non plus qu’il soit celui qui résout l’énigme. De même, quant à savoir si c’est un livre que la jeune femme lui a offert, Alfie se cache derrière le masque de la neutralité, qu’il ne quitte que lorsqu’elle prononce le nom du livre en question. Il se calque sur ses pas alors qu’elle file entre les étagères pour dénicher Zoom, et affiche une moue lorsque l’objet caché à l’intérieur de l’ouvrage s’écroule en sol sans la moindre délicatesse. Il se surprend même à fermer les yeux un bref instant, la peur que celui-ci se soit brisé à cause du choc lui serrant la gorge, car tout repose désormais sur cette loupe, qui visiblement interroge Jules plus que n’importe quelle autre carte à en croire le ton qu’elle emploie. « Surprise… Il annonce avec un sourire qui s’efface, comme s’il était effectivement déstabilisé par sa déception qu’elle ne cache pas. Bah quoi, c’est un beau cadeau, non ? Tu me dis toujours que les éditeurs impriment toujours plus les livres en petits caractères et que les mamies qui viennent à la bibliothèque n’arrivent jamais à lire quoi que ce soit, alors j’ai pensé... » Que ce serait un formidable cadeau. La jeune femme tourne l’objet dans tous les sens, jusqu’à porter son regard sur les chiffres gravés. Il a longtemps hésité, sachant que cette date n’était pas anodine, et à voir le sourire de Jules qui s’efface, le sien disparaît aussi alors qu’il se maudit intérieurement. À quel moment il a pensé qu’elle ferait le lien, alors qu’elle doit probablement être incapable de voir au-delà de cette année catastrophique qu’elle a vécu ? Mais l’optimisme d’Alfie vient à sa rescousse ; et il est persuadé qu’une fois qu’elle sera parvenue à voir au-delà de ses mauvais souvenirs qui accaparent probablement son esprit à cet instant, son sourire illuminera à nouveau son visage et qu’elle confirmera qu’il a visé juste, parce que le cadeau prévu n’est pas seulement pour lui faire plaisir, il a une véritable signification. « Fouiller… ou enquêter. Qu’il dit l’air de rien alors qu’il s’éloigne un peu et scrute les rayons. Si tu veux une lanterne pour y voir plus clair, je dois pouvoir te trouver ça. » Il ajoute, se retournant pour lui faire face, attendant avec impatience que l’éclair d’illumination se traduise sur son visage, parce que c’est bien un moment dont il veut se souvenir.

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Message(#)(alfiana) can't deny my love - Page 2 EmptyDim 5 Mai 2019 - 16:49



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes



Finalement, il a l’air tellement sincère lorsqu’il m’assure ne pas avoir tenté d’élaborer de stratagèmes pour me faire partir de chez nous avant aujourd’hui, que je ne peux que le croire. En revanche, je pense que cette constatation est franchement censée m’inquiéter pour les jours ou les semaines à venir parce que l’idée que je viens de lui donner pourrait entrainer la transformation de notre appartement en une annexe d’un laboratoire d’inventeur fou comme dans les dessins animés. Il confirme d'ailleurs mes inquiétudes quelques instants plus tard ce qui ne manque pas de me faire rire. Mais voyons Jules, il va massacrer ton appartement, proteste, merde ! Je ne sais pas pourquoi j’ai cette capacité à accepter les expériences folles d’Alfie, ou même à m’en amuser, ce qui est bien pire. « Arrange-toi quand même pour qu’on ait encore un endroit où vivre à mon retour, s’il te plait. » Je précise malgré tout, sachant pertinemment qu’il serait bien du genre à faire une expérience malheureuse qui nous pousserait à loger à l’hôtel pendant de longues semaines, faute de pouvoir réintégrer notre appartement. Si je ne suis pas là pour canaliser ses ardeurs, il peut partir vraiment très loin et je suis certaine que la création d’un slime géant – surtout s’il le rate – pourrait être assez dévastateur. « Pour plus de sécurité, je prendrais des photos de notre appartement et je compte sur toi pour que chaque pièce ressemble au détail près aux clichés que je te fournirais. » Le retour de Jules, l’empêcheuse de tourner en rond. Il a l’habitude, le pauvre, puisque je suis souvent celle qui, lorsqu’il arrive en sautillant dans le salon, surexcité à l’idée de tester une nouvelle théorie sortie tout droit de son imagination un peu trop débordante, mets le holà en pointant du doigt les différents inconvénients de la mise en application de son idée. Malgré tout, c’est toujours un peu à contre-cœur que je brime sa créativité, parce que je préfère largement le regarder s’enthousiasmer pour des choses que peu d’adultes lambdas considéreraient comme dignes d’intérêt. Il a cette capacité à être constamment survolté et enjoué qui me fait toujours craquer, même trois ans plus tard, bien que je dois admettre que, parfois, je me demande où est son bouton off.

Malheureusement pour moi, ce soir, sa créativité me dessert puisqu’elle me pousse à écumer la librairie, fouillant dans la littérature pour résoudre les énigmes qu’il me soumet sans réellement y parvenir et en râlant contre l’instigateur de ce jeu qui va me faire avoir des cheveux blancs bien avant l’heure. Ma remarque est parfaitement injuste, d’autant plus que, même si j’ai du mal à le reconnaitre, vu que je me fais totalement dominer par le jeu, j’aime l’idée qu’il a eu et j’apprécie énormément les efforts qu’il a fait pour faire de cet anniversaire un moment original et amusant. En plus, il s’est appuyé sur ma passion pour créer les énigmes ce qui prouve une fois de plus qu’il peut être le plus parfait des petits-amis du monde. Evidemment, je me garde bien de le lui dire, déjà parce que ça remettrait en cause ma crédibilité de râleuse et parce que je dois garder ce masque d’arrogance qui me dessert plus qu’autre chose, juste parce que je suis incapable de mettre ma fierté de côté – pour le moment –. « Aoutch. » J’admets, touchée par sa remarque qui fait douloureusement écho à ma psychorigidité habituelle que je combats pourtant avec un certain acharnement depuis ma rencontre avec Alfie. Ce dernier devrait d’ailleurs être capable de reconnaitre que j’ai fait de gros efforts d’adaptation, je lâche plus de lest, je n’essaie plus de tout contrôler, ou en tout cas un peu moins. « C’était petit. » Mais parfaitement justifiée, donc je lui concède ce point plutôt que d’essayer de faire croire que je suis la femme la plus malléable existant sur cette planète ce que je n’arriverais jamais à lui faire entendre de toute façon, il me connait trop bien et je ne rêve pas qu’il étale la liste de toutes mes névroses restantes en guise de justification. Et puis, si je gaspille mon énergie pour essayer de sauver ma peau, je ne pourrais plus en avoir assez pour vanter le talent que je n’ai pas vraiment et ce serait quand même dommage. Alfie n’est évidemment pas dupe et se moque ouvertement de mes piètres tentatives de passer pour la nouvelle Einstein. « Mais quelle excellente idée ! Il va juste falloir que j’écrive un livre, mais laisse-moi une semaine ou deux et ce sera fait. » Ben voyons, en terme de crédibilité, on est sur du haut niveau, aucun doute là-dessus. « Et dire que j’ai toujours refusé d’écrire pour ne pas faire de l’ombre aux autres écrivains, ce n’est pas très sympa de ta part de m’y pousser. » A dire vrai, j’ai toujours voulu devenir écrivain, je m’imaginais passer des heures devant mon ordinateur à élaborer de nouveaux romans. Je voulais laisser mon imagination s’exprimer librement et j’aurais adoré avoir l’opportunité de faire vibrer les gens avec mes histoires. Je n’ai jamais réussi à sauter le pas, parce que c’était un rêve de gamine, rien de plus, que je n’avais pas le talent nécessaire pour y arriver et que la concurrence était trop rude, je n’aurais jamais eu les épaules pour affronter toute cette pression. Je n’ai pas de regret, je vis de ma passion, tout le monde ne pourrait pas en dire autant.

Je savais pertinemment que l’invention du code Maslow-Rhodes allait clairement me desservir mais j’avais certainement sous-estimé l’engouement évident d’Alfie à ce sujet quand je l’ai mentionné pour la première fois. Ses yeux brillent d’une lumière pour le moins inquiétante et je le vois déjà en train de rédiger mentalement les articles un à quarante-trois du code, si ce n’est pas directement les cinquante premiers tant son cerveau peut se montrer productif. Une chose est sûre, je suis sacrément dans la merde et si jamais je le nargue au sujet de cette copie qu’il compte me présenter, je suis absolument certaine qu’il n’hésitera pas à enchainer sur une nuit blanche destinée à cette fameuse rédaction plutôt que de reconnaitre que ce fameux code n’existe pas. Evidemment, c’est tentant, parce que j’aimerais beaucoup le pousser à relever ce challenge et que je suis curieuse de voir ce qu’il pourrait bien mettre dedans. Quoi que, je suis certaine qu’il réussirait à glisser qu’après trois ans de relation, l’adoption d’un alpaga devient obligatoire et il est même possible qu’il ajoute discrètement quelques animaux supplémentaires pour anticiper les années à venir. Ce n’est donc peut-être pas une si bonne idée que ça, en fin de compte. Et puis, soyons réalistes, après des jours de semi-présence où je me demandais ce qu’il pouvait bien être en train de faire, l’idée de l’avoir rien que pour moi pour une durée indéterminée est plus que tentante et ce serait donc me desservir que de le pousser à relever pareil défi. « Ce ne sera pas nécessaire, tu sais bien que je te fais parfaitement confiance, voyons. » Un point gratuit pour Alfie, c’est nul, je l’admets parfaitement, mais comme quoi il n’y a pas que lui qui peut se montrer davantage influençable quand il s’agit de préférer l'avoir à mes côtés cette nuit plutôt que devoir encore partager mon lit avec le vide pendant qu’il sera en train de travailler à gagner un point de plus dans ce combat sans merci. Mais même si j’ai perdu cette bataille – perspective de câlins oblige –, je ne renonce pas à sortir victorieuse de cette guerre et c’est la raison pour laquelle je lutte contre l’instauration d’un chronomètre qui m’entrainerait sans nul doute vers un échec que j’aurais du mal à encaisser. « Lorsque j’aurais obtenu ce prix, sache que je n’hésiterais pas à la faire breveter pour éviter qu’elle soit réutilisée à mauvais escient, si tu vois ce que je veux dire. » J’ai été assez folle pour inventer le code régissant notre relation sans poser de bases claires empêchant quiconque de l’utiliser à ma place, cette fois, je ne compte pas faire la même chose et s’il croit qu’il peut agir de la même façon à chacune de mes tentatives, il se trompe. J’apprends de mes erreurs. « Notre soirée. » Je précise, désireuse de mettre en avant notre couple puisque c’est celui-ci qui est à l’honneur ce soir même si Alfie a clairement décidé de faire de moi l’élément central de cette soirée, ce qui n’est évidemment pas pour me déplaire.

L’énigme suivante est beaucoup plus compliquée que les autres, la phrase comporte trois mini énigmes à élucider et à relier entre elles ce qui me parait insurmontable. Après de longues minutes d’investigation et un désespoir évident, je viens lamentablement m’échouer directement dans les bras de mon petit-ami, non pas lassée du jeu que je suis la première à apprécier mais surtout complètement démoralisée à l’idée d’échouer encore une fois alors que les deux énigmes précédentes m’avaient déjà donné du fil à retordre. Evidemment, l’indice supplémentaire que j’obtiens me redonne le coup de boost nécessaire, surtout la mention d’Anabel qui me donne plein de nouvelles pistes à explorer. Malheureusement pour moi, mon regain d’énergie parait suspect et Alfie saute sur l’occasion pour se montrer méfiant et douter de la sincérité de ma détresse précédente ce qui ne manque pas de me faire crier à l’injustice. Après tout, je n’ai jamais agi de la sorte pour réclamer un indice, la condamnation est donc un peu trop rapide à mon goût. J’étais très fière de pouvoir illustrer cette injustice par un exemple parfaitement bien choisi que, comme à son habitude, Alfie retourne contre moi à une vitesse impressionnante, comme s’il avait lu dans mes pensées. « Tu renoncerais si facilement à me prouver que tu peux te montrer imprévisible ? Je croyais que tu aimais les défis, ça m’étonne de toi. » Evidemment, il n’aura aucun mal à réaliser que c’est parce que je tiens à conserver les cadeaux inattendus que je peux recevoir de sa part que je tente cette pirouette de rattrapage un peu foireuse et pas forcément bien exécutée, mais avec un peu de chance, il préférera m’accorder ce point pour ne pas avoir à brimer sa créativité malgré lui. Alfie me prouve une fois de plus qu’il est difficile à détrôner à ce petit jeu et que mes tentatives pour le surpasser sont facilement contrecarrées. « Attends… Tu as un bouton ‘‘sos Jules en détresse’’ ? C’est bon à savoir. » Parce que ça signifie que je peux obtenir le même succès dans notre vie quotidienne ce qui peut avoir un intérêt non négligeable lorsque j’essaierais d’échapper à une cure forcée de quinoa alors que je serais à deux doigts de l’overdose. « En plus, je suis réellement en détresse et ce, justement parce que tu tentes de me prouver ton sadisme, alors je ne suis pas d’accord, les torts ne sont pas du tout partagés. » Ce qui ne m’empêche pas de trouver trop adorable que mon apparente tristesse lui fasse perdre ses moyens au point de me donner gratuitement un indice, mais s’il croit que je vais me laisser attendrir, il se trompe lourdement. Jouer sur les sentiments, c’est mal, et il arrive beaucoup trop souvent – sûrement pas volontairement d’ailleurs – à obtenir ce qu’il veut parce que j’ai beaucoup trop de difficultés à lui résister. Heureusement, pour l’alpaga, je tiens bon, et j’espère que ma volonté surpassera toutes ses combines pour me faire accepter notre nouveau pensionnaire. « Et s’il ne m’arrange pas, j’ai le droit de le refuser ? » J’aurais aimé me réjouir de la supposition d’Alfie quant au paiement que je vais devoir faire pour cet indice donné contre ma volonté, mais je le connais assez pour ne pas considérer que ce qu’il juge comme étant quelque chose susceptible de m’arranger ne le soit pas vraiment en réalité.

J’ai tout de même encore cette énigme à résoudre et ce n’est pas en jouant les négociatrices que je vais arriver à la fin du jeu. Alfie reste muet – ou presque – durant ma recherche, profitant tout de même de l’occasion de remettre le sujet de notre prochaine animalerie sur la table dès qu’elle se présente. « Mais l’hippocampe en bord de plage, ça a plus de chance de se réaliser. » Vraisemblablement, compte tenu du caractère légendaire du dragon. « Dans le future. » Je précise, tout de même, avant qu’il téléphone à un agent immobilier pour nous trouver une petite cabane de plage dans laquelle entreposer un aquarium, l’air de rien. « Lointain. » J’enfonce le clou, sachant pertinemment que je dois pas sous-estimer les capacités d’Alfie à retourner la situation à son avantage et cette idée d’hippocampe a vraiment l’air de beaucoup trop lui plaire. Néanmoins, je ne suis pas sûre qu’il détrône l’alpaga et je crois que j’aurais préféré parce que c’est sacrément imposant, ces bestioles. Fort heureusement, mon esprit est rapidement occupé par mes réflexions littéraires ce qui empêche la crise de panique de se présenter alors que j’anticipe le massacre de notre logement suite à l’aménagement des nouveaux occupants des lieux. Le livre que je sélectionne est bien le bon et c’est avec une surprise non dissimulée que je récupère la loupe nichée à l’intérieur, non sans avoir failli la massacrer au passage. « Je te remercie de me comparer à une mamie, je te rappelle qu’on a convenu que je fêtais prochainement mes vingt-ans, alors ma vue se porte très bien, merci. » Je ne le regarde pas, trop occupée à scruter la loupe sous toutes ses coutures, repérant rapidement l’année gravée qui me renvoie à des souvenirs que j’aurais préféré oublier mais qui restent évidemment gravés dans ma mémoire. Bien sûr, je me doute bien que l’objectif d’Alfie n’est pas de me renvoyer à la mort de mon père, mais j’ai du mal à faire un lien différent avec cette simple date entre les mains. Alfie s’éloigne légèrement, prononçant quelques mots, dans un premier temps, un peu obscurs, qui ont pour conséquence de me faire froncer les sourcils. Encore une énigme. « Ces indices-là aussi, ils sont payants ? » Je demande, à tout hasard, bien décidée à ne pas me transformer en chef cuisinier dans les mois à venir et donc à me battre pour que ma non demande d’aide soit reconnue cette fois encore. Mais je ne tarde pas à oublier cette histoire de paiement puisque, pour la première fois, les mots prononcés par le jeune homme ont fait tilt assez rapidement dans mon esprit. Une enquête. Une lanterne. Cette fameuse année que je ne peux pas oublier. Il m’a quasiment donné un bout du titre, en plus. « Oh. » Je lâche, déstabilisée par la réponse qui me semble pourtant évidente. C’est facile, mais il y a quelque chose qui cloche dans la résolution de cette énigme. « Mais ce n’est pas possible. » Ma voix n’est que murmure, comme si je me parlais à moi-même plutôt qu’à Alfie. Pourtant, je devrais sûrement savoir que rien n’est vraiment impossible pour le petit-ami parfait Maslow, alors, par acquis de conscience, je parcours encore une fois les rayons de la bibliothèque m’arrêtant interdite devant l’ouvrage que je n’ai aucun mal à identifier. Je mets quelques secondes avant d’oser le toucher, comme s’il était trop beau pour être réel. Lorsque j’arrive enfin à le sortir de sa cachette, contemplant cette couverture un peu différente de celle que j’ai eu l’habitude de contempler dans mon enfance et pourtant si fidèle au souvenir que j’ai de ce roman, j’ai du mal à contenir les émotions provoquées par les souvenirs qui m’assaillent. « Comment… » as-tu fait ? cette phrase pourtant simple n’arrive pas vraiment à sortir de ma bouche et je garde les yeux figés sur la couverture encore quelques secondes, consciente pourtant de la présence d’Alfie à mes côtés, bien que je ne l’ai pas vraiment entendu arriver. Lorsque je me résous enfin à le lâcher des yeux, c’est pour passer les bras autour du cou de mon petit-ami et le serrer fort – trop fort – exprimant ma gratitude par des gestes plutôt que par des mots que j’ai bien peur de ne pas réussir à prononcer sans me mettre à pleurer. Je ne sais pas comment Alfie a fait pour trouver ce livre, mais c’est de loin le plus beau cadeau qu’on m’ait jamais offert jusqu’ici. Toutes les fleurs du monde ne pourraient pas rivaliser.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love - Page 2 EmptySam 8 Juin 2019 - 22:27

Il est sincère, Alfie, il n’avait jamais songé à ce cas de figure et si d’autres n’auraient pas osé se réjouir de la sorte quant à la perspective de virer leur moitié de l’appartement qu’ils partagent, de son côté l’anthropologue n’essaie même pas de négocier la proposition pour s’éviter les potentielles foudres de la jeune femme ; si Jules lui donne l’opportunité de s’adonner aux diverses expérimentations qu’il a en tête et ce, sans conditions, il compte bien saisir cette chance avant que ce ne soit des regrets qui franchissent la barrière de ses lèvres – regrets qui, assurément, ne vont pas tarder à se dessiner une fois qu’elle aura pris conscience de l’ampleur de sa proposition. Car les idées fusent dans le crâne d’Alfie à mesure qu’aucune rétraction ne sort de la bouche de sa petite amie, et lorsqu’elle reprend la parole, ce n’est même pas pour faire marche-arrière. Bon sang, cette fille est définitivement parfaite. « Oh, Jules, franchement, tu me connais. Je gèèèèère. » Ces deux mots qui, de sa bouche, veulent dire qu’il ne gère absolument rien, mais pour elle, il fera l’effort de s’y essayer ou, du moins, de le prétendre. « Tu me feras la liste des hôtels qui te plaisent, et je m’occupe du reste. » Il affirme, en lui adressant un clin d’œil. À vrai dire, si certains auraient sérieusement peur pour la survie de leur appartement, de son côté l’anthropologue n’est pas le moins du monde effrayé par la perspective de trouver un autre logement, bien au contraire. Quand bien même il adore l'appartement qu’il partage avec Jules, après un peu plus d’un an la lassitude se fait sentir et le besoin de voir autre chose s’intensifie, suffisamment pour qu’il ne soit pas contre un séjour longue durée à l’hôtel. M’enfin, il n’est pas certain que sa compagne ait la même vision des choses, raison pour laquelle il est sincère quand il ajoute : « Promis, tu verras ce sera parfait, au point où tu seras obligée de reconnaître que même toi tu aurais été dans l’incapacité d’être aussi fidèle aux photos. » Oui, rien que ça. Et non, il n’est absolument pas sérieux, ce n’est que pure provocation de sa part. Il sait pertinemment que le côté maniaque de leur couple est à imputer à Jules et il n’a aucune envie de lui ôter cette spécificité qui est une des nombreuses raisons pour laquelle il est tombé sous son charme.

Tout comme il a été séduit par cette manière qu’elle a de le suivre, directement ou non, dans ses idées les plus loufoques, ce qui l’amène à passer leur soirée d’anniversaire dans cette librairie, à essayer de résoudre des énigmes qui vont bientôt l’agacer au point de s’en arracher les cheveux, à la recherche d’un cadeau qu’elle va croire inexistant, alors que d’autres auraient seulement voulu un repas romantique et un joli bijou en lieu et place d’une chasse au trésor qui prend des airs de jeu à la Jigsaw. Mais aussi dépitée qu’elle semble l’être, Jules continue à se prendre au jeu, à écumer les rayons, à laisser glisser ses doigts sur les couvertures des centaines de livres autour d’eux, à espérer l’illumination qui lui permettra de passer à l’énigme suivante ; et malgré toutes les plaintes qu’elle peut formuler, toutes les vacheries qu’ils peuvent s’envoyer, il n’en demeure pas moins qu’elle persiste, et qu’elle essaie de raisonner comme il le fait en tout temps pour parvenir à percer le mystère de ses énigmes. Et il l’apprécie, sincèrement, au point où c’en est son cadeau à lui, que de se sentir compris, ou presque. Il sait parfaitement que son esprit n’a jamais fonctionné comme ceux des autres, il a le souvenir de ces interminables discussions avec ses parents au bord des larmes tentant de lui faire comprendre qu’il faut qu’il se calme, de ces nombreuses fois où il a essayé, et de ces nombreux échecs qui l’ont amené à se frapper la tête avec ses mains, encore et encore, parce qu’il était pas foutu de se concentrer plus de deux secondes sur quelque chose et qu’il s’épuisait. Il s’épuise toujours, tous les jours, incapable de fixer son attention sur autre chose que son travail, pas même sur Jules qui écope parfois du même traitement que tout le monde autour de lui, quelques minutes de pure attention pour des dizaines d’ignorance, mais jamais elle ne s’est est vexée, et jamais elle ne lui a demandé un changement d’attitude qu’elle sait autant que lui parfaitement impossible. Un sourire tendre sur ses lèvres naît à ces pensées, tandis que la jeune femme se plaint dans son inconstance et qu’il en est incapable de s’en vexer puisqu’il sait le crédit qu’il doit accorder à de tels propos. Parce qu’il sait pertinemment que la jeune femme ne serait pas avec lui si ce n’était pas un trait de caractère qui l’avait séduite, ou du moins, auquel elle s’est accommodée et que le problème vient plus du fait qu’elle ne sait pas s’adapter. S’adapter à lui, s’entend, et il était question de la taquiner, et lorsque Jules lui fait remarquer que c’était petit, une mine surprise prend possession du visage d’Alfie qui, sincèrement, ne comptait pas s’attaquer à la personnalité de la jeune femme. Elle est maniaque, il le sait bien, mais il ne vient pas l’envie de la cantonner à cette caractéristique, quand bien même il essaie de l’aider à travailler là-dessus. « Je disais pas ça pour... » Qu’il s’excuse, alors qu’il fait quelque part pour entourer la silhouette de Jules de ses bras et capter son regard. « Désolé, c’était pas volontaire. » Parce qu’aussi maladroit qu’il puisse être, son but n’a jamais été – et ne sera jamais – de blesser la demoiselle. Un baiser esquimau qui vient appuyer ses excuses, Alfie rend sa liberté à Jules, car malgré tout il n’oublie pas la raison pour laquelle ils sont dans cette librairie en cette heure tardive. La manière dont la jeune femme poursuit les taquineries lui permettent de prendre conscience que le petit incident d’il y a quelques secondes est vite oublié, et c’est un sourire qui s’affiche sur ses lèvres alors que Jules se voit déjà écrivain. « Ah ? Pas sympa de ma part de vouloir révéler tout le potentiel en toi et partager celui-ci avec le monde entier ? Il croise les bras sur son torse, secoue légèrement la tête. Effectivement, je suis un monstre. » Il poursuit en haussant les épaules. Il en rit, Alfie, mais il est néanmoins sincère, et si Jules se levait demain matin avec l’envie d’écrire un roman, il serait le premier à l’y encourager, et à se plier en quatre pour faire en sorte que sa rédaction se passe dans les meilleures conditions.

Dans l’immédiat, la seule rédaction qui accapare son esprit, c’est celle du fameux code Maslow-Rhodes dont il vient d’apprendre l’existence, ce qui, forcément, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Car une chose est sûre, dès qu’il aura plus de deux minutes qui se dégageront dans son emploi du temps, le jeune homme compte bien se mettre à l’écriture de ce fameux code, histoire d’en avoir une copie sous la main à tout moment – car si Jules se permet de l’utiliser contre lui, il n’y a pas de raison qu’il n’en fasse pas de même à la première occasion. Et comme il sait que la mauvaise foi de la jeune femme risque de se heurter à son envie de lui-aussi bénéficier des avantages de ce fameux code, il pourra ainsi lui brandir une copie physique à la moindre occasion. Malheureusement pour lui, son enthousiasme est vite contenu par la confiance de la jeune femme, et là où d’autres seraient heureux d’avoir la certitude de la présence d’une telle qualité dans leur couple, lui s’en retrouve presque déçu, puisqu’il n’aura pas l’opportunité de lui rédiger le fameux manuel de sa plus belle écriture – car il est évident que c’est la chose qu’il peut le retenir de s’adonner à ce projet, hm, évidemment. « Ce voyons ne respire pas la confiance. » Car il est évident qu’on mesure le degré de celle-ci a un mot, oui. Est-ce qu’il chercherait des excuses pour justifier une nuit blanche de rédaction ? Probablement. Dans tous les cas, la jeune femme se défend face à cette nouvelle règle instaurée par Alfie, et sa justification plaît suffisamment à ce dernier pour qu’il oublie toutes ces histoires de code à rédiger. « Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. » Il rétorque en haussant les épaules, tandis qu’un sourire presque gêné s’affiche sur ses lèvres lorsqu’elle le reprend, réflexion à laquelle il acquiesce pour prendre note de la précision. Leur soirée, effectivement, mais qu’elle se rassure, l’oubli ne traduit pas d’un investissement asymétrique dans leur relation, seulement dans la manière de célébrer ce type d’événement.  

Tout comme ils pourront bientôt célébrer sa victoire, puisque la soirée défile, et les énigmes aussi. Que ce soit avec facilité ou non, la jeune femme parvient malgré tout à ses fins et à monter les marches qui la rapprochent du podium final. Du moins, c’était le plan avant que Jules ne vienne s’écrouler contre lui, visiblement à bout. L’aurait-il amené au bout de ses limites ? Une moue s’affiche sur son visage à cette pensée, car c’est un véritable ascenseur émotionnel que l’anthropologue vit à cet instant ; lui qui contenait difficilement sa joie de la voir réfléchir comme si elle s’était glissée dans sa tête se retrouve peiné qu’elle ait abandonné en si bon chemin. C’est la raison pour laquelle il fait le sacrifice d’un indice gratuit, oubliant tous ses principes de ne pas lui faciliter la tâche, car le visage dépité de la jeune femme l’atteint et qu’elle a su appuyer sur la corde sensible – volontairement ou non, il l’ignore encore et c’est pour cela qu’il se permet de partager ses doutes. Jules s’en offusque, et c’est bientôt Alfie qui l’est également lorsqu’elle glisse le sujet des fleurs dans la conversation. Heureusement pour elle, il est de bonne humeur et ne s’en formalise presque pas. Il se questionne sur le crédit à accorder à de tels propos, mais il ne compte pas quitter les lieux pour aller bouder dans son coin – ce qu’il aurait fait si son humeur avait été différente, évidemment. « Je croyais aussi que tu les aimais, mais eh, c’est la soirée des révélations, il faut croire. » Rapport au fait qu’elle ait renoncé à se challenger avec l’instauration d’un chronomètre. Sourire d’imbécile plaqué sur le visage, Alfie pince les lèvres quand Jules fait mine de ne pas connaître l’existence du bouton qui lui est consacré. « Genre, t’étais pas au courant. Enfin, peut-être que tu l’étais pas consciemment, mais au fond de toi tu sais très bien qu’il y a ce bouton, là, bien caché et bien sensible. Qu’il lance, la main qui tapote son torse au niveau du cœur. Et t’en as profité, volontairement ou non, ah oui, ça je peux te dire. » Il affirme, les yeux plissés, songeant aux nombreuses comédies romantiques dont il s’est imposé le visionnage pour faire plaisir à la jeune femme, sans parler de son choix de série parfois discutable quand c’est à son tour de décider de celle qui rythmera leur jeudi série. « Mouais. Je te crois pour cette fois. » Qu’il conclut, les yeux toujours plissés, le cou arqué, la guettant du coin de l’œil. Oui, il va croire à sa détresse. Il ne parvient pas à rester sérieux bien longtemps, un sourire reprenant place sur son visage, qui se transforme en moue entendue alors qu’elle n’est pas certaine que le paiement envisagé puisse l’arranger elle-aussi. « Crois-moi, tu ne refuseras pas. » Il ajoute, l’air de rien, son sourire d’imbécile plaqué sur les lèvres alors qu’il se remet en retrait pour laisser la jeune femme poursuivre ses recherches.

Pour autant, ce n’est pas sur le livre qu’elle est supposée trouver qu’elle met la main, mais sur la perspective d’un nouvel animal à ajouter à leur ménagerie, même si les dragons n’existent pas – mais ce n’est qu’un détail, pas vrai ? L’hippocampe vs le dragon, il n’est pas sûr d’être en mesure de désigner un vainqueur tant les deux options lui apparaissent particulièrement séduisantes. C’est Jules qui lui permet de départager les deux espèces, alors qu’il acquiesce silencieusement à sa réflexion. « Mais ça a des chances de se réaliser, tu le dis toi-même. » Il précise la tête, hochant vigoureusement la tête à plusieurs reprises comme si cela avait le moyen de convaincre la jeune femme. Futur lointain ou non, de son côté il retient surtout « de se réaliser » faisait volontairement fi de l’incertitude qui va de pair avec le bout de phrase qu’il persiste à retenir. Alfie se veut silencieux pendant les quelques instants qui suivent alors que Jules parvient enfin à mettre la main sur l’avant-dernier livre, qui ne contient cette fois-ci pas de carte, mais une loupe, qui n’est pas son cadeau contrairement à ce qu’elle a l’air de supposer. « Ah oui, c’est juste. Boh, tu sais, j’ai toujours le ticket de caisse, si tu veux l’échanger contre de faux tatouages à paillettes. » Parce que, dans la catégorie cadeau nul, c’est ce qui est le plus susceptible de plaire à une jeune femme de vingt-cinq ans, non ? Nul doute que si Jules ne lui en voulait pas encore d’avoir préparé un anniversaire peu conventionnel, c’est désormais chose faite en insistant sur ce fantastique cadeau qu’il vient de lui faire. Ce n’est que lorsque Jules observe la loupe sous toutes les coutures qu’Alfie se questionne sur le bien-fondé du cadeau qu’il a prévu, car s’il s’est focalisé sur les souvenirs auxquels le livre se rapporte, il a peut-être présumé avec un peu trop de certitude que cela parviendra à effacer les mauvais souvenirs qui pourraient se rapporter à l’année gravée sur le manche de la loupe. « Hm, j’ai pas décidé encore, ça dépendra de ton cadeau pour moi. » Même si en réalité, il ne se formaliserait pas si elle n’en avait prévu. Mais il connaît suffisamment la jeune femme pour savoir qu’elle ne serait pas passée à côté de l’occasion de marquer cette date importante. Alfie reprend son sérieux alors qu’il perçoit l’illumination sur le visage de sa compagne, et que sa moue déstabilisée fait voler en éclats toutes les certitudes quant au choix de son cadeau. Ce qui est certain, c’est qu’elle sait très bien à quel ouvrage il fait référence, il ne lui reste plus qu’à prendre la température quant à savoir si cet anniversaire sera de ceux dont elle se remémora ou de ceux qu’elle préférera oublier. Pendu aux gestes et aux réactions de la jeune femme, Alfie semble manquer de souffle, réfléchissant déjà au discours à formuler pour s’excuser de sa maladresse et lui assurer que tout ceci partait d’une bonne intention. Il esquisse timidement les quelques pas qui le séparent de Jules, restant malgré tout en retrait dans l’hypothèse où le livre finirait balancé dans sa direction plutôt que lové contre le cœur de Jules comme il l’espère. Et lorsque la jeune femme reprend la parole, ce n’est pas en mesure de rassurer Alfie puisqu’elle s’interrompt bien vite, et qu’aucune suite ne s’échappe d’entre ses lèvres. Alfie mordille les siennes, alors qu’elle s’approche de lui et qu’il retient son souffle, laissant échapper une expiration bruyante de soulagement alors qu’elle vient enrouler sa silhouette de ses bras pour se coller contre lui. Il l’entoure à son tour, lui collant un baiser furtif sur le sommet du crâne. « Et pour te répondre, rien n’est impossible quand il est question de te faire plaisir. » Il souffle au creux de son oreille, sincère, tandis qu’il maintient cette étreinte tant qu’elle voudra bien de lui.
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Message(#)(alfiana) can't deny my love - Page 2 EmptyJeu 13 Juin 2019 - 15:11



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes


D’autres couples auraient vu en cette soirée l’occasion d’accrocher des petits cœurs roses partout et de s’offrir des cadeaux dégoulinants d’amour en prononçant des mots en parfaite adéquation avec cette ambiance légèrement clichée mais Alfie n’a jamais opté pour ce genre de célébration bien trop traditionnelle. Pourtant, je suis tout à fait ce genre de fille, à aimer appliquer à la lettre les normes de la société sans sortir des sentiers battus, mais avec Alfie, je suis différente, acceptant sans la moindre difficulté de le suivre dans ses idées plus ou moins bonnes sans chercher – la plupart du temps – à l’en dissuader, tant qu’elles ne présentent pas de danger direct ou indirect. C’est sûrement pour cette raison que la perspective de lui laisser notre appartement pour ses expérimentation diverses et variées n’est pas – trop – inquiétante à mes yeux. J’arrive à prendre les choses avec légèreté, ayant réalisé à ses côtés qu’il ne valait mieux pas me rendre malade en imaginant le pire pour des événements sur lesquels je n’ai de toute façon que peu de prise. Je sais pertinemment que je ne peux pas être là pour veiller sur Alfie en permanence et qu’observer le moindre de ses faits et gestes pour intervenir en cas de risque imminent me ferait plus de mal que de bien. Je relativise, donc, espérant simplement qu’à défaut d’être raisonnable, il saura ne pas se laisser emporter par des folies ayant un impact direct sur son espérance de vie. Evidemment, cette politique du laisser-faire ne s’applique pas pour tout et c’est bien ce qui m’a empêché de tolérer son travail beaucoup trop dangereux à mes yeux après son retour précipité dont la cause m’est inconnue. J’ai encore aujourd’hui du mal à me le pardonner même si je réalise qu’en termes de lâcher-prise et de tolérance, j’ai fait beaucoup de chemin. Pas assez, malheureusement. « Justement. » J’affirme, alors qu’il pense pouvoir balayer mes doutes en claquant des doigts. « C’est parce que je te connais que j’estime cette précision utile. » Je ne suis pas prête aux gros titres Explosion dans un quartier tranquille de Brisbane donc mieux vaut prévenir que guérir. Toutefois, rien que pour la perspective de séjourner dans un hôtel, je crois que je peux me faire violence. J’ai toujours adoré le côté propre, ordonné et bien rangé de ces chambres qui semblent faire peau neuve à chaque nouveau client pour redevenir de petits paradis. « C’est comme si c’était fait. » Je n’oublierais évidemment pas cette proposition donc je compte bien profiter. Tant que mon retour chez nous ne s’apparente pas à une traversée de champ de bataille, je crois que je peux tout accepter. « Je demande à voir. » S’il peut se vanter d’être inégalable dans de nombreux domaines, pour ce qui est du rangement, de la propreté et de tout ce qui s’approche de près ou de loin à mon côté extrêmement maniaque, je crois qu’il est à des années lumières de réussir à me battre. Toutefois, s’il veut relever ce challenge, je ne compte évidemment pas m’y opposer, j’ai hâte de le voir se dépasser pour rendre notre espace de vie aussi impeccable que les appartements témoins que l’on peut trouver dans les magazines.

J’ai toujours assumé être maniaque, bien que je tente depuis quelques années maintenant de travailler dessus pour que mes névroses diverses et variées ne soient plus omniprésentes. A force de vouloir tout contrôler ou ne pas accepter quoi que ce soit qui ne s’approche pas de la perfection, je réalise que j’ai rendu mon quotidien et peut-être même celui de mes proches un peu trop difficile à vivre. Alfie, de son côté, a toujours fait preuve d’énormément de tolérance, et s’il s’est agacé de mon incapacité à gérer mes pulsions de névrosée, il ne m’en a jamais fait part, se contentant de suivre mon rythme de progression en m’encourageant à chaque nouvelle étape franchie. C’est pour cela que je ne me vexe pas réellement de sa référence – qui n’en était d’ailleurs pas vraiment une – à cette caractéristique qui me définissait depuis quelques années. Ses excuses ne sont donc pas nécessaires mais je les apprécie à leur juste valeur, tout comme la proximité qu’il instaure entre nous, m’entourant de ses bras un court instant pour ponctuer ses propos. « Je vais me vexer plus souvent si j’ai le droit à un câlin à chaque fois. » Parce qu’il est vrai qu’Alfie est avare en démonstration d’affection, bien sûr, je suis bien placée pour le savoir. Le malentendu est vite oublié, d’autant plus que le jeu accapare toute mon attention. Il est absolument hors de question que j’échoue alors qu’il compte sur moi pour prouver la solidité de notre couple – c’est en tout cas comme ça que je le comprends – et la parfaite connaissance que j’ai de lui. J’ai la pression, évidemment, et mon esprit de compétition refait surface, incapable de me laisser manquer une pareille occasion de briller. Toutefois, je me heurte à des obstacles divers et variés qui mettent ma motivation à mal et me font un peu regretter d’avoir fanfaronné en début de partie. Cependant, même si les difficultés auxquelles je me confronte me découragent, jamais je n’envisage de capituler, pas un seul instant, autant désireuse de prouver ma valeur que véritablement emballée par le jeu qu’il a pris du temps à élaborer pour faire de cette soirée  un moment exceptionnel. Je n’oublie pas que quelques heures auparavant, j’étais persuadée qu’il rentrerait en ayant complètement oublié ce jour important. Dans le meilleur des cas, il se serait mis aux fourneaux avec son dynamisme habituel, lançant peut-être même un quinoa pour tout le monde, c’est ma tournée avant de s’enfermer dans sa bulle, voguant à travers les milliers de pensées qui se bousculent toujours bien trop vite dans sa tête. Jamais je n’aurais pu imaginer que nous serions ici, en pleine cette joute verbale, dans l’endroit que j’aime le plus au monde. « Tu es un monstre d’imposer au monde entier un talent qu’ils ne sont pas prêts à découvrir. » Talent que j’ai toujours jugé inexistant et qui m’a empêché de me lancer dans cette carrière que j’envisageais lorsque j’étais encore jeune et insouciante. Je refuse bien évidemment d’admettre que c’est surtout parce que j’ai basé tous mes rêves sur un garçon qui m’a trahie que j’ai laissé tomber, sûrement parce que voir tous mes espoirs de vie à deux s'envoler était déjà assez douloureux pour que je ne remette pas en plus en question mes choix personnels. Toutefois, s’il souhaite vraiment me voir écrire, ce serait sans doute à moi de me charger du fameux code Maslow-Rhodes sorti tout droit de mon imagination et dont il serait suicidaire de confier la rédaction à un homme à l’imagination aussi fertile. Un haussement d’épaule vient lui indiquer qu’il a tort de remettre en doute la confiance que je lui porte pour un simple mot. Je ne sais toujours pas comment il a fait pour que je la lui accorde aussi facilement, mais le fait est qu’aujourd’hui, c’est effectivement le cas.

Confiante ou pas, je sais qu’il me faut faire preuve de prudence avant d’accepter les challenges élaborés par Alfie. Je ne suis pas aussi certaine d’aimer les défis qu’il semble le penser et je ne compte pas revenir sur ma précédente décision d’instaurer un chronomètre pour pimenter notre jeu, même si sa déception à ce sujet semble immense. « Oh mais je les aime. » Je rétorque, désireuse de rétablir une vérité dont je ne suis pourtant toujours pas sûre. « Je sais simplement quelles sont mes limites. » Contrairement à d’autres. Cette fin de phrase pourtant évidente ne peut pas être prononcée à voix haute, de peur qu’il y voit trop facilement une référence à son travail et à son incapacité de refuser des missions périlleuses alors mêmes qu’il sait pertinemment ce que ces dernières risquent de lui coûter. Enfin, c’est comme ça que je l’envisage, car si Alfie m’a déjà parlé de son travail, il s’est évidemment bien gardé d’évoquer clairement les difficultés rencontrées. Les cicatrices diverses et variées avec lesquelles il revenait de ses périples étaient passées sous silence et seules les nombreuses lectures à mon actif et une certaine imagination m’ont permis de me faire une vague idée des dangers qu’il avait pu avoir à affronter. Alors qu’il plaisante quant à l’existence de ce fameux bouton lui permettant de connaitre mon état de détresse, je ne peux m’empêcher de me demander si c’est aussi mon profond désarroi qui l’a poussé à accepter ce choix de vie que je lui ai finalement imposé pour ne plus avoir à craindre pour sa vie. « Je plaide non coupable ! » Je m’exclame, feignant d’être offusquée par de telles allégations, oubliant l’idée de lui faire remarquer que je doute fort qu’il sache mieux que moi ce que renferme mon subconscient. « Ce n’est pas de ma faute si tu ne peux pas me résister. » A dire vrai, je suis persuadée qu’il y arrive très bien, ou en tout cas bien plus que moi. Il m’a toujours été difficile de lui dire non lorsqu’il venait vers moi en sautillant de bonheur, les yeux pétillants et le sourire jusqu’aux oreilles, tel un gamin de huit ans venant d’apercevoir un marchand de glaces à proximité. Mais pour le coup, ce n’est pas l’amour que je lui porte qui est en cause dans ma faiblesse et je mets au défi quiconque de briser volontairement cet élan de joie sans en éprouver du remord. En l’occurrence, c’est lui qui a été faible en me fournissant un indice fort utile et que je n’avais pas demandé et je suis évidemment ravie de me rendre compte que ma plaidoirie semble porter ses fruits, incitant Alfie à abandonner les poursuites alors que le gage que je cherche pourtant à éviter commence à attiser ma curiosité. « Généralement, quand tu te montres aussi mystérieux, ce n’est jamais bon signe, mais comme tu m’accordes le bénéfice du doute, je veux bien faire un effort pour cette fois. » Je dois même admettre que j’ai hâte de savoir de quoi il s’agit.

Pour le savoir, il va donc me falloir terminer ce jeu ce qui ne semble pas encore être à l’ordre du jour puisqu’une pause est nécessaire pour évoquer la possibilité d’adoption d’un dragon ou d’un hippocampe qui, je l’espère, n’éliront jamais domicile dans notre appartement. Malheureusement, à vouloir me montrer trop rationnelle, je donne de l’espoir à Alfie qui ne retient que la partie de l’information qui l’intéresse, tel un enfant à qui on promettrait un chien pour son anniversaire en cas d’excellent bulletin scolaire uniquement et qui choisirait arbitrairement de faire fi de la condition supplémentaire ajoutée. « De très faibles chances. » Je précise, sachant pertinemment que ça ne servira à rien et l’entendant presque me rétorquer que le fait qu’elles soient faibles ou non n’est pas important tant que ça reste quand même envisageable. Si je l’avais écouté, nous serions déjà devenus éleveurs d’alpagas à l’heure actuelle et je ne suis pas sûre que nous n’aurions pas, en plus, accueilli successivement un hippopotame, trois iguanes, une petite souris et une girafe que j’aurais appelée Nestor. Je ne suis pas sûre que j’aurais apprécié cette vie de gérante de zoo, au contraire, même, raison pour laquelle je me sens un peu obligée de freiner ses ardeurs. En revanche, je n’aurais pas dit non pour les faux tatouages à paillettes, trouvant à ces derniers davantage d’utilité qu’à cette loupe dont je peine à comprendre le sens. « J’aurais pu t’en coller sur le visage pendant ton sommeil ! Tu aurais fait sensation à l’université. » Evidemment, il aurait fallu pour cela que je sois éveillée pendant qu’il dort, fait relativement rare, si bien que lorsque je le vois profiter enfin d’un sommeil réparateur, il ne me vient évidemment pas l’idée de le déranger pour une de ces blagues puériles. Je me garde bien d’apporter cette précision, désireuse de ne pas mettre sur le tapis un sujet délicat alors que cette soirée est jusqu’ici absolument parfaite. Ce n’est que lorsqu’il mentionne le cadeau que je dois vraisemblablement lui offrir que je me souviens de son existence et j’ai hâte qu’il le découvre autant que j’appréhende la déception que pourrait provoquer cette attention sans doute un peu trop romantique. Mais il me reste mon propre cadeau à trouver avant de pouvoir lui donner le sien et lorsqu’enfin la connexion se fait dans mon esprit, ce sont des émotions contradictoires qui m’assaillent, mélange de joie, de nostalgie, de tristesse, de reconnaissance et de tout un tas d’autres que je n’arrive pas précisément à identifier. Mes piètres tentatives pour tenter de prononcer le moindre mot et démontrer ma reconnaissance envers cette attention qui me touche particulièrement sont un échec et je finis par abandonner complètement l’idée de parler, retrouvant ses bras pour exprimer par des gestes toutes ces émotions que je ne parviens pas à extérioriser. Les mots qu’il prononce en guise de justification achèvent de faire chavirer mon cœur et je réalise une fois de plus la chance que j’aie d’avoir une telle place dans sa vie. Je resserre encore davantage mon étreinte autour de lui, bien décidée à ne plus jamais le lâcher.

Le temps semble comme suspendu mais je dois bien me résoudre à le lâcher, reculant de quelques pas en essuyant mes yeux humides d’un simple geste de main. « Maintenant, direction le musée d’anthropologie et on recommence. » Je plaisante, loin d’être capable de faire preuve d’autant de créativité. Toutefois, par vengeance, au moins, j’ai bien l’intention de trouver une idée brillante pour que lui aussi fasse l’expérience d’une surchauffe cérébrale lorsque l’occasion se présentera. « J’espère que tu n’avais pas prévu de beaucoup dormir cette nuit. » Je continue, le laissant l’espace de quelques instants entre les rayons pour aller récupérer mon sac, poser le précieux ouvrage qu’il vient de m’offrir et que je compte bien mettre dans une vitrine pour ne pas l’abimer, et récupérer le cadeau emballé dans un papier vert prairie sur lequel on peut apercevoir des têtes de poussin. « Je plaisante. » Je précise, en revenant vers lui, cadeau dans la main, lui tendant le paquet pour qu’il puisse à son tour découvrir ce à quoi j’ai pensé. J’espère qu’il est prêt à revivre trois ans d’histoire en accéléré car je ne lui ai épargné aucun détail, des premières photos aux sourires gênés montrant à quel point il était improbable que nous ayons réussi à parcourir tout ce chemin, au quinoa scotché sur la quatrième page accompagné de la légende la première boite d’une longue série en passant par des tickets de cinéma, toutes les citations drôles ou émouvantes que j’ai pu retrouver dans les pages de mon journal intime et d’autres photos où nous paraissons beaucoup moins coincés. Ce ne sont pas moins de cinquante pages, toutes remplies avec un soin particulier de moments précieux et de traits d’humour, en faisant bien attention à ne pas me faire surprendre, qu’il va pouvoir découvrir à présent, sans oublier la dernière page sur laquelle il pourra lire le à nous d’écrire la suite qui me semblait approprié pour lui faire comprendre qu’après ces trois années écoulées, je crois encore à notre avenir à deux et que j’ai hâte de découvrir ce qui nous attend. Si l’idée me paraissait bonne lorsque je l’ai eue et que j’ai achevé avec satisfaction ces dizaines d’heures de travail, je suis beaucoup moins sûre de moi, à présent, craignant d’en avoir trop fait ou pas assez mais pire que tout de lui imposer une vision du couple stable que j’affectionne particulièrement mais qui n’est probablement pas la sienne. Tout ce que j’espère, c’est que cette soirée se terminera aussi bien qu’elle a commencé, je vis un rêve éveillé et je ne suis pas prête à le voir s’arrêter.


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Message(#)(alfiana) can't deny my love - Page 2 EmptyMer 17 Juil 2019 - 14:14

Il gère, et ces deux mots sont en réalité à interpréter comme leur contraire lorsqu’on connaît un tant soit peu Alfie. Ils laissent présager une mauvaise idée, un mensonge bien mal dissimulé ou une utopie dans laquelle il s’enferme, dans tous les cas ils ne traduisent pas d’un succès. Pour autant ; en les prononçant Alfie est persuadé de ce qu’il avance, bien-sûr qu’il gère, et bien-sûr qu’il va faire en sorte qu’ils aient toujours un endroit pour vivre au retour de la jeune femme, il en est même convaincu et, pour une fois, cela n’est que la vérité. Il n’a seulement pas précisé de quel endroit il s’agissait. Il est vrai que l’appartement semble être la dernière option derrière l’hôtel, l’auberge de jeunesse, la chambre d’amis de maman Rhodes, la dépendance des parents Maslow, le canapé de Tad, le garage d’Hassan, la caravane à louer près de la bordure de la Bruce Highway, le Airbnb de leur voisine dans le quartier de Redcliffe, le studio qu’il squattait sur Fortitude avant d’emménager avec Jules, la liste est longue est en septante-huitième (oui) position apparaît enfin leur appartement, lorsqu’il ne restera basiquement plus que les poutres des murs porteurs et le coffre-fort ignifuge où se trouve la majorité de leurs documents les plus importants. Si Alfie semble conscient, Jules ne partage pas son avis et il accueille l’information en fronçant les sourcils – comme s’il était ô combien choqué par cette révélation totalement inattendue. Parce qu’il est doté d’une incroyable répartie, Alfie reste silencieux et se contente de pointer son majeur et son index en direction de ses yeux avant de les diriger en direction de Jules, i’m watching you style. Surtout que la jeune femme n’a pas tellement à se plaindre de la situation quand on y pense, puisqu’Alfie a déjà prévu de quoi les héberger. Quoi que… en y pensant, il est fort probable qu’Alfie décide de changer d’hôtel toutes les semaines jusqu’à ce qu’ils soient relogés, pour le plaisir de la nouveauté, et qu’elle en aurait certainement vite marre de devoir constamment refaire ses valises parce qu’il a décidé de se lancer dans une carrière d’influencer qui prend à cœur de tester et faire un feedback de tous les hôtels de la ville – et là, l’ampoule s’illumine dans son esprit quant à la possibilité d’effectivement se lancer dans un tel projet, de quoi lui permettre d’ajouter une activité susceptible d’occuper des journées qui lui paraissent interminables. « Challenge accepted. » Qu’il rétorque en croisant les bras et en fronçant à nouveau les yeux, un fin sourire qui se dessine à la commissure de ses lèvres. Alfie apprécie les défis, des plus anodins ou plus délicats, et il n’en faut pas plus pour qu’il prenne les paroles de Jules pour une provocation et que naisse en lui l’envie de lui prouver à quel point il s’est fourvoyé sur lui et qu’il est tout autant capable qu’elle de faire de leur appartement une vitrine pour une grande chaîne d’ameublement suédoise – et là, il se dit qu’il va abandonner l’idée car il ne veut pas être concerné, de près ou de loin, à ce modèle capitaliste qui pousse à la surconsommation. « … Mouais. Challenge peut être pas si accepted, en fait, c’est perdu d’avance. » Qu’il justifie son revers, bien que cela soit aussi fondé sur un vrai constat ; difficile d’être à la hauteur de la maniaquerie de Jules qui, bien que tendant à diminuer, reste bien loin d’être à sa portée.

Un sujet qu’il ignore parfois comment aborder, ce qui peut amener à des quiproquos comme c’est le cas après qu’il se soit plaint qu’elle n’arrivait pas à s’adapter. Il ne faisait pas référence à ce trait de caractère malheureusement (pour son quotidien) dominant chez la jeune femme, mais sa réaction lui laisse croire qu’elle l’a interprété comme tel. Alfie s’est toujours accommodé des difficultés de la jeune femme, majoritairement parce qu’elle s’est toujours accommodée des siennes. Alors il n’a jamais vu l’intérêt de lui reprocher de passer un quart d’heure à vérifier que tous les appareils électriques sont éteints avant de quitter leur appartement, il s’est toujours contenté de la féliciter lorsqu’elle a réduit les quinze minutes à quatorze, puis à dix, puis à cinq, s’armant de patience pendant qu’elle termine en comptant les mailles du tapis qui orne le couloir de leur immeuble. Il n’a jamais jugé utile de la brusquer dans son comportement si celui-ci peut l’aider, tout simplement parce qu’il est bien placé pour savoir à quel point certains comportements peuvent s’avérer sécurisants. Si Jules a opté pour un extrême, lui pour un autre, cela n’enlève en rien la compréhension qu’ils partagent. Une compréhension qu’il ne veut pas voir mise à mal, raison pour laquelle il s’empresse de la rassurer lorsqu’il croit s’être montré maladroit – et peut-être pour avoir une excuse pour retrouver ses bras, car cela fait approximativement dix minutes qu’il ne s’est pas lové contre elle et le manque commence à grandir. « Je te proposerais bien de te donner matière à te vexer plus souvent aussi, mais j’imagine que c’est moyen, comme proposition, hm ? » Qu’il s’interroge avec un sourire, alors qu’il lui laisse à nouveau sa liberté pour qu’elle termine ce pour quoi ils sont venus – parce qu’il aura bien d’autres occasions d’emprisonner sa silhouette, mais la librairie n’a été réservée que cette nuit. Si Alfie n’a, de son côté, pas encore reçu de cadeau (et il s’en fiche bien d’y avoir le droit ou non) c’est tout comme, alors qu’il observe sa petite amie se prendre au jeu, bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Il la connaît suffisamment pour s’être douté avant de la confronter à sa surprise que celle-ci lui plairait certainement, mais il ne pensait pas que la soirée serait un tel succès. Alfie tend à toujours imaginer une multitude de scénarios, à lister les éléments qui pourraient permettre le bon déroulement d’une situation autant que ceux qui pourraient gâcher celle-ci, et dans la seconde catégorie il avait listé une potentielle rancœur de la jeune femme quant au fait de s’être ainsi joué d’elle toute la journée, et de l’avoir largement ignorée dès les premières heures de la journée. Il a aussi imaginé qu’elle puisse en avoir marre de ses idées farfelues, quémandant une soirée tranquille une fois dans l’année, et de ne pas être embarquée dans une surenchère, mais dans une activité des plus conventionnelles comme tant d’autres couples l’auraient fait, et comme elle l’aurait probablement fait d’elle-même. Il a aussi songé à la possibilité qu’elle bute dès la première énigme et qu’il mette à mal sa patience – sensation qui aurait pu être accentuée par cette habitude qu’il a de faire le malin et qui aurait pu transformer la soirée en véritable fiasco si la jeune femme n’était pas disposée à rentrer dans un jeu à la limite du sadisme élaboré depuis plusieurs jours. Et s’il ne sait pas si elle prend autant de plaisir que lui, ce qui est sûr c’est que l’activité semble loin de lui déplaire en vue de la manière dont elle s’active – même s’il y a une volonté de lui prouver qu’elle a eu raison de fanfaronner. La recherche est ponctuée d’intermèdes légers où ils s’engagent dans une joute verbale sans qu’aucun ne veuille plus être déclaré vainqueur que de passer un bon moment. « Ça va, je crois que je peux vivre avec ça sur la conscience. » Qu’il rétorque en haussant les épaules, tout en affichant son habituel sourire satisfait. Oui, il est persuadé qu’il peut vivre avec cela sur la conscience s’il y a un fond de sérieux dans les réflexions de la jeune femme. Elle ne lui a jamais fait lire ce qu’elle pouvait écrire dans son journal – et il n’a en réalité jamais cherché à le demander puisqu’il considère que cela appartient au domaine du privé – mais si elles voulaient transformer ses réflexions personnelles en manuscrit littéraire, il serait le premier à la soutenir.

Tout comme il est prêt à la soutenir (littéralement, alors que sa tête vient s’échouer sur son épaule) et à l’encourager alors que la bonne volonté de la jeune femme commence à être mise à mal, elle qui est pourtant si près du but. Encore un petit effort et ce ne sera pas une énième carte qui sera dans ses mains, mais bel et bien le cadeau qu’il a mis tant de mal à trouver. Finalement, il n’est plus certain que la contrainte de temps qu’il souhaitait lui imposer se serait avérée une bonne idée ; lui imaginait que cela pourrait lui donner le coup de boost nécessaire pour terminer cette chasse au trésor, mais cela aurait plutôt eu l’effet inverse, et elle aurait été définitivement démotivée par cette règle imposée à la dernière minute, et la soirée aurait effectivement tourné au fiasco. Ainsi, en y réfléchissant, il n’est plus certain d’être vraiment déçu qu’elle ait refusé sa proposition et qu’elle ne se soit pas lancée dans ce défi, quand bien même elle les aime – mais toujours moins que lui. « Tu peux pas vraiment le savoir avant de les avoir toutes testées. » Qu’il rétorque avec son sourire satisfait, dans une volonté d’avoir le dernier mot et de prétendre, encore un petit instant, qu’il est terriblement vexé par son refus, il va de soi. C’est bien pour cela qu’elle a, malgré tout, réussit à activer le bouton « SOS Jules en détresse » qui est déjà bien assez sollicité en temps normal, quand bien même elle se prétend innocente. « AH SI ! Ah si, si, si ! C’est totalement de ta faute, si je ne peux pas résister à TOI. » Elle comprend ? Voilà, c’est exclusivement sa faute, parce qu’à ce stade-là, la faute (si on peut réellement appeler ça ainsi) réside dans le fait qu’elle… existe, tout simplement. À partir de ce moment-là, forcément qu’elle est coupable. Et c’est à cet instant qu’il veut bien concéder qu’elle est innocente, parce que logique et Alfie ne vont pas dans la même phrase. Toutefois, il n’a pas encore déterminé si cet indice serait l’objet d’un paiement rétroactif, mais il est probable que oui, car le paiement envisagé arrangera autant l’un que l’autre, il en est persuadé, même si Jules semble sceptique. « Trop aimable. » Il glisse en souriant, bien qu’un poil vexé par le fait que ce « ne soit jamais bon signe », avis qu’il ne partage pas, mais ils ne sont pas là pour s’écharper – et à cet instant il ne le sait pas encore, mais ils auront tout le loisir de le faire plus tard.

Dans l’immédiat, ce qui compte, c’est bel et bien qu’elle mette la main sur son cadeau, car Alfie, impatient, ne tient plus en place ; et il veut pouvoir vérifier si la réaction qu’il a imaginé être celle de Jules sera effectivement celle qu’elle aura en découvrant son cadeau. Malgré tout, son impatience est reléguée au second plan, si ce n’est pas carrément oubliée, alors qu’elle évoque la possibilité d’adopter de nouvelles espèces ; une en particulier, et voilà qu’Alfie est déjà en train de faire la liste des activités qu’il pourra proposer à son futur hippocampe pour ne pas que celui-ci s’ennuie trop dans son aquarium – et la liste va d’« acheter une mini-télé pour qu’il regarde les dessins animés » à « acheter un coffre à tourbillons ». « Des chances quand même. » N’essaie pas de jouer à ça, Jules. Le mal est fait, l’idée implantée dans l’esprit de l’anthropologue, qui ne va désormais attendre qu’une chose : qu’elle se concrétise, que ce soit aujourd’hui ou dans deux ans. S’il y a une chose qu’Alfie n’a pas imaginé quant au déroulement de cette soirée, c’est la possibilité que Jules puisse croire que la loupe est son cadeau car, évidemment, il n’en est rien, et il s’agit seulement de la dernière étape avant celui-ci. Et tant qu’à offrir un cadeau pourri, il aurait opté pour quelque chose de plus adapté à son âge – vingt-cinq ans, rappelons-le. « Tu n’aurais pas osé ?! » Qu’il rétorque, outré, la main qui se porte à son torse et la bouche qui s’entrouvre légèrement. C’est son dernier instant de légèreté avant d’avoir cette impression de souffle coupé alors que Jules se dirige vers les étagères et finit par découvre le livre qu’il a caché en début de soirée – et il a prié durant toute la chasse afin qu’elle ne tombe pas dessus par inadvertance. The Ghost of the Lantern Lady, un livre dont elle lui a souvent parlé pour le côté sentimental qui s’en rattache, et il lui a été plus compliqué qu’il ne le pensait de le trouver, n’étant plus édité, et ce fut véritablement un parcours du combattant quand on ajoute la condition « édition originale ». Mais il y est parvenu, et la réaction qu’affiche finalement Jules lui permet de réinjecter de l’air dans ses poumons, alors qu’elle vient se glisser jusqu’à ses bras en silence, et qu’il affiche un large sourire sur le visage. Peut-être qu’il aurait dû garder l’idée pour un cap plus important, parce qu’il lui sera désormais difficile de rivaliser, mais c’est justement parce qu’Alfie s’en fiche de ce genre de symbolisme qu’il lui était essentiel de mettre les petits plats dans les grands pour cet anniversaire-là.

Leur anniversaire, comme l’a mentionné Jules plus tôt, alors qu’il est désormais question de lui. « C’EST VRAI ?! » Qu’il s’exclame tel un gamin qui vient d’apprendre un embarquement immédiat pour Disneyland, les étoiles dans les yeux et les mains qui se frappent l’une l’autre. Et puis, son enthousiasme est contré lorsqu’il se décide enfin à utiliser ses neurones pour autre chose qu’imaginer cette nouvelle chasse au trésor, et comprendre qu’elle ne peut pas avoir prévu une telle activité parce qu’il ne l’a pas consulté pour la sienne, et que malgré tout l’amour qu’il porte à Jules, il ne pense pas qu’elle aurait pu le surprendre ainsi. Et c’est bien dommage, en réalité, puisqu’Alfie aurait absolument adoré l’idée, le UQ Anthropology Museum est plus qu’un musée pour lui, c’est un véritable repère, et il ne peut passer une semaine sans s’y rendre quand bien même il connaît les collections par cœur, et dans le cas où celui-ci est fermé pour le changement d’exposition, c’est quand même sur les marches devant l’entrée qu’il passe la plupart de ses pauses déjeuner. « C’est dommage, qu’il admet avec un léger sourire lorsqu’elle précise plaisanter, dormir c’est pour les faibles, j’étais prêt à y passer la nuit, la journée, la semaine s’il le fallait ! Toute cette préparation pour rien. » Oui, car il aurait pu camper sur place sans aucune difficulté. Il observe la jeune femme s’éloigner quelques instants pour revenir avec un emballage qui ne manque pas de lui arracher un rire tant il semble être approprié au destinataire, et Alfie ne se prive pas pour le déballer avec toute la délicatesse qu’il possède (aucune), trop curieux et impatient de découvrir ce qu’il y cache – quand bien même les règles voudraient qu’en tant qu’adulte, il soit en mesure de se contenir. Un fin sourire s’affiche sur ses lèvres quand il réalise que la thématique de la soirée est réellement centrée sur les livres, avant qu’une mine plus sérieuse prenne place sur son visage, concentré et attentif aux pages qu’il fait désormais défiler entre ses doigts. Il comprend après quelques instants que l’ouvrage retrace leur histoire, et un instant, il se dit qu’il aurait préféré la visite au musée. Les pages lui paraissent interminables, mais Alfie persiste à feuilleter, à esquisser des sourires quand il tombe sur certains souvenirs, à se vouloir plus sceptique quant à d’autres, masquant toutefois une certaine gêne qui commence à naître en lui. Que Jules soit une incorrigible romantique n’est pas une surprise, qu’elle lui l’impose un peu lui est plus problématique. C’est le terme, car la surprise lui fait évidemment plaisir, de par le travail derrière ce cadeau, de par tout l’amour qu’il transcrit, et les souvenirs qui s’y réfèrent et qui sont évidemment plaisants pour lui. Mais… il ne saurait dire ce qui le bloque. Ce sentimentalisme exagéré alors qu’il a beau être expressif, il n’en demeure pas moins réservé quand il s’agit de lui, cette façon qu’elle a d’avoir tout conservé lui donnant l’impression qu’elle est bien plus investie que lui ou cette phrase, en dernière page, qui le fait manquer d’air. Alfie reprend très vite une contenance pour entourer la jeune femme de ses bras et appuyer légèrement son menton sur le haut de son crâne, glissant un « j’imagine pas le nombre d’heures que tu as passé dessus » sincère, tout en profitant que la jeune femme ne soit pas en mesure d’observer son visage pour que sa perplexité prenne possession de ses traits. À nous d’écrire la suite. Ça ressemble à un contrat auquel on ne lui aurait pas demandé son avis, et si Alfie tient à son avenir avec Jules, celui-ci lui paraît bien abstrait puisqu’il ne s’imagine pas d’avenir tout court, et que s’il est en mesure de tenir des engagements, c’est principalement parce qu’il s’y sent prêt ou parce qu’il les a aménagés de manière à pouvoir l’être, ce qui n’est pas le cas à cet instant. Est-ce qu’il doit y lire un message ? Est-ce qu’il est si peu engagé dans cette relation comme le tout le lui laisse penser alors qu’il était persuadé d’y mettre beaucoup du sien ? Ce sont des dizaines de questions et de doutes qui l’assaillent, des doutes qu’il était parvenu à reléguer au second plan. Parce qu’Alfie sait que sa manière d’être a souvent influencé ses relations, amicales, amoureuses et professionnelles, et qu’il lui est très difficile d’en maintenir sur le long terme. Ce n’est pas pour rien qu’il a ses tendances à écarter les gens dès que l’occasion s’y présente sans avoir le moindre remords, qu’aucune de ses relations n’a dépassé le stade des quelques mois ou qu’il lui est impératif de faire du terrain pour pouvoir continuer à exercer correctement son métier. Jules est parvenue à briser cette malédiction, et pourtant, aujourd’hui elle donne l’impression d’être celle qui lui permet de la rappeler à lui. « Je t’aime. » Qu’il finit par glisser, autant par sincérité qu’automatisme, alors qu’il réalise que le silence s’éternise. « Ça me touche beaucoup, je-merci. » Qu’il ajoute en se reculant lorsque son visage est parvenu à reprendre un peu de contenance, s’empressant de voler un long baiser à la jeune femme pour sceller le déroulement de cette soirée, comme si c’était la démarcation entre le moment où tout se passait bien et celui où il a commencé à dériver, encore et toujours. « Mais, c’est pas pour autant que la soirée est terminée, je me suis assuré d’avoir les lieux jusqu’au petit matin, et avec l’aide de Gabriel, j’ai cuisiné pour un régiment, mais rassures-toi, j’ai aussi prévu la pile de coussins pour s’échouer ici jusqu’à demain matin. » Il parle pour atténuer les battements de son rythme cardiaque, et cela semble fonctionner puisque c’est un large sourire qui reprend place sur ses lèvres – et il est désormais question de savoir pour combien de temps.  
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Message(#)(alfiana) can't deny my love - Page 2 EmptyMer 24 Juil 2019 - 17:46



Can't deny my love

@Alfie Maslow & Juliana Rhodes



Je n’ai pas le temps de conseiller à Alfie de ne pas relever le challenge qui consiste à se montrer plus maniaque et psychorigide qu’il se rétracte de lui-même, provoquant un haussement de sourcil étonné de ma part. Je n’ai pas l’habitude de le voir capituler devant les difficultés, je n’ai pas l’habitude de le voir capituler tout court d’ailleurs, je suis certaine que c’est le genre de mec qui peut se retrouver sous une pluie torrentielle avec un simple post-it dans la main en restant capable de croire qu’il peut parcourir les cent mètres le séparant de la destination souhaitée sans être mouillé. Bien sûr. Je devrais donc le féliciter d’arriver soudainement faire preuve de réalisme alors qu’il n’en est pas toujours capable d’habitude – d’où les expériences foireuses et inquiétantes qu’il envisage de faire dans notre appartement durant mon absence – mais je crois qu’il vaut mieux que je m’abstienne de pointer du doigt quelque chose qui devrait être naturel chez lui comme chez n’importe quelle personne lambda. Mais Alfie n’est pas une personne lambda et c’est bien pour ça qu’il est si spécial à mes yeux. Tout ce qui pousse les gens à le considérer comme quelqu’un d’étrange est très exactement ce qui fait que je l’aime chaque jour davantage et ça fait certainement de moi une fille sacrément dérangée. « Je crois que je resterais invaincue dans ce domaine. » Je ne devrais certainement pas m’en vanter, d’ailleurs, parce que c’est un défaut que j’essaie de combattre et malgré les récidives fréquentes et les batailles perdues, je trouve que je m’en sors plutôt bien et les progrès effectués depuis ma rencontre avec Alfie sont notables. Il a fait preuve d’une patience infinie avec moi et encore maintenant, il ne s’énerve jamais lorsque mes lubies prennent le dessus et qu’en plein milieu de la série pourtant sacrée du jeudi soir, il faut que je me lève pour vérifier que le rouleau de papier toilette a été correctement positionné et que le savon posé sur le lavabo adopte bien l’inclinaison souhaité pour que la salle-de-bain ait une allure parfaite. Ça ne m’arrive presque jamais désormais ou alors seulement lorsque je suis nerveuse car j’imagine que ces petits gestes presque automatiques m’aident à me rassurer et contribuent à réduire mon niveau de stress. « Je risquerais de me vexer pour de vrai et ce serait problématique. » Je crois que je peux me vanter de ne pas être susceptible et d’être donc plutôt difficile à vexer – ce qui est plutôt utile lorsqu’on vit avec quelqu’un qui écoute une phrase sur deux et semble oublier la présence de son conjoint toutes les quatre minutes parce qu’une idée brillante vient de lui passer par la tête –. J’aimerais donc évidemment que les choses n’évoluent pas négativement de ce côté-là et que je garde cette capacité à faire glisser sur moi des remarques maladroites sans qu’elles ne m’atteignent réellement. Bien sûr, ça dépend évidemment des sujets abordés, certains complexes m’empêchent parfois de faire preuve d’autant de détachement que je le voudrais mais heureusement pour moi, ils ne sont pas assez fréquents pour que les disputes entre nous se multiplient. Après de longs mois de cohabitation, je suis soulagée de me rendre compte que le quotidien à deux ne nous a pas transformé en deux boules de nerfs se hurlant dessus à longueur de journée comme – et c’est bien malheureux – de nombreux couples qui s’essayent à la vie conjugale. J’aime ce que notre vie à deux est devenue et en ayant organisé tout ça pour fêter notre anniversaire, ce soir, Alfie me prouve que lui aussi apprécie ce que nous avons construit. C’est en tout cas de cette manière que je l’interprète.

Libérée de son étreinte que j’aurais pourtant bien prolongé pendant quelques minutes supplémentaires – voire quelques heures si nous en avions eu la possibilité – je n’ai aucun problème à me plonger dans le jeu qu’il a élaboré en se servant de ma passion ce qui me touche encore davantage. La lecture et tout ce qui y touche a toujours été ma passion et c’est sans doute pour ça que malgré le fait que ses encouragements partent d’une simple plaisanterie, l’idée qu’il me soutienne réellement si jamais je devais tenter de devenir l’écrivain que j’ai rêvé d’être dans mon adolescence me plait. Pourtant, je sais pertinemment que ce n’est pas à l’ordre du jour, j’aime conserver les choses telles qu’elles sont lorsqu’elles fonctionnent bien, le changement ne serait pas forcément bénéfique pour nous et je veux à tout prix éviter de devenir la raison d’une éventuelle mésentente entre nous. Ecrire un livre doit être particulièrement stressant et ce n’est de toute façon pas le projet qui me tient le plus à cœur en ce moment. Ces trois ans sont une étape charnière dans notre relation sur laquelle je mise beaucoup pour construire cet avenir dont j’ai toujours rêvé. Mes projets personnels peuvent attendre, ils ne me paraissent pas si essentiels que ça. De toute façon, il est inutile de réfléchir à un avenir que je n’aurais peut-être pas si je décède prématurément pour cause de surchauffe cérébrale provoquée par la difficulté des énigmes auxquelles je m’attelle les unes après les autres. Elles ne sont pas simple set Alfie n’a pas fait l’effort de m’épargner. Pourtant, je tiens bon, refusant de capituler et redoublant d’efforts pour masquer mon évidente incompétence et venir à bout de ce jeu avant qu’il ait ma peau. C’est seulement lorsque j’arrive au bout de mes capacités que ma tête vient s’échouer sur l’épaule d’Alfie qui semble amusé de voir que je suis obligée de m’arracher les cheveux pour répondre à ses épineuses questions. En même temps, c’est de ma faute, j’ai bien sûr été obligée de fanfaronner en prétendant que j’allais tout déchiffrer en une poignée de minutes alors qu’il est plus probable que je finisse par passer la nuit ici. Le chronomètre aurait donc été une très mauvaise idée et je me félicite de m’être montrée raisonnable, contrairement à Alfie qui considère certainement que mon âme d’aventurière devrait prendre le dessus un peu plus souvent. Devrais-je lui préciser que vivre avec lui est une aventure à part entière ? Je ne crois pas. « Si je décidais de tester mes limites, il n’y aurait plus personne pour jouer le rôle de moralisateur et je trouve que je fais ça très bien. » On ne va pas se mentir, je ne vois pas du tout Alfie essayer de me canaliser, au contraire, je suis sûre qu’il serait le premier à encourager mes folies mêmes si ces dernières ne devraient l’être par personne. Ma soudaine semi-dépression précédent l’échec de mes réflexions a l’avantage d’activer le bouton « SOS Jules en détresse » dont j’ignorais jusqu’ici l’existence et qui me semble un peu trop génial pour être réaliste. Non pas que je pourrais jouer la carte des sentiments pour obtenir quelque chose qu’il ne me donnerait pas volontairement, pas du tout, ça ne m’est absolument jamais arrivé, voyons. « Désolée, mais je n’y peux rien si je suis naturellement irrésistible. » Un mouvement de cheveux de pub pour shampoing vient ponctuer mes propos que je ne pense évidemment pas. Sans être particulièrement complexée par mon apparence, je n’ai jamais considéré que je possédais plus de charme qu’une autre et les raisons pour lesquelles Alfie s’est intéressé à moi plutôt qu’à une autre sont encore assez floues pour que je peine à ne pas jalouser les filles qui ont le malheur de s’approcher un peu trop près de lui. Ma confiance en moi n’est pas encore idéale et je sais que j’ai de gros efforts à fournir sur le sujet.

J’aurais aimé interroger davantage Alfie sur ce paiement rétroactif qu’il envisage de mettre en place mais l’énigme restante prend le dessus sur ma curiosité et je me remets au travail, non sans faire une énorme gaffe au passage, promettant sans le vouloir l’agrandissement de notre animalerie privée. J’essaie tant bien que mal de me rattraper aux branches mais il n’en démord pas et je finis par abandonner, me concentrant sur la loupe que je tiens à la main avec l’envie folle de la remplacer par les fameux tatouages à paillettes qu’il me fait miroiter. Et si, bien sûr que si, j’aurais osé, voyons, histoire de me venger comme il se doit de tous les stratagèmes montés contre moi durant les trois années qui viennent de s’écouler, mais Alfie n’obtient qu’un haussement d’épaule énigmatique en guise de réponse et je me surprends à espérer qu’il me fasse un jour un tel cadeau pour que je puisse mettre mon idée en application – si je ne me dégonfle pas en évoquant des raisons toutes aussi bonnes les unes que les autres –. Ces enfantillages sont vites oubliés lorsque je découvre finalement le cadeau que m’offre Alfie pour cet anniversaire. Mes yeux s’embuent alors que je suis incapable de prononcer le moindre remerciement potable et c’est une fois de plus dans ses bras que j’échoue lamentablement faute d’être capable d’avoir une réaction contrôlée face à ce présent aussi inattendu que touchant. Quitter ses bras est difficile mais cette soirée n’est pas terminée, j’ai mon propre cadeau à offrir et je ne veux pas laisser des larmes d’émotion gâcher toute cette jolie fête. Je me reprends donc, tant bien que mal, usant de l’humour pour me remettre en selle, humour que je regrette bien vite devant l’enthousiasme dont fait preuve Alfie face à ce qui n’est en réalité qu’une blague. Je peine à chasser ma culpabilité face à son apparente déception qu’il ne cherche d’ailleurs pas du tout à dissimuler et qui me rappelle que je ne serais sûrement jamais à la hauteur de sa créativité et donc de ses attentes. « Une prochaine fois. » Je rétorque sur un ton qui se veut léger mais qui ne l’est pas tant que ça avant de m’éloigner pour récupérer mon cadeau qui ne me parait désormais plus du tout assez bien pour Alfie. Je le regarde déballer l’album avec une appréhension évidente et lorsque son sourire s’efface, laissant place à un air sérieux que je n’ai pas l’habitude de voir sur son visage, j’ai la nette impression que mon cœur s’est arrêté de battre. Il parcourt les pages, sans un mot, retrouvant vaguement le sourire par instant avant que celui-ci ne s’efface de nouveau à la page suivante. Mal à l’aise, je joue avec mes doigts, restant en retrait pour ne pas interrompre sa découverte du travail sur lequel j’ai passé tant de temps en étant persuadée que ça lui plairait. Mais la vérité est que ça me plait certainement plus à moi qu’à lui et ce n’est qu’en le voyant découvrir ce cadeau que je réalise que je me suis peut-être trompée. Lorsqu’il parvient à la fin de l’album et s’avance pour me prendre dans ses bras, je suis bien incapable de lire dans ses yeux ce qui est en train de se passer dans sa tête et alors que mes bras entourent sa taille, je me demande encore s’il apprécie réellement ce cadeau ou s’il l’a détesté. Ses premiers mots ne me rassurent pas et je ne me peux m’empêcher d’y voir un « je ne comprends pas qu’on puisse passer autant de temps sur un truc pareil » comme sens caché. Je ne prends pas la peine de répondre de peur que le son de ma voix trahisse mon incertitude face à ses réactions que je n’ai toujours pas réussi à interpréter. Je me contente de le serrer davantage contre moi, espérant que le malaise qui s’est installé ne soit que dans ma tête tout comme ce silence qui perdure alors qu’il ne semble pas avoir l’intention de le briser et que je ne vois pas du tout comment faire de mon côté. Lorsqu’enfin il reprend la parole, je soupire presque de soulagement, sans pour autant parvenir à chasser totalement cette impression que tout ne s’est pas déroulé aussi bien que je l’avais prévu. Pourtant, ses mots me rassurent réellement et alors qu’il pose ses lèvres sur les miennes, je prolonge ce baiser comme si celui-ci pouvait suffire à redonner à l’atmosphère cet aspect purement festif du début de soirée. « Je t’aime aussi. » Je retrouve la parole à mon tour alors que mon visage s’éloigne du sien et que je me sens capable de masquer les doutes qui se sont immiscés en moi. Alfie a retrouvé le sourire à présent et je me demande si je n’ai pas rêvé les quelques minutes étranges qui viennent de s’écouler. Mon enthousiasme reprend le dessus alors qu’il m’annonce la suite des festivités et je chasse le résidu d’interrogations qui persistait à vouloir rester dans ma tête. Cette soirée est parfaite et rien ne pourrait venir la gâcher. « Tu as vraiment fait tout ça ? » Etrangement, je crois que je n’ai pas tant de peine que ça à y croire, Alfie m’a déjà prouvé à de nombreuses reprises qu’il était plein de ressources et d’imagination et je suis certaine qu’il serait capable de déplacer des montagnes s’il le souhaitait. « Cette soirée est vraiment parfaite, merci. » Et mes lèvres viennent de nouveau emprisonner les siennes alors que je profite de l’avoir rien que pour moi après cette absence qui heureusement n’était que passagère et ne sera plus qu’un lointain souvenir maintenant que sa surprise a été révélée. Désormais, je n’appréhende plus du tout ce fameux « cap des trois ans » car je suis persuadée que tant que nous sommes tous les deux, il ne peut rien nous arriver.


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