Une agréable rencontre

Sid & Harvey

Je sens une douce présence à mes côtés. Un corps chaud collé contre le mien, une caresse sur ma mâchoire et je quitte lentement le pays des rêves. Je me suis assoupi, et c'était tellement bien. Mon regard endormi croise les prunelles vives et éclatantes, aux iris d’un bleu parfait de mon bel inconnu et l’unique pensée qui me vient en tête c’est : ainsi, ce n’était donc pas un rêve. Je souris alors, je souris en l’observant simplement et ma main remonte le long de son dos pour venir effleurer sa peau avec délicatesse.

- Désolé de te réveiller, mais j’ai cru comprendre que je n’ai pas le droit de sortir non accompagné du lit. Pas que je me plaigne, hein… Je ne voudrais surtout pas me perdre.

Mon sourire se fait plus franc et un doux frisson parcourt ma colonne vertébrale à l’entente de sa voix rauque et douce à la fois. Comment ai-je réussi à attirer un aussi bel spécimen dans mon lit ? Epatant. Je m’étire légèrement et baisse le regard sur mon torse, là où je constate que ma semence a séché et, comme du ciment, a quasiment collé nos deux corps. On a fait plus glamour. La réalité rattrape toujours le rêve, en quelque sorte.

- Ok… Je murmure d’une voix endormie en me redressant légèrement. J’attrape mon téléphone, regarde l’heure pour me rassurer étant donné que j’ai tout de même volé une moto au garage cette après-midi et qu’il va falloir que je la ramène avant la fermeture. Je m’assois sur le lit en constatant que nous avons à peine le temps de prendre une douche et je troque mon téléphone contre mon paquet de clopes. J’en glisse une entre mes lèvres et jette un regard amusé vers mon vis-à-vis.

– C’est la douche qui t’intéresse hein ? J’crois que c’est une nécessité en effet. Je te ramène au garage après.

Je tire la langue, retire ma clope en me penchant vers lui pour lui voler un baiser rapide, parce que j'aime ça et que ses lèvres me manquent déjà et je me lève. Je m’étire, nu, devant ma fenêtre et baille (heureusement il y a des voilages devant, plus pour les voisins que pour moi car j’aime bien me promener dans le plus simple appareil chez moi). J’allume finalement ma clope et tend la main vers mon bel inconnu, l’attirant avec moi hors du lit. Il est si grand, si fin, si beau… Je ne peux pas m’empêcher de le dévorer du regard, encore et encore.

- Suis-moi… Je l’entraine à ma suite, main dans la sienne, douce caresse emplie de tendresse et nous pénétrons dans ma petite salle de bain, correctement aménagée. C’est drôle mais ça doit être la pièce la plus propre de la baraque. Pas qu’elle soit très ordonnée, non, mais elle offre un certain confort plaisant. J’ouvre la petite fenêtre pour ne pas enfumer la pièce et plaisante en disant - Je t’aurai bien effeuillé juste pour le plaisir, mais c’est déjà fait. Je te laisse gérer la température de l’eau.

S’en suit un moment des plus sexys. L’eau ruisselant sur son corps athlétique redessine ses muscles bien définis et il me faut beaucoup de self-control pour résister à l’envie de lui sauter dessus, encore. Ce ne serait pas raisonnable faut dire, alors je me contente de simplement laisser traîner mes mains sur son corps parfait avec délice, prolongeant ce moment autant que possible. Redoutant celui où, inévitablement, il faudra se séparer pour retrouver la solitude terrifiante du quotidien. Je suis conscient malgré tout que c’est mieux ainsi, ces petits instants de paradis ne sont intenses que parce qu’ils sont brefs. Une simple serviette nouée autour de la taille, je récupère ses vêtements éparpillés çà et là dans l’appartement, les lui amène et me pose contre le lavabo en l’observant.

- C’est pour qui la moto ? Je demande avec un petit sourire mutin sur les lèvres, sourcils arqués tandis qu’il se sèche et s’habille. J’ai bien compris qu’il n’était pas le principal intéressé par l'engin, et loin de moi l’idée de le mettre mal à l’aise, je veux juste m’assurer qu’il fasse le bon choix. Une moto c’est un sacré investissement, je n’ai pas envie qu’il se plante. Je lui dois bien ça après ces quelques heures de pur bonheur, non ?

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Une agréable rencontre

Sid & Harvey

Lorsqu’il me répond que la moto est pour sa sœur, je me sens bête. Pourquoi ai-je posé cette question vraiment trop indiscrète ? Et surtout à quelle réponse je m’attendais dans le fond ? Je voulais simplement lui faire part de mes déductions au vu de son attitude face à la moto, et comme toujours je n’ai absolument pas réfléchi avant de parler. J’aurai envie de me foutre des claques. Instantanément, je perds mon sourire, fronce les sourcils et serre mes bras contre mon torse dans une attitude de repli. Comme si la vie, la vraie, celle en-dehors de la bulle chaleureuse de volupté qui s’est créée entre nous, s’immisçait brusquement là où elle n’est finalement pas la bienvenue. Et comme si elle pouvait me faire du tort, encore.

- Elle a eu un accident et la sienne a été complètement démolie.

- Oh… C’est tout ce que j’arrive à formuler comme réaction, ne sachant pas quoi dire de plus. Je me sens minable alors, car j’ignore si je dois être réconfortant ou compréhensif. Par déduction, je me dis que s’il cherche une moto c’est que sa sœur s’en est pas trop mal sorti – la plupart des accidents de moto sont brutaux et radicaux – et ça m’enlève un peu de culpabilité face à mon manque cruel de réaction. Pas que je ne sois pas empathique, je le suis évidemment. Mais penser au fait qu’il ait une petite sœur me fait obligatoire penser à Lonnie et… Je ne peux pas. C’est trop dur et ça fait trop mal. Perdu dans mes pensées, je ne reviens à moi que lorsque son index glisse sur ma clavicule nue et qu’il me contre d’un regard rieur

- Et toi, t’es sûr que t’avais le droit de partir avec cette moto ?

Et merde ! Grillé ! Je rougis bêtement et ma main se pose sur ma nuque, gêné. Je frotte un peu mes cheveux alors qu’il éclate de rire et sort de la pièce, me laissant dans mon embarras. Néanmoins je lui en suis reconnaissant, car cette touche d’humour me permet de relativiser. Il ne m’en veut pas d’avoir posé la question, ni de lui avoir menti apparemment. Il faut dire que je n’ai pas été très honnête jusqu’à présent. Savoir qu’il ne m’en tient pas rigueur me soulage toutefois et me fait du bien. Je ne me suis pas senti aussi détendu depuis un moment. J’ai d’ailleurs encore du mal à me réveiller et à bouger. Je m’habille donc mollement avant de le rejoindre dans le salon.

- Prêt ?

Oh ces yeux bleus… A regret j’attrape le casque et hoche la tête. Toutes les bonnes choses ont une fin, c’est ce qu’on dit non ?

– Ouaip. Passe devant, je vais fermer.

Et en même temps me rincer l’œil sur ton joli petit cul qui m’a fait rêver toute l’après-midi. Je chope ma veste et mes clés avant de sortir à sa suite donc. Le contraste entre notre empressement en arrivant et notre mollesse en repartant pourrait être risible, mais je crois que ni l’un ni l’autre n’avions envie que le moment s’arrête, tout simplement. Il y avait quelque chose de magique cette après-midi, dans nos pulsions et notre recherche mutuelle de plaisir. Liberté sauvage, un peu clandestine. Arrivés devant la moto, je l’enfourche rapidement et sourit tristement en pensant que c’est peut-être notre dernier contact. Je soupire et démarre sans rien dire. A quoi bon après tout ? Je vais tout gâcher sinon.

Le trajet est relativement court et lorsque j’arrête la moto, je vois le regard furieux du patron des lieux qui menace au loin. Je vais en prendre pour mon grade, je le sens. En attendant, je descends et reprend le casque de mon inconnu. Il s’ébouriffe les cheveux, moi aussi. Mêmes gestes, mêmes regards timides et fuyants, gardiens de souvenirs plaisants qui laissent rêveurs. Et puis, l’envie prends le dessus, je n’arrive pas à le laisser simplement partir comme je le devrais. Je le retiens, égoïstement alors que je ne devrais sûrement pas lui faire ça. Mais je suis incapable de résister à cette fichue attraction.

- Tu veux mon numéro pour la moto ?

Je persiste et signe, en somme. Même si je ne devrais pas. Si je le revois, je m’engage d’une certaine façon et j’aurai beau me voiler la face, rien n’y changera. Mains dans les poches, en attente, je me tends à l’idée de me prendre un vent. Pourtant, ce serait très certainement pour le mieux, non ?

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