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 So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph

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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyMar 4 Juin 2019 - 23:04


So you better have something damn worthy to say.
Juliana & Joseph
« Mais ça évite de devoir tout expliquer. » Joseph hausse les épaules, l’air impassible. Si lui préfère ne pas parler de certains sujets trop sensibles, il comprend que tout le monde a le droit de garder ses secrets et ça vaut aussi pour Alfie. S’il ne lui a pas parlé de ce mystérieux événement qui semble avoir marqué le cœur de Juliana, c’est probablement pour une bonne raison. Peut-être n’avait-il pas envie d’inquiéter la Terre entière. Pas du tout contrarié à l’idée de se coucher ce soir sans avoir amassé la moindre information, il décide de ne pas davantage questionner la jeune femme quant à cette histoire louche qui l’effraie tant. Il s’est déjà bien assez glissé dans le couple en empruntant leur salon depuis quelques mois. Pourtant, il ne peut se retenir de lui poser une question à caractère sexuel, pour le plaisir de lui faire comprendre que ses tabous à lui sont différents. Aussitôt, Juliana s’étouffe avec sa gorgée de mojito et Joseph jurait de voir un peu de boisson s’échapper de ses narines en un brouillard d’alcool. Il éclate de rire devant ce spectacle, se repliant sur lui-même en appuyant sur ses abdos qui commencent à brûler. Quand il se retrouve seul dans le salon, il reprend sur lui en soupirant fortement, essuyant ses yeux gorgés de larmes – parce qu’il est bourré, lui aussi, même si ça ne paraît pas, et n’importe quelle émotion arrive à lui faire monter les larmes aux yeux. Profitant de sa solitude un moment, il enfonce sa main dans son sac à dos pour en sortir son téléphone qu’il zyeute quelques secondes. Pas de nouvelles de personne. Ou, alors, il n’a pas d’amis. Cette seconde hypothèse semble plus juste. Lorsque la silhouette de Juliana réapparaît dans son champ de vision, il se redresse en abandonnant à nouveau son portable dans son sac, sans prendre la peine de le refermer. La bouche étirée en un sourire victorieux, il observe la jeune femme se réinstaller sur le canapé taché de rhum – d’ailleurs, elle vient de bousiller son matelas, celle-là – et il ricane lorsqu’elle lui demande de faire attention la prochaine fois qu’il a envie de discuter de choses aussi… surprenantes. « Désolé, j’pensais que t’avais assez d’alcool dans l’sang pour pas sursauter autant ! » Sa prochaine interrogation ne l’ébranle pas d’un muscle : il s’y attendait, en fait. « Est-ce que je dois m’inquiéter pour ton intérêt soudain pour ses performances ? »  Il se pince les lèvres pour cacher ce sourire naissant qui tente de s’afficher sur son visage et il marmonne, après avoir avalé une énième gorgée de vodka : « Naaah. T’inquiète. J’veux juste m’assurer que mon meilleur pote s’est amélioré, depuis les années ! » N’ayant pas l’intention de la laisser glisser si facilement entre ses doigts, il insiste : « Verdict ? »

Une seconde fois, Joseph aborde un sujet qui se voudrait tabou pour la grande majorité des gens. En constatant que sa question à la fois sexuelle et moqueuse ne fait pas réagir Juliana de la même façon, il se redresse, les yeux surpris. Cette fois, cette intrusion dans sa vie privée ne la dérange pas et, même elle en profite pour plaisanter elle aussi, ajoutant qu’elle se brosse aussi les dents après avoir offert un cadeau intime à Alfie. Étonnamment, c’est maintenant Joseph qui se racle la gorge et qui détourne le regard à ses précisions parce qu’il vient de se rappeler pourquoi il évite de discuter de ce genre de chose. En temps normal, il supporterait ces pensées intrusives mais, le sang gorgé d’alcool, il arrive moins à les déloger de son esprit. Alors, il se secoue les puces et décide de simplement répondre par un faux rire composé de deux « ha ». C’est peut-être ce changement radical de comportement qui encourage la jeune femme à vouloir en apprendre davantage sur lui. Il lui révèle trois informations qui se veulent totalement inutiles mais elle arrive tout de même à tiquer sur l’un des sujets qu’il aurait probablement dû éviter. Ouais… Le cannabis c’est une drogue, et c’est exactement le mot qu’il faut éviter de prononcer si on ne veut pas mener la copine d’Alfie sur les traces du passé de celui-ci. Pourtant, son interrogation naïve lui arrache une grimace amusée et un rire saccadé (voir mon gif de profil pour référence). « Non, c’est pas pour ça. J’me suis pris six mois pour vente de produits illicites, cinq ans de plus parce que certains d’mes clients étaient mineurs. » En se calant dans le canapé, il ajoute : « Tu sais, le cannabis est légal dans certains pays. Si tu penses qu’un joint peut envoyer quelqu’un en taule, j’suis prêt à parier que t’es du genre à craindre la simple présence de drogue dans un périmètre de moins d’cinq mètres de toi. » Il désigne sa boisson, puis celle de Juliana, d’un signe de la tête. « Et j’veux pas t’faire peur, mais l’alcool c’est une drogue plus dangereuse que l’weed. T’as la tête qui tourne, en ce moment ? T’es légèrement nauséeuse ? Remercie ton mojito et dis-toi qu’un joint t’aurait simplement détendue. » Lassement, il hausse les épaules et pose son verre sur ses lèvres pour mettre fin à son premier argument. Certes, il craint que le sujet déraille vers un terrain plus boiteux mais, si les circonstances le permettent, il pourra simplement décider de ne plus rien dire s’il en a plus envie. Il n’est pas le prisonnier de Juliana et il espère que ce n’est pas ce qu’elle croit.        
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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyMer 5 Juin 2019 - 13:06



So you better have something damn worthy to say

@Joseph Keegan & Juliana Rhodes



Je hausse les épaules à mon tour, ne voyant pas pourquoi tout expliquer était un problème mais ne souhaitant tout de même pas me lancer dans un tel débat. J’ai toujours fait preuve de transparence, avec tout le monde et encore davantage dans ma vie de couple. Si je ne juge pas forcément utile d’extérioriser toutes mes émotions parce que certaines ne regardent que moi et n’ont pas d’impact sur la vie des gens qui m’entourent, je me vois mal dissimuler une information essentielle. En revanche, j’ai bien conscience que j’ai souvent le problème de tomber dans l’excès inverse en révélant des choses que je ne suis théoriquement pas censée évoquer. C’est un peu embêtant car ça fait de moi une fille incapable de garder un secret alors que je pense plutôt être digne de confiance, la plupart du temps. Malgré tout, même si j’ai parfaitement conscience d’avoir à travailler là-dessus, j’estime que beaucoup de gens ont tendance à user et abuser du mensonge et de la dissimulation, quitte à se mettre dans des positions inconfortables dont ils ont de mal à se sortir par la suite. J’espère sincèrement que ce n’est pas le cas d’Alfie, et encore plus pas vis-à-vis de moi, je lui ai confié toute ma vie, il pourrait presque en retracer chaque minute de cette dernière s’il le voulait, savoir que cette confiance n’est pas réciproque me ferait mal au cœur. Cependant, j’ai conscience qu’avec son attitude bizarre de ces derniers jours et l’arrivée de Joseph dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, mes espoirs commencent à s’amenuiser beaucoup trop rapidement, mais tant qu’ils existeront, je m’y raccrocherais, préférant largement conserver une pensée positive en toutes circonstances. J’aurais aimé que Joseph me confirme ou m’infirme les doutes que j’ai pu émettre, mais j’ai cru comprendre qu’il avait l’intention de faire preuve d’une loyauté sans faille et j’aurais aimé qu’il ne possède pas cette qualité qui ne me rend pas service.

Ne pas arriver à mes fins est un peu frustrant, mais voir la conversation dévier sur un sujet intime que j’aurais préféré ne pas avoir à évoquer l’est deux fois plus. Ma réaction fait mourir de rire Joseph qui ne parvient à se calmer qu’après mon départ dans la cuisine destiné à m’empêcher de mourir dans les prochaines minutes, faute de réussir à respirer entre deux quintes de toux. « Je crois que j’aurais sursauté même si j’avais été dans le coma. » Je précise avec un léger sourire facile à retrouver une fois le choc passé. J’ai pris bien soin de m’assoir à côté des taches de rhum effectuées précédemment et j’essaie d’ignorer l’appel silencieux du canapé qui me supplie d’aller chercher un quelconque détachant pour lui redonner une apparence impeccable. Je ne tiens pas à imposer mes névroses à Joseph durant l’unique soirée que nous partageons en tête-à-tête depuis qu’il a emménagé. J’ignore s’il est réellement sérieux en prétendant vouloir connaitre les améliorations de son pote dans ce domaine durant les quelques années qui se sont écoulées, mais je ne compte évidemment pas lui poser la question, je crois qu’Alfie m’a déjà dit tout ce qu’il y avait à savoir sur le sujet et je me sentirais bien trop intrusive en essayant de m’informer auprès d’une tierce personne. C’est assez ironique sachant que je suis là pour déterrer un passé enfoui, mais c’est une limite que je ne suis pas prête à franchir. Quoi que j’aurais sûrement dû renchérir pour éviter de laisser le temps à Joseph de revenir à la charge, toujours désireux d’en savoir plus sur notre intimité que je ne compte absolument pas aborder avec lui. La réponse à apporter est pourtant très simple à donner, je n’ai pas besoin de réfléchir pour la trouver tant elle est évidente. J’estime simplement que ça ne le regarde pas. « Tu devrais peut-être lui poser la question, si ce sont ses progrès que tu veux juger, à mon avis il est le seul capable de te répondre. » Lâche l’affaire, merci.

Il a réussi à me mettre mal-à-l’aise une fois et je m’efforce de ne pas me laisser atteindre de la même façon lorsque le sujet de nos relations intimes sont une fois de plus sous le feu des projecteurs. Il semble adorer l’idée de sortir des sentiers battus pour provoquer un malaise ou une gêne chez son interlocuteur. Mais cette fois, je suis prête et je ne me laisse pas démonter, entrant même dans son jeu avec une facilité qui me surprend. Cette fois, c’est à lui d’être gêné et son malaise m’arrache un sourire satisfait. Tu t’es fait prendre à ton propre jeu, Joseph. Je ne sais pas pourquoi cet instant me semble très bien choisi pour me montrer de nouveau intrusive, préférant largement parler de sa vie à lui plutôt que de la mienne et cherchant surtout à savoir ce qui l’a conduit ici. Un dealer. Joseph était donc un dealer et il avait des clients mineurs. Je devrais être dégoûtée, je pense, mais je ne le suis pas vraiment, je crois que je préfère savoir qu’il a été ce genre d’individu plutôt que de m’imaginer que nous hébergeons actuellement un ancien criminel. Je ne sais pas pourquoi il se sent obligé de se justifier et de m’attaquer gratuitement pour la naïveté évidente dont je fais preuve quand il s’agit de ce monde que je ne maitrise pas. « Et est-ce que j’ai vraiment quelque chose à craindre ? » Je demande, rebondissant sur ses paroles pour tâcher de savoir à quel point il a renoncé à cette ancienne vie. Il n’a pas tort, je n’ai nullement l’intention d’accepter joyeusement un individu qui se drogue, dans mon appartement. Il me nargue en plus, comparant l’énième verre que je viens d’avaler aux substances qu’il revendait aux infants incapables de faire preuve de la lucidité nécessaire pour échapper à tout ça avant qu’il ne soit trop tard. « Si un joint n’avait que des vertus thérapeutique, j’imagine qu’il ne serait pas autant remis en cause. » La vérité, c’est que je n’ai jamais touché à ces trucs-là, j’ignore donc tout des sensations que ça procure et je crois que je préfère continuer à les ignorer. « Alfie était au courant ? » J’imagine que s’ils étaient proches, son petit trafic ne devait pas passer inaperçu. Est-ce qu’il a essayé de lui faire la leçon ? Je sais qu’il a eu une adolescence compliquée, peut-être que remettre ses amis sur le droit chemin ne faisait pas partie de ses priorités, à l’époque. J’ai quand même beaucoup de mal à l’imaginer fréquenter quelqu’un tel que Joseph, ça me parait surréaliste.


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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyMer 5 Juin 2019 - 16:31


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Juliana & Joseph
Joseph mentirait s’il disait ne pas sentir l’alcool bouillir dans ses veines. Avec les années et l’expérience, il a appris à cacher son état de sobriété mais la boisson agit tout de même sous sa peau et dans sa tête. Justement, il commence progressivement à sentir ses yeux dévier dans des directions non calculées parce que, lorsqu’il est sous l’influence de l’alcool, il devient tout à coup curieux de chaque détail. Pour la première fois, il se met réellement à examiner les traits de Juliana, sa peau pâle mais à l’allure douce, ses lèvres généreusement tintées de rose, ses deux yeux sculptés en amande et joliment rehaussés par du maquillage noir, probablement du mascara – c’est que Jo il ne connait pas vraiment le monde de la mode féminine. Sans qu’il ne le remarque, son regard descend dangereusement vers sa poitrine, mais c’est parce qu’il examine sa tenue : une robe bleue, ou noire, difficile à dire avec l’éclairage, qu’elle avait probablement enfilée pour sortir à l’extérieur. Justement, il se demande où elle avait l’intention d’aller, ce soir. Ses plans sont probablement ruinés parce qu’elle et lui discutent depuis presque une heure déjà. En buvant une gorgée de vodka, il redresse finalement la tête pour croiser son regard avec le sien tandis qu’elle précise que, même inconsciente, sa question intime l’aurait surprise. Il sourit légèrement en haussant un sourcil, comprenant que la question de la sexualité n’est pas à aborder avec elle. Il faut dire qu’il n’a pas l’habitude de côtoyer des gens si discrets et que ça lui prendra probablement plusieurs vies pour s’habituer à discuter avec des personnes aussi… normales. En remarquant que Juliana évite les taches récentes de mojito sur le canapé, il ne peut s’empêcher de penser que, lui, il devra même se coucher sur ce dégât qu’il a indirectement provoqué. Mais, ça ne le dérange pas : il est habitué à bien pire comme inconfort. « Tu devrais peut-être lui poser la question, si ce sont ses progrès que tu veux juger, à mon avis il est le seul capable de te répondre. »  C’est bon, il a compris. Elle ne va rien lui révéler de farfelu. Il aurait bien aimé entendre une anecdote comique ou un fait divers intéressant mais ce n’est pas Juliana qui va lui servir de tels cadeaux dans un plateau d’argent. N’importe qui le comprendrait : elle et lui ne sont pas assez proches pour qu’elle s’ouvre sur son intimité.

Devant le manque de compétence de sa compagnie vis-à-vis du monde louche de la drogue, Joseph ne peut contenir un rire. Certes, peu de gens pourraient partager son opinion quant au cannabis mais il continuera de penser que cette herbe est moins dangereuse que l’alcool jusqu’à ce que la mort l’emporte. Il a fait bien plus de conneries sous l’influence de l’alcool, cette drogue légale qui transforme n’importe qui en bête de cirque, même le plus timide des hommes.  « Et est-ce que j’ai vraiment quelque chose à craindre ? » Le regard de Joseph se décompose mais il arrive de justesse à cacher cet inconfort en posant son verre à ses lèvres, fermant les paupières un moment, pour méditer sur la réponse à donner. S’il avait le courage d’être honnête et d’admettre sa faiblesse, il le crierait haut et fort : la cocaïne lui a volé sa vie. Elle l’a transformé en un homme qu’il n’est pas : un addict, un dépendant, un menteur… Mais, pour lui, ce n’est pas si simple. La poudre blanche, il l’adore comme il la déteste. Il adore ses effets qui lui font oublier un moment qu’il a bousillé ses chances de devenir mieux qu’un fantôme de Brisbane, mais il la déteste lorsque le jour revient et lui rappelle que sa délivrance est aussi son poison. Il s’est coincé dans une boucle avec laquelle il ne peut se battre. « Si tu n’y touches pas… Non…  » Il contemple la noirceur, derrière ses paupières closes, le temps d’avaler quelques lampées de vodka puis il fait de nouveau face à Juliana, le visage plus refermé qu’avant. D’un simple pincement de lèvres, il lui fait savoir qu’elle ferait mieux de rebrousser chemin, parce qu’il se détesterait de parler davantage de cet ennemi qu’il a accueilli dans sa vie. Et qu’Alfie lui a présenté. Ses prochains propos entrent par une de ses oreilles et ressortent par l’autre. Il n’y fait pas attention parce qu’il n’a pas envie de débattre. Il sait très bien que n’importe quelle drogue est à éviter, que seule l’adrénaline devrait nourrir le cerveau de joie et de bien-être. « Alfie était au courant ? »  Son nom résonne dans sa tête et il se secoue les puces pour se débarrasser de cet écho. La mâchoire serrée, il porte son verre à ses lèvres mais il se rend rapidement compte qu’il est vide. Il tend alors la main vers la bouteille et constate qu’elle aussi ne contient plus une seule goutte de nectar de l’oubli. Alors il lance un juron discret qui se perd dans sa barbe courte et il repose son verre sur la table basse, le faisant claquer contre le bois. « Non. Personne était au courant. » Parce qu’il n’est pas un simple dealer. Il faisait partie d’un gang, là où n’importe quelle promesse brisée punit fatalement un homme. Incapable de contenir son inconfort, il lance, sur un ton presque agressif : « Tu n’allais pas quelque part, toi ? Tu pourrais p’t’être me laisser respirer un peu, non ? J’m’attendais pas à subir un putain d’interrogatoire même une fois ma peine terminée. »
     
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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyMer 5 Juin 2019 - 17:16



So you better have something damn worthy to say

@Joseph Keegan & Juliana Rhodes



De mon intimité, nous passons à celle de Joseph, abordant le sujet de la drogue que je ne maitrise pas du tout parce que je ne m’y suis jamais vraiment intéressée et que je n’ai jamais été confrontée à elle. Bien sûr, j’en ai entendu parler, ne serait-ce que durant les campagnes de sensibilisation dispensées durant ma scolarité, mais je sais que j’ai eu de la chance d’échapper à cet univers de perdition dans lequel plongent de nombreux jeunes qui recherchent la reconnaissance et l’oubli d’un quotidien morose par tous les moyens. Est-ce que Joseph faisait parti de ces jeunes aux problèmes trop grands pour être surmontés sans un peu d’aide ? Est-ce que c’est ce qu’il prétend en parlant des joints supposés n’apporter rien d’autre qu’une détente ? Je ne suis pas d’accord avec sa façon de voir les choses, mais je sais que c’est parce que j’ai eu une vie facile, sans problème, sans complication. Si la mort de mon père a été douloureuse, elle ne m’a pas accablée, au contraire, elle m’a poussée à être plus forte, plus adulte, plus mature, du haut de mes onze ans, j’ai eu des responsabilités bien plus importantes que n’importe quelle enfant de mon âge. J’ai fait un bon en avant de quelques années, évitant les périodes de doutes, de frustrations, de déception pour passer directement à l’âge où les responsabilités obligent à garder la tête sur les épaules et une ligne de conduite irréprochable. C’est sûrement pour ça qu’il m’estime trop droite, trop chiante, trop sage aussi, contrairement à d’autres gens, je n’ai pas d’anecdote croustillante à raconter lorsqu’on évoque les bêtises de jeune de seize ans trop stupides pour avoir conscience du danger. Peut-être que je suis passée à côté de quelque chose, peut-être pas, mais une chose est sûre, je n’ai aucun regret. J’ai pris soin de ma famille quand ma propre mère n’en était plus capable et ça m’a préservé des dérives dans lesquelles sont tombés bon nombre de mes camarades. Il peut prétendre autant qu’il veut que la drogue n’est pas si nocive que ça, en s’appuyant sur le fait qu’elle n’est pas illégale dans tous les pays ou que ses effets sont moins lourds que ceux de l’alcool, mais il n’arrivera jamais à me convaincre. La drogue fait des ravages parmi les gens, en les rendant faibles, dépendants, incapables de penser par eux-mêmes sans être défoncés. Au départ, c’est peut-être un plaisir, mais par la suite, ce n’est rien de plus qu’une addiction qui finit par prendre tellement de place que tous les individus qui la subissent perdent progressivement leurs capacités intellectuelles. Et dire qu’il a attiré des mineurs dans toute cette merde, je n’arrive pas à croire comment il peut prétendre que ce n’est pas si mal que ça. Si j’ai été rassurée d’apprendre qu’il n’a tué quelqu’un, je commence à me demander si tuer quelqu’un d’un simple coup de feu ou alors fournir une substance qui aura un certain pourcentage de chances d’être fatal pour la personne qui se laisse avoir n’est pas un peu similaire, finalement. Je crois que l’alcool me monte à la tête, je ne devrais pas penser une telle chose de l’ami d’Alfie. Il lui fait confiance, c’est quelqu’un de bien.

J’essaye vraiment de croire en lui, de lui accorder le bénéfice du doute, de voir en lui le garçon génial qu’Alfie doit sûrement connaitre parce qu’il ne l’aurait jamais accueilli sous notre toit si ce n’était pas le cas. Malgré tout, je n’y parviens pas et le fait qu’il me dise que je n’ai rien à craindre seulement si je n’y touche pas n’arrange rien. « Tu prétends que ce n’est pas une substance aussi nocive qu’on le dit mais tu me conseilles de ne pas y toucher ? » Je lui fais remarquer, sourcils froncés, mon verre pas tout à fait vide désormais posé sur la table basse sans que je prenne la peine d’y toucher. La conversation prend une tournure trop sérieuse, pour la première fois depuis que j’ai posé mes fesses sur ce canapé en prétendant vouloir apprendre à le connaitre. « C’est un peu contradictoire. » Je me demande qui est vraiment Joseph, finalement. Nous discutons depuis plus d’une heure désormais et j’ai l’impression de le connaitre toujours aussi mal, de ne pas savoir qui j’ai réellement en face de moi et de ne pas être capable de l’analyser ou de le comprendre. C’est déstabilisant et ça ne me rassure pas du tout quant à ce qu’il pourrait dire ou faire. Je me demande également quel est réellement le lien qu’il entretient avec Alfie, d’où sort cette amitié qui semble si forte alors qu’ils sont si différents. Trop de détails me dérangent dans cette histoire. Ils ont l’air très proches et pourtant mon petit-ami n’a vraisemblablement pas jugé bon d’aller lui rendre visite alors qu’il était incarcéré. Au lieu de l’informer de sa sortie de prison, Joseph a d’abord vadrouillé pendant quelques mois avant de poser ses valises chez nous. Il ignorait mon existence ce qui signifie sans doute qu’ils ne se sont pas non plus écrit et n’ont eu d’ailleurs aucun échange durant toute cette période. J’ai l’impression d’avoir devant moins des dizaines de pièces de puzzle que j’essaie d’assembler désespérément alors qu’elles proviennent en fait de puzzles différents et ne sont pas du tout faites pour s’emboiter. Evidemment, je ne m’arrête pas là, je pose encore des questions, je le pousse un peu plus, et je le vois se fermer doucement, prendre une attitude plus sérieuse, perdre son sourire et laisser tomber toute trace d’humour. Lorsqu’il nie avoir informé Alfie de son activité, j’ignore si je dois vraiment le croire, il a l’air sincère mais son changement de comportement m’indique que j’ai enfin mis le doigt sur une vérité que je ne suis pas censée connaitre. Il me rejette, sans le moindre scrupule, repoussant ma tentative avec une délicatesse inexistante. « Je ne te laisse pas respirer, vraiment ? » Je rétorque, sans avoir bougé d’un millimètre, contrairement à ce qu’il m’a demandé. « Ca fait des jours que tu es là, tu me fuis, tu ne me regardes pas, tu ne me parles pas, tu te comportes comme si j’étais transparente et je ne t’ai jamais fait la moindre remarque à ce sujet, mais parce que c’est moi qui aborde un de tes tabous, je deviens tout de suite trop envahissante, c’est ça ? » Arrête Jules, ne fais pas ça, Alfie va t’en vouloir. Trop tard pour faire marche arrière, à présent, ce qui est dit ne peut pas être retiré. « Tu sais, poser des questions et répondre à celles que l’on te pose, ça ne s’appelle pas un interrogatoire, ça s’appelle avoir une conversation.  » Je continue, désireuse de lui faire comprendre qu’envoyer chier les gens n’est pas forcément la meilleure attitude à adopter lorsqu’on n’apprécie pas le sujet qui vient d’être abordé.


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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyMer 5 Juin 2019 - 18:18


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Juliana & Joseph

Joseph donnerait beaucoup pour arriver à garder son masque, celui qu’il porte tout le temps lorsque quelqu’un essaye de s’immiscer dans sa vie privée, mais les circonstances font en sorte que la discussion qu’il entretient avec Juliana devient de plus en plus dangereuse. Ses actions et ses réflexions étant guidées par l’alcool, il dresse le dos, sentant qu’il est sur la défensive pour la première fois avec cette jeune femme qui aurait mieux fait de simplement l’ignorer. Il y avait bien une raison derrière l’attitude qu’affichait Joseph en son égard à chaque fois qu’elle croisait son regard. Il savait qu’elle et lui ne partageaient pas le même terrain et que leurs valeurs s’opposeraient. S’il a préféré jouer le jeu de la transparence chez le couple, c’était bien pour éviter ce genre de situation : celle dans laquelle il sent ses muscles se serrer à un tel point que ses membres s’engourdissent. Maintenant totalement seul, la bouteille de vodka l’aillant abandonné avec lui-même, Joseph commence à sentir les désagréables tremblements dans ses doigts, ceux qui l’alertent que, s’il continue dans cette lancée, il entrera en éruption comme l’a fait le Vésuve dans le passé, détruisant l’entièreté d’un village. Dans le cas présent, Pompei est représenté par le couple que forment Alfie et Juliana. Si son meilleur ami avait accepté de lui offrir son canapé en guise de matelas, c’était bien parce qu’il lui avait fait promettre de ne jamais évoquer son passé louche, celui qu’il cache à sa copine pour une bonne raison. Et, en sachant qu’il soutient le poids de cette promesse sur son dos, Joseph se sent de plus en plus fragile, comme un vase fissuré près à basculer sur le plancher. Et, le fait que Juliana s’approche de plus en plus du cœur du sujet à éviter, ça lui hérisse le poil. « Tu prétends que ce n’est pas une substance aussi nocive qu’on le dit mais tu me conseilles de ne pas y toucher ? C’est un peu contradictoire. » Cette fois, pour éviter de laisser la colère qui naît en lui prendre le contrôle sur ses actions, il inspire profondément et il hausse les épaules, les poings de plus en plus serrés. Maintenant que le sujet de la drogue a été officiellement abordé, il ne peut plus s’empêcher d’y penser. L’image de la poudre blanche est plaquée dans le fond de son crâne et, il a beau se frotter les yeux, se masser les tempes, il ne peut plus s’en débarrasser. Et dire qu’il n’aurait qu’à tendre la main vers son sac pour s’offrir une dose empoisonnée. « Si tu n’te fiches pas complètement de moi, t’arrêterais de parler de ça. » Accompagnant ses paroles, sa main droite vient machinalement se serrer autour de son avant-bras, là où il enfonce ses ongles pour imiter la sensation de l’aiguille à l’endroit où il la glisse habituellement : la seule méthode qu’il a trouvée au fil des années pour calmer cette stupide pulsion qui l’accompagne depuis qu’il n’a que vingt ans. Malheureusement pour Juliana, ses questions commencent à bousculer Joseph, à l’étouffer, et il ne peut s’empêcher de lever le ton et de lui faire savoir qu’il n’a plus envie de « discuter » avec elle, comme elle le dit. Elle arrive toutefois à garder un certain calme dérangeant qui fait grimacer le garçon. Il l’observe de ses deux yeux noirs tandis qu’elle continue de lui faire savoir qu’elle n’a pas l’intention de le laisser à lui-même. « Tu sais, poser des questions et répondre à celles que l’on te pose, ça ne s’appelle pas un interrogatoire, ça s’appelle avoir une conversation. »  Un autre juron s’échappe de ses lèvres et il détourne les yeux en glissant ses doigts dans ses cheveux pour poser son front contre sa paume. « Si t’avais réellement envie d’avoir une conversation avec moi, t’arrêterais de n’regarder que la surface. Tu fais exactement comme tous les autres. » Non pas qu’il aimerait parler de ce qu’il ressent réellement au fond de lui, seigneur, non. Il en a simplement marre de se faire regarder comme un sujet de thèse, une idée de documentaire. « Alfie m’a prévenu que t’essayerais de dérober quelques informations en m’interrogeant. Je sais très bien que ce n’est pas moi qui t’intéresse, mais bien ce que je sais sur lui. Si t’as un problème avec Ali, ne m’inclue pas dans vos petites histoires. Tout c’que j’te demande, c’est de continuer à m’éviter parce que oui, t’as raison de le penser, j’suis pas quelqu’un que t’as envie d’connaître. »  

     
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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyJeu 6 Juin 2019 - 17:19



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@Joseph Keegan & Juliana Rhodes



La conversation dérape et je ne sais pas si c’est l’alcool qui m’empêche de me rendre compte du danger ou si je n’ai tout simplement pas envie de le voir, préférant pousser Joseph vers les limites qu’il n’a pas manqué d’ériger dès le début de notre conversation. Je me sens horrible de faire ça, de le pousser à se confier sur son passé, la vie qu’il a vécu avant d’atterrir sur le canapé de notre salon. Je me doute que se remémorer les actes qui l’ont conduit en prison ne doit pas être facile à vivre et je suis la seule responsable de ce qu’il est en train de s’infliger. Je n’ai pas l’habitude de me comporter comme ça d’habitude. Je suis la fille tolérante, celle qui essaierait de prouver l’innocence d’un homme que tout accuse, celle qui essaierait de trouver au moins une qualité parmi la masse de défaut d’un individu, celle qui essaierait de voir le positif dans une situation qui n’a pourtant rien d’enthousiasmant. Avec Joseph, je suis différente, je le juge, je n’arrive pas à l’apprécier et le fait qu’il soit constamment sur la défensive avec moi ne m’aide nullement à l’apprécier. Il me met en garde une fois de plus, et cette fois, enfin, je l’écoute, parce qu’il ne me laisse pas vraiment le choix. J’ignore si ses paroles me font l’effet d’une menace ou plutôt d’une supplication mais son attitude a complètement changé en un court laps de temps. Il a l’air soudainement fragile et dépassé par les événements, je crois même que je pourrais le trouver attendrissant malgré les sentiments négatifs qui m’animent à son égard. Sauf que ce n’est pas vraiment le cas, parce que ma curiosité est loin d’être assouvie et que, pour la première fois depuis que je lui ai proposé cette soirée improvisée, j’ai l’impression de m’approcher du but, de toucher enfin le sujet sensible que j’attends depuis le début, celui dont tout le monde a voulu me préserver tout en le laissant planer au-dessus de ma tête. J’ai vécu dans l’ignorance pendant assez longtemps, maintenant, j’ai tenté de me persuader que je me faisais des idées, j’ai même réussi d’ailleurs lorsqu’Alfie m’a organisée cette fabuleuse soirée d’anniversaire, ça paraissait tellement beau, tellement utopique, il ne m’en a pas fallu plus pour justifier son attitude étrange des quelques jours qui avaient précédé. Lorsqu’il s’est remis à se comporter bizarrement après la soirée, j’ai laissé couler, je lui ai trouvé toutes les excuses du monde, je n’avais aucun mal à croire qu’il pouvait avoir trop de travail et besoin de décompresser loin de la maison. Mais maintenant, alors que sa manière d’agir commence vraiment à me peser, je crois que je commence à réaliser que le problème que je refusais de voir est peut-être plus important encore que ce que je pouvais imaginer. Malgré tout, j’ai également conscience que je ne peux pas me fier à mon instinct car celui-ci peut parfaitement me tromper, Alfie ne s’est jamais comporté comme ça avec moi par le passé, raison pour laquelle son attitude est si difficile à analyser.

En voulant à tout prix éclaircir les choses, je finis inévitablement par provoquer la colère de Joseph et cette dernière m’atteint de plein fouet parce que je ne la trouve pas spécialement justifiée. Il prétend que je ne cherche pas à voir plus que la surface et je ne peux pas lui donner raison sur ce point. La surface, je ne la connais même pas en réalité, parce qu’il ne lâche rien, il veut se préserver. De quoi ? Je l’ignore, mais il a dressé autour de lui des barrières infranchissables qui le rendent totalement inaccessible au commun des mortels. « Et si tu avais envie que je regarde autre chose que la surface, tu accepterais que j’ai une conversation avec toi. » Je rétorque, les nerfs à vif à mon tour, mon ton est un peu trop sec et mon sourire s’est effacé pour de bon, cette fois. « Tu te plains d’une situation que tu as toi-même provoqué, tu ne peux pas demander aux autres de s’intéresser à toi alors que tu fais tout pour que ça ne soit pas le cas. » Je ne peux pas prétendre connaitre Joseph, en effet, il n’a pas tort sur ce point-là, mais si c’est le cas, c’est parce qu’il s’est assuré que ça n’arrive pas. Nous cohabitons depuis des jours, nous aurions pu apprendre à nous connaitre et pourtant, aujourd’hui, nous sommes encore deux parfaits étrangers partageant pourtant le même toit. Je me croyais prête à défendre mes opinions, à contredire tous les propos qu’il pourrait employer pour défendre cette attitude que je ne cautionne pas, mais les révélations qu’il me fait me coupent dans mon élan, me laissant interloquée et plus perdue que je ne l’ai jamais été. « Il a vraiment dit ça ? » Je suis sous le choc, j’en oublie même de rester en colère tant je me sens désarmée face à une telle révélation. Même dans mes cauchemars, je n’envisage pas du tout qu’Alfie ait pu dire à Joseph de faire attention à moi, c’est impossible, pas lui, il n’a pas pu faire ça. « Il t’a mis en garde contre moi ? » J’ajoute, comme ultime demande de confirmation d’une réalité à laquelle je ne peux pas croire mais dont la véracité me parait pourtant évidente. Joseph s’est laissé emporter par sa colère, il a voulu me remettre à ma place et ses mots ont sans doute dépassé ses pensées, m’en disant bien plus que tout ce qu’il aurait bien voulu me révéler. « C’est pour ça que tu me fuis. » Je reprends de nouveau, sous forme d’affirmation et non de question, cette fois, parce que finalement, le comportement de Joseph commence à faire sens, finalement. Les pièces de ce puzzle impossible s’emboitent déjà un peu mieux mais je ne suis pas sûre d’avoir envie de le terminer finalement. J’entends presque la voix d’Alfie prévenant Joseph des risques qu’il prend en me parlant et ça me rend malade.


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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyVen 7 Juin 2019 - 13:07


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Le cœur de Joseph tambourine de plus en plus rapidement dans sa poitrine plus il se rend compte qu’il aura à faire un dilemme dans les prochaines minutes. La pression que lui inflige Juliana commence à lui faire perdre son souffle, mais, s’il décide de quitter l’appartement pour la soirée, il ne reviendra pas passer la nuit sous son toit. Sa première option serait de se rendre chez Raelyn mais il sait très bien que cette décision lui coûterait un regret : en la présence de cette femme, il perd complètement le contrôle de son propre corps. Sa raison disparaît en un nuage de poussière jusqu’à ce qu’il se réveille le lendemain matin, assiégé d’une migraine vive, la gorge asséchée comme le plus chaud des déserts et les membres endoloris comme s’il avait joint une équipe de football la veille. Il pourrait poser son dévolu sur Deborah mais il n’en aurait pas le courage : il est déjà bourré et l’envie de s’envoyer en l’air plane dans sa tête depuis qu’il s’est imaginé la sensation libératrice de l’aiguille sous la surface de sa peau. La plus simple des solutions serait que l’ex-taulard arrive à calmer sa colère brûlante, celle qui le pousse depuis déjà plusieurs fois à employer un ton hautain, voire méprisant en l’égard de la copine de son meilleur ami. Mais, cette dernière entre aussi dans le petit jeu et ses mots sont soudainement plus vifs qu’ils ne l’ont jamais été. Il faut croire qu’elle n’est pas la plus sage des femmes, finalement. « Et si tu avais envie que je regarde autre chose que la surface, tu accepterais que j’ai une conversation avec toi. » Elle marque un point. Mais Joseph n’est pas véritablement une tortue : il ne se protège pas autant derrière sa carapace lorsqu’il n’y a pas une promesse derrière l’histoire. Cette Juliana semble une femme intéressante, instruite et enthousiaste qui pourrait facilement emporter l’homme dans ses paroles. Tous les deux partagent une passion pour les univers qui se renferment entre les pages d’un livre, pourtant, Joseph ne peut s’ouvrir à elle, comme s’il était un roman cadenassé. Il empêche la jeune femme de tourner les pages parce qu’il craint qu’elle puisse lire à travers les lignes : Alfie n’est pas innocent dans l’histoire. « Tu te plains d’une situation que tu as toi-même provoqué, tu ne peux pas demander aux autres de s’intéresser à toi alors que tu fais tout pour que ça ne soit pas le cas. » Ses doigts sont serrés autour de son avant-bras : il ne sent même plus la douleur que lui prodigue ses ongles enfoncés dans sa chair. Elle s’est effacée comme si ses pensées étaient bien trop occupées à diriger les émotions de celui qui commence à bouillir de l’intérieur. Une mince couche de sueur s’accumule sur son front, par-dessous les quelques mèches de cheveux qu’il n’a pas ramené vers l’arrière depuis que son corps entier se bat contre l’envie de partir, dans tous les sens du terme. Ses yeux ancrés dans ceux de Juliana, il s’accroche à elle comme il s’accroche à une bouée, pour éviter la noyade. « La ferme. » C’est tout ce qu’il arrive à dire. Il aimerait tout balancer : hurler sa haine envers cette promesse qu’il a fait, celle qui l’empêche de se libérer ce soir. Malgré sa retenue, il n’arrive pas à contenir une information primordiale qui se glisse hors de ses lèvres. T’as merdé, Joseph. Maintenant, elle sait qu’Alfie est derrière tout ça. « Il a vraiment dit ça ? »  Le visage du garçon se décompose tandis qu’il comprend qu’il vient de faire une énorme erreur. Il se secoue les puces, bousculé par le ton tout à coup plus doux de Juliana, comme si cette révélation l’avait frappé en plein dans le nez. « Il t’a mis en garde contre moi ? »  De manière machinale, sa tête s’est mise à basculer de droite à gauche, comme s’il tentait de retourner en arrière, de lui faire oublier cette information qu’il vient de donner. « Non… Non… C’pas ça. C’est… Il m’a dit… » Elle en ajoute une couche. « C’est pour ça que tu me fuis. » La mâchoire serrée, il détourne vivement le regard pour fixer le sol et il vient se frotter les yeux pour se débarrasser des hallucinations visuelles qui traversent sa pupille depuis que ses yeux se sont couverts d’un voile d’eau saline. Il ne peut pas trahir Alfie, il ne peut pas se rabaisser au rang du pire des amis. Ses lèvres s’entrouvrent et un mince soupir de retenue s’en échappe. Il replonge son regard dans celui de Juliana, impassible. Une idée vient de grimper jusqu’à sa cervelle. Une idée qui pourrira l’image que la jeune femme a de lui, même s’il ne vole déjà pas bien haut dans son échelle de l’appréciation. « J’te fuis parce que j’ai déjà fait assez d’mal à Ali. S’il m’a mis en garde contre toi, c’est parce qu’il est trop bienveillant : il ne veut pas qu’tu saches que j’vaux rien. » Il avale de travers et se mord le bout de la langue pour se punir d’avoir cette mauvaise idée. « J’l’ai déjà drogué, contre son gré. » De fausses images s’affichent dans le fond de sa tête, pour l’aider à raconter cette histoire qui n’a jamais eu lieu. « Il était bourré, j’ai mis un truc dans un de ses verres pour… » Et il repense à cette nuit-là, quand il a rencontré un jeune homme homosexuel prénommé Gabriel, quand il a vu son agresseur lui serrer le poignet pour le trainer de force là où personne ne les verrait. Le visage de Gabriel se transforme en celui d’Alfie, puis celui de l’agresseur se transforme en celui de Joseph. Les yeux vides, comme si l’ex-taulard était en train de rêver, il termine, dans un souffle : « Pour le violer. » Eh. Merde. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour protéger la dignité de celui qui a un cœur assez grand pour l’accueillir ?                  

     
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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyLun 10 Juin 2019 - 10:22



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Je ne sais pas vraiment ce que je suis en train de faire, je crois que j’essaie réellement de comprendre Joseph et sa manière de fonctionner mais lorsque je m’entends parler, j’ai plus l’impression d’être ce genre de personne qui juge sans connaitre. Je n’ai pas envie de tomber dans ce travers, j’ai toujours essayé de faire preuve de tolérance et en l’occurrence, il s’agit d’un ami d’enfance d’Alfie pour qui ce dernier éprouve beaucoup de respect et d’affection, ça devrait me suffire pour avoir une bonne opinion du jeune homme. Malgré tout, sa carapace que je n’arrive ni à franchir ni à contourner tout comme ses reproches sur mon incapacité à voir plus loin que ce qu’il veut bien montrer commencent à m’irriter plus que je ne le voudrais, c’est sans doute pour ça que je me défends d’une manière que j’aurais peut-être dû éviter d’employer, pointant du doigt ses erreurs alors que je ne me serais jamais permis une chose pareille en temps normal. J’aimerais mettre tout ça sur le dos de l’alcool, me dire que c’est parce que j’ai bu que je perds le contrôle et me permets de balancer ce que je pense être des vérités sans m’assurer que la personne en face est apte à les recevoir. Je ne remarque qu’après avoir terminé ma tirade la main crispé de Joseph sur son avant-bras et même si je détourne le regard, je comprends sans peine qu’il essaye tant bien que mal de contenir la colère qu’il éprouve à mon égard et sa réponse bien que difficile à encaissée semble presque justifiée parce que je n’avais pas le droit de lui dire tout ça, je ne peux pas me permettre de faire la leçon à une personne qui ne fait pas partie de mes proches sous prétexte qu’il est dans mon appartement. J’ai été vraiment nulle sur ce coup-là d’autant plus que je sais pertinemment que ce sont pour les mauvaises raison que j’ai décidé de venir lui proposer de boire un coup ce soir. « Je suis désolée. » Désolée de m’être comportée comme une moralisatrice ? Désolée de passer pour une connasse intolérante ? Désolée de faire comme si j’avais toujours raison ? Je l’ignore mais pourtant mes excuses sont sincères, je n’ai jamais voulu le pousser dans ses retranchements et je suis évidemment navrée qu’il puisse avoir une telle perception de moi alors que je n’agis pas du tout de cette façon en temps normal. Ça m’apprendra à vouloir tirer les vers du nez d’un garçon que je ne connais à peine au lieu de tout simplement aller poser les questions qui me trottent dans la tête à mon petit-ami qui est certainement le plus apte à répondre à mes interrogations. Le pire, c’est que non seulement j’ai été horrible avec Joseph, mais en plus je n’ai rien appris du tout, j’aurais donc vraiment perdu mon temps ce soir et en plus j’ai vraiment honte de l’avoir provoqué de cette façon alors qu’il ne l’avait pas mérité.

En tout cas, je pensais n’avoir rien appris jusqu’à ce que Joseph laisse échapper une information qui me semble capitale sous le coup de la colère, m’avertissant de la précédente mise en garde d’Alfie contre ma curiosité. Je suis blessée, évidemment, énormément blessée parce que je pensais qu’il me faisait assez confiance pour ne pas avoir à prévenir ses amis que mes questions risquaient de les indisposer mais surtout parce qu’il n’aurait sûrement pas eu besoin de dire une telle chose à Joseph s’il n’avait rien à cacher. Malgré tout, j’ai bien conscience que je suis en train de prouver à Alfie qu’il avait raison, au final, en faisant exactement ce contre quoi il a mis son ami en garde. Je suis là, à l’interroger telle une inspectrice de police en face d’un criminel, essayant de lui soutirer des informations qui ne lui appartiennent pas vraiment. Il va sûrement être déçu de moi autant que je suis déçue de lui ce soir et le bégayement de Joseph qui tente de contredire ses propos précédents ne suffit pas à me rassurer, loin de là, il sent tout simplement qu’il a merdé. Je me contente de hausser les épaules, lui faisant savoir par ce simple geste que je suis loin de croire ce qu’il me dit mais il ne compte vraisemblablement pas en rester là puisque lorsqu’il reprend, c’est avec un nettement plus grand sérieux, et je pose le verre, que j’avais récupéré pour avaler une nouvelle gorgée, pour l’écouter attentivement, consciente de l’importance des propos qui vont suivre. Si ses premières paroles provoquent chez moi l’étonnement, c’est un air choqué qui s’affiche sur mon visage alors qu’il m’avoue l’avoir déjà violé contre son gré. Je recule sur le canapé alors qu’il continue son explication, et reste sans voix pendant quelques secondes alors qu’il achève véritablement son histoire, dans un murmure qui me glace le sang. Les images qui se bousculent dans ma tête sont affreuses et je fais tout pour les chasser de mon esprit. « Non… » Je souffle à mon tour, sous le choc, incapable d’avoir la moindre réaction. « C’est pas possible. » Je crois que je suis en train de me liquéfier de l’intérieur. Si Alfie avait vécu un truc aussi horrible, il m’en aurait parlé, c’est évident, non ? C’est le genre de choses à propos desquelles on se confie dans un couple parce que c’est un traumatisme difficile à combattre et je n’ai jamais eu l’impression que c’était le cas d’Alfie. Je poursuis mes réflexions en fronçant les sourcils, commençant tout juste à comprendre que quelque chose ne colle pas. Alfie a offert l’hospitalité à son violeur ? Il l’a laissé emménager sous notre toit en sachant ce qu’il avait fait ? Il a jugé bon d’agir de cette façon sans m’en parler au préalable alors qu’il prenait tant de risques ? C’est impossible, ça ne tient pas debout. « Tu te fous de moi, c’est ça ? » Je demande, consciente que c’est la seule explication qui justifierait autant d’incohérences même si, malgré moi, un petit doute persiste parce que penser détenir la pleine et entière vérité serait trop simple. « Si c’est le cas, te servir de quelque chose d’aussi affreux, c’est vraiment minable. » J’aurais vraiment essayé de comprendre Joseph et de l’apprécier mais il a désormais atteint un point de non-retour.


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Message(#)So you better have something damn worthy to say ✿ Joseph - Page 2 EmptyVen 21 Juin 2019 - 17:36


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Juliana & Joseph


« Non… » Le regard de Joseph est froid comme la glace tandis que, derrière ses pupilles humides, une multitude de regrets se forment, s’entassent, comme des Lego. Il n’est pas naïf : il sait qu’il vient de complètement ruiner ses chances de modifier l’opinion que Juliana a de lui, ruinant du même coup ce semblant de stabilité qu’il avait réussi à instaurer dans sa vie en passant ses nuits sur un sofa plutôt que dans des lieux louches ou à la belle étoile. S’il a toujours craint la solitude et la rue, cette peur n’est pas assez puissante pour surpasser la loyauté dont il a toujours fait preuve envers quiconque prenant soin de lui. Alfie avait été pour lui la seule personne avec qui il se sentait bien quand il n’était pas à sa place. Il lui avait ouvert la porte de sa maison à plusieurs reprises et n’avait pas omis de le faire même après que Joseph ait enfreint la loi. « C’est pas possible. »  Elle a raison. L’ex taulard ne commettrait jamais un tel crime. Même s’il n’a jamais apprécié l’idée de respecter les règles qui ne lui plaisent pas, jamais il ne pourrait faire de mal à un ami, pas même à un ennemi. Si ce n’était pas le cas, cette soirée qu’il a passé à sauver un inconnu des crocs de ses agresseurs n’aurait plus aucun sens. Joseph sait ce qui est bon et juste, c’est la seule chose que la religion lui a appris. S’il a accepté de devenir l’homme qu’il est devenu, c’est parce qu’il n’a jamais craint de bousiller son âme. Devant le regard ahuri de son hôtesse, Joseph reste de marbre, la mâchoire serrée, parce qu’il craint que son petit stratagème insensé ne fonctionne pas. Il remarque l’étincelle de déduction dans l’iris noisette de Juliana et il concentre toute son énergie pour ne pas laisser un seul de ses traits faciaux s’animer. « Tu te fous de moi, c’est ça ? » Il aimerait tant pouvoir lui donner raison et éclater de rire pour lui faire comprendre qu’il a simplement le pire des humours, mais il ne peut pas. Dorénavant, elle sait que quelque chose d’étrange unit Alfie et Joseph et il ne peut pas la laisser réfléchir davantage, elle est bien assez intelligente pour faire un lien entre la drogue et son copain. « Si c’est le cas, te servir de quelque chose d’aussi affreux, c’est vraiment minable. » Ses lèvres se pincent, son souffle se coupe et il ne peut s’empêcher de penser que ce ne sont pas ses propos qui sont minables : c’est lui. Il n’est pas aveugle face à la réalité : Brisbane pourrait très bien se passer d’un mec comme lui. Il n’est qu’un raton-laveur qui fourre son nez partout, la vermine dont on se débarrasse avec des produits chimiques. Tandis que ses yeux dévient vers son sac à dos qu’il analyse rapidement afin de se rappeler de tous les objets qu’il possède – peu nombreux soient-ils – il entrouvre les lèvres et laisse un soupir s’en échapper. « Tu peux croire qui tu veux. Un menteur, ou un violeur. » Sa voix se casse lorsqu’il prononce le dernier mot, parce qu’il le déteste de tout son être. Le garçon se redresse sans jamais accorder un regard à Juliana et il s’empare de son sac pour le glisser sur son épaule, remarquant seulement à ce moment que sa tête est noyée dans l’alcool. Un haut le cœur le bouscule mais il se secoue les puces pour chasser les étourdissements, se dirigeant vers la salle de bain pour récupérer sa brosse à dents, le seul objet qu’il avait retiré de son sac pour faciliter ses passages à la salle de bain. Pour vaincre le silence qui pèse sur son corps, il rejoint rapidement la sortie en omettant de remettre la clé de l’appartement qu’il possède encore. Il pose sa main moite sur la poignée de la porte, la tourne, et ouvre le battant pour une dernière fois. L’air frais de la nuit se colle à sa peau et, malgré tout, son corps en entier bout de honte. « Merci pour l’hospitalité. » Il le dit une première fois à Juliana, et à elle seule. « Et pour la vodka. » Non, cette boisson-là, il aurait préféré l'éviter, ce soir. Sans regarder la jeune femme, il referme le battant de la porte et fait plusieurs pas étourdis en direction de la solitude, commençant dangereusement à trop la connaître. Il n’a pas de plan, mais il espère en trouver un rapidement. Même s’il a envie d’hurler de rage, il détend ses muscles en repensant au sens de ses actions : il a sauvé Alfie, non ?    

     
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