La solitude m’écrase et m’écœure, je suis à bout de souffle. Bien plus qu’une envie, c'est le besoin de sortir que je ressens, celui de m’évader et d’échapper à mon misérable reflet le temps d’une soirée. J’enchaîne les têtes à têtes avec moi-même dernièrement et c’est pesant. Les rares ballades en moto que je me suis autorisé m’ont offert un peu de répit, mais dès lors que je me retrouve seul, mes pensées m’obsèdent et ne tournent qu’autour du même sujet : mes échecs cuisants. Et je n’en peux plus de faire le même constat, encore et encore. Je déteste ceux qui s’apitoient sur leur sort et qui ne font rien pour arranger leur situation. Quelle ironie alors que je suis l’un de ceux-là ! Le pire c’est que j’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne trouve aucune solution. A croire que je suis plus doué pour foirer tout ce que j’entreprends que pour le réussir.
Il n’en a pas toujours été ainsi… A plusieurs reprises, j’y ai cru et au fond de moi je pense que j’y crois encore. Comme si l’absurde de ma vie était un leurre, trop difficile à encaisser pour que je me résilie. On dit que l’espoir fait vivre, alors c’est sûrement la raison pour laquelle je suis encore debout.
Devant mon miroir, je me rends compte de la tronche que j’ai et je soupire. Prendre soin de moi n’a jamais été mon fort et malgré mes trente ans passés, je suis toujours aussi indécis concernant mes cheveux ou ma barbe. Dois-je les couper ? Les laisser pousser ? De toute façon, je n’aime pas ma gueule alors… Seuls mes yeux me paraissent acceptables, et encore… Ils passent leur temps à me trahir ces deux-là, à dévoiler toute la vulnérabilité que je m’efforce de cacher, ce sont de faux amis.
Quoiqu’il en soit, je n’irai pas bien loin avec l’apparence d’un ours des cavernes, et s’il y a possibilité pour que je ne passe pas la nuit seul, je n’ai pas envie de louper ma chance à cause de poils disgracieux. Conscient de mon manque de connaissance en la matière, je me résigne à passer par un barber shop avant de sortir. Il vaut mieux que ce soit un expert qui s’occupe de moi, je risque de me retrouver avec une tronche encore plus limite que celle que j’arbore sinon.
Sitôt sorti au-dehors, l’air vivifiant et frais du début de soirée me revigore. Ce soir, j’ai vraiment envie de laisser mes problèmes de côté et de profiter de ce que la nuit peut m’offrir. Je n’ai que 33 ans merde, je ne suis pas encore totalement fichu. Il a un léger potentiel de séduction derrière mon apparence de mec solitaire non ? J’essaie de m’en persuader alors que je remets ma tignasse entre les mains d’un parfait inconnu. J’évite d’observer mon reflet et je concentre toute mon attention sur mon téléphone portable à la recherche de bars branchés qui pourraient égayer la nuit à venir.
C’est avec une coupe toute fraîche et une barbe bien taillée que je pars alors en direction de cette boîte branchée, bien décidé à laisser l’enthousiasme des nuits citadines me gagner. L’endroit est bondé, l’ambiance assez électrique et énergique. Je me sens automatiquement à l’aise. Il est plus facile de se fondre dans la masse quand les trois quarts des personnes sont bourrés et plongés dans une semi-pénombre. Je m’approche du bar facilement, m’installe et commande un verre dans la foulée, désireux de sentir l’ivresse parcourir la moindre de mes veines. Je sais que je vais avoir du mal à m’arrêter, c’est toujours pareil. Ça commence par un verre, puis deux… et je finis toujours la bouteille.
Ivrogne, comme mon salaud de père. Ce soir, je n’en ai rien à foutre.
Et alors que je m’enlise dans mes propres contradictions intérieures, mon coude heurte brutalement celui du gars placé à ma droite, renversant de moitié mon verre sur le bar. Je lâche un juron, étouffé par la musique trop forte de l’endroit et relève mes yeux vers un visage qui ne m’est pas inconnu. Sous le choc, je balbutie avant de me reprendre. La surprise laisse rapidement place à la joie de retrouver un de mes anciens camarades de lycée.
- Archie ? Archie Allen, bordel ! T’as quasiment pas changé de tête, c’est ouf ça ! Qu’est-ce que tu deviens mec ?
Il n’a, en effet, presque pas changé. Des traits un peu plus marqués, une coupe différente et un air légèrement plus sage mais il n’en est pas du tout méconnaissable ! Si je m’attendais à tomber sur lui ce soir : absolument pas ! Mais la surprise est bonne car je l’ai toujours apprécié. Bon, il était toujours défoncé quand on se voyait, je l’ai rarement connu sobre d’ailleurs – peut-être même jamais – mais ça n’empêche pas les bons souvenirs, au contraire!
Je souris comme un abruti, quand mon regard dévie sur le mec qui l’accompagne. Heureusement que je suis assis, car mon palpitant s’emballe brusquement à sa vue. Je ne peux pas m’empêcher de le dévisager tant son visage m’est agréable. Tout comme sa carrure. Il dégage quelque chose de fort, de percutant. Ça me souffle et l’espace de quelques secondes, je ne fais que le regarder comme un ahuri – comme si j’apercevais un extra-terrestre, ou que je me retrouvais face à un fantasme vivant. Ressaisis-toi Harvey ! Je sors de ma torpeur et brusquement, tends ma main vers l’inconnu pour me présenter.
La vie est parfois étrange. Il y a quelques mois, Douglas faisait son maximum pour sortir du trou dans lequel il s'était enterré, et aujourd'hui, c'est lui qui y est. Des pensées noires au quotidien, cette remise en question qui le travaille en permanence. Le jeune garçon s'est renfermé sur lui-même et ne sort que pour se rendre en cours ou au travail, son quotidien c'est ses livres. Doug passe tout son temps enfermé dans sa chambre comme si ça pouvait le protéger de ce qui se trouve à l'extérieur. Stupide comme idée.
Il lui ai arrivé de ne pas rentrer de la nuit, c'est sans doute à cet instant qu'Archie a commencé à se dire que son colocataire avait un sérieux problème et c'est comme ça qu'il a commencé à tenter de lui changer les idées. D'abord par des soirées où ils étaient tous les deux à regarder diverses séries ou films, puis ça a continué comme ça, mais au final, il n'y a pas grand chose qui a changé. Douglas est désormais persuadé qu'il ne deviendra jamais avocat, surtout maintenant que le cabinet dans lequel il était est tout simplement tombé. Il n'a plus de cabinet pour faire son stage, et s'il ne retrouve pas rapidement quelque chose, alors il pouvait dire au revoir à son diplôme. À un an de l'échéance. Ce serait bête et pourtant dans l'esprit du brun, c'est presque comme si on le confrontant à l'évidence. Il ne deviendra jamais avocat. Sa vie est complètement en train de lui échapper et ça le rend malade de voir qu'à son âge il est aussi perdu que ça.
Pour lui changer les idées, Archie avait prévu d'emmener Douglas en soirée. Encore un endroit qui ne fait pas parti de ses favoris, c'est même tout le contraire. Toute cette testostérone, les gens qui transpirent, sans compter ceux qui sont complètement saouls. Douglas ne fréquentait jamais ce genre d'endroit et quand on le connaissait un peu, on comprenait pourquoi. La foule, la drague, l'alcool, tout ce que le jeune homme déteste. Mais Archie y tenait tellement que Douglas n'avait pas d'autre choix, il allait faire l'effort d'être présentable, lui qui d'habitude prend toujours un minimum soin de son apparence.
Les heures défilaient et au vu de l'heure affichée sur la pendule, Douglas sentait son estomac se serrer. Non seulement parce qu'il n'arrivait pas à avancer pour se préparer, mais surtout parce que désormais il ne pouvait plus fuir. Il finit donc se s'apprêter avec une chemise blanche ainsi qu'un simple jean et baskets et ils partirent tous les deux avec Archie.
Sur place, les gens étaient déjà bien alcoolisés pour certains. Douglas donnait l'impression d'être tout sauf à l'aise et c'était bel et bien ne cas. Il tentait de faire bonne figure, mais il ne voyait pas en quoi ce type de soirée pouvait l'aider. Rencontrer des gens ? Ce n'est certainement pas ce type là qu'il fréquente en temps normal. Doug suit Archie comme un enfant ses parents dans un centre commercial, c'est la seule attache qu'il a ce soir. Sans lui, il sera totalement perdu. Soudain, une personne vient discuter avec son colocataire. Douglas écoute mais reste en retrait. Un ami d'enfance de ce qu'il en comprend. Et justement ce dernier s'adresse ensuite à lui avec ce visage qui rayonne parmi tous les autres. Douglas n'a jamais été à l'aise pour parler mais surtout comprendre sa sexualité, mais il faut croire que les hommes l'attirent autant que les femmes. Même si le dernier en date lui a fait croire à une belle histoire avant de l'abandonner comme un vulgaire animal. Mal à l'aise à cause du lieu et de cet homme déstabilisant, Douglas se met à bafouiller.
" - Douglas. Je suis le colocataire d'Archie.." finit-il par dire le visage aussi rouge qu'une tomate tout en serrant la main du jeune homme lui faisant face.
Tu voulais tenter quelque chose. Tu voulais te changer les idées, tu voulais agiter un peu ton quotidien – autrement qu’à l’accoutumée, du moins. Autrement qu’avec une Neptune qui ressurgissait du passé, autrement qu’avec vos tentatives étranges pour vous réapprivoiser. C’était … électrique. Vous arriviez à presque vous engueuler par SMS. Peut-être que ta confiance envers elle avait été bien entamée. Peut-être que tu ne savais plus comment la considérer. Qu’est-ce que vous formiez ? Un duo d’amis ? Un couple ? Même avec ça, tu étais paumé. Tu avais surtout besoin de poser les choses. De les mettre au clair, pour convenablement savoir comment agir. Mais là, de suite, tu voulais juste te changer les idées. Et il y avait Douglas. Douglas que tu ne croisais que brièvement, Douglas qui passait son temps enfermé dans sa chambre. Avec Wall-e, ils avaient réussi à te tirer de ton lit la dernière fois, alors, tu t’étais dit que tu pouvais bien faire quelque chose. Tu lui avais proposé – ou plutôt imposé – de sortir. D’aller dehors, d’aller vous déhancher un peu sur de la musique. Rencontrer des gens. Tu étais persuadé que ça lui ferait du bien – une fois qu’il se serait détaché un peu de sa peur panique de croiser quelqu’un. Tu lui avais même promis de ne pas te foutre une vulgaire mine, histoire qu’il n’aie pas à s’occuper de toi toute la soirée. (Et au fond, la promesse était peut-être également destinée à Neptune, qui, étant donnée votre situation, ne serait peut-être pas enchantée à l’idée de savoir que tu étais parti batifoler.)
Tu sirotes tranquillement ta bière, essayant de trouver, tant bien que mal, une solution pour mettre Douglas à l’aise. La musique tambourine gentiment à vos oreilles, alors que les autres se déhanchent sous les stroboscopes. Et, il y a ce coude qui tape dans le tien. Il y a la sensation humide sur ta manche qui te fait sursauter violement : instinct de survie un peu con, mais tu te lèves de ton siège, craignant de te retrouver avec l’intégralité d’un verre d’alcool sur ton pantalon. Plus de peur que de mal. Tu cherches du regard une ou deux serviettes, histoire de venir en aide au mec possiblement déjà bien éméché, tout en cherchant à éviter une catastrophe. « Archie ? Archie Allen, bordel ! T’as quasiment pas changé de tête, c’est ouf ça ! Qu’est-ce que tu deviens mec ? » entends-tu soudainement, alors que tu dévisages, l’espace de trois longues secondes, le mec en face de toi. Tu as besoin d’un temps pour le remettre, mais finalement, ton cerveau crée quelques liaisons – heureusement que tu n’es pas complètement torché, autrement, tu te serais contenté de sourire comme un con. « Harveeeeeey ! » t’exclames-tu, alors que tu le dévisages un peu. Lui, il avait un peu changé, peut-être. Pas tant, mais juste un peu. Pas assez pour que tu l’oublies complètement. Quand est-ce que tu l’avais vu pour la dernière fois ? Dans quel état étais-tu lorsque tu l’avais vu pour la dernière fois ? Fort probablement défoncé, avec Cole. Fort probablement au détour d’une soirée, alors que tu cherchais un peu de weed pour t’évader. « Ça fait un siècle, ouais ! J’ai pas quitté la ville, en vrai. Mais toi, qu’est-ce que t’as foutu, pendant toutes ces années ? »
Et, il y a ce regard. Ce regard vers Douglas, qui te fait hausser les sourcils, tout en affichant un sourire un peu idiot. Eh beh. C’était toi, ou Harvey était en train de mater ton colocataire ? Tu n’as pas trop le temps de réfléchir sur la question que déjà le garçon tend la main, en profitant pour se présenter. Tu observes Douglas répondre, le rouge aux joues. Ta gorge s’est secouée d’un éclat de rire, alors que ton bras venait se déposer sur les épaules de ton colocataire. « Allez, ça va aller, Douglas ! Promis, il te bouffera pas, ou sinon, je trouverais bien un ou deux dossiers sur Harvey histoire de le calmer. » lâches-tu en riant, alors que tu regardes d’un air entendu l’homme en face de vous. A bien reconsidérer les choses, c’était probablement lui qui avait de beaux dossiers sur toi, mais tu osais croire qu’il ne se souvenait plus vraiment de tout ça.
- Harveeeeeey ! Ça fait un siècle ouais ! J’ai pas quitté la ville, en vrai. Mais toi, qu’est-ce que t’as foutu, pendant toutes ces années ?
Quelle chance sur un million y avait-il pour que je tombe sur Archie ce soir ? Je maudis le destin tellement souvent que lorsqu’il me fait un coup de ce style, je suis totalement déstabilisé ! Archie ne fait remonter que de bons souvenirs à la surface – ce qui est un réel exploit et qui me conforte dans l’idée que cette soirée démarre vraiment bien. Je me souviens d’un sale gosse qui passait son temps à fumer toute la weed que je lui trouvais, la tête dans les étoiles avec son pote dont j’ai mangé le prénom. Complètement allumé, totalement rêveur, il était ailleurs la plupart du temps Archie, mais ça le rendait vraiment sympa. Il n’était pas du genre à chercher les embrouilles, bien plus à délirer sur un peu tout. Sa passion, c’était la fumette à l’époque. J’espère pour lui qu’il a évolué, mais il n’a pas l’air d’être défoncé ce soir. Et puis, ça ne me regarde pas en fin de compte, il fait ce qu’il veut !
Mon regard s’attarde sur son coloc’. Douglas donc, à qui je sers la main. Sa paume est chaude et douce, je ne la serre pas avec force et je profite, durant quelques secondes, de ce contact électrisant. Il rougit, et je le trouve encore plus craquant comme ça. Il dénote totalement avec l’endroit, ne ressemble tellement pas aux autres mecs – comme moi – qui fréquentent ce genre d’établissement pour mieux se perdre. Ça m’attire, la différence m’a toujours parue séduisante. Je relâche sa main, à regret et reprends mon verre en les observant tous les deux.
Archie qui a un colocataire ! Je m’imagine une colocation totalement débridée qui ne colle pourtant pas du tout au visage lisse et sage de Douglas. Néanmoins, je sais qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Un visage d'ange peut toujours cacher un démon, et des yeux innocents peuvent faire saigner le plus doux des cœurs. Ce monde est bourré de faux semblants, de gens qui mentent, se cachent et portent un masque constamment. Moi-même je le fais, depuis toujours. Je me cache depuis que mon père m'a appris à le faire, à la dure. Au départ, pour éviter les questions. Puis, par honte. Et enfin, par sécurité. Je m'oblige à penser que c'est mieux ainsi, que sans attaches je vis mieux, alors qu'au fond je déteste cette solitude écrasante qui pèse de plus en plus lourd. La vie c'est une putain d'énigme, et je suis nul pour la décrypter. Alors peut-être que derrière son air innocent, Douglas est un véritable sadique, qu'en sais-je ?
Je sors de mes réflexions, toujours aussi sombres, noires comme mon âme, et je souris alors qu’Archie tente de détendre son coloc’ en passant son bras autour de ses épaules. Il a de larges épaules Douglas, des épaules sur lesquelles on a envie de s'appuyer et qui laissent deviner un corps musclé et entretenu. Je ris lorsque Archie me menace indirectement.
- Un ou deux dossiers ouais. J’en ai tout autant sur toi mec ! Si pas plus d'ailleurs. Et puis, je ne mords personne moi…
Je fais un clin d’œil à Archie, sous-entendant une bonne blague salace que j’évite de dire à voix haute. C'est pas le mieux pour faire bonne impression. Car ouais, j'ai envie de faire bonne impression.
- Alors comme ça t’as trouvé quelqu’un pour te supporter durablement. Ça fait longtemps que t’es le coloc de cet énergumène Douglas ? Parce que j’imagine que ça ne doit pas être simple tous les jours… Laissez-moi payer ma tournée ! Vous tournez à quoi ?
Au fond Douglas ne voyait pas en quoi assister à une soirée, qui plus est dans une boîte de nuit pourrait lui changer d'une quelconque façon les idées. Archie savait pourtant que le jeune homme ne fréquentait pas ce genre d'endroit. Alors oui, c'était une solution plutôt simple pour rencontrer des personnes, mais rare sont celles qui viennent ici dans le simple but de se faire de nouveaux amis. Leurs intentions sont quelque peu plus ... interdites. L'anglais n'a rien contre ce genre de pratique si les choses sont claires dès le début, mais lui n'est pas vraiment partant pour ce genre de choses. Et son colocataire est le premier au courant. Alors oui, Douglas ne cesse de se questionner sur le pourquoi il l'a emmené ici ce soir.
Lorsqu'un jeune homme interpelle Archie, l'étudiant se tient en retrait tout en observant les retrouvailles des deux amis d'enfance visiblement. Cette scène aurait certainement pu faire sourire Douglas si ça avait été dans d'autres conditions, et surtout s'il n'était pas dans un tel combat contre lui-même. L'inconnu finit par se présenter en tendant sa main, Douglas se contente de se présenter à son tour tout en rougissant. Peut-être qu'un jour il pourra avoir une conversation sans que ses expressions faciales le trahissent. Comme actuellement, difficile de faire croire qu'il était parfaitement à l'aise, que ce soit dans l'endroit ou même face à cet homme, qui, il ne peut le nier est plutôt charmant.
Archie tente ensuite de détendre son colocataire, mais au fond il doit bien se douter que c'est peine perdue. Comme pour lui faire plaisir, le jeune homme se contente d'afficher un sourire tout en passant une main dans ses cheveux de façon nerveuse. Il pourrait peut-être prétendre avoir besoin de se soulager puis finir par s'échapper de tout cela, mais Archie risquait de plutôt mal le prendre. Puis, lorsque les deux hommes échangèrent ce regard, le malaise s'empara un peu plus de l'innocent Douglas. Il devait être de la même trempe tous les deux, Douglas n'avait rien à faire ici. Il devait partir avant que tout cela ne devienne encore plus malsain. Le jeune anglais tourne le regard vers Harvey lorsque ce dernier s'adresse à lui.
" - Ça va faire presque un an qu'on cohabite. Ça n'a pas été simple au début mais on a fini par apprendre à se connaitre, à trouver un terrain d'entente, et depuis, ça va beaucoup mieux." fit-il pour répondre aux interrogations du brun. Puis il attend qu'Archie commande avant de le faire pour lui-même. " - Un jus d'orange ce sera parfait pour moi."
Il savait que cette réponse allait forcément faire sourire Harvey, voire pire, mais après tout, ils ne se connaissaient pas, alors il ne pourra sans doute pas s'empêcher de juger le jeune homme. Tout comme Archie l'avait fait avant qu'il ne se confie un peu plus sur son passé.
Regards étranges entre les deux. Regards que tu comprends sans forcément piger. Sans forcément savoir ce que ça allait donner. Tu imagines que ça lui ferait du bien, à Douglas. Tu imagines que ça lui ferait du bien de voir quelqu’un. Juste, au moins de discuter avec quelqu’un. Peut-être qu’il se sentirait un peu moins seul. Peut-être qu’il serait un peu moins négatif, un peu moins triste. Qu’est-ce que tu pouvais lui souhaiter de plus ? Tu essaies de le mettre à l’aise. Tu essaies de le détendre un peu, plutôt que de le laisser seul face au brun. Tu oses quelques blagues. Tu essaies de gentiment menacer ton pote d’adolescence, au moins pour qu’il pige que ce n’est pas nécessaire de faire de la bouillie de ton colocataire – t’as d’autres choses à gérer. « Un ou deux dossiers ouais. J’en ai tout autant sur toi mec ! Si pas plus d'ailleurs. Et puis, je ne mords personne moi… » Clin d’œil. Tu feins l’exaspération en levant les yeux au ciel. C’est vrai qu’il avait probablement plus de dossiers sur toi que tu n’en avais pour lui. Parce que tu passais tes soirées sur une autre planète. Parce que tu ne te souviens plus de tout ce que tu as fait. « J’t’ai jamais mordu … Uh. » lâches-tu finalement, toujours accroché à ton colocataire. Tu ris, doucement, avant de laisser mourir doucement le sujet.
« Alors comme ça t’as trouvé quelqu’un pour te supporter durablement. Ça fait longtemps que t’es le coloc de cet énergumène Douglas ? Parce que j’imagine que ça ne doit pas être simple tous les jours… Laissez-moi payer ma tournée ! Vous tournez à quoi ? » Et ça tenait du miracle, que Douglas te supporte durablement. Est-ce qu’il mesurait à quel point ses mots pouvaient être justes ? Tu n’en avais aucune idée. « Ça va faire presque un an qu'on cohabite. Ça n'a pas été simple au début mais on a fini par apprendre à se connaitre, à trouver un terrain d'entente, et depuis, ça va beaucoup mieux. » Presque un an. Ton regard se perd l’espace de deux secondes. Tu baisses la tête, toi-même choqué par cette durée. Tu l’avais tellement challengé. Tu l’avais tellement poussé dans ses retranchements, avec ton caractère de merde. Il avait tenu. Il avait tenu, mais ça voulait aussi dire que ça faisait presque un an que Neptune était partie. Partie, pour finalement être revenue. Pour quoi ? Tu avais l’impression de l’avoir perdue autant que tu l’avais retrouvée. Tu avais l’impression d’être à deux doigts de tout bousiller, de détruire tout ce qu’il vous restait. Est-ce que c’était une bonne chose ? Est-ce qu’il ne fallait mieux pas tout détruire, histoire de repartir sur une base propre, plutôt que de construire par-dessus des bases fragiles ? Tu n’aurais jamais cru en arriver là. Tu n’aurais jamais cru souffrir pour ça. « Ça passe tellement vite. Mais.. ouais, il me supporte depuis tout ce temps ! » Tu souris, un peu. Tu souris, de ton mieux. Tu repenses à ces moments où tu t’étais violemment énervé contre Douglas. Tu repenses à tous les mots que vous aviez échangés, les bons comme les mauvais, et une fois de plus, tu réalisais tout le chemin qui avait été parcouru. « Mais .. J’vais prendre une bière pression, va. Merci, en tout cas ! » souris-tu, alors que tu laisses Douglas commander un jus d’orange. Tu ne t’étonnes même plus. Tu ne le juges même pas. Au final, il faisait bien ce qu’il voulait, et toi, de ton côté, tu pouvais au moins essayer de ne pas te mettre une mine phénoménale pour éviter de le mettre à nouveau mal à l’aise. « T’es revenu ici depuis longtemps, Harvey ? » ajoutes-tu, alors que tu t’accoudes au bar à vos côtés.
- ça va faire presque un an qu’on cohabite. Ça n’a pas été simple au début mais on a fini par apprendre à se connaître, à trouver un terrain d’entente et depuis, ça va beaucoup mieux.
Il est si sérieux… ça le rends affreusement trop ‘cute’ d’ailleurs et j’ai un léger sourire qui flotte sur mes lèvres sans y faire gaffe en l’écoutant parler. Il a l’air gentil et innocent, et quand je vois le contraste entre lui et Archie, je n’ose pas imaginer les débuts de la colocation. Quoique… Je suis sûr que je passerais un bon moment ! Est-ce qu’il lui a déjà fait fumer de l’herbe ? Vu la tête qu’il tire à cet instant précis – totalement dans les nuages – je me demande s’il n’en a pas pris avant de venir d’ailleurs. Ça ne m’étonnerait pas. Il adorait ça, Archie et ça doit toujours être le cas.
- ça passe tellement vite, mais ouais il me supporte depuis tout ce temps.
Je perçois un fond de nostalgie dans les mots de mon ancien ami. Son regard est ailleurs et durant quelques secondes, je me demande bien à quoi il pense. Puis, il revient à nous et je me remets à sourire lorsqu’à tour de rôle ils me donnent leurs choix de boisson. Sans réfléchir, je déclare alors (parce que ça me semble évident, vu le choix de boire du jus d’orange en boîte) :
- Ok, c’est toi qui conduis donc ! Pourquoi ça ne m’étonne pas ?
Et je fais un clin d’œil à Douglas, et ris, bêtement. J’ignore que je suis en train de faire fausse route, c’est ce qui me semble logique sur le moment, je ne pense absolument pas à mal. Je me penche sur le bar pour me faire remarquer du serveur et je lui crie la commande, avant de me réinstaller sur le tabouret et de me tourner vers mes deux acolytes.
Ça me fait du bien de revoir Archie, il fait partie de ceux qui ne m’ont pas jugé pour mes origines et ma sombre histoire de famille. Du genre pacifiste, il n’a jamais cherché la merde et à l’époque, c’était plutôt rare ce genre de personnes. Comme une accalmie en plein milieu d’un orage violent, le temps de reprendre une inspiration, peut-être deux…
Et son colocataire… Qui a l’air méga mal à l’aise ceci dit. Je ne comprends pas trop pourquoi, ça n’a pas l’air d’être son truc les boîtes de nuit, il regarde les gens autour de lui d’un air étrange – comme s’il en avait peur ou s’en méfiait.
- T’es revenu ici depuis longtemps Harvey ?
Mon regard se détourne de Douglas que j’étais en train de fixer curieusement. Il va me prendre pour un fou, il faut que je me maîtrise un peu.
- Non, moins d’un mois environ. J’étais en Irlande pour les études, mais faut croire que le climat me manquait trop. On se les gèle là-bas, vous imaginez même pas. Il pleut tous les jours, je vous jure ! Tu finis toujours trempé quoi que tu fasses. Bref, je suis revenu, j’ai trouvé un job, pris un appart et je traîne un peu.
J’ai revu mon frère. ça s’est mal passé. Je n’en suis pas fier, il m’a trouvé dans un état déplorable en garde à vue… Tout ce que je voulais éviter. A croire que dès que je redoute une situation, elle finit par arriver. Putain de destin grotesque.
Mais ce soir, je ne veux pas penser à ça, à toutes ses idées noires qui obscurcissent mon esprit et rendent tout âpre et sans saveurs. Ce soir, je veux me sentir vivant et chasser tout ce qui me condamne. Alors, je me penche en avant et je lui fais mon regard de braise en déclarant
- Et par chance, je tombe sur un ancien pote dont le colocataire est charmant.
Je n’ai jamais été un mec discret lorsqu’il s’agit de drague. Je suis du genre téméraire, rentre-dedans et tant mieux si ça passe – tant pis si ça casse. Le fameux dicton : qui ne tente rien n’a rien me convient bien à ce niveau-là. Je tente ma chance, et qui sait la saisir n’est jamais déçu.
- Et vous ? Vous faites quoi ce soir ? On fête un truc de particulier ou on s’ambiance juste tranquille ? Vous attendez peut-être quelqu’un ?
Douglas ne sait pas trop comment agir face à cet inconnu qui le déstabilise beaucoup, sans pour autant qu'il sache réellement pourquoi. C'est un peu comme si Harvey buvait ses paroles dès qu'il ouvrait la bouche pour dire quelque chose. Alors il se contenta de simplement répondre à la question qui venait de lui être posé. Un an.. Le temps passe vite, trop vite pour certaines choses, et pas assez vite pour d'autres. Puis Archie se contente de répondre à son tour en appuyant les propos du plus jeune. Et un sourire se dessine sur ses lèvres. Le discours de son colocataire le touche quand même au fond de lui.
Après qu'Harvey est annoncé que c'était sa tournée, Archie commande et Douglas fait de même en demandant un jus d'orange. Plutôt que d'avoir droit à un commentaire plutôt moqueur ou autre, l'ami d'enfance de son colocataire se contente de lui sourire en disant qu'au vu de son choix c'était lui le "Sam" de la soirée. S'il savait à quel point il avait tord. C'était simplement parce qu'il était comme ça. Douglas ne buvait pas d'alcool. Jamais.
" - Je.. Euh.. Oui.."
Il espérait qu'Archie ne lui en voudrait pas. Douglas n'était pas du genre à mentir, loin de là, mais il savait parfaitement que ce soir il disait la vérité à cet inconnu, il aurait encore le droit à des moqueries à ce sujet, et il n'était tout simplement pas près à y faire face. Heureusement que Douglas a son permis voiture comme moto d'ailleurs. Le brun échange un regard avec son colocataire comme pour lui faire comprendre silencieusement ce qu'il avait en tête.
Harvey finit par commander les boissons respectives pour chacun d'entre eux avant de reporter son attention sur Archie, son ami d'enfance. Une petite pause qui permet à l'étudiant en droit de se perdre de nouveau dans ses pensées. Son père sortit de prison. Ses études. Son avenir professionnel. Tout en fait. Tout en ce moment le faisait se remettre en question, et ça en devenant épuisant de se questionner ainsi et de n'obtenir aucune réponse à toutes ces interrogations.
Douglas entend d'une oreille leur conversation sans vraiment s'en préoccuper, jusqu'à cet instant où il sort de ses pensées en entendant un mot. Un simple mot. Colocataire charmant. Immédiatement, il se mit à rougir, puis à baisser les yeux comme s'il avait du mal à accepter ce compliment. Douglas n'avait aucune confiance en lui, alors forcément, entendre une telle chose, c'était un peu aberrant pour lui. Sans compter qu'il s'agissait d'un homme. Et ça le mettait encore plus à l'aise vis-à-vis de sa sexualité. Devait-il se considérer comme bisexuel ?Douglas, perturbé par un tel compliment lança un regard à Archie, comme dans l'espoir que ce dernier lui vienne en aide pour lui dire quoi faire ou quoi dire. Parce qu'Archie est le seul à pouvoir le sortir d'une telle situation.
" - Je.. Je vais aux toilettes.. Je reviens." fit-il pour s'esquiver quelques minutes, l'instant de reprendre ses esprits et se rafraîchir pour remettre de l'ordre dans ses pensées sombres. Il laissait ainsi Archie seul avec Harvey.
« Ok, c’est toi qui conduis donc ! Pourquoi ça ne m’étonne pas ? » Clin d’œil et rire un peu con adressé à ton colocataire. Tu lèves les yeux au ciel, alors que tu entends ton brun bafouiller un oui, sans plus. Vérité à moitié cachée. Tu lui jettes un coup d’œil presque surpris, avant de sourire, jouant le jeu. « Tu m’connais ! J’ai toujours un peu de mal à résister à quelques bières … » C’était peut-être un peu gros, mais tu espérais que ça passe. Si ça pouvait sauver Douglas, tu voulais bien passer pour un léger alcoolique, un peu trop fêtard. Peut-être que c’était mieux comme ça. Puis au fond, il n’était pas forcément obligé d’exposer son passé tumultueux au premier non plus. Pendant deux secondes, tu te dis qu’il n’a peut-être pas envie de le faire fuir. Pendant deux secondes, tu te surprends à espérer. Tu verrais presque, à travers ses mots, l’envie d’avancer.
« Non, moins d’un mois environ. J’étais en Irlande pour les études, mais faut croire que le climat me manquait trop. On se les gèle là-bas, vous imaginez même pas. Il pleut tous les jours, je vous jure ! Tu finis toujours trempé quoi que tu fasses. Bref, je suis revenu, j’ai trouvé un job, pris un appart et je traîne un peu. » Tu hoches la tête, doucement. Il avait passé tout ce temps à étudier ? « Tu dois être une sacrée tête, alors. Venant de toi, j’sais pas pourquoi, mais ça me semblait pas inné. » ris-tu doucement, pour le taquiner. Qui a dit que les dealeurs ne faisaient pas d’études, cela dit ? Qui a dit qu’il s’agissait bien souvent de parfaits abrutis ? Au final, peut-être que Harvey était carrément callé, mais que tu ne l’avais jamais vraiment enregistré. « Et par chance, je tombe sur un ancien pote dont le colocataire est charmant. » Tu y jettes un nouveau coup d’œil, justement, à ce fameux colocataire. Tu ris un peu, alors que tu sirotes ta bière. Le pauvre. Pauvre brun qui baisse la tête, le rouge aux joues. Est-ce que tu avais envie de vraiment venir à sa rescousse ? Est-ce que tu ne souhaitais pas voir quelle étrange alchimie ça pouvait déclencher entre les deux ? Tu n’en avais aucune idée.
« Et vous ? Vous faites quoi ce soir ? On fête un truc de particulier ou on s’ambiance juste tranquille ? Vous attendez peut-être quelqu’un ? » Tu hausses les épaules. Qu’est-ce que vous comptiez faire ce soir ? « Ambiance tranquille. On est un peu parti sur un coup de tête, en vrai. ‘fin, j’avais envie de sortir. » Te changer les idées. Essayer d’arrêter de te questionner sur ce que tu foutais avec Neptune. « Je.. Je vais aux toilettes.. Je reviens. » lâche soudain ton colocataire, en s’esquivant plus vite qu’un éclair. Oups. Est-ce que tu avais dit une connerie ? Est-ce que la drague de Harvey était un peu trop lourde pour lui ? « Mec, j’t’ai à l’œil, t’en profites pas pour foutre du GHB dans son verre. » souffles-tu, plus pour plaisanter que pour sérieusement le menacer. « Non en vrai … Fais ce que tu veux mais … me le casse pas en deux. » Surtout, qu’il ne le brise pas en deux. Tu n’avais pas envie de passer des mois à essayer d’en recoller les morceaux. Tu souffles, doucement. Tu souffles, alors que tes lèvres affichent un léger sourire. « Mais … J’me fais pas des idées, hein, t’es intéressé ? » demandes-tu, amusé. Tes doigts jouent avec ton verre, alors que tu viens poser ton menton dans la paume de ta main libre. « Un conseil, sois plus soft, sinon, il va vouloir qu’on décampe d’ici dix minutes. Et j’saurais pas comment le retenir. » Tu lui offres un clin d’œil. Peut-être que, quelque part, tu n’avais pas non plus envie que ton colocataire se fasse draguer par un gros beauf. Qui le voudrait ? Si Harvey avait vraiment envie de le croquer, tu espérais fortement qu’il parvienne à se faire un peu plus délicat – autrement, tu ne l’aiderais même pas.
- Tu dois être une sacrée tête alors. Venant de toi, j’sais pas ça me semblait pas inné.
Je ris à cette remarque, car ce n’est pas la première fois qu’on me la fait. A vrai dire, il y avait un décalage vraiment énorme entre mes collègues et moi et j’ai eu énormément de mal à m’adapter au milieu. Les Irlandais rendent tout plus simple car ils aiment boire, et ce n’est qu’après quelques soirées que j’ai fini par être accepté – même si on m’a toujours regardé avec curiosité, comme si je n’étais pas à ma place. Où le suis-je ? Je l’ignore. Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir une place quelque part. Dans le néant, peut-être.
Lorsque je vois le colocataire d’Archie rougir et baisser les yeux, je me demande si je n’y suis pas allé trop fort. Dans le genre bourrin qui ne réfléchit à rien, j’excelle en général. Et quand je le vois fuir, je me sens un peu con. Ce n’était qu’un compliment pourtant, il est mignon c’est tout. En gros, je laisse la porte ouverte – comme j’ai l’habitude de le faire. Car à part quelques rencontres fortuites en boîtes ou dans les bars, je n’ai jamais eu de vraies relations. Alors la drague, tout ça, ce n’est forcément pas mon domaine.
- Mec, j’t’ai à l’œil, t’en profites pas pour foutre du GHB dans son verre. Non en vrai, fais de ce que tu veux mais… me le casse pas en deux.
Je fronce les sourcils en entendant Archie et je le sonde du regard. Pourquoi a-t-il aussi peur pour son colocataire ? Cette rencontre prend alors un sens bien mystérieux à mon goût et ça m’intrigue. J’ai toujours eu envie de percer les secrets, ma curiosité s’enflamme.
- Mais… J’me fais pas des idées hein, t’es intéressé ? Un conseil, sois plus soft, sinon il va vouloir qu’on décampe d’ici dans dix minutes. Et j’saurais pas comment le retenir.
Je fais une petite moue et hausse les épaules. Être plus soft, ça ne va pas être facile étant donné que je pense être à mon maximum là. S’il n’est pas capable de l’encaisser, je vais juste arrêter de le mettre mal à l’aise, tout simplement. Mais j’aimerais bien le mettre à l’aise tout de même… Je lâche un soupire
- Ok, j’vais faire attention alors. Il est mignon ton coloc’, comme toi gueule d’ange mais t’as pas l’air dans ton assiette. T’es sûr que ça va en ce moment ?
C’est moi qui demande ça, quelle ironie ! J’ai envie de rire devant la façon dont je peux me voiler la face. Incapable de m’aider moi-même, aie-je vraiment l’ambition de croire que je peux aider qui que ce soit ? C’est stupide. Le soufflet de ses retrouvailles retombe vite, c’est étrange. Je guette la direction des toilettes et sens la culpabilité me gagner. C’est tout moi ça : je parle trop, dis des conneries et les regrette instantanément.
- J’voulais pas pourrir votre soirée, je devrais peut-être m’excuser non ? J’vais aller le voir et arranger ça.
Généralement, quand je dis ce genre de choses, je n’arrange absolument rien. Mais j’y crois toujours. A l’illusion que parfois je peux être une personne agréable et délicate. J’ai mes moments, ils sont précieux. Je me lève et pars donc d’un pas décidé vers les toilettes. La boite est bondée, alors pour circuler là-dedans, c’est un véritable labyrinthe où il faut jouer un peu des coudes par moment.
Lorsque j’arrive enfin aux toilettes, je trébuche sur la jambe d’une nana assise sur le sol en train de comater – joli tableau – et manque de m’étaler dans l’endroit assez petit.
- Putain ! Je jure et passe une main sur mon visage, un peu exaspéré à cause de la traversée de la boîte. Et lorsque je relève mon regard, je croise celui de Douglas qui ne bouge plus vraiment et me fixe. Je me mords la lèvre et m’approche doucement de lui en disant
- Hey… Ecoute, j’suis venu m’excuser pour ce que j’ai dit, même si en soi c’était juste un compliment. Mais j’voulais pas te faire fuir tu sais, j’ai juste dit ça parce que…
Parce que c’est la vérité ? Parce que t’es charmant ? Parce que devenir plus intime avec toi me plairait bien ? Cette fois, c’est moi qui bafouille et cherche mes mots. Je me sens tellement con d’un coup ! Je baisse les yeux et finit par déclarer
- Laisse tomber, j’suis juste con. Viens, on retourne avec Archie et j’vous laisse après ça promis.
Douglas ne savait plus vraiment où se mettre, ces retrouvailles entre les deux amis d'enfance ne le mettaient pas mal à l'aise, c'était plutôt cet endroit qui avait un tel effet sur lui. Et puis, il faut bien avouer que se retrouver face à Harvey le déstabilisait complètement. Ils étaient si différents tous les deux, est-ce que c'est pour cette raison qu'il a tenté de fuir, parce que tout devenait trop dur à supporter pour lui ? Le jeune homme a toujours pris la fuite, il a dû mal à affronter les problèmes de plein fouet parce qu'à chaque fois, c'est lui qui finit par se ramasser et se brise en milles morceaux. Il n'a toujours pas pu recoller tous les morceaux que son père a pris un malin plaisir à détruire sans en avoir conscience. Ou peut-être que si, et peut-être même que c'est ça qui le poussait à continuer.
Quoiqu'il en soit, le brun a préféré s'éclipser pour pouvoir reprendre son souffle. Pour tenter de se ressaissir et de ne pas montrer à quel point il était tout simplement tout l'opposé de ce que recherchait très probablement Harvey. Pourtant, au fond de lui, l'anglais avait envie. Envie d'y croire. Envie de se dire qu'il pourrait peut-être être heureux, mais à quel prix ? Parce qu'Harvey est le fantasme de tout mec qui n'a pas peur d'accepter son orientation sexuelle, et il doit aussi avoir beaucoup de femmes qui se retournent sur son passage, c'est ça aussi qui effraie le jeune étudiant.
Tandis qu'il avait passé de l'eau fraîche sur son visage, les personnes se succédaient dans ce lieu exigu. Femme. Homme. Mais la plupart était alcoolisé et avait du mal à tenir encore debout. Douglas assistait à ce spectacle qui le désolait tout autant qu'il cherchait quel bien-être ils en tiraient d'être dans un tel état. Puis soudain, une voix le fit relever la tête. Harvey. Il était ici. Était-il venu pour lui ? La scène avait quelque chose de presque romantique si on oubliait le lieu où ils se trouvaient. Il le regarda sans bouger. Son regard ancré dans le sien. S'il avait pu, il se serait reculé un peu, comme s'il craignait quoique ce soit de cet homme, mais il était déjà collé contre le mur. Pris au piège.
"- Je.. Je sais que c'était juste un compliment.. Le souci ce n'est pas toi, c'est juste que.. Toi et moi on est si différents et je ne sais pas vraiment comment je dois agir dans une telle situation.. Tu es sans doute le genre de personnes qui attire tous les regards quand tu passes dans la rue, alors que moi c'est tout le contraire.. Je.."
Il avait juste envie de lui dire qu'il ne pourrait jamais lui donner ce qu'il attend. Peut-être même que ce compliment n'était que pour passer la nuit avec lui et qu'au réveil, Douglas n'aura que ses yeux pour pleurer. Tout cela l'effrayait au plus haut point, mais tout livrer comme ça à Harvey était encore le meilleur moyen pour le faire fuir. Et ce n'est pas ce qu'il souhaitait au plus profond de lui-même.
" - Non.. Ne dit pas ça, tu n'es pas con, c'est juste que je suis assez spécial comme garçon.. Archie en a déjà fait les frais.. Et je ne suis même pas sûr qu'il y soit encore réellement habitué.."
Hochant la tête suite aux propos du jeune homme, Douglas commença à se diriger vers la sortie des toilettes afin de retrouver son colocataire qu'il ne souhaitait pas laisser seul trop longtemps.
" - Mais tu sais.. Toi aussi tu es.. Enfin.. Ce que je veux dire c'est que.. Toi aussi tu es mignon.."
Immédiatement le rouge lui monta aux joues et il avait juste envie d'aller se cacher. Cacher cette timidité flagrante. Cette timidité maladive.
" - J'aimerai bien que tu restes.."
Si Harvey connaissait Douglas, il saurait à quel point lui dire ces deux dernières phrases lui coûte énormément. Aucun de mots qu'il a prononcé ne sont des paroles en l'air, il espère juste que ce dernier est tout aussi sincère avec lui, mais c'est déjà moins sûr.
Tu préviens Harvey. Tu le préviens pour qu’il ne détruise pas ton colocataire en mille morceaux. Moue légère de la part du brun, qui se contente de hausser les épaules. Il ferait bien de faire attention, au fond. Il ferait mieux de faire attention au garçon. « Ok, j’vais faire attention alors. Il est mignon ton coloc’, comme toi gueule d’ange mais t’as pas l’air dans ton assiette. T’es sûr que ça va en ce moment ? » C’est à ton tour de hausser les épaules. Qu’est-ce que tu pouvais répondre à ça ? Comment est-ce que tu devais formuler les éléments. « J’crois que … Genre j’crois que j’ai une meuf. ‘fin. C’est un peu compliqué, j’sais même pas quoi penser de la situation. Je sais même pas comment je devrais gérer ça et … Bref, voilà. J’me sens pas de m’étaler dessus de trop ce soir … j’voudrais pas te miner avec mes histoires. » lâches-tu finalement, tentant de ponctuer ta dernière phrase d’un sourire. Au fond, est-ce que tu voulais t’éterniser sur Neptune ce soir ? Est-ce que tu voulais penser à vos engueulades par SMS, aux trucs qu’elle t’avait plus ou moins caché ? En parler avec Harvey, que tu venais tout juste de retrouver, n’était peut-être pas l’idée du siècle. Qu’est-ce que tu devais faire ? Qu’est-ce qu’elle allait penser, elle, si elle apprenait que tu étais sorti en boîte sans elle ? Tant que tu ne draguais pas. Tant que tu ne draguais pas, peut-être que ça le ferait. Tant que tu t’empêchais d’être toi.
Douglas ne semble pas revenir. Douglas ne semble pas pointer le bout de son nez, et peut-être que tu devrais commencer à t’inquiéter. « J’voulais pas pourrir votre soirée, je devrais peut-être m’excuser non ? J’vais aller le voir et arranger ça. » Tu te mordilles la lèvre inférieure. « T’as rien gâché, mec, t’inquiète pas pour ça. Mais .. » commences-tu, alors que tu le vois déjà filer. « Okay … » murmures-tu pour toi-même, avec, malgré tout, un léger sourire. Qu’est-ce que tu pouvais faire ? Tu espérais juste qu’il n’effraie pas Douglas plus qu’il ne l’était déjà. Tu espérais que Douglas ne s’offusque pas. En attendant, tu te retrouvais tout seul avec ta bière. Un peu comme un con. Mais bon. Qu’est-ce que tu pouvais y faire ? C’était peut-être dommage pour toi, mais imaginer que ton colocataire puisse se sentir un peu mieux dans sa peau était déjà quelque chose. Tu espérais juste qu’il ne tombe pas d’un peu plus haut – tu n’étais pas certain que ses blessures soient totalement cicatrisées. Tu n’étais pas non plus certain qu’elles le soient vraiment un jour.
Spoiler:
Duuuuh, sorry. J'avoue que je savais pas trop comment faire avancer le truc, pour le coup. Si ça ne va pas, n'hésitez pas.
Dernière édition par Archie Allen le Jeu 16 Mai 2019, 08:25, édité 1 fois
- J’crois que… Genre j’crois que j’ai une meuf. Fin… C’est un peu compliqué, j’sais même pas quoi penser de la situation. Je sais même pas comment je devrais gérer ça et… Bref, voilà. J’me sens pas de m’étaler dessus de trop ce soir… J’voudrais pas te miner avec mes histoires.
J’observe alors le regard un peu désespéré d’Archie et je me sens automatiquement mal pour lui. Ma vision de l’amour n’a jamais changé : je n’y crois tout simplement pas. Je crois que l’amour fait juste du mal et que plus on insiste, plus on s’fait du mal pour rien. Quand je vois l’effet que l’amour a sur Archie, ça me conforte dans l’idée que ce n’est pas une bonne chose. Compatissant, je pose ma main sur son épaule et la serre légèrement en répondant
- Pour me miner, il m’en faudrait bien plus t’inquiète. Mais j’comprends que tu ne veuilles pas en parler. Puis honnêtement, je ne te serais pas d’une grande aide, j’y connais que dal aux relations moi. Encore moins aux meufs.
Je hausse les sourcils, amusé. La féminité reste un grand mystère pour moi, et je ne me souviens pas avoir été proche d’une fille, même d’une amie. Oh, j’ai eu quelques potes, évidemment mais ce n’est pas parce que je passais un peu de temps avec elles que je les comprenais bien. Alors conseiller Archie à ce niveau-là… Je pense que je ne pourrais que l’enfoncer davantage au final.
Comme son colocataire ne revient pas, je décide d’aller le chercher. Et de m’excuser aussi, si j’ai été lourd. Je ne m’en rends pas toujours compte, d’autant plus que lorsque je sors comme ça, l’unique but c’est de ne pas rentrer seul. Pitoyable, n’est-ce pas ? Je lâche alors mon pote au bar, seul avec ses sombres pensées pour tenter de raccrocher Douglas qui a fui. Et lorsque je tombe sur lui, je suis décontenancé.
Parce que dans ses yeux, j’y lis une sorte de peur et j’espère ne pas être celui qui la lui inspire. J’y lis aussi de l’insécurité et je suppose que le contexte n’y est pas pour rien. Et puis, il y a ce trouble qui m’envahit en sa présence et m’enlève toute assurance. Je ne comprends pas pourquoi. Peut-être son visage innocent, son regard troublant, ses lèvres légèrement tremblantes…
Il balbutie quelques mots, et je vois que ce n’est pas un exercice facile pour lui de s’exprimer librement. Qu’a-t-il vécu pour entrer si difficilement en contact avec les autres ? Il a l’air oppressé, opprimé et un frisson parcourt ma colonne vertébrale alors.
Pourtant je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils en l’entendant. Nous sommes différents ? En apparence certes, mais qu’est-ce qui le prouve au final ? Je dégage sûrement une assurance qu’il n’a pas, mais je suis contre le concept qui dit que la différence éloigne. J’aime les personnes différentes, qui se remarquent automatiquement. Et lui, je l’ai tout de suite remarqué. Un peu surpris par son discours, je reste inerte comme un parfait idiot. Il faut dire que je ne sais pas trop quoi répondre à ça, il est si peu sûr de lui et ne voit pas du tout son potentiel. Car clairement, je ne suis pas le seul à m’être retourné sur son passage.
« Toi aussi tu es mignon… » Je souris à cet aveu qui réchauffe agréablement mon ventre. C’est bête, n’est-ce pas ? Un simple compliment, un petit sourire et ce rouge qui teinte ses joues brusquement. « J’aimerai bien que tu restes… » J’affiche un sourire plus franc alors et hoche la tête.
- Ok, je reste alors.
Je me penche vers lui et lui glisse, avec amusement
- Seulement parce que tu as dit que j’étais mignon.
Je lui fais un clin d’œil et m’amuse de le voir tout chamboulé. Ce mec est un petit joyau, tout doux et tout précieux. En quelques instants, il m’a conquis, c’est fou.
- Et aussi parce que la différence ne devrait pas éloigner les gens mais les rapprocher. Si tu veux bien me laisser t’en convaincre.
Oui, j’ai de l’ambition parfois. Je le laisse passer devant et le suit jusqu’au bar pour rejoindre Archie, profitant de ma position pour le mater impunément. Il a un petit cul qui me fait rêver. Divin, tout simplement. Je m’accoude au bar en revenant, Archie nous sonde du regard et je souris bêtement avant de lui dire
- Douglas veut que je reste. On devrait aller danser pour fêter ça, non ? T’en dis quoi Doug ? Tu te laisses tenter ?
Je le provoque un peu, oui. C’est ma façon d’être en même temps, je suis un peu brusque mais pas méchant. Et même si mes intentions ne sont pas forcément pures, je sais être respectueux malgré tout. J’insiste, du regard et lui promets
- Promis c’est pas une tactique pour tenter quoi que ce soit, mes mains baladeuses ne t’effleureront pas. Mais puisqu’on est là, autant aller s’éclater non ? Archie, t’es partant ?
Spoiler:
T'inquiète pas de soucis, t'as géré ! En même temps on t'avait un peu lâché au bar pas cool J'en profite pour te dire que je SHIP trop Archie/Nept et j'adoooore vos RP qui me déchirent le coeur #fan
Après avoir passé quelques minutes seul aux toilettes, Douglas voit débarquer Harvey. Était-il toujours ainsi ? Aussi intrusif ? Est-ce qu'au fond ça ne faisait pas plaisir au brun qu'il soit venu le chercher jusqu'ici ? Pas vraiment. Enfin peut-être au plus profond de lui-même oui, mais s'il était venu ici, dans ce coin reculé c'était justement pour fuir le plus loin possible de cet homme qui lui semblait plus nocif qu'il ne le laissait paraître. Pourtant, il était de nouveau devant lui, et cette fois-ci, après avoir examiné les environs, il n'avait aucune porte de sortie possible, il allait devoir l'affronter. Affronter ses peurs. Affronter ses démons. Se battre contre lui-même.
Au bout du compte, Douglas arrive à prononcer quelques mots suite au discours qu'Harvey a fait plus tôt. Harbey et Douglas ? C'est de l'utopie. Ils sont si différents, tant physiquement que mentalement. Il ne fallait pas être dupe, Archie avait visiblement côtoyé ce jeune homme durant son enfance, et Douglas n'était pas stupide au point de croire que son colocataire avait toujours été un ange. Bien au contraire. Lui était trop pure. Non, ils n'étaient pas fait l'un pour l'autre, c'était une certitude et croire le contraire, ce serait foncer tête baissée dans un mur. Le jeune étudiant le savait, pourtant ça le démangeait. Harvey ne le laissait pas indifférent, mais avec sa naïveté, il avait peur que le jeune homme le brise encore plus qu'il ne l'était déjà. Et s'il se jouait de lui ? Si tout cela n'était qu'un jeu à ses yeux ?
Après ce qui lui semble être une éternité, Douglas arrive à prononcer ces mots qu'il ne pensait jamais pouvoir franchir la barrière de ses lèvres. Le sourire qui se dessine sur celles de son interlocuteur fait battre son coeur un peu plus rapidement, tout comme le prouvait ses joues rosies. Le jeune étudiant n'est pas certain d'avoir bien compris ce qu'implique la dernière phrase d'Harvey. Et aussi parce que la différence ne devrait pas éloigner les gens mais les rapprocher. Si tu veux bien me laisser t’en convaincre. Comment devait-il l'interprêter ? Est-ce qu'il devait y voir une quelconque invitation ? Ou bien se faisait-il simplement des idées ? Ils finissent par Archie, son verre à la main, le regard dans le vide, comme s'il était perdu. Douglas connaît que trop bien ce regard, c'est le même qu'il avait lorsqu'il était resté enfermé dans sa chambre plusieurs jours.
Tandis que Douglas s'apprête à s'installer au bar, Harvey propose d'aller danser pour fêter le fait que l'innocent Doug ne l'avait pas encore viré. Est-ce que c'était positif ? Devait-il accepter ? Il ne savait pas danser, et puis, être au milieu de tout ces inconnus ne le mettait guère à l'aise. Pourtant, une petite voix en lui voulait accepter, juste pour voir ce que ça pouvait faire d'être comme tout le monde pour une fois, mais son éternel combat contre lui-même l'en empêchait.
" - Je.. Je ne sais pas danser.. Je serai capable de t'écraser les pieds dix fois avant même qu'on arrive là-bas.." fit-il en rougissant une nouvelle fois avant d'avaler une gorgée de son verre afin de quitter le plus rapidement le regard déstabilisant de l'ami d'enfance de son colocataire.
Douglas n'était pas stupide, il savait que son excuse pour se tenir assez loin d'Harvey n'allait pas le décourager, bien au contraire, il trouverait bien une autre technique pour obtenir ce qu'il souhaite de lui, reste à savoir ce que c'était justement.
Spoiler:
Pardon pardon pardon pour le retard de la réponse..
« Pour me miner, il m’en faudrait bien plus t’inquiète. Mais j’comprends que tu ne veuilles pas en parler. Puis honnêtement, je ne te serais pas d’une grande aide, j’y connais que dal aux relations moi. Encore moins aux meufs. » Tu as eu un léger rire forcé. Tu hausses les épaules, malgré tout. Est-ce que tu t’y connaissais mieux que lui ? Probablement pas, quand on voyait tes échecs répétés. Cela dit, tu commençais à comprendre quelques limites à l’inacceptable. Le garçon a fui, suivant ton colocataire. Tu t’es retrouvé tout seul, un peu comme un con. Tu t’es retrouvé à attendre là, en observant les autres. Qu’est-ce qui te retenait d’aller danser ? Qu’est-ce qui te retenait d’aller de mêler aux corps qui s’agitaient devant toi ? Pas grand-chose. Pas grand-chose, si ce n’est l’éventualité que Douglas se ramène subitement, en te demandant si vous pouviez rentrer immédiatement. Alors tu attends. Tu attends, et finalement, deux visages familiers apparaissent dans ton champ de vision. « Douglas veut que je reste. On devrait aller danser pour fêter ça, non ? T’en dis quoi Doug ? Tu te laisses tenter ? » Tu notes que Douglas est devenu Doug, alors que tu hoches subitement la tête. Danser, c’était clairement une bonne idée. C’était peut-être la meilleure chose à faire, si tu ne voulais pas avoir l’impression de tenir la chandelle pour le reste de la soirée – même si ça ne te dérangeait pas encore trop de jouer la bouée de sauvetage de Douglas pour l’instant. « Promis c’est pas une tactique pour tenter quoi que ce soit, mes mains baladeuses ne t’effleureront pas. Mais puisqu’on est là, autant aller s’éclater non ? Archie, t’es partant ? » Tu souris. Quand il s’y met, Harvey, il est un peu con, quand même. Mais bon. « De ouf ! » lances-tu sur un ton enjoué, alors que tu es déjà en train de te remuer. Tu peux abandonner ta boisson sans hésiter, si c’est pour aller danser. Surtout si c’est pour aller danser. « Je.. Je ne sais pas danser.. Je serai capable de t'écraser les pieds dix fois avant même qu'on arrive là-bas.. » Tu souris, et c’est toi qui attrape Douglas par les épaules pour l’entraîner jusqu’à la piste de danse. « On s’en fout, de ça. Ils sont presque tous bourrés, tu peux pas être pire qu’eux. » expliques-tu dans un éclat de rire. Tu n’étais même pas certain qu’il ne sache pas vraiment danser, en réalité.
Quelques petits pas vers l’avant. Quelques mouvements de bras, de haut en bas, alors que tu te laisses emporter. Tu te laisses transporter par les basses trop fortes, qui font vibrer ta cage thoracique. Tu bouges. Tu bouges, sans même vraiment te soucier des autres. Tu tournes. Comme si le monde t’appartenait. Comme s’il n’y avait rien d’autre à vivre que cet instant : un morceau trop déstructuré pour être vraiment compris, une odeur de sueur et d’alcool, et un espèce de brouhaha incessant. Et tu ouvres les yeux. Tu ouvres les yeux, pour fixer, l’espace d’un temps, tes deux camarades. Tu essaies de voir si tu peux te mêler un peu à eux, ou pas encore. Ronde à trois, doucement. Tu te rapproches en ondulant, encore. Rythmique que tu marques, comme si c’était la plus importante des choses. La musique, toujours. La musique, encore, alors que tu souris à ton colocataire. « C’est pas si mal, en vrai ! » que tu hurles, sans être vraiment certain qu’il ait compris ce que tu as gueulé. Tant pis. Peut-être qu’il ne lui manquait qu’un rien pour se lancer.