Je ne l’avouerais jamais, mais je suis fan de Katy Perry. Son côté psychédélique, ses paroles qui ont plus de sens qu’il n’y paraît, ses clips de malade et ce son bien pop, entraînant qui me fait déjà sautiller sur place en observant Douglas hésiter, chercher une excuse à tout prix. Je compte sur Archie pour l’embarquer sur la piste de danse et je fais bien, car dans mes souvenirs s’il y avait une chose qu’il savait faire c’était la fête. Je suis un piètre danseur, faut l’avouer, je sais à peine mettre un pied devant l’autre mais je n’ai jamais résisté à me défouler, l’alcool aidant, sur le dance-floor.
Comme un échappatoire, le lâcher prise sur une piste bondée de monde fait du bien. Pas de peur du jugement, peu importe tout le monde est trop bourré pour faire attention à ce qu’il se passe réellement. C’est dans cet état d’esprit que je me déhanche, n’importe comment, et je souris en voyant Douglas entrainé par Archie sur la piste. J’attrape l’une de ses mains et me rapproche de lui en disant (criant)
– Alors ? Tu crois qu’eux ils savent danser ?
Et je ris, car clairement personne ne sait danser ici. Peut-être quelques gars, mais ils sont trop éméchés pour gérer correctement. L’éclairage fait en sorte de calfeutrer tous ces mouvements désordonnés, trop brusques, peu assurés et ça m’arrange. J’aimerai que Douglas se détende et profite de ce moment, qu’il lâche prise et ne pense à rien comme moi je le fais en fermant les yeux pour m’imprégner simplement de la musique et vider ma tête.
– C’est pas si mal en vrai !
Je rouvre les yeux, Archie nous a rejoint et on s’entraine un moment tous les trois à danser. Jusqu’à ce que nos t-shirts finissent par se tremper de sueur, que nos souffles se fassent plus lourds et que l’envie de boire nous oblige à quitter la piste. La gorge sèche, je passe naturellement mon bras autour des épaules d’Archie sur le chemin du bar avant de lui crier :
– ça fait plaisir de revoir ta bouille putain. Faudra que tu m’files ton numéro, qu’on prenne le temps un de ces jours, que tu me racontes un peu ce que tu deviens, et que tu me parles de cette nana qui te fait déprimer. – Et toi aussi, Doug. Ce serait cool de se revoir, non ?
J'interpelle le colocataire mignon en me tournant. Je lui fais un sourire et commande la même chose que tout à l’heure pour nous trois. L'envie de fumer une clope commence à me serrer la gorge de plus en plus. Je tends le verre de jus à Douglas en m’humidifiant les lèvres, avant de me saisir de mon whisky que je vide d'une traite dans mon gosier. Habitué, ouais. Tu parles. Alcoolique plutôt. Je sais très bien comment je vais finir ma soirée. Mal.
Je sors mon portable de ma poche en galérant un peu et je le lui tends pour qu’il y inscrive son numéro. Il peut toujours noter n’importe quoi et choisir de ne plus jamais me revoir, je le laisse en décider. J'attends qu'il me redonne mon numéro pour faire passer le portable à Archie à son tour.
Tandis qu'Harvey est pris d'une soudaine envie de danser, ce qui en soit, dans une boite de nuit est tout à fait normal. Normal pour des gens comme Archie et Harvey, pas pour quelqu'un comme Douglas. Voilà pourquoi il tente de trouver une excuse pour ne pas avoir à affronter la foule et toute la sueur qui en émane, mais en vérité, il n'a pas vraiment le temps de dire ou faire quoique ce soit puisque son colocataire l'entraîne de force vers la piste de danse. Le regard du plus jeune se fait alors nerveux et mal à l'aise. Est-ce qu'un jour il sera plus à l'aise dans un lieu autre que sa chambre avec ses bouquins de droit ? Peu probable.
En quelques secondes seulement, Doug s'était retrouvé plongé parmi toutes ces personnes qui lui sont inconnues. Il croise le regard de certaines personnes sans pour autant que l'une d'entre elles s'en soucie réellement, même si l'étudiant est persuadé du contraire. Dans le genre parano, il est déjà à un niveau assez élevé.
Après les pas de danse unissant les trois garçons, ils finissent par rejoindre le bar où Harvey s'empresse de commander les mêmes boissons qu'ils avaient bu auparavant. Douglas les laisse marcher devant lui, le bras d'Harvey autour des épaules d'Archie, il n'osait même pas imaginer les bétîses qu'ils avaient pu faire ensemble. Mais il est rapidement sorti de ses pensées lorsque le jeune homme se retourne vers lui afin de lui quémander son numéro pour qu'ils puissent se revoir. L'instant d'une seconde, le brun hésite. Est-ce vraiment une bonne idée ? Il sent tout son corps prit d'une violente chaleur. Celle des lieux peut-être ? Ou simplement la panique de ce qui pourrait se passer dans le futur avec Harvey. Les doigts tremblants, il compose son numéro sur le téléphone du jeune homme avant de lui tendre pour qu'Archie fasse la même opération, puis il s'éloigne quelque peu pour siroter son jus d'orange.
Une fois fait, ils reprirent le chemin de la piste de danse où les deux hommes s'en donnaient à coeur joie. Ils étaient vraiment dans leur élément, ça se voyait. Tout comme ça se voyait que Douglas faisait tâche dans ce type de lieu, mais il faisait son maximum pour ne pas décevoir Archie. Soudain un homme s'approcha de lui, un sourire jusqu'aux oreilles, ses yeux pétillants d'une lueur qui faisait frisonner l'anglais. Il se trémoussa, jusqu'à venir coller Douglas, tandis que celui-ci tenta de s'éloigner le plus possible. Puis les mains de l'inconnu se posèrent sur le corps tremblant du brun alors que l'inconnu baragouina des mots inintelligibles en se faisant toujours plus insistant. Douglas aurait aimé crier à l'aide, mais avec le bruit de la soirée, son cri de désespoir se serait perdu dans les basses de la musique. Il tenta malgré tout de repoussa l'homme mais sans succès. Douglas lança un regard à Harvey comme pour l'implorer de venir le secourir, mais il semblait trop inspiré par la musique qui passait à ce moment là.
→ Le téléphone récupéré et remis dans la poche arrière de mon jean avec, je l’espère, le numéro de Douglas dedans ; nous repartons nous enjailler sur la piste de danse, bras dessus-bras dessous avec Archie. L’alcool aidant, j’oublie un peu tout et me laisse aller, repérant quelques mecs mignons çà et là avec lesquels je pourrais éventuellement finir la soirée. L’idée de sortir en boîte, c’est de ne pas rentrer seul surtout lorsqu’on a dépassé un certain âge. A trente-trois ans, c’est la chasse qui nous anime, rien d’autre. J’aime danser mais les basses me pètent les oreilles et me foutent une migraine incroyable, accentuée par l’alcool ingurgité en trop grande quantité. Mes perceptions sont amoindries, et l’ambiance tamisée du lieu favorable au lâcher prise. En clair, j’y vois flou, je suis pété et je titube plus que je danse. Mais ce n’est pas grave, je crée l’illusion que je m’amuse et j’essaie éventuellement de m’en persuader au passage – même si je ne suis pas dupe. Archie a l’air de faire comme moi et de se laisser porter par la musique. Je cherche alors du regard son colocataire qui semble s’être éloigné. Je ne serai pas étonné de le voir revenir au bar, la danse ça n’avait pas l’air de le mettre très à l’aise. En même temps, il n’a pas l’air à l’aise en général et c’est à se demander quel est son problème. Ça m’intrigue, je trouve son comportement particulièrement curieux, voir incompréhensible.
Je le cherche alors du regard, un bon moment parce qu’entre les gens qui tournoient sur la piste, moi qui n’y voit pas clair et la lumière sombre, l’entreprise s’avère bien plus compliquée qu’il n’y parait. Lorsque je le vois, enfin, il semble être en mauvaise posture. A vrai dire, ça aurait été n’importe qui d’autre, je ne m’en serais probablement pas mêlé. Mais là, à voir la tête qu’il fait, il a besoin qu’on intervienne. Sans plus réfléchir (ce n’est pas mon fort, encore moins quand j’ai bu faut bien l’dire), je m’avance jusqu’à eux et d’une poigne assurée et ferme sur l’épaule du type, je le pousse en arrière pour l’éloigner de Douglas. « Lâche-le, c’est bon tu le soûles. » Mon opposition n’a pas franchement l’air de lui plaire pour le coup et il se rapproche de moi, menaçant, et commence à me taper l’embrouille. Quel idiot, sérieux. Nos fronts se collent presque, j’entends ses injures et je sens l’énervement prendre le dessus. Mon poing se serre lentement et je jette un coup d’œil vers Douglas pour m’assurer qu’Archie l’a bien récupéré. Puis, poussé par l’alcool et l’adrénaline, j’envoie une droite puissante dans la mâchoire du mec pour le calmer. Rapidement, l’incident crée un gros bordel sur la piste. A peine sonné, le mec m’envoie un coup de genou en plein bas-ventre. Je ne l’avais pas vraiment vu venir et ça me fait plier en deux. J’étais venu pour pécho, pas me battre merde ! Je rage et me redresse rapidement pour me jeter littéralement sur le mec, qui tombe sur le sol. La baston prends carrément de l’ampleur, car il m’a enragé ce connard et le videur est obligé d’intervenir. Il me chope par le col, m’écarte du gars que je suis en train de laminer au sol et me traîne jusqu’à la sortie de la boîte.
Une fois dehors, je crache et jure, énervé de ce qui vient de se passer. Je marche jusqu’au trottoir d’en face et scrute la sortie de la boite pour finir ce que j’ai commencé et terminer de défoncer la gueule de ce sale con. Passant ma main sur ma joue endolorie qui s’est pris un coup, je cherche mes clopes. Le goût de sang dans ma bouche m’irrite légèrement. Je me suis mordu violemment la langue en me prenant un coup. Je cale la sèche entre mes lèvres et l’allume rapidement, tentant de me calmer en vain.
Spoiler:
Oui, il est sanguin Harvey, il ne faut pas le chercher et il n'aime pas les gros lourds insistants.
Danser. Lâcher prise, et danser. Tu voulais juste passer du bon temps. Tu voulais juste te détendre, et tu espérais que Douglas réussisse à te suivre dans cette idée. Ce n’était pas gagné, pourtant. Ce n’était pas gagné, quand tu connaissais la capacité – ou plutôt l’incapacité – de ton colocataire à simplement s’amuser. Tu avais peur pour lui, parfois. Tu avais peur qu’il passe à côté de sa vie. Tu avais peur qu’il se réveille un matin, dans une vie qui n’était pas la sienne, et qu’il ne sache plus comment faire marche arrière pour vivre mieux. Douglas semble vivre dans une crainte permanente des autres – mais il était vrai que la vie ne l’avait pas particulièrement gâté par le passé. Alors, qu’est-ce que tu espérais, en l’entraînant ici ? Que quelqu’un comme Harvey apparaisse, peut-être. Quelqu’un capable de le sortir de son monde épineux, d’où il craignait de bouger, trop de fois heurté par ce qui l’entourait. « Ça fait plaisir de revoir ta bouille putain. Faudra que tu m’files ton numéro, qu’on prenne le temps un de ces jours, que tu me racontes un peu ce que tu deviens, et que tu me parles de cette nana qui te fait déprimer. – Et toi aussi, Doug. Ce serait cool de se revoir, non ? » Tu hausses les épaules en riant, alors que son bras se fait presque un poil trop lourd sur tes épaules. Il vous avait à nouveau embarqué jusqu’au bar, et tu saluais cette initiative, alors que ton tee-shirt commençait sérieusement à te coller à la peau. Il commence à nouveau des boissons pour rafraîchir vos gosiers desséchés, et tu le remercies d’un signe de tête. « Y’a pas que moi qui doit raconter ma vie, toi aussi ! » brailles-tu, alors que tu notes ton numéro sur le téléphone que venait de te filer Douglas.
Vous êtes repartis, bien assez vite. Tu as emporté ta boisson avec toi, incapable de la finir d’une traite – surtout si tu voulais éviter que Douglas ne te traîne jusqu’à sa voiture. C’était difficile de ne pas te mettre une mine monumentale avec Harvey dans les parages, mais tu l’avais promis à Douglas. Si le brun faisait des efforts considérables pour foutre les pieds ici, tu pouvais bien faire la même chose pour rester un minimum respectable. Pour Harvey, ça semble plus compliqué. Il est dans un état. que tu ne peux t’empêcher de penser. Mais tu t’en fiches, au final. Tu t’en fiches un peu, parce que ça reste un bon pote, quand bien même les années ont passé – de toute manière, tu ne devais guère être mieux que lui avant, à raconter des conneries, complètement défoncé. Tu danses. Tu danses avec le barbu, jusqu’à ce qu’une pensée te traverse l’esprit : où est Douglas ? Tu cherches le plus timide du regard, ralentissant légèrement tes mouvements de danse – tu n’es clairement plus en rythme, tout d’un coup, mais la disparition du brun t’inquiète plus que tu ne veux bien le montrer. Et puis, il y a Harvey qui part au quart de tour, comme une furie. Tu l’observes fendre la foule, en ligne droite, jusqu’au Saint Graal : ton colocataire. Ton colocataire qui a repris son habituelle stature de chiot apeuré, et tu captes bien assez vite qu’il y a un truc qui ne va pas. Tu actionnes tes jambes jusqu’aux garçons, marmonnant des pardons qui ne sont, de manière générale, pas vraiment absorbés. Tu ne piges pas vraiment ce que raconte le plus vieux, mais tu sens que ça va tourner au vinaigre quand tu le vois pousser un emmerdeur. Tu t’en veux. Tu t’en veux, parce que tu n’as pas su veiller suffisamment sur Douglas pour qu’il ne se fasse pas alpaguer par le premier mec en rut qui passait – Harvey excepté. Alors, dans un espoir vint de sauver ton copain – parce que le timide en était un, tout de même -, tu le tires par le bras, jusqu’à toi. « Viens. » que tu ordonnes presque, l’attirant hors de la foule, alors que Harvey est déjà en train de se battre avec l’espèce d’abruti visiblement autant, si ce n’est plus, alcoolisé que lui. Le mouvement des gens est inévitable, et tu es presque heureux de ne pas avoir perdu une nouvelle fois le plus jeune : il aurait été probablement piétiné, trop surpris pour réagir à temps. Tu reposes ton verre sur le bar, et laisses Douglas faire de même : l’issue est certaine, ton vieux pote allait probablement se faire virer de la boite pour le reste de la soirée. « Viens, on y va, si tu veux. » brailles-tu, toujours pour couvrir la musique, à l’intention de ton colocataire. Vous en aviez eu assez. Tu en avais eu assez, et tu n’allais probablement pas réussir à ramener ton colocataire en soirée avant une bonne dizaine d’années. Vous récupérez vos vestes aux vestiaires, et l’air frais de l’extérieur vient souffler de manière agréable sur vos visages. Tu te détends un peu, avant de fixer ton brun d’un air désolé. « C’est de ma faute … J’aurais dû faire attention à ce qu’on ne vienne pas te faire chier. » Tu étais sincère. Sincèrement navré qu’un tel truc se soit produit, alors que tu avais proposé à ton colocataire de juste passer une bonne soirée pour s’amuser. « Mais … T’as bien géré, quand même. La fin était pas top mais … J’espère que ça t’a plu. » La fin était même carrément ratée. Et il y a Harvey. Harvey que tu cherches du regard, te souvenant que, si tu le laisses tout seul, vu son état, il allait probablement se ramasser encore quelques problèmes. Tu grimaces en le voyant en furie de l’autre côté de la route, à cracher, jurer et fumer. Son état physique – si on oubliait qu’il titubait – semblait aller, mais niveau mental, ce n’était clairement pas ça. « Il a juste fait ça pour te défendre, tu sais. » lâches-tu à l’intention du brun, réalisant soudain qu’il devait être terrorisé par cette soudaine scène de violence – surtout compte tenu de la fois où il avait cru que tu allais le frapper. « Y’a des mecs, tu peux t’en débarrasser que comme ça. » Hélas. Tu ponctues la fin de ta phrase d’un signe de tête en désignant Harvey, alors que tu commences à traverser la route, bien décidé à calmer au moins un peu le plus vieux d’entre vous. « Hey, Harvey ! » lâches-tu, attrapant son poignet, cherchant à lui éviter de découvrir l’autre con qui se tenait probablement non loin – si ces potes n’avaient pas eu la science de l’emporter un peu. « Viens, on va marcher un peu, oublie l’autre con. » Traîner plus loin, ailleurs, et augmenter vos chances de ne pas croiser l’autre. « Mais heureusement que t’étais là, j’aurai été incapable de lui foutre un coup comme ça. » lâches-tu avec un sourire qui se voulait apaisant. « Faut qu’on t’dépose quelque part ? Ou sinon, t’peux venir chez nous, le canap est dispo. » proposes-tu, après avoir jeté un coup d’œil à Douglas, comme pour demander la permission.
Malgré le fait que Douglas ne soit pas adepte de ce type de soirée, il n'avait rien imposé à son colocataire, sachant que lui était dans son élément. Tout comme son ami d'enfance. Alors il fit ce qu'il savait faire de mieux, c'est-à-dire rester en retrait et observer le monde qui se déroule autour de lui, l'horloge qui émet des tic et tac de manière régulière sans qu'il ne sache réellement à quoi ressemblait son avenir.
Au bout du compte, après avoir repris une nouvelle tournée, les trois garçons étaient retournés sur la piste de danse. Tout semblait se dérouler au mieux, en tout cas jusqu'à maintenant. Archie et Harvey étaient saouls mais semblaient vraiment heureux d'être ici et de s'être retrouvés. Douglas aussi avait eu cette sensation en retrouvant Cassandra avant qu'elle ne reparte aussi vite qu'elle était arrivée.
Quoiqu'il en soit, Douglas tente de bouger ses bras et ses jambes au rythme des basses mais en vain, il préfère secouer la tête et taper du pied. Mais voilà la vérité, si Archie et Harvey étaient deux hommes en qui Douglas avait confiance dans ce type d'endroit, ce n'était pas le cas de tous, et celui qui avait réduit l'écart avant même que le plus jeune ne s'en rende compte et ne puisse réagir correctement. Et puis tout s'était enchaîné beaucoup trop rapidement à ses yeux. Cet homme, Harvey qui arrive et la bagarre entre les deux hommes qui éclate, pour le plus grand bonheur de toutes les personnes saoules en manque de spectacle à contempler.
Douglas regarde la scène impuissante. Harvey qui semble avec tant de haine en lui, c'est tellement loin de l'homme qui était à ses côtés plusieurs minutes auparavant. Impuissant, le jeune homme est trop terrorisé pour faire le moindre mouvement, c'est Archie qui est obligé de le tirer par le poignet pour l'extirper de la foule avant qu'elle ne soit séparé par les vigiles.
Le brun suivit son colocataire sans dire un mot, il était en état de choc de tout ce qui venait de se passer : cet homme qui avait fait remonter tant de mauvais souvenirs et puis Harvey qui s'était emporté de la sorte. Un épais brouillard avait envahi l'esprit du brun, il se laissait porter par son ami, qui décida de quitter les lieux. Effectivement c'était sans doute la meilleure option, celle qu'il aurait dû envisager depuis longtemps. Mais il s'était promis de faire des efforts pour le brun, il les avaient fait, et voilà où ça l'avait mené.
Sa veste sur les épaules, les bras croisés contre son torse, Douglas n'avait pas dit un mot depuis qu'ils avaient quitté le lieu de fête nocturne, ne sachant pas vraiment ce qu'il était advenu d'Harvey. Douglas avait toujours été contre la violence, et pour cause, après le calvaire que lui avait fait vivre son père, il préférait ne pas replonger dans ces mêmes souvenirs. Alors oui, voir Harvey se battre avec tant de haine, ça l'avait effrayé. Effrayé que sa prochaine cible puisse être lui. Tandis qu'Archie tentait de le rassurer, l'anglais se contenta de hocher la tête pour acquiescer. Au fond, il savait qu'Harvey avait agit pour lui, pour le protéger, pour le défendre..
Ils finirent par rejoindre le jeune homme en question, qui semblait vraiment à cran. Ce qui était explicable au vu la situation qui venait de se dérouler. Par prudence, Douglas se tenait en retrait alors que son colocataire essayait de le calmer et de le déposer quelque part. Ou même de le ramener dans leur appartement pour la nuit. Le jeune étudiant ne pouvait tout simplement pas s'y opposer, alors il haussa les épaules.
→ Je tire sur ma clope comme un forcené, tout en fixant la sortie de la boite avec colère et rage. Me battre fait partie de moi, une fois que la bête est sortie, il est très difficile de la calmer. Je marche, tourne en rond tout en fulminant contre ce qui vient de se passer. Et ni la fraîcheur de la nuit, ni le fait qu’Archie et Douglas doivent sûrement être sortis à leur tour, ne me calme. Frapper pour ne plus être une victime, voilà comment je raisonne. Je déteste les mecs qui tentent d’avoir sur l’ascendant sur les autres. Le visage et l’air apeuré de Douglas m’ont fait disjoncter. Je déteste l’abus. Je déteste qu’on force les gens. Je déteste qu’on les violente. Ça me rend fou, et comme un lion en cage, je guette la sortie du mec pour finir de lui exploser sa tronche. L’envoyer à l’hôpital pour l’empêcher de nuire à qui que ce soit, voilà mon but. Ce n’est pas intelligent, ni réfléchi, mais c’est ainsi que je pense. L’alcool n’aide pas à être clairvoyant dans ce genre de situation, je suis totalement gouverné par mes instincts primaires et je n’ai aucune envie de les réprimer. L’appel du sang est bien trop fort pour ça. Son goût inonde ma bouche, oriente toutes mes pensées vers la rage et la colère que je contiens chaque jour et qui ne demandent qu’à sortir. Je sais déjà comment je vais finir ma soirée.
-Hey Harvey ! Je sursaute à la main d’Archie qui s’enroule autour de mon poignet, et j’ai un geste de recul non-maîtrisé. Il aurait pu s’en prendre une vue ma nervosité, mais heureusement pour lui, je me maîtrise encore légèrement. –Viens, on va marcher un peu, oublie l’autre con. Je rage à l’intérieur. Oublie l’autre con. Et comment ? Je n’ai pas terminé de lui refaire la face à cet enculé et ça bouillonne en moi. Pourtant je me laisse faire et suis Archie, m’éloignant un peu de la sortie de boîte, sans oublier toutefois ce qui vient de se passer. – Mais heureusement que t’étais là, j’aurai été incapable de lui foutre un coup comme ça. Faut qu’on t’dépose quelque part ? Ou sinon, t’peux venir chez nous, le canap est dispo. Je secoue vivement la tête et m’arrête de marcher brusquement. Pestant, je déclare – Putain je déteste les enfoirés dans son genre, j’te jure. Saloperie de forceur ! Je jette ma cigarette terminée au sol, comme pour donner un petit côté théâtral à ma tirade et j’enfonce les mains dans les poches de mon jean avant de faire face aux deux garçons. Doug semble mortifié, il ne dit pas un mot et j’évite de croiser son regard. J’ai fait ça pour lui, parce que je n’ai pas supporté de le voir en si grande difficulté. Si je l’ai choqué toutefois, tant pis. Je ne peux pas changer celui que je suis. Impulsif, violent, je pars au quart de tour. – J’ai ma bécane, j’vais rentrer chez moi, t’inquiète. J’ai des trucs à faire en plus. Aller me battre. Pour évacuer, pour me défouler, pour réussir à dormir ensuite et chasser les cauchemars. – Mais c’est sympa de proposer. Toute façon, j’ai ton numéro maintenant alors, on s’recontacte pour… tu sais, parler de nos lifes et de tous ce qui s’est passé en dix ans. Je souris, fais un clin d’œil et tente de le rassurer suffisamment pour qu’il me laisse m’éclipser. J’ose un regard vers Doug, je tords les lèvres puis déclare – J’étais content de te rencontrer. T’es un saint pour supporter Archie tous les jours. Désolé pour cette fin de soirée merdique par contre. Vu qu’il ne dit pas un mot, je suppose qu’il a peur de moi maintenant. Je sors la main de ma poche pour checker Archie, comme durant la vieille époque. – On s’recontacte mec ! Je lâche, en lui tapotant l’épaule. Puis, après un énième clin d’œil, je m’éloigne des deux colocataires et replace une clope entre mes lèvres tout en faisant tournoyer les clés de ma ducati dans ma main. La nuit m’appelle ailleurs désormais.
Qu’est-ce que tu étais supposé faire ? Qu’est-ce que tu étais censé faire ? Douglas ne parlait plus. Le brun te suivait sans dire un peu, visiblement terrorisé par la violence soudaine de l’autre. Le plus vieux semble à deux doigts de te foutre un coup en pleine figure lorsque tu l’attrapes pour essayer de l’arracher à la violence. Tu l’aurais probablement mérité. Il t’aurait probablement foutu KO, mais tu l’aurais bien mérité. Est-ce que tu aurais été surpris de t’en prendre une ? Pas vraiment. En réalité, tu es plutôt surpris qu’il se retienne juste assez, tout en étant soulagé – tu avais été contraint de rentrer chez toi la dernière fois que tu t’étais fait démonter la gueule et que tu avais osé te présenter au boulot.
Il jure, Harvey. [#0033ff]« Putain je déteste les enfoirés dans son genre, j’te jure. Saloperie de forceur ! »[/color] Tu sais qu’il a raison. Tu ne les aimes pas vraiment non plus, mais tu ne dis pas grand-chose : est-ce qu’il écouterait vraiment ? Est-ce que tes mots ne feraient pas que d’attiser sa haine ? Probablement. Alors, tu préfères lui proposer de le ramener quelque part : chez lui ou chez vous. « J’ai ma bécane, j’vais rentrer chez moi, t’inquiète. J’ai des trucs à faire en plus. » Pire idée du siècle que celle de le laisser partir dans son état. « Comme tu veux. » lâches-tu pourtant. Est-ce que tu es irresponsable ? Un peu. C’est nul de le laisser partir sans lutter pour éviter qu’il conduise, mais tu n’as pas envie de te prendre la tête avec lui. Tu n’as pas envie, et tu imagines qu’il a probablement besoin de souffler – il se connait mieux que toi, et tu captais qu’il n’était pas nécessaire de s’importer. « Mais c’est sympa de proposer. Toute façon, j’ai ton numéro maintenant alors, on s’recontacte pour… tu sais, parler de nos lifes et de tous ce qui s’est passé en dix ans. » Tu ris, doucement, tout en hochant la tête. Tu comptais là-dessus. Tu prenais cette promesse pour une garantie qu’il réussirait à conduire sa moto suffisamment bien pour réussir à rentrer en vie chez lui. « T’as plutôt intérêt à le faire, ouais. » lâches-tu, alors que Harvey enchaîne sur une pique à ton égard, félicitant Douglas de te supporter tous les jours. Tu lèves les yeux au ciel, avant de le checker quand il sort sa main de sa poche pour la lever vers toi. « Rentre bien, mec. » ajoutes-tu quand même, tout en tapotant, comme il le faisait avec toi, son épaule. Tu l’as regardé s’en aller, avant de faire un signe de tête à Douglas. « Allez, viens. » proposes-tu, alors que tu glisses une main dans la poche de ta veste. Soirée terminée. Soirée qui s’achève, doucement, tristement, peut-être, mais qui se finit tout de même.
Spoiler:
Awh, oui oui ! J'imagine qu'on peut presque clôturer, d'ailleurs ? Après la réponse de Douglas, peut-être ? La bise !