Love spend time with you

@John Williams

LIKE STUPID ADAM AND EVE
THEY FOUND THEIR LOVE IN A TREE
GOD DIDN'T THINK THEY DESERVED IT
HE TAUGHT THEM HATE, TAUGHT THEM PRIDE
GAVE THEM A LEAF, MADE THEM HIDE
LET'S PUSH THE STORIES ASIDE

La jeune rousse a abandonné ses habitudes pour John, elle lui a concédé une journée paisible à la maison, juste lui et elle. Entre amoureux. La culpabilité est certainement l’élément déclencheur de cette si soudaine flexibilité pour une femme à la limite de l’hyperacticité en temps normal. Elle qui déteste tant cette idée de femme au foyer, cette idée de pouvoir perdre ne serait ce un seule seconde de sa vie à ne pas la vivre pleinement. Elle qui souhaite toujours courir sans jamais avoir appris à marcher. Reprendre son souffle est une expression qu’elle ne connaît pas et qu’elle n’assimilera sans doute jamais. Jusqu’à aujourd’hui elle pouvait vivre la vie qu’elle voulait sans n’avoir à s’adapter à personne, mais désormais cela a changé. Alors elle s’est accordée une journée off, une journée à ne rien faire si ce n’est profiter de John. En peu de temps il a su prendre toute la place libre dans son cœur, comme le font les gaz : ils prennent toute la place disponible. Ok, il y a plus romantique comme comparaison, mais celle ci était celle se rapprochant le plus de la réalité à vrai dire.
Aujourd’hui, il ne s’est rien passé. Le terme « rien » peut réellement tout résumer. Habituée à peu de sommeil, la rousse s’était levée tôt et avait rangé tout ce qui commençait à s’amasser petit à petit dans sa vie. Elle a même préparé le petit de jeuner pour tous les deux, comme le font les petites femmes modèles des clichés qu’elle déteste tant. Depuis plusieurs dizaines de jours John reste à Baysise près d’elle, trouvant toujours quelques instants pour échanger des baisers et des mots doux malgré leurs horaires opposés. Parfois Charlie le rejoignait au bar mais la plupart du temps elle profitait des ses soirées pour avancer au maximum son mémoire avant qu’ils ne partent en Afrique du Sud. Elle y pensait presque quotidiennement, sa valise est déjà prête dans sa tête. Elle s’était même renseignée s’ils ne devaient pas faire de vaccins supplémentaires comme il est souvent demandé avant un voyage dans les pays d’Afrique. Leur pays à eux n’est pas sur cette liste et tant mieux car le temps d’attente est généralement affolant.
Lorsque John a effectué sa levée du corps, la jeune femme n’a pas pu réprimer un sourire le voyant arriver. Elle lui avait préparé quelques gaufres et déjà  lavé tous les ustensiles depuis quelques temps. Le reste de la journée s’est passé quelques mètres plus loin sur le canapé, la rousse la tête posée sur le torse de John quand ce n'était pas son épaule. Ils savouraient des pizzas devant Netflix. Charlie a ce don particulier de s’endormir dès qu’un film commence (peu importe l’heure de la journée) et cela s’étend même aux séries. Elle a donc passé son temps à dormir sur le canapé et a ensuite suivi John dans le lit lorsqu’il a décidé de dormir à son tour. En voilà un programme d’hyperactif.
D’un commun accord, ils ont trouvé quoi faire du reste de leur soirée : un cinéma. Passer de netflix dans le canapé à un film dans une salle obscure, ça c’est du changement ! Mais qu’importe, Charlie allait pouvoir manger son popcorn salé en compagnie de John et cela ferait plaisir à tous les deux. Pour elle, le film semblait tellement évident qu’elle ne lui en avait pas plus touché mot. Elle s’était retrouvée sur le cul lorsque John était déjà prêt et habillé dans la chambre alors qu’elle traînait encore à moitié nue dans toute la maison, trouvant toujours quelque chose d’autre à faire plutôt que d’enflier un pantalon.
Lorsqu’elle se fût enfin décidée à enfiler son pantalon chino noir, la voix de John parvint à ses oreilles. Et quel malheur. Un film sur la seconde guerrie mondiale ? Quitte à sortir, Charlie serait allée voir Endgame avant de crouler sous les spoiler de toutes parts ! Certes elle adore les documentaires, mais le soir tard chez elle en rentrant de soirée dans le but de s’endormir devant … Jamais de la vie elle n’irait au cinéma juste pour un document, peu importe s’ils est tourné de façon à faire croire qu’il s’agit d’un film ! Alors, le pantalon au niveau des genoux, elle s’arrête et dévisage John sans vraiment s’en rendre compte. Elle est toujours en soutien gorge et culotte, il est encore temps de changer les plans.
« Je pensais plutôt qu’on irait voir Endgame ? C’est le film événement du moment … et puis qui voudrait rater Chris Hemsworth en 4DX ? » Le second degré pour essayer de ne pas tomber dans une scène de ménage. Charlie déteste les conflits, mais elle n’est pas prête à faire des concessions tout le long de la journée. « Quitte à être un cliché ambulant de la génération Y, on peut trouver des vieux films partout sur internet maintenant. Alors qu’Endgame pas encore ! » Elle a l’impression de négocier avec son père comme elle en avait l’habitude étant enfants, ils n’étaient jamais d’accord sur les films à aller voir au cinéma. Au final, ils n’y allaient jamais car ne tombaient jamais d’accord.

Love spend time with you

@John Williams

I COULD BE BROWN
I COULD BE BLUE
I COULD BE VIOLET SKY
I COULD BE HURTFUL
I COULD BE PURPLE
I COULD BE ANYTHING YOU LIKE

Chris Machin par contre, c’est totalement le truc de Charlie, y’a pas à tergiverser sur le sujet.  Et puis en temps normal elle aurait concédé un film à qui que ce soit, cela ne reste que deux mauvaises heures à passer dans le pire des cas. Or elle vient déjà de concéder toute sa journée, même elle n’arrive plus à être davantage gentille. Elle s’est forcée à rester enfermée dans la maison, à tourner en rond ne sachant plus quoi faire, regarder des séries netflix dont elle connaît toutes les répliques par coeur … Elle se dit qu’une fois dans l’année, cela ne la tuera pas de rester chez elle. Elle se dit que cela fait plaisir à John. Elle se dit que le jeu en vaut la chandelle, qu’ils ont tant de merveilleuses choses de prévues que ce n’est qu’un simple détail. Seulement elle se dit aussi que ce n’est que le premier problème d’une très longue liste. La rousse ne peut cependant s’empêcher d’être elle même. « Tu préfères Chris Evans sans doute ? Ou Chris Pratt ? C’est vrai qu’ils sont pas mal maintenant que t’en parles. » Ca fait quand même beaucoup de Chris au casting d’un même film. « Mais entre nous mes préférés restent les Tom. Holland et Hiddleston. Doit y avoir quelques chose avec les prénoms ! » Charlie essaye de rigoler de la chose, sachant au fond d’elle que ça finira quand même par une engueulade. A force de se restreindre toute la journée, tout éclatera pour quelque chose d’aussi futile que le choix d’un film.
En plus, John s’arrête sur des clichés “grosse production américaine”, certes, et alors ? Le film est déjà le second au box office mondial, devant Titanic, alors qu’il est sorti il y a seulement douze jours. En douze petits jours il a fait mieux qu’un film culte avec DiCaprio, et il est en route pour détrôner l’incroyable Avatar. Bon sang. Comment ne pas vouloir aller regarder un film qui de toute façon fera parti de la culture populaire ? De plus, c’est Charlie qui a fait des concessions toute la journée pour lui faire plaisir. Elle attend un simple retour de bâton.
Elle enfile enfin son pantalon, le boutonne et le ceinture. Tentant de garder un sourire d’apparence, elle s’avance vers John, toujours appuyé sur le battant de la porte. Décidément, il aime bien se poser sur les entrées de pièces. Instinctivement, une main se pose sur son torse et l’autre sur sa joue. Les lèvres de Charlie viennent à la rencontre de celles de John. Est-elle en train de tenter l’approche physique pour le convaincre d’aller voir son poulain au cinéma ? Oui tout à fait. « Et à mon tour je te promets que tu ne le regretteras pas. Je peux même te promettre que tu riras autant que tu pleureras. » La rousse ne risque pas de pleurer en tout cas, même si son personnage préféré meurt (sauf si c’est Spiderman, mais on sait bien qu’il survivra). La main posée sur son torse se dégage vers sa tête. Front contre front, elle tente une dernière approche, lui faisant les yeux doux par la même occasion. « S’il te plait ? Pour me faire plaisir. »
C'est qu'un film, bon sang.

GOTTA BE GREEN
GOTTA BE MEAN
GOTTA BE EVERYTHING MORE

Love spend time with you

@John Williams

WHY DON’T YOU LIKE ME ?
WHY DON’T YOU LIKE YOURSELF ?
SHOULD I BEND OVER ?
SHOULD I LOOK OLDER JUST TO BE PUT ON YOUR SHELF ?

Choisir un film sur netflix est déjà une grande épopée, choisir un film au cinéma (et payer autant qu’un abonnement d’un mois à netflix par personne) l’est encore plus. Le petit bout de femme tente au mieux d’éviter l’affrontement sans pour autant se faire marcher sur les pieds. Elle apprécie John, vraiment beaucoup, et tient déjà bien trop à lui pour que tout vole en éclat pour si peu. Elle s’en veut d’en faire des tonnes, alors qu’au final elle pourrait très bien regarder son film en streaming. Certes, en qualité plus que nulle (du genre filmé dans un cinéma en vo mais avec des sous titres chinois sortis de nulle part, true story), mais au moins elle l’aurait vu. Lorsqu’il lui demande si elle n’a pas bientôt fini de le rendre jaloux, Charlie ne sait vraiment sur quel pied danser. Pour la première fois, elle a peur qu’il ne s’agisse pas de second degré. Entre nous, personne ne peut rivaliser avec cette team de Chris et de Tom, mais personne ne les rencontrera en vrai non plus, tout ceci reste toujours au stade de blague ou d'illusion. Pourquoi devrait-il s’en faire pour si peu ? Pourquoi devrait-il s’en faire tout court ? Charlie lui a déjà dit que désormais il passait avant tout dans sa vie, pour rien au moins elle ne penserait à le tromper. Elle a même prévenu Léo à ce sujet, le principal intéressé. Pour la première fois aussi, en plus d’être indécise, elle pourrait bien avoir peur de John et de sa réaction.
Si même en essayant les techniques physiques pour le rallier à sa cause cela ne marche pas, cela veut dire que l’affaire est perdue d’avance. Cependant Charlie reste une bien trop grand optimiste dans la vie pour abandonner pour si peu. De toutes façon il a raison, s’il n’a réellement pas suivi les films précédents il ne pourra pas comprendre grand chose. Et elle sera trop occupée à mater les fesses de Scarlett Johansson sous ses combinaisons moulantes pour pouvoir lui expliquer qui est quel personnages à chacun de leurs arrivées. Ce film est surtout le cadeau d’adieu (avant d’autres) pour une génération ayant regardé les vingt et un autres durant les dix années passées. Trois mille heures de matage compulsif de fesses en tout genre, imaginez.
Charlie se rapproche à nouveau doucement de lui pour tenter de le calmer. Il se met dans des états pas possibles pour si peu de choses. Sous ses airs de caïd il est définitivement un grand sensible, il ne lui aura pas fallu longtemps pour le comprendre. La rousse prend les mains du barman dans les siennes avec une douceur quasi maternelle. Le bout de ses doigts viennent glisser sur ses joues et leurs lèvres s’effleurent à nouveau. « Ecoute, on a pas besoin de se prendre la tête pour ça, c’est pas grave. On peut faire autre chose. » Elle n’avait pas vraiment envie d’aller voir un film en plus, ils ont déjà passé leur journée à faire ça devant la télé. Dotée d’une nouvelle idée, elle se remet à sourire et attrape John par les hanches, remarquant alors que lui est déjà tout habillé et elle toujours à moitié nue. Certaines choses ne changeront donc jamais.  « On pourrait aller dîner ensemble ? Pas besoin d’aller dans le centre, on pourrait trouver un petit resto en amoureux à Bayside. Face à l’océan ? » Un tête à tête qui ne peut se refuser, ils n’ont jamais eu l’occasion de manger ensemble de la sorte. Charlie et ses papillons dans le ventre n’attendent que ça.

I TRIED TO BE LIKE GRACE KELLY
BUT ALL HER LOOKS WERE TOO SAD
SO I TRIED A LITTLE FREDDIE
I'VE GONE IDENTITY MAD !

Love spend time with you

@John Williams

SOME LOVE'S A PILL AND SOME LOVE IS A CANDY CANE
IT TASTE'S SO SWEET BUT LEAVES YOU FEELING SICK WITH PAIN

Les derniers mots de John sont comme un coup de massue pour Charlie. Je voulais te faire découvrir le monde. Mon monde, le monde, quelle différence ? Il la prend encore pour une enfant, ne l’apprécie pas à sa juste valeur. A son tour, c’est elle qui recule d’un pas et fronce les sourcils. Ils ne sont peut être pas faits pour être ensemble, pas autant qu’elle aurait pu l’espérer. Si chacun doit perpétuellement faire des concessions pour ravir l’autre, ils foncent tout droit dans le mur. Elle est jeune et stupide, mais pas inconsciente (quoi que si, aussi). Dans tous les cas, à ce moment précis elle prend conscience de la réalité des choses. Ils se sont racontés leur passé, des brides en tout cas, et ils ont cru que ça allait suffire pour qu’ils deviennent un couple. Imbéciles. Le seul moment où ils s’entend réellement c’est au lit, cela ne suffit pas à faire d’eux un couple. Tout ça, c’est ce que lui crie la partie raisonnée de son cerveau. L’autre partie n’a jamais quitté l’enfance et est un véritable coeur d’artichaut, s’amourachant du premier oiseau blessé qu’elle croise. C’est cette dernière partie qui ne peut se décider à entrer en guerre ouverte contre John, à lui dire ce qu’elle pense réellement au fond d’elle. Tout reste confus mais les paroles sortent d’elles même. « Tu sais que je ne suis plus une gamine, John ? » Au fond, la phrase est cinglante, mais Charlie tente de rester douce. Elle abandonne l’homme du regard, n’ayant soudainement plus envie de trainer à moitié topless dans l’appartement. Elle enfile le premier tee shirt venu. « Tu sais aussi que je n’ai besoin de personne pour me faire découvrir le monde ? J’ai parcouru la terre, vu la famine, la maladie et la mort. Je pense savoir ce qu’est le monde. »
La mort. Elle l’a vu de bien trop près lors de cette soirée avec Asher, leur dernière soirée ensemble. Elle est restée près de ce corps sans vie des heures durant sans même le savoir, sans jamais avoir pu n’en parler à personne. Ce traumatisme fait définitivement parti de son histoire qu’elle n’a pas le droit de conter. La seule personne avec qui elle pourrait oser aborder le sujet c’est Asher lui même, mais elle n’a pas eu de nouvelles de lui et de son groupe depuis presque deux ans. C’est peut être mieux ainsi, cela l’aide à oublier petit à petit, bien qu’elle en fasse encore des cauchemars parfois. Alors non, définitivement, elle n’a besoin de personne pour lui apprendre à connaître le monde. « Fais ce que tu veux. J’ai plus envie de sortir. Va voir ton film avec qui tu veux si c'est ce qui te fait plaisir. »
La seule manière pour Charlie de se calmer est de ranger, alors la voilà s’affairant à refaire le lit comme s’ils étaient à l’hôtel. Il vaut mieux qu’elle passe ses nerfs sur des draps plutôt qu’en ayant des mots plus hauts que ses pensées.

YOUR LOVE IS AIR I BREATH IT IN AROUND ME
DON'T KNOW ITS THERE BUT WITHOUT IT I'M DROWNING

Love spend time with you

@John Williams

LOVE IS A DRUG AND YOU ARE MY CIGARETTE.
LOVE IS ADDICTION AND YOU ARE MY NICORETTE.
LOVE IS A DRUG, LIKE CHOCOLATE, LIKE CIGARETTES.

La première chose qui sort instinctivement de la bouche de Charlie c’est un “raaah” provenant du fin fond de son coeur. Elle pose les draps qu’elle tenait dans la main et se rapproche de la porte en posant lourdement ses pieds sur le sol, attrapant la veste de John de sa main droite. Non, elle ne veut pas qu’il parte. Non, elle ne veut pas qu’il reste non plus. Elle n’est qu’une gamine paumée, il avait raison sur ce point là. Elle a beau avoir vu la mort, l’avoir approché de bien trop près, elle reste une gamine perdue qui ne sait pas ce qu’elle veut. Elle rencontre un inconnu qui l’oppose en tout point et voilà qu’elle en fait son copain. Aucune personne sensée n’aurait fait ça, mais pour une gamine perdue, c’est normal. Elle lance la veste sur le lit, ça lui fera ça de plus à ranger si elle s’énerve à nouveau. L’air sérieux, les sourcils froncés, elle plonge à nouveaux ses yeux bleus sur John. « Fais pas l’imbécile, bien sûr que je ne veux pas que tu partes. » Double négation, tout ça pour ne pas qu’elle ait à dire “bien sûr que je veux que tu restes, nigot”. Elle arrive à prendre beaucoup sur elle mais il reste quand même des limites. Personnellement, j’aurais déjà pété la gueule de John. Mais tout est subjectif. « Désolée, je pensais pas ce que je disais. Te voir avec une autre me rendrait folle. » Littéralement. Elle doute sur bien des choses mais elle tient bien trop à lui pour le partager avec qui que ce soit, surtout s’il est question de sentiments ou de sexualité. Sur un point comme sur l’autre, aucune négociation ne serait possible. Elle même s’en veut beaucoup trop d’avoir couché “une dernière fois” avec Léo, elle se rassure en se disant qu’il ne s’agissait qu’un adieu entre eux et que plus jamais cela ne se reproduirait. Tout a toujours été ambigüe entre eux deux et cela le restera malgré elle, mais ils ne coucheront plus ensemble. Croix de bois croix de fer si je mens je vais en Afghanistan. « On peut rester à la maison ce soir sinon, on pourrait préparer le voyage ? Ca approche à grand pas. »
Elle pose sa main sur son visage, pouce sur sa joue et tous ses autres doigts sur son cou. A nouveau, elle redevient la Charlie qu’il connaît, douce et affectueuse. Elle s’en veut d’avoir été si dure. Il ne pensait sûrement pas à mal, il ne pensait pas qu’elle pourrait prendre ses mots aussi mal. Elle ne veut pas que tout parte en vrille pour une putain d’histoire de cinéma.

Elle ne veut pas être seule à nouveau.

I'M FEELING SICK I GOTTA MEDICATE MYSELF.

Love spend time with you

@John Williams

I WANT YOUR LOVE DON'T TRY AND STOP ME
CANT' GET ENOUGH STILL HANGING OFF ME
YOUR GUILTY HEART DON'T LET IT BREAK YOU
AND IF YOU PRAY, WELL NO ONE'S GONNA SAVE YOU

Les choses s'apaisent aussi vite qu’elles se sont envenimées. C’est peut être une bonne chose ou peut être pas, Charlie n’est plus vraiment sûre d’elle à propos de quoi que ce soit. Cette relation la met dans tous ses états. Elle a l’habitude d’être celle secourant les animaux blessés sur le bas côté, pas l’animal lui même ni même la voiture qui l’a écrasé. Pour la première fois de sa vie, elle sort en dehors de sa zone de confort. Depuis vingt trois années elle se cantonne à ce qu’elle sait, à ce qu’elle connaît, et les rares fois pendant lesquelles elle sort des sentiers battus c’est quand elle boit ou se drogue. Quand elle devient quelque chose d’autre que la douce Villanelle. Elle n’a jamais parlé de ses penchants nocturnes avec John. Pour l’alcool il doit bien s’en douter, mais pour la drogue personne ne pourrait l’imaginer. Elle devrait lui dire, un jour, histoire qu’il soit au courant. Charlie n’est pas une junkie mais elle ne refuse pas un rail de temps à autres, par ci par là. Cela fait parti de ses fâcheuses habitudes qui ont la vie dure.
« Pas jalouse. Réaliste. » Jalouse à en crever. Littéralement.
Elle est rassurée lorsque les baskets valsent de l’autre côté de la pièce. Dépitée qu’il n’ait pas le moindre sens de l’ordre, mais rassurée quand même. Elle ne va pas refaire une scène tout de suite, il vaut mieux laisser redescendre la pression. John lui même semble être passé à autre chose, l’embrassant tendrement dans le cou. Elle est parcourue de frissons, il s’agit définitivement de son talon d’Achille. Avec un dernier baiser pour lui, bien trop heureuse d’être certaine de partir en Afrique du Sud, elle file dans sa chambre chercher son MacBook. Il est presque aussi vieux qu’elle mais fait encore bien son travail. Elle le ramène à John, pensant tenir le Saint Graal du bout de ses doigts. L’écran s’allume et charge à son rythme. Pendant ce temps elle attrape le bras de John et l’enlace, comme l’aurait fait un enfant sensible. « A toi de jouer, Elliot. » Alderson. Il ne comprendra sûrement pas la référence mais Charlie a cette capacité de rire de ses propres blagues, seule, comme une grande. Elle est excitée comme une puce et peine à tenir en place. Elle veut connaître leur programme au jour le jour, heure par heure. Sa valise sera préparée au gramme près, avec un espace suffisant vide à l’aller pour pouvoir ramener des souvenirs au retour tout en faisant attention à ce que cela passe la douane australienne.
A son tour, elle vient titiller le cou de John de ses baisers. Il n'y a pas de juste milieux entre eux. « Peut être que rester à la maison pour une fois ne peut pas me tuer. De toute façon tu es là, alors rien de mal ne peut arriver ! » Le pire, c’est qu’elle pense réellement ce qu’elle dit.

Love spend time with you

@John Williams

Finalement, Charlie n’écoute que d’une oreille distraite le programme. De toute façon, eux n’ont rien à prévoir et l’association se charge de tout. Ils n’auront qu’à se laisse bercer par les moteurs de l’avion et le sourire inconditionnel de la population sur place. La rousse sait à quoi ressemble ce genre d’expéditions, elle voit à peu près ce dont il est question même si les missions changent d’un voyage à l’autre. Elle se fait une joie de pouvoir parler aux enfants et de s’amuser avec eux, ils sont la principale raison de ses voyages. Elle ne souhaite que leur bien, peu importe s’ils sont nés en Birmanie, en Afrique du Sud ou en Suède. Les enfants sont les anges de ce monde, ils ne demandent qu’à voir le bien pour devenir bons à leur tour. Elle découvrira tout ceci dans une vingtaine de jours. Elle attend ça comme la venue du Messie (c’est faux, elle attend plus le voyage que le Messie en qui elle ne croit pas le moins du monde).
A moitié occupée à le couvrir de baisers, elle s’accorde quelques coups d’oeil sur les photos. La misère de la population lui donne envie de pleurer, alors elle abandonne rapidement. Elle vient à peine de recouvrer ses émotions, mieux vaut ne pas qu’elle parte dans une crise de larmes. Parce que oui, une simple photo lui suffit pour qu’elle vrille.
John comprend le jeu très vite et referme l’ordinateur rapidement. Leur planification du voyage aura été plus que rapide, heureusement que ce n’était pas essentiel ! Charlie espérait que cela se termine comme ça, qu’ils s’entrelacent au lieu de parler. Ca a toujours été comme ça entr e eux, lorsque la discussion devenait difficile pour une raison ou pour une autre, ils n’avaient qu’à coucher ensemble. Ca réglait tous les problèmes. Charlie constate seulement les choses et n'émet aucun jugement négatif, ça se passe comme ça parce qu’elle aussi rentre dans le jeu. Ce n’est pas la faute de John, loin de là. « Hmhm oui, ça a l’air pas mal. » Réussit elle à articuler entre deux baisers, sourire aux lèvres. Prise dans le jeu, les baiser sur son cou deviennent peu à peu des suçons. Tant pis, elle lui annoncera la nouvelle un peu plus tard. Elle pourra même s’amuser à le maquiller avec du fond de teint bleu pour atténuer les rougeurs ; le rêve.
Prenant de l’assurance, elle vient se poser sur les genoux de John, déposant à jamais l’ordinateur sur la table. La tête de son copain dans ses mains, leurs baisers deviennent plus langoureux que jamais. « Cette journée chill se concluerait bien mieux ainsi. » Elle sent sa main caresser doucement son dos, s’égarer tantôt vers ses fesses tantôt vers l’attache de son soutien gorge. Elle tâte son pantalon d’une mine joueuse, enlève son propre pull avant d’enlever à son tour celui de John. Cette histoire ressemble davantage à un plan cul à domicile plutôt qu’à une histoire de couple, mais qu’importe. Charlie est heureuse ainsi. Elle finit par agripper le bas du pull de John, lâchant sa bouche pour un court instant.

Et là, patatatra. « John ? C’est quoi tous ces bleus là ? Partout. » Laissant le doute planer, sa voix est beaucoup plus aigue qu’à l’accoutumée mais par encore froide. Cela ne saurait tarder.