I probably shouldn't be around you 'Cause you get wild, wild, wild You looking like there's nothing that you won't do
- Comment ça annuler le shoot mais toute l’équipe est sur place, ce n’est pas possible voyons ! C’est un vrai manque de professionnalisme ! Vous allez me trouver une solution rapidement surtout, oui !
J’écoute, à une certaine distance, la directrice du shoot s’énerver sur son téléphone et son ordinateur en même temps et j’écrase ma millième cigarette (au moins) dans le cendrier posé sur la petite table face à moi. Je suis prêt depuis plus d’une heure je crois, à tel point que le maquillage que j’ai sur la tronche m’irrite et disparait lentement sous l’effet de la chaleur qui fait transpirer ma peau. Les shootings en extérieur, c’est toujours une catastrophe parce qu’il y a des éléments qu’on ne peut pas maîtriser comme en studio, mais ce sont tout de même ceux que je préfère. Le jardin botanique offre un cadre idyllique et serein, et malgré l’agacement de la directrice de l’agence, je trouve l’endroit apaisant. Et ça me fait chier d’ailleurs. Je préfère largement les endroits bruyants, les atmosphères électrisantes remplies d’adrénaline et de stress qu’à tout ça. Le côté zen, yoga, vegan et tisane très peu pour moi, merci. Quand je serai vieux, peut-être. Si je deviens vieux. Du coup, comme à mon habitude quand je me fais chier, j’inonde Jessian de messages par rapport à Mo’ et comme elle connait la manœuvre, elle finit par ne plus me répondre au bout du dixième texto évoquant son prochain anniversaire. Puis, une fois que j’ai utilisé à l’abus toutes les ressources de mon téléphone, réseaux sociaux divers, sites d’actualité, vidéos de chats trop mignons qui font de la concurrence à Mouse et Curly ; je pose mon téléphone sur la table et me lève. Je vais tenter d’être sociable tiens, ça m’évitera de me faire chier davantage.
J’ai remis mon t-shirt, pour éviter de me prendre des coups de soleil et finir comme une tomate flétrie en fin de journée (merci ma peau blanche), le pantalon extravagant que je porte me serre trop et j’aimerai bien l’enlever parce que ça devient vraiment chiant d’attendre l’autre mannequin. Pour se faire désirer, c’est réussi. Sauf que je vais avoir du mal à lui sourire tiens, plus envie de lui taper l’embrouille qu’autre chose. Remarque, en général on me demande de faire la gueule, c’est ça mon style. Je suis photogénique quand je tire la tronche – quand je souris beaucoup moins il parait. Ça me donne généralement envie de faire le con d’ailleurs. Enfin là, c’est l’impatience qui commence à me donner des envies de meurtre. J’allume une nouvelle clope, avant de repérer une tête à laquelle je n’avais pas encore prêté toute l’attention qu’elle mérite. Tiens, tiens… Je devais être trop absorbé par mes vidéos de chats (en même temps, ils sont trop adorables, je ne résiste pas) Je m’approche de la jeune femme et l’interpelle, en faisant fi du mec à côté d’elle – lui je m’en fous.
- Hey, tu fais quoi toi là ?
Ma technique d’approche est bien rodée, je donne toujours l’air de n’en avoir rien à foutre et je me suis rendu compte que les nanas elles adorent ça. C’est dingue, non ? Je me mordille la lèvre, avant de demander
Aujourd’hui, c’est une journée spéciale, voir même plus que spéciale. Cela fait déjà une semaine que je suis de retour au travail suite à mon accident de moto. À mon arrivée en poste la semaine dernière, j’ai appris qu’on m’avait remplacé. Je n’ai plus besoin de prendre les commandes de cafés de mes supérieurs, de courir chez le nettoyeur pour aller chercher leurs vestons propres, d’aller chercher la fille de l’autre à l’école et de la déposer à la maison car il rentrerait tard le soir… J’étais ENFIN une véritable conseillère en marketing, ils me laissaient ma chance. Le plus grand plaisir pour moi fut lorsque je pris le temps de compatir avec la nouvelle recrue pour ensuite lui demander un café. Quelle ironie du sort, mais bordel que c’était jouissif! Une opportunité s’est offerte à moi ce matin. Un grand gaillard qui se prend pour un autre demandait si quelqu’un voulait l’accompagner pour un shooting photo. Il devait rencontrer la directrice de la séance artistique pour apporter de nouvelles idées au shooting. Bref, je ne voyais pas en quoi nous pourrions être utiles, mais c’est avec des expériences comme celle-ci qu’on apprend!
Une fois sur les lieux, je suis très heureuse de mon accoutrement. Petits souliers noirs confortables, jeans moulant, camisole blanche revêtu d’un veston noir qui termina rapidement pendu sur mon avant-bras. Avec les chauds rayons du soleil, je n’aurais pas toléré mon veston une minute de plus. Caché derrière mes lunettes fumées, je regarde l’équipe du shooting se promener d’un côté puis de l’autre. Tout le monde a une tâche spécifique. On se présente à la directrice du shooting qui nous explique ce qu’elle attend de nous. Je comprends mieux ce que je dois faire, mais je me laisse tout de même distraire par toute l’agitation. Évidemment, je cherche du regard les mannequins. C’est toujours impressionnant de voir des gens gagner leurs vies grâce à leur beauté. J’en aperçois un, sous un petit chapiteau qui le tient à l’abri du soleil. La maquilleuse le regarde et fait quelques petites retouches ici et là… Sûrement des trucs pour la photo, car ce mec est vachement canon et il n’a nul besoin de correction. Je le matte un certain temps, jusqu’à ce que mon collègue me parle de son plan d’action.
Les minutes passent et mon collègue commence à s’impatienter. On a entendu entre les branches qu’il manque un mannequin. Moi j’en ai rien à foutre, je suis présentement payer à attendre tout en me rinçant l’œil sur un beau mec, quoi demander de plus? Près d’une heure plus tard, on entend la directrice péter un câble. - Comment ça annuler le shoot mais toute l’équipe est sur place, ce n’est pas possible voyons ! C’est un vrai manque de professionnalisme ! Vous allez me trouver une solution rapidement surtout, oui !
J’arque les sourcils, comprenant que le deuxième mannequin tant attendu ne se pointera probablement pas. C’est à ce moment que je comprends l’entièreté de mon travail. M’assurer que ce genre de situation n’arrive pas, car présentement c’est aucunement rentable tout ce staff qui est payé à attendre. J’élabore un plan, je note tous les détails qui me viennent à l’esprit dans mon cellulaire. Je fais part de quelques remarques à mon collègue qui semble désespéré. Je retourne sur mon écran de cellulaire, continuant d’écrire sans remarquer que quelqu’un s’approche de nous. « Hey, tu fais quoi toi là ? » Je lève mon nez de mon téléphone, haussant un sourcil en disant on long « Je… ». Puis je fige en découvrant que c’est le mannequin qui m’interpelle. Putain. « T’es stagiaire ? Pour quelle agence ? » Je soulève mes lunettes pour les suspendre sur ma tête. « Je suis conseillère en marketing… » Je lui esquisse un petit sourire pour le saluer poliment. « Je travaille pour une firme de conseiller à Brisbane. » Je le toise du regard, en me disant qu’il est encore plus beau de près. C’est alors qu’une idée de génie me vient à l’esprit. « Ça fait longtemps que tu fais ce métier? Je veux dire… Tu dois connaître tout un tas de beau modèle comme toi pour remplacer l’absence du mannequin retardataire? » J’espère une réponse à l’affirmative, pour pouvoir sauver la mise. De plus, j’ai glissé subtilement le fait que je le trouve beau. Il est clair qu’il doit entendre une vingtaine de fois par semaine un commentaire sur son physique, alors un de plus ou un de moins, il sait qu’il est sexy…
Dernière édition par Caroline Bauer le Mar 21 Mai 2019 - 1:33, édité 2 fois
I probably shouldn't be around you 'Cause you get wild, wild, wild You looking like there's nothing that you won't do
Vu que ça fait plus d’une heure que je poireaute, je suppose que je serais en droit de prendre mes cliques et mes claques et d’exiger mon salaire malgré tout. Je ne suis pas celui qui manque de professionnalisme, pour une fois. Mais à croire que quand ce n’est pas moi qui merde, les autres en profitent pour foutre en l’air les rendez-vous. Ce qui est assez agaçant, c’est que ce n’est pas la première fois que ça arrive et ça commence à me souler. Je vais devoir en parler sérieusement à Loanne, et peut-être réfléchir à la proposition de Gabriel. Je suis plutôt réfractaire à cette idée, je crains que cette nouvelle collaboration m’apporte plus d’emmerdes. Mais je suis bien forcé de constater que Loanne fait n’importe quoi depuis plus de six mois et ça me gonfle. Ces revenus me permettent de vivre convenablement et je n’ai pas trop l’intention de freiner mon train de vie, ni de cesser de faire des cadeaux extravagants à Morgane qui font râler Jess’ au passage. Et c’est d’ailleurs bien pour cette raison que je reste à ce photoshoot de merde et que j’accepte d’être mis sur la touche, en attente, de façon assez grotesque.
Alors quand je repère cette jolie nana, inconnue au bataillon, je me dis que quitte à faire passer le temps, autant le faire de manière plaisante. Je la salue avec un brin d’arrogance, pensant tout naturellement qu’elle sait de toute évidence qui je suis (car qui l’ignore ici ?). Et tout dans son attitude me confirme cette hypothèse. Je souffle la fumée de ma clope sur le côté pour ne pas l’enfumer, ce qui ne serait pas très classe faut avouer.
- Je suis conseillère en marketing, je travaille pour une firme de conseiller à Brisbane.
Le seul truc qui me vient à l’esprit c’est : ça doit être chiant. Le marketing, comment satisfaire les clients, se plier à leurs exigences, leurs petits désirs d’enfants gâtés : au secours !
- Je vois. Ça paie bien ? Que je demande, sans grand intérêt, juste pour faire la conversation et la mettre à l’aise.
- ça fait longtemps que tu fais ce métier ? Je veux dire… tu dois connaître tout un tas de beaux modèles comme toi pour remplacer l’absence du mannequin retardataire ?
Sa question m’interpelle. Outre le fait qu’elle vient de me balancer un compliment, elle a aussi soulevé un problème épineux sans le savoir. Si je connais tout un tas de beaux modèles, et bien ma foi… Oui, mais je les évite en vérité. Les nanas sont chiantes pour la plupart, et elles sont aussi toutes amies avec Jess donc… Ma réputation n’est plus à faire dans le milieu. Je me tords les lèvres et réponds simplement
- Pas vraiment en fait. Enfin si j’connais du monde mais c’est pas mon taf d’aller à la pêche aux mannequins. Et ça fait dix ans que j’fais ça. Je l’observe et me dit alors qu’elle ferait un beau modèle. Cette pensée fait doucement son chemin dans ma tête et je lui demande
- T’as jamais pensé à poser toi ? T’as le physique pour. Sans déconner, elle est grande, a un visage de poupée et des formes là où il faut. C’est tout ce que recherchent en général les managers. Avec un petit air malicieux sur le visage, je lui demande en me penchant vers elle
- T’as envie d’essayer ? Je me dis qu’il y a moyen de se marrer au final et je lui attrape la main d’un coup. Je l’entraine avec moi vers la directrice du shoot sans attendre sa réponse. J’attends que cette dernière arrête de gueuler d’ailleurs, sa voix variant anormalement comme si elle était atteinte de dysphonie, et je lui dis en désignant la jeune fille
- Elle pourrait faire l’affaire non ? Qu’est-ce t’en dis, Miss, ça te tente ?
« Pas vraiment en fait. Enfin si j’connais du monde mais c’est pas mon taf d’aller à la pêche aux mannequins. Et ça fait dix ans que j’fais ça. » Est-ce qu’il va à la pêche aux Caroline alors? Ma réflexion m’étire un sourire léger, résonnant maintenant sur sa réponse. Mon idée tombe à l’eau. On ne trouvera pas d’autres mannequins pour remplacer la tardive. «T’as jamais pensé à poser toi ? T’as le physique pour. » Sa question me laisse sans voix. J’entrouvre les lèvres, haussant les sourcils. Moi? Je sais que mon physique fait tourner des têtes, mais je n’ai jamais pensé que mon corps pourrait me faire rapporter de l’argent. Il se penche vers moi, comme s’il voulait me dire un secret. «T’as envie d’essayer ? » Je n’ai même pas le temps de souffler un mot qu’il m’empoigne la main et qu’il me trimballe à travers la fourmilière de gens en panique, ne sachant plus quoi faire de leurs peaux. Je jette un dernier coup d’œil à mon collègue de travail qui me laisse partir, nous fixant d’un regard incrédule avant de retourner son attention sur son petit écran cellulaire. Je presse le pas, me laissant guider par le mannequin, jusqu’à ce qu’il stoppe sa précipitation devant ladite directrice des opérations pour le shooting. Celle-ci est encore en mode panique. Elle se calme une fois qu’elle nous aperçoit. « Elle pourrait faire l’affaire non ? Qu’est-ce t’en dis, Miss, ça te tente ? »
Je reste de marbre, clignant des yeux comme si je me réveille d’un long rêve. Elle me toise du regard, me considérant. J’ai l’impression de passer au scanner, qu’elle m’identifie sous tous mes angles. « Je n’ai jamais fait ça… Je pense pas pouvoir… » « Elle est parfaite! » Son regard s’illumine et un sourire vainqueur s’installe sur sa bouche pincé. « Il y a deux secondes, t’étais la petite stagiaire de la firme de marketing et maintenant, t’es notre nouveau modèle, alors tu ne penses pas, tu obéis!» « Mais je… » Soudain, elle met ses mains en portes voix autour de sa bouche et s’adresse à son équipe technique. « Ok tout le monde, on a notre modèle, alors au travail. Je veux la maquilleuse et le stylisme ici à l’avant pour attriquer mademoiselle, on n’a pas une minute de plus à perdre. » Les gens s’exécutent autour de nous. Je suis figée, incapable de dire quoi que ce soit. J’ai soif. Je veux boire. Pas de l’eau. Je dois prendre une foutu gorgée d’alcool pour m’aider à passer par-dessus tout ce qui se passe. Pendant une fraction de seconde j’espère que mon collègue va me secourir, mais il reste planter là, au loin, en me faisant signe de la tête que j’ai fait le bon choix, alors que je n’ai aucunement eu le choix. Apparemment, il faut ce qu’il faut et, si je peux sauver la mise et me faire connaître en tant que femme qui n’a rien à son épreuve et bien… J’aurais déjà se mérite. Je me retourne rapidement vers mon nouveau collègue de travail sexy et le supplie du regard. « T’as pas un petit quelque chose pour me détendre? Voodka, Tequila, Gin… Je dois boire. »
Ce fut la dernière phrase que je pu lui adresser avant qu’on ne m’agrippe par le bras pour me tirer plus loin, sous un petit chapiteau. On me bombarde de question; Quel est mon contour de hanche, ma taille, mon bonnet, je chausse du combien? Je réponds du tac au tac, ne prenant même pas le temps de réfléchir. Le stylisme me demande de me dévêtir et d’enfiler un kit, m’expliquant que le photoshoot consiste à mettre en valeur les nouveaux morceaux d’une collection dont j’oublie tout de suite le nom. Il parle tellement vite et je suis tellement sur les nerfs que je ne capte pas toutes les informations. Tout ce que je retiens, c’est que pour la première séance, je vais parader avec des souliers à talons hauts, un jeans slim foncé et un veston sur le dos, sans soutien-gorge, sans t-shirt… Nue. Complètement nue sous le veston. Il ne faut pas être pudique. Je me dévêtis sous les yeux du styliste, anyway je suis convaincu qu’il n’a aucune attirance pour la gente féminine. Je me retrouve donc en sous-vêtements lorsque le mannequin sexy fait son apparition sous le chapiteau. Je sens la chaleur monter sur mes joues, mais je tente de faire comme si mon accoutrement ne me gênait pas. « J’ai l’habitude de ne pas me dénuder dès la première rencontre, mais avec toi, faut croire que je vais sauter des étapes… »
Dernière édition par Caroline Bauer le Mar 21 Mai 2019 - 1:32, édité 2 fois
I probably shouldn't be around you 'Cause you get wild, wild, wild You looking like there's nothing that you won't do
A peine a-t-elle le temps de me supplier du regard que la directrice de shoot saute sur l’occasion qui se présente. Je souris malicieusement et laisse la jolie jeune fille se faire embarquer dans le délire. La pauvre, ça va être une sacrée mise en situation pour le coup. En même temps, il vaut mieux que ça se passe comme ça plutôt qu’on perde tous notre temps et notre argent. On a déjà perdu suffisamment de temps, et ça m’agace alors je sors mon téléphone avec l’intention d’envoyer un message à l’autre manager, quand la nana m’arrête pour me demander :
- T’as pas un petit quelque chose pour me détendre ? Vodka, Tequila, Gin… Je dois boire.
J’éclate de rire alors, devant son air paniqué et je réponds rapidement avant qu’elle ne se fasse embarquer – Vaut mieux que tu tiennes debout pour le shoot surtout ! Je lui tire la langue et la regarde partir, amusé. Elle est rigolote ! Je ne m’en fais pas, je sais que ça va le faire. Je tapote mon sms, l’envoie et range mon phone avant de me rapprocher de l’endroit où s’habille ma collègue. Je laisse trainer mon regard sur son corps parfait et remarque sans trop de difficultés la large cicatrice sur son flanc et sa hanche, témoin d’une opération récente ce qui éveille ma curiosité.
- J’ai l’habitude de ne pas me dénuder dès la première rencontre, mais avec toi, faut croire que je vais sauter des étapes…
- C’est l’effet que j’fais à beaucoup de meufs… Je plaisante (pas vraiment) en m’avançant vers elle. Mon index indique sa cicatrice et je demande, curieux – T’as été opérée récemment ? Le styliste se tourne vers elle à ma question et souffle en déclarant qu’il va falloir cacher ça impérativement. Je roule les yeux au ciel et soupire, banalisant sa réaction – L’écoute pas, ta cicatrice est très belle. Elle fait partie de toi de toute façon. C’est quoi ton p’tit nom sinon miss ? J'essaie de la mettre à l'aise, ils ne sont pas vraiment doués pour ça les autres. Je m’assois sur un bout de chaise, repoussant une montagne de fringues en me fichant de ceux qui tombent par terre et je pose une clope entre mes lèvres en la fixant, peu gêné par sa quasi-nudité. J’ai l’habitude des corps nus face à moi, parfois contre moi. Au taf, ce n’a pas une grande importance. – Moi c’est Abel. Tu flippes pour le shoot ?
« C’est l’effet que j’fais à beaucoup de meufs… » Un petit rictus étire mon visage. Il est plutôt marrant ce mec. Même si je vais sûrement le détester à cause de son idée débile, pour l’instant il se l’a joue cool et ça me va. Je le vois me scruter en s’approchant, puis il pointe ma hanche. «T’as été opérée récemment ? » Ma cicatrice. Je pose mon regard sur ma peau imparfaite, clignant des yeux. J’avais oublié que maintenant, elle fait partie de ma vie, que les autres peuvent la voir et poser ce genre de question. Je relève le menton et croise le regard du styliste qui semble dégoûter par ma blessure. Il marmonne qu’il faudra camoufler le tout. J’avale difficilement ma salive et comprends tout de suite que ce monde de requin n’est pas pour moi. Ce faire constamment juger de la sorte est beaucoup trop difficile pour une personne qui n’a pas l’habitude d’avoir de mauvais commentaires sur son physique. « J’ai été victime d’un accident de moto. C'est ce qu’il me reste comme souvenir... » Je tente tant bien que de mal de tirer la langue et faire comme si le regard hautain du styliste ne m’a pas affecté. « L’écoute pas, ta cicatrice est très belle. Elle fait partie de toi de toute façon. C’est quoi ton p’tit nom sinon miss ? » En effet , elle fait partie de moi et dorénavant, je devrai accepter ce léger détail. « Je m’appelle Caroline, mais tu peux m’appeler Caro. » Le mec s’installe sur une chaise, poussant les vêtements qui y siégeaient. Un rien de semble le déranger lui. Il s’allume une clope et commence à fumer pour ensuite se présenter. « Moi c’est Abel. Tu flippes pour le shoot ? » « Alors là, ouais je flippe grave… » J’enfile le jeans, désirant cacher une partie de ma cicatrice. Il me va comme un gant. Je zip la fermeture éclair tout en lui posant une question. « T’as un conseil à donner à une débutante? Des trucs que je dois faire ou ne pas faire? » Je lui fais dos puis, tout en l’écoutant, je dégrafe mon soutien-gorge pour le déposer sur la table à côté de moi. Je m’installe dans le veston, boutonnant l’unique bouton qui se trouve au niveau de mon nombril. Je me retourne et me regarde dans le miroir, fixant mon décolleté plongeant. Et dire que mon collègue de travail va se rincer l’œil durant tout le shooting. Je reconsidère la hauteur de mes souliers à talons hauts, me disant que pour l’instant il serait préférable de les trimballer dans mes mains pour éviter que je trébuche avant le shooting. Au même moment, je reconnais la maquilleuse qui fait son entrée. Elle sourit en me voyant. « Installe toi un peu plus loin, sur la chaise devant le miroir, moi et la coiffeuse on va t’attriquer en un rien de temps! » J’acquiesce tout en me dirigeant vers son milieu de travail. Je prends place, inspirant profondément. Deux minutes plus tard, j’ai un pinceau qui me chatouille les paupières et une brosse qui m’arrache la crinière. En moins de dix minutes, je suis devenue une tout autre femme. Je n’ai pas l’habitude de me maquiller, mais même si tout me semble exagéré sur mon visage, je me trouve plutôt jolie. La directrice des opérations fait ton apparition sous le chapiteau. « Ok! Tout le monde en place! On commence la première séance dans 5 minutes. » L’angoisse me prend au ventre. Je cherche du regard mon compagnon de travail et m’approche de lui, souliers entre les doigts. « J’ai le trac… » On se dirige simultanément sur le plateau. J’ai le cœur qui veut sortir de ma poitrine en revoyant l’armée de gens qui tournent autour de nous. Une fois sur place, j’ai les mains moites qui tremblotent. Je regarde Abel qui semble tout à fait en contrôle de la situation. Je l’envie. Évidemment, il a plusieurs années d’expériences alors que moi ce n’est aucunement mon métier. « J’espère qu’après toute cette merde, je vais mériter un verre de gin… »
Dernière édition par Caroline Bauer le Jeu 23 Mai 2019 - 16:01, édité 1 fois
I probably shouldn't be around you 'Cause you get wild, wild, wild You looking like there's nothing that you won't do
Lorsqu’elle m’annonce avoir été victime d’un accident de moto, je ne peux m’empêcher de grimacer et de glisser un nouveau regard sur la cicatrice légèrement boursoufflée sur son flanc. Elle n’est pas laide, elle est même plutôt jolie – si toutefois une cicatrice peut s’avérer jolie – mais en tout cas elle représente un épisode dramatique de sa vie. Marquée par la mort, mais la grande faucheuse a décidé que ce n’était pas son heure. Je ne sais pas ce que je trouve de poétique là-dedans, mais c’est pourtant le cas. Je crois que la mort me fascine un peu trop par moment. Je sors de mes pensées lorsqu’elle me donne son prénom que j’enregistre. Caro, ce sera donc. Je l’observe sans m’en cacher, ses longues jambes fines disparaissent dans le tissu moulant du jean slim qu’elle vient d’enfiler et je hausse les épaules lorsqu’elle me demande conseil. – Hum… Laisse-toi guider par le photographe, c’est lui qui donne les pauses. Pour l’ambiance, compte sur moi. Je lui fais un clin d’œil amusé alors qu’elle se tourne pour enfiler sa veste au décolleté ultra plongeant. Il est évident que je vais reluquer ses seins tout le long du photoshoot – et je saurais très vite s’ils sont vrais ou faux, je suis devenu un expert à force !
Je quitte la tente pour laisser les maquilleurs faire leur travail, retourne sur mon téléphone pour checker mes réseaux sans grande attention et lorsque ma coéquipière sort toute apprêtée, je siffle et l’accueille avec un grand sourire sur le set du photoshoot. Elle est tellement stressée que s’en est mignon et je lui attrape ses mains moites en riant un peu de son anxiété. – Ok, si t’insiste tant, je te le paye ce verre après. Détends-toi pour l’instant, t’es une bombe ! Je passe mon bras autour de ses épaules, l’un de ses seins manque de sortir de son veston d’ailleurs – oops – ça me fait rire du moins et je lève les yeux au ciel, lui murmurant à l’oreille – T’en fais pas, tu devras sûrement tomber le veston à un moment de toute façon. Et je tire la langue comme un abruti. De toute façon, il ne faut pas être pudique pour être mannequin, clairement.
La séance se déroule sans heurts. Au départ, allongés dans l’herbe avec en arrière-plan le lac et un banksia très feuillu qui rappelle inévitablement le bush, Caroline a un peu de mal à se prêter au jeu alors je me sens obligé de la détendre en faisant l’idiot. Je prends des pauses stupides, fait des grimaces qui exaspèrent un peu tous ceux qui essaient de garder leur sérieux – mais pour le coup, je n’en ai rien à foutre et puis, au pire, je peux me le permettre vu que je me fais chier depuis 2h. Au moins, ça a pour effet de détendre Caro et elle se prête au jeu peu à peu. Les pauses s’enchaînent, sauvages et sensuelles. Comme toujours je suis très doué à faire la gueule. J’enchaîne aussi les clopes, car c’est ça mon style – et puis je ne refuse jamais de m’en griller une aussi. On finit le photoshoot par des prises devant une cascade. Je ne résiste pas à l’envie de tremper mes cheveux, prise d’initiative vivement saluée par le photographe qui décide de nous faire entrer dans l’eau dégueulasse pour le reste des photos. Ça va faire ‘glamour’ sur les photos qu’il assure. – En attendant ça pue, si ça s’trouve y’a des sangsues dans ce truc. Je commente en enfonçant mon pied dans la boue, avant de lever le regard sur ma partenaire. Bon, moi j’le fais c’est sûr mais je la vois paniquer à l’idée alors je propose – J’peux la porter au pire, non ? Le photographe râle, mais vu l’état de leur super cascade de merde, je finis par avoir gain de cause. – Allez, saute sur mon dos. Que je lui sors en me baissant un peu, déjà amusé à l’idée de devoir patauger dans ce mini-étang vaseux dégueulasse.
Je me répète sans cesse les conseils qu’Abel m’a donné quelques minutes plus tôt, me disant de me laisser guider le photographe. J’analyse ce dernier. Je me demande si je peux faire confiance à se photographe. Est-ce qu’il va être compréhensif envers moi, je suis novice après tout, il doit bien avoir une once de discernement. Abel me prend les mains, me faisant presque sursauter tellement j’angoisse. « Ok, si t’insiste tant, je te le paye ce verre après. Détends-toi pour l’instant, t’es une bombe ! » Je lui esquisse un sourire gênée. Il est vraiment sympathique ce mec, je devrais le rajouter dans ma courte liste d’amis. Il passe un bras autour de mon cou, déplaçant mon veston. Je sens l’air frais s’immiscer à l’intérieur, frôlant ma poitrine. Je penche le menton pour découvrir que mon sein droit est pratiquement sur le bord de saluer la foule. « T’en fais pas, tu devras sûrement tomber le veston à un moment de toute façon. » Mes yeux s’écarquilles, fixant Abel qui me tire la langue. Bordel, je ne pensais pas être mannequin d’un jour pour un shoot pornographique. Je respire calmement, me disant que ça fait partie des risques du métier. La séance commence. Abel me fait sentir moins ridicule lorsqu’il fait le con. Ça m’aide grandement à me détendre et à me prêter au jeu. J’écoute les directives du photographe, prenant les positions qu’il m’exige de prendre. Sensualité est le seul mot qui me vient à l’esprit lors de nos rapprochements. Abel est tellement doux, sensuel et sauvage à la fois que j’ai l’impression d’être sa proie. Je ne dirais pas non à une petite soirée dans son lit disons… On se retrouve devant une chute, là ou Abel décide de tremper ses cheveux sous la cascade. Je me mords les lèvres en le scrutant des yeux. Il est vraiment l’emblème même du mannequina. Le photographe me sort de mes rêveries lorsqu’il demande à Abel et moi d’aller dans l’étang. « En attendant ça pue, si ça s’trouve y’a des sangsues dans ce truc. » Évidemment, on a pas le choix. Je regarde mon partenaire rentrer dans le marécage, hésitant à en faire autant. « J’peux la porter au pire, non ? » J’entends le photographe râler sous la demande d’Abel. Je commence à retirer mes talons hauts, pas besoin de chaussure dans cette eau boueuse, je risque plus de les perdre à tout jamais. « Allez, saute sur mon dos. » Il se penche légèrement vers l’avant. Je m’approche, embarque sur son dos et passe mes bras autour de son cou tout en plaquant ma poitrine dans son dos. On commence à s’enfoncer dans l’eau, j’agite un peu les pieds pour me familiariser avec la température du marais. « Merci… » Dis-je tout simplement pour le remercier de tout ce qu’il fait pour moi. Il me trimbale sur son dos un peu plus creux jusqu’à ce qu’on arrive à l’endroit parfait selon la prise de vue du photographe. Mes pieds touchent le fond, je me déprends d’Abel. Je penche ma tête vers l’arrière pour mouiller mes longs cheveux brun… Adieu les bouclettes que la coiffeuse s’était donné du mal à faire. J’ai de l’eau jusqu’au milieu de la poitrine. C’est à ce moment que le photographe m’exige de retirer mon veston à moitié. Il me demande de le garder sur une seule épaule et de me coller contre mon partenaire. Je regarde Abel avec un air découragé. « T’avais raison…Tu peux… » Je lui fais signe de regarder ailleurs le temps de que je me mette à l’aise. Je retire mon veston de mon épaule gauche en prenant soin de cacher mes seins aux yeux de tout le monde puis je me rapproche d’Abel. Le contact de nos deux corps me fait frissonner, ou est-ce la température de l’eau qui commence à être froide? Nos visages sont si proches que je n’ose plus bouger, par peur d’accrocher ma bouche contre la sienne. « Tu fais ça souvent… Des séances aussi chaudes avec des meufs? Si ça paye bien, je crois que je vais opter pour un changement carrière, c’est super de se retrouver dans un marécage, à moitié nue, avec un étranger sexy… » Évidemment, ce n’est qu’ironie qui franchit la barrière de ma bouche. C’est une expérience plus que folle, mais jamais je ne me lancerais dans une carrière de mannequin.
I probably shouldn't be around you 'Cause you get wild, wild, wild You looking like there's nothing that you won't do
Honnêtement, je ne la pensais pas aussi téméraire. Parce que j’en ai vu des nanas qui refusaient de tremper le petit orteil dans l’eau, ou qui avait décidé qu’il ne faisait pas assez chaud, que ça allait agresser leur peau… Et tout un tas d’autres conneries du style. Heureusement, elles ne sont pas toutes comme ça dans le milieu. Celles qui cartonnent sont les premières à accepter les conditions parfois merdiques du métier. C’est le jeu aussi, parfois pour rendre une photo impeccable, il faut se salir les mains.
Personnellement, me salir moi ça m’éclate. Je suis un grand gamin dans le fond, pas pour rien qu’avec Mo’ je m’amuse comme un fou. D’ailleurs notre weekend arrive à grand pas et j’ai tellement hâte de réaliser le programme prévu pour elle et moi. Comme en plus en ce moment, le festival street art a débarqué, j’ai bien l’intention d’en profiter avec elle au maximum. La créativité des gosses doit être encouragée, sans limites, aucune.
Revenant à l’instant présent, je me mordille la lèvre tout en attendant les indications pour les poses suivantes et je ne masque pas mon sourire quand Caroline doit dévoiler sa jolie poitrine. Je l’avais averti ! A sa demande, je me tourne car je ne suis pas un goujat – même si concrètement ça ne sert pas à grand-chose, car je vais bien les voir ses seins, et ce ne sera pas les premiers, ni les derniers que je contemplerais. Sa main glisse sur mon épaule et je me retourne, avec le sourire, la regardant dans les yeux pour éviter de passer pour un gros con – ce que je suis la plupart du temps, faut l’avouer. - Tu fais ça souvent… Des séances aussi chaudes avec des meufs ? Si ça paye bien, je crois que je vais opter pour un changement de carrière, c’est super de se retrouver dans un marécage, à moitié nue, avec un étranger sexy…
- Dis-toi que c’est mieux que de défiler en string léopard et chaussettes de foot à la fashion week. Je plaisante, non sans me rappeler certaines tenues totalement what-the-fuck que j’ai dû enfiler pour de grands créateurs qui avaient légèrement abusé de l’opium. Quand à des photo shoot sexy, ça m’est arrivé plus d’une fois, oui. Hormis avec Jessian, je n’y ai jamais accordé trop d’importance. Même avec Jess, ce n’était pas si exceptionnel que ça au final. C’est le travail, il n’y a rien d’excitant pour moi là-dedans.
Mes mains froides glissent sur son ventre nu et viennent se poser sur sa taille fine. – Tu te débrouilles très bien tu sais, et t’as sauvé le shoot. Faudra que t’exiges une augmentation, tu donnes carrément de ta personne là ! Je replace une de ses mèches de cheveux, puis suis les indications avec mon habituel air blasé, nos deux corps collés lascivement l’un à l’autre. Puis, comme dans tout photoshoot de ce type qui se respecte, le photographe nous demande un baiser et je glisse ma main sur la nuque de Caroline, pas le moins du monde gêné par la demande. Pour moi, tout ça, c’est du travail, mais je comprends que ce soit plus délicat pour elle après tout. – Autant finir en beauté tu ne crois pas ? Je lui souris, charmeur, et appose mes lèvres aux siennes. Evidemment, il ne s’agit pas là d’un baiser langoureux mais seulement de nos lèvres figées l’une contre l’autre pour que le photographe capture la plus jolie photo, aussi ça peut être surprenant au départ. Je suis pris d’une soudaine envie de rire en la sentant tendue et je commence à me marrer. Heureusement que ça se termine, parce que je n’en peux plus de l’odeur de vase. Alors, quand le clap de fin sonne, je souffle de soulagement et me penche pour soulever Caroline en sac à patate sur mon épaule.
Ce n’était sûrement pas la meilleure chose à faire, car je perds l’équilibre la seconde suivante et nous voilà, étalés tous les deux dans le marécage vaseux en train de perturber grandement un écosystème différent du nôtre, ainsi que les grenouilles et autres bestioles grouillantes par ici.
« Dis-toi que c’est mieux que de défiler en string léopard et chaussettes de foot à la fashion week. » J’éclate de rire en m’imaginant la scène ridicule. C’est vrai que parfois à la télévision je vois ce genre de défiler euphorique auquel je me dis qu’il faudrait me payer gravement cher pour que je puisse être attriqué de la sorte. Nos deux corps collé l’un contre l’autre, je n’arrive pas à croire que je suis ici présentement pour sauver la mise d’un photoshoot. Tout ça est irréel, mais évidemment il n’y a rien à mon épreuve. Je suis toujours partante pour faire une folle de moi, même si cela consiste à être poil contre un mannequin. Je dis avouer en fait que c’est certainement la situation la plus embarrassante de toute ma vie. Mais Abel réussit facilement à me mettre à l’aise. Il est simple, drôle et très humain. J’aime bien sa personnalité. J’ai toujours catégorisé les mannequins comme étant des personnes hautaines et imbus d’eux-mêmes. Des préjugés maintenant brisés grâce au comportement héroïque d’Abel. Ce dernier laisse glisser ses mains le long de mon ventre pour les déposer sur mes hanches. « Tu te débrouilles très bien tu sais, et t’as sauvé le shoot. Faudra que t’exiges une augmentation, tu donnes carrément de ta personne là ! » Ses propos confirment tout ce que je pensais. Je lui esquisse un petit sourire gênée lorsqu’il replace une mèche derrière mon oreille. On sort de nos rêveries, car le travail n’est pas terminé. J’entends le mot « baiser » sortir de la bouche du photographe. Je me fige en sentant la main d’Abel se glisser sur ma nuque. « Autant finir en beauté tu ne crois pas ? » Ses lèvres se déposent sur les miennes. J’écarquille les yeux, ne sachant quoi faire d’autre. Ferme les yeux Caroline… J’obéis à ma voix intérieure, abaissant mes paupières, rougissant légèrement et restant immobile comme une statue. Abel se paye ma tête une fois la séance terminée. Je peux enfin respirer, enfin pas pour longtemps. Car mon nouveau collègue me prend en poche de patate, ce qui nous fait basculer et tomber dans l’eau. Je reviens à la surface de l’eau, toussotant pour décrasser l’eau boueuse qui s’est infiltré dans mes poumons. Bordel… Je me met tout de même à rire en voyant Abel en faire autant. Je récupère mon veston pour cacher ma poitrine et je me dirige maladroitement vers la sortie.
Je ne ressemble plus à grand-chose. Les cheveux plaqués sur mon visage, le maquillage quelque peu effacé par l’eau. Heureusement que la maquilleuse à prévu le coup en m’appliquant des produits hydrofuge, sinon je ressemblerais à un raton-laveur. Une fille se dirige vers nous avec des serviettes, ce qui me permet de m’enrouler à l’intérieur. On me félicite au passage pour mon dévouement, quelques clappements de mains se font entendre, signifiant le travail terminé. La fourmilière se remet en marche. Tout le monde est déjà en mode « ramassage ». La directrice des opérations vient me remercier personnellement. Elle m’offre d’aller me rafraîchir sous la douche pendant qu’elle s’organise avec un chèque de dédommagement. Je me laisse guider par le styliste qui me ramène sous le chapiteau. La douche est en fait en deux parties, séparées par un semblant de muret en plastique opaque avec un tuyau qui permet de tomber en fontaine sur nos têtes. Je roule des yeux, me disant que c’est mieux que rien. Je me dirige vers la table avec tout le maquillage pour trouver un démaquillant. Je nettoie mon visage, incapable d’endurer la saleté qui couvre mes pores de peaux plus longtemps. Une fois satisfaite, je me dirige vers la douche. Une serviette et mes vêtements sont pliés soigneusement sur une table à proximité. J’entends l’eau coulé de l’autre côté du petit muret. Sûrement Abel qui est déjà sous les jets. Je me permets un petit coup d’œil à travers la fente des rideaux et me mord les lèvres en découvrant son beau petit derrière. Je siffle pour l’avertir de ma présence tout en pénétrant dans ma section. Je me déshabille et je jette les vêtements par-dessus la pôle, vérifiant qu’il y a bien de quoi pour me laver. En ouvrant la douche, l’eau froide me fouette le visage. « Merde, prend pas toute l’eau chaude Abel, j’en veux un peu! » Tranquillement, l’eau se réchauffe et je suis surprise à quel point cette douche est plutôt pratique finalement. « Alors, on va le boire ou notre petit verre de Gin? » J’ignore il est quelle heure, mais il est grand temps de prendre un petit coup. L’eau chaude me permet de me détendre, mais l’alcool sera le moyen parfait pour passer par-dessus tout ce matin hors du commun.
I probably shouldn't be around you 'Cause you get wild, wild, wild You looking like there's nothing that you won't do
La frivolité de l’instant est rompue par l’aspect gluant et dégoutant du marécage et nous nous empressons de sortir de là, dégueulasses et couverts de vase. Je prie pour qu’une grenouille ou une larve ne se soit pas frayée un chemin dans mon caleçon, et j’en ai des hauts le cœur rien qu’en y pensant. Tout le monde s’est rapidement désintéressé de nous, puisque nous avons fait le job, nous redevenons des personnages secondaires dont on se fiche éperdument. J’ai l’habitude alors ça ne me choque pas plus que ça. C’est un monde étrange que celui des feux de la rampe, mais les enjeux et aboutissants nous dépassent bien souvent. Et puis, si je ne fais pas le job, un autre minet prendra ma place – aussi simplement que Caroline a remplacé la mannequin aujourd’hui. C’est un peu la loi de la jungle, et je ne m’en plains pas. Je trouve ça logique en un sens, ou peut-être que je m’en fous au final. Je prends ce qu’il y a à prendre, sans trop m’inquiéter de la suite des événements. J’ai confiance en mes capacités de débrouillardise, oui.
Sous la douche, pour enlever toute cette crasse poisseuse, j’entends Caroline et sourit. Je me laisserais bien tenter par un petit coup d’œil vers son côté tiens. Faut pas que je joue à ça, je n’ai pas le temps pour ces conneries. Taper dans les mannequins, c’est plus trop mon style. Jessian m’en a légèrement dégoûté. Ceci dit, y’a les étudiantes maintenant. Je me rince rapidement alors qu’elle me parle du Gin. Oh merde, j’avais zappé. Je réfléchis rapidement à mon programme de la fin de journée, je vais bien réussir à m’octroyer une petite heure de répit, non ? Sans gêne, je me hisse sur la paroi en plastique, en tordant maladroitement mon corps fuselé et je lui fais un grand sourire lorsque je la découvre nue. Elle est magnifique d’ailleurs, et je serais bien tenté de laisser tomber ma résolution concernant les nanas au travail mais… - Dis j’ai une course à faire avant, tu m’accompagnes ? Elle me repousse et je retombe sur mes pieds de l’autre côté de la paroi en riant comme un con. J’enroule une serviette autour de ma taille et vérifie mes appels en sortant de la douche.
Lorsque je remarque cinq appels en absence de Jess, je grimace et la rappelle aussitôt. « Putain Abel qu’est-ce que tu foutais ? – Je travaille, c’est quoi le problème ? – Le problème c’est que t’as pas fait l’avance pour les cours d’équitation de Mo’, alors j’ai dit à la monitrice que tu payerais ce soir après le cours. – Et c’est à quelle heure son cours ? – Maintenant, ça se termine dans 20 minutes. – Putain mais Jess, j’fais comment moi là ? J’suis en plein centre-ville là ! – J’en ai rien à foutre, t’as intérêt à te pointer, j’ai déjà eu suffisamment la honte comme ça ! Tu ne penses à rien franchement ! – Oh c’est bon, ça va. J’serais là, commence pas à me casser les couilles. – T’as intérêt ouais, sinon tu devras expliquer à ta fille pourquoi elle ne peut plus faire de cheval dans ce centre qu’elle adore ! – J’ai compris, j’serais là. » Je raccroche, énervé et tendu, à deux doigts de balancer mon phone dans le marécage. A la place, j’allume une clope rapidement et tire dessus nerveusement. Putain, mais elle me casse les couilles. Elle me considère comme une merde et un père indigne et ça me met hors de moi. Dès que j’oublie le moindre truc, elle me saute à la gorge comme si j’étais irresponsable. Elle n’a aucune confiance en moi et ça me rend fou.
Alors que je me rhabille promptement, je sens les petits doigts frais de Caroline qui se posent sur mon avant-bras et je me tourne brusquement vers elle tout en boutonnant mon jean rapidement. – Merde, j’suis désolé, j’ai eu un appel et… J’dois absolument aller régler un truc à l’autre bout de la ville, j’sais pas si t’as le temps pour ces conneries. Si elle veut boire un verre et discuter, ça va être compliqué là tout de suite. On peut toujours remettre ça à plus tard, non ? J’vais lui donner mon numéro et on verra bien, si ça la tente de me recontacter.
L’eau ruisselant sur moi me fait un bien fou. Je prends le temps de vérifier les produits qui vont me permettre de me laver et me sentir fraîche. Je ne mets pas n’importe quoi dans mes cheveux, ni sur mon corps. Mais bon cette fois-ci, ce fera l’affaire. J’enduis ma longue chevelure d’un gel aux noix de coco, saveur que je n’aime pas vraiment. Je l’associe beaucoup trop aux crèmes solaires. Une fois rincé, je m’attaque à mon corps. « Dis j’ai une course à faire avant, tu m’accompagnes ? » Je sursaute et découvre Abel flambant nue dans ma douche. Je m’empresse de le pousser en dehors. « Bordel mais t’es con ou quoi? » Je l’entends rire tandis que mon cœur essais de rattraper ses battements réguliers. J’ai vachement fait le saut. Heureusement pour lui que je ne suis pas agressive quand je suis surprise, car il aurait facilement pu recevoir un coup sur la tronche. Je m’empresse de terminer ma séance relaxante sous la douche. Je regarde à l’extérieur, m’assurant qu’Abel ne va pas me jouer un autre tour et remarque qu’il est au téléphone. Son visage démontre qu’il est quelque peu énervé. Je profite de son moment de distraction pour attraper ma serviette à l’extérieur de la douche et me cacher derrière les rideaux pour m’essuyer et me rhabiller. Une fois confortable, je me dirige vers Abel qui tente en vain de s’habiller à son tour. Je n’ai pas entendu l’entièreté de la conversation, mais je sais qu’une certaine Jess le fait royalement chier. Je me risque à déposer mes doigts sur son avant-bras. « Hey… Ça va? » Il se retourne brusquement tout en boutonnant son jeans. « Merde, j’suis désolé, j’ai eu un appel et… J’dois absolument aller régler un truc à l’autre bout de la ville, j’sais pas si t’as le temps pour ces conneries. » Je réfléchis rapidement et mise à part mon contrat de ce matin – qui s’est déroulé autrement de ce que je m’imaginais -, je n’ai rien d’autre de prévu et à voir l’état d’Abel, je préfère l’accompagner pour m’assurer que tout va bien. Même s’il m’a entraîné dans une séance photo – que j’ai accepté de faire alors que j’aurais pu refuser -, il m’a aidé tout le long du photoshoot. Alors je lui dois bien un petit coup de main en échange. « T’inquiète, j’ai tout mon temps… Je t’accompagne! » Au même moment, la directrice des opérations et mon collègue de travail pénètrent sous le chapiteau. La directrice se lance dans un petit discours pour me féliciter et me remercier d’avoir sauvé la mise. Je lui mentionne que s’est grâce à Abel et j’accepte le chèque qu’elle me tend. Je fouille dans ma poche arrière pour lui donner ma carte d’affaire en échange. Je jette un coup d’œil à mon collègue qui me regarde d’une tout autre manière. Je me demande si je viens de gagner son respect ou bien s’il m’imagine encore nue sous mon veston… Avant qu’il ne me parle, je lève la main pour l’arrêter et lui dire que je dois quitter pour une urgence. Je n’ai pas le temps de faire la conversation, surtout quand je vois Abel prêt à décamper, je me dis qu’il y a plus important à faire que de discuter avec mon collègue. Je leur souhaite une bonne journée avant de rejoindre mon nouvel ami. On quitte le chapiteau d’un pas pressé. Je m’assure de n’avoir rien oublié tout en suivant Abel qui se faufile à travers les employés qui terminent de nettoyer les lieux. « Alors dis moi… Qu’est-ce qu’on va faire? Et s’est qui Jess? »
Dernière édition par Caroline Bauer le Mar 4 Juin 2019 - 23:36, édité 1 fois
I probably shouldn't be around you 'Cause you get wild, wild, wild You looking like there's nothing that you won't do
→ A ma grande surprise, Caroline accepte de me suivre sans me questionner davantage ce qui, malgré tout, me fait froncer les sourcils. Cette nana est surprenante et j’en viens à me demander si ce n’est que de la générosité ou si elle attend quelque chose de moi. Pas que cela serait déplaisant, mais je déteste l’idée de profiter d’une personne alors je mets ça dans un coin de ma tête et me promets de lui en parler sur le trajet. Car pour l’heure, elle a déjà filé et je termine de m’habiller à l’arrache. Je ne m’attarde pas vraiment, je n’en ai pas le temps en fait, je devrais déjà être sur la route. La colère est toujours bien présente, je déteste tellement la situation entre Jess et moi par moment et je refuse strictement que Morgane en pâtisse, alors je ferme ma gueule. Mais si je pouvais étriper mon ex-femme, je pense que je l’aurai déjà fait depuis longtemps. Quoique… s’il n’y avait pas Mo’, on ne se parlerait très certainement plus.
Lorsque Caroline me rejoint, je trace et lui attrape le bras pour lui faire presser le pas. Elle me demande qui est Jess et ce qu’on va faire alors que nous arrivons devant ma voiture, une Holdem noire des plus banales. Le trip big-voiture = grosse-burne, très peu pour moi. A peine installés, je démarre et manœuvre pour sortir du parking. – Mon ex-femme, et on va au centre équestre pour régler les cours de ma fille. Je lâche tout en me faufilant dans la circulation active de Brisbane, filant vers le boulevard pour aller au plus vite. Je conduis un peu n’importe comment et je sens ma coéquipière se crisper à mes côtés. Je me rappelle alors qu’elle a eu récemment un accident de moto et je lève le pied, n’ayant aucune envie de la traumatiser davantage. Je soupire et explique alors, parler m’aidant à me calmer. – Morgane, ma fille, a eu 4 ans il n’y a pas longtemps, et c’est Jessian qui en a la garde exclusive. On a un arrangement qui me permet de la garder un weekend par mois et je la vois aussi les dimanches. En général, Jess ne me fait pas trop chier mais là… Je me penche, attrape mon paquet de clopes et m’en allume une après avoir descendu les vitres. – J’ai zappé de payer les cours d’équitation la dernière fois en allant la récupérer, du coup faut que j’fasse ça là. Je tourne mon regard vers Caroline et ajoute – Si t’es pas à l’aise avec tout ça, j’comprends hein, tu pourras attendre dans la voiture, désolé. Je ne sais même pas pourquoi je partage tout ça avec elle à cet instant, mais Caroline n’a pas l’air d’être méchante au contraire. Après, je suis aussi conscient que tout ça, c’est mes problèmes et pas les siens. Je ne veux rien lui imposer.
Aussitôt qu’on a décampé du chapiteau, Abel m’a attrapé l’avant-bras pour me trainer à travers les gens pressés de plier bagage et de retourner à leur domicile. Il me trimballe jusqu’à une voiture ou je prends place du côté passager. J’ai à peine eu le temps d’attacher ma ceinture qu’Abel part en trombe tout en répondant enfin à ma question. « Mon ex-femme, et on va au centre équestre pour régler les cours de ma fille. » Abel conduit à travers la ville comme s’il était le seul chauffeur sur la route. Mon cœur s’emballe sous la frayeur, m’enfonçant dans mon banc pour me sentir mieux. Mes mains se crispent contre les appuie-bras de mon siège et je fixe devant, essayant d’être alerte si jamais quelque chose se foutait devant nous au mauvais moment. Disons que je n’ai pas envie de percuter quelqu’un comme moi j’ai subi plusieurs mois plus tôt. J’ai l’impression qu’Abel a lue dans mes pensées, car je le sens reprendre le contrôle sur la fureur qui alimente sa conduite. « Morgane, ma fille, a eu 4 ans il n’y a pas longtemps, et c’est Jessian qui en a la garde exclusive. On a un arrangement qui me permet de la garder un weekend par mois et je la vois aussi les dimanches. En général, Jess ne me fait pas trop chier mais là… » Tout le long de son explication, j’acquiesce à ses dires, comprenant que cette Jess doit avoir dépassé les bornes lorsqu’elle parlait à Abel au téléphone quelques minutes plus tôt. Ce dernier se penche pour attraper une clope et descend la fenêtre pour ne pas m’étouffer avec l’odeur de sa cigarette. « J’ai zappé de payer les cours d’équitation la dernière fois en allant la récupérer, du coup faut que j’fasse ça là. » Je lui fais un signe de tête pour lui démontrer que je comprends. Quel merdier. C’est ce qu’on appelle être un parent responsable. Le simple fait qu’Abel se déplace pour régler ce problème me touche profondément. Je n’ai pas eu la chance d’avoir une enfance avec de l’encadrement parental. C’est mon frère qui s’occupait généralement de moi. C’est lui qui se chargeait de me conduire à mes cours de Judo tandis que mon père était à quelque part sur la route à faire de la moto et que ma mère se shootait du poison dans les veines. « Si t’es pas à l’aise avec tout ça, j’comprends hein, tu pourras attendre dans la voiture, désolé. » J’esquisse un petit sourire pour le rassurer. « T’inquiète pas pour moi… » Évidemment, il a des priorités plus urgentes que mon état face à sa situation. Je le regarde du coin de l’œil, voyant clairement qu’il fulmine de l’intérieur. Je tente donc de détendre l’atmosphère. « Morgane… C’est joli comme nom. J’imagine qu’elle doit être belle comme son père. » Je lui tire la langue pour plaisanter. « Tu sais… Je suis pas encore mère, mais juste de voir l’état dans lequel tu es, ça me touche beaucoup. Ta fille a beaucoup de chance d’avoir un père qui se soucie d’elle et de ses activités… » Mon propre commentaire me fait mal. Je sens la peine me ronger de l’intérieur. Une blessure qui parfois revient à la surface et qui me rappelle que je n’ai pas toujours eu une enfance facile. Je me racle subtilement la gorge, essayant de faire descendre la boule d’émotion qui s’est coincé contre mes cordes vocales. « Au fait… T’as une photo de ta fille? »
I probably shouldn't be around you 'Cause you get wild, wild, wild You looking like there's nothing that you won't do
→ - T’inquiète pas pour moi… Morgane, c’est joli comme nom. J’imagine qu’elle doit être belle comme son père. Je souris, sans quitter la route du regard devant moi et je lâche un juron en voyant un ralentissement sur la route. Ça me gonfle ! Je regarde l’heure et comprends que je ne serais jamais à l’heure au cours d’équitation. Rapidement, j’envoie un message à Jess pour la prévenir des bouchons. J’fais de mon mieux, mais ça a l’air rarement suffisant. – Tu sais, je ne suis pas encore mère, mais juste de voir l’état dans lequel tu es, ça me touche beaucoup. Ta fille a beaucoup de chance d’avoir un père qui se soucie d’elle et de ses activités. Caroline me fait sourire, un peu. Je lui confie alors naturellement – C’est surtout que Jess va me défoncer si je n’y vais pas. Et j’ai pas envie de renoncer à mes weekends avec Mo’. On a un arrangement ensembles, je peux la prendre une fois par mois tout un weekend, et j’suis pas prêt à lâcher ça. Oh non, je ne l’envisage absolument pas. Clairement, Jessian me tient avec la garde de Morgane, je suis prêt à tout pour continuer d’avoir ma fille une fois par mois. Je tourne mon regard vers Caroline et je la vois un peu peinée. Je pose ma main sur la sienne et demande alors, étonné de la voir ainsi – Hey, ça va ? J’roule trop vite c’est ça ? C’est plus vraiment le cas, étant donné que nous sommes un peu coincés dans la circulation mais j’ai l’impression qu’elle est bouleversée. – Au fait, t’as une photo de ta fille ? – Bien sûr ! Regarde, j’en ai des milliers ! Je lui tends mon téléphone et la laisse découvrir la centaine de photo du dernier weekend passé ensembles.
Le trajet jusqu’au centre équestre se fait entre confidences et conduite relativement calme. Au final, je suis plus apaisé en arrivant au point de rendez-vous qu’en partant du shooting. L’effet Caroline ? Peut-être bien oui. Cette nana est franchement adorable. Je gare ma caisse dans l’allée et sort rapidement. La voix de Mo’ retentit alors, comme un appel à la joie : PAPA ! Je souris, particulièrement heureux de voir ma fille me foncer dessus et je l’accueille à bras ouvert avant de la faire tournoyer dans les airs et de la couvrir de bisous baveux et bien gras. Morgane éclate de rire et se tortille dans tous les sens pendant plusieurs minutes. Je chahute avec elle, car c’est ce que je préfère faire, mais voilà que sa maman rapplique et son air sévère me rappelle instantanément à l’ordre. – T’as vingt minutes de retard ! Me reproche-t-elle directement, en guise de salutation. – Je t’ai envoyé un message, il y avait des bouchons sur la route. – Comme dans les oreilles ? Demande Mo’ innocente et je secoue la tête. – Non pas comme ça. Je souris et bisouille à nouveau Morgane, avant de la déposer à terre. – Faut que j’aille payer tes cours chérie, tu m’emmènes voir ta monitrice ? Morgane m’attrape la main et me tire vers les bureaux du centre équestre. Jessian me fait alors la remarque – T’as pas pu t’empêcher d’en ramener une hein. Une quoi ? Je suis son regard et voit Caroline, un peu décontenancée face à cette réunion familiale. Je tends alors le bras vers elle et l’interpelle – Caro viens ! Je te présente Morgane. Chérie, c’est Caroline une collègue de travail de Papa. Morgane observe Caroline quelques secondes, avant de décréter – T’es jolie, j’aime tes cheveux. Puis, elle recommence à me tirer sur la main en disant – Papa doit payer mes cours ! Elle ne perds pas le nord celle-là ! Je saisis la main de Caroline sous le regard hautement agacé de Jess et voilà notre joyeuse bande partie pour régler cette facture bien gênante.