Tu angoisses. C’est comme une boule dans ta gorge qui t’empêche de respirer. Tu te demandes. Tu te fais peur. Tu te demandes ce que tu devrais faire. Il y a quelques jours, tu t’engueulais avec Douglas. Pour une connerie. Pour des affaires déplacées. Tu ne sais pas ce qui te heurte le plus : le départ de Neptune, que tu ne parviens toujours pas à t’expliquer, ou toutes les horreurs que tu as balancé à un pauvre gars qui tente simplement de faire de son mieux pour s’installer. Tu voudrais te cogner la tête contre un mur. Tu devrais, peut-être. Tu devrais, très certainement. Il y a les mots de Cole, qui dans ta tête, résonnent en boucle. Cette idée qui te donnerait presque envie de pleurer (ou qui, au moins, faisait tourner beaucoup trop de questions au fond de ton crâne). Est-ce que tu as peur de finir seul ? Est-ce que tu ne finiras pas, inévitablement, seul ? Seul, parce que tu es incapable de te poser. Seul, par ce que tu ne sais pas comment te contenter de quelque chose de normal. Pas ce soir. Léo, j’peux passer ce soir ? SMS envoyé alors que tu n’as toujours pas quitté le taf. Envie dévorante de juste tout oublier. Envie d’un peu de plaisir, même éphémère, avant d’un de vos instants un peu plus sérieux. Instants que tu chérissais, d’une certaine manière.
Tu t’es pressé contre la porte d’entrée de l’immeuble. Le temps est hasardeux, t’obligeant presque à te plaquer contre la vitre. Tes doigts pressent le bouton de l’interphone, et tu attends avec empressement que Léo daigne te laisser entrer. « Il pleeeeeeeut ! S’il te plait, s’il te plaaaait. » brailles-tu, tel un gosse, avant d’entendre le bourdonnement salvateur qui te permet de te précipiter dans la cage d’escalier. Tes jambes escaladent les marches deux par deux, tandis que ta main, arrochée à la rambarde, t’aide à te propulser vers le haut. Gamin. Adulte cherchant à fuir sa vie, même le temps d’une poignée de minutes. Ça te manque, n’est-ce pas ? Ça te manque, ces moments où tu n’avais pas d’autres préoccupations que celle de trouver quelle bêtise commencer pour ne pas t’ennuyer. Tu voudrais ne pas y penser.
C’est trempé par la sueur et la pluie, essoufflé, que tu cognes quelques coups contre le battant symbolisant l’entrée de la demeure du brun. Tu patientes, un peu. Tu patientes, avant d’offrir un regard papillonnant à l’occupant lorsque la porte s’ouvre. Tu as ce sourire un peu stupide, presque satisfait de ta connerie. Satisfait d’être à peine présentable. Idiot. « Salut. » lâches-tu quand même, te souvenant vaguement que tu avais, jusqu’à maintenant, oublié la moitié des politesses. « J’suis … tout trempé. » ajoutes-tu. Ahem. « Tu me laisses entrer, ou je continue de m’égoutter dans l’entrée ? »
Dernière édition par Archie Allen le Mer 15 Mai 2019 - 21:04, édité 2 fois
l'angoisse frappe comme une lame de fond ☼ @Archie Allen
Je détestais mes cours, en ce moment. Il n'était pas rare que je sèche carrément une après-midi, uniquement parce que le cours m'ennuyait au plus haut point. Jouer du violon ou parcourir la ville à vélo était des activités bien plus intéressantes. Aujourd'hui, Charlie n'était pas disponible. Et mon vélo non plus. Il pleuvait à seaux. Pas que je craignais la pluie, mais j'avais peu envie de me rétamer dans la flotte. Alors j'étais resté chez moi, à ne littéralement rien faire sinon lire des trucs inintéressants pour cacher ma procrastination. Si, j'avais aussi fait un peu de ménage. Enfin, pas de fond en comble, il ne fallait pas exagérer non plus. J'aimais tenir mes affaires propres et bien organisées, voilà tout. Puisque je me faisais chier, je rangeais aussi mes livres par auteur et par ordre alphabétique. Vraiment, j'avais une vie passionnante...
L'après-midi ne touchait pas à sa fin que mon téléphone se mit à vibrer. Deux fois, courtes, un message. Je m'attendais à un « ce soir on se soûle la gueule devant une série » de la part de Charlie, mais le message était tout autre. Archie. Archie qui voulait venir squatter mon canapé, mon lit, ma douche, ou les trois. Dans n'importe quel ordre. Petit sourire aux lèvres, je répondais un « tu crois que j'vais dire non ? ». Bien sûr que je n'allais que lui dire oui. J'aimais bien passer du temps avec lui.
En l'attendant, je m'étais installé la tête en bas et les pieds en l'air sur mon canapé. Je faisais ça pour me calmer quand j'étais pris d'une envie irrépressible de courir partout, qui se manifestait généralement en fin de journée. Et puis, le temps couvert n'arrangeait pas les choses. Si l'orage venait, là, ça allait être le cataclysme. Si le café de 14h s'éternisait dans mes veines, j'allais avoisiner l'implosion. Mon interphone, cassé par une main maladroite - la mienne; se mit à sonner dans l'appartement, grésillant comme une vieille radio de l'an 40 et faisant sursauter mes chats. Après un an ici, ils ne s'habituaient toujours pas à ce foutu truc qui, puisque mon appartement était devenu un sacré moulin, sonnait environ 20 fois par jour. La voix de Archie résonna dans l'appartement. Quelques secondes plus tard, il était planté sur mon pallier, trempé comme une soupe, le souffle un peu court. Sa bouille m'arrachait un sourire en coin. « J’suis … tout trempé. » Merci, captain obvious. « Tu me laisses entrer, ou je continue de m’égoutter dans l’entrée ? » Je m'écartais de l'entrée en ricanant, lui laissait le soin de fermer la porte et filais vers le salon. « Rentres. Tu veux prendre une douche ? » Voix amusée, petit clin d’œil, invitation à peine voilée. « Et bah, le cardio' c'est pas trop ça hein... » Nouvelle petite pique pas trop méchante, je lui adressais un regard taquin par dessus mon épaule droite. Machiavel, mon chat noir, venait de me filer entre les jambes pour aller saluer Archie. « Tu comptes rester manger ? Ou alors tu veux qu'on file quelque part ? »
Je me dirigeais déjà vers la cuisine histoire d'y attraper des bières. De retour au salon, je faisais de la place sur le canapé, rangeais un de mes livres et poussais Socrate qui dormait là. Le chat brun s'en allait d'un pas lourd vers la cuisine. « Désolé, c'est pas très bien rangé. » Quel menteur, je m'étais fait chier à faire du rangement, gagné par l'ennui de l'après-midi. Et puis, ça n'était probablement pas très important.
Il se moque de toi, un peu. Il semble se moquer, et tu ne peux que sourire bêtement. Tu souris comme un guignol, comme si c’était la meilleure des choses à faire dans ton cas. « Rentres. Tu veux prendre une douche ? » propose-t-il, en t’adressant un clin d’œil. Tu as un sourire amusé. Tu fais mine de réfléchir, alors qu’en réalité, la proposition n’est pas pour te déplaire. « Si l’eau est chaude … » répliques-tu, pas vraiment plus fin que le garçon. « Et bah, le cardio' c'est pas trop ça hein... » se moque-t-il, alors qu’un de ses chats vient se faufiler entre tes pattes. « Ta gueule, Léo. » répliques-tu avant de lui mimer un baiser, l’espace d’un instant, encore plus enfant qu’un gosse de huit ans. Tu te penches pour caresser le crâne du chat, doucement, visiblement assez intrigué par l’odeur de Wall-e qui devait traîner sur tes vêtements. Un sourire léger étire tes lèvres, alors que le matou décide qu’il en a assez vu, retournant explorer l’appartement du brun en se dandinant. « Tu comptes rester manger ? Ou alors tu veux qu'on file quelque part ? » propose Léo, en filant vers la cuisine. « Je ressors pas dehors avec ce temps, mec. » confies-tu, alors que tu t’occupes de retirer chaussures, pull et blouson, pour les étendre sur les chaises du salon. « Mais j’pourrais t’aider à cuisiner un truc, s’tu veux. » ajoutes-tu tout de même, pas forcément à l’aise à l’idée de t’inviter et de te faire servir toute la soirée. Tes doigts viennent se glisser dans tes cheveux, alors que tu réprimes difficilement un frisson. La chair de poule s’installe sur tes bras, que tu essaies de réchauffer à l’aide de tes paumes, tandis que le brun revient sur le canapé, des bières entre les mains. « Désolé, c'est pas très bien rangé. » Ton regard oscille entre le garçon et l’appartement impeccable, avant que tu ne te décides à lever les yeux au plafond. « Faudrait que je t’invite à venir voir l’état de ma chambre. » proposes-tu. Peut-être qu’il prendrait ses jambes à son cou. Peut-être qu’il serait pris d’une envie violente de tout ranger avant de bien vouloir se blottir dans tes draps. Peut-être qu’il ne dirait rien, et viendrait caller son corps contre le tien.
« Est-ce que je pourrais t’emprunter un pull ? » demandes-tu soudainement, te vautrant contre lui, sur le canapé. « A moins que tu ne me proposes de retirer le reste de mes fringues humides et que tu m’aides un peu à me réchauffer. » rajoutes-tu. Tu cherches. Tu cherches à le faire céder. Tu cherches les limites qu’il pourrait avoir posé. Tes paupières papillonnent, alors que tu profites de la proximité pour humer son odeur, avant de te redresser pour chopper l’une des bières qu’il avait ramenées. « Merci. » dis-tu tout de même, avant de lever ta boisson en l’air, pour trinquer avec lui. Tu y trempes ensuite tes lèvres, pour en savourer le goût amer. Tu oscilles, pas vrai ? Tu oscilles entre l’idée de te jeter sur lui et d’oublier ta journée et celle d’enfiler les bières les unes après les autres pour te réchauffer. Tu déconnes, mené par la certitude de ne plus avoir envie d’y songer. Tu dérailles, un peu, peut-être porté par la peur de vieillir. Tes lèvres viennent s’accrocher aux siennes, alors que tu recherches à te remémorer les particularités de ses lippes. Douce bouche, goût masculin, et voilà que tu te recules, doucement. Un sourire joueur éclaire ton visage, alors que tu décides de t'arrêter là. Tu sais ce que tu veux, au fond.
l'angoisse frappe comme une lame de fond ☼ @Archie Allen
Mine de rien, j'aimais bien sa bouille, l'air qu'il avait sur le visage, cet air amusé, goguenard. Archie jouait au moins fin avec moi, m'arrachant sourire sur sourire, me faisant secouer la tête de droite à gauche. « Si l’eau est chaude… » J'avais un petit rire. Si c'était une douche qu'il voulait, on pouvait s'arranger. Je blaguais sur son cardio', récoltais de jolis mots. Toujours dans la finesse, bien sûr. Nous étions sur la même longueur d'onde, lui et moi. Il me semblait que c'était pour cela que nous nous entendions si bien. Je ne prenais pas son « Ta gueule, Léo. » au sérieux et lui envoyais un doigt d'honneur, goguenard. J'aimais beaucoup le taquiner, lui arracher des réactions trop faciles à obtenir. Alors que je filais à la cuisine, mon chat accompagnait Archie. Je le voyais faire du coin de l’œil, quémandant de l'attention comme s'il en manquait. Comme si je n'étais pas assez attentif à lui. En déambulant dans mon appartement, je lançais une proposition à mon invité, mais vu le temps qui menaçait dehors, je la savais refusée d'avance. « Je ressors pas dehors avec ce temps, mec. » Je hochais la tête, bien qu'Archie ne pouvait pas me voir depuis l'endroit où il se trouvait. J'étais content qu'il refuse. « Mais j’pourrais t’aider à cuisiner un truc, s’tu veux. » J'avais un autre petit rire, comme un éclat surpris. « J'me disais que les pizzas, c'est un plat pratique. Sinon, tu m'aides à cuisiner un truc genre... je sais pas... Ce que tu veux, j'ai des trucs qui traînent dans le frigo ! »
Je revenais avec les boissons, m'installais sur le canapé en soupirant doucement. Je m'ouvrais une bière en fredonnant quelques secondes, content d'avance de la soirée qui s'annonçait. « Faudrait que je t’invite à venir voir l’état de ma chambre. » Je haussais un sourcil, avalais une gorgée de bière. « J'y viens quand tu veux. Mais pas pour t'aider à ranger, hein... » Je lui adressais un clin d’œil un peu lourdeau, buvais une autre gorgée de ma bière Le voilà qui se laissait tomber à côté de moi. Je lui faisais de la place - mais pas trop quand même, j'aimais la proximité. « Est-ce que je pourrais t’emprunter un pull ? » Je hochais doucement la tête, m'apprêtais à lui répondre lorsqu'il enchaîna bien vite. « A moins que tu ne me proposes de retirer le reste de mes fringues humides et que tu m’aides un peu à me réchauffer. » Archie était fort pour les sous-entendus même pas déguisés. « Oh je suis sûr qu'on peut s'arranger ! », ronronnais-je alors qu'il se penchait pour attraper une bière. Je me tournais un peu mieux vers lui, ne le lâchait pas des yeux alors que nos bières s'entrechoquait. A peine un mot plus tard, ses lèvres se retrouvèrent contre le miennes. Leur contact m'était agréable et je ne pouvais que répondre à l'avance, petit sourire au coin de la bouche. Ma main trouva un instant sa joue. Le gras de mon pouce passa et repassa sur sa peau et voilà que notre baiser était rompu.
Le sourire d'Archie était à croquer. La proximité physique qui s'était installée entre nous ne me suffisait pas. Je me dépêchais de poser ma bière sur la table basse, me tournais complètement vers lui pour passer une jambe dans son dos, sur le canapé, et une autre par dessus ses cuisses. Ainsi installé, je passais une de mes mains sur son flanc gauche, sous ses fringues trempée, et posais l'autre sur son épaule. « Si t'as besoin de décompresser, j'ai acheté une bouteille de rhum hier. Elle a pas l'air dégueulasse. Ça sera peut-être mieux que cette bière pas bonne. », disais-je en souriant doucement, mon menton posé sur son épaule. « Sinon... » Je faisais mine de chercher une idée, alors que nous savions tous les deux très bien comment notre soirée allait terminer - ou plutôt commencer. Mes lèvres retrouvaient déjà les siennes. Mais peut-être allait-il préférer la bouteille de rhum... « Mais d'abord... » Je l'aidais à retirer son haut, trempé. Je ne voulais pas qu'il attrape la crève, c'aurait été dommage.
Vous êtes lourds, un peu, non ? Un peu con, à vous lancer des insultes pas vraiment pensées et des phrases lourdes de sous-entendus. Tu en as besoin, pourtant. Au moins un peu. « J'me disais que les pizzas, c'est un plat pratique. Sinon, tu m'aides à cuisiner un truc genre... je sais pas... Ce que tu veux, j'ai des trucs qui traînent dans le frigo ! » Tu hausses les épaules. « Comme tu veux. Sauf si t’as pas peur que je t’empoisonne avec des pâtes bolo revisitées … » Au fond, ça ne te dérangeait pas de cuisiner un truc – même si ce n’était jamais de la grand gastronomie.
Quand il te confie que son appart n’est pas rangé, tu lui jetterais presque un regard outré. Peut-être qu’il pourrait t’aider à ranger la tienne, si jamais. Peut-être qu’il pourrait t’aider à l’organiser un peu mieux. « J'y viens quand tu veux. Mais pas pour t'aider à ranger, hein... » entends-tu, alors que tu laisses échapper un sourire. « Même si t’as une récompense suite au rangement … ? » Faut que tu t’arrêtes là, t’es lourd. T’as rien contre l’idée de ranger, en plus – tu as même proposé de faire des efforts pour Douglas ... Douglas. Le souvenir de votre engueulade t’arrache une grimace, et tu dois faire tous les efforts du monde pour ne pas sombrer à nouveau. Heureusement, une nouvelle connerie réussit à franchir tes lèvres. Heureusement, le brun est là, pour te changer, au moins un peu, les idées. « Oh je suis sûr qu'on peut s'arranger ! » lâche-t-il, alors que tu lui demandes s’il n’a pas un pull à te prêter, ou s’il avait une solution pour te réchauffer, en dépit de tes fringues mouillées. Vos bières s’entrechoquent, et tu en profites pour y tremper tes lèvres. Lèvres qui, ensuite, viennent chercher celles de Léo. Son pouce vient effleurer ta joue, alors que tu frissonnes, doucement. Il s’est décalé pour déposer sa bière sur la table basse, avant de t’enlacer. Ses jambes t’entourent, alors que tu viens poser ta main libre juste sous le genou de celle qui débarque sur tes cuisses. La main sur tes côtes t’arrache un frémissement. T’aimes bien. Tu aimes bien cette proximité, cette tendresse qui n’engage à rien. C’est mieux que de sortir des phrases lourdes de double sens, juste parce que tu crèves du manque d’attention. « Si t'as besoin de décompresser, j'ai acheté une bouteille de rhum hier. Elle a pas l'air dégueulasse. Ça sera peut-être mieux que cette bière pas bonne. » Tu laisses échapper un mmh de réflexion, alors que tu considères la proposition. Est-ce que se bourrer la gueule dès à présent était une bonne idée ? Est-ce que ça allait vraiment t’aider à décompresser ? « La bière est pas si pire … » commences-tu, alors que son menton se pose sur ton épaule. « Sinon... » entends-tu, alors que ses lèvres retrouvent les tiennes. Tu retiens avec peine un petit sourire, alors que tu savoures les lippes du brun. Tu n’étais pas contre un peu de rhum, mais tu n’étais pas contre l’idée d’avoir son corps chaud contre le tien non plus. Peut-être que vous pouviez faire les deux. Peut-être que vous pouviez profiter et du sexe et de l’alcool. « Mais d'abord... » Ses mains tirent sur ton tee-shirt. « Attends. » dis-tu, alors que tu te tortilles pour poser ta bière au pied du canapé – avec la probabilité non faible qu’elle se renverse sur le sol au moindre faux mouvement. Tu es revenu vers lui, te débarrassant de ton haut au passage. Tu étais bien mieux, maintenant. Bien mieux, même si un frisson vient parcourir ta peau. La chair de poule s’installe sur tes bras. Tu trembles alors que tu reviens te blottir contre lui. Tes mains – avec leurs doigts glacés - viennent se faufiler sous son tee-shirt. Torse chaud, loin d’être désagréable – même si tu supposais que c’était loin d’être le cas pour ton cadet. « Pardon. » lâches-tu, alors que tes lèvres viennent goûter à son cou. Tu ris, un peu, alors que tu viens retirer son haut. Tu n’as pas attendu mille ans avant que ton slim, détrampé lui aussi, ne rejoigne le reste de tes vêtements. Tu as galéré, un peu. Tu as galéré, avant que le pantalon ne se décide à bien vouloir franchir la barrière de tes mollets. Maudit tissu mouillé – à croire que les jeans se rétrécissaient une fois qu’ils étaient trempés. « Y’a pas idée de pleuvoir autant, quand même. » maugrées-tu, alors que tu te colles un peu plus à lui. Tu souffles. Tu souffles, alors que tu l’enlaces. T’es frigorifié, en réalité. Tellement gelé que ce serait probablement un miracle si tu t’en sortais sans tomber malade. Alors, tu viens chercher ses lèvres, encore. Tu viens voler sa bouche, encore. Tu viens piquer ses lippes, juste dans l’espoir de réchauffer un peu ton corps.
l'angoisse frappe comme une lame de fond ☼ @Archie Allen
Je proposais des pizzas, ou un petit coup de cuisine commune. « Comme tu veux. Sauf si t’as pas peur que je t’empoisonne avec des pâtes bolo revisitées … » Bien sur que non je n'avais pas peur de finir empoisonné. Pourquoi, le devais-je ? Je n'avais pas le temps de poser la question, de toute manière. J'avais un petit rire. « Même si t’as une récompense suite au rangement … ? » Il proposait rémunération contre rangement d'appart', je lui répondais par un rire et un secouement de tête. Est-ce que je ne m'attendais pas à la réponse ? Affirmer cela aurait été mentir. J'accueillais ses phrases aux sous-entendus salaces avec bienveillance parce que j'étais capable d'en faire autant - sinon plus, pire.
Le baiser que nous échangions était doux. Prélude de la soirée. Sous mes doigts, sa peau était absolument glacée. La mienne devait lui apparaître brûlante. La peau qui se trouvait sous son tee-shirt était, elle aussi, bien trop froide. Archie allait s'attraper une mauvaise crève. Je sentais sa chair de poule, réprimais un petit sourire alors que sa main se posait sur ma jambe. J'aimais le contact, les câlins, les mains baladeuses et les tout ce qui rassemblait les corps. « La bière est pas si pire … » Je haussais les épaules avant de poser mon menton sur l'une des siennes. « ...mais le rhum est meilleur. », soufflais-je l'air innocent, avant de l'embrasser doucement. Même ses lèvres étaient froides. Archie devait être gelé. « Attends. » « J'attends. » Je voulais l'aider à retirer son tee-shirt, mais le voilà qui se tortillait pour aller poser sa bière. La mine satisfaite, je l'attendais jusqu'à ce qu'il revienne à la charge, en tombant le haut. Je détaillais sa peau du regard, sourire en coin. La chair de poule venait dévorer son corps. Et puis soudain, ses mains se retrouvaient sous mon tee-shirt. Je laissais s'échapper un petit geignement entre protestation et plaisir de sentir leur contact, alors que le brun s'excusait. « Pardon. » Son rire se mêlait au mien et bien vite, je n'avais plus de haut non plus. « Bordel mais t'es allé visiter le pôle nord ou quoi ? », gloussais-je doucement. Ses lèvres avaient trouvé mon cou et je lui laissais toute la place qu'il désirait, rejetant légèrement la tête en arrière.
Archie se battait avec son pantalon et je le regardais faire avec amusement. Il n'avait qu'à prendre un parapluie, aussi ! « Y’a pas idée de pleuvoir autant, quand même. » Je lâchais à nouveau un sourire alors que son corps trouvait le mien, plus fort encore que tout à l'heure. Je me débarrassais aussi de mon pantalon. « Egalité. », ronronnais-je avant de glisser mes mains sur son corps froid. Nos lèvres ne mirent pas longtemps à se retrouver. Je m'écartais un instant juste pour pouvoir grimper sur ses genoux, histoire de coller nos torses. Mes mains trouvaient ses côtes, ses épaules, sa nuque. Ma main droite trouva ses cheveux. En les tirant doucement, je le forçait à lever la tête histoire de trouver sa bouche et de la malmener de mes coups de dents joueurs. « Tu vas crever de froid très bientôt et je baise pas avec les cadavres. », chuchotais-je à son oreille en souriant, avant de me lever pour l'entraîner à ma suite vers la salle de bain. Qu'y avait-il de mieux qu'une eau chaude et une douche partagée pour réchauffer son corps ? En un clin d’œil, nous étions nus. J'entrais dans la douche et le tirais à moi sans ménagement, avant de plaquer mes lèvres sur les siennes. Le jet battait son dos, éclaboussait mon nez et mes yeux. « On est pas mieux, là ? » Je lui offrais mon regard lubrique et faisais courir ma main sur son bas-ventre, l'air innocent.
La bière n’est pas si pire. « ...mais le rhum est meilleur. » révèle-t-il, avant de doucement t’embrasser. « Tu me feras goûter, alors. » proposes-tu entre deux baisers. Il tire sur ton tee-shirt, et tu lui demandes presque d’arrêter, le temps de poser ta bière sur le côté. Et t’es revenu. T’es revenu à la charge, contre lui. Tu es revenu te blottir contre sa peau qui te semblait bouillante. « Bordel mais t'es allé visiter le pôle nord ou quoi ? » ricane-t-il, alors que tu viens poser tes lèvres dans son cou. « Plutôt le pôle sud, c’était moins loin. » réponds-tu, à peine plus futé. Tu essaies de te réchauffer, pourtant. Tu essaies de te coller un peu plus à lui, juste pour voler un peu de sa chaleur corporelle. Tu vires tes fringues. Tu te débats avec ton pantalon, alors que le brun réussit à ôter le sien sans le moindre problème. Tu laisses échapper une légère moue, faussement vexée. « Egalité. » Et voilà que ses mains viennent se poser contre toi, te faisant soupirer d’aise. Léo en profite pour venir s’asseoir sur tes genoux, collant son torse contre le tien. Ses doigts courent. Ils courent, le long de ton corps, et tu fermes les yeux, pour simplement savourer leur contact. T’es bien, là. T’es bien, ou mieux, au moins, enveloppé de ses bras. Tu frémis quand il vient mordiller tes lèvres, tandis que tes mains repartent à la découverte de son dos. Tu glisses tes doigts sur le creux de ses omoplates, puis sur chacune de ses vertèbres. Caresse du bout du pouce, alors que tu laisses échapper un couinement lorsqu’il se fait un poil trop sauvage avec tes lippes.
« Tu vas crever de froid très bientôt et je baise pas avec les cadavres. » La phrase, chuchotée, marque le début d’un mouvement. Voilà qu’il te tire, toi et ton léger sourire, hors du canapé. Il t’entraine jusqu’à la salle de bain, et il ne vous faut pas longtemps pour vous retrouver totalement nus sous la douche. Il te tire à lui, t’arrachant, encore une fois, ton petit sourire un peu béat, un peu stupide. Ta bouche part à l’aventure, pourtant. Elle vient savourer ses lèvres, et ta langue vient chercher la sienne, forçant légèrement la barrière de ses dents. L’eau chaude venait gifler ta peau. Si le contact était presque désagréable au début, t’arrachant des picotements dans chacune de tes extrémités, tu finis par bien vite l’apprécier. « On est pas mieux, là ? » demande-t-il, tout en faisant glisser sa main sur ton bas-ventre. Le regard faussement innocent qu’il t’offre t’arrache un gloussement. « C’est plutôt pas mal, j’avoue. » Qu’est-ce qui pourrait être mieux ? Qu’est-ce qui pourrait être plus sympathique qu’une douche avec le brun ? Il n’y a pas grand-chose qui te vient à l’esprit – strictement rien, même, s’il fallait choisir quelque chose d’accessible. Qu’est-ce qu’il te manquait ? Pas grand-chose. Pas grand-chose de plus que les marques d’attention dont il faisait preuve en l’instant présent. Tu pars à l’attaque, toi aussi. Tes mains viennent agripper doucement son postérieur, alors que tes lèvres glissent le long de son menton. Tu humes sa peau, humide, avant que tes canines ne choisissent de croquer son lobe d’oreille. Ton torse appuie contre le sien, l’invitant à reculer contre le mur de la douche. Le contact du carrelage encore froid, sous tes doigts, t’arrache un frisson, et tu reviens fixer Léo, un instant, pour t’assurer que ce ne soit pas trop inconfortable. A ton tour, tes mains viennent découvrir son entre-jambe, alors que le bout de ta langue vient goûter ses lèvres, encore. Tu cherches, un peu. Tu cherches quelques soupirs. Tu cherches à récolter quelques frissons. Tu cherches juste à le remercier pour cette agréable situation. Et puis tu glisses. Tu t’aventures, crocs sortis, le long de son torse. Tu mordilles la peau, tu la marques de quelques coups de canines. Ça t’amuse, un peu. Ça t’amuse, et voilà que tu te retrouves agenouillé devant lui. Tu as un sourire d’adolescent taquin, alors que tu déposes un baiser sur le bout de son membre. Tu t’es reculé, un peu. Tu t’es interrompu, avant de lentement venir caresser son aine du bout de l’index. Instants suspendus. Instants de faux calme, avant que tu ne te décides à faire glisser tes lèvres sur son sexe. Peut-être que vous n’étiez plus si innocents, finalement.
L'angoisse frappe comme une lame de fond ☼ @Archie Allen
Si j'aimais la bière, mon grand amour restait le rhum et ses notes sucrées. Celles qui restaient contre le palais ou sur les lèvres autant qu'un baiser passionné. Je trouvais la bière trop festive, trop interchangeable à souhait. Peut-être étais-ce parce que je ne m'y connaissais pas assez en bière. « Tu me feras goûter, alors. » Je hochais la tête, sourire gourmand accroché aux lèvres. Je les collectionnais, ces foutus bouteilles. Et heureusement qu'on ne m'avait pas arrêté à la douane avec certaines d'entre elles. Charlie et moi en avions déjà vidé certaines de moitié. Je picorais les lèvres de Archie, ne m'interrompais que pour lui répondre un bref « Tout ce que tu voudras. » alourdi d'un ton taquin. Il abandonnait sa bouteille et revenait à la charge, pour mon plus grand plaisir. Ses lèvres trouvaient mon cou et je les trouvais trop froide, lui faisant remarquer dans une petite pointe d'humour. Lui cédant pourtant la place, je basculais légèrement la tête en arrière. « Plutôt le pôle sud, c’était moins loin. » J'avais un autre ricanement, un « T'es con. » étiré d'un couinement de protestation lorsque sa peau gelée trouvait la mienne. Bientôt, il se trouva tout autant habillé que moi. Habillé d'air. La peau qui se trouvait sous ses habits mouillés était - bien évidemment; elle aussi froide, m'arrachant quelques frissons. Alors que je venais m'installer sur ses genoux, ses doigts vinrent trouver la fine peau qui se trouvait au dessus des os de mon dos. Le contact était agréable, bien qu'encore marqué de cette froideur qui mordait ma chair. Le manque de chaleur corporelle d'Archie contrastait avec la douceur de ses gestes, avec le feu qui grimpait très doucement en moi. J'aimais bien l'idée. Au final, je ne lui en voulait plus tellement d'être gelé.
Nous partions à la conquête d'une autre pièce de mon appartement, un endroit que je savais plus accueillant pour sa chair glacée, maltraitée par les aléas climatiques. J'ouvrais l'eau chaude, pas brûlante non plus, et tirais Archie à moi. L'eau venait jusqu'à mes yeux, battant furieusement son dos. Le contraste ne devait pas forcément être des plus agréables, mais nos corps n'allaient pas tarder à rallier la même température. Mes mains quittaient le bas ventre du brun pour trouver ses joues, sa mâchoire, son cou. Autant de peau conquise millimètre par millimètre par l'eau chaude - dont la facture allait me coûter un bras. « C’est plutôt pas mal, j’avoue. » Je redressais le menton, faussement gonflé d'orgueil par le bon accueil qu'il faisait à mon choix. Mon dos touchais le mur carrelé de la douche, et d'entre mes lèvres s'échappa un petit grognement de protestation. Décidément, le froid ne voulait pas nous lâcher. Tout en contraste avec l'air, l'eau chaude commençait déjà à former de la buée sur la vitre de la douche à l'italienne, derrière mon aîné. La sensation désagréable du carrelage était bien vite sapée par l'agilité de ses mains. Mes pupilles trouvaient les siennes avant de se perdre ailleurs. Ailleurs, sous mes paupières, les lèvres fendues de délectation. Fendues de quelques soupirs mêlés de voix. Ma main droite courait jusqu'à sa nuque comme pour y trouver un point d'ancrage, de quoi m'agripper à la réalité. Ma main gauche retenait son flanc, glissait légèrement dans son dos, comme pour s'assurer que le brun restait contre moi. Je ne voulais pas qu'il s'envole, nul part. L'espace se remplissait de plus en plus de buée, rendant ma respiration d'autant plus difficile qu'elle n'était retenue par les baisers d'Archie qui descendaient, descendaient et descendaient. Une course folle contre ma peau brûlante, contre mon cœur qui battait follement, sous ma chair. Ses baisers sauvages m'arrachaient d'autres soupirs. Mes doigts avaient trouvé repaire à la base de sa nuque, agrippant - malmenant; au passage ses cheveux.
Plaqué contre le carrelage, je lui offrais de profonds soupirs qui ne se distinguaient même plus au milieu de la buée. Je lui offrais son prénom étiré à l'infini, crevé de désir, sous le bruissement de l'eau alors qu'il venait de tomber à genoux devant moi. Mes yeux trouvèrent une dernière fois les siens avant de se perdre à nouveau ailleurs. Mes soupirs prenaient de plus en plus d'ampleur à mesure qu'il s'affairait, à mesure que le temps s'étirait. Je ne le voyait plus passer. « Archie... Tu devrais... » Remonter. Now. Je ne voulais pas être ce genre de mec, à ne pas prévenir que j'approchais le point de non retour. Mais il me semblait que ma voix avait été, jusque là, un bon indicateur. Autant que ma main, venue agripper tout ce qu'elle pouvait trouver sur son passage: chair, cheveux, carrelage; avec une force toute relative. Je n'arrivais pas à terminer ma phrase. Je l'avais déjà oubliée, tête appuyée contre le mur, alourdie. Ma respiration sifflante et ma raison se conjuguèrent un instant - un frêle instant; pour lui lancer, sous le bruit de l'eau giflant toujours ce qu'elle trouvait sur son passage : « Y'a des capotes dans le meuble de la salle de bain. » Je savais le message clair. Je le voulais. Lui. Le plus tôt possible. A quand remontait notre dernière fois ? Trop longtemps, à mon goût. Et le temps réveillait en moi une soudaine et puissante envie de lui.
T’es con. Tu le sais, tu te contentes de sourire. Ta bêtise n’est pas vraiment une révélation. Tu préfères te coller à lui. Tu préfères te blottir contre lui. Essayer de chauffer un peu ton corps. De vous réchauffer. Quelques couinements s’échappent d’entre ses lèvres quand tu viens apposer ton corps glacé contre le sien, et tu te mets à sourire, encore. Et il y a la salle de bain qui vient accueillir vos soupirs. Il y a la salle de bain, son eau chaude et son carrelage froid. Il y a les mains du brun qui glissent contre ton entre-jambe, ses lèvres qui partent à la découverte de ta peau. Cela faisait combien de temps que vous ne vous étiez pas ainsi retrouvés ? Ça te manquait. Le contact de son corps te manquait. Sa bouche aventurière te manquait, tout comme les soupirs qui s’échappent d’entre ses lèvres, alors que tu t’affaires, à genoux. Une tendre litanie s’évade d’entre les lèvres du garçon, alors que tes mains glissent, encore. Elles caressent ce corps. Son corps. Tes mains glissent, partout, ou presque, du moment que c’est accessible. Ses doigts te malmènent. Ils t’arrachent des gémissements, preuve d’une délicate douleur alors que le garçon te tire les cheveux. Tu continues, pourtant. Tu continues tes mouvements de bouche, te laissant guider par l’indicateur de sa voix.
« Archie... Tu devrais... » Tu devrais … ? Un sourire se dessine sur tes lèvres, alors que tu te recules un peu, pour ensuite te redresser. L’eau revient te gifler le dos, alors que tu tends les lèvres pour embrasser celles du brun. « Oui … ? » demandes-tu, alors que ta main vient se poser à la base de son cou. « Y'a des capotes dans le meuble de la salle de bain. » Un sourire un peu coquin se dessine sur tes lèvres. Tu croises les bras, l’espace de trois secondes. « J’dois comprendre quelque chose .. ? » demandes-tu, faignant d’être ignorant. Tu ne traines pas longtemps, cependant. Tu ne joues pas au con trop longtemps, tiraillé par l’envie. Tu as ouvert la porte de la douche, gémissant face à la légère différence de température entre l’intérieur et l’extérieur. Une gerbe d’eau accompagne tes mouvements – tu t’excuseras de la mini-catastrophe que tu avais déclenchée plus tard –, et tu fais de ton mieux pour ne pas glisser et te cogner lamentablement contre le meuble de la salle de bain. Tu déchires l’enveloppe du préservatif, l’abandonnant dans la poubelle de la salle de bain, avant d’enfiler la prison de latex. Tes pas – empressés mais prudents – t’ont guidé jusqu’à la douche, alors que tu revenais contre le brun, refermant les portes derrière toi. « T’aimes bien m’faire du chaud-froid, non ? » que tu marmonnes, alors que l’eau chaude bat à nouveau ton dos. Si tu ne finis pas avec une crève carabinée, ce sera beau. Est-ce que le jeu n’en valait pas la chandelle, malgré tout ?
Tes lèvres sont venues savourer celles du brun, encore un peu. Tu l’as invité à te tourner le dos, pour pouvoir un peu mieux lui embrasser la nuque. Tu viens le titiller, un peu. Tu glisses un doigt dans son intimité, pour le préparer. T’as du mal à ne pas griller les étapes, gamin trop empressé. Ta bouche vient croquer sa peau, un peu, ta main libre écarte ses boucles alourdies par l’eau, et, finalement, tu viens te glisser en lui. Tu laisses échapper un soupir d’aise, avant de commencer quelques mouvements de va-et-vient. Douce montée au ciel. Limbes délicats, dans lesquelles tu viens te perdre. Une de tes mains vient agripper sa hanche, alors que tu soupires son prénom entre tes lèvres. Tu viens marquer sa peau de coups de dents, et les pensées cessent de s’emmêler dans ta tête. Tu oublies l’eau qui te fouette le dos. Tu ignores presque le contact de l’eau chaude. Tu oublies que tu étais glacé quelques instants auparavant. Tu penses juste à ce corps contre le tien. Le contact de la peau, la douceur de la chevelure gorgée d’eau. La saveur de son cou que tu malmènes, et tes mouvements de hanches. Le son de vos soupirs à l’unisson. Et tu t’oublies. Tu finis par cambrer ton corps, porté par une vague de plaisir. Tu finis par te laisser aller, alors que quelques papillons viennent te déchirer l’estomac. Et t’as ce sourire de mec idiot mais heureux, alors que tu voles à Léo un dernier baiser.
L'angoisse frappe comme une lame de fond ☼ @Archie Allen
Soupirs dans la buée. Mes boucles noires me retombaient devant les yeux. Je les écartais du bout des doigts, fébrile, la bouche fendue de plaisir. Les lippes déchirées d'éclats de voix qui dépassaient involontairement les soupirs, sans jamais prédominer sur le bruit de l'eau, constant. C'était mentir que d'imaginer que j'avais oublié la sensation d'être avec lui. Une sensation qui m'avait manquée, autant que je ne pouvais pas me souvenir de la date de notre dernière fois. Elle n'avait pas d'importance. Seul importait le moment présent, les frissons qui remontaient mon aine et brûlaient mes reins. J'avais oublié ma main dans les cheveux d'Archie. Oubliée dans les deux sens du terme. Perdue et abandonnée par ma mémoire, trop occupée à enregistrer le frisson qui parcourait presque violemment ma peau.
Presque réduite au murmure, ma voix le prévenait que j'atteignais le point de non retour. Le brun se redressait, sourire aux lèvres. Je reprenais doucement mon souffle, en apnée depuis je ne savais combien de longues - trop longues; secondes. Ses lèvres sur les miennes me contraignaient à nouveau à l'apnée. J'attrapais tout doucement sa lèvre inférieure entre mes dents, joueur, laissais Archie se détacher de quelques centimètres. Je lui révélais, à peine innocent, la localisation de la Boîte de Pandore. « J’dois comprendre quelque chose .. ? » J'avais un petit sourire. Je le détestais de me faire attendre, alors que je n'y tenais déjà presque plus. « Mis à part que j'ai envie de toi ? », soufflais-je avant qu'il ne s'éloigne. Même réchauffée par l'eau chaude, ma peau me renvoyait la sensation d'une légère morsure froide, alors que le corps de mon aîné venait de se détacher du mien. Je restais appuyé contre le mur, l'observais fouiller mon placard à travers la vitre couverte de buée. Elle donnait aux contours du brun une allure fantomatique. Une silhouette évasée. Évadée. Aux contours gommés. Il me retrouvait bien vite, je me passais une main dans les cheveux, repoussais mes bouches de jais pour mieux le contempler. « T’aimes bien m’faire du chaud-froid, non ? » Nouveau rire, j'inclinais la tête sur le côté. « T'aimes aussi. Sinon t'irais pas. J'aime bien t'emmerder un peu. », ricanais-je contre ses lèvres. J'aimais la manière dont elles s'unissaient : baisers ni trop sauvages, ni trop chastes.
Le torse doucement écrasé contre les carreaux qui n'avaient plus rien de frais, des frissons dans la nuque provoqués par ses baisers. Les picotements de plaisir remontaient jusque sous mes cheveux, jusque dans mon crâne. Et le feu, dans mes reins grimpait, grimpait. Un nouveau gémissement passa la frontière de mes lèvres lorsque nous fûmes unis l'un à l'autre. Ses baisers se firent plus sauvages. L'onde de tout à l'heure se répandait en moi, délicieuse et ravageuse à la fois. Nous culminions de soupirs, moi de filets de voix. Mon prénom entre ses lèvres me donna à sourire. Et bientôt, je me dissolvais dans mon plaisir, dernière apnée la tête renversée. Je restais un instant pour reprendre ma respiration, me détachais d'Archie dans un dernier soupir. Les réminiscences de la jouissance encore dans les muscles, je me tournais face au brun afin de lui voler un autre baiser.
A nouveau, j'écartais les boucles de mes yeux et poussais un petit soupir. « Tu m'avais manqué. » Sourire. « Un peu. Prends pas la grosse tête. » Sourire insolent. Je tendais la main pour effleurer sa joue, l'arcade de son sourcil droit. J'avais envie de contact. Quelques secondes plus tard, je me penchais pour fermer l'eau, ne laissais couler qu'un filet d'eau. « Pour la planète. », ricanais-je. « Tu peux te prendre une douche si tu veux. J'espère que t'as moins froid, maintenant. » J'embrassais sa joue avant de passer derrière lui pour sortir de la douche. « Je t'attends dehors. Je vais te chercher un pull et un caleçon. Et puis si jamais t'as encore froid, dis toi que je suis en train de te préparer un verre de rhum. » Dernier sourire avant que je ne quitte la prison de verre. Je lui ôtais au passage le préservatif, que j'allais abandonner dans la poubelle non loin du meuble qui contenait la brûlante Boite de Pandore. Je le laissais se complaire sous l'eau dont il avait tout le loisir de raviver la pression avant de sortir de la douche. J'attrapais une serviette propre que je laissais à son usage sur le bord du lavabo. Une fois passé dans ma chambre, j'enfilais un caleçon et un tee-shirt, sortais un grand sweat et de quoi couvrir mon invité. Le tout posé dans la salle de bain, je ralliais le salon pour sortir de mon cabinet - fermé à clef; ma meilleure bouteille de rhum. « Tu restes, ou tu rentres après le verre ? Non parce que moi, j'en connais d'autres, des moyens de se réchauffer. 'Puis il est pas tard. », lançais-je à la cantonade, assez fort pour être entendu de mon aîné, alors que deux verres se remplissaient doucement - à juste quantité; du liquide ambré que j'affectionnais tant.
Il vole tes lèvres une dernière fois. Il vole tes lèvres, avant d’écarter les boucles qui lui cachent le visage. Tu as un sourire, léger, qui n’ose s’en aller. « Tu m'avais manqué. Un peu. Prends pas la grosse tête. » Tu t’esclaffes, tout en levant les yeux au ciel. « J’serais presque déçu. » Presque. Presque, si le plaisir n’était pas en train de doucement s’échapper. « Mais j’admets, ça m’avait manqué. » Ça t’avait manqué d’entendre ses soupirs. De sentir son corps contre le tien. De goûter sa peau. Ça t’avait manqué de frémir sous ses doigts. Est-ce que tu dois dire tout ça, sans que ça ne semble déplacé ? L’eau se coupe enfin, te faisant presque frissonner immédiatement, plus par réflexe qu’autre chose. « Pour la planète. » ricane-t-il, alors que tu balances, presque immédiatement : « Et notre conscience. » ajoutes-tu, un sourire aux lèvres. « Tu peux te prendre une douche si tu veux. J'espère que t'as moins froid, maintenant. » La planète n’aura eu que deux secondes de répit, alors. Le brun vient déposer un dernier baiser sur ta joue, avant d’ouvrir à nouveau les portes de la cabine. Tes bras sont venus s’enrouler autour de toi, alors que tu laissais échapper un glapissement. « Huuum. » as-tu râlé, plus pour le provoquer qu’autre chose. « Je t'attends dehors. Je vais te chercher un pull et un caleçon. Et puis si jamais t'as encore froid, dis toi que je suis en train de te préparer un verre de rhum. » Tu lèves les yeux au ciel, alors qu’il s’échappe, emportant le préservatif avec lui. Tu en profites pour refermer les portes, essayant de récupérer au maximum un peu de chaleur. Tu as rallumé l’eau, avant de piquer un peu dans ses savons pour te laver, te débarrassant de l’odeur de sueur et de sexe qui t’avait accompagné. Tu n’as pas traîné longtemps, pourtant, avant de sortir, t’enroulant dans la serviette qu’il t’avait gentiment apprêté.
« Tu restes, ou tu rentres après le verre ? Non parce que moi, j'en connais d'autres, des moyens de se réchauffer. 'Puis il est pas tard. » entends-tu à travers la porte. Tu as pouffé gentiment, avant d’enfiler les fringues qu’il t’avait laissé. « Tu serais vexé si je te disais que je partais ? » brailles-tu, toi aussi. Tu t’es offert deux secondes pour faire semblant de te coiffer, avant d’étendre la serviette sur le séchoir et de sortir de la pièce. Tu as déboulé dans le salon, pour tournoyer devant lui, véritable gamin. « Si j’reste, c’est uniquement pour le rhum, tu le sais bien. Puis tes fringues. » chantonnes-tu, alors que tu viens voler un des verres qu’il avait rempli. « A la tienne quand même. » lâches-tu, venant doucement trinquer avec Léo. Tu souffles doucement. Tu souffles, alors que tu viens t’installer à nouveau sur le canapé, prenant garde à ne pas te laisser tomber, de peur de perdre ne serait-ce qu’une goutte du liquide ambré. Liquide que tu gouttes, fermant les yeux, alors que tu savourais la brûlure qui glissait le long de ton gosier. « Gosh. Il est pas … dégueu. » Doux euphémisme, alors que tu t’enfonces encore un peu plus dans les coussins du canapé, un sourire accroché aux lèvres. « Oooh, Léo ! On met d’la musique ? S’il te plaait ? Genre … Pas trop fort, juste un truc d’arrière-plan. » demandes-tu, presque suppliant. Est-ce que tu avais besoin de combler le vide ? Est-ce que tu avais peur d’une absence de son ? Est-ce que c’était le réel problème ? Est-ce que tu n’avais pas, tout simplement, peur de te retrouver face à la solitude ? Au silence ?
Le contact du verre sous tes doigts te ramène à la réalité. Tu clignes des paupières, deux fois, pour te tirer de l’absence dans laquelle tu t’étais plongé. « Tu crois qu’on finira seul ? » La phrase s’échappe de tes lèvres, sans même que tu ne te rendes compte que tu l’avais prononcée.
L'angoisse frappe comme une lame de fond ☼ @Archie Allen
Les minutes de plaisir que nous venions de consommer m'avaient vraiment manquées. Et alors que je me moquais gentiment de mes propres aveux, murmuré dans la salle de bain, Archie me rendait la monnaie de ma pièce. « J'serais presque déçu. » Je lui rendais un regard penaud. « Mais j'admets, ça m'avait manqué. » Sa réplique me donna à sourire, un large sourire gonflé d'un peu d'orgueil. J'étais content de savoir le sentiment réciproque. A pas agiles, je prenais le chemin de la sortie de la douche à l'italienne. Une protestation lancée plus tard, je sortais des affaires pour Archie et désertais l'endroit d'aller nous préparer à boire... et à manger, si mon aîné restait à mes côtés.
« Tu serais vexé si je te disais que je partais ? » Le torse secoué d'un petit rire, je sortais verres et bouteille de mon meilleur rhum. Mon invité valait au moins ça. « Ouais. Je t'enverrai la facture d'eau. », ricanais-je en souriant. Malgré la plaisanterie, je confessais volontiers – enfin, pas à voix haute – que je préférais lorsque mes amants réguliers restaient, au moins un peu. Si nous nous voyions plus d'une fois, j'estimais que c'était parce qu'il y avait un peu plus qu'un simple échange charnel. Je passais dans la cuisine pour aller glisser deux pizzas au four, puis regagnais le salon, alors qu'Archie m'offrait un tour sur lui-même. Je le détaillais du regard, secouais la tête l'air faussement réprobateur. « Si j’reste, c’est uniquement pour le rhum, tu le sais bien. Puis tes fringues. » Il volait un verre, j'affichais mon meilleur air outré, une main sur le cœur, comme désespérément blessé. « C'est dommage que tu piques mes fringues, je te préfère sans. », ronronnais-je avant de trinquer avec le brun. Je trempais avec plaisir mes lèvres dans le liquide ambré, zieutais Archie qui faisait de même, yeux clos. « Gosh. Il est pas … dégueu. » « Pas dégueu ? C'est une petite merveille. », m'exclamais-je en hochant la tête, vraiment pas mécontent de ma boisson. Je ne résistais pas à une autre gorgée, filais du côté de la cuisine pour sortir les pizzas du four. « Oooh, Léo ! On met d’la musique ? S’il te plaait ? Genre … Pas trop fort, juste un truc d’arrière-plan. » Je revenais de la cuisine afin d'accéder à sa demande, les pizzas posées sur deux plats différents. « Je nous met ça. » Après avoir déposé les pizzas – et une roulette à découper – j'attrapais mon téléphone et nous mettait une de mes playlist 'foutoir' en fond musical. La baffle, posée sur le buffet de mon salon, nous renvoyait la voix si douce de Billie Eilish, une artiste que j'aimais beaucoup. « Feel free de changer ça quand t'en as envie. », lançais-je pour Archie, que je venais rejoindre sur le canapé, posant le téléphone sur la table basse.
« Tu crois qu’on finira seul ? » C'était donc l'heure de nos discussions, celles que j'appréciais tant et qui survenaient souvent une fois notre plaisir consommé. Je battais des cils, m'enfonçais dans le canapé, sans lâcher des yeux mon interlocuteur. « J'ai des chats. », murmurais-je, ce qui sonnait probablement comme une blague. Dans le fond, ce n'en était pas une. Probablement Charlie allait-elle se lasser de moi, un jour. Nous ne nous étions jamais vraiment disputés, mais je n'avais jamais gardé une amie autant qu'elle... ce qui était louche. « Mais on finira pas seuls. Tu te sens seul ? T'es pas seul, regarde, j'suis là. » Je lui offrais un petit sourire. Petit, mais franc. « 'Puis t'es quelqu'un de vraiment super. 'Pas possible que tu te retrouves tout seul plus de dix jours. C'est un truc particulier, qui te fait penser ça ? » J'avais un peu trop envie de le prendre dans mes bras. Probablement pour le réconforter d'un truc, puis plus probablement encore pour me réconforter moi-même. Dans la baffle, on entendait les premières notes de Somebody To Love, de Queen. Probablement était-ce une musique ajoutée par Charlie, en personne. Je poussais un grand soupir. « On est jamais vraiment seuls. Y'a toujours quelqu'un. » Parce que je quémandais son contact, je posais doucement mon menton sur son épaule, sourire aux lèvres.
Garçon volage. Garçon qui te rend fébrile, alors qu’il te taquine encore, avant de disparaître. Il disparaît de la salle de bain, puis dans la cuisine, alors que tu reviens dans le salon. Tu tournes sur toi-même, tu joues au con, alors qu’il secoue négativement la tête. Tu ricanes, léger, encore. Léger sur l’instant, léger pour un moment. Ça ne durerait pas, tu le savais. « C'est dommage que tu piques mes fringues, je te préfère sans. » Ton regard croise le sien, amusé. Un petit « Han oui ? » s’évade d’entre tes lèvres, alors que tu viens trinquer avec lui. Tu te déshabillerais encore volontiers, si ça lui faisait plaisir. S’il te préférait sans, et si tu pouvais avoir encore quelques attentions. Mais l’heure est à la boisson. Tu profites d’un instant de dégustation, paupières closes. Tu laisses échapper un petit commentaire, que Léo reprend instantanément. « Pas dégueu ? C'est une petite merveille. » C’était vrai. Tu hoches la tête, savourant une nouvelle gorgée, alors que ton amant décide, une nouvelle fois, de disparaître – c’est probablement lié au fumet des pizzas qui vient te caresser le nez. Tu quémandes un peu de musique, alors que tu viens t’installer dans le canapé. Rapidement, la douce voix de Billie Eilish vient envelopper la pièce. « Feel free de changer ça quand t'en as envie. » propose le garçon, après avoir déposé les pizzas et le téléphone sur la table basse. « Billie, c’est parfait. Merci. » réponds-tu simplement, agrémentant ta réplique d’un sourire.
Mais il faut que tu parles. Il faut que tu laisses tes craintes remonter à la surface. Tu te laisses avaler par les souvenirs de discussion. Par les mots de Cole, par ta violence envers Douglas. T’es paumé. Paumé, tu te sens incapable de convenir à quelqu’un, tel que tu es. Incapable de réussir à convenablement te poser, juste pour quelqu’un. « J'ai des chats. » avoue le brun, alors que tu relèves la tête vers lui. Qu’est-ce que tu devais comprendre ? Qu’est-ce que tu devrais piger, dans tout ça ? Que tu devais considérer l’idée d’adopter une bestiole, en prévision du jour où tout le monde serait casé ? « Mais on finira pas seuls. Tu te sens seul ? T'es pas seul, regarde, j'suis là. » Son sourire t’arrache un léger rire. Ok, il était là, c’est vrai. Tu ne voulais pas qu’il le prenne personnellement non plus. Tu ne voulais pas qu’il le prenne mal. « 'Puis t'es quelqu'un de vraiment super. 'Pas possible que tu te retrouves tout seul plus de dix jours. C'est un truc particulier, qui te fait penser ça ? » demande-t-il encore, alors que tu t’enfonces un peu plus dans le canapé. « T’as jamais vécu sous le même toit que moi plus de dix jours, si ? » demandes-tu, après un instant de réflexion. Ok, tu voulais bien lui accorder le fait que tu n’étais pas forcément un mauvais gars. Super s’il voulait, mais tu accumulais des défauts qui t’empêchaient de garder ceux auxquels tu tenais bien longtemps. La faute à qui ? Absolument personne, si ce n’est ton entêtement. « On est jamais vraiment seuls. Y'a toujours quelqu'un. » te lance Léo, alors qu’il vient déposer son menton contre ton épaule. Comme par automatisme, tu viens glisser ta main dans ses bouclettes, avant de l’enlacer doucement. Tu prends une profonde inspiration, avant de commencer à lâcher tes mots. « Mais … J’sais pas. Genre, j’suis allé voir un vieux pote, y’a pas longtemps. Quelqu’un que j’avais un peu – beaucoup – laissé tomber par le passé. On a toujours bien discuté, cette fois-ci faisait pas exception, tu vois. Et … Il a fini par me dire que … que juste passer des nuits avec des corps pour pas rester seul n’apportait aucune garantie, à la fin – ce que je lui accorde. Il m’a plus ou moins amené à me demander pourquoi j’passais mon temps à enchaîner des histoires sans lendemain. Pourquoi j’faisais ça, ce que ça m’apportait. » Tu grimaces. Tu grimaces, alors que tes doigts renforcent un peu plus leur emprise sur le haut du brun. « J’me sens ingrat, j’avoue. » lâches-tu dans un éclat de rire un peu forcé. « Mais … J’sais pas. J’ai trente ans à la fin d’l’année, j’suis incapable de tenir quelqu’un, je … Ça me stresse de fou, quoi. » expliques-tu, alors que tu souffles encore un peu. Et les gens autour de toi ? De vieilles connaissances devenaient parents, tu te retrouvais invité à des mariages de collègues, et toi, t’avais juste l’impression d’être au même stade depuis dix ans. Et puis Léo ? Est-ce qu’il n’allait pas finir blessé par tes mots ? Qu’est-ce qu’il en adviendra, du brun dans tes bras ?
Dernière édition par Archie Allen le Jeu 15 Aoû 2019 - 13:03, édité 1 fois
L'angoisse frappe comme une lame de fond ☼ @Archie Allen
Toujours quelqu'un. Plus de sept milliards d'individus sur cette putain de planète perdue au milieu de presque rien. Pas de quoi se sentir seul et pourtant. Et pourtant c'était vrai, il y avait de quoi se sentir paumé. Oui, il y avait toujours quelqu'un. Un voisin, un vendeur de fringues, des gens dans la rue, au travail, dans les amphithéâtres... Mais pas des gens desquels il était possible ou imaginable de se sentir proche. C'était rare, les connexions comme l'homme pouvait parfois en créer. C'était d'autant plus rare que la peur et la paranoïa s'installait vite. Combien de fois avais-je craint de perdre l'attention de ma meilleure amie ? Même si j'avais indéniablement confiance en moi - un peu trop, parfois ? - l'anxiété gagnait toujours un peu de terrain lorsque Charlie filait à droite, à gauche. Je savais que nous finissions toujours par nous retrouver. Il n'en était pas autrement. Je savais qu'avec elle, j'avais toujours quelque chose à raconter, quelque chose à dire, quelque chose à observer. Elle était la seule personne qui me faisait me sentir autant en sécurité. Autant serein. Autant tranquille.
Alors j'entendais et comprenais les peurs de Archie, que j'essayais tant bien que mal de rassurer. Un peu maladroitement, certes, mais non sans honnêteté. Le brun était un chic type, le genre que l'on rencontrais peu, selon moi. J'appréciais chaque moment passé en sa compagnie, même si nous étions parfois autant paumés l'un que l'autre. « T’as jamais vécu sous le même toit que moi plus de dix jours, si ? » Un timide sourire fendit mon expression coupable d'un compliment peut-être trop ambitieux à ses yeux. « Je s'rais pas contre l'idée. », assurais-je. C'était vrai. Même si je n'avais pas passé plus de dix jours en sa compagnie sous le même toit. Parce que j'avais peur de la solitude, même si je saturais parfois des gens que je côtoyais. Il y avait ces personnes, dont je ne me lassais pas. Elles étaient rares; pourtant Archie avait sa place dans ce cercle de gens que je fréquentais sans jamais en être écœuré. La preuve, je venais encore quémander son contact. A mon grand bonheur, ses mains trouvèrent mes cheveux. Ses bras m'enlacèrent, et je glissai mes mains jusque dans son dos, le corps tout appuyé contre celui de mon aîné. Si j'étais un putain de chat, je me serais mis à ronronner, pour sûr.
Et puis il y avait cette confession, qui me ramenait à mes propres histoires. Ces gens qui racontaient que c'était pas normal, d'autant manquer de sérieux à mon âge. Qui compatissaient, parce que ça devait être pas facile, de voir tous ses potes casés, en cloque, mariés, avec le labrador et tout et tout, alors que moi je vivais dans un appartement d'artiste et que je couchais toujours 'à droite à gauche' comme un ado' aux hormones en feu. « J’me sens ingrat, j’avoue. » Un de mes mains se détacha de son dos pour venir trouver la peau de sa nuque. « Mais … J’sais pas. J’ai trente ans à la fin d’l’année, j’suis incapable de tenir quelqu’un, je … Ça me stresse de fou, quoi. » « Et qui t'as dit que 'tenir quelqu'un' c'était un truc à absolument atteindre ? », murmurai-je doucement. Un léger sourire aux lèvres, je vins planter mes yeux dans les siens. « Les gens peuvent pas décider à ta place de la manière dont tu gères ta vie. Par les gens, je veux dire la société autour de toi. Si eux ils ont envie de... d'une villa avec une piscine, de jumeaux parfaits qui ont de bonnes notes en maths et d'un beagle appelé Roger, c'est ok pour eux. Toi, si t'as pas envie de ça, c'est ok pour toi. C'est ok de pas se poser, c'est ok d'être tous les soirs dans des bras différents, c'est ok de douter. C'est pas ingrat de se poser des questions. » Ma main remettait un peu d'ordre dans ses cheveux encore un peu humides. « Il est marrant ton pote, parce que se poser avec quelqu'un ça n'apporte pas de certitudes ni d'assurance non plus. Demain je peux me mettre avec quelqu'un qui fera au final sa vie avec quelqu'un d'autre dans une semaine, deux mois, trois ans... On ne tient jamais personne, au final. Les gens sont libres. Tu es libre. » C'était en fait peut-être encore plus flippant. Rien n'était garantit. Rien n'était donné. C'était la pire facette de la liberté, celle à laquelle on oubliait parfois de penser. Celle que je trouvais la plus fascinante et la plus effrayante à la fois. L'indépendance, c'était n'être maîtrisé par rien ni personne et ne maîtriser rien ni personne en retour.
« T'aimes plus tant ça, passer tes nuits partout et nul part en même temps ? Ou c'est parce que c'est le gens autour de toi qui sont comme... 'vite vite, maison, mariage, gosses et labrador', et qui te font te sentir comme ça ? » Moi j'aimais plutôt la vie que j'avais pour habitude de mener. C'était une vie plutôt paisible, sans réelle attache, mais qui avait le mérite de me laisser l'espace dont j'avais besoin. Et puis, je n'étais pas seul. Une boule de poils noire bondit sur la table basse, me faisant doucement détourner les yeux de mon interlocuteur. Son miaulement résonna dans la pièce et je tendis la main pour gratter l'oreille au félin que j'avais nommé Machiavel. Un sourire amusé fendit mes lippes, alors que mon autre main était restée ancrée aux vêtements de Archie. « Sinon adopte un chat. Ça parle pas, c'est beaucoup moins chiant qu'un gosse, ça juge personne et ça fait de la compagnie, quand t'as envie de voir personne mais que t'as pas envie d'être seul non plus. » L'histoire de ma vie, résumée en quelques mots.
« Je s'rais pas contre l'idée. » Il n’était pas contre l’idée. La révélation te fait rire, doucement, alors que tu considères l’option de passer plus de dix jours avec Léo. « Sois le bienvenu quand tu veux alors. J’pourrais me laisser tenter … » souris-tu, alors que tes doigts viennent se perdre doucement dans ses boucles brunes. Le garçon s’enroule autour de toi en échange, t’arrachant un sourire. Est-ce que ce serait une bonne idée ? En réalité, l’expérience te tentait, peut-être plus que tu ne voulais bien l’admettre. Tu n’avais aucune idée de ce que cela pourrait donner, cela dit – ou peut-être que si, au moins un petit peu. Mais est-ce que ça ne valait pas le coup d’essayer ? Tu le connaissais. Un peu. Loin de toi la prétention de le connaître dans toutes ses réflexions, mais tu avais moins l’impression de marcher sur des œufs qu’avec Douglas – et peut-être que dix jours en sa compagnie te donneraient un peu moins l’impression d’être un gros con.
Il y a l’angoisse. L’angoisse de voir les années défiler sans savoir comment les contrôler. L’impression que tout le monde passe à quelque chose de concret, alors que t’es là, à essayer de trouver un sens à ta propre existence. A essayer de comprendre comment se comporter pour tenir dans un moule, avec ta personnalité. « Et qui t'as dit que 'tenir quelqu'un' c'était un truc à absolument atteindre ? » murmure-t-il, alors que sa main s’était logée dans ta nuque. Qui t’a dit ça ? Tu es bien forcé de hausser les épaules, sans savoir nommer vraiment l’auteur de tes mots. « Les gens peuvent pas décider à ta place de la manière dont tu gères ta vie. Par les gens, je veux dire la société autour de toi. Si eux ils ont envie de... d'une villa avec une piscine, de jumeaux parfaits qui ont de bonnes notes en maths et d'un beagle appelé Roger, c'est ok pour eux. Toi, si t'as pas envie de ça, c'est ok pour toi. C'est ok de pas se poser, c'est ok d'être tous les soirs dans des bras différents, c'est ok de douter. C'est pas ingrat de se poser des questions. » L’idée d’avoir un beagle appelé Roger au milieu d’une villa avec piscine t’invite à laisser échapper un éclat de rire. « C’est pas vraiment … mon genre ... de chien. » Et au fond, rien que l’idée de voir des mini-toi déambuler quelque part suffisait à te terroriser. « Il est marrant ton pote, parce que se poser avec quelqu'un ça n'apporte pas de certitudes ni d'assurance non plus. Demain je peux me mettre avec quelqu'un qui fera au final sa vie avec quelqu'un d'autre dans une semaine, deux mois, trois ans... On ne tient jamais personne, au final. Les gens sont libres. Tu es libre. » souffle-t-il. Tu savais qu’il avait raison – il suffisait de constater que Neptune s’était barrée quand bien même elle n’était que ta colocataire. Mais au fond, si les autres étaient libres, tu l’étais aussi, comme le disait Léo. Tu l’étais, et peut-être que cette vision des choses, bien que flippante en surface, restait rassurante.
« T'aimes plus tant ça, passer tes nuits partout et nul part en même temps ? Ou c'est parce que c'est le gens autour de toi qui sont comme... 'vite vite, maison, mariage, gosses et labrador', et qui te font te sentir comme ça ? » Tu t’es mordu la lèvre un instant. Juste le temps pour que les mots de ton ex te reviennent en tête. Le rire qui secoue tes épaules est nerveux, dans un premier temps. Nerveux, avant que tu ne te rendes compte du ridicule de la situation toute entière. « Faut que j’t’avoue un truc. » lâches-tu, alors que tu essaies d’afficher un air mystique. « Mon ex m’a genre … fait sa proposition genre .. le mois dernier ? » Hadès. Mec avec qui tu avais presque vécu avant d’étouffer. Avant de le plaquer pour un possible coup d’un soir. Avant de prendre cette baraque avec Neptune. Hadès et ses bras, dans lequel tu es retombé lors du départ de ta blonde, le temps d’une nuit. « On n’est plus ensemble depuis genre … trois ans puis .. ‘fin ça avait duré six mois, quoi. Et j’suis allé chez lui parce que … Damn, j’étais cuit, mais vraiment. Et l’matin, il m’a dit que … que j’finirais avec lui. Genre pas nécessairement dans six mois, mais qu’il était prêt à attendre dix ans s’il le fallait. Et que j’serais complètement à lui. » finis-tu, dans une légère grimace. « M’entendre le dire à voix haute … Genre … J’ai l’impression que c’est tellement creepy. Et … J’avoue que j’me suis barré de manière pas très sympathique. » Tu n’avais pas spécialement bien joué sur ce coup-là. T’étais un peu con, et maladroit avec les engagements, ce n’était pas non plus un scoop. « Mais ouais … Les potes commencent à se marier, ça discute poussette pour triplés en soirée, et qu’faut rentrer, parce que l’autre moitié n’est pas contente. On t’demande quel monoplace acheter pour que ce soit pratique avec les sièges auto, et j’ai juste l’impression … D’être d’un autre monde. » Tu avais l’impression d’être complètement à côté de tes pompes. Tu n’avais rien contre les soirées chills et posées, c’était agréable. Mais, l’idée de discuter mariage et bébé jusqu’à vingt-trois heures grand max te gonflait. « Puis genre … Quand ma mère dit alors, t’as toujours pas de copine ? comme si j’avais vingt ans, ça me tue. J’ai l’impression d’être un vieux gars. » Peut-être que tu l’étais déjà un peu. Peut-être que c’était déjà un peu tard, mais en réalité, est-ce que tu avais besoin de tout ça ? « Sinon adopte un chat. Ça parle pas, c'est beaucoup moins chiant qu'un gosse, ça juge personne et ça fait de la compagnie, quand t'as envie de voir personne mais que t'as pas envie d'être seul non plus. » Tu souris doucement, alors que tu commences à considérer sérieusement l’idée, tout en fixant la boule de poils noire qui venait de bondir sur la table basse. Tu as tendu la main, doucement, dans l’espoir de sentir la tête de l’animal contre tes paumes. Il avait raison, au fond. Un animal était probablement moins chiant qu’un humain. Plus primaire, peut-être moins complexe. Jaloux mais pas tant, possessif mais tout de même attachant. Dévoué sans que ça ne soit flippant. « J’avoue que … Genre un chien. Ça me manque un peu. Faudrait que je demande à Douglas. Pour être sûr qu’il soit pas allergique. » Pour qu’il ne te confesse pas une autre de ses phobies. Quand Neptune était là, les bestioles traînaient toujours chez vous : elle récupérait toutes celles qui traînaient. « Sinon, j’prendrais genre … un gecko. Les gens peuvent être allergiques aux lézards, tu crois ? » demandes-tu encore, alors que tu finis tout de même par cajoler la tête du chat, qui s’était doucement rapproché de vous en ronronnant.