L'angoisse frappe comme une lame de fond ☼ @Archie Allen
« Sois le bienvenu quand tu veux alors. J’pourrais me laisser tenter … » Et l'invitation ne sera pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Je n'avais jamais vécu en colocation. C'était un truc qui m'angoissait un peu. J'avais toujours peur que l'autre empiète sur ma petite zone de confort, que l'on ne se retrouve jamais assez isolés, que tout implose trop vite et trop fort. Pas de colocs, donc. Mes chats, seulement, et mon violon. C'était déjà suffisant.
Il y avait ces contacts, qui rendaient la discussion plus simple, plus apaisée. Moins anxiogène. Je me sentais très à l'aise, contre Archie. La discussion prenait quelques notes un peu tristes, trop projetées pour mes idées encore toutes neuves de vie volage, de gars pas posé avec ses chats et ses coups d'un soir de passage. Je n'avais jamais été très très bon pour rassurer les gens. Généralement, je m'enfonçais plus qu'autre chose, je partais à la dérive. Ça finissait généralement pas un 'tu sais quoi, je t'écoute, c'est mieux si je parle pas' un peu penaud. Un comble, pour quelqu'un qui s'était jeté dans des études orientées psychologie. Mais c'était comme ça. Avec mes amis, les gens que j'appréciais et dont je ne me lassais pas, j'étais comme ça. Un peu trop brusque, parfois. A côté de la plaque, d'autres fois encore. « Faut que j’t’avoue un truc. » Je relevai la tête, plantai mes yeux dans ceux de Archie. Les conversations qui commençaient par 'je dois t'avouer un truc' étaient toujours synonyme d'un 'attends, je vais me resservir un verre', de mon côté. « Mon ex m’a genre … fait sa proposition genre .. le mois dernier ? » « Oh wow. » Ouais, wow. Le genre de truc qui me faisait flipper à mort. Mais ex, ça rimait aussi avec la fin de la relation. Est-ce que c'était la demande qui avait achevé la relation de mon aîné ? « On n’est plus ensemble depuis genre … trois ans puis .. ‘fin ça avait duré six mois, quoi. Et j’suis allé chez lui parce que … Damn, j’étais cuit, mais vraiment. Et l’matin, il m’a dit que … que j’finirais avec lui. Genre pas nécessairement dans six mois, mais qu’il était prêt à attendre dix ans s’il le fallait. Et que j’serais complètement à lui. » Mes mains desserrent un peu leur prise sur les vêtements de Archie, auxquels elles s'étaient inconsciemment accrochées, comme pour trouver un point d'ancrage. Complètement à lui. Ça sonnait comme une phrase de film dans lequel, à un moment, le mec se faisait kidnapper et séquestrer par un - ou une - taré.e pas capable de faire la différence entre les humains et les objets. « M’entendre le dire à voix haute … Genre … J’ai l’impression que c’est tellement creepy. Et … J’avoue que j’me suis barré de manière pas très sympathique. » « Un peu... » Mes doigts courraient doucement le long de ses clavicules. « Mais ouais … Les potes commencent à se marier, ça discute poussette pour triplés en soirée, et qu’faut rentrer, parce que l’autre moitié n’est pas contente. On t’demande quel monoplace acheter pour que ce soit pratique avec les sièges auto, et j’ai juste l’impression … D’être d’un autre monde. » Je hochai doucement la tête. « Comme le sentiment d'être aliéné. » De ne pas avoir poussé assez vite. D'être resté au mauvais niveau dans Mario Bros. « La demande de ton ex', c'est ça qui te fait phaser ? Si t'as quitté le navire à un moment donné, c'est que t'avais tes raisons de le faire. » que je marmonnai en hochant la tête.
« Puis genre … Quand ma mère dit alors, t’as toujours pas de copine ? comme si j’avais vingt ans, ça me tue. J’ai l’impression d’être un vieux gars. » Un petit rire s'échappa d'entre mes lèvres. Les mères, ces personnes peu douées de tact. « Les mamans disent pas toujours des trucs très judicieux. La mienne voulait me marier à vingt ans, puis que je fonde une famille de dix gosses élevés uniquement par ma femme. Et puis que tout ce petit monde aille à l'église sans broncher. Ça fait pas des mamans les meilleurs conseillères de la planète. » Parfois, leurs préoccupations étaient aussi le fruit d'une incompréhension la plus totale de nos choix. Si nous avions le sentiment d'être aliénés, elles devaient avoir le sentiment que l'on ne les incluait pas assez dans notre monde. Et le serpent se mordait la queue.
Je parvenais à caler mes chats dans la discussion - moi, papa gaga ? - parce qu'ils avaient un vrai pouvoir d'apaisement qui marchait bien sur tous les gens qui me rendaient visite - pas que ces derniers étaient nombreux pour autant. « J’avoue que … Genre un chien. Ça me manque un peu. Faudrait que je demande à Douglas. Pour être sûr qu’il soit pas allergique. » Le chat qui était venu quémander notre attention, en tous cas, semblait plus qu'heureux de faire enfin partie de nos préoccupations. Mon sourire ne me quittait plus depuis plusieurs longues minutes. « Sinon, j’prendrais genre … un gecko. Les gens peuvent être allergiques aux lézards, tu crois ? » « Nan. Mais ça montre de l'affection, ça, un gecko ? Prends un serpent plutôt, c'est génial les serpents, ça fait fuir les ex encombrants. » Quand les ex encombrants n'étaient pas eux-mêmes les serpents. Le petit chat noir vivait définitivement sa meilleure vie, alors que les mains de Archie se glissaient sur le poil qui recouvrait son crâne. Tout doucement, l'air de rien, il se rapprocha assez pour finalement venir frotter sa tête contre mon invité. « Quelqu'un t'as vraiment adopté, je crois. Le monde serait plus drôle, si on faisait comme les chats pour montrer notre affection aux gens. T'imagine, une armée de gens qui se frottent la tête les unes contre les autres pour se dire bonjour ? Des câlins tout le temps, et tout. » Mes mains retrouvèrent la nuque de Archie, grimpèrent comme du lierre sur la peau de ses joues. « T'es pas un vieux gars. Tu seras jamais un vieux gars, c'est toujours une étiquette que collent des gens sur d'autres gens. On peut pas se la coller à soi-même. Alors ne le fait pas. T'es jeune, t'es beau, mon chat t'aime, tu fais tes nuits dans des draps différents... Tant que t'y prends du plaisir, continues. Consulte pas les autres, ils ont tords. » Comme soudain intéressé par tout autre chose, Machiavel fila du côté de la cuisine. « Sauf moi. J'ai tout le temps raison. » Et comme pour ponctuer mes mots, je vins picorer ses lippes, sans pour autant cacher le sourire goguenard qui montait jusqu'à mes prunelles.
PARDON:
Je suis la pire personne, toutes mes excuses encore :(((((((((( on peut amorcer la fin comme ne pas l'amorcer, c'est comme tu feel, je te suis en évitant de prendre un retard équivalent à celui de la SNCF cette fois-ci
« Oh wow. » En effet. Expression qui vient ponctuer, ou plutôt illustrer parfaitement, ta relation tumultueuse avec Hadès. « Comme le sentiment d'être aliéné. » Tu hoches la tête, doucement. C’était absolument ça. C’était le sentiment d’être dans le mauvais monde, d’être mal tombé. La sensation d’être inapte pour la société. « La demande de ton ex', c'est ça qui te fait phaser ? Si t'as quitté le navire à un moment donné, c'est que t'avais tes raisons de le faire. » Tu secoues négativement la tête. « Non, ‘fin, oui. On s’était séparé parce qu’il supportait pas ma … mmh, capacité à batifoler, ‘fin, polyamoureux, un peu. J’avais demandé si ça posait problème s’il se passait quelque chose avec quelqu’un d’autre, et … heu bah ouais, on s’était bien engueulé, et ça s’est fini comme ça. Mais y’a un mois … On n’était même plus ensemble quoi. J’ai pas changé, lui non plus et … J’étais surpris qu’il pense que … je n’étais plus comme avant. Qu’un nous pourrait le faire sans problème. » Parce que, clairement, il n’était pas prêt pour toi. Clairement, tu n’étais pas fait pour lui, quand bien même ça t’avait brisé, la première fois, de le quitter. Tu savais que c’était la meilleure chose à faire. Tu savais que c’était la chose la plus sûre à faire, ne serait-ce que vous protéger tous les deux de vos hideuses idées. Mais alors, tu fais quoi ? Alors, tu agis comment, pour occuper ta vie amoureuse ? Parce que même ta mère s’inquiète. « Les mamans disent pas toujours des trucs très judicieux. La mienne voulait me marier à vingt ans, puis que je fonde une famille de dix gosses élevés uniquement par ma femme. Et puis que tout ce petit monde aille à l'église sans broncher. Ça fait pas des mamans les meilleurs conseillères de la planète. » Tu esquisses une grimace en l’entendant, avant de gentiment te moquer. Tu t’arrêtes un instant, pourtant, pour considérer l’idée. « Toi, avec dix enfants ? » demandes-tu pourtant, presque sérieusement. « J’avoue que … des fois, les choix des parents sont discutables. » Tu n’étais pas trop mal loti en réalité – du moins, ta mère n’espérait pas que tu aies une douzaine de gosses et que tu ailles à l’église trois fois par semaine – et quelque part, tu avais encore une mère pour t’embêter avec des suggestions plus que tirées par les cheveux, et te plonger dans tes angoisses les plus profondes.
Alors, tu en arrives à parler des animaux de compagnie que tu pourrais éventuellement te procurer, pour éviter de finir complètement seul. Et tu hésites. Tu hésites entre plusieurs trucs, plusieurs idées, peut-être loufoques, en réalité. « Nan. Mais ça montre de l'affection, ça, un gecko ? Prends un serpent plutôt, c'est génial les serpents, ça fait fuir les ex encombrants. » propose-t-il, alors que tu laisses échapper un léger éclat de rire, tout en continuant de cajoler le chat sous tes doigts. « Non mais ! J’suis certain qu’un gecko, c’est super affectueux. Genre … En te grimpant dans le cou, ou j’sais pas quoi. Ils doivent s’accrocher avec leurs petites pattes griffues, là, pendant que tu fais à manger. » lâches-tu en riant doucement. « Alors que le serpent … Genre il s’enroule autour de ton cou pour te témoigner son amour ? » demandes-tu, volontairement taquin. « Quelqu'un t'as vraiment adopté, je crois. Le monde serait plus drôle, si on faisait comme les chats pour montrer notre affection aux gens. T'imagine, une armée de gens qui se frottent la tête les unes contre les autres pour se dire bonjour ? Des câlins tout le temps, et tout. » lâche alors le brun, alors que le chat noir était en train de fortement ronronner, sans que tu ne cesses de le cajoler. « Ce serait si … étrange. Genre t’imagines les clients mécontents de Telstra, qui viennent se frotter la tête contre moi en ronronnant ? » Tu demandes, alors que dans ta tête, la scène se déroule parfaitement, t’arrachant quelques éclats de rire. « T'es pas un vieux gars. Tu seras jamais un vieux gars, c'est toujours une étiquette que collent des gens sur d'autres gens. On peut pas se la coller à soi-même. Alors ne le fait pas. T'es jeune, t'es beau, mon chat t'aime, tu fais tes nuits dans des draps différents... Tant que t'y prends du plaisir, continues. Consulte pas les autres, ils ont tort. » propose alors ton cadet. Tu souris en l’écoutant, plutôt touché. Touché par l’idée, touché par ses mots. Mots qui pansent un peu tes maux à toi. Tu acceptes. Tu acceptes, doucement, ces idées, alors que le chat en profite pour s’échapper hors du canapé. Tu relèves la tête, affichant une moue boudeuse au garçon, demandant silencieusement si le chat t’aimait vraiment. « Sauf moi. J'ai tout le temps raison. » Tu peines à ne pas rire, et il faut que Léo vienne sceller tes lèvres pour t’empêcher de dire des conneries. Moment doux, dans lequel tu pourrais t’égarer jusqu’au bout de la nuit. Et puis tes bras s’entourent autour de lui. Sourire léger, alors que tu laisses fuir tes maudites pensées. Tu te laisses aller, pour simplement vivre l’instant dans lequel il t’avait tiré.