It seems that love forgives everything

@John Williams

John se comporte comme un chien battu, c’en est à se demander qui porte la culotte dans le couple. Elle se contente de ne plus être aussi chaleureuse que d’habitude et le voilà frappé dans son égo, rappliquant la queue entre les jambes. Charlie n’en a plus vraiment grand chose à faire pour ce soir, qu’il boude s’il le veut, ça lui passera de toute façon. Il se la joue grand méchant loup mais est aussi inoffensif que la grand mère (je ne pourrais en dire autant du petit chaperon rouge). « Tu préfères peut-être que je dorme sur le canapé ? » Heureusement qu’ils sont dos l’un à l’autre, sinon il aurait eu droit à la meilleure expression faciale du monde alias un eyes rolling parfait. Elle ne se donne pas la peine de se retourner et se contente d’attraper le coin de la couette en manquant de se déboiter l’épaule au passage. Elle lui ouvre un chemin royal vers son lit. « Fais pas l’imbécile, John. » Si elle l’a rappelé ce n’est pas pour qu’il dorme sur le canapé. D’ici quelques minutes elle ira déjà mieux et demain sera un nouveau jour avec ses nouveaux dramas, comme d’habitude. Elle ne sait pas souvent ce qu'elle veut dans cette relation, mais du peu dont elle est sûre, le fait qu'elle désire John proche d'elle est certain.
Elle se sent rassurée lorsqu’il arrive à ses côtés. Tout est de nouveau comme avant, le pire est définitivement passé. Pendant quelques minutes, aucun n’ose bouger. Il n’y a pas eu de dispute ce soir, mais la tension est palpable. Charlie se sent coupable, elle ne pourra pas trouver le sommeil dans ces conditions alors qu’elle ne rêve que de dormir. Elle recule ses fesses vers le milieu du lit, tâtonne avec sa main derrière son dos et finit enfin par attraper la main de John. Elle se resserre légèrement contre lui, sentant désormais son souffle dans son cou, rassurée qu’il n’ait pas été dos à elle. L’australienne croise ses doigts dans les siens et revient poser leurs mains jointes entre ses seins. Cette fois-ci, elle peut s’accorder de s’abandonner aux bras de Morphée.

***

L’alarme réveille la jeune femme en sursaut, elle a l’impression d’avoir seulement eu le temps de fermer les yeux l’espace d’un instant. Elle ne peut s’empêcher de râler dès le matin et de plonger sa tête sous la couette, cherchant quelques secondes de sommeil supplémentaires. La réalité est qu’elle est trop impatiente de s’envoler vers un autre pays pour pouvoir dormir plus. L’avion sera là pour ça après tout. La rousse se lève difficilement, attrape un tee shirt, un jogging et une paire de basket. Je pourrais vous dire qu’elle attrape ce qui lui passe sous la main mais à vrai dire sa tenue est préparée dans un coin de son armoire depuis quelques jours déjà. Elle prend un gilet en plus et enfile un blouson ; le changement de température ne sera pas si brutal qu’on pourrait le croire. La longitude de Brisbane et Johannesburg est quasiment identique si on y regarde de plus près. La dernière chose qu’elle fait est de se passer un coup de brosse dans les cheveux et les attacher, puis se brosser les dents. En cinq minutes le tour est joué, la voilà prête à se rendormir à tout moment dans le taxi ou dans l’avion. Guillerette, sourire aux lèvres, estimant le passé n’être que le passé, elle embrasse tendrement les lippes de son homme, ses mains liées autour de son cou. « Salut, toi. » lance-t-elle d’une voix mielleuse. « Tu peux laisser la moto face à la mer, la vue n’est pas vraiment désagréable. »

Dix minutes.
Tic, tac.

FIN POUR MOI.