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 Let's never meet again ஐ Primbel

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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptySam 1 Juin 2019 - 16:26


Let's never meet again
Bottles smash, I raise my hand How can you all even stand it Why is there joy in this poison, oh Faking smiles and confidence Driving miles to capture this excitement I can't take anymore, oh You're never gonna get it I'm a hazard to myself I'll break it to you easy This is hell, this is hell You're looking and whispering You think I'm someone else This is hell, yes. I am in hell. We don't have to talk We don't have to dance We don't have to smile We don't have to make friends It's so nice to meet you, Let's never meet again We don't have to talk We don't have to dance We don't have to dance. ► We don't have to dance. Andy Black


→ Anderson m’observe, surprise par ma brutale décision de mettre fin au jeu. Pourtant cette décision n’a rien d’illogique lorsqu’on y pense. C’était un jeu pour apprendre à mieux se connaître, alors à partir du moment où le jeu braque, il n’y a plus rien à en espérer. Que je perde, que je gagne, ça ne fait aucune différence pour moi. J’aurai juste plus mal au crâne le lendemain, avec tous ses shooters d’avalés, je ne peux pas bien m’en tirer. J’ai déjà trop chaud d’ailleurs. Je souris lorsqu’elle m’aide à descendre le reste des shoorts, puis je lui propose de la ramener. Car si le jeu est terminé, elle comme moi nous n’avons plus rien à faire ici. La soirée ne nous passionne aucunement, et je dois avouer que l’air frais et le calme me feront un bien fou. Elle hésite, mais je ne la presse pas. Si elle a besoin de temps pour décider jusqu’où elle peut me laisser aller, alors je le lui laisse sans hésiter. Je sais être patient pour satisfaire ma curiosité maladive. Je souffle la fumée de ma cigarette en constatant que ma vision est légèrement floue et que ma tête tourne un peu. – D’accord. Ce n’est pas très loin, on peut y aller à pieds. Sa voix me fait réagir et je cligne des yeux en me redressant brusquement. Je lui offre un petit sourire, témoignant de mon plaisir à pouvoir la raccompagner, à ce qu’elle m’y autorise en dépit de sa méfiance à mon égard et je me lève lorsqu’elle me demande – Tu es sûr que tu ne veux pas rester avec tes amis ? J’ai envie de demander : quels amis ? Puis, je tourne ma tête vers la piste de danse et aperçois tout un tas de personnes qui ont l’air de s’amuser réellement. Mes lèvres s’étirent en un sourire plus grand et je lui demande, amusé – Tu penses que je vais leur manquer ? La réponse est évidente : non. Je ne leur manquerai pas, ils ne me manqueront pas. Ils m’ont déjà oublié, tout comme moi je l’ai fait en décidant de me joindre à Anderson un peu plus tôt.

Sitôt sortis du bar bondé, l’air frais nous saisit et vient apaiser durant quelques instants la chaleur pesante provoquée par l’abus d’alcool. Je ferme les yeux et prends le temps d’inspirer lentement, cherchant par la même occasion à me recentrer sur moi et sur Anderson. Les sens diminués par la boisson, je n’ai guère confiance en mon jugement et je sais que je peux être mon pire ennemi ainsi. Lorsque je rouvre les yeux, c’est pour les poser sur la mystérieuse et douce créature qui embellit ma nuit. Je souris en la dévisageant et réalise brusquement ce que mon cerveau avait relégué à une information de seconde importance jusqu’à présent : elle est belle. Son regard de biche souligné par un trait trop dur d’eye-liner, ses cheveux bouclés qui tombent sur ses fines épaules et son air hésitant, légèrement fuyant mais prêt à bondir en même temps. Elle semble sur le qui-vive, Anderson, constamment. J’ignore ce qui la rend si alerte, mais ce tempérament m’intrigue vraiment. Je porte ma cigarette aux lèvres, tire une taffe avant de souffler la fumée et de m’engager dans les rues à ses côtés.

Le son de ses talons hauts qui claquent sur les pavés rythme notre marche silencieuse. J’apprécie cette ambiance en demi-teinte, cette confiance qui s’installe en douceur et ne s’impose pas. Mes yeux sont attirés par sa silhouette et je ne peux pas m’empêcher de sourire dès qu’elle apparaît dans mon champ de vision. Je lui demande, curieux – Tu t’es amusée ce soir ? J’arque un sourcil et précédant sa réponse, lui avoue – Moi, oui. Je souris, bêtement et frotte mon bras nu doucement, avant d’ajouter – J’aimerai savoir si je suis pardonné.




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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptySam 1 Juin 2019 - 17:43


 
Abel & Primrose

Let's never meet again
Le jeu s’arrête, je reviens lentement à la réalité, je réalise qu’il y a toujours cette foule de jeu autour de nous, verre à la main, en train de se déhancher sur une piste inexistante parce qu’ils veulent s’approprier le lieu et montrer leur déhanché aux autres. Je trouve ça pitoyable, j’ai l’impression d’être en train d’observer un tas d’hormone qui se bouscule pour réussir à prendre un maximum de place. Je ne comprendrais jamais à quoi ça leur sert, quel est l’intérêt de s’enfiler beaucoup trop de verres pour ramener quelqu’un en titubant dans leur appartement et vivre une nuit de baise pas terrible juste pour pouvoir avoir quelque chose à raconter à leurs potes et avoir l’air d’être ceux qu’ils ne sont pas. Je n’adhère pas à cette mentalité, je préfère rester en retrait, silencieuse, bien loin de ces échanges de salie qui finissent toujours mal. Il n’y a qu’avec Yoko que j’accepte de me mêler à la foule, parce qu’elle est pétillante, qu’elle attire l’attention seulement dans le bon sens du terme, qu’à ses côtés je suis sûre de m’amuser. Elle aurait inventé une super chorégraphie et je l’aurais suivi sans faire attention aux regards qui se seraient posés sur moi. On serait rentrées en gloussant pour un oui ou pour un non avant de s’écrouler dans un lit, le sien ou le mien, peu importe, parce que même si nos appartements sont espacés de seulement trois rues, dormir ensemble est une manière de prolonger un peu l’euphorie de la soirée écoulée mais aussi et surtout de débriefer sur les rapprochements ridicules observés durant ces dernières heures. Mais aujourd’hui, pas de Yoko en vue, le duo est tout autre et alors que je m’attendais à passer la pire soirée de ma vie, celle-ci s’est révélée être pleine de surprises. J’aimerais me mentir, affirmer que je n’en ai pas profité, que je n’ai pas aimé ce jeu, que j’y ai joué parce que j’y étais contrainte et non pas parce que j’en avais envie. Le problème, c’est que je n’y arrive pas, même mon propre subconscient me faire comprendre que ce n’est pas crédible et que ce n’est pas la vérité. C’est sûrement pour cela que je finis par accepter l’offre d’Abel de me raccompagner, je ne devrais pas, c’est lui donner une indication de plus sur ma vie privée, mais c’est aussi un moyen de prolonger ce tête-à-tête pas désagréable auquel je n’ai pas spécialement envie de mettre un terme. « Peut-être que non. » J’admets en répondant à la question de White tout en suivant son regard vers la foule d’étudiants qui n’a pas l’air de se soucier de l’absence d’un des leurs. Tant pis pour eux, tant mieux pour moi.

L’air est frais à l’extérieur, j’ai la chair de poule mais j’inspire à plein poumons, profitant de cette liberté retrouvée. Abel allume une cigarette avant de se mettre en route et je ne peux m’empêcher une remarque pas forcément légitime et dont il n’aura certainement rien à faire. « Au-delà du fait que tu vas chopper un cancer, tu me fais courir le risque d’en avoir un, moi aussi. » Il n’a jamais appris dans les campagnes de sensibilisation au tabac que les proches pouvaient être des fumeurs passifs ? En réalité, je m’en tape, je pense juste que ça permet de renforcer mon image de jeune fille sage qui vient certainement d’être mise à mal avec ce jeu qui a légèrement dérapé. J’essaie de sauver les meubles comme je peux, de me rassurer en me prouvant que je contrôle la situation. Nous nous mettons en marche et je me sens mieux, plus légère, le silence qui s’installe n’est pas dérangeant et j’en profite pour me remémorer la soirée qui vient de s’écouler, les expressions de White si déstabilisantes, mon incapacité de le fixer du regard parce que ses yeux qui me fixent me mettent mal-à-l’aise. Je ne sais pas qui est ce garçon ni ce qu’il voulait vraiment en venant me présenter des excuses qu’il ne pensait certainement pas, mais je prends doucement conscience du danger qu’il représente pour moi. Il me rend vulnérable, il me donne envie de me laisser approcher. Repousser les autres est ma spécialité, mais avec lui, je ne l’ai pas fait, je l’ai laissé progresser, doucement, presque imperceptiblement sans me rendre compte qu’il brisait mes défenses une à une et beaucoup trop rapidement. Retourner en arrière est impossible et je n’ai pas la volonté nécessaire pour y mettre un terme. Heureusement, sa voix qui s’élève brise ma réflexion et m’empêche de me forcer à réaliser la situation compliquée dans laquelle je suis en train de m’engouffrer. « Moi aussi. » J’admets, dans un souffle, alors que j’aurais tout fait pour trouver une parade pour ne pas avoir à admettre une telle vérité, en temps normal. Il veut savoir s’il est pardonné mais la vérité c’est qu’il l’était depuis le début, lorsque je l’ai laissé prendre place à mes côtés, lorsque je n’ai pas pris la fuite quand il a commencé à me parler et lorsque j’ai accepté de jouer à ce jeu. « C’est bon pour cette fois. » Je précise, avant de tourner à droite, sans avoir besoin d’y réfléchir, ne connaissant que trop bien le trajet pour me rendre jusqu’à chez moi. Le silence s’installe de nouveau et on entend que nos bruits de pas sur le bitume jusqu’à ce que je décide de le briser à mon tour. « Tu viens d’où ? » Je fais évidemment référence à cet accent si particulier qui ne le rend que plus déstabilisant encore. Il n’est pas originaire de Brisbane, j’en suis persuadée, et je me demande bien comment il a atterri ici.

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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyDim 2 Juin 2019 - 4:49


Let's never meet again
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→ Le silence qui s’installe entre nous n’a rien d’embarrassant, au contraire il est le bienvenu. Il s’élève, comme un rempart face au tumulte de la ville animée que l’on traverse en marchant lentement. Rien ne presse et l’atmosphère douce qui nous englobe vient parfaire cette fin de soirée particulière. Elle garde le silence, après sa réflexion sur mon addiction à la cigarette à laquelle je n’ai pas vraiment réagi. C’est une mauvaise habitude que je n’ai pas l’intention d’arrêter, pas que ça me fasse forcément du bien (il est prouvé que non) mais cela m’occupe. Je ne sais jamais trop quoi faire de mes mains ou de ma carcasse en général, aussi fumer me donner une certaine contenance. Je ne fais pas rien, je fume. Stupide, n’est-ce pas ? Je fais beaucoup de choses stupides en effet. Raccompagner Anderson chez elle n’en est pas une toutefois. C’est une manière détournée de prolonger le moment, de profiter quelques instants encore de sa présence à mes côtés, de sa personnalité fraîche et unique. Je l’interpelle, lui demande son ressenti de la soirée, comme si j’avais besoin de débriefer alors que ce n’est pas le cas. J’ai juste envie de continuer à échanger avec elle, envie de l’écouter encore… - Moi aussi. Cette affirmation me fait frissonner de la tête aux pieds. Je ne m’y attendais pas. Persuadé qu’elle allait se saisir de l’opportunité pour me piquer à nouveau, je suis décontenancé par son aveu qui procure une douce chaleur dans mon corps. Je sais des picotements jusqu’au bout de mes doigts et un sourire fier et assuré étire désormais mes lèvres alors que je reporte mon attention sur la chaussée. Elle s’est amusée ce soir, avec moi. Une certaine satisfaction accompagne cette révélation, et je me sens étrangement bien. Ce n’était pas forcément mon but en allant la trouver, seule assise à cette table face à son cocktail, mais la tournure prise par notre échange me plait énormément. – C’est bon pour cette fois. De nouveau, je sens une certaine exaltation se propager dans tout mon être. Anderson laisse tomber des barrières que je soupçonnais bien plus tenaces, et alors que le silence se fait à nouveau, je me questionne sur ce qui la pousse à se livrer ce soir. Est-ce l’alcool ? Ou ma sincérité face à ces questions ? Peut-être les deux… Intrigué, je sais néanmoins qu’elle se rétractera dès qu’elle aura la sensation d’être envahie, aussi je reste très attentif à tout ce qu’elle peut me renvoyer.

- Tu viens d’où ? Sa question me fait sourciller, car encore une fois je ne m’y attendais pas vraiment. Décidément, elle me surprend réellement ce soir. Ravi de constater qu’elle souhaite en apprendre plus sur moi, je tourne mon regard translucide aux paupières rougies par l’alcool et la fatigue vers elle. – Moi ? Tu penses quoi ? Je suis comme ça, toujours un peu taquin, mais ça ne dure pas vraiment. Sans attendre de réponse, j’enchaîne – Londres, je suis né là-bas. Et j’y ai vécu … 24 ans. Je n’ai rien à cacher, je ne suis pas ce genre de personnes qui éprouve le besoin de masquer sa vie privée, ses frasques, ce qu’il est… Et puis en tant que personnalité publique (à un faible niveau, je le concède mais tout de même), je suis habitué à être trainé dans la boue pour les journalistes prêts à tout pour vendre leurs satanés feuilles de choux. Le sale gosse de Londres, impertinent, insupportable, qui n’en fait qu’à sa tête. – Je ne suis là que depuis trois ans, tu ne m’as jamais vu à la FAC avant le devoir ? Je souris davantage en croisant son regard, à nouveau taquin. Je ne suis pas vexé, Anderson semble avoir beaucoup trop de choses dans la tête pour s’attarder sur ses compagnons d’études. Ma langue glisse sur mes lèvres que j’humidifie et je demande – Tu as grandi ici toi ? A Brisbane ?




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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyDim 2 Juin 2019 - 8:02


 
Abel & Primrose

Let's never meet again
Cette soirée avait déjà pris une tournure étrange alors que White était venu s’asseoir à mes côtés dans ce bar où je passais un des moments les plus ennuyeux de ma vie mais maintenant, alors que nous retrouvons l’air frais du dehors, la situation évolue encore, la tension qui persistait à l’intérieur nous a suivi et je laisse tomber quelques barrières supplémentaires pour avouer qu’en fin de compte, j’ai passé un bon moment moi aussi. Après tout, qu’est-ce que ça me coûte ? On ne se reverra sans doute jamais après ce soir, il m’a présenté ses excuses, je viens de les accepter, on repart de zéro et chacun peut continuer à vivre sa vie. C’est comme ça que ça va se passer, non ? En tout cas, c’est comme ça que ça devrait se passer. Peut-être que nous nous croiserons à l’université, à l’occasion, mais rien de plus, parce que cette soirée n’aura été qu’une parenthèse, certes agréable, dans la distance qui existait entre nous avant que l’on soit associé pour ce devoir. Pourtant, malgré cette envie d’éviter le danger en retrouvant la relation, ou plutôt la non-relation, que nous avions avant, j’éprouve également le besoin d’en apprendre plus sur lui, de savoir ce qui se cache derrière son attitude trop assurée et ses airs de jeune premier rebelle. Il y a quelques heures encore, je le voyais uniquement comme ce garçon prétentieux et imbu de sa personne envers lequel je ne pouvais éprouver aucun intérêt, seulement du dégoût. Les choses ont bien changé à présent et je crois que je commence simplement à réaliser que je l’ai jugé trop vite, que je n’ai pas pu envisager une seule seconde d’aller au-delà des apparences pour apprendre à le connaitre et que j’ai fait exactement ce que je reproche à tous ceux qui me jugent juste en apprenant quel est mon métier et sans prendre la peine de voir que je ne suis pas qu’une stripteaseuse. J’ignore pourquoi Abel a voulu me raccompagner, j’ai passé tout le mois à le repousser, à lui faire comprendre que je n’avais aucune considération pour lui et à faire en sorte qu’il se tienne le plus éloigné possible de ma vie. Je l’ai tout de suite considéré comme une menace, non pas parce que j’estimais pouvoir faiblir devant lui mais surtout parce que j’étais persuadée qu’il avait beaucoup de potentiel pour faire chier les gens et je ne voulais surtout pas me retrouver sur la liste des personnes auxquelles il avait envie de s’en prendre. J’ai eu faux sur toute la ligne, il est effectivement devenu dangereux pour moi mais parce que je me suis trop ouverte à lui, que j’ai arrêté de me méfier et que j’ai baissé ma garde. Je me rends vulnérable et c’est pour cette raison là que j’aurais sans doute dû mettre un terme à tout ça bien longtemps auparavant.

Ma tête m’incite à être raisonnable et je ne l’écoute pas, au contraire, je le questionne, espérant presque qu’il m’envoie sur les roses pour retrouver le silence que j’ai de nouveau brisé. Je ne devrais pas essayer d’en apprendre plus sur lui, il va encore me paraitre davantage humain, plus accessible, peut-être même que je commencerais encore davantage à avoir envie de le connaitre et c’est quelque chose que je ne peux évidemment pas me permettre. Londres. J’aurais dû me douter, son accent ne ressemble pas à celui des américains, il est plus sec, plus mélodieux aussi, il n’avale pas les mots quand il parle. Je suis un peu envieuse, je crois, il a eu la chance de voir du pays, il n’a pas moisi ici pendant toute son enfance et son adolescence, il a découvert ce que je ne connaitrais sans doute jamais. « Tu n’aimais plus Londres ? » Je demande, curieuse de savoir pourquoi il a tout quitté, pourquoi il est parti aussi loin de la ville dans laquelle il avait grandi mais peu désireuse malgré tout de poser directement la question de son arrivée à Brisbane. Il m’intrigue, finalement, je commence seulement à comprendre que, contrairement à ce que j’imaginais, il ne rentre pas chez maman tous les soirs pour réciter le bénédicité à la table familiale et s’endormir dans sa petite chambre aux allures encore enfantines malgré les années qui s’écoulent. Je me suis plantée et ça me fait chier. « Non, jamais. » J’admets, avec un sourire, consciente que l’ego surdimensionné de White ne va sans doute pas apprécié ne pas m’avoir tapé dans l’œil dès sa première entrée dans l’amphithéâtre. « Désolée monsieur le tombeur, je suis concentrée quand je suis à la fac, je fais pas attention aux gens. » Il a l’habitude de faire tourner des têtes, pas d’être confondu avec le décor, ça se voit, il en joue, il se la raconte parce qu’il sait qu’il peut avoir toutes les filles qu’il veut. Ça doit être chiant de ne pas avoir un peu plus de challenge, j’imagine que les histoires d’un soir n’ont pas la même saveur lorsqu’elles sont faciles. Peut-être qu’il faudrait que je demande à mes clients, après tout, ils savent bien ce que ça fait. Evidemment, White me retourne la question de mes origines, est-ce que j’ai grandi à Brisbane ? Plus ou moins, en réalité, mais c’est un peu plus compliqué que ça. Avec moi, c’est toujours beaucoup trop compliqué. « Pas vraiment. » Et c’est tout ce qu’il obtiendra de moi ce soir, ma famille, la ferme, l’internat, ce sont des sujets que je ne suis pas prête à aborder.

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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyDim 2 Juin 2019 - 16:34


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→ Quel est ce sentiment enivrant qui m’envahit en sa présence et réchauffe mon corps délicieusement malgré la fraicheur de la nuit ?  C’est étrange la façon dont notre relation évolue. Je ne pensais pas qu’Anderson me laisserait l’approcher autant ce soir. Soit je l’ai trouvé dans un moment rare de vulnérabilité que je ne retrouverais pas de sitôt ; soit elle est prête à tomber des barrières et s’ouvrir, légèrement, à moi. Dans les deux cas, je me sens chanceux. Il y a bien longtemps qu’une fille ne m’a pas attiré comme ça. Ma curiosité est poussée dans ses retranchements, et plus je l’observe plus je me sens obligé d’admettre que tout me plait chez elle. Car Anderson est faite de contraste et j’aime découvrir toutes les facettes de sa personnalité haute en couleurs. Le fait que j’ignore si elle va me renvoyer chier ou poursuivre la conversation sur un ton plaisant m’enivre un peu plus. Je crois que j’aime jouer les équilibristes, à condition de ne pas tomber trop brutalement. C’est sans hésitation que je lui confie des détails de ma vie, sans non plus m’étaler et évoquer Morgane qui est pourtant la raison principale de ma vie ici. Jamais je n’aurais pensé quitter un jour Londres. Mais cela est sûrement pour le mieux, car je vivais dans l’excès là-bas. Être ici, seul, me responsabilise et m’oblige à me concentrer sur mon futur sans perturbations. Mes fréquentations sont bien plus raisonnables et posées, mes compagnons de beuveries étant mes potes de l’ultimate et mes camarades de classe. Plus de batterie, plus de drogues même si parfois l’euphorie de ses soirées festives me manque. Ne penser à rien. Agir stupidement, sans contraintes, en se foutant de tout. Mes années d’insouciance ont été longues et particulièrement intenses. Finalement, c’est Morgane qui est venue y mettre un terme. Les souvenirs de la grossesse de Jess ne me sont pas tous déplaisants, le début s’est relativement bien passé même. Puis, elle a exigé que je sorte moins, que je sois plus présent, plus adulte… Et j’ai déconné. Je pense que je n’étais pas prêt à assumer un enfant à l’époque. Je le suis bien plus aujourd’hui, mais Jess ne me laissera pas Morgane aussi facilement désormais. Je sais très bien que je m’engage dans une longue bataille pour obtenir la garde alternée et que mes frasques ne joueront pas en ma faveur. Alors, je me tiens à carreaux et je bâtis un avenir à ma fille consciencieusement.

- Tu n’aimais plus Londres ? J’écrase la cigarette sur le sol et secoue la tête. – Qui n’aime pas Londres ? T’y as déjà été ? A-t-elle voyagé ? Aimerait-elle ? J’ajoute, charmeur – Je pourrais t’y emmener, tu rencontrerais ma mère comme ça. Un plus grand sourire éclaire mon visage, mes yeux se plissent légèrement. Ces futilités échangées me font un bien fou, car elles n’engagent à rien. Je lui laisse le choix à Anderson. Elle peut me prendre au mot ou elle peut décider que je blague. C’est elle qui détermine, je lui laisse les cartes en main car j’ai bien compris qu’il ne servait à rien d’essayer de l’emprisonner d’une quelconque façon. Anderson elle est trop libre pour ça. Et tout ce que je risque à vouloir la dominer, c’est un gros stop. – Non, jamais. Désolée monsieur le tombeur, je suis concentrée quand je suis à la fac, je fais pas attention aux gens. Je ris légèrement et rétorque – Je croyais que les femmes pouvaient faire deux choses en même temps… Publicité mensongère, toujours. Je roule des yeux, fait semblant d’être déçu deux secondes, avant de rire. Je me fiche qu’elle malmène mon égo, bien au contraire. Je crois que ça me plait lorsqu’elle le fait, je me sens authentique ainsi et pas un autre, mannequin fantasmé inaccessible, cupide et stupide.

Et puis, son visage se ferme. La tristesse réapparait au fond de son regard et l’espace de quelques secondes, j’y entrevois une profonde blessure alors qu’elle me répond simplement – Pas vraiment. Je comprends que ce point-là n’a pas besoin d’être approfondi et je n’insiste pas. Ses pas ralentissent, je comprends que nous arrivons près de chez elle alors je me place devant elle et marche à reculons bêtement. – Tu aimes les chats ? Question qui sort totalement du contexte et qui me passe par la tête. J’ajoute rapidement pour l’expliquer – J’adore les chats, je me verrais mal fréquenter quelqu’un qui ne les aime pas. Est-ce que je retarde le moment où elle me claquera sa porte d’entrée au visage ? Est-ce que je tente de rallonger notre soirée confidence ? Peut-être bien, oui. Peut-être aussi que j’ai envie qu’elle le sache, parce que je veux être transparent avec elle.



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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyLun 3 Juin 2019 - 1:20


 
Abel & Primrose

Let's never meet again
Je ne sais pas ce qui me pousse à m’intéresser à White mais quelque chose m’intrigue chez lui, son attitude contraste tellement avec ce que j’ai pu voir lorsque nous nous sommes rencontrés que je ne peux m’empêcher de creuser davantage, cherchant à démêler le vrai du faux pour savoir lequel des deux personnages est le vrai. Je ne sais pas s’il se joue de moi ou s’il a sincèrement voulu me tenir compagnie ce soir, j’ai eu l’impression qu’il s’amusait, mais je ne sais pas si c’est avec moi ou contre moi. Tout en lui devrait m’inciter à la prudence, je devrais accélérer le pas, regagner mon appartement le plus vite possible, rester muette pour ne pas relancer une conversation qui pourrait me porter préjudice si elle allait trop loin et pourtant je n’en fais rien, pire même, je suis à l’origine de la discussion, je m’intéresse à lui et pire que tout, je le lui fais savoir. Il se cache derrière un certain mystère, et si j’avais l’impression qu’il était plutôt précis dans ses réponses, je crois que je commence à comprendre sa manière de procéder, répondre à une question par une autre permet de ne pas avoir l’air fuyant mais le résultat est le même, il joue, encore et toujours, orientant la discussion avec une aisance déconcertante alors que j’essaie tant bien que mal de maintenir les dernières barrières qui me séparent de lui. « Jamais. » J’admets, malgré tout, sans insister davantage sur les motifs de son départ. J’ai envie de savoir mais je ne peux pas le pousser dans ses retranchements parce qu’il ne l’a pas fait pour moi et que je n’aurais pas du tout aimé qu’il le fasse. Pour la première fois, son apparente assurance me fait sourire au lieu de me faire sortir de mes gonds et je secoue la tête, chassant la possibilité qu’il envisage par ce simple geste. « Je croyais qu’il était trop tôt pour que je me retrouve devant maman White ? » Je plaisante à mon tour, lui rappelant ses propos précédents. Il ne me présentera pas sa mère, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais parce que cette soirée touche à sa fin, tout comme ce lien qui nous unit actuellement, parce qu’il est éphémère, il se doit de l’être. Je ne peux pas le laisser entrer dans ma vie, il prend trop de place, il est malin, curieux et ça fait de lui quelqu’un de dangereux. Il aime jouer et je ne pense pas qu’il se rende compte que ma vie n’est pas un jeu. Je ne peux pas me permettre de faire un faux-pas et je suis sûre qu’il pourrait me déconcentrer assez pour que je commette l’irréparable. « On peut. » Je rétorque, alors qu’il feint la déception. « Mais en l’occurrence, je ne vois pas pourquoi je le ferais alors que ça n’a aucun intérêt. » Désolée White, te mater n’a jamais fait partie de mes priorités.

Je ne pensais pas réussir un jour à sourire en compagnie d’Abel et pourtant c’est le cas, il m’amuse et j’en oublie presque que je me rapproche de mon appartement. J’ai presque envie de faire un détour pour prolonger ce moment encore un peu mais je me fais violence, d’autant plus qu’il me renvoie ma propre question ce qui m’oblige à me fermer de nouveau, désireuse de ne pas replonger dans un passé que je préfère éviter. Je le plains finalement, de s’être accroché à moi ce soir, il aurait pu rester avec ses amis, boire, s’amuser, rire, peut-être rentré avec une fille qui serait tombée dans ses bras en un claquement de doigts, mais au lieu de ça, il est à, avec moi, à marcher dans les rues de Brisbane en essayant d’en apprendre plus. J’ai l’impression de faire deux pas en avant et cinq en arrière et j’admire la patience dont il fait preuve tout comme je la redoute. Il n’est pas facile à repousser et ma volonté quasiment inexistante ne m’aide pas à y parvenir. S’il était moins tenace, ça aurait été plus facile, beaucoup auraient craqué bien avant. Brusquement, il se retourne et se met à marcher à reculons, changeant de sujet comme s’il ne s’était rien passé. Je retrouve le sourire, instantanément, amusée par sa répartie. « Heureusement que nous n’avons pas prévu de nous fréquenter, alors. » En réalité, je n’ai absolument rien contre les chats, je n’irais pas jusqu’à dire que je les adore, mais je suis loin de les détester. Seulement, l’opportunité de le remettre à sa place, une fois de plus, était trop tentante, je n’ai pas pu résister. Peut-être qu’au fond, j’essaie même de me convaincre que je n’ai pas envie de le revoir, que je ne suis pas enthousiaste à l’idée de recroiser son chemin et de passer d’autres moments comme celui que nous venons de vivre. « Attention ! » Ma main vient se poser sur son bras au moment où un vélo mal garé se place sur sa trajectoire. Je le pousse, l’obstacle est évité et je retire vivement ma main, comme si je m’étais brûlée. « Tu devrais peut-être marcher normalement, je n’aimerais pas finir la soirée aux urgences. » Je le sermonne, plus pour masquer ma gêne que par réelle envie de le faire. Je doute que la vitesse avec laquelle il se déplace suffise pour que sa rencontre potentielle avec un objet sur la chaussée soit assez violente pour le conduire à l’hôpital, en réalité. Dans deux minutes, nous serons devant ma porte et je n’en ai toujours pas la moindre envie.

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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyLun 3 Juin 2019 - 16:03


Let's never meet again
Bottles smash, I raise my hand How can you all even stand it Why is there joy in this poison, oh Faking smiles and confidence Driving miles to capture this excitement I can't take anymore, oh You're never gonna get it I'm a hazard to myself I'll break it to you easy This is hell, this is hell You're looking and whispering You think I'm someone else This is hell, yes. I am in hell. We don't have to talk We don't have to dance We don't have to smile We don't have to make friends It's so nice to meet you, Let's never meet again We don't have to talk We don't have to dance We don't have to dance. ► We don't have to dance. Andy Black


→ Désireux de profiter davantage de sa présence, je me prends au jeu des confidences mais ne révèle pas vraiment les raisons qui m’ont poussé à quitter Londres. Elles sont multiples en réalité, ma ville natale n’a pas une bonne influence sur moi et je me laisse facilement séduire par son côté obscur. Ma période d’adolescent rebelle m’a fait flirter avec les dangers de la nuit et je me suis retrouvé plus d’une fois dans une situation délicate. Ce n’est pas un environnement sain, ni pour Morgane, ni pour moi. Jessian le savait en prenant la décision de revenir vivre ici, d’y élever Mo’. Elle a été plutôt clairvoyante alors que je me voilais la face à l’époque, j’en ai conscience aujourd’hui. Mais tout cela, Anderson n’a pas besoin de le savoir. Lorsqu’on connait le passé d’une personne, on a tendance à chercher la concordance avec son tempérament actuel, l’expérience forgeant indubitablement le caractère. Et alors la découverte de l’autre disparaît au profit de liens synchronisés par notre cerveau rigide et trop habitué au conformisme. Evidemment, le passé a son importance, mais pas dans un premier temps. Ce n’est pas ce qui m’attire chez elle, ce n’est pas ce qui m’intrigue. C’est elle, son essence, qui elle est que j’ai envie de découvrir. Ses réactions, ses sourires, ses regards en coin à la fois méfiants et malicieux, sa tristesse, sa douceur, sa violence, tous ces détails que l’on ne remarque pas à moins de réellement le vouloir. Ils en valent la peine, assurément. Et ce que je découvre et observe d’elle ce soir me passionne.

- Jamais. Je croyais qu’il était trop tôt pour que je me retrouve devant Maman White ? Je lève les yeux au ciel et hausse simplement les épaules. Sans parler de désintérêt pour autant, ma mère est bien trop préoccupée par ses problèmes et sa thérapie pour avoir un réel impact dans ma vie. Ce n’est pas le genre de mère à dispenser de sages conseils ou à faire la morale à son enfant. Je ne la remplacerai pour rien au monde, mais je sais qu’elle se fiche des personnes que je fréquente. Lorsqu’elle m’appelle sur facetime, elle passe la majeure partie de son temps à se plaindre de la famille que je ne fréquente pas et me permet donc d’insulter grassement dès que l’occasion se présente – ce qui la fait rire et culpabiliser en même temps.

- On peut. Mais en l’occurrence, je ne vois pas pourquoi je le ferais alors que ça n’a aucun intérêt. Aoutch, ça fait mal. Je pose ma main au milieu de mon torse, à l’emplacement du cœur en disant – Cruelle en plus de ça. Aucun intérêt, vraiment ! Mon cœur saigne tellement. Le grand sourire que j’affiche à cet instant témoigne du contraire. J’ai tendu le bâton pour me faire battre, et j’ai adoré qu’elle s’en saisisse pour l’abattre d’un coup précis, net, tranchant. J’ai un problème, il n’y a pas d’autre explication possible. Et je me glisse avec délice dans la moindre faille, recherchant la complexité et les limites d’Anderson sans jamais la pousser à bout. Je ne veux pas qu’elle m’échappe, surtout pas. Bien décidé à prolonger ces moments d’insouciance et d’échange, je relance la conversation avec l’un de mes sujets de discussions favori : les chats. C’est une passion chez moi et je m’amuse du sourire d’Anderson lorsqu’elle me répond – Heureusement que nous n’avons pas prévu de nous fréquenter, alors. Ma bouche forme un O et j’écarquille les yeux avant de répondre en exposant mon indignation de manière détournée – Je ne te crois pas ! Tu ne peux PAS ne pas aimer les chats ! Ils sont tellement mignons… Et tout doux ! Je fais l’idiot et ne remarque pas le vélo derrière moi. C’est l’air affolé d’Anderson qui me fait sursauter, ainsi que son cri – Attention !

Quelques secondes à peine… Juste durant quelques secondes elle a posé sa main sur mon bras. Ma peau me brûle. Anderson vient de laisser sa marque incandescente sur moi avec ses doigts gelés. Et tout mon corps s’embrase alors qu’elle me sermonne comme si je n’étais qu’un enfant, inconscient du danger tout autour de moi. Oh ce qu’elle provoque en moi ! – Tu devrais peut-être marcher normalement, je n’aimerais pas finir la soirée aux urgences. Est-ce réellement ce dont il s’agit ? Agir normalement ? Fonctionner normalement ? Ne pas sortir des sentiers battus ? Se plier aux exigences de la société sans broncher ? N’exister qu’à travers les autres et non pour soi ? Figé, je la fixe, un peu plus proche d’elle. Un peu trop proche d’elle aussi. – Et si je ne suis pas normal ? Je demande, mon regard cherchant le sien avec profondeur. – Si nous ne sommes pas normaux ? Qu’est-ce que ça fait de nous ? Conscient de bousculer les limites que j’ai jusque-là respecté, je ne peux pas m’empêcher d’aller la chercher sur ce terrain, de l’entrainer avec moi dans mes pensées et mes désirs d’anormalité. – Et si être normal, ce n’est pas fait pour nous, qu’est-ce qu’on fait alors ?


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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyMar 4 Juin 2019 - 13:51


 
Abel & Primrose

Let's never meet again
Mon sourire ne me quitte plus, j’ai fait taire la petite voix intérieure qui me supplie de continuer à me méfier et je suis bien loin de mes appréhensions du début. Je vais le regretter, je le sais, au fond, je m’engage sur une pente glissante que je ne pourrais plus remonter. Quand je me rendrais compte que je suis allée trop loin, il sera impossible de faire marche arrière mais même cette idée ne suffit pas à m’arrêter. J’aime beaucoup trop nos échanges, la manière dont il me pousse dans mes retranchements pour ensuite redevenir adorable, la seconde suivante. Je n’arrive pas à anticiper ses réactions, quoi qu’il fasse, il me surprend et j’adore ça. Elle est bien loin cette dispute d’adolescents où je le menaçais de ne pas lui rendre son téléphone s’il refusait de collaborer avec moi. Je ne sais pas vraiment ce qui a changé entre nous, pourquoi il a eu ce brusque revirement et est devenu quelqu’un d’autre, mais les défauts qui m’insupportaient un mois auparavant me semblent d’un seul coup beaucoup plus faciles à vivre et je m’amuse même de ses réparties d’egocentriques qui laissent transparaitre un trop plein d’assurance évident. « Ben voyons. » Je lève les yeux au ciel, faussement agacée par son sourire victorieux alors qu’il se veut faussement larmoyant. « Tu pourras toujours aller noyer ta tristesse dans les bras de la jolie brune du quatrième rang. » Je lui suggère, sur le ton de la conversation, comme s’il était parfaitement normal d’aller chercher du réconfort dans les bras d’une jolie fille. « Elle n’arrêtait pas de te mater pendant l’exposé. » Comme à peu près toute la gente féminine de l’amphithéâtre, à croire qu’un accent un peu exotique et un air désinvolte hyper agaçant suffisent à faire tourner des têtes. Je crois que sur le coup, ça m’a un peu agacée, parce que j’aurais aimé que tout le monde le déteste autant que moi, maintenant, je ne suis plus sûre de rien. Je continue à lutter, faiblement, sautant sur chaque opportunité de le remettre à sa place en espérant que la distance que j’imposais entre nous suffise pour qu’il comprenne que mes barrières tenaient bons alors même que ces dernières avaient cédé depuis bien longtemps. Mêmes les chats sont un bon prétexte pour lui faire comprendre qu’il n’a rien à espérer de moi mais l’apparition d’un vélo en travers de la route met fin à toute tentative et j’en suis réduite à masquer la gêne provoquée par ce bref contact en gardant mes yeux rivés au sol. J’aime autant que je déteste l’effet qu’il a sur moi, parce que j’éprouve toutes ces sensations inconnues mais grisantes mais que je suis pourtant rattrapée par ma conscience qui sait pertinemment que lâcher prise est quelque chose qui m’est formellement interdite. Tout se complique à présent, ce n’est pas la première fois que je vais devoir lutter contre moi-même pour m’obliger à prendre la bonne décision, mais cette fois, contrairement à beaucoup d’autres, le combat est rude.

Le sermon destiné à masquer mon malaise n’a pas l’effet escompté, loin de là, White se lance dans une introspection qui n’aurait pas été dérangeante si je n’avais pas réussi immédiatement à m’identifier à ses propos. Je ne suis pas quelqu’un de normal, je n’agis pas avec bon sens comme le ferait un individu lambda, je n’ai jamais réussi à avancer sur le chemin qui m’était destiné, j’ai toujours été incapable de respecté une ligne de conduite, je m’éparpille, je fais les mauvais choix et quand je touche le fond, je rebondis pour mieux tomber, une fois de plus. Qu’est-ce qu’on fait ? La question résonne dans ma tête sans que je puisse y apporter une réponse. Il n’y en a pas, en réalité, et c’est pour ça que je me retrouve coincée dans cette vie dont j’ai appris à me satisfaire, parce que je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir le choix, en définitive. A bien y réfléchir, je crois que je n’ai jamais voulu être normale, je voulais être exceptionnelle, je le suis peut-être devenue, pendant un temps, j’ai réussi à faire en sorte que mes camarades tournent la tête sur mon passage, je voulais être regardée et appréciée, et ça a marché. Malheureusement, ça n’a duré qu’un temps et mes trop nombreuses erreurs m’ont conduite dans cette situation inconfortable qui m’oblige à me battre tous les jours pour me fondre dans la masse, que personne ne s’intéresse de trop près à moi pour découvrir ce que j’ai réellement à cacher. Rares sont les personnes auxquelles je me confie, parce que j’ai peur de ne plus savoir à qui j’ai menti et à qui j’ai dévoilé la vérité, ne serait-ce qu’une partie. Par moments, c’est vraiment épuisant. « On fait semblant de l’être. » Je finis tout de même pas répondre, très sérieusement, bien que j’ai parfaitement conscience que ma méthode n’est pas la bonne. Abel a provoqué sans le vouloir le genre de réflexion que je préfère ne pas avoir à mener et je suis heureuse de voir mon immeuble apparaitre devant nous. « C’est là. » Je l’informe alors que je ralentis le pas pour m’arrêter devant la porte, sans pour autant me diriger vers elle, pas encore. « Tu habites loin d’ici ? Ça va aller pour rentrer ? » Je demande, sans trop chercher à savoir pourquoi ça m’intéresse, ce n’est pas comme si je comptais lui proposer de l’héberger, de toute façon. Dans quelques minutes, je vais mettre un terme à cette soirée spéciale et briser le lien qui nous a unit pendant ces quelques heures presque irréelles. Je ne suis pas sûre d’avoir envie de prendre cette responsabilité.

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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyMer 5 Juin 2019 - 17:54


Let's never meet again
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→ Notre échange était plaisantin jusqu’à ce que le mot ‘normal’ ressorte. Ce mot qui m’a toujours fait horreur au plus profond de moi, ce mot que je n’ai jamais compris en réalité. Le concept de la norme en lui-même me semble bien trop élitiste, il ne sert qu’une certaine caste de gens selon moi. L’étrange, le bizarre et le burlesque m’attirent bien plus ; et j’oriente ma vie en m’opposant à ce concept flou qui ne me convient pas – et qui ne convient à personne selon moi, car nous sommes tous uniques et tous différents. C’est la société qui nous oppose les uns aux autres, en proclamant qu’être différent c’est mal. Je ne suis pas d’accord, j’aime la différence, j’aime les tempéraments hors-normes, j’aime les secrets et les mystères. Mes questions ont plongé Anderson dans ses pensées et je la vois réfléchir. Je l’observe, elle est belle. Je sais qu’elle me comprend, qu’elle ne se sent pas à sa place, qu’il y a quelque chose qui coince et même si j’ignore ce que c’est, je peux le percevoir dans ses yeux. – On fait semblant de l’être. Pour rentrer dans le moule, pour être transparent, pour ne pas être emmerdé, pour se protéger. Tous placés dans des cases. Moi je suis le sale gosse turbulent, le cancre qui fout le bordel en cours au fond de la classe et qui ne pipe pas un mot de ce qui se dit. Je ne peux pas être l’hyperactif qui comprend plus vite, qui a besoin de se défouler, de vivre trop intensément. Je suis le mec trop sûr de lui, le connard qui se joue forcément des meufs en leur faisant croire monts et merveilles pour les ramener dans son lit. Je ne peux pas être celui dont on profite et celui qui a eu le cœur brisé. Je suis le riche qui n’a jamais manqué de rien et qui se fiche éperdument de sa famille. Je ne peux pas être celui qui a assisté à la descente aux enfers de sa propre mère et qui l’a accompagné plus d’une fois à ses psychothérapies multiples. Non, je prends des airs pour qu’on ne m’identifie pas, qu’on ne s’intéresse pas à moi et j’écarte ainsi un maximum de gens. Ceux qui restent et insistent, ceux-là sont les courageux, les désireux de voir au-delà des apparences, de regarder vraiment les gens comme ils sont. – Ouais, comme des putains de pantins désarticulés. Qui tire les ficelles ? Je lâche, en m’arrêtant de marcher car c’est ce qu’elle vient de faire. Je me tords les lèvres et tourne mon visage vers la porte d’entrée de son immeuble. Je souris et m’avance vers la porte, pose ma main sur le bois vieilli de celle-ci, avant d’y appuyer le dos et d’observer Anderson avec un sourire aux lèvres. – Tu habites loin d’ici ? ça va aller pour rentrer ? J’arque les sourcils, ne masquant pas mon étonnement et lui demande tout en la couvant du regard – Tu t’inquiètes pour moi Anderson ? C’est nouveau ça… Je crois que mon passe-temps préféré, c’est de réussir à l’irriter en un minimum de temps. Je me détache de la porte, réduit l’espace qui nous sépare à rien du tout et je me penche légèrement vers elle. Furtivement, j’effleure sa joue de mes lèvres. Sa peau est douce et fraîche mais je ne m'y attarde pas et m’écarte en lui souhaitant – Ne rêve pas trop de moi, Anderson. Je lui fais un clin d’œil et passe ma langue sur mes lèvres, charmeur et provocateur, adoptant ainsi l’attitude qu’elle déteste le plus. Elle sait maintenant que ce n’est pas la seule chez moi ceci dit. – J’habite à Spring Hill, si tu as envie de me rendre une visite, tu as mon numéro. Mais il faudra être gentille avec mes chats, sinon ce sera à tes risques et périls. Je fourre mes mains dans mes poches de jean et l’observe sur le pas de sa porte, en gardant un sourire sur les lèvres. Vu que je le peux encore, je l’admire, jusqu’à ce qu’inévitablement, elle disparaisse derrière sa lourde porte, mettant un terme à cette nuit passionnante.


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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyJeu 6 Juin 2019 - 8:03


 
Abel & Primrose

Let's never meet again
Je n’aurais jamais pensé pouvoir discuter de ce qui est normal ou de ce qui ne l’est pas avec White, pour moi, c’était juste un connard égocentrique capable de rester des heures devant le miroir pour apprécier sa petite personne. Le monde aurait pu s’arrêter de tourner, tout aurait été parfaitement été dans sa petite vie tant qu’il lui restait des clopes et deux ou trois filles à ses pieds. Je m’étais bien rendu compte en parlant avec lui de notre exposé qu’il n’était pas aussi ignorant que j’avais pu l’imaginer, au contraire même, mais même en sachant qu’il avait peut-être un peu plus que deux neurones qui se battaient en duel, je n’étais pas capable de revoir mon opinion de départ. Ce soir, les choses sont différentes, parce qu’il se montre plus humain, plus accessible et que je me suis nettement radoucie. En temps normal, devant cette avalanche de questions-réflexions, j’aurais tout simplement fermé toute possibilité d’échange en trouvant une manière de l’envoyer chié, mais pas cette fois. Je me force à réfléchir, à essayer de comprendre ce que signifie vraiment la normalité et pourquoi on devrait nécessairement se conformer aux normes imposées par la société. Faire semblant me parait être la meilleure option, mais pourquoi ? Pourquoi est-il si essentiel à mes yeux de jouer sur les apparences ? Je n’en ai pas la moindre idée alors que pourtant, c’est sur les apparences que se base toute la vie que j’ai construite. Je veux être la parfaite étudiante modèle à la fac. Je veux être la fille adorable pour mes parents. Je veux être la femme sensuelle et désirable lorsque je me déhanche sur la scène du club. Je veux être l’employée dévouée et fidèle, prête à tout pour remplir ses missions lorsque je suis avec Raelyn. Est-ce qu’Abel a raison de croire que ça fait de moi un pantin ? Sa phrase n’est peut-être qu’une vaste généralité, mais elle me touche bien plus que je ne voudrais l’admettre, parce que même si j’ai l’impression de réussir à garder le contrôle de ma vie, je réalise que je me berce certainement d’illusion. Je ne suis qu’une petite poupée dans un monde trop grand pour moi. « Si on choisit de faire semblant de notre plein gré, sans oublier ce qu’on est réellement, alors peut-être que c’est nous qui tirons les ficelles. » Oui, on se conforme aux normes qui nous sont imposées, mais peut-être qu’on agit de la sorte simplement pour pouvoir conserver notre liberté de pensée. Si on montre qu’on entre dans le moule préétabli, personne n’essaiera de nous y faire rentrer de force.

Nous sommes arrivés et je n’ai pas envie de briser la magie de cette soirée que je prolonge avec une question banale et sans aucune importance sur laquelle White rebondit avec un plaisir non dissimulé. Je lève les yeux au ciel, à la fois amusée et irritée par sa répartie qui vise une fois de plus à me provoquer. Et ça marche, évidemment, parce que je ne peux pas le laisser croire qu’il a la moindre importance à mes yeux. « Tu t’emballes, encore une fois, il va vraiment falloir que tu apprennes à garder les pieds sur terre. » Et moi aussi d’ailleurs, puisque ce sont les miens qui menacent de quitter le sol alors qu’il s’approche de moi, laissant ses lèvres effleurer ma joue alors que je reste immobile, incapable de faire le moindre geste même si mon cerveau me hurle de reculer pour ne pas le laisser trop près de moi. Je n’en ai pas l’occasion, il ne reste pas longtemps à mes côtés et j’ai presque l’impression que ce moment n’a jamais eu lieu, que je l’ai rêvé, il arrive à me déstabiliser, encore une fois, et ça me déplait. Je saute sur la première occasion de le remettre à sa place, retrouvant ma fausse assurance derrière laquelle je me protège. « Aucun risque. » J’affirme, avec fermeté, Abel ne fera partie ni de mes rêves, ni de mes pensées, je ferais tout pour l’en empêcher. Il me provoque, il me cherche et je réponds à chaque fois, incapable d’accepter l’idée qu’il puisse avoir le dessus sur cette conversation ou sur moi, de manière plus générale. Il arrive à me faire passer par toutes les émotions en un laps de temps trop court et malgré tous mes efforts, il me prouve clairement que s’il y a effectivement quelqu’un qui tire les ficelles ce soir, c’est lui et pas moi, malgré ma détermination à garder la conversation sous contrôle. Spring Hill. Un quartier chic, en tout cas bien plus que celui dans lequel je réside. Qu’est-ce qu’il fout là-bas alors qu’il est étudiant ? Si maman est restée à Londres, je ne vois vraiment pas pourquoi il résiderait aussi loin de la fac. Je garde mes réflexions pour moi, bien sûr, dissimulant ma curiosité que je ne veux pas lui montrer de peur qu’elle passe pour de l’intérêt. « Bien essayé, mais moi, chez toi, c’est toujours mort. » Je rétorque, faisant évidemment référence à sa toute première invitation qui s’était soldée par un échec, elle aussi. Je m’éloigne finalement de lui, et compose le code de la porte qui se déverrouille pour me laisser la voie libre. « Bonne nuit, White. » Je prononce simplement avant d’entrer, laissant la porte se refermer derrière moi, rompant définitivement l’atmosphère spéciale de cette soirée qui l’était tout autant. Je ne recroiserais plus jamais sa route et c’est sans doute mieux comme ça.

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Message(#)Let's never meet again ஐ Primbel   - Page 2 EmptyJeu 6 Juin 2019 - 15:44


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- Si on choisit de faire semblant de notre plein gré, sans oublier ce qu’on est réellement, alors peut-être que c’est nous qui tirons les ficelles. Avec un sourire, je réponds un simple – J’en doute. Qui vient mettre un terme à ses réflexions. Le fait est que si nous faisons ‘semblant’, quelqu’un en profite d’une façon ou d’une autre. Faire semblant revient à être perdant selon moi et les valeurs que j’ai su intégrer à force de côtoyer un monde surfait rempli d’hypocrites. Je fais souvent tâche dans ce milieu, à insister lourdement sur le côté insolent et imprudent. Reckless, comme le nom de mon ancien groupe de rock gravé sur mon bas-ventre. Grandir dans la famille de ma mère m’a bien aidé à comprendre que mentir finissait toujours par te revenir en pleine poire, et souvent d’une façon désagréable. J’ai aussi compris que certaines personnes ne tolèrent pas la différence ; que l’exubérance est souvent prise pour un abus de confiance alors que certains l’utilisent pour cacher des blessures profondes ; que les masques finissent toujours pas tomber et que la chute est parfois trop rude pour qu’on s’en relève indemne. Je ne suis pas du genre à mentir, ni aux autres, ni à moi-même. Je suis conscient de mes limites, de mes défauts et j’essaie de travailler dessus pour m’améliorer. J’ai eu une période très compliquée dans ma vie, où j’ai failli me perdre dans l’abus et dans l’excès et je me suis juré, en arrivant à Brisbane, de ne pas replonger dans mes travers. Aussi, je m’occupe, le plus possible. Pour éviter de trop penser, de me retrouver seul avec moi. La peur de la dépression est ancrée profondément en moi à cause de ma mère et de son vécu. Surement aussi pour ça que je me suis mis en tête de toujours combattre le monde au lieu d’essayer de m’intégrer.

- Tu t’emballes, encore une fois, il va vraiment falloir que tu apprennes à garder les pieds sur terre. Ou pas, si j’ai envie de voler personne ne peut m’en empêcher. C’est ça la liberté pour moi. Je me tais cependant, car ma tirade n’avait qu’un seul but : l’agacer. Et sa répartie me prouve que c’est réussi, mais aussi qu’elle sait. Elle sait que c’est un jeu. Je ne suis pas qu’un connard imbu de ma personne, je le lui ai montré. Et je suis content de m’être ouvert à elle ce soir, car elle a fait de même avec moi. Dans un geste plein de douceur, j’appose mes lèvres furtivement sur sa joue, sa peau douce et fraîche me fait frémir mais je n’en montre rien et m’écarte avant qu’elle n’ait le temps de me repousser. Aucun risque qu’elle rêve de moi, je n’en suis pas aussi sûr pour ma part. Cette soirée a été bien trop agréable pour que je ne me la repasse pas en boucle toute la nuit. Je lui indique où j’habite, lui rappelant qu’elle a mon numéro si jamais elle veut me contacter. Elle ne le fera pas. – Bien essayé, mais moi, chez toi, c’est toujours mort. Bonne nuit White. Et aussi vite qu’elle me laisse ses derniers mots s’échapper, elle se faufile dans le hall d’entrée de son immeuble. La lourde porte se referme sur sa silhouette parfaite et je reste un instant à simplement observer cette dernière, avant de murmurer un – Bonne nuit Primrose… Un fin sourire étire mes lèvres et je m’éloigne lentement, profitant de la fraîcheur de la nuit pour laisser libre cours à mes pensées et prolonger mon sentiment de bien-être. Si on m’avait dit avant qu’Anderson me ferait tourner la tête ainsi, je n’y aurai pas cru. J’allume une cigarette, la fumée s’évapore dans la nuit et je laisse mes pas me ramener chez moi, l’esprit libre et rêveur…

The End.


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