| (#)Sam 28 Sep 2019, 14:37 | |
| Bouche bée. Incapable de répondre. Incapable de rétorquer quoi que ce soit. Une voix dans sa tête hurle à Ariel que oui, oui elle est bête à ce point, oui elle est bête au point de se mettre totalement en retrait dans le seul but de lui faire plaisir à elle. Avec comme seul espoir de recevoir une friandise, un regard, un geste tendre. La putain de groupie du pianiste, celle qui la suivrait jusqu’en enfer et même l’enfer ne serait pas grand chose, celle qui sait oublier sa propre existence pour seulement écouter Ariel. Tout mettre en off, chaque partie de sa vie, chacun de ses sentiments. Devenir un automate dans le seul but d’arriver à percer le mystère James pour se rapprocher du trésor qu’est son coeur. Un trésor maudit. Et la voilà rétrogradée au rang d’ami pour avoir énoncé le désir de vouloir tâter ce trésor du bout des doigts. Elles n’ont jamais été amies, ce n’est pas vrai. Tu mens Ariel, tu mens. Elles ont été tout, absolument tout, mais jamais amies. Elles ne savent pas faire ça, pas elles deux alors que tout a toujours été si complexe depuis le tout début. Il n’a jamais été question de se poser dans le coin d’un bar et de spill the tea en observant la foule d’inconnus. Quand Ariel est là, ce n’est qu’elle que la rousse voit. Et parfois ses yeux s’égarent ailleurs l’espace d’un instant, par simple inadvertance, pour toujours mieux revenir se poser sur les belles prunelles de la belle écrivaine. Un pas en arrière et son monde s’écroule un peu plus. Elle met une nouvelle distance entre elle tout en sachant que pour Charlie les gestes signifient bien plus que les mots. Elle ne craindra jamais autant l’impact des mots que celui d’un être cher qui s’éloigne encore un peu plus d’elle. Peu importe quelle étiquette pourrait porter Ariel, au moins elle sait qu’elle est chère à son coeur. Elle est une putain de bornée, mais une putain de bornée qu’elle aime bien trop pour la voir s’éloigner. Ses yeux la cherchent et espèrent la raisonner alors qu’aucun mot n’a la capacité de franchir la barrière de ses lèvres. Tout se passe bien trop vite pour qu’elle ne puisse comprendre quoi que ce soit. Le typhon Ariel est devenu encore plus puissant, balayant tout sur son passage. Absolument tout. Désastre est le mot approprié pour qualifier cette scène. Pour les qualifier elles deux, aussi, ces deux opposés qui n’auraient jamais dû se rencontrer et encore moins se lier d’une quelconque manière que ce soit. Elles ne sont qu’un désastre ambulant, deux éléphants dans un magasin de porcelaine dont elles sont aussi la porcelaine elle même. Elles sont les briseuses et les brisées, comme ça aucun poste n’est vacant et il est encore plus rapide de se retrouver avec un coeur brisé. “I can’t give you what you want.” Cette place dans sa vie, à ses côtés, dans son lit. C’est trop lui demandé. C’est une pression bien trop importante qu’elle ne serait pas capable de supporter une seule seconde. Tout allait bien mieux quand il ne s’agissait que de sous entendus, d’espoirs vains auxquels on avait rayé le “vain” en pensant que cela n’allait pas se voir. Elle se plaisait à rêver d’un futur impossible parce que personne ne lui avait explicitement dit que rien de tout cela ne se passera jamais. Mais elle vient de le faire, Ariel. Elle vient de lui faire reposer les pieds sur Terre et bon sang qu’elle déteste cette situation. “We … don’t want the same us.” Ses lèvres tremblent, ses yeux retombent un instant au sol, las et fatigués. Elles en sont au point de non retour et aucune ne changera d’avis, voilà au moins une chose dont Villanelle est sûre. Ce moment sonne la fin de quelque chose, sans aucun doute. Le début d’une autre, peut être, mais rien n’est certain. “Don’t know either. I should leave too. Maybe … Maybe it’s the best thing to do now.” Rentrer chez elle pour mieux s’effondrer sur son lit et enfin s’autoriser à pleurer toutes les larmes de son coeur ? Oui, absolument. Meilleur décision de la journée. Laisser s’envoler Ariel ? Pire décision de sa vie. Le jeu n’en vaut assurément pas la chandelle mais les options sont limitées. Elle en a marre de la faire souffrir pour rien. Elle trouvera mieux ailleurs, sans aucun doute. "Sorry." Pour avoir fait parti de ta vie et avoir tout gâché.
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