Sur les rotules. Voilà comment la demoiselle a terminé sa longue journée. Les patients se sont enchaînés au cabinet. Heureusement. Autrement, elle aurait passé la plupart de son temps à ressasser les récents événements avec Theo et lire les textes de loi à ce sujet... Ou à laisser son esprit errer à droite, à gauche, sur des sujets des moins joyeux. C'est en passant le pas de la porte que la solitude la frappe. L'appartement est calme, bien trop calme. Elwyn n'est vraisemblablement absent et Theo, chez ses grands-parents. Dans un soupir, elle rentre dans l'appartement, avant de finalement jeter un coup d’œil à son téléphone. Quinze appels manqués. Quelqu'un a eu la gâchette facile. Sa mère, probablement, pour lui mettre davantage le cafard, ou bien continuer de remuer le couteau dans la plaie quant à son ancienne vie, ou son neveu, encore. Encore, toujours. Plissant les yeux et après s'être débarrassée de son sac, elle porte un peu plus d'attention aux nombreux appels manqués.
Non. Il ne s'agit pas de sa petite maman mais deux deux autres personnes qu'elle ne connaît que trop bien. Les grands-parents de Theo. Il est assez étrange qu'ils la contactent sachant que leur petit-fils est avec eux, alors... voir ce nombre impressionnant d'appels manqués commence à instiller un certain stress dans son myocarde. Si la brune ne tarde pas à les appeler, les voilà, le ton paniqué, en train d'expliquer qu'ils n'ont aucune idée de la localisation du petit. Ils ont même pensé qu'il est allé retrouver sa tante mais non. Alors, l'angoisse grandit. Theo est injoignable et l'angoisse continue de croître. La belle famille a bien précisé qu'ils ont déjà contacté les amis du petit. Nea  se risque à appeler son colocataire sans vraiment trop vouloir l'alarmer sur la gravité de la situation. Alors leur discussion coupe-court, sans fioriture. Peut-être a-t-il juste oublier de prévenir d'une quelconque activité extra-scolaire... ? Ça aurait pu être le cas s'il ne s'est pas amusé à manquer quelques périodes, à l'école, mais là... Sa pulsation s'emballe, sa tête est brouillée par de nombreuses pensées hasardeuses. Le pire, dans tout ça, c'est qu'elle ne sait même pas par où commencer. Peut-être aurait-elle du se montrer plus ferme à l'égard du couple ? De refuser de leur laisser Theo ? Ou peut-être que, dans un premier temps, elle n'aurait jamais du accepter de le prendre sous son aile ? Il aurait été chez eux d'entrée, n'aurait pas eu à jongler de temps à autre entre le couple sexagénaire et elle, la tantine dite instable. Peut-être devrait-elle installée un tracker gps dans le sac du petit, à l'avenir... Ou elle engagera quelqu'un pour le suivre tout le temps, pour être sûre qu'il ne refasse pas un coup pareil... Si tant est qu'ils le retrouvent. Si tant est qu'il ne se soit pas fait harponner par un kidnappeur et que le pire lui soit arrivé. Se saisissant de nouveau de son sac, de ses clés et tentant de garder la tête sur les épaules, que Nea ouvre la porte. Alors qu'elle tente de s'engouffrer précipitamment  pour partir à la recherche du petit, elle rentre en collision avec une masse. Quelqu'un plutôt. Un maigre juron s'échappe, ainsi qu'une plate excuse « Pardon...  ». Si ses yeux se sont clos sous l'impact, c'est avec appréhension qu'elle les rouvre. Sous couvert de surprise, ses lèvres arrachent un simple prénom : « T-Timothy ? » Une connaissance ; un ami d'Ana, de son mari. Elle l'a parfois croisé, lorsqu'elle venait leur rendre visite sur Brisbane. Puis elle l'a revu, durant les funérailles. La brune le dévisage avec une certaine incertitude, s'est-elle plantée de prénom ? De personne ? Embrouillée, pressée, sa détresse actuelle la fait douter. Son cœur manque un battement lorsqu'elle voit, derrière le grand jeune homme, l'auteur de son remue-ménage émotionnel. Elle en occulte totalement la victime de sa collision, attrapant le pré-adolescent pour le serrer dans ses bras. « Oh mon dieu Theo tu m'as fait une peur bleue... » Que celui-ci suffoque, elle ne le lâche pas pour l'instant et elle finit par s'en détacher lentement. Elle se retient de ne pas plaisanter, de peur que son humour soit mal pris auprès de Timothy car, ce n'est pas très bien vu de menacer de casser les jambes quelqu'un, même si cela veut dire tout son contraire. Mais Theo le sait. Nea appose une main sur son épaule, pour s'assurer de sa présence, du fait qu'il soit bien réel et pas une création de son esprit surchargé. Ses yeux embrumés par l'émotion, elle pose finalement alors son regard sur le jeune homme. « Merci de l'avoir ramené ici... J'espère qu'il n'a pas posé de problème ou autre... Vous l'avez trouvé où ? » Sa voix tremble. Discussion sur le pas de la porte ? La jeune femme tente de reprendre de la contenance : « Vous étiez un ami d'Ana et son mari... non ? Vous pouvez rentrer et on peut discuter à l'intérieur. Enfin, sauf si vous avez quelque chose à faire, je veux pas vous retenir plus longtemps... » Incertaine, elle l'est. Mille-et-une question lui brûle les lèvres, tourmentant déjà sa tête, prise par cette histoire de garde, et maintenant de fugue. Mais il n'a peut-être pas envie de s'attarder davantage

Il a des choses que Nea se refuse de faire en public ; craquer ouvertement, pleurer, ou même de demander de l'aide. Forte tête, elle tente de gérer tout par elle même, se laissant parfois, ou souvent, submergée, à naufrager seule, tentant de garder le cap. Là encore, l'exemple en est la preuve. Plutôt que de se tourner vers les autorités -compétentes ou non- ou même son colocataire pour quémander de l'aide, elle s'est décidée à aller retourner toute la ville seule. Autant chercher une aiguille dans une belle et immense motte de foin mais... Elle s'y est préparée. Elle a été prête à le faire et elle ne sait par quel miracle, Theo est là, derrière la porte. Timothy a joué le rôle d'ange gardien, ramenant son neveu à bon port, lui évitant ainsi de déambuler dans les rues telle une hystérique finie en proie à une crise d'angoisse. La brune opine du chef, la mâchoire encore crispée par tout le stress généré. Elle parvient néanmoins à articuler quelques mots, pour lui répondre « Oui... C'est vrai que c'est un peu compliqué... Mais merci encore. » Elle parvient à difficilement balbutier ça avant de le guider vers le salon, propre rangé, cette fois-ci. Durant le court trajet, elle ramasse quelques affaires qu'elle a dégommé sur son passage, quelques secondes plus tôt. Pour s'occuper l'esprit, quand Elwyn n'est pas là et qu'elle n'est pas au cabinet, elle s'est transformée en furie de ménage alors l'appartement est plus que présentable. Propre. Rangé même si parfois, Cadburry se permet des folies avec des bouées gonflables ou des châteaux géants. Les deux trentenaires s’assoient tout deux sur le sofa. Tentant de reprendre de la consistance, Burkhardt inspire profondément avant de lancer un sourire à l'égard du jeune homme. Ses propos la perturbent. Entendre le prénom de sa sœur, écouter les dires de Timothy quant au souhait de la défunte... Ce n'est certainement pas son but mais elle ne peut s'empêcher de ressentir, de nouveau, comme un creux dans l'estomac, dans le cœur. Un trou béant qui ne cesse de grandir. Les yeux embrumés, les muscles pris de soubresauts, ses lèvres se pincent tandis qu'elle garde la tête haute. « C'est... Merci... Merci de me dire tout ça... Pour Ana... » Car oui, même si elles sont sœurs, la distance les a séparé. Brisbane-Sydney, les aléas quotidiens, ou tout simplement la vie ne leur a pas permis de communiquer comme avant. Néanmoins, toujours proches, elles ont toujours fait en sorte de se voir le plus souvent possible et de s'envoyer des messages plus ou moins quotidiennement... Jamais Nea n'a pensé que, par le coup du sort, sa sœur serait partie dans un claquement de doigt... Alors oui, il est probable que dans un futur proche, elle demande de l'aide au jeune homme. Peut-être qu'un juge tiendra en compte ses propos pour faire pencher la balance en sa faveur ? Mais encore trop secouée pour l'instant, elle ne parvient à émettre cette requête. La brune le sait, elle sait que Theo souhaiterait rester avec elle, ici. Que les grands-parents sont cruels et n'en n'ont que faire du souhait du garçon... Égoïstes. Si ses pensées la font fulminer passablement, son neveu éreinté revient dans le salon momentanément. Nea en profite, après l'avoir embrassé sur la tête, de se relever. Ses yeux se portent sur leur invité : « Vous voulez quelque chose à boire ? Un soda ? De l'eau ? Une bière ? » Elle ne sait pas trop quoi proposer, mais elle finit par s'éloigner dans la cuisine, pour y prendre quelques boissons, après avoir envoyé un rapide message au couple probablement inquiet. Elle espère juste qu'ils ne débarqueront pas dans la minute et qu'ils comprendront que Theo veuille rester ici, aujourd'hui. C'est aussi un moyen pour elle pour reprendre de la contenance, se détendre un peu. Puis elle revient dans le salon. « Vous n'avez pas à répondre si ma question vous gêne mais... Ana... Vous vous êtes rencontrés comment ? » Il semble les avoir connu, avoir été touché par leur disparition... Curieuse. Est-ce que son aînée a malencontreusement tenté de le tuer à coup de pot de fleur ? Car oui, Ana a été réputée pour faire tomber les fleurs de son balcon... À moins qu'il ait été son patient et qu'ils se sont côtoyés après un long détartrage ou autre petit check-up. Ou bien par le biais du feu-mari.
Peut-être que cela pourrait lui faire du bien, de parler d'elle, un peu.

Du jour au lendemain, Ana a disparu. Sa voix, son rire si communicatif, sa douceur ; dans les pénombres. Une certaine nostalgie dans le cœur, Nea a l'impression qu'au fil des jours, elle l'oublie, malgré elle. Sa voix n'est devenu qu'un sombre écho presque méconnaissable, son rire, elle peine à se rappeler. Comme si ses souvenirs se sont archivés dans une boite qui se destine à l'oubli, scellée par la douleur. Alors certes, il y a les photos, les vidéos et les souvenirs qu'elle chérira tout au long de sa pâle vie, mais il ne sont que ça ; que des réminiscences passées sans vivacité. Des échos lointains, s'éloignant, emportés par la houle. Alors de l'eau. Tout deux sur le sofa, la remarque du jeune homme lui arrache un sourire. « Oui, vo... tu as raison. Elle aurait été du genre à nous regarder les yeux plissés en faisant cette tête là et... » Nea, après avoir imité l'air circonspect de sa défunte sœur s’interrompt dans sa phrase en souriant. Curieuse, elle écoute Timothy lui expliquer les détails de leur rencontre. Si elle s'est bel et bien attendu à une rencontre des plus insolites, elle ne s'est pas attendue à ça. La brune se retient de pouffer en entendant la situation des plus cocasses. « Elle a pas perdu sa chaussure, dans l'histoire ? Car elle m'a parlé d'un jour comme ça et qu'un bon samaritain l'avait sorti du pétrin... » Un sourire sincère se dessine sur les lèvres de la cadette Burkhardt tandis qu'elle suit avec attention le récit du jeune homme. Ils ont été amis proche et il semble avoir profondément attaché à Ana et à sa petite famille. Autrement, cela aurait été étonnant que Theo accepte de se faire raccompagner et la manière dont il évoque ses souvenirs traduise une profonde affection. Ses lèvres se pincent lorsqu'elle l'entend dire que sa grande sœur l'aimait, lui manquait... Jamais adepte des grands mots, même avec son aînée, elle regrette, à présent, ne jamais avoir réellement pris le temps de lui dire cela. Tata gâteuse ? Elle arque un sourcil, pas vraiment convaincue que se soit la meilleure manière de la qualifier. Quant à ce qu'elle compte faire ? Elle adopte une mine pensive... Ce qu'elle compte faire, maintenant, pour la situation avec Theo ? Il serait mal avisé de parler de casser quelques genoux ou de menacer les pauvres grands-parents du petit. Après tout, elle ne connaît pas le jeune homme tant que cela et ne sait pas s'il prendrait bien cette touche d'humour. « Eh bien... Je vais me battre pour qu'on écoute Theo, ce qu'il souhaite. Alors ça va certainement dire pour moi, une longue, fastidieuse bataille et multiple rendez-vous chez un avocat, puis chez le juge... Mais voilà. Je ferai de mon mieux pour qu'il reste avec moi. » Elle se prépare déjà à être ensevelie sous une pluie de démarche administrative pour procéder l'option adoption de Theo, quitte à ne vivre que de boissons énergisantes et litres de caféines pendant quelques semaines. Cela dit, elle redoute énormément les embûches que les grands-parents de l'époux défunt, risquent de lui mettre sur son long parcours. Après tout, à leurs yeux, la brune est loin d'être la candidate idéale pour s'occuper d'un pré-adolescent. Et ils ne sont pas du genre à se soucier des souhaits de ce dernier, visiblement. Toute cette histoire administrative lui met la pression ; cela ressemble à un grand brouillard épais, un dédale sans fin, sans lumière, sans indication. Est-il mal avisé de demander un semblant d'aide pour en trouver la sortie ? Elle qui n'a pas l'habitude de ça, la voilà bien embarrassée sur le canapé, à chercher ses mots. « Oh et hum... Est-ce que je peux avoir ton numéro ? Il se peut que je doive te contacter... Je veux dire, ton... témoignage ? Enfin, je crois qu'ils appelleront ça comme ça ? Pourrait peut-être utile... Enfin, je t'avouerai que j'en sais trop rien... Mais dans le pire des cas, ça ferait certainement plaisir à Theo de savoir qu'il a un ami en plus. » Et peut-être qu'elle aussi, aurait bien besoin d'un ami en ce moment.

Une sensation étrange. Depuis la disparition d'Ana, Nea n'a jamais réellement pris le temps pour parler de tout cela, pour parler de son aîné, d'écouter ou de se remémorer des anecdotes des plus ridicules. Elle s'est juste rapidement enfermée dans le rôle de maman de substitution, refusant de s'endeuiller en public, gardant et chérissant ses pâles souvenirs ainsi que ses larmes pour sa propre personne. Et ce, rarement. Trop rarement. Alors, cette situation est un peu étrange. Elle se trouve là, à parler de sa tendre sœur à quelqu'un qu'elle ne connaît pas plus que ça. Ana l'a certes, mentionné plus d'une fois mais ils n'ont jamais été à même de se croiser -vraiment- avant les funérailles. Timothy, un ami proche de la sublime brune disparue... Nea se rassure de savoir que Ana n'a pas été seule ici. Certes, elle a eu Theo, son charmant époux, mais aussi un tendre ami. Un confident même, pour qu'elle lui confie ses souhaits quant à Theo, les histoires catastrophiques de sa petite sœur et pour qu'ils traversent une partie de la ville à cloche-pied. « Ah mais je te crois ! Ses cours de danse ont pas trop du être utile sur un seul pied, si ? Enfin, ça a eu l'aider à avoir l'équilibre. » Nea s'est très bien imaginée cette scène lorsqu'elle a reçu un appel d'une Ana à la fois blasée et hilare devant sa mauvaise journée. Mauvaise journée qui finalement s'est éclaircie après la rencontre avec Timothy, dans lequel la brune défunte a trouvé un bel ami. Un véritable ami inquiet pour la progéniture de son amie, du respect de son souhait. Ana était l'optimiste ; Nea, la pragmatique, la terre-à-terre, celle qui se met elle même des bâtons dans les roues à force de cogiter de quarante-six façon différentes les problèmes, venant à les extrapoler, parfois. Si le jeune homme se veut rassurant voire optimiste dans ses propos tout en faisant un parallèle avec sa propre expérience, une boule d’inquiétude ne semble pas vouloir quitter l'estomac de la cadette Burkhardt. Cela dit, elle ne peut s'empêcher de remarquer quelques similarités entre son locuteur actuel et sa grande sœur, tout deux convaincus que, "si l'on s'en donne véritablement les moyens, rien n'est impossible" . Chose à laquelle Nea a toujours aimé répondre avec un "Uh, duh. What about the gravity, tu y as pensé ?"  (Remplacez la gravité par x selon la situation). Mais là, aujourd'hui, elle a envie d'y croire. Elle a envie de croire qu'effectivement, -si elle ne passe pas par la case meurtre- elle pourra être capable de récupérer Theo, sa garde sans avoir à se soucier de regarder, tous les jours par dessus son épaule par peur de voir un dossier géant du juge des tutelles lui courir après. « Oh... Tu as perdu tes parents ? » Pieds dans le plat, Nea, elle adopte une bouille surprise de ses propres propos, de son côté un peu trop blunt « Tu n'as pas à répondre, je ne veux pas t’embarrasser avec mes questions. » Le fait qu'il accepte de lui laisser ses coordonées, pour Theo, ou même pour elle, lui arrache un large sourire auquel il répond par un clin d'oeil. Timothy, l'oreille des Burkhardt. Si Ana était là, elle se serait sûrement amusée à se mettre entre les deux pour faire un câlin de groupe. Chose qui aurait été à la fois embarrassante, et amusante. Mais rien, juste des sourires. Il prend le soin d'écrire ses coordonnées sur l'une des magnifiques feuilles gribouillées de hiéroglyphes scientifiques qu'Elwyn a laissé sur la table, la brune espère là qu'il ne s'agit pas d'une formule pour tester la neutralité d'un liquide instable dans un milieu x... La prochaine fois, elle laissera un bloc à post-it non loin de là. En espérant que son colocataire ne trouve pas une idée saugrenue à faire avec. Célèbre ? Elle se demande bien ce ce que l'aînée à pu vendre à son sujet... Et bien sûr, la fameuse demande en mariage a apparemment été l'un de ses sujets. Nea baisse le regard sur ses mains qu'elle s'amuse à montrer au jeune homme. Pas d'alliance, non. « Mh non... Et c'est mieux comme ça. Sinon j'aurai été contrainte de rester sur Sydney et comme Theo m'a dit qu'il préférerait revenir sur Brisbane... » Avec le fait qu'elle ne s'est vraiment pas vu épousé le pauvre fiancé et qu'avec toutes ces démarches administratives, elle n'aurait pas pu gérer convenablement. Ça, entre autre... Entre autre. Tant d'autres. « Elle t'a raconté comment ça s'est passé, ces fiançailles ? » Elle a été au premier rang, après tout. Et si Nea a pourtant du mal à se confier sur cette histoire passée, le fait que Timothy et elle partagent leur affection pour la grande brune disparue la pousserait presque à s'ouvrir un peu plus. Après tout, il a été le confident d'Ana et s'est adorablement proposé d'être à son écoute...

Nea ne s'est jamais préparée à ça. Elle n'a jamais cru possible qu'un jour, en ouvrant la porte, on lui annonce qu'elle ne verra plus sa sœur. Plus jamais. Qu'elle se retrouverait sans sa confidente préférée, celle qui a suivi aux premières loges les débâcles de ses amours tout en la supportant, tempérant leurs parents un peu trop intrusifs et lui répétant que tout ira bien et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter de cela... Ana lui a été arrachée, elle, ses conseils, ses propos rassurants... Sa présence. Le fils de cette dernière et sa cadette se retrouvent abandonnés par celle-ci et ils ont surmonté cette perte ensemble, de tenter de reconstruire doucement le cours d'une vie sans elle, sans eux. Si cette période n'a pas été une partie de plaisir, il faut avouer que dernièrement, ils ont repris une vie -presque- normale dans cette colocation des plus étrange. Theo s'est toujours entendu avec Elwyn et ce, depuis le début et les deux zigotos se sont rapidement liés, puis ligués, pour voir lequel des deux arriveraient à faire sortir Nea de ses gongs le plus rapidement possible. Dans cette ambiance bonne enfant couvertes d'expériences farfelues, de parties de jeux-vidéo, ils ont commencé à trouver un semblant d'équilibre et bien loin des archétypes familiaux que des grands-parents -trop conservateurs- tolèrent, approuvent. Ils l'ont fait savoir en arrachant le pauvre garçon de cet équilibre imparfait, bancal mais dans lequel il s'est parfaitement intégré... La cadette Burkhardt est sûre d'une chose, que son aînée est certainement à pester là-haut à l'égard de ses beaux-parents. « Mon pauvre ! Et dire qu'elle avait hésité à acheter des nouvelles chaussures ce jour là... Je t'avoue m'être vraiment bien moquée d'elle... mais heureusement que ses leçons de danse ont porté leurs fruits! » Si peu après la disparition de celle-ci, elle a repensé à toutes les fois où elles se sont crêpés le chignon pour des broutilles et à quel point Nea a regretté toutes ces fois là, elle n'a jamais réellement eu le plaisir de partager ou de revivre des anecdotes amusantes à son sujet. Alors ce petit partage lui fait le plus grand bien. Tim et elle rient avant que le sujet se recentre sur le jeune homme. Bouille compréhensive, la brune l'écoute en hochant timidement de la tête. « Oh... mh... D'accord... Tu diras à ton grand-frère qu'il a fait un super boulot alors. T'élever à la place de tes parents, ç'a n'a pas du être simple pour vous deux... tout ça... » La jeune femme se mord la lèvre inférieur embarrassée d'avoir poussé Timothy à s'exprimer sur le sujet. Si Elwyn aurait été là, il se serait sûrement amusé à la regarder, en continuant de manger ses miel pops, adossé à son mur, avant de lui lancer quelque chose du genre : "Je crois que t'as mis les pieds dans le plat, là." Sûrement. Nea lui rend un sourire gêné avant qu'ils ne continuent leur lancé sur sa fameuse épopée -pas trop épique- de sa fameuse demande en mariage. Ce sujet a été des plus difficiles à aborder pendant un long moment. Écoutant ses commentaires et répondant à son clin d’œil avec une moue boudeuse mais amusée, elle finit par se lancer ouvertement. « J'ai jamais eu si honte de toute ma vie, je crois... J'avais l'impression d'être hors de mon corps et de regarder cette idiote dire un "oui" à peine assuré alors que dans ma tête, c'était les Mariachis, trompettes et guitares qui chantaient je sais pas quoi... C'était génial pour tenter de réfléchir. La désastrophe. » Désastreuse catastrophe. Peut-être a-t-il déjà entendu ce mot de la bouche d'Ana, ou de Theo. « Étrangement mes parents l'appréciaient énormément... À moins qu'ils étaient juste rassurés du fait que d'un, je sois pas lesbienne, de deux, que je finisse par avoir une famille et des enfants... Oui, elle le trouvait placide. Peut-être pas assez névrosé pour me supporter oui ! Je pense qu'elle se serait bien entendue avec mon colocataire alors. Enfin, Theo l'adore, ils sont toujours fourrés ensemble pour m'en faire voir de toutes les couleurs alors... » Nea aussi, mais là n'est pas le sujet. Elle s'ouvre rapidement, avec aisance avec le jeune homme. Il faut croire qu'il a un don pour faire parler les Burkhardt et les aider dans les pires moments ; une tempête, l'après-deuil, une fugue... « Oh et, est-ce que Ana a tenté de jouer les entremetteuses avec toi, aussi ? »  Elle a tenté cela, une fois, ou deux avec Nea, créant des discordes passagères qui ont finalement mené à des fous rires sans fin... Alors pourquoi ne pas en venir aux rires causées par la demoiselle disparue, encore ?

Nea a souvent souhaité être un peu plus comme sa sœur ; cette belle âme qui a toujours eu nettement plus de tact, de savoir vivre qu'elle. Ana a toujours su trouver les mots justes, encourageant, réconfortants. Elle a toujours su comment contourner les sujets les plus douloureux, les amenant en douceur sur le comptoir, tout en respectant une certaine distance pour pouvoir s'esquiver si le besoin est. À côté, Nea, nettement moins subtile a toujours eu tendance à se contenter de quelques mots réconfortants, d'une petite tape amicale sur l'épaule et des phrases un peu bateau-barbare que l'on trouve dans les pires séries B. Souvent frontale et franche, elle a tendance à tacler les sujets fâcheux, tant qu'ils ne concernent pas ses déboires relationnels bien sûr. Celui des autres ? Elle aiderait volontiers. Chacun son charme, comme a souvent répété l'aînée pour la rassurer.  Ana a toujours été là dans les pires moments, à la supporter, la soutenir, la relever. Elle l'a maintenue et défendue face aux propos désobligeants de leurs propres géniteurs. Avec Timothy, Nea a malencontreusement enfoncé la porte des pires des manières, se culpabilisant du fait qu'il aurait peut-être préféré ne pas aborder cela avec une inconnue-un-peu-connue. Bien qu'il sourie, une once de culpabilité ne peut s'empêcher de grandir chez elle. « Ana t'a adopté, Theo t'a adopté alors, je suis sûre que le résultat est bien plus positif que tu ne crois ! Mais oui, tu as raison... » Si elle acquiesce à ses propos, elle se retient de le questionner davantage sur sa famille. Les histoires familiales peuvent être lourdes, parfois trop lourdes au point de pousser les progénitures à faire des choix regrettables... « Je suis sûre que tu pourrais même trouver quelques vidéos sur internet mais on va pas se lancer sur cette séance de torture. Fort je sais pas, mais l'alcool fort à aider, ça oui... » Ah l'alcool. Souvent à noyer ses déboires dedans, depuis cet événement. Elle observe les dix doigts du jeune homme sans émettre de commentaires pour l'instant, les laissant dériver à nouveau sur les géniteurs dans un contexte général. « "Ne pas écouter ses parents", j'espère que tu dis pas ça à Theo ! Enfin... Tu me comprends... » plaisante-t-elle avec un sourire des plus gênés « Mais oui, tu as raison, sur les conjoint-e-s, l'avis des parents est à proscrire. Pareil pour les coupes de cheveux. Jamais l'avis des parents. Sinon oui, des fois j'appréhende de rentrer quand je sais qu'ils sont tous les deux là, avant moi... Je me demande dans quel genre de territoire ennemi je vais débarquer... Tu t'entendrais probablement bien avec lui si tu es capable de suivre son débit verbal sans flancher et que tu aimes les animaux, les expériences farfelues... Ou juste les comics. Il travaille à la boutique Nerd Herd... Mais oui, Elwyn est unique dans son genre mais c'est comme ça qu'on l'aime, avec Theo. » se rendant compte qu'elle parle un peu trop de son colocataire, elle inspire profondément, les joues probablement rougies. Si Ana est bien douée pour écouter les déboires de personne en détresse, elle l'est nettement moins quand il s'agit de faire des paires de personnes compatibles. Ce n'est pas faute d’entraînement, pourtant ; elle a utilisé Nea plus d'une fois, comme cobaye et a apparemment même réitéré cette expérience avec le pauvre Timothy. Là encore, le récit est rythmé de sourires, de rires. « Mon pauvre... Mais heureusement qu'elle n'a pas réessayé... En plus, tu pouvais même pas lui rendre la pareille vu qu'elle était déjà casée... C'était dur de prévoir une vengeance digne de ce nom... » Mais ça n'a jamais pu se faire. Nea s'est endiguée dans une relation perdue d'avance et ensuite, le temps lui est manqué. « Oui. Elle m'a toujours dit qu'elle me voyait avec quelqu'un de moins "commun", avec beaucoup de punch comme tu as dis... Donc elle m'a trouvé un comptable la chemise impec' avec "le goût du risque"... La chose la plus risquée qu'il ait faite, c'est de traverser le passage piéton alors que le bonhomme est rouge. » Consternation sur les traits, elle finit par éclater de rire. « Mais pas la bonne personne, pas le bon moment... Bon, vu que tu sais que mes goûts sont bien différents d'Ana et si tu n'as personne, je pourrais bien me proposer pour faire l'entremetteuse, à mon tour, mais on va éviter de te mettre de nouveau dans cette situation embarassante! » Étrangement, la complicité se crée naturellement, les liant d'anecdotes à déboires. Si Ana et Theo l'ont déjà adopté, c'est au tour de Nea de vouloir signer les papiers d'adoption pour Tim.

Contrairement à Ana, Nea a souvent du mal à tourner sept fois la langue dans sa bouche en espérant trouver une meilleure tournure de phrase. Comme là, à parler de serial-adopté... Peut-être qu'elle a mal choisi ses mots, sans doute même. Avec cette histoire avec Theo, le fait qu'il lui a dit qu'il a été adopté par son aîné car ses parents n'ont pas été des plus présents, peut-être que lui dire ça n'a pas été la chose la plus intelligente à faire mais elle l'a pensé de manière positive. Elle tente de se rattraper aux branches, de se justifier en espérant ne pas creuser davantage sur son mauvais choix de mot. « Je pense que dans ce contexte là, c'est une bonne chose. Ça montre que tu es quelqu'un digne de confiance et que Ana et Theo peuvent compter sur toi quoi qu'il arrive. Parfois seulement ? Pas plutôt : souvent ? » Parce qu'au fil de la discussion, des retours qu'elle a eu parfois, de la part d'Ana et son mari sur son ami et du fait qu'il ait ramené à bon port le petit Theo en ayant pris soin de sécher ses larmes. Nea y croit. Elle le croit et le sait : Timothy est quelqu'un de bien. Quelqu'un d'autre se serait simplement contenté de laisser le petit pleurer en tournant les talons, ou aurait juste appelé la police, ou ses proches, plutôt que de le ramener à bon port. Mais il l'a fait, l'a calmé et s'est même dévoué à lui porter compagnie le temps que l'angoisse descende. Ana l'aimait tant et lui accordait grandement sa confiance, Theo également alors il n'y a pas de raison pour que Nea n'en fasse pas de même. « Les gens sont toujours collés à leur téléphone dans n'importe quelle circonstance donc ça ne m'étonnerait même pas... » Elle a elle même souhaité être collée à son écran pour tenter de se dérober à ce lourd moment. « Non je crois que je deviens juste accro aux ben&jerry's... Et autres saletés bourrées de sucre. » Comme les miel pops, tiens. « Oui... Il a plus tendance à écouter Elwyn que moi. Ce qui est en soit terrifiant, en fait. Mais adorable également. Mais il faut pas leur répéter, d'accord ? Faudrait pas qu'il prenne la grosse tête. Je m'ennuie clairement pas avec eux, j'ai déjà même pas le temps de respirer alors pour te dire ! Il m'aide beaucoup avec Theo... Tout comme il aide beaucoup à salir ou détruire l'appartement. Mais un peu moins maintenant. Heureusement! » ose-t-elle avouer à demi-mot, comme par peur que l'effet s'annule. Elle aime bien cette situation. Même si elle joue souvent la fée du ménage pour qu'ils ne se retrouvent pas expulsés si le proprio des lieux venait à leur rendre une petite visite surprise après avoir entendu des bruits suspects d'explosion, parmi tant d'autres. Theo apprécie grandement Elwyn, ses expériences farfelues, ses anecdotes, juste lui. Un semblant de figure paternelle décalée pour un adolescent en manque de repère. Elle aussi l'apprécie plus que de raison, mais elle ne l'avouera jamais à voix haute. « Ahah, c'est ça ! Tu es un très bon juge de caractère. Et mes parents ont toujours dit que c'était elle, le petit ange. Je crois qu'elle l'a choisi pour se venger d'une vieille blague, probablement. Comme un ange gardien ? Je pense pas. Regarde y'a plein de romans où l'ange gardien s'éprend de leur protégé et c'est réciproque alors... Il faut juste trouver le ou la bonne protégée... Ou la bonne victime. » lance-t-elle avec une pointe d'humour. Elle n'a pas pu se retenir de rajouter ça, mais au moins, ça la fait sourire. Être victime de l'amour, c'est être à la merci de quelqu'un capable de vous briser le cœur en mille morceaux avant de vous laisser sur le bas côté, comme une vieille chaussette oubliée sous un lit. Nea a toujours eu du mal à imaginer partager des grandes histoires d'amour avec des grands A. Récemment, elle a commencé à se croire à l'idée mais il faudrait qu'elle se convainc d'arrêter de surenchérir avec l'option "fuite". « Mais des fois, je crois juste qu'il faut attendre le bon moment, la bonne personne. Ça veut probablement dire que tu l'as pas encore croisé. » Dans le cas de mini Burkhardt, il semblerait qu'elle préfère jouer les aveugles. « Enfin je sais pas... » finit-elle par souffler avant de se mordre les lèvres, son regard perdu sur les formules scientifiques de son colocataire. Perdue, sa matière grise doit certainement ressembler à quelque chose du genre, l'option compréhension en moins « Ou parfois tu l'as trouvé, mais tu préfères tourner la tête de l'autre côté en te convainquant que ce genre de chose ne marche jamais... Alors que c'est juste sous ton nez. » Nea, l'éternelle terre-à-terre pessimiste lorsqu'il s'agit de ce genre d'histoire. Elle reste un brin lucide sur sa situation néanmoins mais peut-être que le jeune homme et également dans le même cas et que ses propos fassent écho à la situation de ce dernier. « Toi aussi tu trouveras ce quelqu'un Timothy, c'est certain même. Et promis, je jouerai pas les entremetteuses. » Nea en est convaincue car une belle âme comme la sienne le mérite ; mérite de trouver un bonheur dans les bras d'une âme digne de la sienne. La brune lui fait un clin d’œil avant de retourner son téléphone qui est présent sur la table basse. Quelques appels manqués des grands-parents du petit, elle maudit tout ce foin. Mais elle est rassurée de voir que Timothy sera présent pour Theo, pour elle en cas de besoin.

Nea n'a jamais été du genre à juger quiconque pour leurs choix de vie, décalés ou non. Elle a trop subi de pression de ce côté pour se permettre cela et ne se permettrait pas de faire subir au pauvre Timothy, ce qu'elle a toujours détesté. «  Tu as été là pour Ana et toujours là pour Theo. Tu es là pour les personnes qui compte le plus pour moi. Tu es même là pour le réconforter et me le ramener... Alors je pense que tes actions parlent beaucoup pour toi. Eh bien tu m'as déjà dit de pas choisir mon conjoint en fonction de mes parents, alors c'est déjà un conseil très sensé et de haute qualité. » acquiesce-t-elle d'un hochement répétitif de la tête, le gratifiant également d'un sourire. « T'as raison. Je crois que je te les ai dépeints comme deux véritables petits diablotins sortis tout droit des enfers. Mais oui c'est sportif, pour les nerfs, la santé mentale et avec toutes ces histoires avec les grands-parents paternels... Mais tant que Theo est content, moi ça me va. C'est l'essentiel. » Devenir une réserve de sucre ambulante ? Heureusement, qu'à côté, elle va boxer pour se défouler les nerfs, sinon il y a bien longtemps qu'elle se serait retrouvée sous son lit à broyer du noir, à pleurer des larmes de gélatines. Le bonheur de son neveu est primordial pour la brune. Elle a bien abandonné son ancienne vie lorsque celui-ci lui a avoué vouloir retourner sur Brisbane et si ce même petit s'entend bien avec son colocataire étrange et se plaît bien dans ce ménage, que demande le peuple ? Probablement que le linge sale trouve sa place dans la corbeille dans la salle de bain, que durant les jours de congés de Cadburry, le sol ne se transforme pas en purée de pois-chiche ou que des poils à gratter arrêtent de trouver leur chemin dans son bac à chaussettes ou autre. Nea n'a pu s'empêcher de répondre avec un sourire crispé à la triste remarque de Timothy. Ana a toujours été la bien vue de ses parents, la docile, celle qui a tout réussi ; vie de famille, mariée à un bon parti... Et malheureusement, celle qui est partie bien trop tôt. Alors ils se sont retrouvés avec une seule fille, une Nea en détresse, décidant de tout plaquer pour aller à Brisbane, lâchant son fiancé, l'idée du mariage et d'avoir une vie stable, condamnant le petit et elle, à soi-disant vivre une lubie passagère d'un pré-adolescent en deuil et de sa tante, folle. Charmants.« Tu manques pas grand chose. Des fois c'est à se demander où est-ce qu'ils sont allés chercher ce genre d'idées... Mais oui, c'est assez irréaliste parfois car ma vie ne ressemble pas à ça non plus et je dois certainement passer plus de temps à faire la lessive que de passer mon temps au téléphone, accrochée à Chad, ou Brad ou je sais pas quel autre prénom... » Timothy, l'altruiste. Timothy, le bon samaritain. Timothy qui serait prêt à sacrifier son bonheur pour que les autres y aient accès. « Hey. Si tu me dis que ton bonheur compte moins que les autres, je t'en colle une, d'accord ? Tu vaux pas moins qu'un autre, c'est clair ? » Peut-être qu'Ana l'avait déjà prévenu sur ce sujet. Sur le fait que Nea est parfois un peu brutale. Sourcils froncés, index relevé, voilà qu'elle le menace gentiment. « Ton bonheur compte tout autant que celui d'un autre. Et à force de te repérer ça au point de t'en convaincre, tu finis par blesser les personnes qui te sont proches et sans t'en rendre compte parfois. » Car oui, c'est toujours douloureux de voir une si belle âme convaincue qu'elle ne sera jamais assez bien pour prétendre au bonheur, à toutes ces petites choses que la vie a à lui offrir. Nea aussi, souhaite le bonheur à tout le monde quitte à parfois dénigrer le sien mais entendre une personne comme Timothy dire cela, son cœur ne le supporte pas. « Je sais pas... Je sais pas s'il existe LA bonne personne créée de A à Z pour convenir parfaitement... Je pense plutôt que tu rencontres une personne proche de ce que tu recherches et qu'ensemble vous créez votre propre perfection chez l'autre... Enfin, je sais, c'est pas très clair... Mais je crois pas qu'il y ait un guide précis pour ça, malheureusement ! » La brune regarde le jeune homme expliquer son passé amoureux avec une certaine tristesse... Ne pas attendre, ne pas se voiler la face comme elle a tendance à le faire depuis un petit moment déjà... Dans une profonde inspiration, puis un sourire elle opine du chef laissant ses pensées dériver sur ce sujet : Peut-être existe-t-il plusieurs bonnes personnes que l'on rencontre tout au long de sa vie ? Et qu'en dépit des aléas, si on manque sa chance avec l'une d'elle, quelques années après, une nouvelle chance avec une nouvelle personne ? Elle ne sait pas. Elle n'a jamais été une grande romantique, convaincue que l'amour avec un grand A doit passer par la case du petit a dans un premier temps, et que l'amour en général, ça fait peur ; ça fait mal. Et elle n'a jamais cru qu'un jour, elle serait là, à donner des conseils à ce sujet sachant que pour elle, sa vie sentimentale a été une débâcle désastreuse et que son père a même été prêt à écrire un livre à ce sujet. « Pfiou, la seule liste que je pourrais te proposer là, c'est mon top 10 des jeux auxquels tu dois jouer ou une liste d'exercice si tu as mal aux épaules, jambes... tout ça... Alors, ça me va bien ! Oui voilà, on se moquera de l'autre gentiment. Mais je suis sûre que je t’appellerai si j'ai besoin de conseil avec Elwyn. Hum...Theo. Elwyn et Theo... » gênée par ses propos, elle finit par lui saisir la main, signant ainsi leur accord. Peut-être ferait-elle mieux de suivre les précieux conseils précédemment donnés et de sauter à pieds joints, dans le plat avec monsieur le colocataire. Vraiment. « M'enfin, si tu veux rire de moi et de mes déboires, ça me dérangera pas. Après tout, il vaut mieux en rire qu'en pleurer ! » signe-t-elle d'un franc sourire, parce qu'elle est souvent prête à rire de beaucoup de chose, mais surtout d'elle même. Alors ils pourront en rire ensemble, sans se juger, essayant de se conseiller, malgré tout.