Cette semaine de Yoga à Bali arrivait à point nommé. Après ma crise de panique 20 minutes avant d'entrer en scène qui a, à nouveau, remis tous mes acquit en questions, j'ai eu un appel de Robin qui me proposait de partir de Brisbane pour une dizaine de jours, allez en Indonésie dans un centre de retraite. Au programme : yoga, méditation, bonne cuisine végétalienne et un recentrage et réencrage dans la vie. Malgré les quelques illuminés qui m'ont donné l'impression d'entrer dans une secte, j'ai passé 10 jours formidables. Loin de tout, dans un centre perdu au milieu de la jungle, partageant mon quotidien avec autant d'être vivant à deux jambes, qu'à quatre ou rampant. Et en débarquant à nouveau en Australie, j'avoue que je me sens sincèrement bien. Plus détendu, j'ai le sentiment que je pourrais plus facilement gérer les crises de panique si elles arrivent à nouveau.

Une fois nos valises récupérée, Robin et moi allons rejoindre la navette qui nous emmène dans le centre ville. Là, après l'avoir remercier à nouveau chaleureusement, je retourne à l'appartement que je retrouve vide si ce n'est Moana qui est plus qu'heureuse de me revoir. Elle ne me lâche pas d'une semelle et reste près de moi lorsque je pose la valise sur mon lit dans le but de la vider.

Sauf que je me rend compte qu'il ne s'agit pas de mon bagage. Je m'en doutais en voyant les différentes chaussettes jetées sur le dessus, mais j'en suis réellement persuadé lorsque je tombe sur l'uniforme d'un soldat de la Royal Navy australienne. Eh merde ! Me passant une main sur le visage, essayant de ne pas trop paniquer -parce que bon, c'est pas tous les jours qu'on se retrouve avec l'uniforme d'un militaire sous les bras ...- je décide de fouiller un peu plus la valise et tombe finalement sur une adresse ainsi qu'un nom et un numéro de portable. Ni une ni deux je sors le mien et envoie un message à ce fameux Cian, priant pour que ce soit lui qui ait récupéré ma valise. Je m'empresse ensuite de tout plier et ranger comme il faut, avant que la réponse du marin n'arrive, me confirmant effectivement avoir récupérer ma valise et qu'il aurait réellement besoin de ses affaires le plus vite possible. Ni une ni deux, le rendez-vous est fixé à cette après midi, 16h et non demain. Refermant la valise, je remet mes chaussures, récupère ma veste en jeans et ressors de l'appartement, au grand damn de ma chienne qui ne comprend pas pourquoi je repars déjà.

Pile à l'heure, j'arrive devant le starbucks, comme prévu et check mon portable pour voir si Cian m'a à nouveau envoyer un message. N'en voyant aucun, je décide tout de même de garder mon portable proche de moi, au cas où.


@Cían Atwood

Meeting by mistake

Clément & Cian

Vêtu de mon jogging le plus confortable et d’un tee-shirt blanc avec trop de trou pour paraître neuf, je me laisse tomber sur le banc fasse au tapis qui amène les bagages à l’aéroport. Le vol à été long et je suis claqué. Je passe une main sur mon visage tentant de chasser la fatigue. Ma musique, poussée au volume maximum dans les oreilles, me permet de ne pas somnoler. Ce voyage à Bali n’était pas du tout prévu au programme, mais lorsque le Commodore m’a demandé de me rendre sur place pour régler quelques soucis en cours sur un de nos bateaux situé le long de côtes indonésiennes, je n’ai pas pu refuser. Je ne suis pas le meilleur des locuteurs lorsqu’il s’agit de régler des conflits entre recrues et gérer les ressources humaines, mais Williams sait que je ne lui refuse jamais rien. Puis, entre nous, il adore que j’utilise l’exemple de notre amitié avec Thomas pour faire comprendre aux recrues que même deux ennemis peuvent finir par s’entendre et s’entraider au travail. Si on m’avait dit que je serais celui qui remettrait les jeunes un peu rebelles en place il y a de cela quelques années, je crois que j’aurais éclaté de rire. Aujourd’hui, j’aime véritablement ce que je fais et je me donne à fond dans mon travail. Tellement que je fais même des cours voyages pour aller parler paperasse. Maintenant, je ne rêve que d’une chose, rentré chez moi et dormir un peu. Ce soir, je dois être sur la base pour une soirée en compagnie d’autre gradés et de quelques personnes du gouvernement. Quelque chose de bien barbant, mais encore une fois, ma présence est requise. Heureusement, Thomas sera là et je pourrais très probablement me faire excuser plus tôt étant donné que je viens tout juste de revenir en ville. Alors que j’écrase un nouveau bâillement, j’aperçois ma valise du coin de l’œil et la récupère rapidement ravi de pouvoir rentrer chez moi.

C’est seulement en arrivant dans mon appartement et en ouvrant la fameuse valise que je me rends compte quelque chose ne colle pas. Je n’ai jamais eu une valise aussi bien organisé et surtout contenant ce genre de vêtements. Des trucs amples, des tee-shirts à l’effigie d’une salle de yoga. Fait chier, ce n'est pas ma valise ! Un long soupire s’échappe d’entre mes lèvres alors que je fouille un peu plus le contenu du sac. J’ai besoin de récupérer mon bagage qui contient mon uniforme ! J’en ai besoin ce soir. Bordel, mais quel con. Je referme rapidement la valise et me rends compte qu’elle est littéralement identique à la mienne. Shit. Alors que je cherchais à nouveau un moyen de contacter la personne a qui appartient le bagage, mon téléphone se met à sonner, indiquant un nouveau message. Visiblement, la personne ayant récupéré mon sac a été plus rapide que moi. Thank God, au moins mon uniforme ne c’est pas perdu entre Bali et Brisbane. Je réponds rapidement en demandant à ce que le rendez-vous soit avancé à aujourd’hui 16h. Je n’ai pas d’autres uniformes sous la main et si je débarque en jogging ce soir, je crois que je signe mon arrêt de mort. Heureusement, ce fameux Clément accepte de venir cet après-midi. Je décide de passer sous la douche rapidement et enfiler un tee-shirt un peu moins pourri avant d’embarquer mon portefeuille et la valise, direction le Starbucks du coin.

Arriver sur place, je regarde un peu autour de moi et remarque un jeune homme planter devant le café, juste un peu à l’écart, une valise au pied. Je m’approche de lui en souriant. « Clément ? » C’est la seule information que j’ai trouvée sur lui dans la valise. Et encore… C’était simplement écrit dans le coin d’un livre, pas sûr que ce soit son prénom. De toute manière, il n’y a pas beaucoup de personne avec une valise identique à la mienne ici. « Merci d’être venu, j’avais vraiment besoin de mes affaires pour ce soir. » lui dis-je en souriant un peu. Espérons qu’il ne m'est pas piqué mon uniforme pour assouvir un fantasme étrange.          

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

:

Tandis que j'attends, je me surprend à imaginer à quoi pourrait bien ressembler ce Cian. Déjà le nom fait très Irlandais. Instantanément, dans mon esprit, germe l'image d'un grand gaillard de 1m90, roux, barbe parfaitement taillée. Je le vois bien avoir des origines Australienne -logique s'il fait parti de la Royal Navy- mais je suppose que son accent reste très irish. Il aura dans les 50 ans, sportif et bien musclé, parfaitement bien en forme. Je l'imagine bien venir en t-shirt moulant pour montrer ses muscles, avec des épaules larges et un corps parfaitement bien proportionnés, un regard stricte et un ton autoritaire lorsqu'il s'adressera à moi.

Quelle n'est donc pas ma surprise lorsque c'est le total contraire qui s'avance vers moi. Le Cian qui se trouve devant moi n'est pas plus grand que moi, n'a pas les épaules larges, est bien proportionné mais ne ressemble pas une bête de musculation. Il n'est pas roux mais plutôt blond. Les seules choses sur lesquelles je ne me suis pas trompé sont sa barbe qui est bien taillée -quoiqu'un peu plus fourni que ce que j'imaginais- et le fait qu'il débarque en t-shirt. Mais c'est tout.

 « Je ...hum...ouais. Ouais c'est moi» dis-je, essayant de cacher ma surprise, avant de sourire  « C'est normal » dis-je en lui tendant sa valise  « je suppose qu'on ne vous autorise pas des vêtements de yoga à la base, hein » rayais-je en haussant les épaules  « Tout est dedans, je n'ai rien sorti et je n'ai touché à rien» j'hausse les épaules  «Enfin si un peu, mais juste histoire de trouver l'étiquette avec ton nom et ton numéro de téléphone » je me passe une main dans les cheveux et attrape la hanse de ma valise  « Et ...hum, du coup … Navy, c'est ça ?» demandais-je, histoire d'engager la conversation. On verra bien s'il accepte de discuter un peu ou s'il préfère partir.

Meeting by mistake

Clément & Cian

C’était bien ma veine ça. Fatigué comme je l’étais à l’aéroport, je n’ai même pas fait attention à la valise que je prenais. Pourtant, la mienne possède une petite porte étiquette à l’effigie de la Navy. J’aurais dû faire attention. Heureusement, je ne transportais aucun document sur nos missions ou quoi. Ça m’apprendra à prendre l’avion sans avoir réellement dormi. Une petite panique s’empare de moi parce que j’ai tout de même mon uniforme dans mon bagage et que j’en ai besoin dès ce soir. Je peux oublier la sieste que je m’étais prévue. J’étais en train de fouiller la valise que j’avais récupéré par maladresse lorsqu’un message m’interrompt. Dieu merci, la personne qui a pris mon bagage à retrouver mon numéro et vient de me contacter. Je me suis fait violence pour ranger sa valise comme je l’avais trouvé avant de me préparer pour aller au rendez-vous. Au moins, il m’a donné rendez-vous dans un café. A défaut de faire la sieste, je pourrais me mettre un litre de café en intraveineuse.

Une fois arriver sur le lieu du rendez-vous, je cherche le fameux Clément du regard. Je m’attendais à un petit jeune à tendance un peu hipster et je ne m’étais pas trop trompé. Je lui souris en lui tendant la main. « Merci vraiment ! » Il me sauve un peu la vie. Si mon bagage était resté à l’aéroport je suis certains que j’aurais mis des plombes à le récupérer. Au moins, ici, la transaction est bien plus rapide. Le jeune homme blague un peu sur le contenu de son bagage et je ris à mon tour. « J’aimerais pouvoir porter des trucs aussi légers, mais pour moi, c’est plus l’uniforme bien serré qui est de rigueur. » Je déteste l’uniforme de l’armée. C’est bien pour cela que j’arrive souvent en jogging noir lorsque je dois entraîner mes recrues. Cela ne plaît jamais réellement au Commodore, mais avec les années, il a appris à me supporter et il sait parfaitement que je travaille toujours avec sérieux.

« Je t’avoue que j’ai un peu fouillé aussi, mais tu as été bien plus rapide que moi. » dis-je tout en déposant sa valise à ses pieds. « J’ai essayé de tout remettre correctement, promis. » Il a vu l’intérieur de ma valise, donc il a bien dû voir que malgré mon statut de militaire, l’ordre c’est pas trop mon truc. Mes collègues disent toujours que je suis un véritable paradoxe ambulant. Je suis militaire depuis vingt ans et pourtant la discipline ne, c’est jamais invité dans ma vie privée. C’est véritablement quelque chose que je garde pour le domaine du travail. « Oui, Amiral dans la Navy. » dis-je un peu nonchalamment, pas besoin d’en faire des caisses. « Et toi alors, prof de yoga à Bali ? Ça doit être cool ça. » Il doit mener la belle vie. J’allais parler à nouveau lorsqu’une jeune femme avec une poussette passe à côté de nous et je m’empresse de lui tenir la porte pour qu’elle puisse entrer dans le café sans difficulté. Je garde la porte ouverte et regarde Clément. « Un café ça te dit ? Pour te remercier de m’avoir évité probablement le millième blâme de ma carrière ce soir. »          

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

:

A défaut d'avoir le grand Irlandais roux, j'aurais au moins l'accent Irlandais que j'aime tant. Et pis bon, j'ai bien vite fait de mettre ma surprise de côté, Cian étant quelqu'un de pas mal beau gosse malgré tout. En plus d'avoir un sourire aussi charmant que son accent, il a un regard assez phénoménal et je viens à me demander si c'est normal pour les irlandais d'avoir des yeux aussi clair. Mais du coup je me rappelle des yeux vert d'Ambroise et de ses origines écossaises. Je suppose donc que c'est plus ou moins la norme d'Europe du nord.

Enfin, nous ne sommes pas là pour parler des yeux ni de ce qui est normal ou pas normal, non. Si je me retrouve devant le Starbucks c'est pour que Cian récupère sa valise dans laquelle se trouve son uniforme. Et vu son dernier sms, je pense que c'est quelque chose d'urgent. J'ai dans l'idée de faire la transaction vite fait bien fait et échanger quelques banalités. Nous rigolons un peu ensemble lorsqu'il m'avoue qu'il préférerait 100 000 fois pouvoir porter des vêtements ample que son uniforme serrer et j'incline légèrement la tête sur le côté. Pourtant c'est grave classe comme habit ! Cian, n'a-t-il donc pas cette fierté de l'uniforme ? J'hausse doucement les épaules  « J'espère quand même que vous avez un autre uniforme plus léger pour l'été ?» l'interrogeais-je  «Parce que ouais, c'est peut-être classe mais pas ce qu'il y a de plus confortable je suppose » et quand t'es pas à l'aise dans des habits, c'est vraiment chiant.

Cette discussion sur l'uniforme ayant piqué ma curiosité, je lui demande, rhétorique, s'il fait parti de la Navy. Et c'est avec surprise et un sincère respect que j'apprends me tenir face à un amiral.  « amiral ...» reprenais-je  «c'est haut gradé ça, non ? » demandais-je avec un sincère intérêt.

Le militaire fini par me retourner la question, suggérant que, étant donné le contenu de ma valise, je dois être prof de yoga à Bali. Pouffant de rire, je secoue la tête  «Nop, not at all » dis-je en jouant avec la hanse de ma valise  «Je suis danseur et comédien pour la Northlight Theater company » j'hausse les épaule  « Enfin, je l'étais. Je suis en pause actuellement »

C'est tout ce que je décide de dire tandis que Cian tient la porte ouverte pour une jeune femme avec une poussette avant de me demandé s'il peut m'offrir un café pour me remercier de lui éviter le millième blâme de sa carrière. J'hésite un instant, pose mon regard sur ma valise puis à l'intérieur et fini par hocher les épaules  « Avec plaisir oui» souriais-je en tirant ma valise derrière moi pour entrer. Quelques instants plus tard, je rejoins un des tables de libre avec un espresso et un rouleau à la cannelle  « Tu faisais quoi à Bali ?» demandais-je, histoire de réengager la conversation qui a été coupé pour que nous puissions commander tranquillement.

Meeting by mistake

Clément & Cian

Je crois que je n’avais jamais imaginé autant flipper d’avoir perdu mon uniforme. Je me plains face à Clément, mais en réalité, je l’adore cet uniforme. Il est très loin d’être confortable et il est vrai qu’une fois passer plusieurs jours dedans, j’ai très envie de le ranger au placard pour quelques jours. Mais je suis fier de pouvoir porter un tel uniforme. C’est le symbole de notre réussite dans le fond. Notamment le placard qu’on a sur la poitrine. C’est sans doute cela le plus important pour moi. Ces médailles qui représentent le fruit de notre labeur et qui nous remémorent les différentes missions que l’on a pu effectuer. J’en suis fier, mais je crois que j’aime me plaindre un peu trop pour faire passer la fierté en premier. La question de Clément me fait sourire. « On a le droit aux manches courtes l’été, c’est tout. » dis-je en riant un peu. « Mais bon, je vais pas cacher qu’on en est fier de notre uniforme. » ajoutais-je pour la forme malgré tout. Visiblement, la trouvaille de mon uniforme a quelque peu piqué la curiosité du jeune homme et c’est avec plaisir que je réponds à ses questions. J’aime parler de ma profession. Je sais que parfois, c’est quelque chose qui ne plaît pas forcément aux gens. Certains on l’impression qu’en tant que militaire nous sommes les petits chiens de garde du gouvernement. Certes, nous nous levons tous les matins pour protéger notre pays, mais personne ne nous oblige à quoique ce soit en termes de politique. Encore heureux ! « C’est un grade assez élevé, oui. » dis-je tout en hochant la tête. Je sais que lorsque je suis en civil, je ne renvoie pas vraiment l’image sévère et rigide du militaire. Je garde cela pour le boulot.

Rapidement, j’apprends que le jeune homme est en fait un véritable artiste et qu’il est en réalité de Brisbane. Dommage, je trouvais l’image du professeur de yoga à Bali plutôt exotique. C’est drôle la vie que l’on imagine aux inconnus en partant de simples petits détails. Il y a de cela quelques années, encore, j’adorais me poser à la terrasse d’un café et imaginer une vie aux gens de passage. Je faisais très souvent cela en compagnie de Charlie. Il faudrait que l’on reprenne cette habitude. « Oh, c’est sympa aussi » répondis-je au jeune homme en souriant. « J’y connais pas grand-chose en spectacle, mais ça doit être cool ! » Faut bien se montrer poli tout de même.

Alors que je tiens la porte à une jeune femme, je propose à Clément de lui offrir un café. J’en ai réellement besoin alors autant lui en faire profiter. Je suis d’humeur à partager aujourd’hui. Il accepte et nous allons au comptoir pour passer notre commande. Ayant réellement besoin d’un coup de fouet, je me prends la plus grande taille de tasse. Ça ne fera pas de mal. Voyant Clément se prendre un gâteau, j’en fais de même. Un peu de sucre ce n'est pas si mal aussi, non ? On fini par se prendre une table et pour ne pas encore partir avec la mauvaise valise, je positionne la mienne à l’opposer de celle de Clément. « J’aurais aimé te répondre pour des vacances, mais c’était pour le boulot. » dis-je tout en prenant une gorgée de mon café. « Des soucis avec des recrues sur un de nos bateaux. Fin rien de bien fou quoi. » Rien de bien passionnant non plus, mais il fallait bien le faire. « Et toi ? Retraite de yoga, je suppose. » dis-je en souriant un peu. « C’est bien ce genre de truc ? »           

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

:

Je crois que si on avait définitivement perdu nos valises ça aurait été bien moins grave pour moi que pour Cian qui se serait retrouver sans uniforme. J'avoue que je n'ai aucune idée en terme de 'politique d'uniforme' dans la Navy, s'ils en ont plusieurs ou non. Tout ce que je sais c'est que Cian en a réellement besoin pour ce soir et que, même s'il peut peut-être se faire remplacer son habit perdu, ça ne se fera sans doute pas en si peu de temps. Ainsi donc, j'accepte sans problème de le voir un peu plus tard cet après midi.

Après que nous ayons récupérer notre bagages respectifs, je commence à échanger quelques questions de curiosités avec le militaire. J'apprends ainsi que, fort heureusement, ils ont le droit aux manches courtes en été et qu'en vrai il est quand même bien fier de son uniforme.  « Je me disais déjà que t'avais pas l'air très enchanté de devoir porter un uniforme» dis-je en souriant, amusé  « Enfin, heureusement que c'est moi qui ai récupéré ta valise du coup ! Et non quelqu'un qui était qu'en transit à Brisbane !» dis-je en haussant doucement les épaules.

Lorsqu'il me demande ensuite si je suis prof de yoga à Bali, je ne peux m'empêcher de rigoler, amusé par l'idée. En vrai ça ne me déplairait pas, mais autant j'adore le yoga autant je ne me vois absolument pas être prof. Ainsi donc, je lui avoue que je ne suis qu'un simple comédien et danseur pour la northlight theater company, ce qui est accueillit par une surprise de la part de l'amiral qui me dit que c'est sympa aussi et qu'il trouve ça cool même s'il n'y connaît pas grand chose  « c'est très cool, oui» confirmais-je en hochant la tête  «pas facile tous les jours, mais j'adore ce que je fais » faisais, ne puis-je m'empêcher de préciser dans ma tête.

Lorsque Cian me propose de me payer un café, j'accepte avec plaisir et décide de prendre en plus un escargot à la cannelle avant que nous allions nous installer à une table. Là je lui demande pourquoi il est allé à Bali et j'apprends que c'était pour le boulot. Un problème avec des recrues sur un de leur bateau.  « Ah ouais, je vois ...» dis-je en hochant la tête  «Tu t'occupes des petits nouveaux du coup ? Genre... t'es celui qui est là, debout, avec son siffler, à hurler des ordres du style 'allez John, encore 50 pompes ! Et après t'iras faire 100 tractions et arrête de te plaindre sinon j'ajoute encore 80 sit up' ? » je m'amuse à imaginer Cian avec un sourire fier et sadique sur le visage, heureux de redonner x100 ce par quoi il a dû passer plus jeune.

 « Ouais, retraite de Yoga» confirmais-je sa question  «C'est la première fois que je fais ça et ça fait vraiment beaucoup, beaucoup de bien» dis-je  «En fait, j'avais réellement besoin d'une dizaine de jours loin de la ville et perdu au milieu de la jungle indonésienne » expliquais-je en déballant distraitement la pâtisserie  «Je suis sujet aux crises d'angoisses la dernière date d'il y a 15 ans et était assez violente. Du coup j'ai tout lâcher ici et avec une amie on est parti 10 jours à Bali » expliquais-je  «au programme : yoga, méditation, bonne bouffe et introspection » j'hausse les épaules en arrachant un bout du rouleau de cannelle  «ça peu paraître con, mais je sens déjà maintenant que ça m'a beaucoup aidé » je mord dans le bout de pâtisserie, me demandant quelques secondes pourquoi je parle autant de ma vie.

Meeting by mistake

Clément & Cian

Je ne préfère pas imaginer ce que le Commodore Williams aurait pu me dire si je me pointais sans uniforme à la soirée de ce soir. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs depuis plusieurs années et aller savoir pourquoi il ne m’a jamais mis à la porte. Pourtant, je suis persuadé qu’un autre m’aurait fait comprendre que l’armée ce n’était pas pour moi et que je ferais mieux de me trouver une autre vocation. Des uniformes nous en avons plusieurs, mais bien entendu les miens sont tous parti au pressing avant mon voyage et je ne peux pas les récupérer avant ce soir. Bien entendu. Perdre ma valise, c’était voir se profiler l’énième blâme de ma carrière. Je suis content que ce soit Clément qu’il l’est récupérer et surtout qu’il est accepté de me voir aussi rapidement. « Ouais, vraiment, j’ai eu de la chance. » lui dis-je en souriant.

Le jeune homme m’apprend alors qu’il travaille pour une compagnie théâtrale en ville et je trouve cela plutôt intéressant. Complètement à l’opposer de ce que je fais de mes journées, mais au vu du contenu de sa valise, cela ne m’étonne pas réellement. C’est un artistique. Ce que je n’ai jamais été, je sais à peine dessiner, ne parlons pas de danser et je chante comme un pied ma nièce, c’est toujours fait un plaisir de me le rappeler. « Tant que tu aimes ce que tu fais, c’est l’essentiel. » Mode tonton activé. Je crois que c’est réellement plus fort que moi dès que je me retrouve près de jeunes qui ont l’âge de Charlie. Je ne suis pas papa, alors je fais passer mon côté protecteur autrement. J’espère juste que je vais pas lui faire peur ou passer pour un vieux jeu. Pour faire passer le truc, je propose d’offrir un café à Clément qui accepte avec plaisir. Je vais enfin pouvoir me prendre ma dose de caféine pour me réveiller un peu.

Un rire s’échappe d’entre mes lèvres et je manque de m’étouffer avec ma gorgée de café lorsque Clément fait une description sommaire de mon métier. C’est vrai qu’il ne se trompe pas vraiment. Depuis que j’ai ralenti le rythme sur les missions, je passe pas mal de temps avec les nouvelles recrues. Je dois avouer que parfois, on prend réellement un malin plaisir à les faire souffrir. Après tout, on est passé par là avant eux et Williams était bien plus violent avec nous, j’en suis persuadé et je suis bien plus cool que Thomas. « Tu veux me faire 100 pompes ? » Je ne peux m’empêcher de rire à nouveau. « Bon, clairement, c'est pas Full Metal Jacket, mais on n’en est pas loin ouais. » J’espère qu’il va comprendre ma référence sinon je vais passer pour un idiot. « Puis ça les décrasse un peu, ça leur fait pas de mal. » Non, je ne me cherche pas des excuses, mais si je pouvais éviter de passer pour un sadique tout de même.

Au détour de la conversation, Clément finis par m’expliquer ce qu’il faisait à Bali. Je comprends qu’il a eu besoin d’échapper à sa vie quotidienne à Brisbane et que Bali lui a offert cette escapade. « La dernière fois que je me suis retrouvé dans la jungle, c’était pour une mission commando. » dis-je en levant les yeux au ciel. « Pas vraiment détente. » Je dois pas avoir la même vision de la jungle que lui, clairement. Finalement, Clément m’apprend qu’il est sujet à des crises d’angoisse et que c’est pour cela qu’il avait ressenti le besoin de partir dans cette retraite de yoga pour quelques jours. Sans vouloir être indiscret, je ne peux m’empêcher de le questionner. « Ça fait longtemps que tu fais des crises d’angoisse ? » J’avais connu cela après le décès de Leah et depuis ma séparation avec Niamh, j’en ai eu quelques-unes également. Pas le genre de chose avec lequel on aime vivre, mais ce n’est pas comme si on avait le choix. « Enfin, excuse-moi, c’est un peu indiscret, mais j’ai connu ça aussi. Enfin, bref… » Je ne veux pas le gêner, on ne se connaît même pas et voilà que je lui pose des questions sur sa vie privée. « Mais si ça t’a fait du bien, c’est l’essentiel après tout ! »            

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

:

Qui aurait pensé qu'à mon retour en Australie je ferais une telle rencontre ? Jamais, de toute ma vie, je n'aurais imaginé me retrouver au starbucks, autour d'un café, à discuter avec un amiral de la royal navy ! Pour moi, ce sont des sur-hommes, le genre d'humain intouchable, qui, bien que servant et protégeant le peuple, ne se mélangeraient jamais avec eux. Et pourtant, au fil de la discussion, je me rend compte qu'en vrai, ce Cian ne correspond absolument pas à l'idée que je me fais d'un militaire. Peut-être est-ce l'effet 'civil' ? Ou peut-être est-ce simplement le fait qu'il est un gars cool en général ? Dans tous les cas, je le trouve très humain et très abordable. Nous parlons un peu de son uniforme et de ce qu'il représente pour lui, avant que je ne lui avoue que je suis comédien et danseur. Ou plutôt que je l'ai été. Je ne précise rien de plus et sourit simplement en hochant la tête  «J'adore ce que je fais » confirmais-je. C'est tout. Je n'ajoute rien de plus.

Par la suite, je lui pose quelques questions sur son métier et émet quelques hypothèses sur ce qu'il doit faire. C'est avec amusement qu'il me demande si je veux faire les 100 pompes -ce à quoi je répond avec une grimace en secouant la tête- avant qu'il ne précise qu'ils ne sont pas loin d'un remake de Fullmetal jacket mais de que toute manière ces exercices sont juste là pour décrasser les petits nouveaux et que ça ne leur fait vraiment de mal.  « Je vois que ça ne rigole pas ...» m'amusais-je  « C'est quoi ton pire souvenir de tes classes ? Et ton meilleur ?» demandais-je, espérant ne pas franchir une limite.

Au final, nous changeons à nouveau de sujet, qui, malheureusement, tourne assez rapidement au vinaigre. Lorsqu'il me demande ce que je faisais à Bali et que je lui parle de la retraite de Yoga, je ne peux m'empêcher de préciser le fait que je sois sujet aux crises d'angoisses, pensant naïvement que le détail de cette information passerait à la trappe. Et au début, c'est la cas. Cian m'informe que la dernière qu'il était dans la jungle indonésienne c'était pour une opération commando.  « Ah ouais, effectivement. Y a une légère différence entre une retraite dans un centre de yoga et méditation et une mission de survie militaire» grimaçais-je avec une certaine ironie avant de soupirer, baissant le regard sur la moitié du rouleau à la cannelle et me passe une main dans la nuque  « ça doit faire … un an, un an et demi» avouais-je doucement  « Je veux dire, j'en faisais pas mal l'année dernière pour des raisons aussi diverses que varié voire sans raisons carrément» j'hausse les épaules  «ça s'est calmé un peu, j'en ai plus fait pendant 3-4 mois et pis il y a 15 jours … BAM, vingt minutes avant d'entrer en scène » je soupire  « Autant dire que le metteur en scène a dû bidouiller un truc en vitesse et à la dernière minute parce que c'était impossible pur moi de prendre mon rôle» et c'est Joshua qui a hérité de ma partie. Joshua, cette crevure, ce morveux que j'ai envie d'écraser et d'éclater entre mes doigts.  « Enfin bref, voilà, le yoga et la méditation, ça m'aide énormément» concluais-je mes paroles en chassant mes pensées négatives.

Meeting by mistake

Clément & Cian

Il est rare que je prenne le temps de discuter avec des inconnus. Habituellement, je suis complètement enfermé dans ma routine. Je passe au Death Before Decaf le matin pour me prendre ma dose de caféine et je pars directement pour la base. Pas vraiment le temps de faire des rencontres. Alors, pour une fois, je prends le temps d’avoir une conversation avec celui qui a récupéré ma valise. On en vient même à plaisanter sur ma profession. Je sais que l’armée est quelque chose qui attire les gens. Dès que j’évoque le fait que sois dans la Navy, je peux être sûr que la personne en face de moi va me poser quelques questions. Il y a tout un tas de mystère autour de l’armée et les gens se font très souvent beaucoup d’idées alors que notre profession n’est pas aussi mystérieuse que cela. Oui, je ne peux pas parler de tout ce que je fais au quotidien, mais dernièrement, je suis en charge des recrues et ça je me fais toujours une joie d’en discuter. Je demande d’ailleurs à Clément s’il n’a pas envie de me faire quelques pompes et je suis presque déçu de ne pas le voir tomber au sol pour s’exécuter. Je crois que j’ai un peu trop pris l’habitude que les jeunes m’obéissent au doigt et à l’œil. L’espace d’un instant, je réfléchis à la question que viens de me pauser le jeune homme. « Oh, le pire c’est pas compliqué… J’étais dans l’armée que depuis quelques mois et on a eu un stage avec la police. Cet abruti de Thomas m’a vidé la moitié d’une bouteille de pepper spray sur la gueule. J’ai vu flou pour le reste de la journée. » Je ne peux m’empêcher de rire en pensant à cela. On va passer sous silence le fait que je l’avais taser un peu plus tôt dans la journée. Personne n’a besoin de savoir ce genre de petit détail. « Et le meilleur… Je pense que c’est une des missions que j’ai pu faire en Irlande. Ça faisait du bien d’être de retour à la maison. » Quand j’y pense, cela fait désormais plusieurs années que je n’ai pas remis les pieds dans mon pays natal. Il serait peut-être temps que je m’accorde des vacances et que je parte à Galway quelque temps.     

La conversation finis par se détourner sur le fait que Clément était parti à Bali pour faire une retraite de yoga afin de l’aider dans la gestion de ses crises d’angoisse. J’ai été sujet à ce genre de chose lorsque j’étais plus jeune et c’est quelque chose qui ne m’a jamais quitté. Je comprends qu’il est eu envie de s’échapper dans un autre pays pour tenter de calmer tout cela. « Je crois qu’on ne comprend jamais réellement les raisons de ce genre de crise. » dis-je en haussant un peu les épaules. Le jeune homme m’explique qu’il a eu une crise assez forte, il y a de cela quelques semaines qui l’a complètement paralysé et l’a empêché de monter sur scène. Je n’ose pas imaginer à quel point, il a dû se sentir mal et culpabilisé également. Je ne vais tout de même pas me mêler de sa vie privée, mais je comprends un peu tout cela. « Si ça t’a fait du bien, c’est l’essentiel. » dis-je en souriant un peu. Je ne suis pas très doué pour tenir ce genre de conversation. C’est toujours délicat surtout lorsque l’on ne connaît absolument pas la personne en face. Je bois une gorgée de mon café et passe une main dans ma barbe un peu trop longue que je vais probablement devoir raser avant la soirée de ce soir. « Je me suis mis à la boxe pour gérer mes angoisses, c’est un peu plus violent que le yoga. » dis-je pour détendre un peu l’atmosphère. « Je crois qu’on est en total opposé tous les deux. »         

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

:

Fort heureusement, Cian ne semble pas se formaliser de mes questions. Bien qu'il doive avoir l'habitude que son métier attise la curiosité chez les uns et les autres, c'est avec un certain entrain qu'il me répond. J'apprends ainsi que son pire souvenir c'est le stage à la police où un certain Thomas lui aurait vidé la moitié d'une bouteille de pepper spray dans la gueule et que, du coup, il voyait flou pendant plusieurs heures encore. Je tique tellement fort sur le prénom de son collègue que je n'écoute pas forcément ses plus beaux souvenirs et observe Cian.

 « Thomas ...» dis-je doucement  « Comme dans Thomas Beauregard … ?» demandais-je avant de sourire doucement  «Je le connais, c'est le mari de Myrddin, mon collègue de la compagnie » mon sourire se fait plus amusé, voire moqueur  «Il a sérieusement fait ça ? Pourtant il a l'air d'être du genre super droit dans ses bottes, à toujours tout faire parfaitement bien, sans bavure aucune ni rien ? » j'incline légèrement la tête sur le côté  «Enfin, c'est comme ça que je le voyais en tout cas. Au mariage par exemple, il donnait l'impression d'être cet homme stricte et autoritaire, pas mal fun malgré tout, cultivé et intelligent, mais qui, jamais ne ferait quoique ce soit de travers» m'étonnais-je, haussant les épaules avant d'arquer un sourcil  « oh … OH mais du coup c'est TOI ce fameux Cian qui a fait le diaporama de la honte ?» demandais-je, amusé. Il m'arrive encore maintenant de rigoler régulièrement en repensant à ces photos qui ont été montré aux yeux de tout le monde.

J'aurais bien aimé que la discussion reste aussi cool et légère, mais malheureusement le militaire me pose des questions concernant mon séjour à Bali et je ne peux m'empêcher de donner quelques précisions, parlant ainsi que de ma crise d'angoisse qui a été la raison pour laquelle j'ai quitté l'Australie pendant 10 jours. J'apprends, toutefois, ainsi que le soldat était, lui-même, sujet à ce genre de crises mais que lui à trouver la boxe pour se calmer.  « Ah ouais, effectivement » confirmais-je ses paroles lorsqu'il dit que nous sommes pas mal opposé  «Mais bon, si la boxe te convient, alors c'est l'essentiel » dis-je en prenant une gorgé de mon café

 « T'es Irlandais du coup, c'est ça ? » question rhétorique, en somme  «ça fait combien de temps que t'es en Australie ? Et pis ...pourquoi l'Australie ? C'est tellement différent de irlande ! » l'Europe est, pour moi, une destination tellement exotique en plus.

Meeting by mistake

Clément & Cian

Alors que l’on discute un peu de tout et de rien, Clément finis par me questionner un peu plus sur ma profession et me demande d’évoquer quelques souvenirs. Bien entendu, je suis obligé de parler de Thomas. On se connaît depuis le début de nos classes et on a fait toute notre carrière ensemble et pourtant, je le cite immédiatement comme l’un de mes pires souvenirs. Je crois que je me souviendrais toute ma vie de ce stage à la police. J’avais taser celui qui allait devenir mon meilleur ami et par vengeance, il m’avait vidé cette bouteille de spray aux poivres dans les yeux. On était véritablement deux idiots à l’époque. Alors que je ris tout seul à l’évocation de ce souvenir, je vois le visage de Clément se peindre de surprise. Merde, mais il connaît Thomas. Lorsqu’il évoque Myrddin et le fait qu’ils soient tous les deux dans la même compagnie, ça finis par faire tilt. « OH ! Mais c’est pour ça que le nom de ta compagnie me disait quelque chose. » Je ne suis pas vraiment le meilleur des amis avec Myrddin, mais comme Thomas ne sait pas se taire à propos de son mari, je sais où il travaille et ce qu’il fait régulièrement, je n’avais juste pas fait le rapprochement. Lorsque Clément dépeint Thomas comme un mec un peu coincé, un brin autoritaire et qui ne sait pas se lâcher, je ne peux m’empêcher de rire. « À l’époque, on avait 20 ans, on se détestait et ma passion était de le pousser à bout. » Je ris une nouvelle fois. « En fait, c’est toujours ma passion, mais entre-temps, il est devenu mon meilleur ami et on a pris 20 ans dans la gueule. » Gosh quand j’y pense cela fait vingt longues années que l’on se supporte avec Thomas. On devrait avoir une médaille supplémentaire rien que pour ça. « Mais je t’assure que quand on le connaît bien, il est pas si coincé que ça. » J’explose de rire lorsque Clément finis par se rendre compte que je suis le créateur de ce magnifique PowerPoint de la honte diffusé lors du mariage du repas de Thomas et Myrddin. « Ma plus grande fierté ce PowerPoint. » dis-je en levant les yeux au ciel. « Des heures et des heures de travail, j’espère que ça t’a plu. » Oui, j’étais vraiment fier de ma connerie et de la tête que Thomas a faite surtout.

La conversation se tourne vers quelque chose de beaucoup moins léger et Clément évoque ses crises d’angoisse. On se connaît à peine et je ne veux pas le mettre mal à l’aise alors je tente de détourner un peu son attention. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regard pas, mais c’est quelque chose qui a l’air de vraiment l’embêter. « Désolé, on se connaît à peine, je voulais pas te donner des conseils idiots ou quoi. » J’ai beau faire le dur à cuir et tout cela, je n’aime pas savoir quelqu’un mal. Je veux toujours pouvoir aider même si parfois, je ne peux simplement pas. Je suis comme cela. « Enfin… J’espère que ça ira mieux pour toi. » Je lui souris tendrement avant de reposer mon attention sur mon café, ne voulant pas le mettre mal à l’aise.

Finalement, Clément revient à la charge avec ses questions et cela me fait rire un peu. Il a l’air très curieux comme garçon, mais la conversation est vraiment simple avec lui et ça ne me dérange pas du tout de lui répondre. « Ouais Irlandais de naissance ! Je crois que ça s’entends encore un peu. » J’ai beau vivre ici depuis 24 ans, je n’ai jamais perdu mon accent. J’en suis fier et jamais je ne prendrais l’accent Australien, ce serait comme renier d’où je viens. « Mais je vis ici depuis 24 ans maintenant… » 24 ans que Leah est parti… Penser à ma petite sœur me tords le ventre. Cela fait si longtemps et pourtant elle me manque toujours autant. Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres tandis que je passe une main sur mon visage. « Je… Ma petite sœur est décédée subitement et… Enfin, mes parents ont voulu déménager. Ma mère est Australienne, ma grande sœur vivait déjà ici et voilà… » Je ne sais même pas pourquoi je lui raconte tout cela. Habituellement, je ne parle jamais de ma sœur, mais il faut croire que je fais confiance à Clément. « Si ça ne tenait qu’à moi, je ne serais jamais venu ici. C’est pas si horrible que cela, mais je… Je me suis jamais senti chez moi en Australie. » finis-je par ajouter avant de hausser les épaules. « Désolé, c’est pas joyeux tout ça. » dis-je dans un rire nerveux.         

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

:

J'apprends très rapidement qu'il ne faut jamais se fier à la première impression. Autant en ce qui concerne Cian -que j'imaginais réellement plus stricte et dégageant une certaine autorité et non comme cette personne cool et relax qui est devant moi- qu'en ce qui concerne Thomas qui est, en vrai, tout le contraire : j'ai du mal à l'imaginer différent que cet homme un peu coincé et perfectionniste au point d'avoir du mal à se relâcher et se détendre complètement. Toutefois, Cian me fait comprendre que Tom n'a pas toujours été comme ça, qu'à 20 ans ils se détestaient tous les deux -j'ai beaucoup de mal à me dire que le mari de Myrddin puisse détester quelqu'un ...- mais qu'il est devenu son meilleur ami entre temps. En évoquant le powerpoint de la honte, c'est un sourire fier qui se dessine sur les lèvres du soldat alors qu'il se lance des fleurs.  «J'ai a-do-ré » je ne peux m'empêcher de rigoler en repensant à toute ces photos  «Et la tête de Thomas n'avait pas de prix »

Malheureusement, le côté gentillet et léger de la discussion se fini assez brutalement lorsque j'ai la bonne idée d'évoquer la crise d'angoisse qui m'a décidé de quitter l'Australie pendant plusieurs jours. Savoir que je ne suis pas le seul qui est sujet à ce genre de crise me rassure quelque part. Ainsi, lorsque Cian s'excuse d'avoir donner des conseils idiots, je secoue la tête  « Il n'y a rien d'idiot dans le fait de dire comment tu gères toi-même les crises» dis-je avec une certaine sagesse dans la voix, essayant de lui faire comprendre que je ne lui en veux en rien.

Détournant la conversation, espérant en retrouver une à nouveau plus légère, je lui pose des questions sur l'Irlande. Toutefois, après m'avoir confirmer qu'il est irlandais de naissance -et dieu que ça s'entend, effectivement- j'apprends que ça fait 24 ans déjà qu'il habite en Australie et qu'ils ont déménagé suite au décès de sa sœur. Mes doigts se referment subitement sur gobelet -qui est, fort heureusement, vide- alors que Cian continu en disant que si ça ne tenait qu'à lui il ne serait jamais rester, qu'il ne s'est jamais réellement senti chez lui ici.  « Je vois qu'on est deux à avoir débarquer à Brisbane suite à un décès dans notre famille» dis-je d'une voix rauque avant de prendre une profonde inspiration  « La mort de mon grand frère en 2011 a fait explosé ma famille, mes parents ont divorcés et après des années à faire notre deuil, je suis arrivé ici avec ma mère il y a 4 ans» expliquais-je  « Donc je te comprend totalement pour ce qui est des histoires pas très joyeuses» j'hausse les épaules  « Enfin bref, voilà» je me passe une main sur le visage, me grattant un peu la joue et espère sincèrement que ça ne jettera pas un froid sur la conversation.

Meeting by mistake

Clément & Cian

Cela me fait réellement rire l’image que les gens se font de Thomas parfois. Il est vrai que lorsque on ne le connaît pas beaucoup, il peut vraiment paraître… Well coincé. En même temps, depuis qu’il est devenu papa, il se trimballe toujours avec un air hyper sérieux. Quand vous rajouter l’uniforme, il a juste l’air bien trop sérieux et inaccessible. Parfois, j’ai la sensation d’être le seul à réellement connaître Thomas. Enfin… Je pense que Myrddin le connais bien mieux que moi sur bien des points, mais tout de même au bout de 20 ans d’amitié il y a peu de chose qui m’échappe désormais. Je dois avouer que cela me plaît bien d’être celui avec qui Thomas n’hésite pas à se lâcher et surtout d’avoir connu ses meilleures frasques. Même si, en réalité, il les a très souvent faites avec moi ou plutôt à cause de moi. Pour Clément et pour beaucoup de gens Thomas est juste le militaire un peu trop rigide et cela me fera toujours rire. On ne connaît clairement pas le même personnage. « Je t’assure que quand il le veut, Thomas peut être vraiment drôle. » dis-je en riant un peu. « Et puis ça a fait rire tout le monde au moins. » Oui, je suis encore très fier de ma connerie et je crois que je vais encore en parler pendant des années.

Sans vraiment le vouloir, notre conversation glisse tout doucement vers des sujets bien plus sérieux. En effet, Clément me fait savoir la raison de son départ à Bali et je comprends que nous avons un petit point commun : les crises d’angoisse. Mon côté d’oncle protecteur ne peut s’empêcher de ressortir en entendant que c’est quelque chose qui semble réellement travailler le jeune homme. On ne va très probablement jamais se revoir et pourtant, je voudrais vraiment pouvoir l’aider. Je ne veux tout de même pas lui faire peur en étant un peu trop intrusif et je me retiens. Je préfère noyer mes paroles dans ma tasse de café.

Et sans que je ne le maîtrise vraiment, j’en viens à parler de Leah. Son décès est la raison qui nous a fait venir vivre en Australie. Si l’accident n’avait pas eu lieu, je suis persuadé que nous serions restés à Galway et qu’aujourd’hui ma vie serait bien différente. Je ne serais pas entré dans l’armée, je ne connaîtrais probablement pas ou très peu ma nièce, je ne serais pas constamment en colère contre le monde et je n’aurais jamais rencontré Niamh. Dans le fond, je ne sais même pas quoi en penser. J’aimerais juste que ma petite sœur soit là avec moi. Penser à elle me rend toujours un peu triste, mais lorsque j’entends les paroles de Clément, je comprends qu’il a lui aussi souffert de la perte d’un être cher. Lorsque je l’entends parler de deuil, je ne peux m’empêcher de grimacer. Cela a l’air si simple à dire pour lui alors que personnellement plus de 20 ans plus tard, je n’ai toujours pas la sensation d’avoir atteint ce stade. « Mes parents ont tout laisser derrière eux pour faire leur deuil aussi. Je suis pas vraiment sûr que cela est fonctionner dans le fond. » Je hausse les épaules et passe une main sur ma nuque un peu nerveusement. « Faut croire que l’Australie représente un nouveau départ pour nous deux. » Réussi ou non, ça, c’est à nous de le décider dans le fond. Pour me détendre un peu, je mords dans mon gâteau. Un peu de sucre ça ne fera pas de mal. Et puis je finis par penser à quelque chose, j’attrape une serviette et finis par notre mon numéro avant de la pousser vers Clément. « Si tu as besoin de discuter ou… D’aide pour gérer tes crises d’angoisse. » Voilà, fallait que je le fasse. Tonton Cici ne peut pas s’en empêcher parfois. Je ris un peu nerveusement et changement très subitement de sujet pour ne pas créer de malaise. « Mais tu viens d’où du coup ? » demandais-je d’un seul coup. Question venue de nulle part, mais je veux pas le mettre mal à l’aise non plus.           

When I'm old and getting tired, I'll get stoned, and I'll get high to try and remember what you're like. What I'd do for one more night, take me back, and let me cry, so you can hold me one more time. I know I'll never find, this love of mine

:

Dernière édition par Cían Atwood le Dim 23 Juin 2019 - 13:30, édité 1 fois

 « Je n'en doute pas» soufflais-je lorsque Cian m'assure que Thomas peut être un gars cool quand on le connaît.  « Je ne lui ai jamais réellement parlé en fait, j'ai échangé quelques mots par ci par là, mais ça reste une connaissance très basique» je souris doucement  «Toi tu es amiral, lui aussi si je ne me trompe pas, pas vrai ? » j'incline légèrement la tête sur le côté  « ça veut donc dire que vous avez fait vos classes ensemble et que ça fait plusieurs années que vous vous connaissez. T'as une autre vision du personnage» haussais-je les épaules. Et c'est normal, on ne peut pas connaître tout le monde parfaitement bien.

Cette rencontre aurait pu être géniale et tranquille, quelque chose d'agréable...si je n'avais pas évoqué mes crises d'angoisses. Très vite, en suivant la discussion, je remarque que Cian et moi avons pas mal de points communs...dont la, très malheureuse, perte d'un être cher à notre cœur. Lui a perdu sa sœur, ce pourquoi ses parents ont décidé d'emménagé ici, à Brisbane. De même que moi. J'hoche doucement la tête lorsque le militaire me dit qu'il ne pense pas que ça fonctionne réellement  « Je pense pas pas non plus» confirmais-je ses paroles  «ça fait 8 ans qu'il est décédé et il arrive encore maintenant à ma mère de pleurer » je grimace  «Et à côté de ça je m'en veux presque de m'être un peu trop facilement remis de sa mort » soufflais-je, posant mon regard sur mon verre  « Il a été super important pendant des années...j'ai l'impression que je ne lui accorde aucune valeur en vrai» pourquoi dis-je ça ? Parce que je sais que je ne le reverrais plus ? Que, comme Charlie me l'a prouvé, il est plus simple de se confier à un étranger.

Ce même étranger qui fini par attraper une serviette pour y griffonner ce que je remarque être un numéro de téléphone.  «Je l'ai déjà ton numéro » dis-je doucement, souriant  « Vu que je t'ai envoyé un sms tout à l'heure et ...bref, merci quand même. C'est super gentil» me reprenais-je finalement, ne voulant pas mettre Cian mal à l'aise avec ce genre de déclaration. D'ailleurs, afin de changer de sujet, il me demande d'où je viens  « Nouvelle zélande» dis-je avec une certaine fierté  « Je grandis à Riwaka, un petit village près d'un des nombreux parc nationaux sur l'île Sud» je prend une gorgé de ma boisson  «Mais de base de suis Australien » avouais-je  «Je suis né ici, à Brisbane mais ma génitrice m'a tout de suite donné à l'adoption  » j'hausse les épaules  «C'est comme ça que je suis arrivé dans la famille Winchester » je lui adresse un sourire  «Et du coup, t'as toute ta famille ici ? Ou seulement tes parents ? »