Meeting by mistake

Clément & Cian

Je comprends ce que veux dire Clément lorsqu’il me dit que dans le fond, il ne connaît presque pas Thomas. Après tout, le jeune homme ne connaît mon meilleur ami qu’au travers du mari de ce dernier. Il faut aussi avouer que parfois, Thomas n’a pas forcément l’air très abordable avec son air sérieux et c’est blague parfois douteuse. Quand j’y pense, dans le fond, Myrddin n’est qu’une connaissance basique pour moi aussi. C’est un peu triste en y pensant comme cela, il est tout de même le mari de mon meilleur ami et pourtant, on se connaît à peine. On échange quelques paroles assez simples lorsque l’on est ensemble, mais je ne pourrais pas dire ce qui le passionne, comment il est réellement. Il est le mari de mon meilleur ami, c’est tout. Généralement, je vois Thomas seul et de toute façon, je crois que l’on n’a pas grand-chose en commun avec Myrddin. « Je comprends ce que tu veux dire. Je connais pas très bien Myrddin non plus dans le fond. » dis-je en souriant un peu. Finalement, Clément me demande depuis combien de temps, je connais Thomas. La question qui me donne toujours un méchant coup de vieux, Thomas étant mon plus vieil ami. « Je le connais depuis vingt ans, forcément, je le connais plutôt bien. » dis-je en riant un peu. « Même si au départ, on se détestait. » Ça c’est une histoire que l’on racontera toute notre vie, je pense. Le fait que l’on se détestait avant de devenir les meilleurs amis du monde.

Sans vraiment le vouloir, notre conversation devient un peu plus sérieuse. Beaucoup plus sérieuse même. On en vient à parler de nos crises d’angoisse et finalement des décès qui nous ont conduit à venir vivre en Australie. Clairement, je ne pensais pas évoquer Leah aujourd’hui. Je ne prévois jamais de parler d’elle en même temps, plus maintenant. Elle vient parfois dans la conversation, mais rarement lorsque je suis avec des gens que je ne connais pas. Pourtant, je viens de l’évoquer et en échange Clément me parle de son frère et du fait qu’il s’en veut légèrement d’avoir fait son deuil rapidement. « Faire ton deuil ne veut pas dire qu’il n’avait aucune importance pour toi. » dis-je sans réellement être sûr de croire en mes propres paroles. Je suis réellement mal placé pour parler de tout cela. Le frère de Clément est décédé il y a huit ans, c’est encore assez récent dans les faits. Ma petite sœur est partie, il y a de cela près de vingt-cinq and et je n’ai toujours pas fait mon deuil. « Il vaut mieux cela que la culpabilité » dis-je doucement sans forcément épiloguer.

Le tonton légèrement protecteur en moi finis par ressortir en full mode. Je vois bien que Clément à l’air d’être un jeune homme avec la tête sur les épaules, mais le fait qu’il m’est parlé de ses crises d’angoisse et du décès de son frère, c’est tout simplement plus fort que moi, je lui donne mon numéro. Je me sens légèrement idiot lorsqu’il me fait remarquer qu’il y a déjà mon numéro puisque c’est lui qui m’a contacté pour ma valise. Non bien jouer Cian, vraiment. « Je suis idiot. » dis-je en riant un peu. « Mais bon… Au moins, tu seras sûr de l’avoir et hésites pas à l’utiliser. » dis-je doucement sans vouloir paraître trop moralisateur ou quoi.

On finit par parler de son pays d’origine qui est la Nouvelle-Zélande. J’ai eu l’occasion de me rendre là-bas quelques fois dans ma vie et j’ai toujours passé un très bon moment là-bas. C’est véritablement un beau pays avec des paysages à couper le souffle. Il m’apprend aussi avoir été adopté et je hoche la tête un peu gêner, il ne voulait peut-être pas vraiment parler de tout cela. Je n’en sais trop rien. « Oh d’accord. » dis-je en souriant un peu, ne voulant pas le mettre mal à l’aise. « J’avais adoré l’île Sud en Nouvelle-Zélande, j’y suis allé plusieurs fois. » ajoutais-je probablement pour tenter de rendre la conversation une nouvelle fois un peu plus légère. Finalement, Clément m’interroge sur ma famille et je souris un peu. « Toute ma famille est ici. Mes parents, ma grande sœur et ma nièce. » dis-je doucement. « Je… J’ai pas la meilleure des relations avec ma famille, mais je suis très proche de ma nièce, Charlie. » Et voilà, le tonton fier est de nouveau de sortie. « Vous avez le même âge, je pense d’ailleurs. »           

J'avoue que c'est sans réelle surprise que Cian m'avoue qu'au début de leur carrière Thomas et lui se détestaient. En vrai, le mari de Myrddin peut avoir l'air impressionnant et peut être détestable dans le sens où il semble très froid au premier abord.  « Je vois ...» dis-je doucement en hochant la tête  «Mais du coup, comment ça se fait que vous êtes amis maintenant ? Enfin non pas que ça n'existe pas les amitiés qui ont mal commencée hein, c'est juste que ... » je me tais subitement et déglutis en lui offrant un sourire d'excuse  « Enfin, désolé...tu me le dis si je me montre trop curieux, hein ...» dis-je doucement, quelque peu mal à l'aise.

Heureusement pour moi, il n'y a pas eu de malaise.Malheureusement pour nous, il arrive dès que j'ai la merveilleuse idée d'évoquer mes crises d'angoisses et le pourquoi du comment je suis arrivé à aller à Bali. De fil en aiguille, nous venons à parler de notre passé et je me rend compte que nous avons bien trop de points commun et pas des moindre. Nous sommes d'accord sur le fait que changer de pays n'aide pas à surmonter la perte d'un être cher, mais Cian me rassure en me disant que faire son deuil ne signifie pas avoir oublier la personne et qu'il vaut mieux ça que la culpabilité. Posant mon regard sur le militaire, je l'observe quelques instants, avec la très nette impression que s'il dit ça c'est qu'il doit ressentir de la culpabilité pour la mort de sa sœur. Mon cœur souhaite en savoir plus, mais je décide d'écouter mon cerveau qui me hurle de fermer ma gueule, de cesser de montrer de la curiosité déplacée. Ainsi donc, finissant mon café, j'hoche simplement et doucement la tête avec un  « T'as raison» qui, je l'espère, ne sera pas mal prit, laissant ainsi la liberté à Cian de dire -ou non- ce qui s'est passé.

Au final, lorsqu'il m'écrit son numéro sur une serviette, je ne peux m'empêcher de lui rappeler que j'ai déjà son numéro afin de détendre un peu l'atmosphère souris doucement lorsque le soldat s'excuse et secoue la tête lorsqu'il se traite d'idiot  « C'est rien» soufflais-je avant que nous ne changions de sujet, parlant de nos pays d'origines respectifs. En parlant de la nouvelle zélande à Cian, je ne suis que très peu étonné quand il m'apprend qu'il a adoré l'île du sud et qu'il y allé plusieurs fois.  «C'est beau, ouais. J'adore ce pays et j'avoue qu'il me manque un peu parfois » dis-je, nostalgique.

Bien évidemment, en évoquant nos pays d'origines nous en venons à parler de notre famille. J'apprend ainsi que Cian n'est pas en très bon terme avec ses parents et sa grande sœur mais qu'il est très proche de sa nièce. Charlie. Mon âge.  « Rousse aussi ? Et barmaid au DBD ?» demandais-je avant d'hausser les épaules et hocher la tête  « Je la connais» avouais-je  « Je ...» je couche avec son meilleur son meilleur ami, suis-je sur le point d'avouer mais me retiens à temps  «Elle est cool, vraiment. Je l'aime beaucoup » ce qui est tout à fait vrai. J'aime tout chez Charlie ...Sauf le fait qu'elle soit aussi proche de Léo.

Meeting by mistake

Clément & Cian

À la base, je devais juste récupérer ma valise en vitesse. J’avais l’intention de faire une sieste en rentrant chez moi pour être en forme pour ce soir. C’était réellement l’idée de base. Puis je suis tombé sur Clément, on a pris un café et voilà que l’on discute de tout et de rien. Je n’ai jamais été du genre à engager la conversation avec des inconnus, mais aller savoir pourquoi tout est assez simple avec le jeune homme. On en vient à se rendre compte que nous avons des connaissances en commun et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de mon meilleur ami et de son mari. Le monde est réellement petit parfois. J’en viens à parler de mon amitié, un peu particulière, avec Thomas et cela semble rendre le jeune Clément assez curieux ce qui me fait rire. « Ça me dérange pas que tu sois curieux. » dis-je en souriant un peu. « Je crois qu’on se détestait un peu pour rien en fait… Et on a fini par se rendre compte que l’on n'avait pas mal de choses en commun au final. » C’est aussi simple que cela dans le fond. On était deux jeunes idiots qui voulaient absolument être le meilleur et on n’arrivait pas à se comprendre. Il nous a fallu une mission commando dans l’outback Australien pour se rendre compte que l’on pouvait bien s’entendre et le temps à fait le reste, tout simplement. « On était un peu idiot à l’époque. On l’est toujours, mais juste un peu moins. » ajoutais-je en haussant les épaules.

Même si notre conversation a filé vers des sujets un peu moins drôles, beaucoup plus sérieux, je ne perds pas mon sourire. Je vois bien que Clément avait besoin de parler. Parfois, cela aide de se confier à un étranger. La preuve, je lui ai parlé de ma petite sœur alors que je n’en parle jamais à personne. J’ai même évoqué cette culpabilité qui me ronge alors que c’est très probablement le sujet le plus tabou de mon existence. Je vois bien qu’il semble un peu gêner alors je n’insiste pas. Je me contente, simplement, de lui faire savoir qu’il peut me joindre n’importe quand et pour n’importe quoi.

On échange encore un peu sur tout et rien. Clément me parle de son pays d’origine qui semble lui manquer alors que nous en sommes pas si loin que cela. « J’espère que tu pourras y retourner. » lui dis-je en souriant quelque peu. Et alors que l’on parle de famille, j’en viens à évoquer ma nièce Charlie. Soudainement, le visage de Clément change quelque peu et il me pose quelques questions sur elle. « Oui, c’est ça, elle bosse avec Matt. » Je comprends très rapidement qu’il la connaît. Cela fait beaucoup de coïncidence pour un jeune homme que je n’ai jamais rencontré dans ma vie. « Le monde est vraiment petit. » dis-je en riant un peu. « Tu dois connaître son meilleur ami aussi non, Leo, je crois. » Ils ont tous le même âge donc je suppose que la réponse est oui.

Je termine mon café ainsi que ma pâtisserie et jette un coup d’œil à ma montre. Je n’aime pas couper court à ce genre de conversation réellement intéressante, mais il va falloir que je rentre chez moi. « Je suis désolé Clément, mais je vais devoir te laisser. » Je jette un œil à mon portable et remarque que j’ai quelques messages de la part de Thomas. Il va me soûler parce que je suis en retard ou je sais pas quoi encore. « Cérémonie officielle et tout le toutim. Je vais devoir rentrer me changer. » Je récupère ma valise, en vérifiant bien que c’est la mienne cette fois et lève les yeux vers Clément. « Mais on se reverra ? »