C'est horrible, c'est irréel, c'est bien trop incompréhensible. Assit sur la chaise, sentant parfaitement que mes jambes vont flanchées si je reste debout encore longtemps, je lis et relis l'imprimé stipulant que Moana est assurée et qu'elle vivra sans nous ruiner. Bien évidemment, j'aurais trouvé un moyen pour la guérir, j'ai quelques économies de côté, je suis persuadé aussi que ma mère m'aiderait, mais l'assurance prend tout en charge. Et ça c'est merveilleux. Toutefois, il est impossible pour moi de savoir qui à souscrit à cette assurance et encore moins quand ou comment ! Car évidemment je ne l'ai pas fait, et il faut les papiers du chien ainsi que la signature du propriétaire. Il me semble ? Je n'en sais rien en vrai.

C'est, encore une fois, Charlie qui me sort de mes pensées. Elle me dit qu'il ne faut pas chercher à comprendre, qu'il faut simplement que j'accepte les choses telles qu'elles sont. Ça peut être ma mafia russe ou un cartel mexicain, fait est que Moana sera opérée, garder en observation et que je la retrouverais le lendemain en pleine forme. Je soupire doucement et fini par relever mon regard sur Charlie, posant la feuille sur la table  « T'as raison» soufflais-je en hochant la tête  « Je vais accepter ça comme c'est» je pose mon regard sur Moana qui, après s'être redresser, s'est avancée vers moi et m'observe de ses grands yeux. Je souris doucement et lui caresse tendrement la tête.

Alors que j'étais entrain de lui embrasser le museau, la porte s'ouvre à nouveau sur le médecin et a le regard fixé sur son calepin  «Alors … on peut la prendre demain à 12h » dit-il en portant son attention sur Moana et moi  « J'ai bien envie de la garder en observation cette nuit encore et la nuit suivante et vous allez pouvoir la récupérer dans deux jours»  «Deux jours … ? » répétais-je, les yeux écarquillés. La seule fois où j'ai été éloigné plus de deux jours de ma chienne était lors de mon hospitalisation : je ne l'ai pas vu pendant plus de 10 jours d'affilé et, bien que je savais qu'elle était entre de bonnes mains avec Sybbie, c'était un déchirement.  « Oui, mais vous allez pouvoir la voir demain matin si vous souhaitez» reprend-t-il, haussant les épaules comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit.

Sans réellement savoir pourquoi, je lance un coup d’œil vers Charlie comme pour savoir ce qu'elle en pense de tout ça. Et il faut avouer que la voir hocher la tête avec un petit sourire, me rassure pas mal. Prenant une profonde inspiration, je relève mon regard sur le médecin  «C'est d'accord » déclarais-je, aucunement serein.  «Parfait ! » dit-il en souriant  «Prenez là et suivez moi, je vais vous montrer où elle va rester aujourd'hui » je me lève et, attrapant ma chienne, je la soulève pour la poser au sol avant de tapoter ma cuisse pour qu'elle me suive. Sans laisse, elle reste à mes côtés même lorsque nous passons dans la salle d'attente et qu'elle aurait pu dire bonjour à tous les chiens et chats présent.

Nous entrons dans une autre salle dans laquelle se trouvent de nombreuses grandes cages. Et même si ça me brise le cœur à première vu, je dois admettre que ça n'est pas si mal que ça. Ça ne vaut absolument pas mon appartement et donc les différents lits qu'elle a à sa disposition, mais pour deux nuits ça devrait le faire. Je guide donc ma chienne vers une des plus grandes cages et, tandis qu'elle se familiarise avec son nouveau chez elle, je lui explique pourquoi elle doit rester ici et que je ne serais pas loin. Avant de refermer la porte je décide tout de même de laisser mon sweat-shirt dans la cage, lui embrasse une dernière fois le museau puis me redresse. Mon cœur se brise lorsque la grille se referme et je dégluti en voyant le regard suppliant de la chienne.  «Vient on y va » soufflais-je à Charlie, persuadé que si je reste encore longtemps dans cette pièce je risque de changer d'avis.

Accompagné du vétérinaire, nous sortons de la pièce avant de rejoindre l'accueil où je signe l'autorisation d'opération. Après quelques autres petites formalité, je ressors du bâtiment et me remet en route aux côtés de Charlie, silencieux dans un premier temps.  « Merci» finissais-je par dire  « D'avoir été là et de pas être partie» je lui offre un petit sourire sincèrement reconnaissant.

@Charlie Villanelle