I can be your butterfly

@Kane Williamson

Le remède universel à l’amour c’est d’aimer plus encore. Non, zut, mauvaise citation. Le remède universel à un chagrin d’amour c’est de se noyer dans les larmes puis dans l’alcool. Les larmes, c’est fait. Le visage gonflé, les yeux rouges, la destruction de la planète avec les mouchoirs en papier, Charlie a assez donné du sien. Il est temps de passer à la partie alcool, la partie la plus drôle et la plus attrayante. La rousse a contacté des numéros au hasard, ceux qu’elle a enregistré sur son téléphone avec le début du prénom commençant par une pinte de bière " " . Elle ne connaît pas le prénom de la plupart d’entre eux et l’inverse est tout aussi vrai, mais au moins elle sait qu’elle peut compter sur eux pour descendre des litres de nectar divin.
La joyeuse troupe se retrouve au Canvas car cela semble être le lieu de ralliement parfait avant une nuit de débauche, et qu'il faut bien commencer quelque part. Tout le monde semble s'agiter autour d'eux à se poser des questions de cultures générales alors que d'habitude les seules questions qui fusent sont sur la taille de bonnet de la dernière fille que X ou Y a pu ramener dans son lit. Vraiment, quelque chose ne tourne pas rond mais cela ne semblait pas vraiment la tourmenter jusqu’à ce qu’elle ne se retrouve prise au milieu de la foule, une four X en main. On les trie tels des moutons et elle est rattachée à l’enclos numéro 5 avec de parfaits inconnus. Les yeux grands ouverts, Charlie se demande dans quel bazar elle s’est encore fourrée. On fait asseoir tout son enclos sur deux tables, un gros chiffre cinq imprimé en rouge sang est collé sur la table. Bonne ambiance. Tout le monde donne quelques feuilles à son voisin et fait suivre le paquet, comme s’ils étaient à l’école. Les crayons de bois suivent à leur tour, bien entendu. Si c’est une interro surprise, Charlie n’a pas révisé le sujet sur la gouvernance de l’Europe depuis la Convention de la Haye et encore moins celui sur les conflits entre Proche et Moyen Orient. C’est juste pour vous prévenir, au cas où.
Le quizmaster énonce enfin les règles, la rousse s’est donc retrouvée au milieu d’un jeu géant devant se dérouler en plusieurs manches et comportant plusieurs épreuves, toutes différentes. Pas franchement emballée au début, maintenant qu’elle sait dans quoi elle a (involontairement) mis les pieds, elle se prend réellement au jeu. Son seul but devient de gagner. On leur explique que pour le moment ils jouent pour leur équipe, mais quand il n’en restera qu’une ce sera un contre tous. Blind test, questions de rapidité, culture générale, pop et osef, jeu du bac, … Ils ont apparemment tout prévu pour occuper une classe de petite section âgée de vingt à quarante ans.

La grande soirée jeu commence finalement par un bac. Le quizmaster choisira une lettre de l’alphabet au hasard et ils n’auront que quelques dizaines de secondes pour l’associer à un prénom masculin, un prénom féminin, une capitale, un titre de chanson, un nom d’artiste, un animal, un pays, un personnage historique, un film, une série. Rien que ça ? Really ? On leur annonce qu’il faut être le seul à donner une réponse pour obtenir des points et que les coéquipiers n’ont pas le droit de s’entraider. Bah super l’esprit d’équipe. Mais un jeu reste un jeu, ce qui veut dire dans l’esprit de Charlie que c’est tout sauf un jeu et qu’elle doit gagner à tout prix. Main devant sa feuille, elle tente de dresser son tableau du mieux qu’elle le peut (et ne peut s’empêcher de tirer la langue, reconnue comme meilleur règle pifomètre du monde). Le tout prêt, elle se prépare à l’annonce de la lettre.

M.

Les idées fusent dans sa tête. Le prénom masculin devient Marcelino (traumatisme d’enfance). Le prénom féminin Mauricette (le vieux jeux, astuce pour grappiller des points). La capitale choisie est Minsk (parce qu’elle a regardé l’épisode de Sherlock en parlant récemment), le titre de chanson Made in Heaven (Queen 4 life oblige). Elle ne peut s’empêcher d’en fredonner l’air sans s’en rendre compte. L’artiste MIKA, aucune concession possible là dessus, et si quelqu’un a osé écrire son nom sur son papier elle lui envoie sa bière à la figure. L’animal … Marsupio ? Elle est pas certaine de l’écriture, ni même à quoi c’est semblé ressembler, mais tente quand même le coup. Pays, Malawi. C’est exotique. Elle saute le personnage historique et passe au film qui devient Marvin’s Room (Leo 4 life oblige) et enfin la série Medici : Master of Florence (qu’elle a autant regardé pour les jolies fesses que pour la cinématographie). Ok, ça faisait beaucoup de question et maintenant elle panique parce qu’il y a une case vide. Ok, on les traite comme des enfants, alors elle agit comme quand elle était sur les bancs de la petite école, interpellant son voisin d’en face d’un coup de pied (pas tellement dosé) dans le tibia, et d’un très peu discret « Pssst. ». Il relève les yeux une demie seconde, c’est son ouverture, elle fonce. « Hey si tu me donnes un nom de célébrité je te donne un pays que personne n’aura, c’est un bon deal ça non ? » Elle pensait utiliser ce genre de phrase pour avoir de la vrai coke ce soir, mais obtenir les réponses à un jeu débile semble être un bien meilleur emploi.

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@Kane Williamson

Un des gars de Linkin Park, c’est parfait. Personne pense aux membres du groupes autre que le chanteur ou, à la limite, le batteur. A croire qu’il faille faire du bruit pour qu’on daigne se souvenir de votre nom. Ceci dit Charlie se moque mais elle se dit aussi que ça doit faire quinze ans qu’il n’est plus dans Linkin Park et qu'elle a perdu toute trace de lui depuis. Faudra qu’elle pense à checker son wikipedia quand elle aura gagné le jeu ce soir. La jeune rousse est sincèrement heureuse de pouvoir terminer sa liste et le remercie du regard, couplé à un joli sourire comme elle en a l’habitude. Il est mignon avec ses cheveux longs. Comme John en … hey. Il touche à la bière de Charlie. Non dude, le nom de son pays valait toutes les bières du monde ! Et puis elle en avait besoin de sa pinte, elle était supposée être sa meilleure amie ce soir. Ca y est, il a énervé Charlie. « Si tu veux mon avis, ce qui n’est apparemment pas le cas, j’aurais préféré te filer le Myanmar plutôt que ma bière. » En plus avec ce nom là il aurait pu faire gagner des points à son équipe, vu que tout le monde appelle encore le pays Birmanie même si le nom officiel a été changé en 2010 avec le drapeau et l’hymne national, mais apparemment elle n’est pas encore sur le plateau de Qui veut gagner des millions pour étaler sa science. Et le voleur de bière doit s’en cogner du Myanmar vu qu’il n’a même pas écrit quoi que ce soit sur sa feuille. Il va vraiment les faire perdre, ce trou sans fond qui siffle la totalité de sa boisson aussi vite qu’aurait pu le faire Charlie. Un concours s’imposera entre eux quand elle le détestera un peu moins. « Me sors pas un “oops I did it again”, je suis à ça de vouloir cogner ton joli minois. » Elle est pas crédible. Elle le voudrait vraiment, mais elle est pas crédible du tout même. Le pire c’est qu’elle pense pas vraiment ce qu’elle dit, il a une tête trop angélique pour qu’elle l'égratigne avec une de ses bagues sans le faire exprès. Et puis elle reste Charlie, elle a du mal à écraser les moustiques au beau milieu de l’été parce qu’elle se dit qu’ils ont une famille eux aussi, vous voyez le genre … N’empêche que maintenant il ne lui reste qu’un fond dans sa bière, et qu’en plus ils vont perdre la partie.

Elle déteste ce gars, et elle déteste le fait qu’elle ne puisse pas le détester parce qu’il a une belle gueule.

Charlie lève les sourcils quand il lui propose de se racheter plus tard. C’est un bon début. Elle s’assoit dans le fond de son siège et croise les bras, sûre d’elle. « J’en veux deux alors. Pour réparer les dommages et intérêts et mon coeur brisé. » Coeur brisé parce qu’il a bu sa bière, pas pour quoi que ce soit d’autre. Villanelle a mangé du lion ce matin, ou c’est peut être d’avoir été prise pour une conne qui lui donne soudain tant d’assurance. Peut être les deux, peut être qu’elle se sent pousser des ailes aussi. Peut être que c’est de sa faute à lui. Oui, c’est de sa faute. C’est plus facile si tout est de sa faute. « Mais je bouge pas mon cul de là tant qu’on a pas gagné ce jeu, et toi t’as l’air d’être un poids mort. Passe moi ça. » Si jamais ils gagnent réellement, la rousse aura du mal à dire qu’ils l’ont fait dans les règles de l’art parce que rien qu’à eux deux ils ont fait valser toutes les règles. Elle profite que le maître du jeu soit trop occupé à regarder ailleurs pour échanger sa feuille avec lui, et lui remplir les cases une à une, avec autant d’entrain qu’elle l’avait fait pour elle un peu plus tôt. « Besoin d’une nouvelle célébrité en M, t’as ça dans un coin ? » Ce n’est pas qu’elle veut gagner, c’est qu’elle doit gagner. Villanelle ne perd pas aux jeux. Aucun, jamais.

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@Kane Williamson

Kane, c’est comme ces enfants à qui on ordonne de manger sagement leur compote de fruits et qui a décidé qu’aujourd’hui il ne mangerait rien de vert. Sale gosse. Il envoie tout valser de ses mains potelés et se rue sur le premier biberon de lait tiède et chocolaté qu’on lui tend. Kane a envoyé valser sa feuille et le biberon est devenu la bière d’une inconnue, au grand damne de ladite inconnue. En plus il sourit, et ça lui donne un côté charmeur qu’elle a encore plus envie de faire taire en le cognant. Mais elle le fera pas, parce que c’est Charlie, et puis qu’il est à l’autre bout de la table et que l’autre bout de la table c’est loin. « You played with my heart. » « You played with mine. » Non à vrai dire, même s’il donne pas les bonnes paroles c’est bien lui qui a joué avec le coeur de la rousse en lui buvant sa bière. Elle a seulement ce besoin obsessionnel de contredire tout le monde et d’avoir le dernier mot. I played with your heart, got lost in the game. Et la voilà avec le coeur brisé, à nouveau. La seule bonne nouvelle dans toute ça c’est qu’elle peut potentiellement ressortir les paroles de la seule chanson de Britney qu’elle connaît par coeur, elle savait que ça allait lui être utile un jour. Villanelle soutient son regard quelques instants dans cette salle bondée et étonnamment bruyante alors qu’ils sont tous censés être concentrés sur le jeu. C’est ce qu’ils devraient faire, mais l’inconnu a happé l’attention de Charlie sans qu’elle ne s’en rende compte. Vaut mieux pas qu’elle s’en rende compte, elle serait capable de vouloir le frapper à nouveau.
Avec son Matthew Bellamy, la jeune femme se demande s’il pense à autre chose qu’à la musique des fois. Mike Shinoda et lui lui font penser que non, même sa tentative ratée de karaoké de Britney s’ajoute à l’équation. Elle s’en sort encore avec ces références là, Linkin Park et Muse elle peut gérer, mais si ça va trop loin il va la perdre et elle va recommencer à se noyer dans l’alcool. « T’es le wikipedia des groupes de musique ? On m’a jamais parlé de ce choix de carrière, c’est plutôt cool. » Peut être que c’est pour ne pas qu’ils perdent qu’il s’approche tant de sa feuille, au point qu’elle a l’ombre de son visage entre un Myanmar et un Matthew Bellamy ? Non apparemment non, il cherche pas à l’aider, il veut surement juste copier ou l’emmerder. L’emmerder, c’est définitivement la bonne réponse. Il l’emmerde, mais au fond ça la fait sourire, même si elle veut à nouveau le frapper lorsqu’il retourne sur sa chaise et se rapproche de sa bière. De la bière de Villanelle, dont il vient littéralement d’en boire la dernière goutte face à elle. Ok, la seule chose qu’elle est capable de répliquer c’est un « Hey ! » et des sourcils froncés qui ne feraient pas peur à un bambin. Elle savait qu’elle aurait dû la finir avant que quelqu’un d’autre ne s’en charge. Putain.

« Le retour de mon serveur préféré. » Le seul qui lui apporte des bières gratuitement pour se faire pardonner. Elle sourit quand elle le voit arriver avec son plateau chargé, parce que ça c’est le genre de surprise qu’elle aime, encore plus le genre dont elle a besoin en ce moment. Maintenant, elle a fini de gribouiller sur sa feuille et sa patience a atteint ses limites, cela fait au moins cinq minutes qu’elle est assise sur cette chaise et elle ne tient déjà plus en place, tant pis pour les règles. Et la discrétion, et tout le reste. Ce gars remonte un peu dans son estime, même s’il n’a jamais été bien bas à vrai dire.
Ses choix de chanson sont totalement approuvés mais elle mime une moue, comme si elle était assez bien pour refuser du Bring Me The Horizon. C’est juste pour l’embêter, parce que elle ça l’aurait embêté qu’on critique Queen, d’autant que c’est une de leur chanson qu’elle allait mettre (Man on the Prowl), alors son « Mouais, c’est pas très varié. » c’est l'hôpital qui se fout de la charité. Charlie n’arrive pas à garder cette tête sérieuse qui ne lui correspond pas et, s’emparant d’une bière, elle lui offre un sourire asymétrique et narquois avant d’enfin se délecter de nectar divin. Puis finalement il propose Miming In The Choir, ce qui casse le peu de répartie qu’elle avait vu que c’est plus les BMTH. Bah merde alors. Cette chanson correspond tellement à son état d’esprit en ce moment qu’elle reste pantoise. Sur le cul, quoi.
La jeune femme se penche vers son serveur de fortune, referme le capuchon de son stylo, un air de défi sur le visage. « Les deux de la table cinq vous êtes éliminés, on a dit pas d’entraide ! » Finalement elle lève les yeux au ciel mais son sourire s’agrandit. « On va avoir besoin de tes talents de serveur pour retourner au bar. » Elle avait de toute façon décidé que ce jeu était trop simple pour elle et qu’elle avait gagné d’office. Oui, elle n’est pas très compliquée comme fille. Elle va rester jusqu’à la fin de la soirée et se contentera de crier les réponses depuis le bar, là où elle pourra boire à sa soif, et là où il pourra piquer des bières directement à la source.
Ne prenant que sa propre pinte, elle l’entrechoque avec l’homme face à elle, un Cheers se dessinant au bout de ses lèvres. Peut être qu’elle ne va pas le frapper de suite, parce qu’elle a encore besoin de lui pour ramener le plateau contenant les trois autres bières qu’elle a lâchement abandonné sur place. La rousse compte seulement sur la curiosité du jeune homme (ou son envie de boire) pour qu’il la suive jusqu’au bar. « Tu resteras à jamais le gars qui a réduit à néant toutes mes chances de participer au championnat du monde de petit bac. J’espères que t’as un peu de culpabilité enfouie au fond de ce coeur de pierre. » Ses paroles sont accentuées par une faible pression sur son torse, du bout de l'index.

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@Kane Williamson

Certes, il a bu sa bière (ce qui est le pire acte de trahison que l’on puisse commettre envers Charlie), mais il sait se rattraper sans en avoir l’air. Il fait celui qui n’en a rien à faire pourtant il lui ramène des bières et continue de se moquer d’elle et de ce qu’elle a inscrit sur sa feuille quand bien même le jeu est terminé. Ce jeu la fait sourire. Elle ne connaît pas son nom et elle aime garder cette part de mystère, c’est d’autant plus drôle. Ca l’est beaucoup plus que le jeu dans lequel elle avait été enrôlé de force.

« Quoi ? » C’est qu’il réagit au quart de tour son serveur quand elle change d’air lorsqu’il parle de musique. Ca a vraiment l’air de le prendre aux tripes, en plus d’être wikipedia il regroupe sûrement toutes les fanbases tumblr, twitter et Dieu sait quoi encore. C’est obligé, ça se lit sur son visage. Il y a beaucoup trop de passion. Il semblait se moquer de tout jusque là, sauf la musique. Jamais la musique. Charlie se contente d’un « Non, rien. » suivi d’un immense sourire. Cela pourrait signifier tout comme son contraire et ça amuse la rousse. Si elle lui avait directement dit qu’elle écoutait cette musique le jeu aurait été bien trop raccourci, il n’y aurait pas eu de suspens ; et sans suspens, tout perd son charme. Elle préfère qu’il la croit jeune conne osant juger Trophy Eyes (pour les deux premiers termes il n’aurait pas totalement tort).

***

Il lui reproche son manque de crédibilité. C’est bien, parce qu’il a totalement raison. C’est la première chose qu’on remarque chez elle généralement, mais avec lui c’est doublement vrai parce qu’elle jurerait qu’elle l’a menacé de mort. Ou peut être que c’était seulement dans sa tête. Dans un cas comme dans l’autre il ne risque pas grand chose. « Si t’étais un peu plus crédible je serai déjà mortifié. Mais non. Tout va bien. » Elle lève les yeux au ciel dans un souffle de pseudo-désespoir ; comme si c’était une surprise. Mauvaise comédienne qu’elle est, mais au moins elle n’est pas rabat-joie comme leur voisin de table. Elle suit finalement son compagnon d’infortune (et les bières, surtout les bières). Elle aurait pu bifurquer et rejoindre la sortie mais la curiosité prend le dessus. Charlie veut en savoir plus.
Assis sur le comptoir du bar, ils se sont tous les deux retournés naturellement sur leur siège et ont posé leur dos sur le comptoir inconfortable, face au jeu (juste pour s’assurer qu’avec Charlie dans leur duo ils auraient pu tout gagner). Charlie et wikipedia, à eux deux ils étaient imbattables ; cela incluait simplement un peu de triche. « Je m’en fou quand y’aura les résultats je criais Miming in the choir juste pour que tout le monde soit au courant de cette chanson. » Sa pinte à la main elle se retourne vers lui dans un sourire. Il est le con qui lui a bu sa bière mais il est aussi le con qui s’est doublement racheté. C’est décidé, elle l’aime bien. Il est cool pour un gars qui sait pas jouer au petit bac, surtout qu’il a les mêmes idées qu’elle. « On criera ensemble. » Qu’elle rajoute dans un souffle avant de reprendre une grosse gorgée, se moquant de savoir s’il l’a entendu ou non. « Tu connais Trophy Eyes ? » Il a pas pu se sortir ça de la tête, hein. Il aura tenu à peu près cinq minutes et puis la curiosité aura été trop forte. Wikipedia devait savoir si elle aimait ou non, sûrement pour savoir si elle en vaut la peine ; ou un truc dans le genre. Ce coup ci Charlie ne se retourne pas vers lui et continue de regarder le maître du jeu ramasser les feuilles unes à unes. Et puis finalement elle ne résiste pas, elle se retourne parce qu’elle veut vraiment voir sa tête. Le groupe est australien pourtant, cela ne devrait pas être si étrange qu’elle soit au courant de son existence … si ? « Donne moi une chanson au hasard et je te donne le refrain. Je m’avance pas sur le fait de chanter juste ni même en rythme par contre. » Parce qu’elle chantera ni juste ni en rythme, c’est certain. Elle laisse ça aux autres qui le font bien mieux qu’elle et se contente d’hurler lors des concerts puisque sa voix se perd entre beaucoup d’autres. « Je suis supposée te revoir à Brisbane le 11 octobre ? Non parce que faut que je me prépare psychologiquement et que je cache mes bières si c’est le cas. » La réponse courte c’est oui. Oui, elle connaît Trophy Eyes et même si elle n’est que le Vikidia de la musique il n’est jamais trop tard pour apprendre. Surtout si le gars est aussi cool que son inconnu et qu'il arrive à lui faire oublier tous ses malheurs. Surtout si lui aussi a pris sa place pour leur concert à venir, comme ça ils pourront réellement hurler les paroles de Miming in the choir au milieu d'une foule qui en vaut la peine.

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@Kane Williamson

Son regard a tellement changé depuis qu’ils ont commencé à parler à peu près sérieusement. D’enfant distrait et hyperactif il est devenu premier de la classe. Un premier de la classe qui devrait garder sa ventoline près de lui ceci dit, parce qu’il risque de faire une syncope d’ici peu. Ce n’est pas grave, son hyperventilation a au moins le mérite de faire rire la jeune femme qui n’a pas l’habitude de rester sérieuse pendant autant de temps. Lui il continue de chercher des indices là où il peut en trouver, il plonge son regard dans les yeux de Charlie comme si ces derniers allaient tout lui raconter. Il a de jolis yeux, pour un voleur et elle elle aime bien le voir tâtonner. Elle aime d’autant plus voir son visage changer lorsqu’elle se vante de connaître les refrains. Ses yeux s'écarquillent, sa bouche s’agrandit. Tel un enfant. Ils pourraient réellement s’entendre finalement. Elle essaye de ne cacher son rire naissant dans une nouvelle gorgée et pose son coude sur la table pour mieux venir apposer son menton sur son poing. « Oh my god. Would you marry me ? » Cette fois ci elle n’a pas le temps de boire pour étouffer son rire, et elle n’en avait de toute façon pas envie. Des plans de mariage avec un inconnu puis carrément la demande en mariage d’un autre inconnu, le mois de juin est véritablement haut en couleurs pour Villanelle. L’empressement et l’excitation de monsieur musique lui est familière, elle aurait pu faire la même chose. « Only if you bend the knee and invent me a lot of old and ugly names, like … Adelaide. Oh, and I sleep with socks by the way. I want you to know before you ask for a divorce in ten minutes, like you proposed me after fifteen minutes. » Elle recommence à beaucoup trop parler la petite rousse, elle n’aura pas réussi à garder ses mots pour elle bien longtemps. Ceci dit elle n’a pas eu le courage de dire non non plus parce que dans un élan d’on ne sait trop quoi inconsidéré elle serait prête à dire oui, à se rendre à la mairie et remplir plein de papiers. Ca serait drôle. C’est parce qu’elle a trop bu qu’elle pense tout ça aussi, parce que les bières avaient déjà eu des grandes soeurs dans son gosier avant même son arrivée au bar. Tout le monde se marie à Vegas sur un coup de tête, ils pourraient lancer une mode pour Brisbane. En plus elle l’aime bien, il est drôle et expressif. Il parle pas beaucoup mais elle parlera pour deux sans problème. « And the following information is still confidential but they’ll be playing Brisbane on the 14th of september also. It’s not announced yet. » Jolis yeux plus informateur officiel sur Trophy Eyes, il devient vraiment intéressant lorsqu’il s’en donne la peine. Non il était déjà intéressant depuis le début mais la rousse digérait encore son exclusion du jeu. Maintenant c’est bon elle a déjà tout oublié, le groupe de musique emplit son coeur et les paroles sa tête. « Do you work with Big Brother or something ? » Comment est ce qu’il peut savoir et pas elle ? En réalité son ego se sent blessé parce qu’elle les suit sur tous les réseaux sociaux et qu’elle n’a jamais entendu parler de cette date. Cette fois ci c’est elle qui s’approche de lui à la recherche du moindre indice sur son visage, du moindre fou rire qui trahirait un mensonge ayant pour seul but d’attirer son attention. C’est gagné. Il a son attention, toute son attention et rien que son attention. « We’ll go there as Mrs and Mr Williamson. I’ll get you on the guestlist. » Il perd pas le nord le gars. C’est une bonne chose que la conviction. Passer de Villanelle à Williamson dans les listes alphabétiques ne lui changera pas grand chose après tout. Les sonorités sont semblables, elle pourrait s’y faire assez rapidement. Et surtout y’a la proposition de guestlist, qui est le meilleur cadeau de mariage qui soit. Peut être qu’il ment et qu’il invente tout, mais il est convainquant. Il parle avec des étoiles dans les yeux et il semblait bien connaître son sujet pendant le jeu. Elle repose finalement sa bière, parce que là c’est du sérieux. « Actually, no need to bend the knee. The answer is yes .. even if I’m kinda disappointed you didn’t even try to hear me sing, Mr Williamson. » C’était la meilleure chose à faire que de ne pas la laisser commencer à chanter. Accepter une demande de mariage à la volée cependant ce n’était peut être pas aussi sensé, mais ça l’amuse beaucoup. Parce qu’il a de beaux yeux, qu’il est fun, et qu’il bosse avec Big Brother apparemment. Rien que ça. C’est bien assez pour vouloir se marier avec. De toute façon ce ne sont que des paroles en l’air, hein ? Peu importe. Elle est jeune et a une vie à vivre.

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@Kane Williamson

Ca devient intéressant. Sérieux. Drôle. Intéressant surtout. Sérieux un peu moins, ou alors beaucoup trop. C’est flou là. Elle sait pas si c’est elle qui complique tout ou tout qui est si compliqué. Les deux. C’est de sa faute à lui aussi, il a tout envenimé. Il se la joue Charlie maintenant, il répond plus aux questions alors qu’elle meurt d’envie de tout savoir. C’est pas du jeu, il triche, c’est elle la mystérieuse de l’histoire. Il a pas le droit d'échanger les rôles, c’était pas écrit dans les règles. Il transgresse toutes les règles de toute façon, c’est pour ça qu’ils ont été viré du jeu au bout de cinq minutes. Ok. Ils transgresseront les règles ensemble à nouveau si elle obtient ses réponses alors, ce ne sera pas nouveau pour elle. Son coeur s’est accéléré aussi avec toutes ces conneries, peut être à cause de l’excitation ou peut être à cause d’un millier d’autres raisons. Elle sait pas trop, elle a pas envie de savoir non plus parce que la réponse lui fait peur. Il a de jolis yeux, de jolis yeux qui se rapprochent. « Sing for me. Mrs Williamson. » C’est mignon. Peut être pas la meilleure chose à faire s’il voulait essayer de trouver quelque chose à aimer chez l’inconnue, mais c’est mignon quand même. Elle a l’impression d’être Rebecca de This is us, et lui il devient aussitôt Jack. Sauf que dans l’histoire Rebecca elle chante bien. Mais il lui sourit quand même et elle, elle sourit aussi, naturellement. « Choose wisely. » C’est déjà tout choisi, parce qu’il lui a donné la chanson sur un plateau d’argent. Son coeur s’emballe parce que soudainement elle n’est plus sûre de rien, elle ne sait plus du tout ce qu’elle fait. Des conneries elle en a fait, beaucoup, mais là tout se passe si bien que ça ne peut pas être une connerie. Il a de trop beaux yeux pour être une connerie. Et elle a bien vu sa lèvre inférieure rentrer sous ses dents, parce qu’il est trop près de son visage pour qu’elle ne voit pas ce genre de détails. « You have already chosen for me. »

« I have something I'm afraid of
The answer to my problems
The reason to not be fucked up anymore
The truth is I don't want to change
I guess I'm happy with my damaged ways
I hate the water but I like the sound when the ice breaks
We are the common folk
We live our lives to die alone
Share our beds when the nights get cold »

Le maître du jeu avait dit M. Monsieur Williamson avait choisi cette chanson ci, et les paroles lui rappellent tellement de choses. C’est pas le refrain promis, c’est pas la chanson toute entière non plus, mais c’est là où elle voulait s’arrêter. Parce que c’est la partie dans laquelle elle se retrouve le plus, la partie qu’elle chante si doucement avec sa voix aigue, assez doucement pour que cela reste entre eux. Comme un secret. Et ce sont au tour des yeux de Charlie d’attendre impatiemment quelque chose de quoi se rassasier, quelque chose sur quoi se reposer. Parce qu’aussi bien il ne fait que s’amuser d’elle et qu’elle vient de foncer tête baissée dans la gueule du loup.

« When we remember
We only get a version of the last time we remember it
And as time rolls on like it always does
Though it might be a little different, I won't forget
I'm still breathing, I'm still breathing »

Celle là elle est connue, c’est une des premières qui sort. Mais elle avait besoin de continuer de chanter parce que ça la rassure. Ca la rassure d’être celle qui parle parce que là elle est totalement perdue et elle vient de perdre tous ses appuis en quelques minutes. Elle a peur de le décevoir alors qu’elle ne sait même pas qui il est, cela n’a aucun sens. Rien de tout ça n’a de sens, ça l’excite. Jusque là elle respire encore aussi. Pas sûr que ça dure. « I'm not a liar. Are you, Mr Williamson ? »

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@Kane Williamson

Elle est douce, Charlie, elle chante doucement, Charlie. Elle crie pas, elle parle pas fort non plus. Sa version n’a rien à voir avec l’originale, elle ne sait pas garder le rythme plus de cinq mots d’affilés mais elle y met quand même du sien. Personne aurait pu deviner la chanson sans en connaître les paroles, et lui c’est sûr qu’il reconnaît. Parce que ses dents lâchent sa lèvre, parce qu’il sourit. Il sourit pour Miming in the Choir, il sourit encore plus pour Chlorine. Sûrement parce qu’il pensait qu’elle allait s’arrêter là. Elle aussi elle le pensait, mais elle a pas pu résister à continuer, parce que ça sonnait comme un travail inachevé. Sa main se pose sur sa poitrine, lui aussi il a peur que son coeur s’échappe et ne revienne jamais ? Parce que c’est le cas de Charlie. Il n’y a pas de raison, il n’y a aucune raison sensée, mais elle est soudainement effrayée de beaucoup trop de choses. Effrayée et excitée à l’idée de savoir comment tout cela va se terminer. Excitée à l’idée de savoir s’il est un menteur ou non, parce que la réponse est non. Bien sûr que non, mais comment va-t-il le lui prouver ? Il ne va pas se contenter d’un “I’m not.” parce que ça serait trop facile et que depuis le début ils ne se disent rien de bout en blanc. Trop facile, trop simple. Pas drôle. Il répond en s’approchant, et elle ne bouge pas. Elle pense ne pas bouger en tout cas, mais sans le savoir le corps de la jeune femme se rapproche de quelques centimètres. Parce que peut être qu’il ne cherche qu’à lui voler une bière encore, peut être que c’est tout ce qu’il cherche. Ce n’est pas le cas, parce que s’il voulait une bière il n’aurait pas posé sa main sur la joue de Charlie. Le coeur de la jeune femme s’accélère, et cette fois ci elle comprend bien pourquoi. Cette fois ci la raison est évidente, oui. « I was a liar. I’ll never be Holy in your eyes, but you’ll never be either … » Elle s’attendait sans doute à leurs visages qui se rapprochent, à sa main qui se pose sur sa joue, à ses yeux qui soient encore plus beaux de plus près. Deaf Havana ne faisait pas parti de l’équation. Elle a déjà oublié s’ils en avaient parlé ou non, mais elle croit que la réponse est non. Et même si c’était oui ça lui aurait fait le même effet. Il a Trophy Eyes, elle a Deaf Havana. Chacun a son talon d’Achille, et quels putains talons d’Achille. « 'Cause I know that underneath your smile hides the nights that you regret and the days you can't forget. ‘Cause you know me. » He doesn’t know you, mais on s’en fout Charlie. Il a ses lèvres trop près des siennes pour que ça compte encore. Il est celui qui se rapproche d’elle, parce qu’elle n’a pas encore compris comment ils en sont arrivés là pour être capable de faire un quelconque geste de son côté. Il est si proche et désormais il ne bouge plus. Monsieur Williamson, il est trop tard pour avoir des remords, ou alors beaucoup trop tôt. Charlie est celle qui vient finalement réduire la distance entre leurs lèvres une première fois, celle qui vient à son tour poser une main douce derrière le cou de l’inconnu. Leurs lèvres se touchent, se rencontrent, s’appréhendent. Et ils ne devraient pas, ils ne devraient vraiment pas parce que rien de tout ceci n’a de sens, mais tant pis « And we’ll never be holy. » Les derniers mots sont susurrés car, les yeux fermés, elle est déjà en train de l’embrasser comme si elle connaissait son prénom. Elle aurait pu enchainer avec les lyrics de Sinner ou de n’importe quelle autre chanson, mais là c’est le moment où elle n’a plus envie de parler ; pas même en lyrics interposées. Elle se laisse seulement aller, elle se laisse être elle même et elle emmerde le reste du monde. Il est le seul présent, le seul qu’elle embrasse en ce moment. Rien n'a de sens. C'est parfait.

I can be your butterfly

@Kane Williamson

And they’ll never be holy. Does it even matter ? Does anything even matter now ? Y’a beaucoup de trucs qui devraient matter, comme le fait que sa vie est un bordel sans nom et que la dernière chose dont elle ait besoin c’est d’un nouveau gars qui vienne tout compliquer. Mais là, ça semble trop tard pour reculer. Parce qu’ils sont déjà en train de s’embrasser et qu’elle n’a rien vu venir. Elle a elle même provoqué son destin, elle aurait pu le laisser à côté du comptoir et s’en aller mais elle n’en a pas eu la force. Parce que ce n’était pas ce dont elle avait envie non plus. Elle a fait ce dont elle avait envie, elle a approché ses lèvres, elle les a collé aux siennes, et elle l’a embrassé. Il l’a embrassé aussi. Elle n’est pas folle, c’est ce qu’ils voulaient tous les deux. C’est juste une truc de soirée, juste un gars qu’elle embrasse parce qu’elle est un mess. Un gars qui l’a demandé en mariage mais ça ça compte pas, parce que sinon ça devient vraiment trop compliqué. Il prononce les dernières paroles avec elle, et c’est beaucoup trop parfait pour que cela ne soit réel. Elle est en train de rêve. Les parties de petit bac ne se terminaient pas comme ça dans ses souvenirs. Sa main quitte sa joue, elle se fait force pour ne pas la recoller elle même. C’est leur moment à eux, la rousse ne veut pas que ça s’arrête déjà. Mais ça ne s’arrête pas, sa main s’aventure plus loin vers sa nuque, suivie de son acolyte. Il n’est plus seulement en train de lui caresser la joue, il l’enlace. Il la sert fort et leurs corps se sont rapprochés, c’est tout ce dont elle a besoin. D’étreintes, de câlins, de contact physique. Il la sert peut être un peu trop fort mais elle n’y fait pas attention, parce que c’est dont elle a besoin. La vie devient plus simple quand les êtres humains se serrent l’un contre l’autre, même quand ce sont des inconnus qui ne devraient pas. Ils l’ont dit : we’ll never be holy. Ils n’ont rien à perdre et tellement à gagner. Il pourrait être le roi des cons qu’il serait déjà trop tard pour Charlie. Encore (déjà).
Même s’il était le roi des cons elle n’aurait pas voulu que ça s’arrête. Ce n’est rien qu’un baiser, un baiser anodin, un baiser de soirée, un baiser entres personnes alcoolisées. Personnes alcoolisées qui s’entendent beaucoup trop bien pour déjà se quitter. Il n’y a pas que ses yeux qui étaient beaux, elle le sait maintenant qu’il a lâché ses lèvres. Heureusement que son étreinte est toujours réelle. « What’s your name ? » Il la fait rire doucement. Ils pourront jamais être holy s’ils embrassent des gens sans connaître leur prénom. Sa réponse est précédée d’un baiser, elle se la joue Léo avide de contact physique, Léo qui n’en a jamais assez de rien. Il fait si chaud, elle entend le sang circuler dans ses tempes, elle entend son coeur battre la chamade. Fuck. « Adelaide Williamson would not be that bad you know ... » Abrège Charlie, abrège. Ce n’est pas le moment de se perdre dans des milliers d’explications. Tu n’en as même pas envie, enfant terrible. « Charlie. I don’t have any lyri - ... » Elle l’embrasse. Son propre corps comprend qu’elle doit apprendre à la fermer parfois. Elle doit apprendre à faire ce dont elle a envie, surtout quand c’est avec quelqu’un comme lui qui semble tout autant désirer ses lèvres. Elle désire plus les siennes, c’est certain. Ce ne sont que des lèvres, qu'un baiser. Personne ne pourra lui en vouloir. Elle ne s'en voudra de toute façon pas. « What’s yours ? » watsyurs, c’est plutôt ce à quoi ça ressemblait. Peu importe. Il a compris. Et s’il n’a pas compris c’est pas grave, parce qu’au moins elle a son nom de famille. Elle a envie de lui poser mille question mais sa présence est trop éphémère pour qu’elle ne perde son temps. Il fait trop chaud dans ce bar, ils ont monté le chauffage. Ils ont monté le chauffage et ce n’est pas Charlie qui rougit comme si elle était redevenue une adolescente, promis. Si, c'est bien elle. She wants more, she needs more.