Jules, Jules, Jules. Petite boule de bonnes manières et de contenance, petit être fragile qui accepte tout le sourire aux lèvres, visage parfaitement aligné au-dessus du qualificatif de beige dans le dictionnaire. « Heureusement non, mais il m’arrive de passer du temps avec lui et avec ses proches et malheureusement pour moi tu en fais partie. J’imagine que je ne devrais pas être étonnée que tu sois une fois de plus dépassée par les relations humaines. » « Pas par les relations humaines, juste par les relations avec toi. » grand bien m’en fasse, des comme elles, je tentais de les garder le plus loin possible de moi depuis la nuit des temps. C’est juste parce qu’elle colle au basques d’un de mes plus vieil ami, c’est juste parce qu’elle fait troisième roue du carrosse à chaque fois où je veux juste chiller avec Alfie, c’est juste parce qu’elle s’impose, s’incruste, que j’ai à être bloquée avec elle. Et que ironiquement, elle se retrouve bloquée avec moi. S’il est faisait juste rester de son côté quand on passe la soirée ensemble Maslow et moi, on en serait pas là, si elle faisait juste se tenir à carreaux et laisser les adultes s’amuser, on aurait la paix l’une et l’autre de l’une et de l’autre.
« Les rares fois où nous nous croisons m’ont suffi pour comprendre que tu pouvais être une grosse garce puisque tu ne t’es pas gênée pour m’attaquer gratuitement à chaque fois et c’est la raison pour laquelle nous nous retrouvons en train de discuter ou plutôt je me retrouve en train d’essayer de parler à un mur, pour tenter d’éclaircir les choses. » je savais pas qu’elle arriverait à user d’autant de mots sans prendre la moindre inspiration, et faut dire que ça m’épate assez pour arrêter complètement d’écouter ce qu’elle dit - oh, bummer - pour me concentrer sur sa poitrine qui ne bouge pas, sur l'air qui n’entre apparemment pas du tout. « C’est pas gentil de faire du body shaming. » la seule chose que j’ai retenu, espérant la piquer juste assez pour qu’elle remette son girl power spirit en question. « Je ne pense pas que ta vie soit enviable, ça doit être fatiguant de s’attirer autant de haine constamment. » « Au contraire : ça garde le coeur proactif autant de rage. » faire pomper le coeur comme ça, sentir la rage qui pousse le sang contre mes temps, qui accélère les battements à ce point, je suis certaine que c’est aussi bon pour mon cardio que mauvais pour ma pression. Passons.
« Mais puisqu’on parle d’être envieuse, je crois que c’est plutôt toi qui ne supporte pas de me voir à la place que tu as perdue, je me trompe ? Sinon, pourquoi est-ce que tu gaspillerais autant ta salive pour me décrédibiliser ? Ça te fait chier qu’il soit capable de s’attacher à quelqu’un qui ne te ressemble pas du tout ou est-ce que tu rêverais simplement de revivre le bon vieux temps ? » parce que la suite, là, elle est fun. « J’ai rien perdu du tout. » mettons les pendules à l’heure : Alfie et moi, on était toujours dans la vie l’un de l’autre, et ça constitue absolument pas une perte à mes yeux, surtout du fait où c’était ma petite personne qui avait mis un terme à la partie charnelle de notre relation jadis. « C’est vraiment de ça que t’as peur? » et ça, c’est le plus intéressant. Qu’elle le dise enfin, à voix haute - et que je puisse ridiculiser la chose à un point où je me retiens même pas pour en rire. « Que je tente de te le piquer? » je sais pas si elle sait, mais le gars, il ne vit que pour elle. Il ne voit qu’elle, il ne veut qu’elle, il en est dégoulinant de cheesy Alfie pour Jules, et qu’elle pense ça me fait autant rigoler que m'inquiéter pour mon pote qui, dans l’instant, donne tout ce qu’il peut pour la garder, pendant qu’elle, elle flippe qu’il veuille aller jouer ailleurs quand ce chapitre là est terminé depuis une éternité. « C’est pour ça que t’es autant une plaie ; parce que tu crois que je veux le ravoir? T'es aveugle en plus du reste? » really? Tout dans ma voix sonne comme un jugement mais y’a rien de nouveau, elle est habituée.
Est-ce qu’il est envisageable d’expulser tout l’air de son propre corps juste en soupirant ? C’est sûrement quelque chose que je ne vais pas tarder à tester compte tenu du nombre de soupirs que je suis obligée de pousser par seconde. Elle est incroyable cette fille, avoir une conversation avec elle est impossible, ou en tout cas un échange constructif et elle semble s’amuser follement de ce dialogue qui n’a pour moi aucun intérêt et pas beaucoup de sens non plus. Pourtant j’essaie, j’essaie vraiment de la faire parler, de l’amener à extérioriser ses rancœurs envers moi et les raisons de cette antipathie qui est rapidement devenue mutuelle faute qu’on parvienne à passer au-dessus de nos a priori. La différence entre elle et moi, c’est que je ne suis pas butée au point de ne pas être capable d’avoir une conversation posée mais je ne devrais pas être étonnée de son comportement actuel, ça ressemble bien à la fille que je connais. Ariane a ce côté petite peste niveau adolescente prépubère qui devrait lui être passé depuis longtemps mais qui persiste à stagner chez elle. Dommage que ses traits ne lui permettent plus de se faire passer pour une ces petites pestes de douze ans qui croient avoir assez expérimentée la vie pour avoir une opinion sur tout et tout le monde. Elle aurait sûrement fait fureur dans une cour d’école, reine des abeilles au milieu de ces sujets pendues à ses mauvaises paroles parce qu’il est plus simple de critiquer ensemble que de devenir l’objet de la critique. J’imagine qu’elle a dû bien souffrir dans sa vie pour avoir tellement envie de se montrer dure avec les autres et de prouver qu’elle n’a pas de cœur mais son histoire, je m’en fiche, elle est loin de m’attendrir, j’ai fait un pas vers elle, et pas qu’un seul d’ailleurs et elle a toujours su me stopper dans mon élan, considérant certainement qu’aucune de mes actions ne serait suffisante. Sa répartie me le prouve d’ailleurs, elle n’a pas d’argument, en réalité, juste une capacité folle à tenter de me piquer pour me faire sortir de mes gonds. Bien sûr qu’elle a dû mal avec sa relation avec moi, ce n’est pas une surprise, et retenir un body shaming inexistant de mes propos ne fait que me confirmer qu’elle reste là juste pour se marrer à mes dépends sans aucune volonté d’arranger quoi que ce soit entre nous. Alors non, en effet, je ne pense pas que sa position soit enviable et je ne rêve absolument pas que nous échangions nos places, la mienne me convient très bien. Je ne sais pas comment je parviendrais à être heureuse en ayant une telle aversion du monde qui m’entoure et de mon entourage, mais apparemment, elle s’en sort très bien. « Tu es désespérante. » Je finis par admettre, lassée par son attitude plus que par désir de me montrer désagréable. Je parle à un mur, c’est une évidence et je commence à me dire que je devrais sans doute économiser mes mots, moi aussi.
Je suis donc surprise lorsque je réalise que j’ai enfin piqué sa curiosité en abordant son envie évidente de récupérer Alfie et de revivre leur idylle – si on peut appeler ça comme ça, j’ai cru comprendre que ce terme n’était pas forcément le plus approprié – par simple plaisir de me narguer plus que par désir de le retrouver. Le fait qu’elle m’assure presque instantanément qu’elle n’a rien perdu me fait sourire, c’est typique des filles blessées à la fierté mal placée qui tiennent absolument à rappeler que cette séparation était à leur initiative et que parce qu’elles ont pris elles-mêmes cette décision, il est évident qu’elles n’ont pas du tout souffert alors que la personne en face s’est effondré telle une pauvre loque. En revanche, qu’elle s’étonne du fait que j’ai peur de l’avoir dans les pattes me fait évidemment moins sourire puisqu’il est évident que c’est le cas. Elle devrait le savoir puisqu’elle fait tout son possible pour m’effrayer, pour me rappeler qu’à une époque il y avait ce petit truc spécial entre eux et pour me prouver qu’elle est loin de respecter la relation que nous avons construit et qui lui déplait fortement pour une raison que j’ignore. « Bien sûr. » J’admets, parce que je ne vois pas de bonne raison de mentir et que tant qu’à être ouvert et honnête, mieux vaut l’être jusqu’au bout. « J’ai peur de ce dont tu es capable parce que tu m’as bien fait comprendre que tu n’avais pas de limite et pas de scrupule. » C’est la vérité, elle me l’a laissé entendre à de nombreuses reprises. Pour m’effrayer seulement ou pour me mettre en garde avant qu’elle passe à l’offensive ? Je ne le saurais jamais mais le résultat est le même. « Mais bon, me faire peur, c’est ton objectif depuis le début, alors tu ne vas pas jouer la surprise parce que tu as réussi, si ? » Une chose est sûre, elle ne devrait pas tenter d’être comédienne parce que sa fausse surprise face à quelque chose qu’elle a provoqué est vraiment mal jouée. Je serais donc ravie qu’elle m’explique en quoi je suis aveugle, parce que moi ce que je vois c’est une connasse sans cœur prête à tout pour que je parvienne à me souvenir qu’elle a compté dans la vie d’Alfie suffisamment pour sa présence puisse devenir un danger pour moi. Je n’oublie aucune de ces allusions à ce sujet et pourrait sûrement écrire une encyclopédie en trois volumes constituée des piques auxquelles j’ai eu droit à chacune de nos rencontres. Elle peut me dire ce qu’elle veut, et feindre de ne pas comprendre mes craintes mais nous savons toutes les deux qu’elle s’en amuse follement et qu’elle ne fait rien pour que je me sente davantage en sécurité. Ariane Parker ne changera jamais.
« Bien sûr. » bien sûr. J’ai envie de l’imite, j’ai envie de parler pareil comme elle, j’ai envie de mimer sa condescendance en usant de la mienne, plus piquante on s’entend. Mais j’aurais peur de lui donner ainsi un crash course sur comment être plus sanglante, et franchement ça me plairait pas qu’elle se balade en ville en disant qu’elle use maintenant de mes astuces, qu’elle s’est transformé en terreur de bac à sable sous mes officieux conseils. Alors que fais que la fixer, fort, longtemps, essayer de déceler un truc chez elle qui m’ennuie pas, un seul.
Reste que lorsqu’on aborde Alfie, là au moins elle a l’air vraie. « J’ai peur de ce dont tu es capable parce que tu m’as bien fait comprendre que tu n’avais pas de limite et pas de scrupule. » elle a l’air vraie et elle dit la vérité, tant mieux pour elle. C’est pas compliqué en soit de pas être beige, d’avoir un minimum de personnalité, de saveur. Jules me donne l’impression d’être plate, sans vague, sans rien d’autre que des sourires scotchés à son visage et des coups d’œil brillant de Bambi qu’on a juste envie de gifler en lui disant que c’est pas comme ça qu’on va survivre dans le vrai monde. Mais elle s’ouvre et pour ça, elle me gratte au moins une minute ou deux d’attention, d’intérêt. C’est peu mais c’est tout ce que j’ai à lui offrir, la journée a été éreintante, j’ai juste envie de retourner rejoindre Levi et de dédier ma rage sur lui et ses foutus résultats de santé plutôt que sur elle qui va toujours finir par se faire plaindre comme le pauvre petit cœur fragile qu’elle est 24/7. « Je reviens pas en arrière. » que je finis par statuer, sèche, directe, les yeux plantés dans les siens et la voix qui j’espère se rend à ses oreilles qu’elle bouche volontairement à mon intention depuis les tous débuts de cette conversation inutile à mes yeux comme aux siens.
« Mais bon, me faire peur, c’est ton objectif depuis le début, alors tu ne vas pas jouer la surprise parce que tu as réussi, si ? » « Pas ma faute si t’es aussi sensible. » j’hausse de l’épaule, blasées, m’assurant de bel et bien lui montrer. « Mais y’a une différence entre te faire comprendre qu’avec moi il se prenait pas autant la tête qu’avec toi et tenter de le reconquérir désespérément. » ma voix est plutôt calme là, même si je suis exaspérée de devoir le lui expliquer, même si honnêtement ça me fait chier qu’elle soit prise encore une fois pour la fillette qu’on doit protéger, à qui on doit tout dire avec des pincettes. « On a jamais été en couple, Alfie et moi. » que je lui rappelle, lasse, si lasse, le soupir qui fait même pas gaffe lorsqu’il passe mes lèvres. « Et c’est pas mon genre de jouer les 2e choix. » parce qu’Alfie voulait pas être en couple avec moi, mais avec elle. Évidemment, je laisse de côté la carte mentionnant qu’il était passé au rang de second pour moi à l’époque, mais anyways, c’est du pareil au même. On avait pas eu le même genre de relation que celle qu’eux deux avaient actuellement, à mes yeux c’est pas comparable. « Du coup tu peux continuer de penser que si ça va mal dans votre couple, c’est à cause de la vilaine Ariane qui rôde comme une épée de Damocles. » option un, celle qui semble lui convenir le mieux parce que pour celle-là, elle conserve le beau rôle envers et contre tout. « Ou tu peux te demander concrètement qu’est-ce qui bloque et qu’est-ce que tu peux faire de constructif pour changer ça plutôt que de gaspiller ton énergie à faire pitié en m’offrant un service à la clientèle de merde sur ton lieu de travail. » option deux, bien moins fun mais bien plus efficace. « Mon sac, maintenant. » ma main se tend, si elle fait la source oreille à ça, mon boulot ici est terminé.
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si ça te va, on peut doucement aller vers la conclusion
Dernière édition par Ariane Parker le Sam 29 Fév 2020 - 6:07, édité 1 fois
Elle ne revient peut-être pas en arrière mais ça n’a pas l’air de la déranger de rester accrochée à mon mec comme une moule à son rocher. Ariane peut dire absolument ce qu’elle veut, je ne lui fais pas du tout confiance et je pense sincèrement que si Alfie lui laissait une porte ouverte, voire même entrebâillée, elle n’hésiterait pas une seule seconde à foncer, rien que pour prouver qu’elle arrive à me surpasser puisque me le prouver semble être devenu un objectif de vie pour elle. Je ne la connais pas bien, c’est vrai, mais ce que je connais d’elle me suffit pour ne pas avoir envie d’en savoir davantage et pour craindre que chaque sortie qu’elle fait en tête-à-tête avec Alfie puisse se terminer par un dérapage que j’aurais bien du mal à encaisser. Elle a vraiment l’air de penser que je suis complètement folle d’envisager une chose pareille, mais si elle ne s’intéressait pas d’aussi près à mon petit-ami, peut-être se rendrait-elle compte qu’elle a bien mieux à faire de sa vie que de lister tous les traits de ma personnalité qu’elle déteste. A moins qu’elle ait l’intention de publier ma biographie dans les prochaines années, je ne vois pas ce que ça pourrait lui apporter dans la vie. « Tu n’as pas l’air très douée pour aller de l’avant, non plus. » Je constate simplement, parce qu’il me parait évident qu’elle reste coincée dans ce qu’elle croyait connaitre d’Alfie et rêve avec nostalgie de le voir redevenir celui d’avant, à savoir le garçon sans attache qui n’avait pas de copine à retrouver en rentrant chez lui le soir et qui, selon ses dires, devait donc être bien plus fun. Ce n’est quand même pas de sa faute si elle a décidé de rester enfermée dans une adolescence éternelle, si elle a envie de s’éclater comme quand elle avait quinze ans, je ne peux que lui conseiller de se tourner vers les lycées environnants pour réussir à se faire des amis beaucoup trop jeunes pour elle. Voir Ariane entourée d’une ribambelle de jeunes boutonneux n’est probablement pas l’image que quelqu’un aurait envie de voir, mais si ça peut lui donner une bonne raison de me lâcher enfin et de me laisser vivre ma vie, j’imagine que ça vaut le coup de choquer un peu les gens. En attendant, je sais que je rêve en imaginant qu’elle puisse un jour sortir de ma vie, parce que contrairement à ce qu’elle semble penser, le fait qu’elle continue à côtoyer Alfie m’oblige à lui faire une place, même minime, dans ma vie, et si je passe mon temps à l’insulter intérieurement, je suis toutefois tenue de faire bonne figure et de me montrer polie et courtoise en sa présence ce qui me coûte énormément. De son côté, Ariane n’a pas ce problème vu qu’elle n’a certainement pas dû entendre le mot éducation ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, elle se permet donc de dire les pires horreurs sans prendre de gants ou mettre un filtre et je subis ses agressions verbales répétées avec de moins en moins de patience à chaque tentative de sa part.
Maintenant que nous avons enfin l’occasion de parler toutes les deux, je pensais sincèrement que nous pourrions mettre les choses à plat mais je suis la seule à faire preuve d’honnêteté et de sincérité alors qu’elle se contente de m’enfoncer, jugeant certainement que je ne vaux pas la peine qu’elle se décarcasse pour faire en sorte que nos rapports deviennent moins tendus. Elle n’en a absolument rien à faire de ce que je lui raconte et je me demande sincèrement ce qu’elle fait encore là si elle est aussi peu réceptive à mes propos. Au moins, j’aurais essayé de lui parler et personne ne pourra jamais me reprocher de ne pas avoir fait un pas vers elle. « Je ne suis pas… » Sensible ? Bien sûr que si, je le suis, mais en l’occurrence, ce n’est pas ma sensibilité le problème, c’est son attitude vis-à-vis de moi et ça, elle ne veut pas le comprendre. « Laisse tomber. » A quoi bon chercher à lui expliquer ce qu’elle ne veut de toute façon pas entendre ? Je perds mon temps, nous tournons en rond depuis très longtemps et je sais que je n’obtiendrais rien de plus d’Ariane que du sarcasme et du dédain. Je feins de ne pas entendre les longs soupirs qu’elle pousse ou de ne pas voir ses yeux qu’elle lève au ciel, apparemment blasée par cette conversation qu’elle ne souhaitait pas avoir avec moi. Je ne sais même pas pourquoi je continue à m’expliquer et pourtant, je ne peux pas la laisser dire toutes les âneries qui sortent de sa bouche alors je me fatigue à la contredire en sachant que mes arguments n’atteignent pourtant pas leur signe. « Sauf que je n’en ai rien à faire de la manière dont il était avec toi, je croyais que tu ne revenais pas en arrière ? Toi tu es le passé, moi je suis le présent et nous n’avons rien à voir tous les deux, alors laisse-nous vivre ce que nous avons à vivre et concentre-toi sur ta vie, c’est possible, ça ? » Si elle en a à ce point rien à faire de son ancienne relation avec Alfie, ça ne devrait pas être trop compliqué à réaliser, mais apparemment pour elle, me laisser en paix semble lui demander un effort surhumain et je crois qu’il faut que je renonce à comprendre pourquoi parce qu’elle n’est pas disposée à me donner l’explication que je lui demande. Le fait qu’elle se prétende incapable de jouer les deuxièmes choix ne me rassure absolument pas, parce que si c’est la seule chose qui la retienne de se jeter dans les bras d’Alfie, ça me parait bien mince. « Tout va bien dans notre couple. » Je rétorque, tranchante, alors qu’elle semble savoir mieux que moi comment Alfie et moi nous portons. J’ai répondu du tac au tac, sans réfléchir, mais j’admets que je trouve bizarre qu’elle ait l’air si sûr d’elle en faisant cette supposition. Est-ce qu’Alfie lui a dit que ça n’allait pas bien entre nous ? Est-ce qu’il lui aurait fait des confidences que j’ignorerais ? J’essaie de ne pas trop y penser et Ariane m’est d’une grande aide en réclamant son sac. Je contemple ledit sac qui se situe à dix centimètres d’elle, comme depuis le début de cette conversation, d’un air interrogateur. « Il te suffit de tendre le bras, de le baisser un tout petit peu jusqu’à ce que tes doigts puissent saisir la anse et tu l’auras. » Je rétorque, un sourire amusé sur le visage alors que j’étais loin d’avoir envie de rire quelques secondes auparavant. « Ça ira, tu devrais t’en sortir ? » Je demande, avec une furieuse envie de me foutre de sa gueule. « A moins que tu aies l’habitude que ton assistante personnelle te porte ton sac pour te le mettre dans les mains ? Dans ce cas je suis désolée mais je suis bibliothécaire pas bonne à tout faire, il va falloir que tu te débrouilles. » Et j’adorerais la regarder faire ou l’entendre pester contre moi, une nouvelle fois, mais ce serait poursuivre un moment qui a déjà duré bien trop longtemps. « La sortie est sur ta gauche, je ne te raccompagne pas, bonne soirée. » Je quitte le comptoir, la laissant plantée là, le sac devant elle, un air bête sur le visage et reprends la direction du rayon jeunesse que je dois finir de ranger avant de fermer définitivement boutique. Finalement, ce tête-à-tête n’aura servi à rien de plus qu’à me confirmer qu’Ariane est vraiment aussi antipathique que je l’imaginais depuis le début. C’est triste pour elle.
Code by Sleepy
Spoiler:
Je m’arrête là, si tu veux rebondir libre à toi, sinon je te laisse demander l’archivage.