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 How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4)

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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyJeu 27 Juin 2019 - 0:49



Infinity
FEATURING @Primrose Anderson & Abel White


DOWN TO EARTH… KEEP’EM FALLING WHEN I KNOW IT HURTS. GOING FASTER THAN A MILLION MILES AN HOUR, TRYING TO CATCH MY BREATH SOME WAY, SOMEHOW… DOWN TO EARTH… IT’S LIKE I’M FROZEN BUT THE WORLD STILL TURNS. STUCK IN MOTION, BUT THE WHEELS KEEP SPINNING ROUND MOVING IN REVERSE WITH NO WAY OUT. AND NOW I’M ONE STEP CLOSER TO BEING TWO STEPS FAR FROM YOU. AND EVERYBODY WANTS YOU EVERYBODY WANTS YOU. HOW MANY NIGHTS DOES IT TAKES TO COUNT THE STARS ? THAT’S THE TIME IT WOULD TAKE TO FIX MY HEART, OH BABY I WAS THERE FOR YOU, ALL I EVER WANTED WAS THE TRUTH. HOW MANY NIGHTS HAVE YOU WISHED SOMEONE WOULD STAY ? LAY AWAKE ONLY HOPING THEY’RE OKAY. I NEVER COUNTED ALL OF MINE, IF I TRIED I KNOW IT WOULD FEEL LIKE INFINITY… EYES CAN’T SHINE UNLESS THERE’S SOMETHING BURNING BRIGHT BEHIND. SINCE YOU WENT AWAY, THERE’S NOTHING LEFT IN MINE. I FEEL MYSELF RUNNING OUT OF TIME.



Plus rien. Le vide, le néant, le silence. Obsédant, lancinant, torturant. Ça ne peut plus durer, je dois faire quelque chose. Quoi exactement ? Je ne la croise plus à la Fac depuis le début de la semaine, elle ne répond pas à mes messages et je ne vais pas faire le guet devant son appartement tout de même, si ? Non, je n’ai pas envie de ressembler à un psychopathe lourdingue, ça lui donnerait une trop bonne raison pour me jeter et c’est ce qu’il faut que j’évite, à tout prix. Je marche sur des œufs avec Primrose, j’en ai totalement conscience. La peur de la perdre entre directement en conflit avec le plaisir qu’elle m’offre en mordant. Je veux qu’elle m’écorche, mais pas trop. Ou si, trop, mais qu’elle ne cesse jamais de le faire. Qu’elle m’écorche tout le temps, inlassablement, continuellement. Je veux qu’elle me rende ivre d’amour, qu’elle me torture de douceur, qu’elle annihile tout le reste pour que je ne vois plus qu’elle. Elle et elle seule.

J’écrase ma cigarette dans le cendrier et me munit de ce fabuleux appareil indispensable de nos jours sur lequel on pout obtenir tous les renseignements ou presque – mon IPhone. Après plusieurs minutes de recherches intensives sur les réseaux sociaux, je finis par envoyer un message à l’une de ses ‘copines’. Je tapote nerveusement des doigts sur le bar du loft en attendant la réponse et rallume une cigarette. La musique pulse dans les enceintes, Thunderstruck- ACDC, et je vide ma dernière canette de Red Bull sans cesser une seule seconde de remuer. Les questions tournoient dans ma tête… Et si elle ne voulait plus me voir ? Et si son dernier message relevait purement et seulement de l’ironie ? Si elle se fichait de moi, de mon émoi et de tout ce que j’ai pu lui dire lors de notre dernière entrevue ? Arrête Abel, c’était réel. Je ferme les yeux, inspire profondément en me rappelant son regard chargé d’envie, ses aveux prononcés avec franchise, les réactions de son corps… C’était réel, oui. Je n’ai rien imaginé et je ne suis pas en train de déformer la réalité à cause d’un désir trop puissant. Je dois arrêter de douter dès que ça a de l’importance.

La vibration du téléphone sur le bar m’extirpe de mes pensées tortueuses et je m’en saisis rapidement en soufflant la fumée de ma cigarette. J’apprends alors que Primrose fait un stage dans un cabinet d’avocat du centre-ville et je me tape le front en maudissant ma forte désorganisation personnelle qui me fait souvent oublier des rendez-vous. Heureusement que mon téléphone me rappelle les plus importants, j’ai tendance à oublier tout ce qui me fait chier. Mon stage ne débute que la semaine prochaine pour ma part, à cause de congés et autres, aussi je n’ai pas vraiment réfléchi. Je quémande l’adresse du cabinet, en y mettant les formes et en usant de mon charme, mon plus merveilleux atout  clairement. Lorsque j’ai obtenu tous les renseignements nécessaires, je file prendre une douche et me rendre présentable. J’enfile une veste, simple, par-dessus un jean et des converses. Puis, je brosse mes cheveux vers l’arrière pour éviter de les avoir devant les yeux et, plaçant mon portefeuille dans ma poche arrière, mes clopes, mon briquet et mes clés dans celle de ma veste, je quitte le loft pour prendre la direction du centre-ville.

Pourquoi est-ce que j’ai pris ma caisse alors que c’est l’heure de pointe ? Fatigué et agacé par le trafic qui me condamne à prendre mon mal en patience – ce qui chez moi est très compliqué – je grille clope sur clope en priant pour ne pas mourir d’ennui au milieu de toutes ces voitures. Par chance, miracle même, j’arrive à garer ma caisse pas trop loin du cabinet d’avocat. Je la délaisse pour marcher d’un pas déterminé et sûr de moi vers la bâtisse qui s’impose face à moi. Mon sourire s’étire lorsque je vois les portes s’ouvrir et que je distingue de loin la silhouette gracieuse et élancée de Primrose. Mon cœur se met à battre plus vite, je sens l’impatience et l’excitation me gagner, déjà heureux rien qu’en la voyant. C’est dingue tout ce qu’elle peut me faire ressentir. Je ne pense plus qu’à elle, j’ai envie d’être avec elle et de passer le plus de temps possible en sa compagnie. Elle m’a manqué, oui. Ça fait plus d’une semaine que je ne l’ai pas vu et je suis en manque, totalement accro. Mes pas se pressent et je réduis rapidement la distance pour la rejoindre.

Quelque chose cloche. Dans son regard fuyant. Dans la plaie sérieuse au-dessus de sa tempe droite qui me fait automatiquement froncer des sourcils. L’enthousiasme ressenti laisse soudain place à une vive inquiétude et mon attitude change du tout au tout. De ma nonchalance affichée avec sérénité,  je passe à un air sérieux et demande presque brusquement :– Anderson, bordel ! Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? C’est quoi ça ? Je tends ma main vers son visage pour effleurer la plaie qui a l’air d’avoir plusieurs jours mais reste très vilaine. Je ne sais pas pourquoi, mais je pressens les ennuis. Et un sentiment farouche protecteur s’éveille en moi. Ma mâchoire se serre, alors que je la fixe, en attente de son explication.






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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyJeu 27 Juin 2019 - 18:33


 
Abel & Primrose

How many nights does it takes to count the stars ?
Cette première semaine au cabinet se serait déroulée comme dans un rêve si mon esprit n’avait pas été accaparé par les problèmes personnels que je rencontre ces derniers temps. J’ai été accueillie par le directeur des affaires familiales, un homme charmant et plein d’attention, ne manquant pas tout au long de la semaine de complimenter ma tenue à chacune de mes arrivées. Ce qui aurait pu passer pour une forme de harcèlement sexuelle pour bien des femmes trop coincées me prouve simplement qu’il s’agit d’un homme de goût et c’est donc sur le même ton que je ne manque pas de faire les louanges de sa femme qui, d’après ses dires, est en charge de son choix de cravate chaque matin. J’ai ressorti de mon armoire tous les looks de business woman que je ne pouvais plus vraiment porter – sauf lors des missions confiées par Raelyn –, faute d’en avoir l’occasion. Je m’en suis donc donnée à cœur joie, arborant tailleurs, chemisiers, jupes crayons et escarpins vertigineux avec autant d’aisance que s’il s’agissait en réalité de vêtements simples et confortables. Je me suis toujours sentie bien dans ce rôle de femme de pouvoir ayant les moyens de conquérir le monde en sortant son portefeuille. Outre mon attitude générale, le travail que je vais devoir accomplir m’intéresse, me challenge, me pousse à réfléchir et à m’appuyer sur mes capacités intellectuelles pour répondre à des problèmes qui parfois me dépassent et m’obligent à me tourner vers mes collègues pour obtenir leurs précieux conseils obtenus grâce à quelques bonnes années d’expérience que je n’ai pas encore. Je suis donc bien loin de ce travail au club qui me demandait simplement de remuer mes fesses en souriant, faisant abstraction des émotions, des sentiments et de tout raisonnement intellectuel que j’aurais pu avoir. Je suis dans mon élément, ici, et ce choix de stage me convient parfaitement.

Malgré tout, je peine à faire véritablement abstraction de tout ce qu’il s’est passé ces derniers jours. Ma révélation à cette Charlie qui a oublié de me préserver de son odieux petit-ami a été le début d’une longue suite de péripéties dont je préfère ne pas me souvenir. Me faire presque tuer par John a été une expérience douloureuse et difficile à encaisser psychologiquement. Ma chute sur cette table et le sang dégoulinant sur ma tempe se rappellent à mon bon souvenir beaucoup trop de fois dans une seule journée. Enfin, je ne peux pas ignorer la nuit passée chez Raelyn, cette femme pour laquelle j’ai tant d’admiration mais envers laquelle j’ai toujours ressentis énormément de crainte, certainement parce que je ne la crois pas capable de sentiments et d’attachements et que ça fait nécessairement d’elle une femme dangereuse. Toutes ces idées viennent me déconcentrer et je trouve que je n’ai pas rempli mes tâches avec la même rigueur et la même rapidité d’exécution que si ma vie avait suivi son cours normal. Pourtant, j’ai parfaitement donné le change, il m’a paru facile d’expliquer à mon patron que je n’étais qu’une idiote maladroite qui, en voulant ranger des boites de conserve sur une étagère, est tombée de l’escabeau et s’est heurtée la tête contre le plan de travail. Quelques petites anecdotes ajoutées à cette histoire plutôt crédible ont suffi à convaincre tout le monde, et j’ai eu le droit à quelques vannes bien placées à diverses occasions, prouvant que jamais ils ne me soupçonneraient de dissimuler une agression. Pourtant, je sais de quoi il retournait et les mensonges que je prononce ne parviennent pas – cette fois, en tout cas – à me convaincre moi-même que ce qui m’est arrivé est anodin et que je peux reprendre le cours de ma vie le plus normalement du monde.

Faire des heures supplémentaires ne m’a jamais dérangé, d’autant plus que ma situation professionnelle actuelle me le permet, mais le patron veille et à l’heure où tous les stagiaires quittent le bureau, il me congédie avec un sourire satisfait, me prouvant qu’il est toujours aussi content de mon travail. C’est donc le sourire aux lèvres que je quitte l’établissement, rejoignant la fraicheur australienne en passant les portes qui me séparent de l’extérieur. Quelques pas au-dehors me suffisent pour que mon sourire pourtant justifié s’efface alors qu’un garçon – ou plutôt le garçon – s’avance vers moi, l’air enjoué. La surprise m’empêcher de dissimuler mes émotions autant que je l’aurais souhaité et c’est donc la surprise qui se lit sur mon visage, rapidement remplacée par une certaine appréhension alors que je baisse les yeux vers le sol, me concentrant sur le bitume sous mes pieds pour me forcer à reprendre mes esprits. Lorsque je m’arrête devant lui, j’ai retrouvé un semblant de contenance mais il lui suffit de trois phrases et deux questions pour me prouver qu’il n’est pas dupe. Je soupire. Si je n’ai pas répondu à ses derniers SMS, c’est justement pour éviter cette affreuse situation. Il m’a évidemment coûtée de me murer dans ce silence dont je n’éprouvais ni l’envie, ni le besoin, mais je pensais laisser passer cette vague de problèmes pour ensuite revenir vers lui quand tout ce serait calmé. Il ne m’a pas laissé cette possibilité et je vais devoir affronter cette situation que j’aurais préféré éviter en brodant au fur et à mesure des mensonges que je n’ai pas préparés. Ça va être terrible. « White, quel plaisir. » Je commence, sachant pertinemment que mon entrée en matière n’est pas une réponse et qu’il va falloir entrer dans le vif du sujet dès maintenant. « Je suis tombée contre une table, ça va, pas la peine de paniquer. » Je lève les yeux au ciel, comme la gamine de quinze ans qui vient de se faire chopper par son père en train de fumer au balcon. Le pire, c’est que je n’ai même pas besoin de mentir, pour l’instant, je suis effectivement tombée contre une table. « On dirait mon frère. » Heureusement que Caleb n’est pas au courant de tout ça, je pense que je serais bonne pour facilement dix jours de leçons de morales – peut-être un peu méritées, certes –. « Je suis contente de te voir. » Là encore, ce n’est que la pure vérité, je suis heureuse de le voir, j’aurais juste préféré que les circonstances soient différentes. Je sais que ce n’est que le début des problèmes et j’appréhende évidemment la suite.

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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyVen 28 Juin 2019 - 8:38



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→ - White, quel plaisir ! Dès les premiers mots qui s’extirpent de ses lèvres parfaites et colorées d’un rouge vif impeccable, je sais qu’il va falloir que je prenne sur moi pour ne pas vriller en pleine rue. Nerveusement, je fourre les mains dans mes poches, mes grands bras amaigris me donnant un air chétif alors que je la fixe droit dans les yeux. Cette blessure me semble tout sauf anodine. – Je suis tombée contre une table, ça va, pas la peine de paniquer. Pourquoi est-ce que je ne suis pas convaincu ? Peut-être parce qu’elle sur-joue totalement avec son attitude de gosse prise en flagrant délit ou peut-être parce qu’elle minimise complètement la blessure qui est bien plus sérieuse que mon arcade ouverte d’une semaine ? Je ne sais pas trop mais elle me porte à croire qu’à défaut de me mentir, elle ne me dit pas toute la vérité. Alors, je serre un peu les dents et l’observe sous toutes les coutures. Élégante, gracieuse, sa tenue est des plus ravissantes ! Habitué à être entouré d’un tas de mannequins plus longilignes les unes que les autres et sapées de la tête aux pieds par de grands couturiers, elles ne m’ont cependant jamais fait le même effet que Primrose. Ses escarpins vertigineux – est-ce réellement possible de marcher avec ça ? – mettent en avant ses chevilles fines et ses mollets fermes, apparemment habituées à l’effort. Une jupe cintrée cache ses genoux, ou peut-être est-ce une robe ? Quoiqu’il en soit, sa silhouette est parfaitement mise en avant et je la trouve réellement sublime ainsi. Tout semble tellement maîtrisé… Au détail près… Infime détail. Mon regard bloque un peu sur son poignet et la montre qu’elle y arbore. Cette dernière ne cache pas vraiment le bleu violacé, subtil, qui dépasse. Une chute contre une table, seulement hein ? – On dirait mon frère. Ainsi donc, elle a de la famille par ici. Un frère qui plus est. L’information ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd et je la souligne – T’as un frère ? Ainé ou cadet ?  Les frères, il ne faut pas les prendre à la légère. C’est le genre à te faire payer si tu joues avec leur sœur. Je peux le comprendre, bien que je n’aie aucune fratrie pour ma part, seulement quelques cousines insupportables et dédaigneuses. – Je suis contente de te voir. Au vu de son silence radio depuis plusieurs jours, cette affirmation me laisse pantois durant quelques secondes. De ma poche, je sors mon paquet de clopes et glisse une sèche entre mes lèvres tout en demandant – Vraiment ? J’alimente mon cancer, souffle la fumée sur le côté et reprends – C’est pour ça que tu ne réponds pas à mes messages ? Malgré le reproche sous-entendu par la question, c’est avec un petit sourire charmeur que je la lui pose. Parce qu’au fond, je ne lui en veux pas d’avoir agi de la sorte, c’est tout à fait conforme avec sa façon de fonctionner. Ça me déstabilise, ça me rend même un peu fou car elle m’obsède mais je ne peux nier que j’aime ça. J’aime être un peu fou, j’aime être obsédé par elle. J’aime qu’elle ait investi ma tête et qu’elle se fiche de mes ressentis. Qu’elle me maltraite. Elle m’a rendu fou et maso, génial.  – J’ai pas l’habitude de courir après les filles, t’as vu ce que tu me fais ? Baby, look what you’ve done to me, Baby look what you’ve done now*… Sourire charmeur aux lèvres, je me mordille la lèvre puis lui désigne la rue d’un signe de la tête, lançant une invitation quelques secondes après : – T’as le temps pour un rendez-vous** improvisé ? Parce que rien ne sert de mentir : je réclame un date désormais. Mes intentions sont claires maintenant, je sais que je la veux. J’ignore vers quoi je me précipite, sûrement un énorme désastre, mais je ne peux plus me la sortir de la tête alors… Je fonce. Droit vers le désastre. Je la sonde du regard un petit moment, puis j’ajoute nonchalamment – Et comme ça tu pourras m’expliquer comment tu es tombée sur cette table. Ton poignet a l’air d’avoir pris cher lui-aussi. Je suis observateur, ce qui n’est pas une grande nouvelle. Elle le sait très bien. Et elle sait très bien aussi que je ne vais pas la lâcher comme ça, que je vais lui demander des explications sur un fond de drague charmeuse. Je suis inquiet, possessif et protecteur. Ce sont de fabuleuses qualités, non ?  


* > Stockholm Syndrom, One Direction - Obligé de le mettre sorry pour la réf.
** > En français SVP





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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyVen 28 Juin 2019 - 11:42


 
Abel & Primrose

How many nights does it takes to count the stars ?
Ne pas pouvoir être parfaitement honnête avec Abel est frustrant, j’aimerais ne pas avoir à lui cacher une partie de ma vie, me permettre de ne pas accumuler des tonnes de mensonges, pour une fois, mais ce n’est pas possible. Je sais qu’il ne me croit pas totalement, ses sourcils froncés et son regard qui semble inspecter chaque millimètre de mon corps me le prouvent. Pourtant, à aucun moment, je n’envisage de revenir en arrière. Il ne doit pas savoir. Jamais. Ça gâcherait tout ce qu’il y a entre nous. C’est assez ironique, en réalité, parce que c’est justement parce que je ne peux pas lui parler de moi, ou en tout cas pas d’une partie de moi, qu’il ne peut rien y avoir entre nous alors que c’est pourtant pour ne pas ruiner nos chances de nous découvrir davantage que je garde le silence. Ça n’a absolument aucun sens. Je sais que je devrais tout arrêter, lui rendre sa liberté, supprimer son numéro, m’arranger pour ne plus jamais le croiser. Ça m’éviterait de penser tout et son contraire et d’être complètement perdue à chaque fois que je me retrouve face à lui. Il est là, devant moi, et il me rappelle à quel point il me plait, il a toujours ces mêmes mimiques, ce regard qui me transperce dès qu’il se pose sur moi, cet accent britannique si différent du nôtre et qui contribue à le rendre si particulier à mes yeux. Je sais que je ne peux pas le fuir, ma raison n’est pas assez forte pour gagner et elle ne le sera plus jamais à présent. Alors je dissimule la vérité, j’essaie de m’en sortir en jouant les gamines prises en faute, j’adopte un ton léger bien loin du traumatisme réel de cette fameuse soirée et même si ça ne fonctionne pas, ça nous permet au moins de changer de sujet. Il n’insiste pas et je lui en suis reconnaissante, il n’exprime pas ses doutes et j’espère qu’il ne le fera jamais. « Ainé. » C’est compliqué entre Caleb et moi depuis qu’il sait que je suis stripteaseuse, malgré tout, je sais qu’il restera toujours mon grand-frère, celui qui vole à mon secours si jamais je le lui demande, celui qui ne me laissera pas tomber même s’il ne parvient plus à me regarder dans les yeux. Il me manque terriblement. « Parfois, c’est plus mon garde-du-corps que mon frère. » Souvent, même, j’ai l’impression qu’il essaie de contrôler ma vie et même si je feins d’en être irritée, je crois qu’au fond, j’aimerais accepter la main qu’il me tend, aller vivre chez lui, travailler au restaurant, retrouver une vie normale, stable, une vie qui me permettrait de pouvoir réellement m’ouvrir à Abel. J’en ai envie. Terriblement envie. Je ne peux pas me le permettre, je le sais, et c’est horrible parce que ça lui permet de remettre ma parole en doute lorsque je lui avoue que je suis contente de le revoir, alors qu’il n’y a rien de plus vrai que cette phrase que je viens de prononcer. Comment pourrais-je réellement lui expliquer ce silence que je lui ai imposé ? Je n’ai pas de justification honnête à lui fournir et j’en suis évidemment peinée, je ne veux pas qu’il croit que je le fuis alors que c’est pourtant exactement ce que je fais. J’ai l’impression de ne pas avoir le choix, d’être obligée de me comporter d’une façon qui me déplait et je déteste ça. « J’ai été très occupée. » C’est la pire réponse que je pouvais lui apporter, quiconque prétend ne pas pouvoir prendre deux minutes pour écrire un SMS est un menteur et ce n’est pas la première fois que je saute à pieds joints dans cette catégorie. « J’attendais juste d’être un peu moins submergée pour te répondre, mais je l’aurais fait. » Bien sûr que je l’aurais fait, j’en avais tellement envie, mais il fallait que j’attende que cette horrible blessure sur la tête s’estompe, que je ne sois plus obligée d’enduire mon cou de fond-de-teint tous les matins comme si j’essayais de repeindre un mur plutôt que de me maquiller, et que les souvenirs de cette soirée s’estompent un peu pour que j’ai enfin l’impression de ne pas avoir à me forcer à sourire. Il me court après. Cette idée me fait sourire, malgré tout, parce qu’encore une fois, il arrive à me faire sentir que je suis particulière, que je ne suis pas cette fille lambda qu’il veut aborder juste pour le fun. Je me trompe peut-être, c’est sans doute comme ça qu’il arrive à attirer ses proies, parce qu’il est observateur, perspicace, charmeur et qu’il sait employer toujours les bons mots. Je ne peux pas lutter contre ça et je défis quiconque d’y parvenir. « Je suis pas les filles, je ne veux pas faire comme tous les autres. » Ah bah ça, pour le coup, j’y arrive, je suis nettement plus endettée que la plupart des filles de mon âge, j’ai été dans les lits de beaucoup trop d’hommes ayant l’âge de mon père par rapport à ces mêmes filles, et la liste de mes mauvaises décisions m’ayant permis de me démarquer du commun des mortels est encore longue, bien entendu. Il me laisse le choix, à présent, venir avec lui, passer ce temps en sa compagnie dont j’ai tellement envie mais ça implique aussi devoir me dépatouiller avec cette histoire que je préférerais oublier ou alors partir, rentrer chez moi en regrettant de ne pas avoir profité de sa présence. Je déteste être dans cette position, j’aurais préféré qu’il me l’impose. « J’ai le temps. » Je finis tout de même par admettre, parce que c’est ce que je veux, en réalité. « Mais pas trop. » Je me laisse une porte de sortie au cas-où les choses devraient vraiment devenir trop difficiles à gérer pour moi. La fuite a toujours été ma meilleure option et c’est encore sur elle que je vais compter aujourd’hui. « Je ne connais pas encore trop le coin, par contre, mais il y a un café pas loin, ça te va ou tu avais une autre idée ? » Je crois que je me suis habituée à ce qu’il prenne les commandes, j’ai beau prétendre contrôler la situation, c’est lui qui décide de la direction que nous prenons et je le suis à chaque fois en sachant pourtant que je ne devrais pas. « Comment t’as fait pour me trouver ? » Même en étant surprise de le voir, je me rends compte que je ne me suis pas demandée comment il avait fait pour remonter jusqu’à moi, mais je crois que je peux définitivement me rendre compte que je ne suis pas une fille lambda à ses yeux et ça me plait autant que ça me fait peur.

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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptySam 29 Juin 2019 - 0:38



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→ - Ainé. Ah, ce sera donc le grand-frère protecteur auquel je devrais sûrement faire face à un moment où un autre. Ça ne me dérange pas vraiment, je ne vois pas la fratrie comme un problème ou un obstacle. Ils font partie de la personne, entièrement. Jess et ses sœurs, c’était quelque chose ! Et maintenant que j’ai une fille, je pense que je suis à même de comprendre ce qui unit ceux qui partagent le même sang. – Parfois, c’est plus mon garde-du-corps que mon frère. Cette fois-ci, je souris plus franchement et mes lèvres forment un O d’exclamation, avant de dire – J’ai du souci à m’faire c’est ce que tu essaies de me dire ? Tu crois que je ne fais pas l’poids ? Et ce disant, je roule des épaules et adopte un air qui se veut bagarreur, froncement de sourcils, petite moue grimaçante… Avant de rire, simplement et de bon cœur. Le fait est que je suis réellement un bagarreur, je m’emporte trop vite, trop bêtement aussi. Mais j’aime ça. J’aime cette impulsivité qui me fait souvent faire des erreurs mais me pousse aussi à agir et à dépasser mes peurs constamment. C’est cette folie qui coule en moi qui me permet d’avancer chaque jour, pas à pas.

Lorsqu’elle me dit être contente de me voir, je me permets d’en douter ouvertement. Juste un peu. Juste pour voir ce regard fuyant qui évite de dire tout ce qu’il devrait. Ma langue passe sur mes lèvres que j’humidifie, et j’accueille sa confession avec un sang-froid remarquable. – J’ai été occupée. Je me concentre sur ma clope et plisse le regard alors que la fumée trouble ma vision quelques secondes. Je souffle la fumée lentement, lorsqu’elle enfonce le clou – J’attendais juste d’être un peu moins submergée pour te répondre, mais je l’aurais fait. Ce qui signifie : je ne l’aurais pas fait. Et à cet instant précis, je sais. Je suis persuadé qu’elle me ment et qu’elle me cache quelque chose. Quelque chose d’assez énorme pour qu’elle adopte cette attitude fuyante et troublée, comme si elle avait fait quelque chose d’inavouable, comme si elle avait honte ou peur de dire la vérité. Ce ne sont que des suppositions mais je ne peux pas croire ni qu’elle a été trop occupé pour me répondre, ni qu’elle ne désire pas me revoir. Car si elle n’avait pas envie de me voir, elle ne serait pas là en train de me répondre. Elle aurait tracé son chemin en me lançant un regard dédaigneux, me délaissant comme un chien abandonné sur le trottoir. Elle ne fait pas ça. Elle ne me laisse pas. Elle reste et ça veut tout dire. Elle me ment. Et je lui cours après quand même car je ne peux pas m’en empêcher. Peut-être qu’elle a déjà un mec, ça expliquerait bien des choses pour le coup. Double-vie. Là encore, ce n’est qu’une supposition… qui semble terriblement plausible.

- Je ne suis pas les filles, je ne veux pas faire comme toutes les autres. Je souris et hoche la tête. – ça, je sais. Tu n’es pas comme les autres, non. C’est ce que j’aime chez toi. Et c’est pour ça que je te cours après. Sourire enjôleur sur les lèvres, j’ai presque fini ma clope lorsque je lui propose un ‘rendez-vous’ inopiné, un peu à l’arrache faut l’avouer, j’ai rien prévu d’extraordinaire. Je ne suis pas le genre de mec qui prévoit quoi que ce soit, je me laisse porter par le vent et mes envies bien trop souvent pour m’imposer des choses à faire. C’est plus fun selon moi et moins emmerdant. – J’ai le temps. Mais pas trop. Je fais une petite moue et dodeline de la tête en rétorquant – Je vais essayer de ne pas trop être irrésistible alors. Un petit clin d’œil amusé, j’use de mes charmes je le sais. – Je ne connais pas encore trop le coin, par contre, mais il y  a un café pas loin, ça te va ou tu avais une autre idée ? Je secoue la tête et commence à marcher dans la direction indiquée, à ses côtés. – Aucune idée non, j’espère qu’ils auront du bon thé. Pas prévoyant pour un sou, j’ai juste pensé à débarquer ici sans aucune idée de ce que je ferais ensuite. Je ne calcule pas énormément de choses dans ma vie, ce qui va à l’encontre du métier que j’ai envie d’exercer plus tard. La discipline n’est pas mon fort, pourtant j’essaie de m’y astreindre depuis trois ans et ce n’est pas toujours un succès. – Comment t’as fait pour me trouver ? Je réponds, avec un petit sourire mystérieux et facétieux : – J’ai fait parler une fille comme les autres… Arrivé devant le café, j’entre le premier, comme l’exige la galanterie dans un lieu public, et lui tiens la porte pour qu’elle passe ensuite. Juste derrière elle, j’approche mon visage par-dessus son épaule et poursuis – Je t’ai stalké sur tous les réseaux sociaux… mais j’ai rien trouvé. Alors, j’ai dû avoir recours à mes fabuleuses qualités d’investigateur. Le MI6 tu connais ? Je baisse la voix et chuchote près de son oreille – Je suis un agent sous couverture, Mademoiselle Anderson et j’ai été spécialement requis pour m’occuper de vous et du moindre de vos désirs… Je me mords les lèvres pour ne pas éclater de rire, conscient que ce super discours ne la convaincra pas une seconde.



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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptySam 29 Juin 2019 - 23:52


 
Abel & Primrose

How many nights does it takes to count the stars ?
Les conflits de mâles dominants, ce n’est vraiment pas mon truc et sa remarque me fait lever les yeux au ciel – ça faisait longtemps –. Je n’ai jamais considéré que mon frère pouvait avoir son mot à dire, s’agissant de mes relations et de ma vie ne générale. Je serais évidemment heureuse qu’il approuve mes choix, mais je ne sais que trop bien que ce n’est pas toujours le cas et j’arrive à vivre avec malgré tout. Aussi, je n’ai pas l’impression que White soit censé se mesurer à lui que ce soit aujourd’hui ou dans le futur, il n’a rien à prouver à Caleb tout comme ce dernier n’a pas à se montrer provoquant ou trop protecteur alors que je lui ai bien prouvé jusqu’ici que je menais ma vie en étant parfaitement indépendante. Toutefois, j’ai parfaitement conscience que mon frère a encore un gros travail à faire lorsqu’il s’agit du lâcher prise – nous ne sommes pas de la même famille pour rien – et j’ignore ce que l’image de la grande gueule prétentieuse que montre souvent White lui ferait comme impression et la manière dont il réagirait face à lui. Mais de toute façon, je suis sûrement stupide de me poser cette question qui n’a pas lieu d’être puisqu’il n’y aucune raison pour que ce garçon rencontre un jour ma famille. Certes, il me plait, oui j’ai envie de le voir tout le temps dès qu’il n’est plus à mes côtés et bien sûr que le voir débarquer ne m’a pas laissée indifférente, mais je ne peux pas être cette fille qui essaie d’avoir une relation plus qu’amicale avec un garçon, mon rythme de vie ne me le permet pas, je l’ai toujours su et j’aurais tort de tester pour en avoir la preuve. Il va falloir que je réalise un jour que je suis en train de faire n’importe quoi, que ce petit jeu de séduction auquel nous jouons ne peut me mener que droit dans un mur et qu’il serait judicieux d’y mettre un terme avant que l’un d’entre nous – ou nous deux – ne soit blessé. Sauf qu’aujourd’hui, comme à chaque fois qu’il se retrouve devant moi, je ne m’en sens absolument pas capable. Je veux qu’il continue à me parler, à me taquiner, à me faire sortir de mes gonds, qu’il me donne des opportunités de le piquer et surtout qu’il me fasse vibrer comme il sait si bien le faire, rien qu’avec des mots qui pourraient paraitre anodins pour beaucoup mais qui ne le sont pas à mes yeux. « Mon frère est quelqu’un de bien. » J’affirme, ce qui ne répond nullement à sa question, j’en ai bien conscience mais c’est également ce qui me parait être le plus judicieux à dire sans entrer dans les détails de notre relation beaucoup trop compliquée. « Je crois qu’il sait être juste. » Caleb, c’est celui qui ne fait jamais un pas de travail, qui arrive toujours à cerner les gens, qui sait s’entourer des bonnes personnes et qui ne souffre jamais de soudaines déconvenues. C’est en tout cas comme ça que je le vois et si White devait être confronté à lui, je suis certaine qu’il saurait tout de suite me dire s’il s’agit de quelqu’un de bien ou non. Je ne sais pas si cette idée me rassure ou me terrifie. Une chose est sûre, même si Caleb est bien plus doué que moi – dans tous les domaines, d’ailleurs – je n’ai jamais eu l’intention de laisser mon sort entre ses mains.

Son compliment m’arrache un sourire et me laisse pourtant un goût amer en même temps. Il aime que je sois différente. S’il savait à quel point je le suis, il ne penserait pas une chose pareille. Il donne peut-être l’image d’un garçon prétentieux, hautain, qui se fout de tout sauf de sa propre personne et qui pense que rien ne peut lui résister parce qu’il est le meilleur, le plus beau et le plus fort, mais j’ai compris en lui parlant que ce n’était pas ce qu’il était en réalité et qu’il valait bien mieux que l’image qu’il renvoyait de prime abord. Pour moi, c’est exactement l’inverse, je passe pour l’étudiante sage, sans problèmes, celle qui a des bonnes notes et qui ne fait pas de vagues… Il y a tellement de chose derrière tout ça, tellement de vérités que je ne peux pas lui apprendre et qui font de moi cette fille différente qui semble lui plaire alors que les raisons de ces différences sont toutes aussi mauvaises les unes que les autres. J’ai l’impression que je vais le décevoir comme j’ai déçu toutes les personnes qui ont osé s’approcher de moi – voie pire, s’attacher à moi – et cette idée e noue l’estomac. « Tu ne devrais pas… » Je m’interromps, ne sachant pas vraiment quoi dire finalement et n’ayant pas spécialement envie de lui dire quoi que ce soit. Qu’est-ce que je pourrais faire ? Balancer la vérité ? Lui dire qu’il aurait tort de m’approcher ? J’ai tellement envie de sa présence à mes côtés que ça me semble impossible. Je ne suis qu’une grosse égoïste. « Tu ne me connais pas. » Changement de stratégie, je le mets en garde, à défaut de pouvoir lui conseiller de me fuir parce que je n’en ai vraiment pas la moindre envie. Et puisqu’il ne semble pas être capable de s’éloigner, lui non plus, je devrais sans doute être plus ferme, ne pas entrer dans son jeu, ne pas me montrer avenante… Ce serait un bon début, largement meilleur que celui d’accepter un véritable rencard qu’il ne tente pas de dissimuler derrière une appellation vaseuse pour me faire croire qu’il s’agit encore une fois d’une conversation sans importance. Je devrais sans doute avoir peur, mais au contraire, j’ai terriblement envie de passer ce moment avec lui et je suis bien incapable d’y renoncer en écouter ma raison qui a depuis bien longtemps perdu cette bataille. « Aucun risque. » Je lui renvoie tout de même, désireuse que monsieur irrésistible ne trouve pas beaucoup trop facile de me prendre dans ses filets. Malgré le fait que j’ai revu mon jugement sur lui au fil des semaines et que je commence à apprécier les facettes de sa personnalité qu’il se permet de me dévoiler, je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est le genre de garçon qui peut tout avoir en claquant des doigts et je ne veux certainement pas appartenir à cette catégorie. « Tu bois du thé ? Vraiment ? » Je m’étonne, pensant que l’alcool était probablement le seul truc qui l’intéresse vraiment s’il devait se poser dans un bar. Comme quoi, je me suis trompée, une fois de plus et je ne devrais même plus être surprise. J’aimerais réussir à mieux le cerner, ça m’éviterait d’avoir toujours cette impression que quelque chose m’échappe et que je ne peux pas contrôler ce qui nous arrive. Il me prouve encore une fois que je ne suis pas aux commandes et si cette idée est terrifiante, elle est aussi plaisante car il est toujours agréable d’être portée par les événements sur lesquels on n’a pas vraiment de prises lorsque ces derniers sont aussi déroutants que grisants. Alors que nous nous mettons en route, je ne peux m’empêcher de le questionner sur la manière dont il m’a trouvée et il semble beaucoup trop content de m’apprendre sa technique, m’obligeant, une fois de plus, à lever les yeux au ciel. « Encore une qui a cédé à ton charme beaucoup trop facilement. » Je commente, avant de me rendre compte de mon erreur stratégique. « Enfin, plutôt, encore une qui a cru que tu avais du charme. » Je me corrige, consciente que cette tentative de le taquiner a failli tourner en un aveu que je n’étais pas prête à faire. Bien sûr que le trouve charmant, il est odieux mais charmant, intrusif mais charmant, irritant mais charmant et c’est justement pour ça qu’il est très difficile de lui résister. « Je ne sais pas qui t’a confié cette mission, mais il ne doit pas beaucoup t’aimer parce que mes désirs sont nombreux et je ne suis pas facile à satisfaire. » Je lui apprends, sans trop savoir quelle est la frontière entre le réel et la fiction dans les paroles que je viens de prononcer. L’arrivée au café m’empêche de me poser la question et nous nous installons à l’extérieur – à ma demande – malgré la fraicheur de l’air. Je suis bien trop contente d’avoir quitté le bureau pour m’enfermer de nouveau dans un petit espace. Mes doigts pianotent nerveusement sur la table alors que je consulte la carte, je sais qu’il n’en a pas fini avec cette histoire de bleu et j’ai évidemment peur que le sujet finisse par revenir sur table. « Je vais prendre un capuccino, s’il vous plait. » Je demande à la serveur, avant de laisser Abel commander à son tour. Je la regarde partir en direction du bar, sublime dans sa robe assez moulante pour suggérer ses courbes avantageuses mais pas assez pour que ça paraisse vulgaire. Je ne sais pas de quoi cette soirée va être faite, en réalité, et je ne sais pas si je suis impatiente de le découvrir ou si j’ai affreusement peur de ce que je pourrais apprendre.

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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyLun 1 Juil 2019 - 22:25



Infinity
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DOWN TO EARTH… KEEP’EM FALLING WHEN I KNOW IT HURTS. GOING FASTER THAN A MILLION MILES AN HOUR, TRYING TO CATCH MY BREATH SOME WAY, SOMEHOW… DOWN TO EARTH… IT’S LIKE I’M FROZEN BUT THE WORLD STILL TURNS. STUCK IN MOTION, BUT THE WHEELS KEEP SPINNING ROUND MOVING IN REVERSE WITH NO WAY OUT. AND NOW I’M ONE STEP CLOSER TO BEING TWO STEPS FAR FROM YOU. AND EVERYBODY WANTS YOU EVERYBODY WANTS YOU. HOW MANY NIGHTS DOES IT TAKES TO COUNT THE STARS ? THAT’S THE TIME IT WOULD TAKE TO FIX MY HEART, OH BABY I WAS THERE FOR YOU, ALL I EVER WANTED WAS THE TRUTH. HOW MANY NIGHTS HAVE YOU WISHED SOMEONE WOULD STAY ? LAY AWAKE ONLY HOPING THEY’RE OKAY. I NEVER COUNTED ALL OF MINE, IF I TRIED I KNOW IT WOULD FEEL LIKE INFINITY… EYES CAN’T SHINE UNLESS THERE’S SOMETHING BURNING BRIGHT BEHIND. SINCE YOU WENT AWAY, THERE’S NOTHING LEFT IN MINE. I FEEL MYSELF RUNNING OUT OF TIME.



→  - Mon frère est quelqu’un de bien. Je crois qu’il sait être juste. Être juste, voilà un drôle de concept qui m’amène forcément à réfléchir sur cette notion de justice. En grand utopiste, j’aimerai croire qu’une décision juste est à même de satisfaire tout le monde, hors ce n’est que rarement le cas. Les slogans clament ‘Justice pour tous !’, on brandit ce mot ‘Justice’ comme une arme infaillible et suprême, cependant lorsqu’on se renseigne un minimum sur le droit, il est bien rare d’obtenir une réponse rapide et satisfaisante. Tout se fait en nuance, la justice a une façon bien sinueuse de s’exprimer parfois. Être juste pour certains ne l’est pas pour d’autres. Le concept est malgré tout essentiel car sans un système judiciaire stable, le monde s’effondre. C’est ce qu’on veut nous faire croire… Et j’y crois. Je crois que les humains ont besoin de règles pour vivre en communauté. Je crois qu’il faut s’imposer des limites avant que tout ne vire à l’anarchie. J’ai connu  l’anarchie, ça ne donne rien de bon… Enfin, cela dit, Primrose a sûrement voulu me faire comprendre que son frère est de nature ouverte et tolérante, peu prompt au jugement au profit de l’observation, ce qui est tout à son honneur. – Et toi, Anderson, est-ce que tu penses l’être ? Juste ? Difficile de s’autoévaluer et pourtant, c’est essentiel. Je tends à croire que l’unique personne à laquelle nous devrions nous comparer c’est nous-même. Pour s’améliorer. Pour devenir meilleur. Nous ne sommes que des êtres en constante évolution, n’est-ce pas ?

Il est drôle comme un simple compliment qui se veut flatteur peut avoir une toute autre répercussion que celle souhaité initialement. Mon petit sourire charmeur se meurt lorsqu’une ombre voile son regard et le ternit. Les mots qui sortent de ses lèvres entrouvertes me laissent perplexe un instant. – Tu ne devrais pas… Tu ne me connais pas… Mes sourcils se froncent légèrement, et je dois tourner sept fois ma langue dans ma bouche pour penser un minimum avant de lui rétorquer – Tu ne me connais pas non plus. Moi non plus, je ne me connais pas si bien que ça d’ailleurs. Peut-on réellement se vanter un jour de bien se connaître ou de bien connaître une personne proche ? Tant de gens font l’erreur, croient que tout est acquis, puis tombent des nues lorsque la vérité s’impose brutalement. – Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de connaître quelqu’un pour l’apprécier. Finis-je par en conclure, à haute voix. Avant d’ajouter, avec un petit air espiègle : - Et puis, entre nous, Primrose, fais-tu réellement toujours ce que tu devrais faire ? J’en doute très fortement. Dans son regard, il y a cette étincelle que seuls ceux qui ont le goût du risque ont. Oh très certainement, parfois elle aimerait ressembler à n’importe quelle autre femme et se fondre dans la masse. Elle en est incapable. C’est ancré en elle. Je le sens. Je le perçois. Et c’est ce qui me pousse à chaque seconde davantage vers elle. Ce mystère euphorisant qui l’entoure et sur lequel je ne mets aucune image, sur lequel je n’ai aucune certitude. – Tu bois du thé ? Vraiment ? J’suis anglais , bien sûr que je bois du thé ! J’bois du thé et du Red Bull, c’est la combinaison parfaite. Et cela explique en partie mon hyperactivité et mon besoin d’être tout le temps occupé, au risque d’être bien trop nerveux et angoissé.

Sur la route, je lui explique de manière assez floue la façon dont j’ai réussi à obtenir les informations sur son lieu de stage. – Encore une qui a cédé à ton charme beaucoup trop facilement. Mon sourire s’élargit alors qu’elle réalise, en même temps que moi, qu’elle vient de me complimenter et d’affirmer que j’ai du charme. – Enfin, plutôt, encore une qui a cru que tu avais du charme. Je ris, ne pouvant pas m’en empêcher et secoue la tête – Non, non, c’est trop tard Anderson, irrattrapable ! T’as dit que j’avais du charme. Tu m’trouves beau-gosse alors ? Hein ? Et j’hausse les sourcils et en rajoute, tirant la langue comme un idiot. Honnêtement, je ne me suis jamais trouvé beau. Ou du moins, plus beau qu’un autre. Je sais que les yeux bleus ont quelque chose d’irrésistible – et lorsque je regarde les siens, je n’ai pas de mal à tomber amoureux de ses yeux – mais à part ça… J’ai appris à avoir l’attitude qui plait devant les photographes et je peux aisément jouer le séducteur. Je le fais rarement dans la vie, ça ne m’apporte absolument rien en vérité. Devant l’objectif, je joue et je suis payé pour le faire, ça a donc du sens. – Je ne sais pas qui t’a confié cette mission, mais il ne doit pas beaucoup t’aimer parce que mes désirs sont nombreux et je ne suis pas facile à satisfaire. Cette réponse m’immobilise sur place. Quelques secondes, seulement quelques secondes où mon sang se met à bouillir, mes veines gonflent et mon esprit taquin se met à imaginer tout un tas de désirs à satisfaire. Ce n’est pas bon pour mon cœur ce genre de remarques, il est parti en tachycardie direct. Je me mordille la lèvre et réponds, d’une voix légèrement plus rauque – Ou peut-être qu’il savait que je serais à la hauteur du défi. Prépare-toi, Primrose, je vais apprendre à combler tous tes désirs.

Installés en extérieur, je m’étale sur ma chaise et dépose sur la table mon paquet de clopes et mon briquet. Il ne fait pas chaud dehors, mais je préfère largement ce temps-là aux températures étouffantes de ce fichu pays. La serveuse arrive, Primrose passe commande et je formule mon choix aussi tranquillement – Un thé noir à la bergamote s’il vous plait. Je suis conscient d’être loin du cliché du mec à bière pour le coup, même si j’en consomme à outrance en général. Cela dit, je suis ici, installé à la table d’un petit café en plus-que-charmante compagnie alors, non l’alcool n’a pas besoin d’être de la partie. J’observe Primrose, je la détaille du regard en souriant, heureux de l’avoir près de moi, de pouvoir la regarder, lui sourire, lui parler… - Tu me racontes ta chute alors ? Toi qui marche sur ses objets de torture, j’ai du mal à croire que tu aies pu perdre l’équilibre bêtement. Je n’ai pas oublié, non. Je veux savoir et je  saurais. Mes yeux se portent sur son poignet, légèrement violacé et je me mets à scruter chaque détail.  Comme si son corps pouvait me parler et me dire ce qui s’était passé.




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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyDim 7 Juil 2019 - 0:42


 
Abel & Primrose

How many nights does it takes to count the stars ?
La question de White me laisse songeuse. Est-ce que je pense sincèrement être juste ? Je crois bien que non, si je l’étais, peut-être que je n’accorderais pas ma confiance à de mauvaises personnes et surtout, je ne trahirais pas les miens. Si j’étais juste, je rendrais l’amour que l’on me donne au lieu de le piétiner parce que l’appât du gain est souvent trop fort pour que je puisse y résister. Je suis une sœur complètement nase, une amie encore pire et une camarade horrible lorsque mes motivations prennent le dessus sur les valeurs qui m’ont été inculquées dans mon enfance. Bien sûr, la culpabilité que je ressens après mes mauvaises actions est immense, mais elle ne m’empêche pas de réitérer et de faire le mauvais choix à chaque fois qu’une occasion se présente. Mais ce n’est pas la réponse que je peux apporter à Abel, parce que ce garçon me plait et que je n’ai aucune envie de le faire fuir. J’ai encore besoin de lui à mes côtés, je veux qu’il continue à me titiller, à me pousser dans mes retranchements, à faire ressurgir de moi cette fille que je ne connaissais pas encore mais qui me semble préférable à la paumée que je suis habituellement. Je ne sais pas où on va au juste, tout ce que je sais c’est que j’ai envie d’y aller. « Je l’espère. » Mais j’en doute. Parce que douter de moi est ce que je fais de mieux de toute façon. J’aimerais être cette fille digne de confiance, mais je ne le suis pas. Je ne veux blesser personne et pourtant je finirais toujours par le faire, parce que mes vieux démons me rattrapent où que j’aille et quoi que je fasse. « Tu as déjà été injuste envers quelqu’un ? » Je ne sais pas pourquoi je pose cette question, peut-être que j’ai juste envie de savoir qu’il n’est pas mieux que moi, finalement, qu’il peut être mon égal lorsqu’il s’agit de blesser et de trahir les siens. J’ai besoin d’être sûre qu’il n’est pas trop bien pour moi, que j’ai le droit de continuer à me rapprocher de lui-même si je sais que c’est une mauvaise idée et qu’il finira forcément par en souffrir parce que c’est ce que je fais à tous ceux qui m’approchent. Je voudrais tellement être persuadée que je peux faire mieux que ça cette fois, mais je n’en suis pas si sûre. Pourtant, les choses sont différentes, il est différent, il provoque chez moi des émotions et des sensations que je ne pense pas avoir déjà ressenties auparavant et même si cette constatation me parait terriblement angoissante elle me donne l’espoir que je peux évoluer et que cette fois les choses seront différentes.

Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de le mettre en garde, parce qu’au fond, je pense certainement que ça serait plus facile s’il se décidait à renoncer même si je n’ai absolument pas envie qu’il le fasse. Je suis ensevelie sous une avalanche d’émotions contradictoires. Tout mon être me demande de me rapprocher de lui, d’apprendre à le connaitre davantage, de continuer cette relation ambigüe que j’apprécie tant et de ne pas me mettre des barrières alors que je n’en ai absolument pas envie mais ma raison lutte encore en arrière-plan, me rappelant à quel point je peux me montrer horrible. Et puis, il n’y a pas que ça, ce garçon, il y a quelques semaines, je ne le connaissais pas et si je sais pertinemment que je peux me montrer odieuse, j’ignore s’il peut faire de même lui aussi. Je n’ai pas pour habitude de m’attacher, j’ai découvert depuis six longues années ce dont l’homme était capable, quels étaient ses pires défauts et à quel point un visage pouvait cacher de la noirceur. Je ne suis pas prête à laisser quelqu’un avoir de l’emprise sur moi et pourtant Abel y arrive déjà très bien alors que nous nous connaissons depuis peu de temps. Sa présence me rend différente, lorsqu’il est en face de moi, je me sens obligée de scruter le moindre de ses faits et geste, un battement de paupière, son sourire qui creuse ses fossettes, son accent chantant que je me surprends à entendre dans ma tête lorsqu’il m’arrive de penser à lui et ses phrases si percutantes prononcées sur un ton charmeur auquel je peine à résister. Il a tout pour me faire craquer et ça me fait affreusement peur et au lieu de laisser cette trouille prendre le dessus, je fonce tête-baissée, rendant mes mises en garde peu crédibles et espérant surtout qu’elles ne finissent pas par faire mouche. Il n’a pas l’air offusqué malgré tout et il a raison, en plus, je ne le connais pas non plus et ça ne m’empêche pas de l’apprécier – trop – alors j’imagine que mon seul argument bien pathétique ne va pas être défendable. « Tu m’apprécies, alors ? » Je finis par demander, laissant tomber ma stupide mise-en-garde dont je n’avais pas vraiment envie en fin de compte mais qui me paraissait être appropriée dans le cas présent. Et ce simple fait prouve que non, en effet, je ne fais pas toujours ce que je devrais faire. Si c’était le cas, je serais dans le bus en train de rentrer chez moi et c’est bien l’argument que je compte mettre sur la table. « Si c’était le cas, je ne serais pas là. » Flirter avec ce garçon est une terrible erreur. Il ne sait pas dans quoi il vient de mettre les pieds, ou alors il ne le sait que trop bien et ça l’amuse, je n’en sais rien. Dans tous les cas, je reste persuadée que je ne pourrais regretter cette soirée que je m’apprête à passer en sa compagnie. Même la légèreté employée alors que nous avons abandonné notre sérieux pour que j’analyse les goûts de White ne me permet pas de relâcher totalement la pression et ma plaisanterie n’est pas aussi fluide que je l’aurais souhaité. « T’as vraiment envie de me faire croire que tous les clichés sur les anglais sont vrais, c’est ça ? » Je souris, essayant d’oublier un instant les dilemmes qui se bousculent dans ma tête. « Ce sera quoi, les prochains ? Tu as une photo de la reine toujours sur toi dans ton portefeuille ? Tu manges des chips au vinaigre en regardant BBC lorsque tu rentres de la fac ? Tu bois comme un trou ? » Je me creuser la mémoire à la recherche de tous les « on dit » relatifs à l’Angleterre, comme si cette conversation pourrait alléger le sérieux de celle qui va nécessairement suivre. « Oh non, je sais ! Tu manges de la gelée et tu ne sais pas faire cuire des petits pois ? » Les anglais mangent des petits pois tellement clairs qu’on dirait des lumières phosphorescentes. Dégueulasse. J’aurais pu continuer longtemps comme ça et j’aurais sûrement dû d’ailleurs, ça m’aurait évité de commettre une boulette sur laquelle il se jette, bien sûr, trop content de pouvoir se faire mousser. Sa répartie me fait hausser les épaules et je décide évidemment de ne pas m’étendre sur le sujet, peu désireuse de le flatter et encore moins de lui mentir. Les mensonges, il y en a déjà beaucoup trop entre nous. « Peut-être. » Oh que oui, je te trouve beau White, et c’est bien ça mon problème. J’aimerais qu’il soit moins attirant, qu’il ait moins de charme et qu’il sache un peu moins en jouer. Lui résister serait plus facile, surtout lorsque cette belle assurance revient à la charge alors que j’essaie une nouvelle fois de le repousser, provoquant encore une fois toutes ces émotions contraires qui se bousculent dans ma tête et me font imaginer tout et son contraire. Comment ne pas avoir envie de savoir comment il s’y prendrait pour combler chacun de mes désirs lorsqu’il se prétend aussi sûr de pouvoir y parvenir ? J’ai presque envie de lui répondre que j’ai hâte de voir ça, mais je me retiens évidemment, car je continue ma lutte pour garder le peu de distance que je parviens encore à instaurer entre nous. « J’en doute. » Je ne veux pas susciter sa curiosité, je veux qu’il en ait marre d’être repoussé mais Abel ne semble jamais se lasser et à chaque tentative, il grapille centimètre par centimètre un peu plus de place dans ma vie alors qu’il n’aurait jamais dû en avoir ne serait-ce qu’une minime.

Les choses ne s’arrangent pas une fois nos commandes passées alors qu’Abel revient évidemment à la charge concernant les blessures que je ne peux pas totalement cacher. Je savais qu’il le ferait mais j’ignorais que ce serait aussi rapide et je me raidis sur ma chaise, dissimulant ma main sous la table lorsque je sens son regard se poser sur mon poignet qui n’a pas été suffisamment bien camouflé. Je me dandine sur ma chaise, mal à l’aise, alors que les secondes s’étirent sans qu’une seule réponse ne soit sortie de ma bouche. « Je… » La vérité, c’est que je ne sais pas quoi dire, il n’y a pa d’excuse que je pourrais inventer pour justifier ça et comme il sait déjà que j’ai menti, ou en tout cas que je ne lui ai pas dit toute la vérité, je ne vais pas pouvoir m’en tirer facilement. « J’ai juste eu un petit désaccord sans importance avec le copain d’une fille de la fac. » Pour la partie copain, je n’ai pas menti, j’imagine que c’est déjà un bon début. En revanche, il est vrai que pour ce qui est du léger désaccord, on ne peut pas dire que je sois parfaitement honnête, bien au contraire. Je ne peux pas lui dire la vérité et ça me rend malade de devoir inventer une histoire qui aura forcément des lacunes pour lui expliquer quelque chose que je ne peux pas vraiment lui dire. « Il était en colère et je ne voulais pas l’écouter, il s’est juste un peu emporté, rien de grave. » Minimiser la situation, voilà ce que j’essaie de faire sans me rendre compte de l’efficacité de mon argumentaire par lequel je n’arrive pas moi-même à être convaincue. J’ai peur des précisions qu’il pourrait vouloir me demander, certainement à juste titres. J’ai peur qu’il se montre trop perspicace et ça me terrifie. Je ne veux pas briser ce qu’il y a entre nous même si je ne sais pas ce que c’est réellement. Pendant ces dernières semaines, j’ai rêvé de l’avoir auprès de moi et maintenant qu’il est là, je me rends compte à quel point sa présence me fait du bien. Je ne veux plus avoir à m’en passer. « J’ai voulu le repousser et lorsqu’il m’a lâchée, j’ai vraiment heurté cette table. » Rien de grave, vraiment. Tu vois Abel ? J’ai une vie tout ce qu’il y a de plus normale. J’aimerais tellement qu’il me croit et qu’on passe à autre chose mais je suis évidemment persuadée que ce ne sera pas le cas, pas aussi facilement. « C’est sans importance. » Je répète, sans en être convaincue moi-même. Cette histoire m’a empêchée de fermer l’œil pendant plusieurs nuits et, encore aujourd’hui, le souvenir de cette soirée me hante par moments. Il ne doit pas le savoir, ni aujourd’hui, ni jamais.

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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyMer 10 Juil 2019 - 15:53



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DOWN TO EARTH… KEEP’EM FALLING WHEN I KNOW IT HURTS. GOING FASTER THAN A MILLION MILES AN HOUR, TRYING TO CATCH MY BREATH SOME WAY, SOMEHOW… DOWN TO EARTH… IT’S LIKE I’M FROZEN BUT THE WORLD STILL TURNS. STUCK IN MOTION, BUT THE WHEELS KEEP SPINNING ROUND MOVING IN REVERSE WITH NO WAY OUT. AND NOW I’M ONE STEP CLOSER TO BEING TWO STEPS FAR FROM YOU. AND EVERYBODY WANTS YOU EVERYBODY WANTS YOU. HOW MANY NIGHTS DOES IT TAKES TO COUNT THE STARS ? THAT’S THE TIME IT WOULD TAKE TO FIX MY HEART, OH BABY I WAS THERE FOR YOU, ALL I EVER WANTED WAS THE TRUTH. HOW MANY NIGHTS HAVE YOU WISHED SOMEONE WOULD STAY ? LAY AWAKE ONLY HOPING THEY’RE OKAY. I NEVER COUNTED ALL OF MINE, IF I TRIED I KNOW IT WOULD FEEL LIKE INFINITY… EYES CAN’T SHINE UNLESS THERE’S SOMETHING BURNING BRIGHT BEHIND. SINCE YOU WENT AWAY, THERE’S NOTHING LEFT IN MINE. I FEEL MYSELF RUNNING OUT OF TIME.



→ Nos conversations ont très souvent un sens profond caché, dissimulé par une forte envie de séduire sans en dire trop et sans s’avouer mordus pour autant. Aussi alors que nous abordons le thème de la justice, je ne peux pas m’empêcher de réfléchir sur le sens de ce mot et tout ce qu’il contient. Primrose est comme moi, elle ne peut pas s’empêcher de faire une introspection silencieuse. Je le vois à son regard perdu dans le vide, à son air légèrement triste qui signifie que ses pensées fusent et ne lui donnent guère satisfaction. J’ignore ce à quoi elle pense à cet instant, et même si j’aimerai cruellement le savoir, je me contente de la contempler en silence. – Tu as déjà été injuste envers quelqu’un ? J’arque les sourcils, un peu surpris par cette question. Si je suis honnête, je dirais que j’ai été injuste envers un nombre incalculable de personnes depuis que je suis né. Injuste envers ma mère qui a fait de son mieux pour m’élever seule et qui a dû gérer mon éducation et sa dépression au même moment. Injuste de l’avoir faite souffrir alors qu’elle aurait mérité mon soutien à la place. Injuste de l’avoir délaissé et de n’avoir pas su être présent à ses côtés au moment où elle sombrait. Injuste d’être parti, de l’avoir laissé seule à Londres et d’être aussi loin d’elle. Et puis, j’ai été injuste envers tous les professionnels qui se sont occupés de mon cas, qui ont fait de moi le garçon que je suis devenu, qui ont vu un potentiel dans mes traits de gosse blasé et déchaîné à l’intérieur et qui se sont cassé la tête à tenter de me canaliser. Injuste envers Jess… Car elle méritait tellement mieux de ma part. Injuste envers Morgane que je n’ai pas su cajoler lors de ses premiers mois de vie… Je soupire, relâche mes épaules et déclare – Envers trop de monde, oui. L’égoïsme force l’injustice, mais je ne sais pas comment faire autrement. Car on vit pour soi, non ? N’est-ce pas là le but de notre court passage ici ? Prendre une grande bouffée d’air, inspirer férocement la vie, s’en gorger les poumons et tout relâcher dans son dernier souffle, brutalement. Je veux vivre. Plus intensément que n’importe qui. Je veux me sentir vivant, à chaque instant. Et lorsque Primrose me regarde, je le suis. Et non, on ne se connait pas. On ignore même tout l’un de l’autre et on a tellement à apprendre. Pourtant, je la connais déjà un peu Primrose. Je sais quand je l’exaspère et quand je l’intéresse ; je sais qu’elle est loin d’être bête et qu’elle en a dans la tête ; je sais aussi qu’elle est seule, extrêmement seule bien que très entourée et je sais qu’elle souffre du même mal que moi. De l’indifférence, du rejet maladroit, de la mise à l’écart. Elle déambule, Primrose, en équilibre précaire, jouant à l’équilibriste, coincée entre ses aspirations et ses réticences, ses envies et ses peurs. Et j’ai envie de saisir la main qu’elle ne tend pas. J’ai envie de nouer mes doigts aux siens, j’ai envie de l’imaginer coller contre moi. Pouvoir sentir son odeur, caresser sa peau douce, m’enivrer à son contact et tout oublier pour ne faire que vivre le moment. – Tu m’apprécies alors ? Un large sourire éclaire mon visage alors que je rétorque simplement – N’est-ce pas évident ? Et je ne fais pas que l’apprécier. Chacune de nos rencontres est délicieuse, et la tension qui m’habite lorsque je suis à ses côtés m’électrise et fait naître un millier d’envie en moi. Alors que je lui demande si elle fait toujours ce qu’elle doit faire, sa réponse m’arrache un nouveau sourire. – Si c’était le cas je ne serais pas là. Et je dodeline de la tête, sans cacher le plaisir que provoque cette remarque. Je ne sais pas vraiment si je suis un garçon à fuir – peut-être qu’il faudrait poser la question à Jess, elle serait très certainement la plus à même de répondre sur le sujet. Du coup, je ne réponds pas vraiment, prenant la remarque comme un sacré compliment. Car ça signifie dans l’fond qu’elle lutte et qu’elle s’accroche à moi, tout autant que je m’accroche à elle. C’est encourageant et ça me donne envie de persévérer. – T’as vraiment envie de me faire croire que tous les clichés sur les anglais sont vrais, c’est ça ? Ce sera quoi les prochains ? Tu as une photo de la reine toujours sur toi dans ton portefeuille ? Tu manges des chips au vinaigre en regardant BBC lorsque tu rentres de la fac ? Tu bois comme un trou ? Oh non, je sais ! Tu manges de la gelée et tu ne sais pas faire cuire des petits pois ? Je souris, amusé qu’elle me ressorte tous les préjugés qu’elle peut connaître sur les anglais et leurs manières, et je rétorque avec un petit air charmeur – Tu adorerais Londres. Parce qu’il y a là-bas une ferveur spéciale qui anime les rues, elle s’infiltre dans les cœurs, les âmes et pousse chaque être qui foule ses pavés à se dépasser, à vivre librement et follement. Londres me manque tous les jours. Son activité trépidante, ses places bourrées de monde, ses bâtiments exceptionnels, ses quartiers… Tout me manque. Et je suis persuadé que Primrose adorerait Londres. Il ne peut en être autrement. Et alors, affranchie de l’animosité qui animait notre toute première rencontre, elle se laisse aller à une confession spontanée et non anticipée que je relève aussitôt. Elle trouve que j’ai du charme, c’est ce qu’elle a dit et je suis heureux de le savoir car elle me fascine. Elle me fascine cette femme raffinée dont l’élégance m’attire immensément, elle me fascine celle qui se cache derrière son tempérament fougueux. Et pour contrer cette confidence qu’à demi-avouée, elle reprend pied en se permettant de douter fortement de mes capacités à combler ses désirs. Ce qu’elle ignore c’est que je suis très patient et téméraire. Lorsque je désire quelque chose, je l’obtiens. Et là, ce que je désire c’est apprendre comment la combler. Je veux savoir exactement ce qui la fait rêver pour m’employer à le faire plus tard. Tu n’en as pas fini avec moi, Primrose. Rejette-moi autant que tu peux, je continuerais à te courir après. Et je sais que tu aimes ça. C’est sur le ton de la conversation que je la questionne d’un air désintéressé sur les blessures qu’elle arbore. J’ai bien évidemment remarqué celle à son poignet, comme si on l’avait serré très fortement. Son regard fuyant m’indique directement que je ne vais pas aimer ce qu’elle va m’expliquer. Calant une cigarette entre mes lèvres, je l’observe alors qu’elle essaie de minimiser à tout prix ses explications. Et petit à petit, la colère monte en moi. Dès qu’elle évoque la présence d’un mec dans l’équation, je m’imagine les pires scénarii et je dois faire preuve de tout mon self-control pour ne pas exploser brusquement. Pourtant le volcan est en irruption à l’intérieur et ce sont de larges coulées de haine qui vont se répandre d’ici peu. – C’est sans importance. Conclue-t-elle. J’allume alors ma cigarette et tire fortement dessus, pour calmer ou attiser mes nerfs je ne sais pas vraiment. – Sans importance, hein… Je secoue la tête et regarde ailleurs, j’évite soigneusement son regard car je suis énervé. Elle minimise totalement la situation et ça m’agace. – C’est sans importance que tu te sois faite agressée, c’est ça ? Mes prunelles plongent dans les siennes et mon regard, plein de fureur, s’accroche au sien. – Comment tu peux dire ça ? Putain tu fais du droit non ? Tu sais ce qu’il encoure ce connard –là et… Putain , attends… Je me penche en avant, je me penche et ma main s’avance vers son cou dont le maquillage s’est légèrement enlevé. Sans qu’elle n’ait le temps de se reculer, je glisse mon index sur son cou et enlève une partie de la couche de maquillage. Sa peau dévoile alors une marque violacée et brune, et je rassois, livide. Ébranlé par ce que je découvre, j’observe les marques qu’arbore Primrose avec horreur. – Mais… C’est arrivé comment ? T’as porté plainte ? C’est qui ce mec ? Dis-moi qui c’est. Il ne s’en tirera pas comme ça, c’est impossible. Il faut qu’elle me dise QUI il est. Je ne peux pas laisser un monstre dans les rues comme ça. Je ne peux pas prendre le risque qu’il recommence.




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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyJeu 18 Juil 2019 - 23:52


 
Abel & Primrose

How many nights does it takes to count the stars ?
J’ai posé une question compliquée à Abel, je le vois dans son regard qui s’assombrit alors qu’il entreprend de réfléchir et c’est quelque chose que j’apprécie réellement. Il ne balaye pas ma curiosité d’un simple revers de main, considérant simplement qu’il n’a pas à se poser des questions rien que pour me répondre et qu’utiliser son cerveau dans ce jeu de séduction qui nous lit serait surfait. Au contraire, il prend la peine de creuser, de m’apporter une réponse franche, sincère qui aurait pu le desservir alors qu’elle me pousse à l’apprécier encore davantage car il a le mérite d’être franc et c’est une qualité dont l’absence est à déplorer dans le monde dans lequel j’évolue. C’est de ma faute, j’en ai parfaitement conscience, je passe mon temps à mentir alors je ne dois pas m’attendre à ce que ceux que je côtoie mentent, à leur tour. Abel ne sait pas encore à quel point je mens, tout le temps, à tout le monde, en permanence, et j’espère sincèrement qu’il va continuer à l’ignorer parce que j’apprécie sa présence à mes côtés et que je n’ai pas du tout envie de le perdre. C’est ironique, je passe mon temps à essayer de le repousser parce que je ne veux pas qu’il ait une mauvaise image de moi alors que je meurs d’envie de faire tomber ces barrières qu’il prend tant de mal à franchir l’une après l’autre. Plus j’apprends à le connaitre et plus je prends conscience de mon envie de baisser ma garde et de le laisser m’approcher, mais je lutte, contre cette attirance incontrôlée et contre moi-même pour réussir à garder cette distance qui me semble salvatrice vu le bazar que constitue ma vie. « En arrêtant d’être égoïste, peut-être ? » Je lui suggère, sans savoir réellement si cette suggestion s’applique seulement à lui ou si ce n’est pas à moi aussi. Parce que c’est le cas, je pense à moi avant de penser aux autres, si je pensais réellement à Abel, je ne le laisserais pas s’approcher de moi, parce qu’il va forcément souffrir. Je déçois toujours ceux qui m’approchent parce que je commets un acte que je ne devrais pas, que je ne peux pas m’en empêcher et que même si je culpabilise et m’excuse, je ne peux pas m’empêcher de recommencer encore et encore, entrainant mes proches dans un cercle vicieux de douleur et de déception que je n’ai jamais réussi à arrêter. J’ai fait souffrir mes amis, j’ai perdu des gens que j’aimais et me suis éloignée de l’ensemble de ma famille. Je me suis jurée de me préserver d’un quelconque attachement pour ne plus me retrouver dans une pareille situation et pourtant il a débarqué dans ma vie, telle une tornade, provoquant en moi une avalanche de sentiments contradictoire. Je suis passée d’une colère profonde et envahissante à une attirance qui grandit de jour en jour et s’accompagne de cette envie de le connaitre et de rompre cette distance que je nous impose alors qu’il m’a pourtant fait comprendre depuis longtemps que nous n’étions plus de simples partenaires d’exposés, loin de là. « Je n’ai jamais été douée pour voir les évidences. » Je hausse les épaules, choisissant de paraitre indifférente à cet aveu qui pourtant fait battre mon cœur un peu plus fort et rosir mes jours. Il m’apprécie. Il m’apprécie vraiment et j’ai soudainement la sensation d’être une adolescente qui se laisse dépasser par ses émotions. J’aimerais l’entendre encore et je savoure ses paroles comme s’il s’agissait d’une véritable déclaration et non pas d’une simple constatation de sa part. J’ai du mal à comprendre comment il peut réussir à me bouleverser aussi facilement et pourtant c’est le cas, il me déstabilise, me pousse à lâcher prise et à baisser ma garde et je n’ai pas le droit d’avoir ne serait-ce qu’une seule minute d’inattention à ses côtés car je ne suis pas certaine de pouvoir maintenir cette résistance que je m’impose malgré moi si ma volonté flanche ne serait-ce que pendant un court instant. C’est difficile, très difficile, ses paroles ne m’aident pas à conserver ma ligne de conduite et je me projette lorsqu’il me parle d’éventuelles vacances à Londres tout en sachant pertinemment que c’est impossible et que ça n’arrivera jamais et je me surprends à le regretter alors qu’il y a quelques semaines, cette idée m’aurait parue complètement stupide et insensée. Oui, j’adorerais Londres surtout si tu viens avec moi. Voilà ce que j’aurais envie de lui répondre lorsque j’entends ce que je crois être un sincère enthousiasme mais je ne peux pas, parce que je dois rester en retrait, parce que je ne peux pas laisser mes désirs et mes émotions contrôler mes actions. Je suis obligée de me montrer raisonnable pour me préserver et pour le préserver. Aucun homme n’a sa place dans ma vie, même si je n’arrête pas de penser à lui et que chacune de nos rencontres rend plus difficile de devoir lui imposer un éloignement dont j’ai de moins en moins envie. « J’en suis sûre. » Je souffle, alors que je lutte pour ne pas laisser mon imagination se projeter dans cette ville dont on m’a si souvent vanté les mérites. Je ne dois pas imaginer quelque chose qui ne se produira jamais, ça ne servirait qu’à me faire du mal inutilement. Je crois malgré tout qu’il aurait été préférable que je me contente de ce projet de vacances un peu fou plutôt que de devoir subir de nouveau l’interrogatoire au sujet des blessures que je n’ai pas réussi à dissimuler. Il a l’œil Abel et son inspection de chaque millimètre visible de ma peau ne m’a pas échappée. Je ne peux pas inventer un bobard crédible en un si peu de temps alors je me décide à dévoiler des semi-vérités qui seront toujours plus faciles à encaisser que les véritables causes de cette agression qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Je minimise ce que j’ai vécu parce qu’il est hors de question que j’avoue avoir été traumatisée, que je lui révèle faire encore des cauchemars et me réveiller en sursaut en ayant la sensation d’avoir une main me tenant fermement par le cou, que je lui apprenne que je suis désormais dans la merde car je me suis grillée professionnellement et tout un tas d’autres choses qui ne pourraient que contribuer à ternir l’image qu’il a de moi. Et il bouillonne Abel, en m’écoutant, il a l’air de lutter pour continuer cette rage qui grandit en lui au fur et à mesure que j’essaie de le persuader de l’absence de gravité des actes qui se sont déroulés il y a si peu de temps. « C’est pas ce que j’ai voulu dire… Ce n’est pas l’agression qui est sans importance, c’est juste que c’est du passé maintenant. » Un passé douloureux aux conséquences évidentes qu’elles soient pour mon environnement quotidien ou pour mon cerveau qui peine à se remettre de ce traumatisme. Je veux juste qu’il lâche l’affaire. « Je… » Il s’énerve et moi je perds mes moyens, parce que je ne sais pas quoi lui dire pour me justifier, que je n’ai rien à dire pour me justifier, qu’effectivement j’ai fait du droit et que c’est pour cette raison que je sais pertinemment que je ne peux rien contre ce mec sans me mettre également en danger. Alors je me plonge dans un mutisme éloquent alors qu’il se penche vers moi, avançant ses doigts qui frôlent mon cou pour dévoiler la peau abimée que j’ai tentée de dissimuler. Il se recule et je lève ma propre main pour la poser sur la partie qu’il vient de mettre en évidence. « Laisse-tomber. » Ma nervosité est désormais évidente et mes doigts pianotent sur le bord de la table alors que j’envisage des dizaines de possibilités de fuite. C’est la seule option envisageable, n’est-ce pas ? Me volatiliser pour éviter les questions. Me volatiliser pour ne plus être dans cette position inconfortable. Me volatiliser pour ne pas voir la déception dans ses yeux. « S’il te plait. » Ma voix n’est plus que murmure, je ne sais pas comment l’apaiser, il veut des réponses que je suis incapable de lui donner et je ne peux pas lui expliquer pourquoi je n’ai rien le droit de lui expliquer. Tout dépend de lui, à présent et de la décision qu’il va prendre à présent. Je me sens impuissante et j’ai horreur de ça.

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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyMar 23 Juil 2019 - 1:14



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FEATURING @Primrose Anderson & Abel White


DOWN TO EARTH… KEEP’EM FALLING WHEN I KNOW IT HURTS. GOING FASTER THAN A MILLION MILES AN HOUR, TRYING TO CATCH MY BREATH SOME WAY, SOMEHOW… DOWN TO EARTH… IT’S LIKE I’M FROZEN BUT THE WORLD STILL TURNS. STUCK IN MOTION, BUT THE WHEELS KEEP SPINNING ROUND MOVING IN REVERSE WITH NO WAY OUT. AND NOW I’M ONE STEP CLOSER TO BEING TWO STEPS FAR FROM YOU. AND EVERYBODY WANTS YOU EVERYBODY WANTS YOU. HOW MANY NIGHTS DOES IT TAKES TO COUNT THE STARS ? THAT’S THE TIME IT WOULD TAKE TO FIX MY HEART, OH BABY I WAS THERE FOR YOU, ALL I EVER WANTED WAS THE TRUTH. HOW MANY NIGHTS HAVE YOU WISHED SOMEONE WOULD STAY ? LAY AWAKE ONLY HOPING THEY’RE OKAY. I NEVER COUNTED ALL OF MINE, IF I TRIED I KNOW IT WOULD FEEL LIKE INFINITY… EYES CAN’T SHINE UNLESS THERE’S SOMETHING BURNING BRIGHT BEHIND. SINCE YOU WENT AWAY, THERE’S NOTHING LEFT IN MINE. I FEEL MYSELF RUNNING OUT OF TIME.



→  - En arrêtant d’être égoïste, peut-être ? Cette remarque, simpliste en apparence, m’arrache un sourire et mon regard admiratif cherche le sien, le trouve et s’y accroche. – Hey ! Je ne suis pas qu’un putain d’égoïste non plus ! C’est juste que, j’suis conscient de faire des erreurs et j’essaie d’apprendre de celles-ci. J’réussis pas toujours, mais j’suis humain et au moins j’essaie… C’est déjà ça, tu ne crois pas ? Je ponctue ma phrase avec un petit clin d’œil charmeur, avant d’ajouter – Tu ne fais pas d’erreurs toi, Primrose ? Et son prénom glisse sur ma langue avec délice, l’une des rares fois où je l’appelle ainsi, signe que nous avons dépassé un stade tous les deux. – Je n’ai jamais été douée pour voir les évidences. Me rétorque-t-elle lorsque je lui avoue que je l’apprécie. A vrai dire, je fais bien plus que simplement l’apprécier. J’aime réellement passer du temps avec elle, j’aime sentir son parfum flotter dans l’air, j’aime la douceur de sa voix, j’aime l’observer bouger, parler car à chaque instant j’apprends tout d’elle. Comme si j’étais à la première place d’un spectacle extraordinaire, fascinant et tellement parfait. Elle est parfaite à mes yeux, Anderson et je crois que je me suis sérieusement amouraché d’elle. Elle m’a envouté, avec son regard de biche, ses yeux bleus, son petit sourire en coin et son air mutin. Ça ne sert à rien de le nier, je pense à elle tout le temps et elle m’obsède sacrément. Au point où je me renseigne sur ses stages pour m’accorder un petit temps, ô combien précieux, avec elle. – Tu es douée pour d’autres choses. Que je lui réponds simplement en la couvant du regard, ensorcelé. Et alors qu’elle m’évoque un à un tous les préjugés sur les British Boys, mon sourire s’agrandit en me rendant compte qu’elle ne connait pas si mal la culture brittanique. Et ça réchauffe mon cœur, un petit peu, car j’ai bien trop souvent le mal du pays et quitter Londres a été un véritable sacrifice pour moi. Alors, je lui dis qu’elle adorerait la ville, car j’en suis persuadé mais aussi parce que j’aimerai l’y emmener. J’aimerai lui faire découvrir les quartiers où j’ai grandi, tous ces endroits où j’ai trainé, où je me suis senti vivant et libre. Arpenter les rues avec elle, lui tenir la main et courir simplement dans les rues pavées de Londres et puis l’aimer… Sans retenue aucune. Ça me laisse rêveur, et alors que mon regard contemplatif glisse sur elle, ses blessures m’obligent à lui poser plus de questions sur la façon dont elle a pu se faire mal. Je ne m’attendais cependant pas à apprendre tout cela et la colère, sourde et noire, gronde en moi. J’ai du mal à rester calme alors qu’elle tente de minimiser le problème excessivement, en vain. Je ne peux pas rester impassible face aux blessures qu’elle arbore. Et lorsque je découvre celle au cou, c’est trop pour moi d’un coup. La colère me prend à la gorge, mon regard devient bien plus dur, violent et énervé. – C’est pas ce que j’ai voulu dire… Ce n’est pas l’agression qui est sans importance, c’est juste que c’est du passé maintenant. J’inspire doucement, longuement et j’essaie de ne pas me laisser emporter par la rage qui menace de m’envahir littéralement, comme un raz de marée. – Je… Laisse tomber. S’il te plait.Non. Je n’ai pas hésité une seule seconde à lui répondre, je n’ai même pas eu à réfléchir. Il est tout simplement hors de question que je laisse tomber. Elle compte bien trop pour moi pour que je laisse tomber. Je tire violemment sur ma cigarette et l’écrase dans le cendrier par la suite, nerveusement. Je demande – Est-ce que t’as porté plainte ? Déposé une main courante ? J’attrape ma consommation et la vide directement dans ma gorge, avant de me pencher vers elle et d’attraper ses mains, en me fichant du reste. Je plonge mon regard dans le sien, intensément. – Primrose… Une agression ce n’est pas rien, ok ? Tu ne peux pas faire comme si avec le temps, tu allais oublier. Et celui qui a fait ça doit payer ok ? Il faut qu’il paie. Si tu veux pas le dénoncer aux flics, je peux comprendre. Mais tu dois me le dire à moi. Parce que je ne veux plus jamais que ce type s’approche de toi ok ? Je sens l’émotion me gagner et je soupire brusquement, relâchant l’une de ses mains pour venir frotter ma tempe un instant et avouer – Ecoute, je ne fais pas que t’apprécier ok ? Tu comptes pour moi maintenant et… J’veux pas que ce genre de trucs t’arrive ok ? J’veux pas c’est tout. Faut que tu me fasses confiance, Primrose, s’il te plait. J’pourrais pas dormir sinon, tu comprends ? Et mon regard est presque suppliant alors qu’il ne quitte pas le sien.  Et mon cœur bat si fort dans ma poitrine, si fort. Je ne comprends pas tout ce qui m’arrive, mais je sais. Je sais que je suis prêt à aller casser la gueule de n’importe quel  type, même s’il fait 50 kilos de plus que moi, juste pour elle. Je suis prêt à tout pour elle. A tout.




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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptySam 27 Juil 2019 - 9:25


 
Abel & Primrose

How many nights does it takes to count the stars ?
Le ton léger de la conversation ne m’enlève pas de la tête ce qui va me tomber dessus plus tard. Abel m’a prévenu, il veut savoir d’où viennent mes blessures et le savoir si perspicace et observateur m’inquiète évidemment. Mais parce que je ne peux rien faire, de toute façon, pour empêcher qu’il en arrive-là, je prends le parti de profiter de court instant d’échanges anodins me permettant d’en apprendre encore davantage sur ce garçon qui refuse de quitter ma tête, désormais. « J’ai jamais dit que tu l’étais ! Je me contente de trouver des solutions à tes problèmes. » Je rétorque, en souriant. Je ne connais pas assez Abel pour savoir s’il fait preuve d’un égoïsme sans limite, mais j’imagine que, volontairement ou involontairement, nous sommes tous un peu égoïstes de toute façon parce que nous vivons notre vie pour nous et pas pour les autres. Peut-être que si on agissait différemment, le monde se porterait mieux, mais à défaut d’avoir cette certitude, je préfère moi aussi avancer pour mon propre bénéfice plutôt que de me consacrer à des gens qui feront passer systématiquement leurs intérêts avant les miens. C’est triste. « Reconnaitre ses torts n’est pas évident pour tout le monde, en effet, j’imagine que ça fait de toi quelqu’un de moins pire que beaucoup de personnes. » Mieux ou moins pire ? Je ne sais pas trop répondre à cette question. La vérité, c’est que malgré ses défauts, Abel me plait et plus j’en apprends sur lui et plus je comprends sa façon de réfléchir ou d’appréhender les choses et plus j’ai envie de passer du temps avec lui. Il est différent de tous ces hommes que j’ai pu connaitre que ce soit professionnellement ou non et c’est cette différence que j’aime parce qu’elle le rend intriguant. J’ai envie de percer le mystère White et je déteste échouer quand je me lance un défi. Est-ce que je fais des erreurs ? Bien sûr, comme tout le monde, ou plutôt même plus que tout le monde. Je crois que ma vie n’est qu’une succession d’erreurs plus ou moins énormes que je passe mon temps à vouloir réparer en en faisant encore davantage. C’est triste mai au moins j’ai le mérite de l’admettre, mais pour ce qui est de parvenir enfin à arranger les choses, c’est malheureusement une autre histoire. « Non, jamais, je suis parfaite. » Mon sourire en dit long sur la véracité de cette phrase, mais l’humour a toujours été ma meilleure arme face à une vérité que je ne suis pas prête à affronter et j’use et abuse de cette façon de faire parce qu’elle m’a toujours permis de me protéger de situations que j’avais du mal à appréhender. Je ne suis pas douée pour être en société, je crois, comme je ne suis pas douée pour comprendre l’implicite – c’est en tout cas ce que j’essaie de lui faire croire – mais Abel semble avoir une haute estime de mes capacités et je ne compte évidemment pas le contredire. « Si tu savais. » Il serait déçu, peut-être, parce qu’il se rendrait compte que ce dont je suis capable n’est pas à la hauteur de ce qu’il croit et peut-être que la lumière qui brille dans ses yeux lorsqu’il me regarde se ternirait. J’en suis sûre, même. Qui peut regarder comme ça une simple prostituée ? Personne et encore moins Abel White, j’en suis persuadée. « T’as un talent caché ? » Je ne serais même pas surprise qu’il m’avoue réaliser un Rubik’s Cube en moins de deux minutes, ça irait bien avec sa personnalité décalée. Ou alors il bottera en touche, préférant ne rien dire plutôt que de se dévoiler encore alors que je persiste à maintenir toutes les zones d’ombre qui m’entourent de peur que ce qu’il découvre mette un terme à cette alchimie perceptible entre nous.

Malgré moi, je suis obligée de lui en dire plus parce qu’il découvre une à une les blessures de mon corps, ces mêmes blessures que je tente de dissimuler depuis des semaines. Le début de mon stage m’a obligé à camoufler sous une épaisse couche de maquillage les marques apparaissant sur ma peau et, jusqu’ici, je n’ai pas eu de commentaire quant à l’état de mon corps. C’était sans compter sur la perspicacité de White et son regard qui glisse sur moi, inspectant chaque millimètre de mon corps avec la précision d’un inspecteur de police sur une scène de crime. Je patauge en essayant de lui fournir une explication crédible, je me perds dans mes propres mots, je minimise une situation qui ne devrait pas l’être et je finis par l’irriter. Je le vois dans ses gestes secs, dans son regard qui s’est assombri et dans sa réponse nette, glaciale et sans appel qui me montre qu’il n’a pas prévu de me laisser m’en tirer si facilement. Je soupire face à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons et face à ses questions qui reviennent de plus belle pour m’obliger à me justifier encore et encore alors que je fais mon maximum pour ne pas en dire trop et me dévoiler. Je ne dois rien laisser paraitre, je dois rester vague, c’est une nécessité si je ne veux pas qu’il s’approche trop près de ce monde que je ne peux pas lui dévoiler. « Non… Je… » Bien sûr que je ne peux pas porter plainte, aucune stripteaseuse aux activités illicites ne pourrait le faire et je n’ai pas envie de finir mes jours en prison. « C’est plus compliqué que ça. » Et j’ai conscience de m’enfoncer encore parce qu’il va insister, demander des explications, chercher à savoir ce qu’il y a derrière ces mots si mystérieux alors que je n’ai pas prévu de lui dévoiler quoi que ce soit. « Tu ne peux pas comprendre, alors arrête d’essayer. » Mon ton est plus sec, en adéquation avec le malaise que je ressens et peut-être même la colère d’être face à quelque chose que je ne maitrise pas. Ma vie m’échappe totalement, la plupart du temps, j’aurais aimé que White ne m’échappe pas lui aussi et j’ai peur que cette conversation m’amène à le perdre. Il continue malgré tout, il insiste et sa persévérance est touchante que pendant un instant, j’envisage de flancher, de tout lui révéler avant de m’écrouler dans ses bras pour pleurnicher comme une gamine, mais je ne peux pas faire ça et ma volonté reprend rapidement le dessus. Lorsqu’il s’approche de moi pour m’attraper les mains, je contiens difficilement un mouvement de recul instinctif alors que ce je rêvais de ce contact et bien plus encore depuis des semaines. « Tu ferais quoi si tu le connaissais ? Tu irais lui casser la gueule ? Le menacer ? Tu me suivrais partout pour être sûr que je ne retombe pas sur lui ? » Toutes ces hypothèses sont aussi stupides qu’irréalisables et je veux qu’il se rende compte qu’il ne peut pas jouer les preux chevaliers parce que ça n’existe que dans les contes et qu’il ne peut pas avoir ce rôle-là avec moi. « Tu ne peux pas m’aider, personne ne le peut, tout ce que je peux faire c’est attendre que ces marques disparaisse et ensuite, je pourrais agir comme si rien de tout ça n’avait eu lieu. » Il va détester cette façon de voir les choses, je le sais, je le connais assez pour ça. « Parfois, il faut accepter d’être impuissant. » Si White est comme moi, il n’acceptera rien du tout, il continuera à insister, à essayer de contourner le problème, à tenter de me faire parler alors que j’ai bien l’intention de rester une tombe. Une de mes mains retrouve sa liberté alors qu’il se radoucit, exprimant des sentiments que je ne suis pas sûre d’être prête à entendre pour la simple raison que je ne peux pas les lui retourner. Ma vie est trop compliquée, il ne peut pas en faire, partie, pas comme ça tout du moins et pourtant, j’aimerais tellement que ce soit différent. J’aimerais baisser les armes et me laisser guider par mes envies. « Je suis désolée. » Je souffle, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs, parce que je ne peux rien dire de plus que ça et que j’aimerais pourtant parler tellement plus. Je dégage ma seconde main de la sienne pour me reculer sur mon siège, mettant un maximum de distance entre lui et moi alors que je n’ai pourtant jamais eu autant envie d’être proche de lui. « Tu ne peux pas me protéger. » Et je vais te faire du mal si tu persistes à vouloir t’attacher à moi, alors tu ferais mieux de partir. Je voudrais lui dire tellement de choses mais les mots ne veulent pas sortir alors je me contente de baisser les yeux vers la table, incapable de soutenir davantage son regard.

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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyJeu 1 Aoû 2019 - 23:28



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FEATURING @Primrose Anderson & Abel White


DOWN TO EARTH… KEEP’EM FALLING WHEN I KNOW IT HURTS. GOING FASTER THAN A MILLION MILES AN HOUR, TRYING TO CATCH MY BREATH SOME WAY, SOMEHOW… DOWN TO EARTH… IT’S LIKE I’M FROZEN BUT THE WORLD STILL TURNS. STUCK IN MOTION, BUT THE WHEELS KEEP SPINNING ROUND MOVING IN REVERSE WITH NO WAY OUT. AND NOW I’M ONE STEP CLOSER TO BEING TWO STEPS FAR FROM YOU. AND EVERYBODY WANTS YOU EVERYBODY WANTS YOU. HOW MANY NIGHTS DOES IT TAKES TO COUNT THE STARS ? THAT’S THE TIME IT WOULD TAKE TO FIX MY HEART, OH BABY I WAS THERE FOR YOU, ALL I EVER WANTED WAS THE TRUTH. HOW MANY NIGHTS HAVE YOU WISHED SOMEONE WOULD STAY ? LAY AWAKE ONLY HOPING THEY’RE OKAY. I NEVER COUNTED ALL OF MINE, IF I TRIED I KNOW IT WOULD FEEL LIKE INFINITY… EYES CAN’T SHINE UNLESS THERE’S SOMETHING BURNING BRIGHT BEHIND. SINCE YOU WENT AWAY, THERE’S NOTHING LEFT IN MINE. I FEEL MYSELF RUNNING OUT OF TIME.

→ C'est amusant la façon dont nos conversations finissent toujours par prendre la même tournure. Elle comme moi essayons de creuser sous la surface et de se découvrir sans paraître trop intrusifs, usant de taquineries et d'attitudes défensives dans une recherche de compréhension de l’autre. Les devinettes et tous les petits détails, indices soufflés à demi-mot, dispersés dans la conversation, parsemés çà et là, rendent nos échanges particulièrement excitants. Depuis le jour de notre rencontre, où nous avons été contraints de travailler ensembles pour ce devoir, nous sommes entrés en collision : deux esprits libres et farouches en compétition qui se confrontent, se jaugent et s’attirent inexorablement l’un vers l’autre. Je crois que ce qui m’a plu tout de suite chez Primrose, c’est son esprit vif et alerte, la façon qu’elle a de mordre avant de se faire attaquer, d’anticiper les coups de son adversaire  et de prévoir l'issue afin de garder l'avantage. Elle fera une excellente avocate, c’est indéniable et j’ai hâte de la voir exercer. Ecouter l’une de ses plaidoiries, suivre la logique implacable de ses réflexions et son ton incisif, tranchant, voir la détermination dans son regard et admirer l’assurance folle qui se dégage d'elle à chaque instant. Elle est terriblement séduisante pour tout un tas de raisons, et c’est l’ensemble qui me fait fondre. Alors oui, elle est belle. Mais son esprit la rend incroyable et ça, ça n’a pas de prix. Et alors que notre discussion tourne autour de la franchise et de l’égoïsme dont on peut faire preuve constamment dans nos vies, je laisse mon regard courir sur son doux visage sans oublier toutefois les blessures sur sa peau qui m’angoissent et me rendent nerveux. – J’ai jamais dit que tu l’étais ! Je me contente de trouver des solutions à tes problèmes. Reconnaître ses torts n’est pas évident pour tout le monde, en effet, j’imagine que ça fait de toi quelqu’un de moins pire que beaucoup de personnes. Flatté, je me met à sourire en rétorquant tranquillement : – Oh alors, je devrais te remercier pour ces sages conseils prodigués avec une grande générosité. Mes lèvres s’étirent de plus belle alors que nos consommations arrivent. Puisque nous sommes dehors, je ne résiste pas longtemps à glisser une cigarette entre mes lèvres, sans quitter Primrose du regard. Lorsqu’elle me dit qu’elle est parfaite, j’arque simplement les sourcils avant de souffler sur mon thé. La tasse fumante dégage un arôme délicieux et je verse un peu de sucre avant de commencer à touiller distraitement, tandis qu'elle me demande si j’ai un talent caché. Je roule des yeux et lèche la cuillère, avant de la reposer sur la table. – J’en ai plusieurs… Ou aucun, ça dépend du point de vue, mais disons que je touche un peu à tout. Fin, mon talent principal c’est ma gueule de beau-gosse, non ? T’es pas d’accord ? Et c’est grâce à ça que je gagne ma vie par ailleurs. Je suis étonné qu’elle ne l’ai pas encore découvert, cela risque de la surprendre. Je colle tellement bien à tous les stéréotypes que s’en est presque risible à force. Même moi parfois, je me demande comment j’ai réussi un tel exploit sans réellement le vouloir. – T’es pas obligé de répondre hein, je sais que t’es d’accord. Je joue au prétentieux, encore une fois, parce que je sais qu’elle déteste ça et que ça la fait rager. J’aime la provoquer Prim, j’aime lorsqu’elle ne se laisse pas faire, qu’elle sort les griffes. Et pourtant, sa vulnérabilité me touche encore plus profondément.  

Car lorsque je la vois se tasser sur elle-même, de honte ou de peur, cela réveille un instinct protecteur en moi, violent, et je perds pieds lorsqu’elle m’avoue s’être faite agressée. Ça me révolte et m’insupporte : qui peut lui vouloir du mal à ce point ? Qui peut s’autoriser à agir de la sorte ? A blesser une femme ? La colère s’attise lorsqu’elle m’explique n’avoir pas porté plainte et je comprends rapidement qu’elle ne compte pas le faire. Je détourne le regard d’elle, fixant la rue à quelques mètres pour ne pas lui exposer toute la colère qui brûle mes prunelles. Je bouillonne de rage en me souvenant des cours de psychologie auxquels nous avons droit dans notre cursus. Je pense à ces victimes qui se rendent coupables, qui finissent par se rétracter et s’accuser à la place de leurs bourreaux, et ça me rend fou que Primrose réagisse ainsi. Mais selon elle, je ne peux pas comprendre et cette affirmation me fait vriller. Je plante mon regard dans le sien et rétorque : – Et bien, explique-moi alors. J’aimerai comprendre, vraiment. Qu’est-ce qui est si compliqué que ça ? T’es victime d’une agression, tu portes plainte. Faire comme si rien ne s’était passé avec les marques que tu as… Ce n’est définitivement pas une bonne idée. Etre reconnue en tant que victime ne change pas ce qui a été fait, je suis bien d’accord. Mais cela permet d’être en paix, d’avoir du soutien et d’accepter l’aide d’autrui. Parfois, on a besoin des autres pour se relever d’événements traumatisants et ce n’est pas une tare de le reconnaître. Ce monde est parfois bien trop cruel pour l'affronter seul. – Tu ferais quoi si tu le connaissais ? Tu irais lui casser la gueule ? Le menacer ? Tu me suivrais partout pour être sûr que je ne retombe pas sur lui ? J’écarquille les yeux alors qu’elle m’expose les idées qui m’ont traversé l’esprit et j’hoche la tête, sûr de moi, en répondant – Je ferais en sorte qu’il ne t’emmerde plus, ouais! Et j’sais pas encore comment, mais ouais, j’irais sûrement le voir. Si tu ne veux pas mêler la justice à tout ça, j’trouverais un autre moyen de le tenir loin de toi. Et mon regard est déterminé, bien ancré dans le sien. Ce mec, peu importe qui il est, finira par entendre parler de moi. Car je ne peux pas le laisser vivre sa vie impunément après ce qu’il a fait. Je souffle doucement pour tenter de faire redescendre la pression, en vain. – Tu ne peux pas m’aider, personne ne le peut, tout ce que je peux faire c’est attendre que ces marques disparaissent et ensuite, je pourrais agir comme si rien de tout ça n’avait eu lieu. Parfois il faut accepter d’être impuissant. L'attitude de rejet de Primrose me blesse. Car si d'habitude je m'en accommode facilement, le sujet de son agression est bien plus sensible que n'importe quel autre. Je déteste qu'elle pense que je ne suis pas en mesure de l'aider. – Foutaises ! Y’a rien à accepter Prim et tu le sais ! Tu le sais putain ! Tu le sais mieux que personne bordel ! Et ça m’rends ouf, mais tellement ! Et c'est dur de ne pas péter un câble, c'est dur de ne pas hurler, de ne pas faire un esclandre sur cette terrasse et de contenir la colère et la haine qui se mêlent à l'incompréhension et à la douleur. Les sentiments se mélangent dans un cocktail explosif et je m'accroche à ma cigarette comme à une bouée de sauvetage en pleine mer, avec l'espoir de ne pas sombrer définitivement.– Je suis désolée. Tu ne peux pas me protéger. Mes yeux se ferment quelques secondes. J'accuse le coup. J'inspire profondément et rouvre les yeux, dardant un regard plein de conviction droit sur elle. Je parle plus calmement, détachant les mots en articulant plus que d'habitude.– ça tu n’en sais rien. Tu m’en empêches en vérité, mais t’as pas le droit de décider pour moi de ce dont je suis capable ou non pour toi. Tu sais, tu peux me tenir à l’écart et… je m’en fous en fait mais si ça t’impacte comme ça, non. J’peux pas rester bien sagement dans une zone respectable et tu peux pas t’attendre à ce que je sois ok avec ça. Je le suis pas. Ce mec doit payer pour ce qu’il t’a fait. Et je veux son nom, je veux que tu me dises qui c’est. Et qu'on se tire d'ici aussi. Je veux que tu viennes avec moi, ailleurs... J'ai besoin de marcher, de prendre l'air, de me calmer et rester assis à la terrasse d'un café pour faire comme si de rien était, c'est trop pour moi. Je me lève, déterminé, et dépose un billet sur la table en me fichant de la monnaie qui restera surement. Ce sera un pourboire pour la serveuse. Mon regard se plante dans celui de Primrose et je lui tends la main, insistant à nouveau – Viens avec moi Anderson, s’il te plaît. S'il te plait, prends ma main. Prends ma main et laisse-moi m'occuper de toi. Laisse-moi entrer, car c'est inévitable que ça arrive un jour pas vrai ?



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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyVen 9 Aoû 2019 - 22:37


 
Abel & Primrose

How many nights does it takes to count the stars ?
Je ne sais pas comment Abel a fait pour que mon opinion sur lui change de manière aussi radicale en seulement quelques semaines. Mes idées sur sa personne étaient pourtant très arrêtées et le dégoût ou plutôt la colère qu’il m’inspirait avec ses grands-air et son trop plein d’assurance me paraissaient vraiment impossibles à modifier ou à atténuer. Et pourtant, voilà que je me retrouve assise en face de lui à la terrasse d’un café, parce que j’ai accepté de mon plein gré de passer une partie de cette soirée en sa compagnie et évidemment, je ne le regrette absolument pas. Son sourire me fait fondre et ses réponses mi énigmatiques à mes interrogations plus ou moins explicites me donnent envie d’en savoir bien plus à son sujet. Si je ne peux m’empêcher de garder en tête les mêmes freins qui font que je n’ai jamais entamé la moindre relation avec qui que ce soit, je ne peux pas nier qu’Abel ne me laisse pas indifférente. Je n’ai jamais été confrontée auparavant à une situation qui me dépassait autant et qui risquait de mettre ma résistante à rude épreuve et maintenant que je me retrouve en plein dedans, je suis incapable d’y mettre un terme et de décider de ne pas poursuivre quelque chose qui, à terme, nous fera plus de mal que de bien, j’en suis totalement persuadée. « Bien sûr que tu devrais me remercier ! » Je m’exclame, comme si ça tombait sous le sens alors que mes conseils n'en étaient pas vraiment et qu’ils ne lui ont absolument rien apporté si ce n’est ce sourire magnifique que j’aime temps voir se dessiner sur ses lèvres. « Et j’espère que tu n’as pas l’intention de te contenter d’un banal merci, je suis bien plus difficile que ça à satisfaire. » Je ne sais pas pourquoi je m’efforce à essayer de lui prouver que je suis un challenge, je sais pourtant que je ne devrais pas, que je l’incite à jouer le jeu et à me chercher encore et toujours plus alors que je serais bien incapable de le repousser si je devais avoir à le faire un jour. Je ne peux pas le nier, j’aime ce jeu dangereux auquel nous jouons, j’aime les émotions que me procurent chacune de ses paroles et chacun de ses gestes. Je n’arrive pas à le cerner et cette constatation attise ma curiosité, je ne peux pas m’arrêter maintenant. Je crois que je ne peux pas m’arrêter tout court. Son regard me fixe et je ne baisse pas les yeux, affrontant ses iris sans difficulté, le rose sur mes joues prouvant que cet échange n’est pas aussi banal qu’il pourrait y paraitre. Je le questionne, encore et il reste mystérieux, encore, mais ça ne suffit pas à me décourager. « Rien dans la tête et tout dans le paraitre ? Je ne te le souhaite pas, ce serait dommage. » Mais il est beau, en effet, Abel, seulement je ne veux pas le lui confirmer et je n’ai pas non plus envie de croire qu’il n’a pas de centre d’intérêt ou de talent particulier, il préfère tout simplement continuer à jouer au beau-gosse énigmatique et il fait ça vraiment très bien. « Ton égo surdimensionné ne m’avait pas manqué. » Je précise, sûrement à tort, parce que la manière dont il me pique constamment, usant de ce défaut que j’ai bien des fois pointé du doigt pour que je lui rentre dedans encore une fois. Evidemment, je ne me fais pas prier, c’est presque trop facile pour lui.

Malheureusement, ce flirt agréable ne dure pas bien longtemps et même si je savais que la question de mes blessures, que je peine à dissimuler en face de quelqu’un dont le regard me scanne depuis que je l’ai retrouvé sur le trottoir, reviendrait sur le tapis tôt ou tard. Je me défends comme je peux, tentant de le dissuader de poursuivre sur ce terrain glissant, refusant de lui apporter les explications qu’il demande, fuyant son regard et cette conversation que je n’arrive pas à tenir parce qu’elle me dépasse et me met face à des vérités que je n’ai pas le droit d’aborder. Il s’énerve, critique mon attitude qu’il juge inadaptée à la situation et laisse la colère l’envahir petit à petit sans qu’il semble capable de la contenir. Je ne peux rien faire face à ça, je reste impuissante à l’entendre prononcer des mots que j’aurais pu dire à n’importe quelle personne normale ayant subi ce que j’ai moi-même subi. C’est bien ça le hic, je ne suis pas n’importe quelle personne normale et pas dans le bon sens, malheureusement. Pour qu’il comprenne, il faudrait que je lui explique et pour que je lui explique, il faudrait que je n’aie pas peur qu’il décide de me planter là et tourne les talons sans jeter le moindre regard en arrière. Aussi paradoxal que ça puisse paraitre, j’a autant envie de le repousser pour qu’il ne se plonge pas dans ma vie compliquée que de l’épargner pour être certaine qu’il fasse encore partie de ma vie pour longtemps. Je crois que dans tous les cas, il n’y a pas de bonne attitude à adopter, dans tous les cas, tout cela finira extrêmement mal et cette dispute qui n’en est pas une en est seulement un minuscule petit aperçu. « Je ne peux pas t’expliquer. » J’affirme alors que ce n’est pas vraiment une question de capacité finalement mais plus de volonté. Il s’agit de me protéger moi et peut-être de le protéger lui, parce qu’en restant dans l’ignorance, il n’aura pas à confronter à mes problèmes. J’essaie de me persuader que je suis altruiste alors que, en vérité, je sais que c’est simplement parce que je ne lui dirais rien qu’il pourra continuer à me regarder avec cette étincelle dans les yeux. Je ne veux surtout pas qu’elle s’efface, elle m’est devenue bien trop précieuse. « Il faut vraiment que tu restes en dehors de ça. » Malheureusement pour moi, Abel ne semble pas du tout en avoir l’intention, au contraire, il envisage presque d’aller casser la gueule de John, chose qui serait absolument dramatique et que je ne peux pas laisser se produire. Personne ne peut remonter jusqu’à moi et personne ne peut faire le lien avec mon club, c’es absolument hors de question, ça ruinerait tout. « Je me suis déjà occupée de lui, ne t’inquiètes pas, il ne s’approchera plus de moi. » Ce n’est qu’un demi-mensonge, je me suis pas personnellement occupée de lui, j’ai juste poussée une jolie jeune fille à porter plainte contre lui. Son passage devant la justice devrait l’occuper suffisamment longtemps pour qu’il ne cherche pas à finir ce qu’il a commencé. Abel doit se satisfaire de ce que je lui donne parce que je ne veux pas lui en donner plus, ce serait trop dangereux, il passerait trop près de la vérité et je ne suis pas prête à la lui dévoiler. Je crois que je ne le serais jamais, d’ailleurs. « Arrête, s’il-te-plait. » Il n’a pas l’air près à me lâcher et moi j’arrive à court d’arguments, je ne peux pas lui répéter inlassablement qu’il ne comprend pas parce que tout ce dont il a besoin, justement, c’est de comprendre et pourtant, je n’ai pas d’autre réponse que celle-ci à lui apporter. Finalement, il finit par se lever, m’encourageant à venir avec lui, tendant la main vers moi pour que je la prenne et me laisse guider vers ce lieu encore inconnu. En temps normal, la fuite aurait été mon premier réflexe, parce que cette discussion est allée trop loin et que je ne veux pas en supporter davantage, mais il s’agit d’Abel et comme à chaque fois qu’il est en ma présence, mes réflexes semblent avoir totalement disparus et c’est donc avec seulement quelques secondes d’hésitation que je me lève à mon tour, attrapant cette main qu’il me tend pour le suivre. Peu importe où on va du moment qu’il arrête de me parler de tout ça. Je veux oublier. Laisse-moi oublier.

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Message(#)How many nights does it takes to count the stars ? (PrimBel #4) EmptyDim 25 Aoû 2019 - 23:47



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→ Le même schéma, devenu presque classique à force, est en train de se jouer entre nous alors que nous sommes assis à cette terrasse de café, appréciant ces retrouvailles après une absence un peu trop longue à mon goût. Depuis la pluie diluvienne qui nous avait emprisonnés dans ma voiture, je ne cesse de penser à elle. Comment ai-je pu m’éprendre si vite de cette fille qui ne fait pourtant que me rejeter constamment ? Elle mord et j’en redemande, entre elle et moi c’est la même rengaine, fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis. Et j’aime ce jeu qui m’écorche, j’aime ses paroles qui me blessent, j’aime penser que son animosité masque son attirance pour moi. Car elle ne serait pas là si ce n’était pas le cas, n’est-ce pas ? A me regarder, à me sourire, à jouer à ce même jeu encore et encore. Pourtant, ça m’épuise lorsque mon regard traine sur les marques qu’elle arbore, sur son visage, sur son poignet et autour de son cou, là où le fond de teint s’estompe. Ça m’épuise car, même si je suis plutôt doué pour faire semblant, je reste obnubilé par ces marques, leurs significations et tout ce qu’elle s’apprête à me cacher à leur sujet. – Bien sûr que tu devrais me remercier ! Et j’espère que tu n’as pas l’intention de te contenter d’un banal merci, je suis bien plus difficile que ça à satisfaire.  Cette remarque m’arrache un sourire. Difficile à satisfaire… Elle aime que tout le monde se plie en quatre pour ses désirs, Anderson, et je pourrais le faire. Je pourrais être le chien qui court derrière elle, langue pendante et queue entre les jambes. Je pourrais, mais dans ce cas, elle m’ignorerait et ce n’est pas ce que je veux. Ma langue claque contre mon palet, comme pour l’arrêter dans son délire et rétablir ce qui doit être – Dans ce cas, je ne te remercie pas. Si tu ne sais pas apprécier ma reconnaissance à sa juste valeur, je ne vois pas pourquoi je ferais l’effort de me montrer reconnaissant. Et j’hausse les sourcils deux fois de suite, un brin provocateur mais surtout content de réaffirmer le fait que je ne vais pas faire plus d’efforts que ça pour elle. Pourtant, j’en fais déjà et je le sais. Je change déjà à ses côtés, je l’observe différemment et je lui parle plus posément. Chacun de mes mots est choisi avec précaution et je tente constamment d’anticiper ses réactions. Elle me surprend plus d’une fois, Anderson, ce n’est pas une fille facile à lire. Elle est faite de secrets et dans ses yeux par moment, l’ombre du doute passe et me laisse penser que sa vie doit être compliquée… Quelqu’un de rationnel prendrait la fuite face à toutes ces zones d’ombre, il aurait très certainement l’intelligence de passer son chemin et d’aller voir ailleurs, là où les intentions sont claires et les sentiments limpides ; mais moi, non. La noirceur m’intrigue, m’attire et je m’engouffre dans les abysses, sans aucune idée de ce que je vais y trouver. La souffrance ? L’horreur ? Peut-être les deux, ensembles. – Rien dans la tête et tout dans le paraître ? Je ne te le souhaite pas, ce serait dommage. Pourquoi ? Je rétorque sans réfléchir, avant de poursuivre – Pourquoi cela serait dommage, ne rien avoir dans la tête ça permet surement de ne pas trop penser, d’être moins encombré et d’avoir la place pour d’autres choses. Peut-être que ceux qu’on pense stupides ou cons sont les plus chanceux au final, peut-être qu’ils ne s’encombrent pas de pensées merdiques et qu’ils sont simplement heureux. Haussant les épaules, je m’allume une clope. Cette réflexion n’a rien de très enrichissant, je pense simplement que les gens brillants sont partout. Qu’ils soient fermiers ou avocats, ils brillent juste différemment. Et puis, ne sommes-nous pas tous à la recherche du bonheur et n’est-il pas dit que ce dernier se trouve dans les choses simples ? L’apparat ne sert à rien lorsqu’est venu le temps de se mettre à nu. – Ton égo surdimensionné ne m’avait pas manqué. Vraiment ? Je pensais que t’étais tombé amoureuse grâce à ça. Clin d’œil appuyé alors que je me penche vers le cendrier pour y faire tomber la cendre de ma cigarette fraichement allumé.

La discussion autour de ses blessures ne pouvait pas être ignorée davantage. Et je m’énerve, je m’énerve face à son attitude de repli que je ne comprends pas. Ça me bouffe littéralement de la voir ainsi, apeurée et vulnérable, à se persuader qu’elle va gérer la situation alors que clairement, ce n’est pas le cas. Et oui, je serais prêt à aller casser la gueule au type qui lui a fait ça. Evidemment que je le ferais, sans réfléchir ! – Je ne peux pas t’expliquer. J’accuse le coup sans la lâcher du regard. L’agacement est en train de me ronger le ventre mais je garde un visage impassible, tentant de maîtriser la boule de colère qui grandit et enfle en moi. Je n’ai pas besoin qu’elle m’explique, les faits sont suffisamment explicites. Elle a été victime d’une agression. Et je me fiche de savoir si elle a provoqué le type, si elle n’est pas toute blanche dans l’histoire, à vrai dire je me fiche de connaître son degré d’implication dans l’histoire si histoire il y a. Tout ce que je vois, c’est qu’elle est blessée et je ne peux pas regarder au-delà de ça. – Il faut vraiment que tu restes en dehors de ça. Malheureusement, je ne vois pas vraiment comment cela est possible. Rester en dehors de ça, ça voudrait dire que je me fiche de ce qui lui arrive, qu’elle n’est pour moi qu’une personne lambda dont je me fiche éperdument. Ce n’est pas le cas. Je n’ai pas la même affection pour Heïana et pourtant je n’ai pas hésité plus de deux secondes avant de me jeter sur ce type au beau milieu de l’université. Je suis comme ça, bagarreur, le sang peut-être un peu trop chaud, trop souvent sur les nerfs pour je-ne-sais-quelle-raison. Je suis en colère en vérité, constamment en colère. Il y a un feu qui crépite à l’intérieur et que rien n’apaise, absolument rien. – Je me suis déjà occupée de lui, ne t’inquiète pas, il ne s’approchera plus de moi. Et ces paroles, je les entends mais mon esprit les déforme. A la place, je perçois ‘tu m’es inutile, laisse-moi tranquille.’ Et ce rejet-là me fait très certainement bien plus de mal que tous les autres. – Arrête, s’il te plait. J’inspire profondément, essaie d’apaiser le brasier ardent qui défonce tout à l’intérieur. Mes gestes sont nerveux, mon regard l’évite car je n’ai pas envie qu’elle perçoive toute l’étendue de ma rage. Brusquement, je vide mon verre et me lève, lui tends la main pour l’entraîner ailleurs. A ce moment, je ne pense qu’à me tirer de cet endroit, loin d’ici, de cette terrasse et du regard oppressant de la société autour de nous. J’ai besoin de n’être qu’avec elle, besoin de lui prouver que j’en vaux la peine, qu’elle n’a pas à me rejeter constamment, que je peux aussi être un appui et un soutien. Lorsqu’elle saisit ma main, un courant électrique me parcourt et je frissonne de la tête aux pieds. Tu ne penses pas que je puisse te protéger, Primrose, laisse-moi te prouver le contraire.

Et je la ramène contre moi, je la serre légèrement contre mon torse tout en l’embarquant vers ma voiture. J’ouvre la portière, la laisse se glisser à l’intérieur avant de faire de même. Je mets le contact, ferme les yeux quelques secondes alors qu’une hésitation me fige. Dois-je lui laisser le choix ? Ou prendre la décision de la destination à sa place ? J’ai trop peur d’essuyer un refus alors je me tais, lance la voiture sur la route et prends la direction du quartier de Bayside tranquillement, là où se trouve mon loft. Lorsque je gare la voiture devant l’allée de l’immeuble moderne et plutôt luxueux, je tourne mon visage vers elle, appuyant l’arrière de mon crâne contre l’appuie-tête et j’ouvre la fenêtre pour m’allumer une clope. Je souffle la fumée vers l’extérieur, désigne l’immeuble du doigt. – C’est chez moi là. Durant un instant, je laisse le silence se faire, avant de poser mon regard dans le sien. – Tu montes ? Je demande simplement, sans animosité. Peut-être qu’il est temps que les barrières tombent, totalement.





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