Assis à cette table dans ce petit café, tu ne pensais pas que ta question anodine qui était censée éviter les sujets sensibles les fasse ressortir plus que jamais. Oui tu ne pouvais nier que tu étais surpris d’apprendre que Nathan n’avait pas parlé de son état à sa cousine surtout s’il arrivait à Brisbane pour vivre avec elle. En fait ce qui te perturbait dans l’histoire c’était de savoir pourquoi Nathan n’en avait pas parlé. Pourquoi il ne voulait pas que les gens soient au courant de son état … C’était une bonne question que tu te posais tu devais l’avouer et tu finis par la poser à Nathan sans vraiment réfléchir aux conséquences, aux réponses que tu allais pouvoir recevoir. Tu aurais peut-être dû car tu vis une expression peinée se dessiner sur le visage de ton ami mais il ne se défila cependant pas, il te répondit en toute franchise. « A part ma mère et mon frère, non. Personne n'est au courant » La surprise pouvait certainement se lire sur ton visage. Tu ne savais pas quoi répondre à ça. Tu ne savais pas si Nathan avait honte d’être ne fauteuil, s’il n’assumait pas totalement ce nouvel état ou alors si cela avait un rapport avec ce qui l’avait amené dans cette situation. Alors que tu réfléchissais à comment répondre à cela, Nathan continua : « Après l'in... l'accident j'ai passé 2 mois dans le coma. D'où mon manque de réponses, d'ailleurs. J'ai passé deux mois dans le coma, j'ai mit plus ou moin 1 mois pour me réveiller complètement et après j'ai encore passé 3 semaines supplémentaires pour simple surveillance et pour combattre quelques complications qui sont survenu après ces mois d'alitements. Voilà. Je suis aller en centre de rééducations après. J'y ai passé 1 mois à peu près puis je suis enfin rentré à l'appartement dans lequel nous habitions provisoirement. Et là je n'ai voulu voir personne, si ce n'était mon frère ou ma mère. J'ai même raté l'enterrement de papa quoi ...» Cette fois tu étais bouche bée. Cela faisait trop d’informations pour ton petit cerveau pour le coup … Tu ne savais toujours pas réellement comment Nathan s’était retrouvé dans un fauteuil mais tu savais en tout cas pourquoi il n’avait pas répondu à tes mails. Du moins dans un premier temps, il aurait pu après mais apparemment cela n’était pas possible pour lui vu qu’il s’est refermé sur lui-même. Tu n’osais pas imaginer ce que Nathan avait vécu pendant tous ces mois passés à l’hôpital. Tu ne savais pas comment il avait pris la nouvelle de la paralysie de ses jambes non plus. Ca ne pouvait pas être si pire que ça n’est-ce pas ? Mais l’information qui te frappa, l’information qui te marqua le plus fut que Nathan n’avait pas été à l’enterrement de son père. Ce n’était pas vraiment parce que Nathan n’avait pas été à l’enterrement mais plutôt parce que tu ne comprenais pas pourquoi il y avait un enterrement tout court. Le père de Nathan était mort ? Tu te souvenais du père du jeune homme, vous le voyiez souvent quand vous habitiez toujours à Londres … « Ton père est décédé ? » Oui, tu n’arrivais toujours pas à y croire. Te reprenant un peu, tu finis par dire : « Je suis désolée que tu aies eu à vivre tout ça, ça n’a pas dû être facile. Qu’est-ce qui t’a décidé à ressortir le bout de ton nez ? » Tu étais toujours aussi curieux, ça c’était certain par contre et tu ne voyais pas comment ça allait s’arrêter, surtout pas avec ce que Nathan venait de te dire. Mais ce dernier baissa rapidement le regard avant de te dire : « Désolé, ce n'est pas ce que tu voulais savoir ... Tu …. enfin ouais voilà, à part ma mère et mon frère donc, personne ne connait ma situation actuelle ...» Enfin, personne sauf toi et sa cousine et toutes les personnes qu’il avait dû croiser à Brisbane en fait concrètement … Tu espérais que l’air australien amènerait de belles choses à ton ami. « Et ce ne te gêne pas que les gens sachent aujourd’hui ? » Demandas-tu simplement alors que vos boissons arrivèrent.
Je m'étais, certes, promis, de ne raconter à personne ce qui s'est passé il y a deux ans là-bas, à Cambridge, dans notre maison. Mais au final, c'est comme si je le faisais. Je ne sais d'ailleurs même pas pourquoi, mais je commence à parler de tout ça à Henry, alors qu'il a tout juste voulut savoir pourquoi je n'avais rien dit à ma cousine et si le reste de la famille était au courant. Le seul détail qui manque est l'incendie et le fait que j'ai traversé le sol avant d'attérir plusieurs mètre plus bas sur le dos. Du moins, est-ce ce qu'on m'a dit. Mais d'après mes blessure je n'ai aucun mal à croire ces on dits.
Je fais même une remarque sur le fait que je n'ai pas put aller à l'enterrement de mon père. Et c'est cette information à qu'Henry retient le plus. Normal, je veux dire. Je crois qu'il était assez proche de mon père à l'époque. De toute manière, mon père était un homme respectable et très gentil. Je l'aimais énormément. Et je l'ai vu mourir. Je l'ai vu se tordre de douleur et hurler alors qu'il était brûler vif. J'aurais préféré qu'il meurt étouffé par les flammes. Je n'aurais sans doute pas cette image horrible et cauchmardesque qui revient bien trop souvent lors de mes nuits. Pendant ces nuits, je vois aussi Flocky, ce chien qui était avec nous depuis plus de 10 ans et qui m'a sauvé la vie avant de mourir dans d'attroche souffrance, lui aussi. Je me suis longtemps senti coupable et je ressens la même chose encore maintenant.
Alors, lorsqu'henry souhaite savoir si mon père est vraiment mort, j'hoche la tête gardant mon regard posé sur ma tasse. En plus de la rééducations horrible et douloureuse, j'ai dut essayer, par tous les moyens, de faire le deuil de mon père. Je crois que, pendant longtemps, s'en fut beaucoup trop pour moi. Aucun être humain normalement constitué n'aurait put ne pas craquer. J'ai, un jour, pêter un plomb et fait une vraie tentative de suicide. Mais ça, impossible que j'en parle à quique ce soit.
En entendant Henry me dire être désolé que j'ai eu à vivre tout ça, je lui souris légèrement avant d'hausser les épaules « Je sais pas trop » soufflais-je lorsqu'il me demande ce qui m'a poussé à sortir le bout de mon nez « Une envie de reprendre ma vie en main? De changer un peu? Je suis peut-être infirme mais je suis en vie et même si je me demande souvent comment et pourquoi, je crois que je suis en droit de vivre une vie … correcte » J'hausse les épaules « Et je ne pouvais pas le faire à Cambridge. Beaucoup trop de mauvais souvenirs, tu vois »
J'affiche un petit sourire avant de prendre une gorgé de mon chocolat chaud. Je reprends ensuite, disant qu'à part ma mère et mon frère personne d'autre de la famille ne sait que je suis en fauteuil roulant. Et ce qu'Henry me demande est totalement légitime: est-ce que ça ne me dérange plus que les gens le savent aujourd'hui. Je lève mon regard vers lui, arque un sourcil puis hausse les épaules « Ben c'est que … je n'ai pas le choix, tu vois? Genre, si ça me gêne encore un peu, mais c'est pas en m'enfermant chez moi que je vais réussir à m'habituer au regard des gens » je crois que c'était là ma plus grosse erreur dans tout ça: m'isoler chez moi et couper court à chaque lien vers le monde extérieur.
Tu ne pouvais pas comprendre ce que vivait Nathan, tu n’avais jamais perdu un être cher. Enfin si, tes grands-parents mais cela ne comptait pas vraiment car même si tu les aimais énormément c’était dans l’ordre des choses en fait, c’était normal qu’ils partent à l’âge qu’ils avaient et avant tes parents. Tu ne pouvais donc pas comprendre ce que Nathan avait traversé surtout en plus si le deuil s’était fait au milieu de tous les évènements qu’il venait de te raconter. Tu n’arrivais toujours pas à te faire à l’idée que Nathan ait pu traverser tout ça. Où était la justice dans ce monde ? Faire vivre des choses pareilles à des gens qui ne le méritaient pas … Tu te souvenais du père de Nathan, pas toujours très distinctement, cela faisait trop longtemps et tu n’avais que dix ans quand vous aviez quitté Londres mais tu te souvenais de cet homme droit, cet homme qui était plus qu’adorable envers les autres, envers toi … Cela te brisait donc le cœur d’apprendre une chose pareille, c’était atroce. Tu ne dis pas à Nathan que tu comprenais parce que ce n’était pas le cas et pour avoir vu des collègues le dire à leurs patients, tu savais que c’était la pire chose à dire à quelqu’un dans ce genre de situation à part si vous l’aviez vécue et dans la majorité des cas ce n’était pas le cas. Alors tu te contentais juste de regarder Nathan hocher la tête pour confirmer la nouvelle. Ton cœur se serra et tu commençais à comprendre que Nathan n’avait peut-être pas coupé les ponts par simple envie de le faire, la vie l’avait en quelque sorte forcé à le faire. Elle ne l’avait pas vraiment forcé car il aurait toujours pu te contacter certainement mais elle l’avait forcé dans le sens où elle l’avait fait se refermer sur lui-même. La mort de son père, la perte de l’usage de ses jambes, ce n’était pas des nouvelles et des changements qui étaient faciles à accepter dans sa vie et tu pouvais comprendre qu’il n’ait pas voulu te répondre surtout toi à l’autre bout du monde qui ne pouvait nullement l’aider … Tu regrettais à cet instant plus que d’habitude de ne jamais avoir pris l’avion pour l’Angleterre même si tu y avais pensé plusieurs fois. Peut-être qu’ainsi tu aurais pu aider ton ami. Tu ne savais pas vraiment mais cela ne servait à rien de regretter de toute manière, c’était trop tard aujourd’hui. « Je sais pas trop. Une envie de reprendre ma vie en main? De changer un peu? Je suis peut-être infirme mais je suis en vie et même si je me demande souvent comment et pourquoi, je crois que je suis en droit de vivre une vie … correcte. Et je ne pouvais pas le faire à Cambridge. Beaucoup trop de mauvais souvenirs, tu vois » Se reconstruire, changer de décor, tu pouvais comprendre l’envie de Nathan de repartir à zéro, tu pouvais très bien la comprendre. Ici il connaissait fort peu de gens au final. Juste assez pour ne pas être perdu mais pas assez pour que les gens lui rappellent son passé, ce qu’il a laissé derrière lui. Et puis il ne leur devait rien, il ne leur devait pas son histoire. « J’espère que Brisbane pourra être ce nouveau départ pour toi. Il l’a été pour nous quand on est arrivé ici et je n’ai jamais eu envi d’en partir. Et n’en doute pas, tu mérites une vie plus que correcte. » Lui dis-tu tranquillement parce que c’était vrai. Nathan après avoir vécu tout ce qu’il avait vécu ne pouvait que mériter d’être heureux et de vivre une vie sans autre problème que ceux auxquels il a déjà fait face. « Ben c'est que … je n'ai pas le choix, tu vois? Genre, si ça me gêne encore un peu, mais c'est pas en m'enfermant chez moi que je vais réussir à m'habituer au regard des gens » Tu étais content que Nathan ait pris cette décision, cela montrait du courage, cela montrait aussi qu’il n’avait pas arrêté de se battre malgré tout. Et c’était le principal, qu’il ait toujours envi de vivre, qu’il face face à sa nouvelle condition. « Et ce n’est bon pour personne de rester enfermé. Je pense que tu ne le regretteras pas sur le long terme, il est important de te reconstruire. » Oui parce que c’était ce que Nathan devait faire maintenant au fond.
Oui, voilà, c'est ça. Brisbane est un nouveau départ. Henry réussi à mettre les mots exactent sur mes pensées. Il a toujours eu cette faculté de lire dans les pensées de autres. Parfois je me suis demandé s'il n'était pas télépathe. Mais ça, c'était avant. Enfin, peu importe. Nouvelle ville, nouvelle vie, comme on dit, non? L'avantage, ici, c'est que personne ne me connait. Personne ne sait ce qui m'est arrivé pour que je me retrouve dans cette situation et peu nombreux sont les gens qui oseraient me demander des explications concernant ce sujet. Du moins, je l'espère. Le poblème à Cambridge c'est que tout mon quartier était au courant de ce qui s'est passé et une bonne partie du reste de la ville avait au moins entendu parlé de l'incendie. Je ne me sentais plus chez moi, voilà la réalité de la chose. Enfin, peu importe.
J'hoche la tête lorsqu'henry finit de parler « C'est ça. Exactement ça, Henry» souriais-je « Un nouveau départ. Un départ à zéro, en somme. Personne ne me connait ici, c'est tout bénef » A sa question si le regard des gens ne me gêne plus autant qu'avant je répond assez vaguement. J'explique rapidementq ue si, ça me gêne encore mais que je n'ai tout simplement pas le choix. J'avoue ainsi, indirectement, que je me suis refermé sur moi-même suite à l'annonce du fait que je ne remarcherais plus jamais.
Encore une fois, Henry a totalement raison. « Totalement. C'est exactement la faute que j'ai faite, moi, tu sais. » je soupire doucement «Je me suis tellement renfermé sur moi-même que je ne voulais voir plus personne. Vraiment plus personne. Même pas mon frère ou ma mère. J'ai passé de longues semaines enfermé dans ma chambre sans voir le monde extérieur et plus les journées passaient, plus je déprimais et ...» j'allais évoqué la tentative de suicide que j'ai faite 4 mois après mon réveil à l'hôpital, mais me retien à temps. Henry n'a pas besoin de le savoir, ça. Personne n'a besoin de le savoir, à vrai dire.
Au final, nous parlons de chose diverse et variées, de sujet aussi futile qu'inutiles et nous passons un très bon moment. Lorsque la pluie cesse et après avoir but un café et une bière chacun, nous nous remettons en route. J'accepte sans broncher la proposition d'Henry de me ramener chez moi. Une fois devant l'immeuble de ma cousine, je salus mon ami retrouvé et lui promet de le tenir au courant de ma vie, maintenant, avant qu'on ne se quitte, tout en se promettant de se revoir, évidement.