Premier jour *** C’était une après-midi d’automne comme une autre. Le soleil se faisait la malle de façon aléatoire -et totalement pénible au passage-, le ciel était gris, morose, menaçant. Quelques gouttelettes s’invitaient parfois pour ternir le décor, et si d’ordinaire Romy aurait davantage opté pour une soirée chill devant la nouvelle saison de Stranger Things sitôt sortie du boulot, aujourd’hui elle avait un tout autre programme en tête. Depuis le date surprise qu’elle avait organisé entre sa colocataire et son cousin, ni l’un ni l’autre ne s’était laissé aller à quelques confidences, et ce malgré toute la montagne de questions qu’avait lancée la petite blonde. Isla la torturait gentiment, quant à Caleb … disons qu’il l’ignorait. Si Romy n’était pas cette sorte de cupidon des temps modernes, elle avait en revanche bien l’intention d’en apprendre plus. Elle ne souhaitait pas exactement qu’une love story débouchant sur un mariage et quatre enfants ne découle de ce rendez-vous improvisé mais quand même ; l’un et l’autre avait grand besoin d’être secoué.. et sur ce coup la petite Ashby avait fait fort. Prétextant une panne de courant face à laquelle elle n’arrivait pas à reprendre le dessus : « Mais Caleb je te juuuuuure que je sais pas comment ça fonctionne je suis dans le noir, les plombs ont sauté, viens m’aider » ainsi qu’un vol plané dans la baignoire : « Isla je crois que je me suis cassé le poignet en sortant du bain, tu peux PAS me laisser dans cet état lamentable en attendant les secours viens m’aider à enfiler un pyjama », Romy avait attiré chez elle le duo, leur laissant une bouteille de vin et un post it sur le paillasson pour les informer de sa manigance avant de filer chez Clara pour la soirée.
Depuis, elle avait reçu zéro nouvelles. Pas une seule. La rouquine ne lui avait pas décoché le moindre mot et son cousin en avait fait de même, alors après quelques jours à tenir son impatience, Romy prit les devants. Sitôt sortie du boulot –une heure plus tôt que d’ordinaire-, elle avait rapidement rejoint Spring Hill au volant de sa voiture, la route étonnamment calme lui ayant permis de rappliquer en moins de trente minutes, pour venir frapper de ses petits poings contre la porte de l’appartement de son cousin, bravant un orage qui menaçait d’éclater ; peut-être que les plombs de son appartement sauteraient vraiment cette fois. « Je sais que t’es là Anderson ouvre. » qu’elle soufflait comme pour elle-même, se retenant bien de passer pour une hystérique dans cet immeuble chic du centre-ville. Romy attendait patiemment, plantée derrière cette porte jusqu’au moment où celle-ci ne vienne s’ouvrir pile au moment où un lourd éclair venait de retentir, lui causant un sursaut. « Heeeey » Quoi ? Sans qu’elle ne sache exactement ce qu’il se passait, Romy avait vu son bras se faire attraper vivement vers l’intérieur de l’appartement, dans un geste tout sauf délicat. « Lâche moi tu me fais mal ! » La porte claquait derrière elle, et c’est face à un Caleb au regard noir et presque paniqué qu’elle se trouvait désormais. « Qu’est ce qui t’arrives ? T’es cinglé ? » D’instinct, sa main se posait contre son épaule qu’elle tentait d’apaiser à l’aide de mouvements circulaires ; un soulagement de courte durée. Le brun l’entraînait vers le salon, face à l’écran plat qui diffusait les informations … et un titre auquel elle réagit d’un éclat de rire. [Confinement obligatoire décrété dans le Queensland, contamination, virus inconnu, restez chez vous, ceci n'est pas un exercice] « Sacrée blague. Caleb j’ai réussi à venir jusqu’ici sans la moindre complication… » elle lançait avant de prendre la télécommande pour zapper ; mais toutes les chaînes diffusaient en boucle la même chose. Des dizaines et des dizaines de personnes s’étaient retrouvées dans un état encore inexpliqué aux urgences dans le monde entier, réclamant des soins comme s’ils étaient atteints d’une sorte de rage. Ses doigts venaient frôler ses lèvres comme pour tenter d’y comprendre quelque chose, puis plus doucement elle ajoutait : « Qu’est ce… ça fait longtemps que ça se diffuse ? Caleb je te jure que j’ai eu aucun problème pour venir. Il ne se passe absolument rien ici » Romy tentait de se rassurer du mieux qu’elle le pouvait, mais pour le moment, les caractères gras et rouges qui attrapaient son regard portaient le même message : danger de mort, restez chez vous.
Aujourd’hui était censé être une journée comme une autre. Et elle a commencée de manière tout à fait banale d’ailleurs. J’ai débuté ma matinée en me levant tard, j’avais besoin de dormir. Je me suis levé à neuf heures trente, je suis partie faire des courses –je me suis d’ailleurs fait la remarque que les rues de la ville étaient assez calmes -, j’ai essayé d’appeler une première fois ma sœur mais je suis tombé sur le répondeur. Ce qui ne m’a pas inquiété plus que ça au premier abord, elle est juste occupée avec des amies très certainement. C’est ce que je me dis. J’ai ensuite continué ma journée en lisant un livre que Juliana m’a conseillée il y a quelques jours. C’est donc une journée en solitaire qui commence, ce qui ne dérange pas plus que ça. J’ai toujours été assez solitaire comme garçon depuis que je suis petit et ça ne risque pas de changer. Même si je dois bien avouer que quelque fois cette solitude constante me pèse, une présence en plus dans ma vie ne serait pas de trop. Et ça ma cousine l’a très bien compris et je suppose qu’elle m’estime prêt à casser mon célibat, si j’en crois le date qu’elle m’a organisé il y a de ça plusieurs jours. Un date avec sa colocataire. Elle m’avait déjà fait quelques petits sous-entendus avant, en me disant qu’elle me plairait. Et elle n’avait en tout cas pas tort sur un point : Isla est une très belle femme et ça je ne peux clairement pas le nier. Elle est très jolie, nous avons passés une bonne soirée mais…je ne suis pas sûr d’être prêt à laisser une femme entrer dans ma vie de cette manière. Je ne sais pas si je ne suis vraiment pas prêt ou bien si je n’en ai tout simplement pas envie. Mais en tout cas la jeune femme et moi nous nous sommes mis d’accord sur un point : on ne dira rien à Romy. Elle ne saura absolument pas comment ce rencard s’est déroulé. Et l’image de Romy la bombarder de questions sans qu’elle n’ait de réponses en retour me fait mourir de rire.
Vers la fin d’après-midi j’allume la télé, toutes les chaînes diffusaient le même gros titre : [Confinement obligatoire décrété dans le Queensland, contamination, virus inconnu, restez chez vous, ceci n'est pas un exercice] Euuh… quoi ? C’est une blague ? J’ai l’impression de vivre dans un film. Je fronce les sourcils et je zappe une bonne dizaine de chaîne pour me rendre compte qu’aucune d’entre elles ne diffusait un programme normal de type film ou série, tous avaient ce même titre. Merde merde merde merde. C’est quoi ce délire ? D’instinct, je pars chercher mon téléphone pour appeler Primrose une seconde fois de la journée. Aucune réponse. Putain. Je tente de rejoindre d’autres personnes, j’essaie Romy –oublions le fait que je suis censé ne pas lui parler pendant quelques jours -, aucune réponse. Fuck. J’appelle plusieurs personnes de mon répertoire, Alex, Stephen, Sohan, Jules, Deb. Personne ne me répond. Ça pue. Moi je vous le dis. Je pose mon portable sur la table basse du salon et je m’assieds sur le canapé pour écouter un peu plus en détails ce qu’ils disent de ce soi-disant virus. Apparemment c’est pareil dans le monde entier, des milliers de personnes se sont rendues aux urgences dans un état étrange et jamais vu jusqu’à aujourd’hui, ils étaient tous dans une sorte de rage inexpliquée et très très violente. Quelqu’un frappe à ma porte, ce qui me fait sursauter. Merde. Je suis censé ouvrir ou pas ? J’en sais rien moi. Je m’avance tout doucement vers la porte. « Je sais que t’es là Anderson ouvre. » Je reconnais immédiatement la voix de Romy. Je soupir de soulagement. Elle va bien. J’ouvre la porte d’entrée et j’attrape ma cousine par le bras pour la tirer de force à l’intérieur, refermant à clés tout de suite derrière elle. Elle est complètement inconsciente de sortir seule avec qu’une sorte d’épidémie non identifiée est en train de frapper le monde entier. Complètement inconsciente oui… « Qu’est ce qui t’arrives ? T’es cinglé ? » C’est moi qui est cinglé ? Je me retourne vers elle. « Mais c’est toi qui est folle ! Pourquoi tu sors toute seule t’as envie de te faire tuer ou quoi ? » Je l’engueule comme si j’étais son père, ce n’est clairement pas mon rôle je le sais. Mais à la vue de la tête qu’elle tire, elle n’a clairement pas l’air au courant de ce qui est en train de se passer. Je lâche un léger soupir en l’entraînant dans le salon, lui désignant la télé qu’un signe de la main. Elle rit. Je me tourne vers elle, lui lançant un regard noir. Pourquoi est-ce qu’elle se met à rire ? Qu’est-ce qu’il y a de drôle là-dedans ? Désolé mais là, je ne la suis pas. « Sacrée blague. Caleb j’ai réussi à venir jusqu’ici sans la moindre complication… » Elle pense vraiment que je lui fais une blague ? Elle attrape la télécommande et elle zappe, elle va bien se rendre compte que toutes les chaînes diffusent le même gros titre de toute façon. « C’est pas une blague Romy. » C’est tout ce que je peux lui dire. Je n’ai pas beaucoup plus d’informations qu’elle. Je la laisse découvrir tout ça en écoutant les chaînes de télévision nous demander de rester chez nous. Au bout d’une bonne poignée de secondes, elle semble comprendre que tout cela n’est en aucun cas une blague. « Qu’est ce… ça fait longtemps que ça se diffuse ? Caleb je te jure que j’ai eu aucun problème pour venir. Il ne se passe absolument rien ici » Je secoue doucement la tête de droite à gauche. « J’en sais rien, j’ai allumé la télé y a dix minutes et j’ai vu ça… » Je m’éloigne du poste de télévision pour m’avancer vers la fenêtre. J’observe l’extérieur. Dans ma rue, en tout cas il n’y a rien. Personne. Elle est complètement vide et déserte, ça fait presque froid dans le dos. Je me retourne vers ma cousine. « Ce matin je suis sortie pour faire des courses y’avait rien non plus… Enfin, les rues et le magasin était assez vide, mais rien de suspect à signaler. » Je pars reprendre mon portable pour tenter d’appeler pour la troisième fois consécutive ma sœur. Toujours aucune réponse. Je soupire, passant mes deux mains dans mes cheveux. « Putain ça fait trois fois que j’essaie d’appeler Prim, elle me répond pas. » Je lui dis, ma voix trahi mon inquiétude. J’ai peur. Je flippe qu’il lui soit arrivé quelque chose. « Essaie de l’appeler toi. » On sait jamais, peut-être qu’elle n’a juste pas envie de me parler. Je la laisse tenter à son tour de joindre ma sœur, mais elle n’a pas l’air de lui répondre non plus. « Putain merde, merde…» Je soupire en faisant les cent pas dans mon salon. « Il faut qu’on aille la chercher. J’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. » Je me retourne vers ma cousine, les mains sur mes hanches. En tout cas moi je ne reste pas enfermé ici sans avoir la certitude que Prim va bien. À Romy de voir si elle veut m’accompagner ou pas.
Romy ne comprenait pas bien ce qu'il se tramait là. Elle qui était arrivée avec une curiosité exacerbée et une excitation proche d'une sorte de lutin sur le pas de la porte de Caleb déchantait rapidement. Tirée à l'intérieur de l'appartement avec une violence qui la secouait encore -son épaule n'était pas déboîtée mais sur le moment elle y aurait presque cru- la petite blonde vit rapidement ses protestations réduites au silence par le regard paniqué de son cousin qui ne manquait pas de la remettre dans le contexte. Un contexte qu'elle ne comprenait pas. « Mais c’est toi qui est folle ! Pourquoi tu sors toute seule t’as envie de te faire tuer ou quoi ? »Quoi ? Fronçant les sourcils, Romy continuait de se masser l'épaule en crachant presque : "Mais enfin Caleb t'es cinglé ? Me faire tuer ? Mais par qui ? T'habites dans le quartier le plus bien fréquenté de la ville à part me faire rouler dessus par une Porsche je vois pas bien ce qu'il pourrait m'arriver !" D'ordinaire, la jeune femme ne se montrait que rarement si colérique ; elle n'était pas de celles qui assumaient leurs éclats de voix, mais pas aujourd'hui. Elle avait eu mal, un mal de chien, et les explications fournies par Caleb n'étaient pas à la hauteur de ses espérances et elle ne se privait pas pour cacher un regard noir qu'elle portait fièrement. Depuis qu'elle avait quitté Josh, elle s'était peut être payé du caractère. La suite de leur conversation se déroulait ensuite dans le séjour ou elle ne put s'empêcher de rire lorsque la télévision diffusait ce qu'il lui semblait être un gigantesque canular. « C’est pas une blague Romy. » et quoi alors ? C'est tout ? Laissant retomber ses mains contre ses hanches dans un claquement, la petite blonde les fit finalement remonter contre sa nuque en fixant l'écran. Elle demandait -paniquait aurait été plus juste- depuis combien de temps exactement cette chose passait en boucle sur toutes les chaînes, mais là encore la réponse de Caleb la laissait dans le flou. « J’en sais rien, j’ai allumé la télé y a dix minutes et j’ai vu ça… » Il délaissait le téléviseur pour la fenêtre, et Romy l'imitait d'un pas décidé. "Merde mais ils se foutent de notre gueule ! C'est une connerie faite par des hackers pour ... pour faire flipper la moitié de la ville tu peux pas croire ça !" Sa voix tentait d'être assurée, mais elle ne tenait pas la route le moins du monde. La petite blonde se laissait retomber dans le sofa en se passant une main sur le visage, murmurant quelques "mais c'est pas vrai" qui traduisaient son état de stress émotionnel. « Ce matin je suis sortie pour faire des courses y’avait rien non plus… Enfin, les rues et le magasin était assez vide, mais rien de suspect à signaler. » Lourdement, son crâne retombait contre le dossier. Elle manquait d'ajouter ce qu'elle avait déjà rétorqué en arrivant ici mais probablement était ce inutile. Caleb décidait ensuite de sortir son portable pour contacter Primrose ; en vain. L'espace d'une seconde, Romy pensait à Wylda, à Simon, à ses parents ... mais tous étaient trop loin pour faire quoique ce soit. « Essaie de l’appeler toi. » A son tour elle sortit son portable, les mains tremblantes, mais rien ; aucun réseau. Ce qui l'inquiétait, rendait les choses bien trop concrètes. Négativement, la jeune femme secouait la tête, sentant les larmes lui monter tant elle paniquait. « Putain merde, merde…» Caleb s'était mis à faire les cent pas dans le salon, lui filant le tournis et la nausée au passage. Elle faillit lui demander d'arrêter, mais le brun s'interrompait de lui même, lui lançant d'un ton résigné : « Il faut qu’on aille la chercher. J’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. » qu'elle peinait à comprendre. Lui qui venait de lui arracher à moitié le bras, de lui retourner le cerveau en lui montrant les images d'une réalité à la télévision qui ne reflétait en rien ce qu'elle avait vu dehors voulait ... s'aventurer à l'extérieur ? C'était une blague ? "Attends Caleb, attends. On a encore rien vu de ce qu'il se passe dehors. C'est quoi leur contamination là, un virus ? ça se transmet comment ? Et .." Flash info. Soudainement, une image différente se mit à être diffusée. Celle de personnes à l'apparence décomposée se dévorant littéralement les unes les autres. Putain de merde. Les doigts de Romy se portaient à ses lèvres d'un geste nerveux, puis soudainement elle se mit à se relever, à se rapprocher comme si son cousin était devenu son point d'ancrage et que ce monde était hostile. "Dis moi que c'est une blague par pitié." soufflait elle d'un ton presque implorant, fixant encore le téléviseur sans trouver de réponse suffisante à la rassurer. Le regard de Caleb était aussi apeuré que le sien, mais il avait raison sur un point ; il fallait qu'ils retrouvent Primrose et vite.
J’ai l’impression que Romy est complètement perdue et qu’elle ne réalise pas ce qui est en train de se passer en ce moment un peu partout dans le monde. Elle sa baladait tranquillement, seule, dans les rues de Brisbane. Et quand je lui fais la réflexion, elle fronce les sourcils et me répond avec agacement. "Mais enfin Caleb t'es cinglé ? Me faire tuer ? Mais par qui ? T'habites dans le quartier le plus bien fréquenté de la ville à part me faire rouler dessus par une Porsche je vois pas bien ce qu'il pourrait m'arriver !" Je lève les yeux au ciel, lâchant mon lourd soupir. Soit elle le fait exprès, soit elle ne sait vraiment pas ce qui est en train de se passer. Je l’emmène alors dans le salon pour lui montrer ce que les chaînes d’informations diffusent un peu partout. Au début elle ne prend rien de toute ça au sérieux puisqu’elle se met à rire, mais elle s’empare de la télécommande pour zapper et elle se rend vite compte que toutes les chaînes diffusent le même titre. Et là, je la vois sous le choc. Eh bah voilà très bien il lui aura fallu du temps pour réaliser l’ampleur de la situation. Un court instant de silence, je lui laisse le temps de réaliser que l’on va certainement commencer à vivre comme dans Walking Dead pendant que je pars vers la fenêtre. J’observe le paysage. Les rues sont vides, ce qui est assez rare à Spring Hill. Ce qui est rare à Brisbane tout court en fait. "Merde mais ils se foutent de notre gueule ! C'est une connerie faite par des hackers pour ... pour faire flipper la moitié de la ville tu peux pas croire ça !" J’aimerais tellement que ça soit la vérité. Mais malheureusement ça ne l’est absolument pas. Enfin je ne pense pas. Je secoue doucement la tête et je détourne mon regard vers elle. « Des hackers qui ont réussi à hacker toutes les chaînes de télévision ? » Je la regarde. Je pense qu’elle sait tout aussi bien que moi qu’il n’y a que très peu de chance que ça soit le cas. En même temps en soit tout est possible, il s’agit soit de hackers soit de la réalité et en vérité je pense que je préférais que tout ça ne soit pas vrai. Même si Romy aurait un malin plaisir à passer les dix prochaines années de sa vie à se foutre de ma gueule tellement j’ai cru à cette histoire totalement absurde.
Personne ne répond aux nombreux coups de téléphone que j’ai essayé de passer depuis tout à l’heure. Mes sœurs, mes parents, certains de mes amis. Personne. Ça c’est pas bon signe du tout et je commence très sérieusement à m’inquiéter. Mes parents et les jumelles sont trop loin je ne peux rien faire. Malheureusement. Mais Prim elle, je peux toujours aller la voir pour m’assurer qu’elle va bien et qu’elle a seulement oublié son téléphone à la fac et qu’en voyant ce qu’il se passait elle trouvait plus sage de ne pas partir à l’aventure pour le récupérer. Ouais j’essaie de me convaincre que c’est ce qu’il s’est passé pour elle. Elle a certainement juste, oublié son téléphone quelque part. Ou un truc dans le genre. Je demande à Romy d’essayer de la joindre, mais sa tentative est également un échec. Mon Dieu mais qu’est-ce qui est en train de se passer. Je refuse de rester tranquillement chez moi sans savoir si Primrose va bien. Certes, ici on est en sécurité mais là je dois vous avouer que me savoir dans un abri sûr j’en ai vraiment rien à foutre, le principal c’est de retrouver ma sœur. Je fais pars de mon plan à Romy. Enfin « plan » est un bien grand mot. "Attends Caleb, attends. On a encore rien vu de ce qu'il se passe dehors. C'est quoi leur contamination là, un virus ? ça se transmet comment ? Et .." La télévision coupe la blonde et nous apporte de nouvelles informations. Des personnes dans un état de décomposition extrêmement avancée, se mangeant les unes et les autres. Bordel. Je grimace et je tourne le regard ne voulant pas en voir plus. « Putain c’est dégueulasse. On dirait des zombies de walking dead. » Le son de ma voix traduit clairement mon état désemparé. Et je le suis vraiment. Comment est-ce qu’on va survire à ça ? Des séries et films de zombies oui j’en ai vus, donc peut-être que je pourrais m’en inspirer ? Ouais enfin en même temps ça reste de la fiction, pas sûr que tout ne se passe de la même manière. Le souci c’est que moi je n’ai pas la force d’esprit de Daryl, le courage de Rick et encore moins le sadisme de Negan. Romy se lève et s’approche de moi. "Dis moi que c'est une blague par pitié." Je la regarde, et je suis incapable de la rassurer en lui disant que tout ça n’était qu’effectivement une vaste blague. Tout simplement parce que ce n’est pas le cas. J’ai peur. Je suis même paniqué je ne sais clairement pas comment gérer la situation. Je me suis toujours dit que lors d’une apocalypse de zombies, il y avait peu de chance que j’y survive très longtemps. « Bon écoute, si tu veux tu peux rester ici. Normalement le frigo et les placards sont quasiment pleins t’as de quoi survivre sans sortir pendant un petit moment. Mais moi en tout cas je vais chercher Prim. Si tu préfères rester ici je t’en voudrais pas, je te comprendrais même. » Si moi je pouvais rester ici croyez-moi je le ferais et je n’irais pas risquer ma vie dehors. J’observe mon salon, cherchant quelque chose qui pourrait me servir d’arme. Je réfléchis et d’un coup une idée me vient à l’esprit. Je file dans ma chambre, cherchant une batte de baseball qui appartenait à LV. C’est bien ça non ? Parce que moi je n’ai pas les guns de Rick, ni l’épée de Michonne, et encore moins l’arbalète de Daryl. Je reviens dans le salon, observant Romy. « Alors tu fais quoi ? Tu restes ou tu viens avec moi ? Si tu viens il faut qu’on te trouve une arme. Quelque chose pour te défendre. » Moi je suis prêt à partir alors que je n’ai absolument pas réfléchis à un plan. Je suis prêt à foncer tête baissée dans la gueule du loup. Je suis complètement inconscient…
Romy ne comprenait pas bien ou Caleb voulait en venir. C'est vrai quoi, tout allait bien. Elle avait été au travail comme tous les jours, s'était aventurées sur les mêmes routes, avait fait exactement les mêmes choses qu'elle l'aurait fait d'ordinaire. Non. Vraiment elle ne comprenait pas bien la tournure que prenait cette conversation du moins, jusqu'à ce que la télévision n'attire son attention de la pire des façons. Un virus ? C'était une blague ? « Des hackers qui ont réussi à hacker toutes les chaînes de télévision ? » reprenait son cousin, montrant par la même qu'il n'y pensait pas lui non plus. Elle avait au moins eu le mérite de proposer quelque chose cela dit. "Ouais ..je trouvais ça plus logique que cette histoire de virus mangeur de cerveau" qu'elle marmonnait en retour, serrant ses bras contre sa poitrine comme pour se protéger de quelque chose qui -pour l'instant- était encore à l'extérieur, loin d'eux.
La panique les gagnait rapidement, et avec arrivait le besoin de se rassurer, de prendre des nouvelles des autres. Pressés par les images diffusées à la télévision, Romy en était encore à se demander comment il avait été possible qu'elle n'ait rien vu ; visiblement le virus n'en était pas encore venu à infiltrer le centre ville. Personne ne répondait au téléphone, et surtout pas Primrose, ce que le duo consentait à placer comme étant le plus inquiétant. « Putain c’est dégueulasse. On dirait des zombies de walking dead. » et à peu de choses près c'était ça. Par réflexe, Romy se pinçait l'avant bras, mais elle ne rêvait pas. Elle avait le regard absorbé par l'écran, suppliait presque Caleb de trouver une explication rationnelle à tout ce merdier, en vain. Il semblait tout autant paniqué qu'elle, et c'était sans doute ce constat qui l'intriguait davantage lorsqu'il répondait finalement : « Bon écoute, si tu veux tu peux rester ici. Normalement le frigo et les placards sont quasiment pleins t’as de quoi survivre sans sortir pendant un petit moment. Mais moi en tout cas je vais chercher Prim. Si tu préfères rester ici je t’en voudrais pas, je te comprendrais même. » Sortir d'ici ? Romy ouvrit la bouche comme pour protester. Il y avait une bonne dizaine de raisons qui aurait du les pousser à rester ici. D'ici quelques heures les autorités auraient trouvé de quoi les immuniser non ? Un tel virus devait avoir été tiré d'un laboratoire ... il y avait forcément un antidote, mais en même temps, une part d'elle même lui soufflait qu'il était temps de chercher Primrose maintenant. Avant que la population ne se soit saisie d'un élan de panique. "Je ... " commençait elle, se passant une main dans la nuque sans trop savoir quoi répondre. « Alors tu fais quoi ? Tu restes ou tu viens avec moi ? Si tu viens il faut qu’on te trouve une arme. Quelque chose pour te défendre. » Il avait filé dans sa chambre, ne lui laissant que quelques minutes de réflexion. Eh merde. Elle parcourait à son tour quelques mètres pour aller dans le placard de l'entrée, y dénichant des sacs à dos qu'elle vidait à la va vite et qu'elle finissait par jeter à son cousin. "On fait des vivres. Des denrées non périssables, on embarque de quoi boire et de quoi manger qui ne soit pas contaminé" l'espérait elle du moins. S'emparant d'une chaise, elle vint ensuite se placer près d'une fenêtre pour en tirer une tringle qu'elle agrémentait d'un couteau après un passage express à la cuisine. "T'as du scotch ?" qu'elle demandait alors tandis que le brun s'afférait à remplir les sacs.
En soit elle n’a pas du tout à fait tort, l’hypothèse des hackers est bien plus probable que ce virus qui nous fait péter un câble jusqu’à en venir au cannibalisme. Pourtant la journée a commencé comme toutes les autres. Ça doit être un rêve. Oui c’est ça je suis en train de rêver, je vais bientôt me réveiller et je vais pouvoir appeler ma cousine pour lui raconter ce rêve incroyable que je suis en train de faire. On pourra en rire tous les deux. Sauf que les minutes passent…et je ne me réveille pas. Merde. Alors tout ça, c’est vrai ? Non c’est pas possible. C’est vraiment pas possible. "Ouais ..je trouvais ça plus logique que cette histoire de virus mangeur de cerveau" Oui bah moi aussi je dois bien t’avouer que je préfère ta proposition à la réalité. Mais pour l’instant il y a bien une chose qui me préoccupe encore plus : le silence de Prim depuis le début de la journée. Au début je ne m’inquiétais pas, je ne disais qu’elle était simplement en cours et qu’elle me rappellera à midi ou ce soir au plus tard. Sauf qu’entre temps j’ai allumé la télévision et je suis tombé sur ça. Des personnes en état de décomposition inquiétante en train de se bouffer l’une et l’autre. Ce qui m’oblige à penser à nouveau que nous sommes en plein rêve parce que les zombies ça existe pas, et ces trucs qu’on voit à la télé mais font penser à des putains de zombies. Alors je dis à Romy que moi je pars chercher ma sœur mais j’ajoute tout de même que si elle le veut elle peut rester ici. Mais moi je ne peux pas rester là les bras croisés sans rien faire. Je dois aller la chercher pour m’assurer qu’elle va bien. Peut-être qu’elle a besoin d’aide et si c’est le cas et que moi je suis resté assis sur le canapé à attendre, je m’en voudrais toute ma vie. Non sérieux, il y a déjà une personne que j’aimais qui est morte par ma faute et il est hors de questions que ça arrive une deuxième fois. Je sens qu’elle veut protester mais je ne lui laisse pas vraiment le temps puisque je pars dans ma chambre pour récupérer une vieille batte de baseball. Oui je sais on a connu mieux comme arme mais vous m’excuserez j’avais pas prévu de combattre des zombies moi aujourd’hui, c’était pas dans mes plans. Elle trouve deux sacs à dos qu’elle me donne. Enfin, qu’elle me jette mais bon, passons ce petit détail. "On fait des vivres. Des denrées non périssables, on embarque de quoi boire et de quoi manger qui ne soit pas contaminé" J’acquiesce d’un signe de tête et je pars en direction de la cuisine avec ces deux sacs à dos que je pose sur le plan de table. Je nous prends deux bouteilles d’eau d’un litre chacun et je fouille dans les tiroirs pour trouver de quoi nous nourrir pendant notre périple qui va durer je ne sais combien de temps. Je la vois monter sur une chaise et récupérer une tringle de rideau. Waw. Elle en a de l’imagination. De mon côté je la laisse se débrouiller pendant que je continue à remplir les sacs d’un maximum de choses possibles. "T'as du scotch ? Je lève les yeux vers elle. « Dans le dernier tiroir à droite. » Mon regard dévie sur le tringle et le couteau qu’elle avait dans les mains. Elle compte attacher le couteau au bout de la tringle de rideau ? « T’es sûre que ça va tenir avec du scotch ? » De toute façon, elle n’a rien à perdre à essayer effectivement. Je ne sais pas vraiment quoi mettre dans les sacs. On emmène quoi quand on part pour une durée indéterminée ? Surtout qu’au fond on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre dehors. Tout ce qu’on sait c’est ce que les médias veulent bien nous montrer. « Y a de l’eau, des fruits, des barres de céréales, et je nous ai fait des sandwichs. » Ça devrait être suffisant non ? Normalement on ne devrait pas être parti si longtemps que ça et on devrait pouvoir très vite rejoindre Prim chez elle. Je lui donne son sac rempli de toute sorte de provisions, je mets le mien sur mon dos et je pars chercher un couteau en céramique que je range dans mon sac. « Bon…je pense qu’on est prêts à partir non ? » Je lui demande avant de récupérer la batte de baseball que j’ai été chercher un peu plus tôt. Une fois qu’elle me donne sa réponse je pars éteindre la télévision et je récupère les clés de mon appartement, nous sortons et je referme derrière moi. Oui c’est pas parce que c’est potentiellement la fin du monde que je vais laisser mon chez moi ouvert à tout le monde, faut pas craquer quand même. Avant d’avancer plus on échange un regard, j’ai l’impression qu’on part en mission suicide.
Que Primrose ne réponde pas à son téléphone était un fait exceptionnel, et si Romy en était encore à se dire que tout allait bien et que toute cette histoire n’était qu’une vaste plaisanterie … il subsistait une parcelle de doute qu’elle voulait à tout prix tirer au clair. Non ils n’allaient pas crever et oui tout le monde était en bonne santé si ce n’est une paranoïa aigüe. Malgré tout, plus la petite blonde jetait des coups d’œil à l’écran de télévision et plus elle se disait que ces types dans leurs lits d’hôpital faisaient des acteurs très convaincants. Caleb avait raison ; quand bien même ils auraient l’air de deux parfaits idiots sitôt la potentielle supercherie dévoilée au grand jour, il valait mieux se rassurer et aller retrouver cousine et sœur à l’autre bout de la ville. Ce ne devrait pas être bien compliqué de toute façon, si elle avait réussi à faire le trajet de Toowong à Spring Hill sans être inquiétée par qui que ce soit une simple escale à Fortitude Valley devrait se faire sans peine, non ? Croisons les doigts. Caleb avait suggéré de s’armer, ce qu’elle aurait jugé complètement stupide en temps normal mais plus les minutes passaient et plus elle sentait l’urgence de la réalité la rattraper. Cette alerte n’avait rien de grotesque, elle avait au contraire l’air tout à fait officielle. Se pourrait-il qu’il y ait des sortes de morts vivants au cerveau putréfié agité dehors ? Est-ce vraiment possible ? Sans prendre la peine de cogiter davantage, Romy avait demandé à Caleb de leur préparer de quoi boire et de quoi manger qui ne soit pas directement en contact avec l’air extérieur pendant qu’elle s’affairait à se créer une lance de fortune. C’était le bon plan de confier la tâche du ravitaillement à un restaurateur, le brun avait fait les choses bien là où elle se serait contentée d’embarquer deux paquets de chips et une boîte de thon. Sans savoir exactement ce qu’il préparait, Romy œuvrait dans le silence, le rompant seulement pour demander où pouvait se trouver le scotch pour pouvoir accrocher quelques couteaux bien aiguisés à sa tringle. « Dans le dernier tiroir à droite. » Ok chef. Hochant le menton, la blondinette se précipitait presque pour venir récupérer le rouleau et faire tenir à l’aide de ce dernier ses deux armes aux extrémités. « T’es sûre que ça va tenir avec du scotch ? » Il le fallait de toute façon. Elle haussait les épaules, s’appliquant pour la peine à faire une vingtaine de tours histoire de faire correctement tenir ses couteaux. « Bah, y’a peu de chances que je m’en serve de toute façon. » Ou du moins, elle se voyait davantage s’en servir pour maintenir à l’écart une horde de cinglés qui prenait trop au sérieux l’annonce télévisée plutôt que pour zigouiller du zombie. Revenant dans la cuisine, Romy attrapait son sac à dos, écoutant avec une attention toute relative leur composition. « Y a de l’eau, des fruits, des barres de céréales, et je nous ai fait des sandwichs. » « T’assures Anderson. » glissait elle en espérant que cette petite affaire ne dure pas des jours et qu’ils aient assez pour tenir le temps de retrouver Prim. « Bon…je pense qu’on est prêts à partir non ? » Il allait récupérer sa batte de baseball, tandis qu’elle, armée de sa lance-tringle à rideaux, prenait ses clés de voitures qu’elle faisait teinter entre ses doigts. « Bon, euhm … j’espère que ça va passer dans ma Fiat 500 ce truc. » certainement pas ; un pack d’eau remplissait déjà le coffre mais ils se débrouilleraient. Au pire la tringle devait bien être rétractable non ? L’invention du siècle en vue.
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Le trajet jusque l’extérieur de l’immeuble s’était fait silencieusement ou presque. Ils entendaient parfois des gens se ruer à leur judas pour observer leur présence dans les couloirs –et très certainement s’assurer qu’ils n’étaient pas des zombies en quête de cerveaux frais.- mais globalement pas un chat. Les rues s’étaient vidées, les gens alternant entre la fuite et le cloisonnement. Ils étaient les seuls à se retrouver ainsi à marcher silencieusement vers la voiture de Romy ; une ridicule citadine qui ne tiendrait pas la route si jamais ils devaient s’aventurer plus loin des routes goudronnées de Brisbane. « Tu crois qu’elle est chez elle ? A la fac peut être ? » qu’elle demandait alors pour rompre le silence de mort – sans mauvais jeu de mots- mais aussi pour savoir quelle direction emprunter ensuite. L’idée que l’armée ait pu bloquer les grands axes lui traversait l’esprit, alors il fallait d’ores et déjà songer à un itinéraire. Ne restait plus qu’à savoir où se rendre.
Ce qui est en train de se passer est incroyable. On est là tous les deux en train de se préparer des armes pour pouvoir affronter le monde extérieur. Je n’aurais jamais pensé qu’on en arriverait là un jour. Tout ça c’était que de la fiction normalement. Les zombies qui veulent nous bouffer la cervelle. C’était pas censé devenir la réalité un jour. Et je suis en train de nous préparer un sac à dos chacun, je le rempli de provisions en tout genre histoire qu’on puisse survivre un nombre indéterminé de jours dehors. Peut-être qu’on en fait trop et qu’on a réussir à aller chez Primrose sans le moindre souci, peut-être qu’on a pas besoin de tout ça pour réussir à aller chez elle. Mais je préfère qu’on prenne nos précautions. Je remplis les sacs d’une bouteille d’eau, de différents fruits, de quelques barres de céréales et d’un sandwich pendant que ma cousine s’empare de la tringle à rideau et me demande du scotch pour coller un couteau au bout de celle-ci. J’applaudi intérieurement son imagination. Je n’aurais jamais pensé à utiliser ça en guise d’arme post-apocalyptique. Enfin, on en est pas encore à l’apocalypse là quand même. « Bah, y’a peu de chances que je m’en serve de toute façon. » C’est pas faux. Mais mieux vaut être prudent quitte à ce qu’on fasse tout ça pour rien. Moi ça me rassure. Parce que quand on regarde les images que diffusent les chaînes de télévision, ça fait peur. J’acquiesce simplement d’un signe de tête sans rien dire de plus et je referme les deux sacs à dos que je viens de préparer. Je lui fais part de ce qu’il y a dans chacun de ces sacs tout en lui donnant le sien. « T’assures Anderson. » De toute façon on ne devrait pas avoir besoin de tout ça, si ? « Si tout se passe bien on devrait vite la retrouver et on aura pas à utiliser tout ça. » Je lui dis tout en désignant les sacs et nos armes respectives. Je me prépare à partir pendant qu’elle attrape ses clés de voiture. Je ne suis pas sûr que prendre sa petite voiture soit la meilleure des idées. Son arme ne risqud de ne même pas rentrer dedans. Et c’est d’ailleurs ce qu’elle me dit aussi. . « Bon, euhm … j’espère que ça va passer dans ma Fiat 500 ce truc. » Je regarde sa tringle à rideaux qui est accompagnée d’un couteau au bout. Et je pose mes yeux sur Romy par la suite. « Ta voiture est beaucoup trop petite, ça rentrera jamais dedans. On peut prendre la mienne au pire si tu veux. » Je sais que je ne suis pas le meilleur conducteur du monde. Et elle le sait tout aussi bien que moi. Elle m’a déjà dit au moins un million de fois qu’elle détestait ma conduite.
On quitte l’immeuble sans se dire un mot, le trajet se fait dans un silence morbide. C’est étrange parce qu’on sent que l’atmosphère des rues de la ville a changée. Du moins j’en ai l’impression. On arrive vers sa voiture et je prends l’arme de Romy pour essayer de la caser dedans. Au fond c’est juste comme une partie de Tetris. Je tourne la tringle dans tous les sens, manquant une fois de frapper Romy avec. Je grimace et m’excuse d’avoir failli la planter avec le couteau qui est au bout de la tringle. Mais je finis par réussir à caser l’arme dans sa petite voiture. « Quelle idée d’avoir une voiture aussi petite aussi. Ça aurait été plus simple si on avait pris la mienne. » Parce qu’après tout c’est vrai. Je regarde autour de nous, les rues sont vides. Je monte côté passager dans sa voiture. « Tu crois qu’elle est chez elle ? A la fac peut être ? » Je hausse les épaules. J’en sais fichtrement rien moi. Je jette un coup d’œil à mon portable pour prendre connaissance de l’heure. « Je sais pas… Vu l’heure elle devrait certainement être chez elle. » Mais je n’ai aucune garanti. Peut-être qu’elle est restée à la fac pour être en sécurité et aussi pour ne pas être seule. Ce qui pourrait potentiellement expliquer le fait qu’elle ne réponde à aucun de nos appels. Elle n’a plus de batterie et pensant qu’elle pourrait rentrer chez elle ce soir comme tous les autres jours, elle n’a pas pris son chargeur. Et elle n’a plus de batterie. C’est l’option qui me plaît le plus. « Attends, je vais essayer quelque chose. » J’essaye d’appeler Clément. On ne sait jamais, peut-être que lui a des nouvelles de Prim et il pourra peut-être me rassurer et me dire qu’elle va très bien et qu’elle est en sécurité. Peut-être même qu’il est avec elle et qu’il pourra me la passer. Ça serait génial. Mais aucune réponse du jeune homme. Je soupire. « Putain fais chier.» Je suis complètement désespéré et l’idée de retrouver ma sœur comme ces mangeurs de cervelle commence à me traverser l’esprit de plus en plus. « J’en sais rien écoute va chez elle et si elle y est pas on ira à la fac. » J’espère qu’on la trouvera directement chez elle, ça serait tellement plus simple. Mais avec la chance qu’on a notre aventure ne va pas s’arrêter si vite.
Romy aurait sûrement l'air stupide avec ce couteau scotché au bout d'une tringle à rideaux, mais si ce qu'il se disait à la télé était vrai ceux qui pouvaient potentiellement se moquer se trouveraient bien mal en point sans armes pour faire face à une invasion zombie. Quand bien même avoir une arme pouvait toujours se montrer utile en cas de cohue, ce n'était pas comme si Caleb et elle étaient de gros gabarits après tout. Arguant qu'il y aurait peu de chances qu'elle se serve de sa lance de fortune, la petite blonde avait tenté de rassurer son cousin quant à ses instincts de survie relativement limités, et il acquiesçait d'ailleurs d'un signe de la tête avant de boucler leurs sacs pour quitter le confort et la sécurité offertes par le loft. « Si tout se passe bien on devrait vite la retrouver et on aura pas à utiliser tout ça. » lui lançait il en désignant leur bardage tandis qu'elle attrapait ses clés de voiture avec un espoir qui n'aurait certainement jamais dû naître ; sa petite Fiat était ridiculement petite. Bien trop pour les accueillir eux et leurs armes. « Ta voiture est beaucoup trop petite, ça rentrera jamais dedans. On peut prendre la mienne au pire si tu veux. » Elle était, certes, plus grande mais quelque chose dérangeait la blondinette qui se disait vaguement qu'en cas de panique la conduite du brun ne leur serait pas d'un grand secours, alors non. Quand bien même ils trouveraient la cadette Anderson rapidement.
Le trajet jusqu'au bas de l'immeuble se fut silencieusement, comme si l'un et l'autre oscillait entre la volonté de se persuader que cette situation était stupide ou celle de se conditionner d'ores et déjà à zigouiller du zombie. Le sérieux était de rigueur, du moins, jusqu'à ce qu'ils ne se retrouvent à devoir faire entrer l'arme confectionnée par Romy dans sa cacahuète. La jeune femme avait manqué de se voir l'oeil crevé et un beau bleu lui naître sur le bras alors que Caleb tentait de la faire entrer dans l'habitacle. « Quelle idée d’avoir une voiture aussi petite aussi. Ça aurait été plus simple si on avait pris la mienne. » Gnagnagna. Elle balayait ses excuses d'un mouvement du bras avant de se glisser côté conducteur sans relever l'affront quant à son choix de véhicule ; elle était parfaite, cette citadine. Et au moins le chauffeur assurait, bien qu'elle se garde de le formuler à voix haute, surtout qu'elle n'était pas à proprement parler un exemple. Sitôt le moteur allumé, Romy démarrait avec précipitation, demandant à Caleb quelques indices sur l'itinéraire qu'il vaudrait mieux qu'ils adoptent pour retrouver l'étudiante. Consultant son téléphone, il avait d'ailleurs fini par lui répondre : « Je sais pas… Vu l’heure elle devrait certainement être chez elle. » Mais ils n'étaient pas sûrs. Bien. Empruntant les petites routes pour rejoindre Fortitude Valley la jeune femme fut pourtant interrompue par un : « Attends, je vais essayer quelque chose. » Hein ? Bon. Conduisant à une allure plutôt vide dans ces lieux étonnamment déserts, Romy laissait Caleb gérer, et visiblement il appelait quelqu'un … sans succès. « Putain fais chier. » Ah ? "T'avais appelé qui ?" qu'elle demandait en filant à vive allure. « J’en sais rien écoute va chez elle et si elle y est pas on ira à la fac. » Compris. Caleb était déjà suffisamment sous pression sans qu'elle n'en rajoute une couche, mais l'idée de savoir la travaillait. Se fendant d'un "Oui chef !" qui était une tentative maladroite de détendre l'atmosphère, Romy poursuivait leur périple qui ne tarderait sûrement pas à arriver à son terme puisqu'ils arrivaient dans le quartier de résidence de Primrose. "Elle est maligne tu sais. Elle irait pas se mettre en danger. Son téléphone doit être coupé." Blablabla. Bullshit. La petite blonde n'avait pas la moindre idée de là ou se trouvait Prim mais elle aurait fait et dit n'importe quoi pour que Caleb se sente mieux, bien que ce qu'ils s'apprêtaient à voir n'était pas fait pour les rassurer. Dans le désert qu'était devenu Brisbane, une femme se tenait au beau milieu de la route, et si d'instinct Romy aurait klaxonné pour qu'elle se retourne et décampe de là vite fait, cette dernière n'en fit rien … au contraire. "Mais qu'est ce qu'elle fi… OH MERDE." Dans un crissement de pneus, la petite blonde s'arrêtait net devant le … zombie. Qui se trouvait face à eux, c'était certain. Yeux vitreux, gestes inhumains, visage ensanglanté … cette chose fonçait maintenant sur le capot de la voiture tandis qu'elle faisait marche arrière en agrémentant le geste de jurons qui fusaient à tout va. "T'as vu ça comme je l'ai vu ?" qu'elle beuglait presque en accélérant de nouveau pour foncer et -cette fois- éviter comme il se doit ce zombie.
Nous voilà tous les deux partis à l’aventure. On doit retrouver Prim parce qu’elle ne nous donne aucun signe de vie, et vu la situation actuelle c’est moyennement rassurant. Je prie pour qu’on ne la retrouve pas transformée en ces bouffeurs de cerveau tout droit sortis d’un plus grand film Hollywoodien. Parce que j’ai vraiment l’impression d’être l’acteur principal d’un film à gros budget mettant en scène une épidémie de zombie venant frapper Brisbane. Je me demande si c’est comme ça dans tout le pays ? On devrait essayer de quitter la ville une fois qu’on aura enfin trouvé Primrose, ça me semble comme étant une bonne idée non ? Ou une bonne idée de merde. Parce qu’on devrait peut-être rester dans un endroit où on sera en sécurité et partir dans un petit road-trip avec ces choses autour de nous au final, je ne suis franchement pas sûr que ce soit la meilleure des idées. Romy conduit jusqu’à Fortitude Valley et je tente de joindre Clément, mais sans succès. "T'avais appelé qui ?" C’est une situation désespérée et je commence à perdre tout espoir de retrouver ma sœur vivante. Mon Dieu. Je ne veux pas la retrouver en morte-vivante. « Clément. Je me suis dit qu’il saurait peut-être me dire où trouver Prim, mais il est injoignable lui aussi. » À croire qu’on est les deux seuls survivants. Et encore une fois cette idée me plait moyennement. Pas que je ne l’aime pas Romy, bien au contraire. Mais l’idée de me dire que nous sommes les deux survivants de cette apocalypse qui semble frapper le monde n’est pas franchement plaisante. Au moins je ne suis pas seul. Elle est là avec moi, c’est déjà ça. Essayons de voir le côté positif des choses. Et avant d’en tirer des conclusions hâtives on doit se rendre chez Primrose, et si elle n’y est pas on ira à la fac. C’est ce que je finis par dire à ma cousine pour qu’elle puisse prendre la bonne direction. Plus on s’approche de son immeuble, plus je commence à stresser. J’ai peur de ce qu’on pourrait y trouver, ou même de ne pas l’y trouver tout court. Non mais sérieusement, j’ai déjà perdu LV il y a deux ans et si je dois maintenant aussi perdre ma sœur ou même pire, ma famille entière… Je ne suis pas sûr de pouvoir m’en remettre. Et Romy doit ressentir mon angoisse, puisqu’elle finit par reprendre la parole. "Elle est maligne tu sais. Elle irait pas se mettre en danger. Son téléphone doit être coupé." Mouais. Je ne sais pas. Mais j’acquiesce doucement de la tête, peu convaincu. Mais peut-être qu’elle a raison. Elle a peut-être juste éteint son portable et je m’en fais pour rien. J’aimerais pouvoir être aussi détendu qu’elle à ce sujet, mais j’en suis strictement incapable.
Nous sommes maintenant arrivés à Fortitude Valley, les rues semblent toujours aussi désertes. Ça fait froid dans le dos, je n’ai jamais vu Brisbane aussi vide. Je suis perdu dans mes pensées, je ne fais même pas attention à ce qu’il se passe autour de nous, parce que de toute façon il ne se passe pas grand-chose. Personne n’est assez fou pour arpenter les rues. Personne sauf nous, apparemment. Mon regard est perdu dans le vide, je fais trembler nerveusement ma jambe. "Mais qu'est ce qu'elle fi… OH MERDE." Je n’ai même pas le temps de réagir que Romy a été obligée de piler pour ne pas écraser…un zombie ? Merde, merde, merde, merde. Je regarde cette chose, complètement défigurée qui semble produire des sons assez…étranges et complètement inhumains. « Putain merde mais c’est quoi ce truc ? » Je lui demande, comme si elle avait vraiment une réponse à me donner. Cette chose qui ressemble effectivement aux zombies des films américains – mais en encore plus dégueulasse – essaye de monter sur le capot de la voiture, Romy fait une marche arrière. Elle semble gérer la situation avec tellement de facilité que ça en est complètement déconcertant. "T'as vu ça comme je l'ai vu ?" Elle avance de nouveau mais elle évite cette fois le zombie. Je me retourne vers cette chose pour l’observer une dernière fois alors que nous nous en éloignons de plus en plus. je me retourne à nouveau vers la route en soufflant de soulagement. Je sais ce que vous vous dites et vous avez raison. Je suis tout sauf courageux. Ce truc me dégoûte et je me vois mal devoir en affronter un pour pouvoir survivre. « C’est encore plus dégueulasse en vrai qu’à la télé. » C’est tout ce que je trouve à lui répondre. Mais en même temps c’est vrai, non ? Elle continue à avancer à toute allure et nous finissons par arriver devant l’immeuble de Prim. Une fois la voiture garée devant celui-ci, je scrute les environs avant d’avoir le courage de sortir de la voiture. « Vas-y je te couvre. » Je lui dis de manière assez peu convaincante. Alors qu’elle sort son arme de la voiture je reste devant elle, regardant partout autour de moi comme si j’étais son garde du corps. Moi, un garde du corps. J’en ai clairement pas la corpulence mais de toute façon elle est bloquée avec moi alors elle n’a pas d’autres options. Nous pénétrons dans l’immeuble qui est affreusement calme. « C’est beaucoup trop silencieux j’aime pas ça du tout. » Mais vraiment pas. Quand on nous observe on a presque l’impression qu’elle est bien plus courageuse que moi. En même temps ce n’est peut-être pas qu’une impression. J’appelle l’ascenseur. Un peu la flemme de devoir monter à pieds. Oui bon, jugez-moi pour ma flemme si vous le voulez. De toute façon au point où j’en suis… Les portes de l’ascenseur s’ouvrent et nous voilà face à un nouveau zombie. Sauf que cette fois nous ne sommes pas dans une voiture, et il est là en face de nous. Il commence à s’avancer. Et merde, putain… Il s’avance vers Romy et je commence à paniquer. Je suis censé faire quoi ? « Fais gaffe ! » Je lui cris presque, et je donne un gros coup sur la tête du zombie avec ma batte de baseball. La créature s’arrête, et se retourne maintenant vers moi. Et merde, on ne va jamais s’en sortir.
Au volant de sa voiture, Romy ne cherchait même pas à comprendre la gravité de la situation dans laquelle ils étaient plongés. Sans doute pensait-elle encore que ce n’était qu’un mauvais rêve et que son réveil à venir lui confirmerait qu’elle avait une imagination diablement débordante. Certainement même. Ils ne pouvaient pas se retrouver au cœur d’une zone en proie à une épidémie zombie. Pas ici. Pas à Brisbane. Alors dans un calme tout relatif (ils avaient une tringle à rideaux agrémentée d’un couteau sur la plage arrière quand même) elle conduisait sa voiture fictive pour aller chercher Prim en priant pour que la réussite de cette quête la mènerait tout droit une sonnerie stridente qui lui indiquerait « Il est sept heures bouge-toi si tu veux pas être en retard au boulot ». Malheureusement pour eux, l’étudiante ne répondait à aucun des appels qu’ils avaient tenté de lui passer, et alors que Caleb avait essayé de joindre quelqu’un d’autre, il se heurtait à l’échec une nouvelle fois. Romy se risquait à lui demander l’identité de cet inconnu, et c’est le nom d’un ami de la brune qu’il annonçait. « Clément. Je me suis dit qu’il saurait peut-être me dire où trouver Prim, mais il est injoignable lui aussi. » Ah merde. La petite blonde grimaçait, ne sachant pas bien quoi répondre pour apaiser la boule de nerfs à ses côtés. Il avait de quoi être paniqué ; sa petite sœur était introuvable, et si Romy gérait les choses avec un poil plus de retenue elle n’en demeurait pas moins morte d’inquiétude à l’idée de ne pas savoir où se trouvait cette cousine qu’elle aimait tant. Balançant quelques paroles au sujet d’un hypothétique instinct de survie chez la brune (en fait elle n’en savait rien), la jeune femme se concentra ensuite sur la route, du moins, elle essayait. Vidée de voitures et autres passants, l’atmosphère semblait comme … étrange. Où étaient-ils tous passés bon sang ? Il n’y avait personne. Pas la moindre âme qui vive, si ce n’est … « Putain merde mais c’est quoi ce truc ? » « Un zombie. » Planté. Au beau milieu du bitume et qui s’était mis en tête de gratter une course gratuite en fonçant sur le capot (à moins qu’elle ne désirait les dévorer tout cru). Après une marche arrière du tonnerre, la petite blonde entreprit de prendre la fuite et de foncer jusque Fortitude Valley sans céder à la contemplation du paysage. « C’est encore plus dégueulasse en vrai qu’à la télé. » Ah ça. Romy haussait les épaules, focus sur son volant. « Ça veut aussi dire que c’est réel. » et ce n’était pas quelque chose qui la rassurait au contraire. Il fallait qu’ils retrouvent Prim. Coûte que coûte, et alors qu’elle garait la voiture devant son immeuble, l’un et l’autre semblait à l’affût de la moindre agitation avant de s’extirper de l’habitacle. « Vas-y je te couvre. » D’accord. Si la situation n’avait pas été si dramatique elle aurait presque pu faire sourire une Romy qui bataillait avec sa tringle à rideaux pour ouvrir sa portière. Désormais sur le trottoir, l’un et l’autre avançait vers la porte du #79 qu’elle ouvrait avec une précipitation toute calculée. L’idée de rester à l’extérieur ne lui plaisait pas, mais celle de finir dévorée encore moins. « C’est beaucoup trop silencieux j’aime pas ça du tout. » Ah ça. Caleb avançait vers l’ascenseur pour l’appeler, et si la petite blonde avait eu envie de secouer son cousin pour qu’ils prennent les escaliers (ne serait-ce que pour éviter de rester coincés, par exemple) mais fut devancée par un … zombie. Encore un. « Fais gaffe ! » Le restaurateur s’époumonait presque (ben oui attirons d’autres morts vivants pardi) et tandis qu’il assenait un coup au crâne du macchabé, Romy s’emparait de sa lance pour le repousser à une distance raisonnable avec toute la force dont ses petits bras étaient dotés. « Les escaliers, et arrête de crier ils sont morts mais … peut être pas sourds. J’sais pas. » Sans doute la phrase la plus stupide qu’elle n’ait jamais dite. Bataillant avec le zombie pour le maintenir à distance, Romy désignait du menton la cage pour que Caleb ouvre la voie, mais finissant par transpercer son adversaire elle comprenait que rien n’y ferait pour le calmer et lui permettre de rejoindre son cousin ainsi. « Je crois qu’il va falloir viser la tête. » qu’elle soufflait en joignant le geste à la parole, puis retirant son arme de l’épaule du zombie, elle la lui planta directement dans l’œil, non sans avoir essuyé une grimace au passage. « C’est dégueulasse » Absolument ignoble même, mais au moins ils étaient libérés. Reprenant sa tringle, Romy avançait ensuite vers les escaliers, ouvrant la voie jusqu’au premier étage où résidait Prim sans être dérangée par qui que ce soit. Le calme ambiant avait beau être pesant, il était pourtant … apaisant. Dans un sens. Sortant un trousseau de clés de la porte de sa veste, la blondinette déverrouillait la porte de l’appartement de l’étudiante –elle en avait conservé un double-, et sans vraiment trop savoir à quoi s’attendre elle s’aventurait à sa recherche ; sans succès. Le studio était tristement vide.
On est dans la merde, on va tous mourir putain. Peut-être qu’on est dans un rêve – ou un cauchemar plutôt – et que je vais bientôt me réveiller ? J’ai hâte d’appeler Romy en rigolant pour lui raconter mon rêve. Elle se foutra certainement de ma gueule pendant environ un siècle, mais tant que tout ça n’est pas réel, moi ça me va. Enfin c’est ce que je me dis depuis tout à l’heure, mais je ne me suis toujours pas réveillé. Je suis toujours dans ce monde qui ressemble à un contexte post-apocalyptique des plus grands blockbusters Hollywoodiens. Le pire, c’est que je n’ai jamais été un grand amateur de ce genre de film alors je ne connais absolument pas toutes les techniques de survie qu’il faut adopter. Et je me suis toujours dit qu’en cas d’invasion de zombies je serai l’un des premiers à y passer. On verra si mes prédictions étaient correctes ou non. En soit, je n’espère pas sinon ça voudrait dire que je vais mourir dans les heures – voire les minutes qui viennent – et donc abandonner Romy, seule, dans ce monde de fous. Je m’en voudrais. Alors je vais essayer de rester en vie. Je vous assure que si ce n’était pas pour ma sœur, je serais resté chez moi en sécurité, enfermé, à zieuter par la fenêtre plusieurs fois par heure. Le courage ne fait clairement pas parti de mes qualités principales. Mais je n’ai aucune nouvelle de Prim, et c’est l’une des personnes les plus importantes dans ma vie. Malgré le fait que notre relation ne soit pas forcément facile tous les jours, Primrose c’est ma petite sœur et je l’aime. Même si ça je ne lui ai jamais dit. Et là, je regrette presque de ne lui avoir jamais dit ces mots. Peut-être qu’elle est morte. On va peut-être la retrouver allongée sur le sol de son studio. Et je ne lui aurais jamais dit à quel point elle comptait pour moi ? Quel grand frère pourri je fais. Cette pensée m’angoisse encore davantage. Et j’ai encore plus peur de ce qu’on va trouver dans son studio. Je préfère le voir vide et ne toujours avoir aucune idée de l’endroit où on pourrait la trouver plutôt que la retrouver morte, ou transformée en l’une de ces créatures horribles. On arrive devant son immeuble sa rue me semble tout aussi déserte que toutes les autres de la ville. Je ne sais pas si c’est rassurant ou non. L’immeuble est calme aussi. Jusqu’à ce qu’un zombie ressortant de l’ascenseur nous saute dessus. Enfin sur Romy plutôt. Je donne un premier coup sur la tête du zombie, ce qui n’a pas vraiment l’air de faire effet. Bon. Bon. Très bien. Je confirme ; on est dans la merde et on aurait peut-être mieux fait de rester chez moi en fait. Romy bataille avec le zombie, commençant par le pousser. « Les escaliers, et arrête de crier ils sont morts mais … peut être pas sourds. J’sais pas. » Quoi ? Et puis, non mais je rêve ou elle est en train de m’engueuler ? Je fronce les sourcils. « Oui bah la prochaine fois j’te préviendrais pas et je te laisserais te faire bouffer par un zombie. » N’importe quoi. Bon et puis ce n’est clairement pas le moment de s’engueuler pour des conneries pareilles. Surtout que le zombie revient à la charge et ne semble pas s’être calmé. Elle le transperce une première fois dans l’épaule, m’arrachant au passage une grimace. « Je crois qu’il va falloir viser la tête. » Et elle s’exécute, enfonçant son arme en plein dans l’œil du zombie. Ma nouvelle grimace vient accompagner la sienne. C’est dégueulasse. Et c’est également ce que me dit ma cousine. Je ne peux qu’être d’accord sur ce point-là. C’est même plus que dégueulasse. Elle était obligée de viser les yeux, sérieusement ? Elle aurait pu lui enfoncer dans le crâne. Mais bon cette réflexion je me la garde pour moi. Et c’est donc en silence que vous montons jusqu’à l’appartement de Prim. Romy sort des clés de sa veste – elle a gardé son jeu de clés ? apparemment oui – la porte s’ouvre pour nous nous montrer un studio complètement vide. Je soupire, pas parce que je suis énervé, mais surtout désespéré. « Prim ? » Je ne crie pas mais je parle assez fort pour qu’elle puisse m’entendre si elle est dans sa salle de bain. J’entre dans son studio et je l’observe dans les moindres recoins. « Elle est pas là… » Intervention inutile de ma part puisque Romy le voit de ses propres yeux. Mais encore une fois par le ton de ma voix on comprend très vite que je suis désespéré et de plus en plus angoissé. Je prends une grande inspiration. « Bon euh… c’est pas grave. Ça veut pas forcément dire qu’elle est pas en sécurité. Elle est peut-être à la fac non ? » Je lui demande en me tournant vers elle. Dis oui s’il te plaît et fais-moi croire que tu penses aussi qu’elle est à la fac entourée de ses amis et qu’elle va parfaitement bien. Je refuse de l’abandonner. Et si pour la trouver il faut qu’on parcoure toute la ville pendant des heures ; je le ferais. « On va à la fac. » Ce n’est pas une question et cette phrase pourrait même presque sonner comme un ordre. Parce qu’au final, ça l’est un peu. Du moins si elle ne m’accompagne pas, moi j’irais seul s’il le faut. Je fais quelques pas pour aller dans la petite cuisine et je sors d’un tiroir le plus gros couteau que j’y trouve. « Allez, viens on y va. » Je lui dis, doucement avant de passer devant elle pour sortir du studio de ma sœur. Je descends rapidement les escaliers et une fois en bas, je jette brièvement un regard au zombie tué par ma cousine quelques minutes plus tôt. Je le redis ; c’est vraiment dégueulasse. Et nous ressortons tous les deux, en direction de sa voiture. Bon, que la recherche de Prim continue.
Du moment même où elle l’avait vu à l’œuvre ; Romy avait su qu’elle ne pourrait pas compter sur Caleb pour l’aider à zigouiller du zombie. La férocité d’un chaton, les bébés griffes en moins, le restaurateur ne s’était pas montré d’une aide fulgurante alors qu’ils venaient de pénétrer dans le hall de l’immeuble où vivait Prim. Il l’avait laissée batailler seule avec ce mort vivant, lui conseillant toutefois de faire attention. Quelle prévenance. « Oui bah la prochaine fois j’te préviendrais pas et je te laisserais te faire bouffer par un zombie. » Mouais mouais mouais. Romy fronçait les sourcils, ayant toutefois d’autres occupations que celle qui consistait à faire ouvrir les yeux à Caleb en tête. Son adversaire revenait à la charge, et c’est avec dégoût qu’elle se heurta à l’évidence : il faudrait lui éclater la cervelle. Yurk. C’était tout bonnement dégueulasse, mais pas le temps de s’épancher sur cette boucherie périmée. Haussant les épaules en prenant silencieusement le chemin du premier étage, le duo de bras cassés qu’ils formaient pénétrait dans le studio de l’étudiante ; vide de toute présence humaine. « Prim ? » Le brun soupirait, laissant toute sa frustration s’échapper. « Elle est pas là… » Non. Romy secouait la tête négativement en arpentant l’endroit, l’inquiétude la gagnant à son tour. Son regard balayait la pièce, et si son petit cœur se brisait à mesure qu’elle observait les affaires de sa cousine, il frisa l’arrêt lorsqu’un préservatif négligemment posé sur son bureau lui attirait le regard. « Bon euh… c’est pas grave. Ça veut pas forcément dire qu’elle est pas en sécurité. Elle est peut-être à la fac non ? » La blondinette sursautait, se jetant presque sur le bureau pour camoufler le petit carré d’aluminium. « Hein ? Ouais, sûrement. » Le rangeant dans la poche arrière de son jean, Romy esquissait un sourire qui se voulait rassurant. « Elle a un ami. » Monsieur polo Lacoste et papa dentiste. « Mais je sais pas où il habite. Et des copines aussi. Il y a peu de chances qu’elle soit seule t’en fais pas. » Ce qui n’était pas pour le rassurer puisqu’une partie de la population s’était muée en zombies mais les choses étaient déjà suffisamment compliquées. « On va à la fac. » trancha de toute façon Caleb avant que Romy n’opine du chef. « Bonne idée. » Enfin sauf si l’établissement regorgeait d’une armée de morts vivants enfermés dans un amphithéâtre. Ce qu’elle se retenait évidemment de dire. « Allez, viens on y va. » Elle attrapait sa lance-tringle à rideaux rétractable en suivant son cousin, déterminé à partir retrouver Prim. Ils descendaient les escaliers, passant devant le cadavre du zombie qu’ils venaient d’exploser en lui glissant un coup d’œil équivoque. « Tu sais je me demande si les chats du voisinage viendront leur grignoter la cervelle. Et pas que les chats d’ailleurs. Tu crois qu’on aura à faire à une armée de minous zombies ? De pigeons tueurs ? » Une réflexion balancée sans le moindre filtre alors qu’ils remontaient tous les deux dans sa Fiat 500, et tandis qu’elle démarrait, Romy jaugeait son niveau d’essence. « Faudra qu’on s’arrête à une pompe à un moment » … oui. Parce qu’en plus d’avoir insisté pour qu’on prenne son pot de yaourt, ce dernier était quasi à sec.
Le studio est vide, Prim n’est pas chez elle. J’aurais tout donné pour la voir chez elle. Ça m’aurait rassuré. Mais non elle n’est pas là. Et je suis désespéré même si j’essaie de ne pas le montrer. J’ai peur qu’on ne la trouve pas et qu’elle soit seule, en danger voire même…devenue l’une de ces créatures. Je ne suis pas sûr d’être prêt à la trouver sauf si elle est en parfaite santé. Et en plus d’être inquiet pour ma sœur, Romy commence à agir bizarrement. Alors que je lui parle elle sursaute et se jette presque sur le bureau. « Hein ? Ouais, sûrement. » Je la regarde en fronçant les sourcils. Pourquoi est-ce qu’elle est bizarre d’un coup comme ça ? Elle me regarde et me sourit, mais je ne suis pas rassuré pour autant. « Qu’est-ce que t’as ? C’est quoi ton problème ?» Je lui demande d’un air surtout confus. Je comprends qu’elle soit inquiète pour Prim, moi aussi je le suis. Et pas qu’un peu je vous assure. Je me doute bien qu’on a peu de chance de la retrouver vivante, ce qui m’effraie. Parce que je n’ai pas envie de vivre sans ma sœur. Je ne lui ai encore jamais dit que je l’aimais. Vous vous rendez compte ? C’est ma petite sœur, et je n’ai jamais été capable de la prendre dans mes bras pour lui dire que je l’aimais et que malgré tous ses choix et toutes ses erreurs je l’aimerai toujours. Parce que c’est à ça que ça sert les frères et sœurs non ? À se protéger et se soutenir malgré toutes les épreuves que la vie va mettre sur nos chemins. Sauf que moi je n’ai été capable de rien de tout ça avec Prim. Putain qu’est-ce que je suis nul. Je suis le pire grand frère de toute l’histoire de l’humanité. « Elle a un ami. » Hein ? Quoi ? Un ami ? Genre un petit- ami ? Je la regarde sans même savoir quoi dire. Ma petite sœur a un copain et je ne suis même pas au courant. Comme quoi je dois vraiment pas être le frère de l’année. « Mais je sais pas où il habite. Et des copines aussi. Il y a peu de chances qu’elle soit seule t’en fais pas. » J’essaie de ne pas m’arrêter sur cette toute nouvelle information. Depuis quand elle a un copain ? Pourquoi je ne suis pas au courant ? Certainement parce que je n’excelle pas dans mon rôle de grand frère. « Prim a un copain ?» Et au final, même si j’ai essayé je n’y arrive pas et je reviens sur ce point-là ; ma petite sœur a un copain. Bah oui en même temps elle a vingt-cinq ans et c’est certainement pas son premier. Mais je me rends compte qu’au final je ne connais rien de sa vie ce qui m’attriste davantage. « Non, enfin ouais t’as raison. Elle est sûrement pas toute seule. Tu sais même pas dans quel quartier il habite ? » Je lui demande, mais au final je connais déjà la réponse. Elle m’a dit qu’elle ne savait pas habitait ce fameux garçon. Qu’elle soit avec lui ou n’importe qui, le principal c’est que je sache qu’elle va bien et qu’elle n’est pas seule. Et je ne m’attarde pas plus sur le sujet puisque je lui annonce que la prochaine destination était l’université. Ce n’est pas une question ou une suggestion mais presque un ordre. Je n’arrêterai pas mes recherches jusqu’à ce qu’on la retrouve. S’il le faut je parcourrai toute la ville. On quitte son studio, descendant par la suite les escaliers pour nous retrouver de nouveau face au cadavre du zombie explosé un peu plus tôt par ma cousine. « Tu sais je me demande si les chats du voisinage viendront leur grignoter la cervelle. Et pas que les chats d’ailleurs. Tu crois qu’on aura à faire à une armée de minous zombies ? De pigeons tueurs ? » Elle vient sérieusement de me demander si je pensais que des animaux allaient venir bouffer la cervelle de ce truc ? Je hausse les épaules. Je ne sais pas si elle attend vraiment que je lui réponde sérieusement. « J’sais pas, moi. Tu te poses des questions bizarres. » En temps normal j’aurais certainement ri de sa question, mais là je suis tellement inquiet pour ma sœur que je n’arrive même pas à rire. Cette fois-ci je la laisse se démerder pour rentrer sa tringle dans sa petite fiat 500 et je m’installe sans plus attendre. « Faudra qu’on s’arrête à une pompe à un moment » Quoi ? Je lui lance un regard qui voulait clairement dire ‘je te déteste’. Et je soupire. « Sérieusement ? Je t’avais dit qu’on aurait dû prendre ma voiture Romy. » Aller faire le plein d’essence, comme si on avait que ça à faire. « On a assez pour aller jusqu’à la fac ou pas ? » Je lui demande, en jetant un coup d’œil à son niveau d’essence. Et j’ai très vite ma réponse : non. On aura jamais assez pour aller jusqu’à la fac elle est déjà sur la réserver. Ne jamais rouler en étant sur le réserve, j’ai beau être un mauvais conducteur mais ça, je le sais.
D’être chez Prim sans Prim rendait Romy nerveuse. La situation était inédite, et alors qu’elle se retrouvait à moitié allongée sur son bureau pour récupérer une petite chose qui aurait rendu Caleb cardiaque, la blondinette essuyait en prime les sourcils froncés de son cousin. « Qu’est-ce que t’as ? C’est quoi ton problème ? » Elle secouait la tête pour palier à son manque de contenance, rétorquant : « Rien » sans toutefois être bien convaincue et convaincante. Ce n’était pas le moment pour les grandes discussions, mais alors que tous deux se demandaient où la brune pouvait bien se trouver lors de cette fin du monde, Romy évoquait Joey sans trop savoir si oui ou non l’étudiante pouvait se trouver chez monsieur quatre mois et dix huit jours. Elle ne savait rien de lui, si ce n’est que son père était dentiste et vivait certainement dans un quartier confortable de Logan City. Dans tous les cas Romy se persuadait que Primrose n’était pas seule, et qu’elle avait sûrement des amies ou un ami sur qui se reposer, comme elle se trouvait avec Caleb aujourd’hui. « Prim a un copain ? » Oh. Elle se frottait la nuque, jetant un regard soudainement bien trop appuyé à la paire de vans à ses pieds. Si elle avait évoqué l’idée pour hypothétiquement localiser la brune elle n’avait en revanche pas prévu que le brun lui demande des détails qu’elle désirait passer sous silence. « Ouais... enfin je sais pas si c’est sérieux. » Et pour bien faire elle aurait certainement ajouté « les jeunes hein » mais non. « Non, enfin ouais t’as raison. Elle est sûrement pas toute seule. Tu sais même pas dans quel quartier il habite ? » Elle secouait la tête négativement, se mordant l’intérieur de la joue alors que ses neurones essayaient vainement de s’activer et deviner quelque chose. « Non. Dans un quartier huppé j’imagine. Il a l’air très … propre sur lui. » Si elle savait. Romy n’avait pas la moindre idée de la nature de la relation qui unissait Joey et sa cousine, mais pour le moment elle n’y voyait que du feu, et tentait de rassurer Caleb avec ce fait. Dans tous les cas l’étudiante n’était pas là, et alors qu’ils rebroussaient chemin pour retourner à la voiture, une réflexion (issue de sa nervosité) s’extirpait d’entre ses lèvres dans une remarque peut être un peu déplacée, mais à en juger par l’état catastrophique de la situation et ses nombreuses d’heures de visionnage de séries netflix, la question lui semblait légitime. Une armée de pigeons tueurs, pourquoi pas après tout ? « J’sais pas, moi. Tu te poses des questions bizarres. » Caleb avait haussé les épaules, et elle fronçait les sourcils. Il rira certainement loin lorsqu’ils se feront attaquer par un chat zombie amateur de pâtée d’humains, même si pour l’instant, c’était elle qui pestait en bataillant avec sa tringle pour la faire rentrer dans sa mini voiture. Elle profita de ce moment de communion avec sa Fiat 500 pour expliquer qu’elle n’avait plus masse d’essence dans son réservoir, une information qui lui valut un regard sombre et un soupir qui valait certainement pour une malédiction sur six générations. « Sérieusement ? Je t’avais dit qu’on aurait dû prendre ma voiture Romy. » Oui bon. Ce n’est pas qu’elle n’avait pas confiance en la conduite de Caleb, mais dans les situations propices à la panique elle savait qu’elle avait plus de sang-froid que lui. « Mais ça va je te dis. En plus avec un peu de chance le pompiste aura pris la fuite et ce sera gratuit. » Il n’y avait pas de petites économies, fin du monde ou pas. « On a assez pour aller jusqu’à la fac ou pas ? » Elle mettait le contact, laissant son cousin constater par lui-même que le voyant orange clignotant indiquait que non. « Il y a une station-service pas loin. Je gère t’inquiète. » Pas vraiment. La petite blonde s’engageait dans des rues désertes en quête de la sacrosainte pompe, mais plus elle se rapprochait des rues animées de Fortitude Valley et plus la population de zombies se fit dense. Alors qu’ils n’en avaient croisés que quelques-uns, c’était à présent des dizaines qui se massaient dans les rues, dévorant les corps de quelques malheureux dont certains hurlaient encore la mort. Si son tempérament de mère théresa la poussait à s’arrêter sur le bas-côté pour en sauver quelques-uns, son instinct de survie pris le dessus et Romy se retrouvait maintenant à foncer dans le tas, littéralement, pour atteindre son but. « J’espère que le pare chocs va tenir le coup. » Ce furent à peu près les seuls mots qui réussirent à sortir de sa bouche pour décrire cette scène d’horreur, mais ils n’eurent pas le temps de parler davantage à ce sujet. Devant eux se dessinait la station-service, et problème : elle était un cimetière à ciel ouvert de morts vivants rampants et braillants. « Bon, deux solutions. Soit on met de l’essence en priant qu’ils ne nous voient pas. » Mauvaise idée. « Soit on vole une voiture en priant pour qu’elle ait le plein. » Mauvaise idée n°2, bien qu’il y en ait des dizaines d’abandonnées avec les portes d’ouvertes sur le parking.