« People change, thngs go wrong, shit happens, but life goes on. »
Le sommeil est réparateur et Jin met du temps à se réveiller. La sensation d'épuisement de son corps est exquise et l'apaise au plus haut point. C'est pourquoi il n'ouvre pas tout de suite les yeux, alors que les rêves se dissipent doucement. La chaleur de corps de Priam à ses côté le fait sourire. Il profite encore un peu de ce moment de plénitude et de silence avant que celui-ci ne découvre son identité. Car l'amérindien ne portait pas le brun dans son coeur. Il le savait à cause de leur rencontre qui était tournée au vinaigre. Avec une personne aussi susceptible que Priam, ça ne l'étonnait pas le moindrement du monde. Le visage enfoncé dans l'oreiller moelleux, Jin ouvre finalement les yeux pour constater qu'il faisait face au vide. Le plus jeune était donc couché de l'autre côté, mais cela ne le fit pas changer de position. Il était bien, le coréen, à savourer sa petite victoire. Il n'aurait jamais deviné que celui-ci se révélait très doué au pieu. Son caractère passif-agressif devait y être pour quelque chose.
Après plusieurs minutes sans bouger, l'aîné finit par se retourner, non sans difficulté, vers son amant d'une nuit. Il voulait se délecter de ses expressions lorsqu'il comprendrait avec qui il venait de passer la nuit. Le corps tout entier de Jin lui faisait mal, lui indiquant que le moment passé ensembles avait été torride et passionné. Les souvenirs de ces ébats resteront gravé dans sa mémoire pendant très longtemps. Le coréen s'étira de tout son long, espérant défaire la raideur de son corps et pose ses prunelles sur le visage masculin à ses côtés, le sourire aux lèvres.
- Bonjour, bien dormi, Priam?
Sa voix était rauque d'avoir trop crié et cela le fit rire légèrement. Un son léger et doux bien que déchiré sur les bords. Génial. Il en avait presque perdu la voix. Non pas que cela lui déplaise, bien au contraire. Il avait pesé sur le prénom du jeune homme, espérant que cela lui fasse réaliser sa connerie. Jin n'allait certainement pas s'en plaindre et qu'il gueule s'il veut, ce qui est fait est fait. Il ne peu pas revenir en arrière pour supprimer ce moment et heureusement, parce que le brun ne regrettait absolument rien. Sauf peut-être sa tête qui lui faisait extrêmement mal. Oh. Les exclamations de l'américain allaient certainement l'irriter finalement. Sentant qu'il ne le reconnaissait pas - sûrement à cause de sa teinture récente en noir - le coréen décide de lui donner un indice qui éveillera certainement en lui le fameux déclic.
- Allez, un petit effort. J'ai le prénom d'un alcool fort.
Ses doigts serraient toujours sa hanche d’une façon assez possessive. Il se demanda s’il avait ainsi passé toute la nuit. Ce n’était pas dans ses habitudes de rester proche de la personne avec qui il avait couché. Mais bon, après un tel moment torride, était-ce vraiment étonnant ? Son cerveau cherchait toujours avec la même intensité l’identité du jeune homme couché à côté, fronçant régulièrement les sourcils quand il indice parvenait à son cerveau avant de s’en aller aussi vite ; non, il n’y avait pas moyen. Qui était-ce, merde ? Longue torture qui lui serrait le ventre alors que petit à petit, l’étranger lui aussi ouvrait les yeux. Sauf qu’il n’en avait pas conscience, du moins au début. Puis il commença à s’agiter et Priam se dit qu’il aurait sans doute bientôt des réponses.
Il se retourna vers lui mais le plus grand ne bougea pas, les yeux toujours perdu dans le vague, dans la semi-obscurité de la chambre. Par chance, il n’avait que peu ouvert les volets la veille avant de partir, ce qui leur empêchait de devenir aveugle à cause de la clarté du jour. Ses mains glissèrent doucement le long du dos du petit mec juste pour caresser sa nuque. Il ne savait que penser de la situation.
Finalement, celui-ci ouvrit la bouche et quelque chose remua à l’intérieur de l’Américain qui n’en fronça que plus les sourcils. Une minute… comment connaissait-il son nom ? Il était sûr de ne pas l’avoir prononcé une seule fois au cours de leur soirée ! Son regard tomba sur le visage angélique de son amant, incompréhensif et plein de questions. Bordel… cet air familier allait le rendre dingue. Vite qu’il lui dise qui il était réellement ! Il n’en pouvait plus !
Puis, peu à peu, les souvenirs refont surface pour de bon. Une fin d’après-midi ensoleillée au port, les photos, la mouette et… le crétin. Non ! Quand même pas ! C’était tout bonnement impossible que le jeune homme soit tombé la veille sur cet insupportable enfant et qu’il l’ait tiré dans son lit pour lui faire du sale… hein ? Ce serait alors le pire des cauchemars ! Il l’aurait reconnu et évité comme la peste si tel avait été le cas.
Mais…
Bordel, il se rendit compte qu’il avait été roulé dans la farine en beauté. Merde alors ! Ce sale gosse stupide aurait pu simplement s’en aller sans un mot, pourquoi le provoquer ? Était-il tout fier de s’être tapé le mec qui le détestait ? Depuis combien de temps le savait-il ?
« Oh, toi... »
Traduction de « je vais te tuer, t’as intérêt à courir vite sombre petit bâtard et après je boufferai tes ancêtres » ; ses yeux furieux fixent ceux du bienheureux. Il avait des envies de violence, là. Des envies de lui claquer les fesses mais pas dans un but érotique comme la veille. Comme on ferait à un môme mal éduqué.
« T’es vraiment qu’un enfoiré ! Qu’est-ce que tu fous dans mon lit ?! »
Il le repoussa et le surplomba, le fixant avec une colère plus que palpable. Cette petite merde avait osé le séduire pour coucher avec lui, et lui n’avait rien vu comme un débile qu’il était ! C’était ignoble. Il le maintint sur le lit pendant quelques secondes, menaçant.
« Maintenant tu dégages et tu ne m’approches plus jamais si tu ne veux pas être défiguré petite pute ! »
Il n’y allait pas de main morte avec son langage non plus, Priam. Il était impulsif et détestait ces situations à la fois gênantes et insupportables. Il se redressa et enfila le peignoir d’inspiration chinoise qui pendait non loin du lit à un crochet. Il quitta précipitamment la chambre, dans la fureur et la mauvaise humeur dès le matin pour aller se laver et reprendre ses esprits. Et gare au petit con s’il osait être toujours présent à son retour dans la pièce de vie !
La douche le détendit, bien sûr. L’eau avait ce pouvoir de calmer ses nerfs. Toutefois, il ne fallait pas pousser bobonne dans les orties. Il voulait passer une bonne journée, travailler et penser à autre chose. Pourvu que l’insupportable Coréen ne revienne pas gâcher le peu de calme qu’il avait réussi à mettre en place en son fort intérieur.
Il enfila ses fringues pour l'équitation posés dans un coin et quitta l'appartement sans plus attendre : le boulot l'attendait, tant pis, il mangerait dehors. Il oublia également son téléphone portable, mais pour l'utilisation qu'il en faisait, il n'allait pas en mourir.
« People change, thngs go wrong, shit happens, but life goes on. »
La colère sur le visage de Priam est tellement exquise. Jin se fiche qu'il pense l'avoir roulé dans la farine, parce que ça n'est pas le cas. Il n'a reconnu l'américain qu'une fois les choses bien entamées. Il n'avait tout simplement pas pu s'arrêter. Dans l'état qu'il était la veille, ça n'avait rien d'étonnant. Les yeux de son amant d'une nuit le fusille et le coréen ne fait que sourire plus largement. Il sait qu'il ne l'aide pas à penser autre chose que ce qu'il évoque, mais il s'en fout. Ce qu'il fait dans son lit? C'est lui qui l'a invité, il n'allait pas refuser, tout de même. Il ne l'avait aucunement forcé, l'idée était même venu de lui. Alors l'aîné n'avait absolument rien à se reprocher. Oh non, il le repoussa et la violence du geste lui donne la nausée. Son mal de crâne s'intensifie et il grimace. Il ne va cependant pas lui dire de se la fermer ou de baisser le ton, ça ne jetterait que de l'huile sur le feu. Il se fait surplomber et même si aucun sourire ne ourle ses lèvres, son expression est amusé. Priam est vulgaire, mais il ne s'en formalise pas.
- Tu sais, c'est toi qui m'a invité. Alors vis avec ta décision.
L'amérindien se redresse, enfile un peignoir et disparaît de la pièce. Jin choisit ce moment pour laisser un rire rauque lui échapper. Il entend ensuite le bruit caractéristique de la douche. Aaaah, lui aussi en rêve, de se laver. Sauf que l'hôte risque de ne pas être content s'il le voit encore chez lui. Son corps tout entier le tire, mais il roule sur le ventre pour pouvoir prendre appui sur ses mains et se redresser. Ses bras tremblent et un sourire illumine son visage asiatique. Il pose les pieds au sol et se lève, mais la douleur dans ses hanches ainsi que le tremblement de ses jambes le font s'effondrer au sol. Un petit rire saccadé le secoue et il reste ainsi pendant plusieurs longues minutes. Des minutes pendant lesquelles il entend un Priam colérique se vêtir et partir en claquant la porte. Oooooh, Jin va pouvoir utiliser sa douche. Il en est absolument ravi. Une deuxième tentative et il réussit à se lever pour aller se laver. L'eau sur sa peau lui extirpe un soupir de satisfaction.
Lorsqu'il sort de la pièce, encore nu, il entreprend de partir à la recherche de ses vêtements de la veille pour les enfiler. Ses gestes se firent lent à cause des griffures et des morsures qui le faisait souffrir avec le sourire. Il avait aussi noté deux ou trois suçons dans son cou et sa lèvre inférieure fendue à son passage devant le miroir. Il n'allait certainement pas s'en plaindre, au contraire. Il était plus dans son attitude de fièrement les mettre en valeur. En voulant quitter l'appartement, il aperçoit le téléphone portable de Priam et un sourire espiègle ourle ses lèvres. Il s'en empare pour y glisser son propre numéro en prenant soin de se nommer "Jinkyung". Il savait que son prénom complet en un seul mot sèmerait une interrogation dans la tête de l'amérindien. Finalement, il repose le téléphone avant d'ouvrir la porte et de partir, sa démarche moins assurée à cause des courbatures que lui ont causés les ébats de la nuit.