“YOU MAKE MY WHOLE WORLD FEEL SO RIGHT WHEN IT'S WRONG. THAT'S HOW I KNOW YOU ARE THE ONE.”
Est-ce qu’on peut tout mettre en pause juste pour quelques heures ? Pour une journée. Parce que c’est de ça dont j’ai envie avec elle pour aujourd’hui. Je veux passer ma journée avec elle dans ce lit, ne pas bouger. Parce que je suis bien pour la première fois depuis quelques années. Je suis incapable de ne pas la regarder, je ne peux pas décrocher mon regard du sien, je la regarde dans les yeux et je la trouve tellement belle. Je lui fais part de mon plan pour la journée, le faisant passer sur le ton de la rigolade mais tout en étant tout de même plutôt sérieux. Si elle me dit qu’elle n’a pas non plus envie de bouger ça ne me dérange pas. Moi je veux bien passer les prochaines heures avec elle dans mon lit, la garder dans mes bras, la regarder dans les yeux, caresser chaque parcelle de sa peau, l’embrasser, profiter d’elle et de son corps que j’ai connu par cœur pendant un période de ma vie. Notre histoire n’a pas été très longue, un an et demi c’est rien c’est pas grand-chose. Mais c’était une histoire d’amour très intense dont je me souviens encore à la perfection. Je n’ai rien oublié. Notre rencontre, le moment où j’ai compris que j’étais en train de tomber amoureux pour la première fois, notre premier rendez-vous, quand j’ai eu le courage de l’embrasser pour la première fois. J’ai vraiment cru que j’allais me prendre un râteau, je pensais vraiment qu’elle allait me repousser. Et elle ne l’a pas fait. Elle m’avait rendu ce baiser. Je me souviens aussi de la première fois où je lui ai dit que je l’aimais en la regardant dans les yeux. Parce que oui je l’aimais tellement. J’étais fou amoureux d’elle. Je me souviens de la dernière fois où elle m’a embrassée en me souhaitant de passer une bonne journée, et quand je suis rentré plus aucune de ses affaires n’était chez moi. Je n’ai rien oublié de notre histoire. Les bons comme les mauvais moments. Mais aujourd’hui j’ai envie de laisser les mauvais moments de côté et ne laisser de l’importance qu’aux souvenirs heureux que j’ai avec elle. Parce qu’il y en a. Beaucoup. « Ne me tentes pas Caleb. » Oh mais si je vais me gêner. Je sais comment la faire craquer, parce que j’ai vraiment envie de cette journée avec elle. Je l’embrasse dans le cou à plusieurs reprises et je souris en la sentant frissonner à ce contact. Allez Alex, juste une journée toi et moi et personne d’autre. On pourrait tout oublier. Oublier notre passé, les responsabilités qui nous attendent dehors, la vraie vie, on peut même oublier toutes les autres personnes qui nous entourent juste pour passer une journée tous les deux. Moi j’en ai envie. Je ne veux que ça même. J’en ai peut-être même besoin. Mais on reste silencieux, on ne dit rien. Je profite de la sentir contre moi parce que ça me fait un bien fou. J’ai l’impression de me sentir revivre. Mais je finis par briser le silence et je lui demande si elle doit vraiment partir travailler. Parce que je ne veux pas la laisser partir et je n’ai pas envie de partir moi-même. Sa réponse me fait bien vite redescendre sur terre. « Oui, oui je dois vraiment y aller. » Je grimace doucement avant de lâcher un soupir en entendant sa réponse. J’ai raté ma mission et elle compte vraiment partir travailler. Merde. Pourquoi ? Elle pourrait rester ici pourtant ? Il suffit qu’elle dise à son patron qu’elle est malade et qu’elle ne peut pas venir aujourd’hui. Et demain promis, on reprend le cout de notre vie. « Et toi aussi non ? » Pas forcément. Enfin si elle a raison, je devrais y aller moi aussi. Je suis déjà bien en retard de toute façon alors en retard pour en retard… « Moi je fais ce que je veux c’est moi le patron. » Je souris en la regardant, venant par la suite déposer un baiser sur le dos de sa main qui est toujours dans la mienne. En soit oui je fais ce que je veux parce que oui, c’est bien moi le patron. Mais abandonner mes collègues avant le service de midi sans les prévenir c’est vraiment pas cool et ça ne me ressemble pas. « Et puis on est déjà en retard et faut que je passe chez moi me doucher et me changer. J'ai pas la tenue adéquate pour le boulot. » Bon d’accord je dois bien avouer que l’argument de la tenue est plutôt bon. C’est pas comme si je pouvais lui prêter des vêtements féminins à sa taille, je n’en ai pas. « Bah tu sais j’ai une salle de bain tu peux prendre ta douche ici. » Je lui dis avant de rire doucement. C’est vrai après tout, rentrer chez elle juste pour se doucher c’est un peu con surtout si elle est déjà en retard pour le travail. Mais par contre je n’ai absolument pas de vêtements à lui prêter. J’ai beau me creuser les méninges je ne trouve aucune alternative plausible à ce problème. Et sans surprise c’est elle qui rompt ce contact visuel et physique entre nous et elle m’embrasse sur le coin de la lèvre. « Je dois vraiment y aller Caleb. Me force pas à rester pour une fois que je suis la plus responsable de nous deux niveau travail. » On dirait qu’elle cherche à tout prix une excuse pour partir. Et du coup je me pose des questions. Je me demande si elle regrette ce qu’il s’est passé entre nous, ce qui expliquerait son envie soudaine de se lever et de parti très vite. Ou bien peut-être que je suis juste parano. « Mais justement pourquoi t’es responsable ce matin ? Allez reste encore juste une heure. Et après je te laisse partir bosser. » Effectivement, pour une fois que c’est elle la plus responsable. Le nombre de fois où elle essayait de m’empêcher de sortir du lit quand moi je devais partir bosser, ou en cours. Et le pire dans tout ça c’est qu’elle y arrivait. Pas tout le temps, mais quelque fois elle arrivait à utiliser les bons arguments ou les bonnes méthodes pour m’obliger à rester avec elle au lit encore un peu. Je pourrais faire la même chose en soit. Mais je n’ai pas non plus envie qu’elle ait des problèmes au travail à cause de moi. Elle aime son boulot et je ne veux pas être le responsable de ses potentiels problèmes là-bas. « Tu m'aiderais à retrouver mes vêtements que je te rende ton tee-shirt ? » Elle me demande ça en se levant et moi je me redresse dans le lit. Je la regarde un instant sans lui répondre, et puis mes yeux glissent le long de son corps simplement recouvert d’un de mes t-shirts. Je m’attarde sur ses jambes. Putain qu’est-ce qu’elle est sexy. « Si je te rends pas tes vêtements tu serais obligée de rester ici, c’est con... » Je lui réponds, amusé. Bien sûr que je ne suis pas sérieux. Je vais pas la séquestrer à moitié nue chez moi, ça commencerait à devenir étrange. « Bon tu m'aides, après tout tu dois mieux savoir que moi ou sont mes vêtements non ? A moins que tu veuilles que je sorte comme ça de chez toi ? » Hors de question de la laisser sortir comme ça. Les autres hommes pourraient beaucoup trop la reluquer et cette idée ne me plaît pas. Mais pas du tout. Elle a réussi à trouver le bon argument. « Ouais bon c’est bon, t’as gagnée. » Je m’avoue vaincu et je me lève à mon tour. Je cherche ses vêtements qui sont tous éparpillés un peu partout dans ma chambre et je les pose sur le lit. « Tiens voilà ils sont là tes vêtements. » Sérieusement, j’ai vraiment pas envie qu’elle s’en aille. Pourquoi est-ce qu’il faut qu’elle se montre raisonnable maintenant ? Et comme hier soir, les rôles sont échangés ce matin. C’est moi qui essaye de la faire rester avec moi au lit, et c’est elle qui me dit qu’elle ne peut pas parce qu’elle doit aller travailler. « Sache que ma proposition de journée au lit tiens toujours. Je te cuisine tout ce que tu veux si tu restes. » Bon, j’essaye le chantage on verra bien si cette méthode fonctionne ou pas.
"You make my whole world feel so right when it's wrong. That's how I know you are the one."
Je me déteste de mettre fin à ce moment, je me déteste de ne pas réussir à apprécier pleinement ce moment. Ce réveil tout les deux après cette nuit imprévue. Il cherche pourtant à me déstabiliser, à me faire craquer et il se rappelle mes points faibles. Enfin avec lui tout mon corps devient un point faible tant que c'est lui qui en a le contrôle, mais je ne vais pas lui avouer ça comme ça. Et je dois me faire violence pour lui rappeler que je dois aller au boulot et que lui aussi. Et il me rappelle que c'est lui le patron, qu'il fait ce qu'il veut et visiblement il veut que je reste avec lui et il continue à se montrer tactile et doux avec moi. « Le patron qui lâche son équipe pour une journée au lit, vous savez que c'est pas sérieux chef Anderson ? » Est-ce que je cherche à le faire culpabiliser pour qu'il m'aide à le quitter ? Peut être, je sais pas. Je suis en recherche constante d'équilibre avec lui, un coup je l'embrasse, je m’agrippe à lui et plus tard, je veux m'éloigner de lui pour pouvoir mettre la distance nécessaire pour réfléchir convenablement. Et c'est aussi le cas dans mes propos. « J'espère qu'elle en vaut la peine au moins. » Sérieuse une minute, et la minute d'après je le taquine, je flirte avec lui. Alexandra Clarke, vous êtes pathétique. Quelqu'un devrait réellement me le dire, mais on est que tout les deux et il ne me le dira pas alors tant pis. Et je redeviens sérieuse, lui rappelant que nous sommes tout deux déjà en retard et que je dois encore me préparer ce qui comprends le passage par une douche. « Bah tu sais j’ai une salle de bain tu peux prendre ta douche ici. » Il a une salle de bain dans son appartement, me voilà sauvée. Et je rigole à sa remarque, une douche chez lui après avoir couchée avec lui dans son lit, et après normalement c'est le petit déjeuner qu'il risque de me proposer. Et tout ce qu'il veut, tout ce qu'il me propose je vais le vouloir aussi. Mais de nous deux, je suis la seule qui connaisse la vérité sur nous, la seule qui puisse nous protéger aussi bien lui que moi. Mais est-ce que c'est une bonne idée de compter sur moi pour ce genre de chose ? Je suis faible, surtout face à lui. Et je craque un peu en l'embrassant sur le coin de la lèvre, mais je m'éloigne de lui, je quitte son lit. Je lâche sa main, je romps le contact de ma main sur son torse, je m'éloigne un peu pour essayer de trouver le courage d'aller au bout de mes idées. Je dois partir avant de commencer à m'habituer à cette nouvelle proximité entre nous, avant que je ne me sente finalement si bien avec lui que j'en oublie encore la réalité. « Mais justement pourquoi t’es responsable ce matin ? Allez reste encore juste une heure. Et après je te laisse partir bosser. » Juste une heure, mais je ne veux pas d'une heure, je veux plus, tellement plus. Et voilà que je me mets à craindre le moment fatidique ou je vais quitter son appartement et ou je me retrouverais seule à la merci des attentes du monde réel et de ces problèmes. Il me parle d'une heure mais une heure, deux heures, trois heures, rien ne sera réellement assez et pourtant ce sera toujours trop. Pas assez pour combler les demandes de mon cœur et de mon corps, et beaucoup trop pour nous éviter des souffrances inévitables à venir. Je l'aime, je le sais, mais je ne peux pas lui dire, je ne peux même pas réellement me laisser ressentir tout ça, parce que je sais que je vais souffrir. Mais plus que tout, j'ai peur qu'il souffre aussi. Et pourtant à cet instant, aucun de nous ne semble souffrir. C'est même plutôt l'inverse. Et je le sens qui me regarde, qui me mâte complètement. Je suis debout face à lui vêtue que d'un de ses tee-shirt et il profite clairement de cette vision. Et ça ne me dérange pas, au contraire. Je suis flattée de le voir qu'il me trouve toujours attirante, après tout ce que mon corps a subi ces dernières années. Il m'a prouvé qu'il me désirait toujours la nuit dernière et là je vois à son regard que mon corps lui fait toujours de l'effet. « Si je te rends pas tes vêtements tu serais obligée de rester ici, c’est con... » Je souris à sa remarque, oh oui ce serait con mais une connerie tellement tentante. Il ne bouge pas préférant me regarder chercher mes affaires toute seule. Je sais qu'il me regarde quand je me baise pour chercher mes vêtements, je le sais et j'en joue aussi. Je ne dois pas faire ça, je ne dois pas le faire, je le sais mais je le fais quand même. Quelle connerie Alex. Et je lui demande une nouvelle fois de m'aider, lui rappelant au passage qu'il n'y était pas pour rien dans tout ça. Et j'ajoute volontairement l'idée de sortir vêtue ainsi dans la rue, je sais qu'il ne serait pas un fervent défenseur de cette idée. Moi vêtue d'un simple tee-shirt un peu long dans une rue bondée de monde, jamais il me laisserait quitter son appartement ainsi et peut être qu'au fond c'est ce que je veux ? Qu'il me retienne, parce que je ne veux pas partir alors que je le devrais ? « Ouais bon c’est bon, t’as gagnée. » Et il finit par se lever et me rejoins dans ma quête de mes vêtements, des vêtements perdus, éparpillés dans sa chambre. « Tiens voilà ils sont là tes vêtements. » Et je rigole quand je le vois déposer mes affaires les unes après les autres sur son lit. « Eh ben dis donc, tu es efficace dans la recherche de vêtements éparpillés. Presque aussi efficace pour les retrouver que pour les enlever. » Et encore une fois je flirte avec lui, de manière peu discrète. Et je sais que je dois arrêter ce jeu, que je dois partir mais j'en suis incapable. Je ne veux pas être celle qui le repousse, pas encore. « Sache que ma proposition de journée au lit tiens toujours. Je te cuisine tout ce que tu veux si tu restes. Un petit déjeuner au lit, une journée au lit, avec lui. Mais je n'ai rien fais pour mériter ça. Ni pour mériter qu'il soit aussi parfait avec moi, ni de mériter qu'il me tente avec autant d'envie et qu'il me force à lutter encore et encore. Je meurs d'envie de l'embrasser. Je meurs d'envie de me rappeler à nos vingt ans. Je meurs d'envie de sentir sa tendresse, sa passion, son désir pour moi. Je meurs d'envie de succomber à ses demandes répétées pour me retenir. Je meurs d'envie d'être proche de lui tout simplement. Juste une heure, juste une journée ? Je vais me nourrir de sa force pour affronter les épreuves qui nous attendent ? Qu'est-ce qui peut arriver de mal ? Après tout, on a déjà couché ensemble, on ne peut rien faire de plus symbolique que ça non ? « Tout ce que je veux ? Serais-tu en train de t'essayer au chantage Caleb ? » Je m'amuse de le voir tenter de me retenir, et ça me plaît ce jeu entre nous. Ça me plaît d'être là avec lui et c'est incohérent mais c'est ce que je ressens. Ce putain de semblant de bonheur qui m'appelle. Ce répit avec lui. Son lit totalement défait qui trahit notre folie de la nuit. Lui torse nu. Moi vêtue d'un simple tee-shirt. La proximité de nos deux corps, notre complicité retrouvée. Je ne sais pas à quel jeu on joue, ni même quelles en seront les conséquences. Mais merde, il a gagné pour aujourd'hui. « Tu as dis tout ce que je veux c'est bien ça ? » Et je fais semblant d'être victorieuse, après tout il vient de m'offrir tout ce que je voulais. Bon il parlait cuisine, mais c'est tout de même tout ce que je veux. Et on sait tout les deux que le vrai gagnant c'est lui parce que je reste, mais au fond de moi, quelque chose me dit qu'on finira par perdre tout les deux. Mais si on refuse le jeu, on ne peut pas le savoir non ? « Et si ce que je veux ne se cuisine pas, ça marche aussi ? » Je m'allonge sur son lit, retrouvant l'endroit ou quelques heures plus tôt j'avais lâché quelques larmes. C'était une connerie, mais une connerie dont on avait envie tout les deux. « Tu as parlé d'une journée au lit. Je ne bouge plus d'ici, je te préviens, à part pour une douche peut être. » Je lui tends la main, je veux qu'il me rejoigne, je veux qu'il me donne ce qu'aucun ne peut me donner ; ce sentiment de sérénité. Je le veux prêt de moi, je veux le regarder, je veux le toucher, je veux l'entendre rire. Je sais que c'est une idée folle, mais il a gagné, je n'ai plus l'intention de partir, j'ai juste envie de profiter.
“YOU MAKE MY WHOLE WORLD FEEL SO RIGHT WHEN IT'S WRONG. THAT'S HOW I KNOW YOU ARE THE ONE.”
Je suis complètement en train de perdre pied et je n’ai plus aucun contrôle sur la situation. Il nous a fallu simplement quelques rencontres amicales et un premier rendez-vous en tête à tête pour craquer. D’ailleurs est-ce que c’était un rencard hier ? Je me pose la question un peu tard. Est-ce qu’il s’agissait d’un simple rendez-vous amical ou c’était déjà bien plus que ça ? Je savais déjà qu’elle me plaisait toujours c’est sûr. Je me suis rendu compte qu’elle me plaisait toujours dès notre deuxième rencontre à partager cette crème brûlée. Je crois que c’est à partir de ce moment-là que j’ai compris qu’elle risquait de venir bouleverser ma vie à nouveau. Mais je ne pensais pas que ça irait si vite entre nous. C’est allé tellement vite. Mais en même temps on se connait encore par cœur, il a simplement suffi que je me rappelle ces petites choses qui m’ont fait craquer la première fois que je suis tombé amoureux d’elle. Je me souviens que la toute première chose qui m’avait frappée chez elle c’était ses yeux, je suis immédiatement tombé amoureux de ses beaux yeux verts. Et encore aujourd’hui sans vous mentir, je pourrais la regarder dans les yeux pendant des heures et des heures sans jamais m’en lasser. Et à quoi bon m’en priver ? Elle est là avec moi, dans mon lit, alors je la regarde et je souris à chaque fois qu’elle sourit, je l’écoute parler sans jamais la quitter du regard. « Le patron qui lâche son équipe pour une journée au lit, vous savez que c'est pas sérieux chef Anderson ? » Non c’est clairement pas sérieux elle a totalement raison. Je lâche un rire à sa réflexion. « Pour une fois que je pense un peu à moi. » Et puis sans mentir, ce restaurant j’y ai passé toute ma vie pendant ces deux dernières années, ne m’accordant quasiment aucun jour de repos. J’avais besoin de travailler pour m’empêcher de penser à la réalité sauf qu’aujourd’hui c’est totalement l’inverse. J’ai besoin de penser un peu à la réalité et de laisser un peu ma vie professionnelle de côté. Je ne suis pas sûr qu’on puisse me le reprocher et si Prim et Romy pouvaient seulement savoir que je ne suis plus dans cet état d’esprit de travail acharné, elles sauteraient certainement de joie. « J'espère qu'elle en vaut la peine au moins. » Je souris à sa réflexion. Et nous voilà qui recommençons. Ce petit jeu de séduction qui s’est installé entre nous hier soir. On a bien vu où ça nous a mené. « Non elle en vaut pas tellement la peine mais bon... Je fais avec. » Mais bien sûr je ne suis pas du tout sérieux et elle le sait. On le voit tout de suite, le ton de ma voix me trahit. Je pense le contraire. Tu en vaux tellement la peine Alexandra Clarke. Mais je ne sais pas pourquoi Alex a décidé de se montrer responsable et me dit qu’elle doit absolument partir travailler. Sauf que moi je n’ai pas envie de la laisser partir, et aller travailler ne faisait pas parti de mes plans pour aujourd’hui. Elle en vient même à mettre fin ce moment de complicité en quittant le lit. Elle est debout, elle cherche ses vêtements et je m’en amuse. Je ne bouge pas. Je reste assis dans le lit, et je la regarde chercher en souriant. Je la regarde elle, son visage, son corps et je sais qu’elle l’a bien remarqué parce qu’elle en joue, ce qui m’amuse encore d’autant plus. Elle ne peut pas me faire ça et repartir travailler juste après, ça serait vraiment pas juste. Mais elle trouve le bon argument pour me tirer du lit, et elle rit quand je pose petit à petit ses vêtements sur le bord du lit. « Eh ben dis donc, tu es efficace dans la recherche de vêtements éparpillés. Presque aussi efficace pour les retrouver que pour les enlever. » Je me retourne vers elle pour lui faire face, je la regarde en souriant, amusé par sa réflexion. « Je peux te reprouver à quel point je suis efficace pour les enlever si tu veux. » Après tout c’est elle qui continue à me tourner autour depuis tout à l’heure, moi je ne fais que marcher dans son jeu. C’est elle qui veut partir alors si je peux l’aider à tomber dans son propre piège, moi ça me va. J’approche doucement mes lèvres des siennes, mais je dépose au final au dernier moment un baiser sur sa joue. Je m’amuse de la situation, c’est elle qui a toutes les cartes en main. Si elle veut partir, qu’elle parte je ne peux pas l’obliger à rester si elle n’en a pas envie. Mais je peux tout de même essayer de trouver les bons arguments qui lui feront peut-être changer d’avis. Comme lui proposer de lui cuisiner tout ce dont elle a envie. Je sais qu’à l’époque c’était toujours un argument de choc et elle craquait toujours. À voir si c’est toujours le cas. « Tout ce que je veux ? Serais-tu en train de t'essayer au chantage Caleb ? » Oui. Oui j’essaye le chantage, je suis plus à ça près de toute façon mais si même après ça elle refuse je commence à ne plus avoir d’autres idées pour la garder près de moi. « Tu as dis tout ce que je veux c'est bien ça ? » Je la regarde en souriant. Parce que je suis comme ça maintenant, je suis obligé de sourire en la regardant. Parce que là, maintenant, à l’instant présent je viens de me rendre compte que je suis en train de retrouver la Alex que j’ai tant aimée. Et ça fait tellement du bien… « Absolument tout ce que tu veux. » Et en lui disant ça je ne pense clairement pas que à la cuisine. Pour tout vous avouer je ne pense même pas à la cuisine tout court. Mais ça reste vrai, si elle me demande de lui préparer un plat en particulier je lui ferais dans l’heure qui suit. « Et si ce que je veux ne se cuisine pas, ça marche aussi ? » Elle me dit ça juste avant de reprendre la place qu’elle occupait il y a encore quelques minutes dans mon lit. Et je ne peux m’empêcher de sourire. Encore. Parce que ça veut dire que j’ai gagné et qu’elle ne compte pas partir. Pas tout de suite du moins. « Tu as parlé d'une journée au lit. Je ne bouge plus d'ici, je te préviens, à part pour une douche peut être. » Elle me tend la main et je ne me fais pas désirer pour la rejoindre. « Que ça se cuisine ou pas, ça marche aussi ouais. » Je laisse ma main parcourir son corps, le caressant du bout des doigts. Et puis je l’embrasse sur le front, sur la joue, et je redescends vers son cou pour couvrir celui-ci de baisers. « T’auras pas à bouger, je m’occupe de tout ma belle. » Je lui ai promis une journée au lit et je compte bien tenir ma promesse. Son petit déjeuner je compte bien lui amener au lit, comme je le faisais souvent quand on était ensemble. J’ai l’impression qu’on vient de faire un bon dans le temps de dix ans en arrière, mais c’est tellement plaisant.
"You make my whole world feel so right when it's wrong. That's how I know you are the one."
A partir du moment ou j'ai accepté de rentrer dans ce jeu de séduction, de jouer avec lui au fond je savais que c'était foutu pour moi, pour nous deux. Je n'étais juste pas encore totalement prête à l'accepter. Mais c'est nous. C'est le nous d'avant qui se retrouve dans cette chambre. Et je peux tenter de résister, de me convaincre qu'il faut que je parte, j'en suis finalement incapable. Attirer dans ce jeu entre nous. Attirer vers lui, tout en essayant encore et encore d'attirer son regard sur moi. Je sais que je dois partir, je le sais, j'en ai conscience que je ne peux pas rester là avec lui encore et encore. Je le sais et pourtant je continue à réagir à tout ce qu'il dit, je continue même à le provoquer. Parce que j'ai toujours aimé ça, c'est pas raisonnable mais notre histoire n'avait jamais rimé avec raisonnable et je n'étais pas quelqu'un de raisonnable. Donc je peux toujours essayé de me persuader que je dois quitter son appartement, que c'est la meilleure chose à faire, je sais que c'est peine perdue. Parce qu'à partir du moment ou il a accepté de flirter avec moi, c'en était fini de moi. J'ai tenté de résister, un peu mais il m'a proposé de me montrer, à nouveau, son efficacité pour enlever mes vêtements. Il me propose de me dénuder encore face à lui, dans sa chambre, à quelques mètres de son lit. Et je fais tout les efforts possibles pour ne pas l'inviter à venir récupérer son tee-shirt dans la minute. Pour ne pas lui donner accès à mon corps encore une fois. Mais il s'approche de moi, il approche ses lèvres des miennes et je me prépare à recevoir ce baiser qu'il me propose, baiser qui me tente réellement. Mais ses lèvres viennent finalement se poser sur ma joue. Salaud Caleb ! Et je vois son amusement, je vois la satisfaction sur son visage. Il me provoque, il me teste, il veut me faire craquer et si je suis douée pour le provoquer, je suis en revanche bien nul pour lui résister. C'est un jeu auquel j'acceptais volontiers de perdre parce qu'au fond je savais que je n'étais jamais réellement perdante. Mais les choses ont changé et même s'il a tendance à l'oublier, à me le faire oublier en me regardant avec son sourire et son chantage. C'est un fait réel, le 'nous' n'est plus possible. Alors pourquoi je le laisse gagner encore ? Pourquoi son chantage fonctionne, pourquoi l'idée de partir, d'aller à travailler a totalement disparu de mon esprit ? Pourquoi je le regarde en souriant à mon tour en lui demandant confirmation sur ses propos, avec beaucoup trop de sous-entendus dans la voix. « Absolument tout ce que tu veux. » Il ne faut pas me dire ça Caleb. Il ne faut pas me faire de telles promesses. Tout ce que je veux, absolument tout ? Alexandra Clarke, vous n'avez décidément aucune volonté ! Et oui, je m'allonge dans son lit, lieu de nos retrouvailles physiques. Lieu qui fut le théâtre de l’ascendeur émotionnel que j'avais vécu à cause ou grâce à lui. Du bien être total, aux larmes, du plaisir intense à la culpabilité énorme. Quelque soit les émotions vers lesquelles je me dirige, je sais qu'elles seront fortes, parce que je suis avec lui. Et je m'allonge toujours vêtue que de son tee-shirt, et je lui tends la main en guise d'invitation à me rejoindre dans son lit. Rien n'est logique, mais il accepte sans se faire prier et il me rejoins. Et je sais avant même qu'il pose sa main sur mon corps ce qu'il va se passer. Parce qu'on a peut être vécu huit ans loin l'un de l'autre, on est peut être plus un couple, ce lien physique entre nous semble toujours aussi fort, aussi palpable. Et merde, je suis foutue ! Je le sais au moment ou il pose sa main sur ma peau, au moment ou son corps se rapproche de moi. Je suis foutue !
J'ai perdu, il a gagné. J'ai perdu, il a perdu. J'en sais rien à vrai dire. Qui gagne, qui perd ? Je sais juste que je suis en train de perdre, de tout perdre. Je perds mon contrôle, ma retenue. Je perds face à lui, et si aujourd'hui, je ne suis pas capable de lui résister c'est qu'il a réussi à me faire craquer. J'ai perdu, parce que je sens qu'il fait renaître en moi des sentiments enfouis. Je sens qu'il fait renaître en moi des émotions oubliées au prix de longs moments d'excès et d'abus. Sa main qui parcoure mon corps, ses doigts qui viennent raviver les souvenirs et mon corps qui se laisse submerger de désir pour cet homme. Et il y a en a eu des hommes qui ont touché mon corps, qui ont effectué les même gestes que lui, qui ont touché les mêmes endroits que lui, mais aucun n'a pu me procurer ce que lui me fait ressentir. Je suis totalement réceptive à tout ce qu'il peut faire, comme avant finalement. Je redécouvre des émotions que mon corps n'avait plus ressenti depuis des années. Coucher avec un mec qui ne me dégoûte pas, ça doit sans doute aider pour ressentir des choses sincères et fortes. Alors si en plus ce mec, est l'ex pour lequel j'accepte peu à peu d'avoir encore des sentiments profonds, et qui en plus à toujours su me faire craquer, c'est intense, fort. Je pense que ça confirme une chose, pas besoin d'être défoncée pour ressentir des émotions intenses, les sentiments ça peut aussi être suffisants. Caleb me suffit en tout cas et c'est la seule vérité que je peux accepter à ce moment. « T’auras pas à bouger, je m’occupe de tout ma belle. » Et si à l'époque, j'aurais sans doute pu me moquer de lui le ''contrôle freak'', et lui dire qu'il aimait avoir le contrôle mais que j'aimais encore plus le perturber, aujourd'hui j'accepte sans rien dire. Parce que je ne veux pas risquer de gâcher ce moment. Parce que ses baisers sont un appel à se laisser faire et à profiter du moment. Parce qu'il est finalement déjà en train de s'occuper de tout, et j'accepte d'être ''sa belle''. Tout ce qu'il veut tant que je suis à lui. J'accepte de ne pas avoir à bouger, de toute façon j'en suis tout bonnement incapable, ma volonté ayant fuit y'a longtemps rejoindre ma raison dehors, loin de Caleb. Et je pourrais accepter de rester là encore longtemps à condition qu'il reste lui aussi à me couver de son regard, à me protéger et à me faire frémir dès qu'il le désire. Parce qu'avec lui à mes cotés, parce que le 'nous' dans son lit, je me sens finalement à ma place. Peut être que je nous revoies dix ans plus tôt, avec dix ans de moins, quand tout était simple, fluide et que la vie ne nous avait pas séparé. Enfin que mes choix ne nous avaient pas séparé. J'en sais rien. De toute façon, je ne sais plus grand chose là tout de suite, mes seules certitudes se sont barrées, et m'ont laissé sans protection face à lui. Et il me veut du bien, et je veux ça aussi. Encore et encore, je veux lui et moi dans son lit, lui et moi ensemble à rattraper le temps perdu. Lui et moi à se taquiner, lui et moi à rire l'un de l'autre, à rire aux même blagues pas drôles. Lui et moi dans sa cuisine à préparer à manger, enfin à le regarder nous préparer à manger. Lui et moi à jouer au scrabble dans son lit et au moment de perdre balancer le jeu, déchirer la feuille des scores et lui sauter dessus pour lui donner d'autres priorités que le comptage de points. Lui et moi dans son canapé se battant pour un film que je finirais par choisir et dont je ne verrais jamais la fin parce qu'il aura été si nul que je me serais endormie sur lui ou qu'on aurait trouvé autre chose à faire ensemble. Lui et moi se battant pour les activités du week-end, lui refusant mes idées et moi lui faisant du chantage. Lui et moi se battant pour savoir lequel de nous deux finirais le même livre avant l'autre. Lui et moi se taquinant, juste pour provoquer une réaction chez l'autre, juste pour pimenter le quotidien. Lui et moi, ensemble tout simplement. Putain Caleb tu me rends si faible, mais le pire c'est que j'aime ça. Et je l'embrasse, parce qu'il m'a refusé ce baiser tout à l'heure, parce qu'il voulait me pousser à rester et maintenant que je suis dans son lit avec lui, j'ai gagné le droit de m'emparer de ses lèvres. J'ai gagné le droit de m'emparer de lui, parce qu'il est de nouveau à moi et à moi seule. Il n'y a rien pour nous séparer, rien pour nous éloigner l'un de l'autre et on est même plutôt très proche là. « Tu devrais avoir honte de nous faire rater une journée de travail pour ça. » Je lui dis ces paroles entre deux baisers, entre deux sourires. « Mais quoique tu aies prévu pour nous, sache que je suis toute à toi Anderson. » Je ne réalise même pas que j'emploie le 'nous', que je parle de lui et moi comme étant lié à nouveau, comme étant ce 'nous' d'avant. Ça va mal finir, c'est à peu près sur. Mais avant, je sais qu'on va vivre cette journée à fond, pour faire honneur à ce que l'on fut par le passé. Parce que merde, on a qu'une vie et qu'il est bien le seul à réussir à me faire me sentir aussi vivante sans drogue, juste parce qu'il est lui. Et dire que j'ai renoncé à lui, mais quelle conne je suis ! Au moins, je ne fais pas deux fois la même erreur, je ne le fuis pas, je ne fais pas cette erreur, j'en fais une autre mais pas la même. Quoique recoucher avec son ex, deux fois en quelques heures, c'est peut être faire deux fois la même erreur non ? Et merde, je m'en fous. Je veux de lui. Je le veux lui. Je veux tout ça, et je veux cette journée parfaite qu'il m'a promit. Et j'aurais toute une vie pour regretter, mais à partir de demain. La dans son lit, il n'y a pas de place pour les regrets, juste pour le désir et c'est tout ce qui compte.
“YOU MAKE MY WHOLE WORLD FEEL SO RIGHT WHEN IT'S WRONG. THAT'S HOW I KNOW YOU ARE THE ONE.”
Cette femme a un pouvoir sur moi que je ne peux pas expliquer. J’ai l’impression que quoiqu’il arrive dans nos vies respectives, je serai toujours attiré par elle. Physiquement mais pas que. Aujourd’hui encore on se complète comme on se complétait il y a dix ans. Et en nous regardant je pense qu’on peut réellement être la preuve vivante que oui, les opposés s’attirent. Pourtant j’ai essayé de résister hier soir, je vous assure. Même si c’est peut-être pas flagrant. J’ai vraiment tenté de lui résister à elle, à son charme, au désir que je ressens pour elle. Mais je n’ai pas été très fort pour le coup, je dois bien l’avouer. Elle m’a déjà fait souffrir une fois, et pas qu’un peu. Quand elle est partie et surtout, quand j’ai compris qu’elle ne reviendrait plus, j’étais au fond du trou. Je me demandais ce que j’avais fait de mal pour la faire fuir, et encore aujourd’hui je me le demande. Elle m’a fait mal une première fois et en craquant hier je lui ai donné toutes les possibilités de le refaire une deuxième fois. Elle pourrait le faire si facilement. Parce que l’attirance n’est pas que physique elle est aussi mentale, émotionnelle. Je me suis rendu compte qu’elle a très vite repris une place dans ma vie que je ne comptais pas lui laisser à nouveau. Parce que la première fois ça s’est mal fini. Parce que la première fois j’étais tellement dans l’incapacité totale de l’oublier que j’ai dû quitter un an l’Australie pour réussir à me la sortir de la tête. Mais pourtant elle est là, avec moi, dans mon lit. On a passé une nuit ensemble pour la première fois depuis huit ans. Et je suis en train d’user de plusieurs stratagèmes pour l’empêcher de partir travailler. J’ai envie de passer la journée avec elle. Juste elle et moi, comme avant. Comme si rien n’avait changé, comme si ce « nous » était encore d’actualité, comme si Alex était toujours ma petite amie, comme si on avait dix ans de moins, comme si ces huit dernières années n’avaient jamais existé. Je suis en train de lui donner une nouvelle fois la possibilité de me faire mal. Je suis faible. Mais c’est elle qui me rend faible. Ses yeux, son sourire, son rire, la petite moue qu’elle fait quand je lui refuse quelque chose. Putain qu’est-ce qu’il m’arrive. Tout ça, c’est une très mauvaise idée. Peut-être même une erreur. Recoucher avec son ex c’est toujours une erreur. Si notre couple n’a pas duré une première fois pourquoi est-ce que la seconde fois serait la bonne ? J’en sais rien. Je ne sais plus rien. Je ne sais même pas pourquoi elle est partie. Pour moi tout allait bien. J’avais même presque eu l’impression d’avoir trouvé la femme de ma vie. Mais elle est partie. Elle est partie. Elle m’a laissé derrière elle, comme la dernière des merdes, comme si je n’avais jamais compté pour elle, comme si notre histoire n’avait jamais eu la moindre importance. Elle m’a laissé. Elle m’a fait mal. Putain mais qu’est-ce que je suis en train de faire. On doit mettre fin à tout ça. Mais est-ce que j’en ai envie ? Est-ce qu’elle en a envie ? J’ai aucune volonté. Je plonge dans la gueule du loup, sachant très bien qu’elle me fera souffrir une deuxième fois. Qu’elle va me décevoir. Mais tant pis. Je suis plus à une souffrance près de toute façon, je commence à avoir l’habitude.
Au lieu de la laisser partir je la rejoins dans mon lit, et je l’embrasse, mes mains parcourent sans aucune gêne son corps. Ce corps dont je me souviens encore des moindres détails. Parce qu’il y a dix ans, on ne se privait pas, croyez-moi. Le peu de disputes qu’on a pu avoir se finissaient toujours par des réconciliations sous les draps. Et elle ne fait rien pour m’aider parce qu’elle me rend mes baisers, elle marche dans mon jeu. S’il-te-plaît Alex, résiste-moi c’est mieux pour nous deux et tu le sais. Moi j’en suis incapable, il va bien falloir que l’un de nous deux ait un minimum de force d’esprit pour qu’on ne refasse pas pour la deuxième fois cette même connerie. Connerie pourtant bien plaisante. Beaucoup trop plaisante même. « Tu devrais avoir honte de nous faire rater une journée de travail pour ça. » Cette parole me fait sourire. Je n’ai pas honte. Vraiment pas. Tant pis. Pour une fois que je fais preuve d’égoïsme. Ils peuvent bien se débrouiller sans moi une journée. C’est pas la mort et je leur fais assez confiance pour ça. « Mais quoique tu aies prévu pour nous, sache que je suis toute à toi Anderson. » Une deuxième fois –ou plutôt pour la centième fois en l’espace de quelques heures – je souris, et je m’empare à nouveau de ses lèvres. C’est bon, je me résigne à lui résister. J’en suis incapable et j’en ai vraiment pas envie. Et je souris aussi parce qu’elle vient de dire « nous », comme si le « nous » était de nouveau d’actualité. Il pourrait l’être. Je veux qu’il le soit. Je suis partagé entre des millions de sentiments tous aussi contradictoires les uns des autres. Je veux être avec elle, mais je ne veux pas être avec elle parce que je sais qu’elle nous fera encore souffrir. C’est comme ça qu’elle fonctionne Alex. Mais tant pis. J’accepte l’idée de souffrir à nouveau, parce que là à l’instant même pour la première fois depuis deux ans, je me sens bien. Je me sens heureux. Et j’ai juste envie d’en profiter. « Toute à moi ? Alors ça, ça me plait. Vraiment, vraiment beaucoup. » Je lui dis avant de profiter de l’embrasser, encore. Toujours le sourire plaqué aux lèvres. « Je te propose le petit déjeuner de ton choix. Maintenant, ou après. Je te laisse décider. » Maintenant, ou après. Après quoi ? Elle le sait très bien. Elle sait très bien ce que j’ai en tête et je sais qu’elle en a envie aussi. Je m’empare à nouveau de ses lèvres. Je sens qu’elle est complètement en train de me faire perdre le contrôle de la situation, je ne contrôle plus rien. Je suis faible face à elle, elle me fait perdre tous mes moyens et je déteste ça. Je déteste ne pas pouvoir contrôler tout ce qui m’entoure. Avec elle je ne contrôle rien. Tant pis si ce « nous » finit mal encore une fois. Moi tout ce que je sais c’est qu’elle m’aide à me sentir mieux, grâce à elle je souris, et je souris vraiment. Elle me fait du bien. C’est le principal non ? Alors autant en profiter, parce que je sais que ça ne dura pas. Mes lèvres se décalent vers sa mâchoire pour l’embrasser, avant de partir dans son cou pour couvrir celui-ci de baisers. Oublions notre passé, et oublions le futur, juste pour aujourd’hui. Juste pour quelques heures. Enfermons-nous dans cette bulle d’amour, de désir et de bonheur comme on le faisait avant.
"You make my whole world feel so right when it's wrong. That's how I know you are the one."
Je vois que ma remarque ne le laisse pas indifférent, et qu'il réagit positivement à tout ça. A ce programme, à ce sous-entendu que je lui lance. Il est attiré par moi, autant que je le suis par lui. C'est physique mais je sais que c'est loin d'être uniquement ça. C'est quelque chose de bien plus fort. Ce sourire qui ne quitte pas son visage. Ce baiser qu'il me donne. Ses mains qui parcourent mon corps et qui s'en approprient la moindre parcelle. Je suis à lui, autant qu'il est à moi. Et dans ce moment, il n'y a pas de place pour le passé et les remords. « Toute à moi ? Alors ça, ça me plaît. Vraiment, vraiment beaucoup. » Un autre sourire, un autre baiser et je suis hors de contrôle. Perdue pendant l'intensité de mes émotions. « Je te propose le petit déjeuner de ton choix. Maintenant, ou après. Je te laisse décider. » Je lève un sourcil d'étonnement. Il est réellement en train de me proposer de quitter le lit, là maintenant ? Il pense vraiment que je suis capable de quitter son lit alors qu'il est en train de m'embrasser ? Que je peux renoncer à ses baisers alors qu'ils s'emparent de mon cou ? Caleb est un doux rêveur s'il pense que je suis en capacité de choisir autre chose que lui à cet instant précis. Et je profite très égoïstement de cette sensation qu'il me procure. Je pensais avoir perdu tout désir, je pensais que mon corps s'était éteint, et avec lui j'ai peur de ressentir trop de désir. Est-ce possible de ressentir trop de désir d'abord ? Est-ce possible de se sentir aussi faible et en même temps aussi forte au contact d'un homme ? A son contact ? Parce que c'est pas n'importe quel homme, c'est mon ex. Et c'est un détail qui a son importance, qui devrait me pousser à réfléchir. Mais s'il y a une chose qui ne fonctionne plus du tout, c'est bien mon cerveau à l'heure actuelle. Il s'est éteint au dépends du reste de mon corps qui lui est bien vivant. « Caleb, je t'interdis de quitter ce lit. » Un peu d'autorité, ne fait pas de mal non ? Je me redresse, et j'enlève mon tee-shirt (enfin le sien) me retrouvant de nouveau nue face à lui. « Je peux pas te proposer de petit dej, j'suis nulle. Mais je peux te proposer autre chose. » Et je me redresse encore un peu, pour le repousser sur le lit, lui présentant mes attributs à vue. « Je t'assure que tu n'auras plus en tête le petit dej dans quelques secondes. » Un sourire malicieux, une envie non dissimulée, et un plaisir que je compte bien faire monter en lui. Une main dans ses cheveux, mon corps contre le sien, je prends un plaisir presque malsain à sentir l'effet que j'ai sur lui. Mais je sais que nous n'allons plus penser au petit dej pour les moments à venir, parce que j'ai des plans bien plus tentants pour nous deux. Des envies refoulées qui se manifestent encore et nos deux corps ne sont que le reflet de nos envies, de ce plaisir coupable auquel nous nous apprêtons à succomber, encore.
[...]
Je laisse mon corps retomber sur son lit, nos souffles qui trahissent encore de l'intensité de ce moment. Je passe une main dans mes cheveux pour tenter de remettre un peu d'ordre dans ma chevelure. Je repose ma tête dans le creux de son épaule et je sens son cœur battre encore rapidement. Ma main qui caresse son bras avec tendresse. Je me tourne vers lui, je le regarde et je souris. Aucune culpabilité en moi, juste la sensation d'avoir vécu un moment privilégié avec lui. Et, je n'arrive plus à enlever ce sourire de mon visage, mes lèvres sont comme bloquées dans cette position. Et au delà de ce sourire qui illumine mon expression, c'est tout mon corps, tout mon être qui sourit. Métaphoriquement bien-sur. Mais ce bonheur que je ressens, c'est bien au delà du sourire, c'est bien au delà de ce que je peux exprimer. Et je suis sûre que je suis niaise, j'en suis persuadée mais que ça fait du bien de ne plus sentir aucune émotion négative. Je ne veux pas être cette fille à l'eau de rose, mais là avec lui, dans son lit, que ça fait du bien de renouer avec cette émotion. Avec cette sincérité. Pas besoin de mots pour s'exprimer. Nous le faisons juste avec nos corps. Et, j'avais oublié à quel point c'était bon. Je me sens appréciée, respectée et que ça fait du bien. Il arrive à faire taire tout mes doutes, toutes mes incertitudes. « Je crois qu'on as mérité notre petit dej. » Je mets fin à ce silence qui s'est installé entre nous. Un silence qui n'avait rien de pesant, et qui était presque même apaisant finalement. Pour moi en tout cas. Et pourtant je n'aime pas les silences habituellement, parce qu'ils sont bien trop propices aux réflexions internes. Dans ses bras, je redécouvre encore une chose avec lui. Sa présence suffit à m’apaiser. Ou est-ce le sexe avec lui qui m’apaise ? Sans doute un peu des deux. Et on vient de coucher ensemble deux fois, mais il n'y a pas de gêne. Ca faisait très très très longtemps que je n'avais pas couché avec un homme avec lequel prendre le petit-déjeuner ne devenait pas ultra gênant. Et j'ai pas de gueule de bois non plus. Ca change pas mal de chose faut bien se l'avouer ! Et puis c'est Caleb et c'est ça le plus important à retenir finalement. « Mais tu sais ce que l'on a mérité avant ? Une douche ». Je me détache de lui, je m'assois sur le bord de son lit, toujours nue, à quoi bon me couvrir ? Je pense qu'il sait à quoi ressemble mon corps après cette nuit et cette matinée. « Tu pourras me sortir un de tes tee-shirts, un grand de préférence, une fois la douche finie ? » Il n'a pas de colocataire qui puisse m'obliger à enfiler quelque chose pour parcourir les quelques mètres jusqu'à sa salle de bain, alors pourquoi se priver de ce moment d'intimité et de petite provocation volontaire que je peux lui faire. « A moins que tu veuilles que je restes ainsi toute la journée ? Tu as des voisins à qui je pourrais plaire ? » Et je recommence à tester sa jalousie, à provoquer une petite réaction chez lui. C'est plus fort que moi, je rejoue avec lui comme à l'époque. Je me comporte comme si j'avais encore 20 ans avec lui, alors que j'en ai 29 et surtout que nous ne sommes pas ensemble. Mais visiblement c'est un détail avec lequel j'ai décidé de ne pas m’embarrasser aujourd'hui. Et visiblement ça marche plutôt bien, vu mon sourire, vu son sourire. On est heureux et on a bien le droit d'en profiter un peu non ? C'est peut-être notre chance ? La chance de quoi ? Sincèrement j'en sais absolument rien. Parce que rien de tout ça n'était prémédité, rien de tout ça n'a été calculé, anticipé ou contrôlé. Et pourtant je sais à quel point il aime pouvoir contrôler les choses et à quel point, je crains de perdre le contrôle de moi même. Mais c'est beaucoup trop séduisant pour ne pas se laisser submerger ! J'entre dans sa salle de bain et je laisse la porte légèrement entre-ouverte. Je me regarde dans le miroir, et je vois mon sourire. Oh oui tu es niaise Alex ! Mais j'ai en tête nos échanges passionnés et mon sourire est incrusté et je l'accepte avec plaisir parce que c'est l'effet qu'il a sur moi. S'il savait la vérité … Mais il ne sait rien et moi j'ai envie d'oublier, tout oublier. Et laisser mes pensées se concentrer uniquement sur l'instant présent, sur lui et moi de nouveau dans son appartement. Sur nous vivant cette journée, profitant l'un de l'autre et du bien que nous nous faisons.
“YOU MAKE MY WHOLE WORLD FEEL SO RIGHT WHEN IT'S WRONG. THAT'S HOW I KNOW YOU ARE THE ONE.”
Avec elle j’ai l’impression d’être de nouveau un adolescent, elle me fait sourire et je ne peux d’ailleurs pas m’empêcher de sourire. Mais j’ai envie de la tester un peu en lui disant que si elle voulait qu’on mange maintenant, on pouvait. Et intérieurement je prie pour qu’elle ne me dise pas qu’elle a envie de pancakes là maintenant tout de suite. Parce que moi ce n’est clairement pas des pancakes que j’ai envie dans l’immédiat et je lui fais bien comprendre. Le seul moment où mes lèvres quittent les siennes c’est pour m’emparer de son cou. Je sens l’effet que j’ai sur elle et ce n’est pas pour me déplaire. Je suis sûr que ce qu’on fait est une erreur mais de toute façon on a déjà recouché ensemble cette nuit, alors on est pas à ça près non ? Et puis de toute façon aucun de nous n’a la moindre volonté, je n’ai pas envie de quitter ce lit et je ne pense pas qu’elle en ait envie elle non plus. Au moins on est sur la même longueur d’onde. « Caleb, je t'interdis de quitter ce lit. » Je souris à sa remarque, sortir de ce lit ne fait pas parti de mes plans. « Tout ce que tu veux. » Au même moment elle se redresse et se débarrasse de son t-shirt et elle se retrouve à nouveau nue, face à moi. Je détaille son corps du regard en me pinçant les lèvres. Elle est parfaite. C’est la première pensée qui me traverse l’esprit en la regardant. Elle me rend complètement fou et je ne sais même pas si elle s’en rend compte. « Je peux pas te proposer de petit dej, j'suis nulle. Mais je peux te proposer autre chose. » Ah oui ? Il me tarde d’en savoir un peu plus sur cet « autre chose. » Bien que je sache très bien ce qu’elle veut dire par là. Je me laisse faire et je suis encore une fois incapable de la quitter des yeux. « Je t'assure que tu n'auras plus en tête le petit dej dans quelques secondes. » Je réponds à son sourire en souriant à mon tour et j’approche doucement mes lèvres de son oreille pour lui murmurer quelques mots. « J’ai déjà plus le petit déjeuner en tête, Alexandra. » Je lui dis, doucement, amusé. Elle croit vraiment que j’avais encore envie de manger là, maintenant tout de suite ? Je ne la pensais pas aussi naïve que ça. Et on s’apprête à craquer, encore. De toute façon en lui demandant de passer une journée au lit avec moi je savais très bien que ça allait finir par arriver. Parce qu’on est comme ça, on a toujours été comme ça, incapables de résister l’un à l’autre. Peut-être qu’avec un peu de bonne volonté on pourrait réussir à refouler notre désir l’un envers l’autre. Mais je m’en fous, je n’ai pas envie de lui résister. À quoi bon après tout ? On dit toujours que coucher avec son ex est une mauvaise idée, mais moi au final je ne suis pas d’accord.
[…]
Je me laisse retomber à ses côtés, j’ai le souffle court. Je ne regrette pas d’avoir réussi à la convaincre de rester ici avec moi. J’essaye de reprendre une respiration normale et je sens mon cœur battre encore bien trop vite, et trop fort. Elle vient contre moi, et je l’accueille avec plaisir, la serrant un peu plus contre moi. Je caresse doucement ses cheveux et je sens son regard se poser sur moi, je la regarde et elle me sourit. Elle est tellement adorable. Je lui rends son sourire, en même temps je n’ai pas à me forcer pour ça. Je me sens con à sourire comme ça, mais c’est l’effet qu’elle me fait. Quand je vous dis qu’on ressemble à deux adolescents. Je la regarde toujours et je viens poser mes lèvres sur les siennes pour lui offrir un baiser doux, et tendre. Elle me fait du bien, et je me sens parfaitement bien avec elle. Pour la première fois depuis deux ans, il n’y a aucune partie de moi qui est triste ou nostalgique. J’ai juste envie de profiter de ce moment avec elle. Ce moment d’intimité, de bonheur. On est sur notre petit nuage. Et aucun de nous n’ose parler de peur de casser cette douce ambiance qui s’est créée entre nous. « Je crois qu'on as mérité notre petit dej. » C’est elle qui finit par briser ce silence. Sa réflexion me fait rire. Elle n’a pas tort. Je commence à avoir faim. Mais là pour l’instant je me sens tellement bien avec elle, dans mes bras que je n’ai pas du tout envie de bouger. J’avais presque oublié que la présence d’une seule personne pouvait suffire à m’apaiser. On va encore s’enfermer dans notre petite bulle aujourd’hui, dans cette bulle de bonheur où on pouvait passer des journées entières juste nous deux, portables éteins. Je cuisinais pour elle pendant qu’elle me regardait faire, le sourire aux lèvres, on faisait des parties de Monopoly ou de scrabble. On regardait un film à la télé enfin regarder… c’est un bien grand mot parce qu’en général on ne voyait jamais la fin. Et on pouvait passer des journées entières comme ça. Et c’est à ce moment-là que je me rends compte que je suis nostalgique de cette époque. Tout ça me manque. Ce « nous » me manque. « J’avoue que je dirais pas non à des pancakes là maintenant tout de suite. » Il ne faut pas non plus oublier qu’au final hier soir on a même pas mangé. Je vais pas m’en plaindre, je préfère largement le programme qui s’est imposé à nous. « Mais tu sais ce que l'on a mérité avant ? Une douche » Elle rompt ce contact physique entre nous, se retrouvant maintenant dos à moi assise au bord du lit. Je la regarde un court instant, mon regard restant bloquer vers le bas de son dos pendant quelques secondes. Je n’ai même pas le temps de lui répondre qu’elle reprend déjà la parole. « Tu pourras me sortir un de tes tee-shirts, un grand de préférence, une fois la douche finie ? » Je me redresse à mon tour et fini par m’asseoir dans mon lit, me rapprochant un peu d’elle. « Oui chef ! » Je souris et dépose un baiser sur son épaule en caressant doucement son bras. « A moins que tu veuilles que je restes ainsi toute la journée ? Tu as des voisins à qui je pourrais plaire ? » J’arrête mes caresses. Elle sait que j’ai toujours été jaloux, voire même un peu possessif. Et elle s’en est toujours amusée. Je prends un de mes coussins pour le lui jeter en pleine figure. « Tais toi ! Et va prendre ta douche. Je te prépare un petit déjeuner de princesse en attendant. » Je lui réponds d’un air amusé. Je la regarde se lever et partir dans la salle de bain. Et dire qu’il y a encore un mois je lui en voulais encore de m’avoir quitté il y a huit ans. Mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui tout ça c’est complètement derrière moi. Je n’y pense plus et je n’ai plus envie d’y penser. J’enfile un caleçon et je lui prépare une serviette propre et un de mes t-shirts que je vais poser dans la salle de bain alors qu’elle est sous la douche. Bon. Je lui ai proposé un petit-déjeuner, il faut que je tienne ma promesse. J’ouvre mes placards, mon frigo à la recherche de quelque chose à lui faire. J’ai de quoi faire des pancakes alors je me lance dans la préparation de la pâte. La cuisine est encore en bordel, hier on a absolument rien rangé. On avait de toute façon autre chose à penser. Je suis en train de commencer à faire cuire les premiers pancakes quand je l’entends arriver. Je me retourne et la regarde en souriant. « Tu portes mon propre t-shirt beaucoup mieux que moi, Clarke. » Je lui dis, avant de me retourner pour reporter mon attention sur les pancakes. « Tiens si tu veux te rendre utile tu peux débarrasser la table. » Je lui dis en désignant la table sur laquelle se trouve encore les assiettes de pâtes que nous n’avons jamais mangé hier soir. Je la taquine, en soit je n’ai absolument pas envie qu’elle fasse quoique ce soit. Je lui ai dit que je m’occupais de tout et je compte bien le faire.
"You make my whole world feel so right when it's wrong. That's how I know you are the one."
Assisse sur le rebord de son lit, je prends plaisir à titiller à la fois son désir en lui proposant une vision de mon corps nue, mais aussi sa jalousie, et les deux fonctionnent. Et c'est presque avec beaucoup trop de facilité qu'il plonge dans mes provocations. Je le sens d'abord se rapprocher de moi, déposer un baiser sur mon épaule et me caresser le bras. Je souris, parce que l'on arrive pas à rester plus de deux minutes loin, l'un de l'autre. Il semble avoir autant besoin de ce contact que moi et c'est à la fois rassurant et à la fois un peu inquiétant de réaliser à quel point je me sens sereine, heureuse et joueuse auprès de lui. Comme si ces huit dernières années ne m'avaient pas affecté, comme si je n'avais jamais traversé les épreuves qui m'ont changé. Comme si on n'avait jamais perdu nos habitudes et notre vie de jeune couple. Et, je m'en amuse, je retrouve le plaisir de le sentir réagir à ma remarque. Parce qu'il semble encore jaloux, même huit ans après. Même si nous ne sommes plus un couple, il réagit toujours et je m'amuse toujours autant de ses réactions. « Chef tout à l'heure, princesse maintenant, je crois que je te fais beaucoup trop d'effets Caleb, tu en viens à perdre la tête. Et je vois que tu n'es toujours pas très chaud à l'idée de partager. Mais ça c'est pas pour me déplaire. » Je lui renvoie son oreiller dans le visage, parce que c'est lui qui a commencé et que je ne vais pas lui laisser avoir le dernier mot. Oui, oui, j'en suis revenu à ce stade là. Totalement immature par moment. Totalement irréfléchie aussi. Mais c'est bien par moment de mettre le cerveau sur 'off' et d'arrêter de réfléchir. Pour vivre l'instant, pour profiter de ces moments si particuliers. Et si je ne sentais pas mon corps réagir avec autant d'émotions à chaque contact, je pourrais penser que je suis dans un rêve tant le moment est parfait et totalement inattendu. Mais je ne rêve pas et c'est peut être ça qui rends le moment si spécial. Je ne rêve pas, je vis ce moment avec lui, un moment privilégié que je ne pensais pas pouvoir revivre un jour.
Je suis dans la douche et je le vois déposer une serviette et un tee-shirt pour moi. Je regrette presque qu'il n'ait pas eu l'idée de me rejoindre, je suis vraiment bien trop incontrôlable en sa présence. L'eau chaude me détends un peu et je ferme les yeux profitant de ce moment seule pour réfléchir un peu. Parce que tout va si vite depuis ce baiser que j'ai déposé sur ses lèvres la veille au soir. Et qu'en sa présence je suis incapable de formuler une pensée cohérente sans me perdre dans ses yeux ou dans son sourire. Et je me questionne, beaucoup trop. Est-ce mal ce que l'on fait ? Est-ce mal de se sentir si bien auprès de lui ? Est-ce mal de ne même pas se sentir coupable de lui cacher une part de vérité ? Est-ce mal de profiter de sa délicatesse, de sa douceur et de sa tendresse à mon égard ? Est-ce mal d'avoir envie de lui tout simplement ? Est-ce mal de vouloir se sentir bien ? Est-ce que ça fait de moi une personne horrible et sans cœur de laisser parler mes envies et mes besoins ? L'eau ruisselle sur moi alors que je me mets à penser à tout ça. A nous, à nos deux moments intimes, à nos corps qui se désirent et qui craquent. A nos moments passés avant cette fameuse soirée. Et je réalise que c'est lui que je veux. Il n'est pas là pour distraire mon esprit, même s'il n'est pas loin. Je suis seule sous cette douche et il ne peut pas influer sur ma pensée. Et la seule chose qui revient inlassablement c'est que j'ai bien trop aimé ce moment pour que ça n'en soit pas un élément à prendre en compte. Et je comprends que c'est de lui dont j'ai besoin. Lui que j'aime tout simplement. Et aucun homme n'aurait pu me séduire, puisque j'étais à lui finalement, même à distance. Même loin, même sans nouvelles, c'est Caleb qui m'a séduite, qui m'a fait découvrir l'amour, j'avais à peine vingt ans. J'en ai vingt-neuf et c'est toujours lui. Dans mon esprit, dans mon cœur, dans mon âme, dans ma chair. Et pourtant, je ne crois pas au grand amour, au coup de foudre, au conte de fée, ou à toute ces conneries que l'on raconte aux jeunes filles. Je n'y ai jamais cru, et mes parents ont toujours été un bon exemple d'instabilité et de preuve que l'amour n'existait pas. Pas dans le milieu dans lequel j'avais grandi. Alors, je ne crois pas aux histoires qui finissent bien, aux 'happy-end', aux 'ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.' Et, je ne veux pas y croire parce que ça n'existe pas. Dans les livres, dans les films, mais pas dans la vie, pas dans ma vie. Alors comment je peux expliquer ce que je ressens auprès de Caleb ? Comment je peux expliquer mon attachement si particulier à cet homme auquel je ne dois pourtant pas m'attacher mais avec lequel je me lies sans aucune protection, sans laisser une distance de sécurité nécessaire à nos deux cœurs trop fragiles ? Pourquoi de tous c'est lui que je veux ?
Je sens l'odeur des pancakes qui arrive jusqu'à la salle de bain, l'odeur si plaisante qui réveille mon estomac et qui me rappelle que je ne peux pas vivre que de baisers et de sexe. Et qui me sort de mes pensées par la même occasion. Après la tendresse, voilà qu'il me séduit par ses talents culinaires et mon pêché mignon, les pancakes. Ok, il a gagné. Je sais pourquoi c'est lui que je veux. Parce qu'il est tout simplement parfait. Et il déteste quand je dis ça, mais il ne peut pas m'empêcher de le penser. Au fond ça me fait presque peur parce qu'il a toutes les qualités, alors que moi j'ai les défauts, mais s'il n'était pas lui, peut être que j'arriverai à l'oublier et à m'attacher à quelqu'un d'autre. C'est de sa faute après tout. Il me laisse revenir, il me laisse profiter de tout ça. De lui, de son appartement, de ses talents et je suis bien trop faible pour refuser l'offre qu'il me fait. Et ça me rassure de penser que je ne suis là que parce qu'il m'a presque supplié, que c'est son choix à lui, alors que c'est tout autant le mien que le sien. On est au moins sur la même longueur d'onde pour une fois. La connerie on va la faire ensemble, déterminés tout les deux à nous laisser plonger dans cette folie douce de notre histoire passée. J'enfile le tee-shirt qu'il a laissé pour moi et je me dirige vers l'odeur, jusqu'à sa cuisine. « Tu portes mon propre t-shirt beaucoup mieux que moi, Clarke. » Il m’accueille avec un sourire. Pourquoi doit-il toujours sourire ? Je lui souris aussi en retour, réaction plus instinctive que réellement contrôlée. Un sourire entraînant un autre sourire, un baiser entraînant un autre baiser, c'est l'effet que l'on se fait. Et j'oublie totalement les questionnements qui m'avaient envahi quelques minutes plus tôt sous la douche. « Je sais, j'ai toujours été plus sexy que toi Anderson, avec ou sans tee-shirt. Et je préfère ton tee-shirt sur moi que sur toi. » Je l'ai toujours préféré torse-nu de toute façon. Et il me propose gentiment de me rendre utile en débarrassant la table. « Dis-donc on voit bien que tu n'as pas connaissance des coutumes des familles Royales toi. Tu demandes à une princesse de débarrasser la table. Je vais demander un remboursement, ce n'est pas le programme que l'on m'avait vendu. » J'attrape les deux assiettes encore pleines qu'il avait posé sur la table la veille. Et dire que je me suis cassée la tête pour préparer ce repas et qu'on y aura même pas goûté. Je ne prétends pas que l'on soit passé à coté de quelque chose de grandiose. Bien au contraire. Mais je suis sûre que ça devait quand même être mangeable. On ne le saura pas, et je ne regrette pas d'avoir cette incertitude là. Parce que cette soirée a mit en avant bien d'autres certitudes bien plus primordiales que la question du côté comestible de mon repas. Je les déposes dans l'évier après les avoir vidées et je viens me poster derrière lui passant mes bras autour de son torse cherchant à perturber sa concentration tout en profitant de ce moment, comme avant. « Tu sais que je pourrais m'habituer aux pancakes au petit-déjeuner. » Mais pourquoi je lui dis ça moi ? Non, non, faut pas que je m'habitue à lui, faut pas que je pense à ça. Ne pas laisser ce genre de pensées venir polluer ma journée avec lui. C'est juste une parenthèse, une parenthèse très agréable, mais qui va finir par se refermer. Je ne peux pas me lancer dans des réflexions pareilles. Nous lancer dans des idées de renouveau entre nous. On vit sur le souvenir de notre ancien couple sans prendre en compte les changements en nous, les changements dans nos vies. « Je suis contente d'être restée. » Je lui glisse ces quelques mots tout en lui souriant. 'Profiter de l'instant Alex et rien d'autre.'
“YOU MAKE MY WHOLE WORLD FEEL SO RIGHT WHEN IT'S WRONG. THAT'S HOW I KNOW YOU ARE THE ONE.”
Alex me connait mieux que n’importe qui. Elle sait comment me faire réagir et en sous-entendant qu’un de mes voisins pourrait potentiellement la voir nue elle savait que je serais incapable de ne rien dire. J’ai toujours été très jaloux et même possessif. Elle le sait. Elle l’a toujours su. Bien qu’en soit, je n’ai pas le droit d’être jaloux ni de lui demander de ne voir aucun autre homme, parce que nous ne sommes plus en couple. On vient de coucher ensemble, deux fois en l’espace de quelques heures. Mais on est plus ensemble. Ça ne fait pas de nous un couple pour autant. Est-ce que ça me plairait de pouvoir la considérer à nouveau comme étant ma petite amie ? Oui. La question ne se pose même pas. Mais est-ce que je me sens prêt à m’investir à nouveau dans une relation ? Ça fait presque deux ans et demi que LV est morte. La période où je me lamentais sur mon sort et où je pleurais sa disparition est terminée depuis un petit moment maintenant. Mais ça ne veut pas dire pour autant que je l’ai totalement oubliée ni qu’elle ne me manque pas. Est-ce que j’ai le droit de penser à tout ça alors qu’une autre femme est dans mon lit ? Je n’en sais rien. Mon esprit est totalement embrouillé et je me sens complètement perdu. Je sais qu’Alex ne me laisse pas indifférent. Et encore, dire qu’elle ne me laisse pas indifférent c’est un bien faible mot. Elle me fait du bien, avec elle j’ai l’impression que je pourrais peut-être essayer de me reconstruire. Mais en même temps je ne suis pas sûr d’être prêt à oublier LV pour laisser sa place à une autre femme. Il faut vraiment que j’arrête de penser à tout ça, pas maintenant parce qu’Alex elle, n’est pas morte. Elle est là, avec moi. Assise sur le rebord de mon lit qui a été le lieu de nos retrouvailles physiques cette nuit. « Chef tout à l'heure, princesse maintenant, je crois que je te fais beaucoup trop d'effets Caleb, tu en viens à perdre la tête. Et je vois que tu n'es toujours pas très chaud à l'idée de partager. Mais ça c'est pas pour me déplaire. » Elle a raison sur toute la ligne. Oh, Alex. Si tu savais l’effet que tu me fais. Et oui, elle me fait perdre la tête. Comme à l’époque, elle a toujours eu ce pouvoir sur moi. Elle a toujours eu bien trop de pouvoir sur moi. « Et moi je crois que t’es un peu trop prétentieuse, Alex. » Je ne suis juste pas prêt à lui avouer très clairement qu’elle me fait effectivement beaucoup trop d’effet et qu’elle me fait perdre la tête. Alors je tente de le nier comme je le peux. « Et non, je pourrais jamais te partager. » Elle me renvoie l’oreiller mais j’arrive à le rattraper avant qu’il ne s’écrase sur mon visage. De toute façon je n’ai pas envie de la partager. Je veux qu’elle soit à moi, et simplement à moi. Façon de parler, bien évidemment parce que quoi qu’il en soit, elle ne m’appartient pas et elle ne m’a jamais vraiment appartenu.
Elle est sous la douche et moi, je viens d’arriver dans la cuisine que nous avons quittée sans rien ranger hier soir. Chose qui ne me ressemble habituellement pas. Mais là, hier c’était une situation particulière. Et tout en préparant le petit déjeuner je me perds dans mes pensées. Je repense à ces moments que nous venons de passer tous les deux. À cette nuit, nos corps qui se retrouvaient après huit ans loin de l’autre. Cette nuit qui m’a rappelée cette parfaite alchimie qu’il y a entre nous, alchimie qui était déjà bien présente il y a huit ans. Et je repense ensuite à la deuxième fois où nous avons décidé de céder à la tentation, il n’y a même pas une heure. On est faibles l’un avec l’autre. En lui demandant de rester passer la journée avec moi je savais très bien ce qu’il allait se passer. Je savais qu’on allait finir par craquer une deuxième fois. Coucher ensemble. Je sais que c’est une erreur. Mais une erreur si agréable. Et une erreur que je suis totalement incapable de regretter. C’est peut-être justement ça le problème. Je sais que ce qu’on fait est une connerie. Cette nouvelle journée en tête à tête chez moi en est sûrement une autre de connerie. Mais encore une fois, une connerie vraiment agréable. Une connerie que je ne regrette pas et que je ne regretterai certainement jamais. Et dans le fond si je me pose autant de questions, ça veut peut-être dire que je ne suis pas prêt à m’investir dans une nouvelle relation ? Peut-être qu’en fait, je n’en ai pas vraiment fini avec le deuil de mon ex fiancée morte il y a un peu plus de deux ans. Pourtant j’ai envie d’en avoir fini. J’aimerais tant laisser LV de côté dans un coin de mon esprit et pouvoir profiter pleinement de cette magnifique femme qui est à quelques mètres de moi dans ma salle de bain. Et je me sens presque coupable de penser à mon ex alors que mon autre ex – oui je sais phrase un peu étrange – est sous la douche, dans ma salle de bain après que nous ayons couché ensemble. Deux fois. Je l’entends quitter la salle de bain ce qui m’oblige à sortir toutes ces pensées de mon esprit. Je me retourne vers elle et instinctivement, je souris. Merde. Je me sens tellement con à sourire comme ça. « Je sais, j'ai toujours été plus sexy que toi Anderson, avec ou sans tee-shirt. Et je préfère ton tee-shirt sur moi que sur toi. » Ouch. Sérieusement, heureusement que je suis pas susceptible j’aurais pu vraiment mal le prendre. « Arrête me dis pas ça ! Tu sais que quand on a commencé à sortir ensemble ça je le pensais sincèrement. Je trouvais même que t’étais beaucoup trop belle pour moi et j’étais persuadé de me prendre un râteau en te demandant d’aller boire un verre avec moi. » Je lui avoue. Et je pense que je ne lui avais jamais dit ça auparavant. Mais pourtant c’est la vérité. Je manquais cruellement de confiance en moi à l’époque je n’étais pas un mec qui avait énormément de succès avec les filles. Je n’étais vraiment pas doué pour tout ça. « Dis-donc on voit bien que tu n'as pas connaissance des coutumes des familles Royales toi. Tu demandes à une princesse de débarrasser la table. Je vais demander un remboursement, ce n'est pas le programme que l'on m'avait vendu. » Sa réflexion me fait rire mais je reporte mon attention sur les pancakes. Je n’ai pas envie de lui servir un petit déjeuner brûlé, je lui ai dit qu’elle allait avoir un repas de princesse alors je vais tenir ma promesse. « Tu veux pas être une princesse des temps modernes qui débarrasse aussi la table ? » Et dire qu’il y a cinq minutes j’étais complètement perdu dans mes pensées, je me posais un tas de questions sur moi, sur mes sentiments, sur nous. Tous mes doutes et mes questionnements se sont envolés dès qu’elle est arrivée dans la cuisine. Je la sens s’arrêter derrière moi et ses bras viennent s’enrouler autour de mon torse. Ce genre de petit geste anodin mais qui me fait tout de même replonger dans notre passé de couple. « Tu sais que je pourrais m'habituer aux pancakes au petit-déjeuner. » Je souris et je me retourne vers elle. « Et moi je pourrais m’habituer à t’avoir dans mon lit tous les soirs. Et si tu le veux je pourrais même te faire des pancakes tous les matins. » Je pourrais oui. Et j’en ai même envie. Je suis complètement perdu dans mes pensées, il y a quelques minutes j’étais en train de me demander si j’étais prêt à laisser une nouvelle femme entrer dans ma vie et maintenant je suis en train de lui faire comprendre que je ne voudrais pas que la nuit dernière et la journée que l’on va passer soit une exception mais que tout ça se reproduise encore et encore. Je ne me comprends même plus. « Je suis contente d’être restée. » Je la vois sourire, alors automatiquement je l’imite en souriant à mon tour. Je vous assure que ce n’est pas voulu mais qu’il s’agit d’un véritable automatisme. « Heureusement ! Parce qu’on vient quand même de coucher ensemble alors si tu m’avais dit l’inverse je l’aurais super mal pris. » J’accompagne mes paroles d’un petit rire à la fin. Et je me retourne pour finir la cuisson des derniers pancakes. « Allez, va t’asseoir c’est bientôt prêt je t’apporte tout ça. Tu veux un café ? » C’est plaisant. La savoir à quelques centimètres de moi, elle est souriante, elle va bien. Elle a l’air bien avec moi, tout autant que moi je me sens bien avec elle. Peut-être qu’au final je me posais toutes ces questions pour rien et qu’elle et moi, on vient de se retrouver pour commencer un nouveau chapitre de notre histoire qui s’est brutalement arrêtée il y a huit ans.
"You make my whole world feel so right when it's wrong. That's how I know you are the one."
On est pas en couple ! Je peux me répéter cette pensée en tête encore et encore mais le jeu auquel on est en train de jouer m'embrouille l'esprit. Alors comme ça, il ne pourra jamais me partager ? Mais ça signifie quoi ça Caleb ? J'ai bien trop peur de la réponse pour oser lui demander, alors je laisse en suspense cette question, et je choisis de lui renvoyer l'oreiller qu'il m'a jeté dessus quelques secondes plus tôt. Et pourtant, sa phrase continue à tourner en boucle dans ma tête. Je souris à cette pensée, à l'idée d'être à lui, uniquement à lui. De ne pas le partager, et de l'avoir pour moi. Mais, non, je ne peux pas penser une telle chose. Je n'en ai pas le droit. Ce baiser, cette nuit, ses mains sur mon corps, ses paroles bien loin d'être insignifiantes. Sa tendresse, sa passion, et mes sentiments qui se bousculent dans ma tête et qui me font perdre logique et raison. Je ne peux pas penser à tout ça, pas avec lui à mes cotés, pas avec lui qui me dit qu'il ne pourrait jamais me partager. C'est impossible, je n'arrive pas à rester impassible face à ça, face à lui. Je file sous la douche, avec en tête les sensations de ces moments d'intimités et l'idée qu'il pourrait visiblement m'accepter à nouveau dans sa vie. Je suis pas loin de perdre la tête, trop de contradictions, trop de sentiments divers en moi. Je veux être proche de lui, mais j'ai peur de cette proximité. Je sais que je dois m'éloigner, mais j'ai peur d'être loin de lui. Ça n'a plus aucun sens parce qu'il me perturbe tout simplement. Il me perturbe par son comportement envers moi. Par ses mots à mon égard. Et par ses sourires. Caleb est à la fois ma plus grande force, celui qui me fait me sentir bien, mais aussi ma plus grande faiblesse, parce qu'il me fait perdre le contrôle et me renvois à ce que je suis, une lâche qui l'a laissé. Mais est-ce normal d'être aussi mal et pourtant aussi bien tout en même temps. Je ne reste pas longtemps sous la douche, loin de lui, parce que je sens les doutes qui reviennent, et je ne veux pas penser. Je veux juste vivre, ressentir les émotions près de lui, m'oublier et oublier ma vie dans ses bras. Et je crois qu'il pourrait réussir à me faire aimer l'instant présent, si c'est un instant avec lui. Je suis amoureuse de mon ex, je crois que c'est une chose que je ne peux plus réfuter. Je sais me mentir à moi même, je suis d'ailleurs plutôt douée pour ça ou pas on s'en fout. Mais cette fois, nier cette évidence me semble impossible. Je l'aime et je n'en ai pas le droit. Dur réalité. Je quitte l'espace de sa salle de bain, l'espace dans lequel mes pensées avaient réussi à se frayer un chemin, pour le retrouver dans sa cuisine au fourneau et c'est fou comme cette vision me replonge huit ans en arrière. Je le vois concentré mais qui détourne son regard de sa préparation pour m’accueillir avec un sourire et un compliment. Caleb, tout craché. Il n'a pas changé au fond, et c'est peut être ça qui me rends si nostalgique, de lui, de nous. Parce qu'on était heureux, enfin j'étais heureuse avant tout ça. Alors face à son sourire, je me prends au jeu, et je le taquine comme je l'aurais fais avant de tout gâcher. C'est le mot d'ordre finalement, faire comme si. Comme si on était encore jeunes et innocents. Comme si on était encore ensemble. Comme si tout cela était normal. Faire comme si, je n'étais jamais partie, comme si je ne l'avais pas fait souffrir, comme si je n'avais pas abandonné notre enfant sans lui en parler. Comme si. Et finalement la seule chose réelle entre nous, ce sont nos sentiments, du moins les miens.
« Arrête me dis pas ça ! Tu sais que quand on a commencé à sortir ensemble ça je le pensais sincèrement. Je trouvais même que t’étais beaucoup trop belle pour moi et j’étais persuadé de me prendre un râteau en te demandant d’aller boire un verre avec moi. » Je suis à la fois surprise, perturbée et légèrement émue par sa confidence. Il ne me l'a jamais dit tout ça. J'avais conscience de son incertitude et de son manque de confiance, mais je l'avais toujours trouvé meilleur que moi. Il l'était meilleur, en tout point. Il l'est toujours d'ailleurs. Et je me retrouve conne, parce que je réalise que lui a toujours su me valoriser, bien au delà de la vérité, alors que moi, j'ai du mal à lui dire combien je le trouve parfait. Je lui prouve par mes gestes quand je suis avec lui, mais j'oublie parfois que les mots sont importants aussi. J'aime ses compliments, il sait me valoriser et me faire me sentir meilleure, et moi, je le rabaisse. Pas intentionnellement mais je le blesse quand même. Je le fais douter, et je suis conne. Je reste silencieuse, il me demande de débarrasser le table, et je m’exécute oubliant pendant quelques secondes les pensées que j'ai ou que j'ai pu avoir. Faire comme si et profiter de ce moment.
Profiter de ce moment, de lui, c'est ce que je fais lorsque je viens passer mes bras autour de son torse. Je me rappelle à nos souvenirs, et je profite de ce moment de tendresse qui faisait la force de notre couple. Ce lien entre nous, cette attraction constante, ce besoin de se sentir proche l'un de l'autre. Il se retourne et se place face à moi.« Et moi je pourrais m’habituer à t’avoir dans mon lit tous les soirs. Et si tu le veux je pourrais même te faire des pancakes tous les matins. » Mais à quoi on joue bordel ? Huit ans, huit ans et il est prêt à m'accepter encore dans son lit, dans sa vie sans savoir. Et les pensées que j'avais sous la douche reviennent perturber mon esprit. Je commence à me demander si on va pas trop loin. Si je ne vais pas trop loin avec lui. Enfin je sais qu'on va trop loin, je le sais mais je ne voulais pas penser aux conséquences. Mais là, il est peut être temps de commencer à y songer... Ou peut être que c'est déjà trop tard et que je vais encore le faire souffrir. Mais pourquoi je suis incapable de dire stop à ce moment entre nous ? Pourquoi j'apprécie beaucoup trop de l'avoir prêt de moi ? Pourquoi je suis juste incapable de lui dire la vérité, sur tout ? Pourquoi aimer c'est si compliqué ? Et la seule chose que je peux lui répondre c'est que je suis contente d'être restée. Mais non, mais si. Je sais plus. Cette journée me fait un bien fou, mais je sais aussi qu'elle va finir par me faire mal à hauteur du bonheur qu'elle m'a apporté, voir plus. Alors je ne devrais pas être heureuse à ce moment précis non ? Être heureuse à l'idée de souffrir prochainement. Parce que c'est désormais clair, j'ai des sentiments pour lui, et il n'est pas indifférent à ma présence auprès de lui. Et il va me détester pour tout ça, alors que moi je vais l'aimer et me détester aussi pour tout ça. Il continue à rire, à me taquiner, à être là dans l'instant sans se rendre compte que moi je commence à me perdre dans ce flot d'émotions aussi contradictoires que fortes. « Allez, va t’asseoir c’est bientôt prêt je t’apporte tout ça. Tu veux un café ? » Je l'arrête en lui attrapant le bras doucement et je me place face à lui pour l'obliger à me regarder, à reporter toute son attention sur moi. J'essaye de me concentrer sur lui, et uniquement lui. Et ses mots prononcés plutôt me reviennent en mémoire et font faire réfléchir. Il pensait réellement que j'étais trop sexy pour lui ? Et moi qui le taquinait encore et encore sans même me rendre compte que je pouvais le blesser. Il ne sait vraiment pas me voir telle que je suis réellement, sinon il saurait se protéger de moi. « Caleb, tu es quelqu'un de formidable. N'en doutes jamais. C'est moi qui ait eu de la chance que tu t'intéresse à une fille comme moi. Tu rends les gens meilleurs, tu fais ressortir la meilleure version de moi. Et je t'assure que tu es ultra canon, je pensais que mon désir pour toi était assez clair tout à l'heure et cette nuit mais puisque tu sembles en douter, je te le dis Caleb. Tu es parfait. » J'accompagne ces mots en l'embrassant avec passion, une main qui se pose sur sa nuque pour prolonger ce moment. Je ne veux plus qu'il doute de l'attirance que j'ai pour lui, jamais. Je ne veux pas qu'il doute de la sincérité de mes gestes, non plus. Parce que je sais que parfois mes mots disent une chose, mais mon corps lui ne ment pas. Quand il me serre contre lui, quand il me caresse, quand je le regarde. Il me plaît, et ça va bien au delà de l'aspect physique, mais j'aime aussi son corps. Je le sais tout ça désormais, et je ne comprends même pas comment j'ai pu l'oublier. Et il me facilite clairement pas la tâche en étant si avenant et si lui enfaîte. Je l'embrasse comme si c'était la première fois, ou la dernière fois je sais pas. Mais j'y mets peut être un peu trop d'intensité pour un simple baiser. Je laisse mes mains se balader sur son dos, dans ses cheveux et je tente de me concentrer sur ce moment. Sur ce que je ressens avec lui parce que c'est réel ce que je ressens. Si tout ce moment n'est qu'un semblant de vérité, ce que je ressens en l'embrassant est on ne peut plus réel. Et je veux me raccrocher à ça, comme je m'accroche à ses lèvres et à son coup. Je veux être au plus proche de lui, pour trouver la force de repousser encore un peu toutes ces pensées parasites. Le mal est fait de toute façon, alors quelques heures de plus ou de moins, ne changeront rien aux conséquences de cette nuit passée ensemble. « Un expresso pour moi s'il te plaît. » Et je mets fin à ce baiser, reprenant le fil de la conversation et de la matinée. Pancakes, cafés en tête à tête pour le petit-déjeuner d'après sexe. Des sourires, des rires et des gestes tendres, toujours trop d'affection entre nous. Et je décide de me laisser bercer, d'illusions et de tendresses auprès de lui, repoussant inlassablement les doutes qui reviennent parfois quand il s'éloigne de moi.
Les minutes défilent, les heures tournent et je suis avec lui dans son appart ayant succombé à sa demande de rester. Mais plus je passe de temps auprès de lui, plus je me sens coupable. Les doutes commencent à revenir encore et encore et plus je doute plus mon corps cherche à se rapprocher de lui. Je dois m’éloigner je le sais au fond de moi. Je le sais depuis le moment où j’ai pleuré dans ses bras comprenant que ce que je veux, c'est aussi la seule chose que je ne peux pas avoir: Lui. Mais je sens qu’à partir du moment où je quitterai son appartement, où il ne se sera plus là pour me serrer contre lui, je perdrai la lutte contre moi même. Et tout sera fini. Je ne veux pas le perdre, je ne veux pas vivre loin de lui encore mais je ne suis pas encore prête à faire face à la vérité et je ne sais pas si lui sera prêt à entendre tout ça. Alors, égoïstement je m’accroche à lui et à ces moments qu’il m’offre dans son appartement. Égoïstement je profite de tout ça sachant pourtant que ça va nous faire du mal à tout les deux. Mais j’en ai besoin. Besoin de me rappeler à quel point j’étais bien avec lui. Besoin aussi de lui montrer pour qu’il ne puisse jamais douter du pouvoir qu’il a sur moi et de l’affection que j’éprouve à son égard. Pour que quoiqu’il arrive, ce moment reste dans nos mémoires. Je l’aime mais je sais que ça ne sera pas suffisant. Il m’accorde cette parenthèse et je ne peux pas gâcher ce moment même si je sais qu’il est amené à se finir. J’en ai conscience et c’est peut être ce qui rends les choses si intenses en moi. Je me blottie contre lui, lui vole un baiser dès que je passe près de lui, je suis tactile peut être un peu trop d’ailleurs. Mais je ressens ce besoin fou de profiter de lui pendant que je le peux. Pendant que j'en ai encore le droit. C’est fou, c’est dangereux et intense. Je me perds dans ses yeux, dans ses sourires, et je vis avec émotions chaque instant. Je m’allonge contre lui dans son canapé devant un programme que je ne regarde même pas. Je l’écoute respirer en silence. J’aurai tellement de choses à lui dire mais je n’y arrive pas. J’ai peur de tout gâcher encore, alors je laisse les mots coincés dans ma gorge, et mes doutes ancrés en moi. Ils sortiront sans doute plus tard, et ils viendront mettre un froid entre nous mais pour l’instant ma tête posée sur ses cuisses, je profite de ce moment. Il va falloir que je parte, je le sais. Je vais retrouver ma vie avec mes secrets et mes faiblesses. Une vie dont il ne fait pas partie puisque je l’ai écarté. Une vie qui ne me plaît pas et dans laquelle je me sens vide. Et je commence à comprendre ce qu’il me manque. Lui. Toujours lui. Ni l’alcool, ni la drogue, ni le sexe ne pourront m’aider à me sentir entière. Mais lui le peut. J’avais tout et j’ai tout gâché. Qui serait assez conne pour laisser partir un homme comme Caleb? Je l’ai fais, et je n’ai plus qu’à pleurer sur mes erreurs... J’avais tout, j’aurais pu tout avoir mais j’ai paniqué et j’ai préféré fuir. ´Putain de merde.´ Je ferme les yeux, ma main dans la sienne, je n’écoute même plus la télévision. Je voudrais que le temps s’arrête et qu’on reste ainsi tout les deux sur son canapé. Je voudrais tout oublier et nous donner la chance de repartir à zéro pour vivre d’autres journées comme celle ci. Mais c’est impossible. Caleb est l’homme dont j’ai porté l’enfant. Un homme que j’ai privé de son fils. Un homme que j’ai lâchement abandonné. L’homme que j’aime mais que j’ai blessé et à qui je mens encore sciemment. Il n’y a pas d’issue possible sans souffrance pour nous et ça me terrifie. Alors je serre un peu plus sa main. Dans quelques heures tout cela sera finie, nous, ces moments de complicité et d’intimité. Notre histoire et nos projections. Et j'ai mal à en crever de réaliser que je vais le perdre à nouveau. C’est trop douloureux. Et je crains que finalement la pire erreur que j'ai faite, c'est d'avoir laissé mon cœur s'exprimer. Je ne veux pas l'aimer, parce que c'est trop douloureux. Trop douloureux de croire en une chose impossible. Trop douloureux de s’attacher à lui encore. Trop douloureux de continuer à lui cacher tout ça. Tout est douloureux parce que c'est trop intense, lui et moi. Il a foutu le bordel dans mon esprit, dans mes sentiments, il a mit en miette mes barrières de protection, et il m'a fait rire, sourire, aimer, ressentir, vivre tout simplement. Il m'a donné plus que quiconque durant ces huit dernière années. Il m'a donné sans se protéger, il m'a accepté sans retenue, et moi je vais encore le blesser et je me déteste pour ça. Je me déteste de l'aimer, je me déteste de le faire souffrir, je me déteste de lui mentir, mais je le déteste aussi. Parce que c'était à lui de se protéger de nous. Je l'aime, je l'aimais aussi il y a huit ans, et ça ne m'a pas empêché de tout gâcher et de partir. Alors pourquoi il nous laisse faire ? Pourquoi il me laisse retomber amoureuse de lui ? Je veux que les choses soient simples pour une fois dans ma vie. Pourquoi tout n'est pas aussi simple que l'alchimie qu'il y a entre nous dans son lit ? Pourquoi je ne peux juste pas l'aimer comme il le mérite sans le faire souffrir ? Pourquoi j'ai pensé que ma vie serait plus simple loin de lui ? Je me sens assaillie de culpabilité et de regrets, j'ai peur de ce qu'il m'attends après, une fois la porte de son appartement franchi. J'ai peur de le perdre pour toujours. Et comme la dernière volonté d'un condamné je me redresse, me met à califourchon sur lui et lui murmure à l'oreille de me faire l'amour, là maintenant sur son canapé. Je veux qu'il soit à moi encore un peu, en moi, entièrement, qu'il fasse taire mes doutes et qu'il me fasse me sentir vivante une dernière fois. Que ce moment soit à la hauteur de mes sentiments pour lui, intense et sincère. Avant que je le quitte et que les mensonges reviennent tout gâcher. Un dernier moment entre nous que je vais graver dans ma mémoire parce que je sais contrairement à lui, que je vais tout gâcher comme toujours. Un dernier moment authentique et fort, et si ça doit être le dernier, je ne veux plus de regrets. Lui et moi, ce moment comme dernier souvenir. Je le veux, et je sais qu'après je devrais partir mais la vie m'aura donné l'opportunité de vivre ce moment avec lui. Sans paroles, sans mensonges, sans secrets, juste nos corps qui parlent et qui traduisent l'amour entre nous. Je veux juste ça, avant de le quitter, encore. Juste un nous une dernière fois.