≈ ≈ ≈
    {She's not human. She's an angel.}
    crédit/ psychotic bitch  

La jeune femme veut bien montrer à son interlocuteur l’application qu’elle utilise d’ordinaire quand elle a besoin de retoucher légèrement ses photos. Elle ne fait jamais de grosses retouches, la demoiselle, seulement des réglages quand ils sont nécessaires, pour améliorer le rendu de la photo, son éclairage. Mais jamais rien de réellement gros. Elle ne retouche jamais sa silhouette la demoiselle, ne touche jamais au grain de sa peau, ne profite pas des logiciels pour réduire la taille de ses hanches ou pour grossir subtilement son décolleté. Non, elle ne se sert pas de tout ça, alors elle n’a pas besoin d’une application réellement plus performante, la demoiselle. Si bien que ce qu’elle montre à Lukà reste très basique. Le b-a-ba, tout simplement. Alors c’est simple, oui, et Lukà songe qu’il ne devrait pas avoir de mal pour se servir de ça.

«- Non vraiment elle est assez facile, prendre le coup de main est très rapide, ça devrait donc aller.» assure la demoiselle.

Le jeune homme propose de la prendre en photographie parfois. Pourquoi pas. La demoiselle n’est pas fermée à cette idée et ce même si la plupart du temps c’est sa meilleure amie qui s’occupe de la photographier. Mais il pense que ça pourrait l’aider à se perfectionner à l’avenir. La demoiselle acquiesce d’un mouvement de tête. Oui, ça devrait. Après tout, il n’y a rien de mieux que l’entraînement pour se perfectionner dans quelque chose. La jeune femme doit bien avouer qu’elle voit une nette différence entre ses vidéos en début de carrière et aujourd’hui, des années plus tard.

«- Oui, il n’y a rien de mieux que la pratique pour se perfectionner. Il ne faut pas hésiter à sortir avec son appareil photo pour saisir tout les moments qui peuvent sembler importants ou jolis. Et à force de pratiquer, il n’y a pas de raisons pour ne pas progresser. Le travail c’est la clé de la réussite de toute façon, il n’y a pas de secrets ! Ce sera un plaisir de poser pour toi dans ce cas ! On aura qu’à se programmer un shooting, j’ai pas mal d’outfit à montrer, assez souvent. Mais j’imagine que tu le sais déjà.»

Il parle de sa passion pour la photo, évoquant une ex, avant de sembler se raidir un peu. La demoiselle comprend que ça puisse être quelque chose de difficile à évoquer. Parler des fantômes de son passé ce n’est pas toujours évident c’est le moins que l’on puisse dire. Elle compatit, la demoiselle, à cette discussion pour le moins éprouvante pour lui. Parce qu’il a abandonné la photo quand son ex-compagne est partie, trahissant un certain  malaise.

«- Je comprends, ce n’est pas évident.»

Elle ne comprend pas ce qu’il raconte, le jeune homme et elle écarquille les yeux comme elle se demande ce qu’il raconte. Mais il explique finalement que c’est une expression de sa mère. De ces expressions qui peuplent vos souvenirs d’enfance pendant des années. Pour toujours. La wedding planner en a aussi quelques unes en tête, de ces mots de ses parents, qui la faisaient rire autrefois. De ces expressions surprenantes parfois.

«- Je vois.»

Il demande si c’est instagramable, ce repas et la demoiselle rit. Pour une storie, pourquoi pas. Mais la belle ne publie jamais dans son feed au hasard. Elle fait attention à ce qu’elle dit dans ses posts, consciente que de jeunes gens auront accès à son contenu. Elle ne veut pas faire d’erreur alors elle ne laisse rien au hasard, c’est plus sûr. Mais il recommence, lui, à tenir des propos pour le moins étranges, avant de se dire encore nerveux. La demoiselle rit un peu.

«- Imagine alors si ça faisait des années !»

    ≈ ≈ ≈
    {She's not human. She's an angel.}
    crédit/ psychotic bitch  

Il voudrait pouvoir se perfectionner dans la prise de photographies, Lukà et de fait, prendre de temps en temps la demoiselle en photo pourrait l’aider. Elle n’y voit pas le moindre inconvénient, Lullaby. Ça peut être sympa et donner quelque chose de nouveau dans son feed, après tout. Alors elle accepte, parfois, de lui donner sa chance. Elle accepte qu’il puisse la prendre en photos de temps en temps pourquoi pas. La demoiselle propose de se caler un premier shooting, en songeant qu’elle recevra bientôt une ou deux commandes de vêtements qui nécessiteront qu’elle prenne des photos pour les ajouter à son feed instagram, comme toujours. Lukà devrait donc avoir très rapidement une occasion de prendre la jeune femme en photo.

«- Merci ! Je pense que ça, c’est parce que tu ne m’as jamais vu en mode grunge ou punk !»

Elle rit. La jeune femme n’est pas aussi sûre que tout lui aille comme son interlocuteur le prétend pourtant. Non, elle pense même que certaines choses ne lui vont vraiment vraiment pas. Mais ce n’est pas un drame, elle a largement de quoi faire avec ce qu’il lui reste. Alors elle ne fait pas cas de ce qui ne lui va pas vraiment ou pas du tout, parce que ça n’a aucune importance. Elle donne l’impression que tout lui va parce qu’elle sélectionne soigneusement ce qu’il lui faut, tout simplement, qu’elle connait les coupes adaptées à sa morphologie, ni plus ni moins.

L’homme se met à déblatérer un tas de choses sans que la jeune femme n’y comprenne rien et elle écarquille un peu les yeux, comme il continu. Il finit par s’expliquer, pourtant, mettant tout cela sur le compte de leur rencontre, parce qu’il la suit depuis quelques temps sur instagram et a du mal à réaliser qu’ils soient voisins. La jeune femme lui adresse un fin sourire. Et elle remarque que ce serait pire s’il la connaissait depuis des années. C’est la stricte vérité.

Il pose des questions plus personnelles mais la demoiselle hausse les épaules. Parce qu’elle n’a pas grand-chose à dire en ce qui la concerne, soit la presse a déjà tout dévoilé, soit elle l’a dit elle-même dans ses stories, dans ses vlogs, dans son blog. Y’a-t-il vraiment quelque chose de personnel qu’il ne sache pas, de par sa position ? Elle pense à Lene, mais même ça, on peut le retrouver sur internet assez facilement.

«- Y’a rien à révéler, ou je ne sais pas ce que je pourrai dire. Tout ce sait plus ou moins déjà quand tu es une personnalité publique.»

    ≈ ≈ ≈
    {She's not human. She's an angel.}
    crédit/ psychotic bitch  

La voir vêtue en style Punk ? Il peut s’accrocher, ça ne risque pas d’arriver de sitôt, car la demoiselle n’est pas très friande de ce look. Et elle ne pense pas que ça lui irait si bien. Mine de rien, la jeune femme doit toujours sortir en s’assurant d’être impeccable. Bien habillée, bien coiffée, pas trop mais bine maquillée dans un même temps, parce que les gens jugent, ils jugent si vite les youtubeuse, les bloggeuses, les influençeuses. Parce que c’est facile de s’en prendre à une personnalité publique derrière un écran et l’attaquer sur des détails, ou sur des complexes, sans honte aucune. Alors elle ne risque pas de se montrer en look punk, Bee. Ça ne lui ressemblerait tellement pas. Elle n’assumerai pas, à moins de considérer qu’il s’agit d’un déguisement.

«- Je pense que ça, ça n’arrivera jamais, sauf si tu prie Dieu avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de conviction…» souligne la demoiselle.

Est-ce trop pesant, les secrets que l’on ne peut garder, car la presse est toujours à l’affut ? Oui, évidemment. Bee ne le dit pas mais la presse, les gens, lui ont fait mal, vraiment mal il y a huit ans, quand ils s’en sont prit à elle, quand ils l’ont attaqués pour sa sexualité, au point qu’elle ne l’assume plus, aujourd’hui. Alors oui, c’est lourd à porter, parfois, d’être toujours la cible des regards, des potins, de ne pas toujours contrôler sa vie ou pouvoir être simplement tranquille. Mais dans le fond, elle s’y est fait. Alors elle hausse les épaules.

«- Parfois, si. Parfois t’aimerais juste que les gens ne soient pas là à scruter le moindre détail, la moindre erreur, pour te juger, parce qu’ils sont doués pour critiquer les autres, les gens. Ils sont champions pour ça même. Alors ouai, des fois… ce serait agréable qu’ils tournent la tête et qu’ils ne disent rien.»

Le tête-à-tête semble s’achever comme il remarque qu’elle avait peut-être des choses à faire avant qu’il n’accapare son temps et son attention. C’est vrai. Parce qu’elle a toujours un tas de choses à faire, Lullaby. Parce que tout peut s’arrêter demain, comme ça, d’un claquement de doigts, elle profite de la vie et la croque à pleine dents. Elle court après le temps pour ne pas en perdre et profiter de chaque secondes.

«- Oui, on se programme ça !» assure la demoiselle. «Je vais filer oui, j’ai encore du montage à faire. Ce fut un plaisir, Lukà. A une prochaine fois !»

Elle se redresse, son soda terminé et l’aide à ranger leur pique-nique, avant de lui adresser un petit signe de la main léger, pour disparaître un peu plus loin et retrouver son nid.