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La demande de ses clients a de quoi surprendre et en même temps qu’elle arrive à deux pas de l’adresse indiquée, la jeune femme ne peut pas s’empêcher de lire et relire le papier qu’elle tient entre ses doigts vernis et qu’elle commence à connaître par cœur. Les exigences du couple sont pour le moins particulières cette fois et  si Lullaby doit honnêtement admettre qu’elle a déjà eut des demandes loufoques, celle-ci doit compter parmi celles qui le sont le plus. Le couple, geek, ne souhaite pas se marier dans une salle au décor rappelant les jeux vidéo, non. Ils souhaitent se marier dans un magasin qu’ils apprécient. Rien que ça. La demoiselle est donc sensée aller trouver le gérant pour demander l’autorisation d’organiser une cérémonie ici. Elle a appelé il y a quelques jours pour demander un rendez-vous, sans dire de quoi il s’agissait, pour ne pas essuyer un refus clair, net et direct. Mais elle imagine déjà la tête que le type va tirer quand il va entendre sa requête. La jeune femme soupire et arrange une mèche de cheveux qu’elle glisse derrière son oreille.

Quittant la voiture, passant son sac par-dessus son épaule, la demoiselle tire légèrement sur sa robe pour réajuster celle-ci et finalement, verrouillant la voiture, elle avance en direction de l’enseigne indiquée par l’heureux couple, il y a quelques jours. Elle prend une grande inspiration et entre finalement dans le bâtiment, sans aller tout de suite voir un membre du personnel, prenant d’abord le temps d’observer les lieux, d’essayer d’imaginer le mariage ici. Elle a du mal à se projeter, elle doit bien l’avouer et pour que cette union soit parfaite, la jeune femme sent déjà que ce sera difficile. Un gros challenge à relever. Soupirant, la demoiselle traîne encore un peu entre les rayonnages, en observant cet univers dans lequel ses frères se sentiraient sûrement bien plus à leur aise, bien plus à leur place.

Finalement, les mains vides, la jeune femme avance vers la caisse, jetant un coup d’œil à sa montre. Midi moins cinq, la demoiselle s’offre même le luxe de quelques minutes d’avance. De toute façon, il y a encore du monde devant la caisse, alors la blonde attend, patiemment, que ce soit son tour, jusqu’à faire face à un homme, nettement plus grand qu’elle, la quarantaine, derrière le comptoir. Elle tend sa main, professionnelle, sourire aux lèvres, avant de se présenter.

«- Lullaby Watson, j’ai appelé l’autre jour.» signale la jeune femme sans entrer encore dans le vif du sujet. Peut-être bien qu’elle cherche encore comment présenter la chose, comment demander cela, pour mettre de son côté toutes les chances d’obtenir un avis favorable. «Vous êtes bien monsieur Cadburry ?»

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Le "Archispirostreptus gigas" surnommé le "mille-pattes géant africain" est le plus grand mille-pattes découvert à ce jour. Le plus grand individu répertorié mesure 38,5 cm de long pour 2,1 cm de diamètre et a 256 pattes. Elwyn était en train de lire un article passionnant sur cette fameuse bestiole au moment où la boutique se bonda d'un coup d'un seul. Il ne comprit pas spécialement l'afflux soudain qui le força à mettre de côté ces fantastiques clichés sur un insecte des plus respectables mais la matinée s'avéra bien plus courte que prévu. A vrai dire, Cadburry n'eut même pas dix secondes pour regarder sa montre et se faire une idée du l'instant où il pourrait faire une petite pause décidément salvatrice. Il s'impatientait déjà d'ouvrir l'article connexe sur les élans américains car, à première vue, il n'y avait aucun rapport entre les deux animaux mais la classification animale pouvait révéler un bon nombre de secrets si on regardait l'affaire de plus près. Elwyn était un spécialiste de tout cela, heureusement qu'il ne tenait pas un terrarium d'ailleurs où les clients finiraient par mourir desséchés tellement il était capable de parler sans s'arrêter une demie seconde. Il avait de quoi fatiguer autrui, mais pas s'user lui même, ce qui s'avérait plutôt pratique lorsqu'on était le seul gérant restant de la boutique. Cadburry avait toujours de l'énergie à revendre, même quand la fin de la semaine arrivait, qu'il devait parler du dernier opus du meilleur comic du moment tout en vantant les mérites des gobelets à l'effigie de Captain America. Il vivait dans un sacré monde, c'était le moins que l'on pouvait dire, un monde que la plupart des gens avaient bien du mal à appréhender. Ce fut définitivement le cas de la toute dernière arrivante au sein de la boutique. Elwyn releva les yeux pour dire bonjour d'une manière tout à fait entraînante, constatant rapidement qu'il ne l'avait jamais vu dans le coin et il avait une mémoire incroyable donc il se rappelait plus ou moins de chaque client qu'il avait eu. Il termina son travail en caisse avant que l'inconnue ne prenne la place du dernier paiement, Elwyn redressant ses lunettes sur son visage en écoutant attentivement les propos de la jeune femme. "Promis, j'ai payé mes impôts! J'ai même fait des dons pour des associations de sauvetages des loutres et aussi pour les oursins donc c'est pas moi que vous recherchez, madame!" Déjà chiant à souhait. Quelqu'un qui avait téléphoné? Mon dieu, il avait tellement d'appels qu'il répondait par l'affirmative à ses interlocuteurs alors qu'il était en plein visionnage d'un téléfilm de Noël au milieu de la boutique. "C'était pour quoi déjà, l'appel? Non, parce que j'ai eu des marabouts au bout du film, c'était pas vous, si? Ah non, je sais, un truc en rapport avec le mariage de deux de mes clients? C'est peut être vous, ça non? Après, ça peut être aussi un reporter qui vient vérifier que les éléphants peuvent toujours pas sauter à la verticale et comme je suis un spécialiste, bim interview mais ça me parait gros comme histoire." Il fit une moue réflexive avant de se concentrer sur la jeune femme, espérant qu'il allait se poser un peu plus pour ne pas perdre un gros coup pour le business.

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La demoiselle se sent un peu nerveuse au fur et à mesure que le temps passe et que le moment d’affronter la requête de ses clients s’annonce. La jeune femme ne sait toujours pas vraiment comment elle peut s’y prendre pour présenter la chose. Parce que sa demande n’est pas anodine, loin de là. Elle s’attend déjà à recevoir un refus. Mais elle se doit d’aller jusqu’au bout de sa tentative, au moins, pour essayer d’obtenir de ce gérant ce que ses clients désirent pour leur mariage. Même si le stress ne fait qu’augmenter et ce surtout quand vient son tour de s’adresser à l’homme derrière la caisse. Elle tend la main à son interlocuteur pour se présenter mais ce dernier ignore celle-ci et rapidement, il se perd dans des déclarations incompréhensibles. La jeune femme le regarde, déconfite, perdue, sans savoir quoi dire. Pourquoi elle viendrait pour les impôts ? La demoiselle jette un regard à sa tenue. C’est vrai qu’elle détonne un peu dans le paysage, face aux autres acheteurs qu’elle a put croiser, plus excentriques pour certains, portant des t-shirts largement inspiré de l’univers geek. Loin de la robe classique, de couleur unie, qu’elle porte, en somme.

«- Je ne suis pas là pour les impôts.»

Elle se présente donc, signale avoir appelé il y a peu, mais l’homme ne semble pas remettre son nom sur l’appel. A croire qu’il avait oublié jusqu’au fait qu’elle devait passer ce matin, parce qu’il demande pour quoi il était, cet appel. Avant de faire les réponses lui-même, supposant qu’elle pourrait être là parce qu’elle est marabout, ou pour un mariage, à moins qu’elle ne soit une journaliste. L’homme ne manque pas de la surprendre et de la décontenancer dans un même temps. Elle ne s’attendait pas à ça Lullaby. Pas du tout. Elle imaginait un rendez-vous plus professionnel, moins…. Désordonné, en quelque sorte.

Mais il finit par la faire rire par la petite moue qu’il arbore. Ou par l’énergie débordante qu’il manifeste. A moins que ça ne soit juste son comportement en lui-même, qui n’amuse la jeune femme en la déstabilisant. Un petit rire léger, discret, dont elle ne tarde pas à reprendre le contrôle tout de même parce qu’elle est ici pour parler affaire, non pas s’amuser et qu’elle a encore énormément de choses à faire dans son planning de la journée.

«- Je ne suis pas journaliste je suis désolé, je ne suis pas ici pour faire votre interview.» répond la demoiselle avant de poursuivre. «Je suis bien ici au sujet d’un mariage. Monsieur Wyatt et mademoiselle James vont bientôt se marier et ils souhaitaient… Enfin, je sais que ça risque de vous surprendre, mais ils voudraient le faire ici. Si vous acceptiez de louer le magasin pour l’occasion…» se jette-t-elle à l’eau.

Maintenant, la balle est dans son camp. La jeune femme déglutie un peu. Soit il accepte et ils pourront parler des termes du contrat. Soit il refuse et dans ce cas la demoiselle sait qu’elle va devoir essayer de défendre un peu plus le projet, jusqu’à ce qu’il accepte ou qu’il soit nécessaire de laisser tomber. Alors elle garde son attention suspendue aux lèvres de son interlocuteur.

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Elwyn devait être le gérant le plus loufoque de la rue, voire même de la ville toute entière. Il ne pouvait jamais faire comme tout le monde,même sa comptabilité ressemblait plus à un épisode de Docteur Who qu'à un tableau organisé et rédigé avec les vrais comptes du plan comptable général. Autant dire que les experts qui passaient derrière lui s'arrachaient les cheveux, voire se faisaient un scalp en intégralité vu la joie qu'était Elwyn à suivre au quotidien. Heureusement, il n'avait pas de collègues pour lui dire de redescendre sur Terre, maintenant que son meilleur ami avait quitté le navire du "Nerd Herd". C'était Cadburry contre le reste du monde et la boutique prenait un virage à cent quatre vingt degrés avec des idées d'animations toutes plus folles les unes que les autres, pour sûr qu'un mariage viendrait s'ajouter aisément à une liste d'ores et déjà fournie. De toute manière, Elwyn était suffisamment proche de ses clients pour les inviter à l'apéritif après la fermeture de la boutique, comme si c'était normal d'avoir une relation aussi privilégiée avec sa clientèle. Elwyn n'avait jamais mis de limites avec qui que ce fut, toujours trop heureux de partager ses passions avec autrui... Surtout les gens qui s'en fichaient royalement. Pour sûr que la jeune femme qui venait lui rendre visite de manière inopinée allait être ravie d'en savoir plus sur la faune et la flore exotiques. Le quarantenaire, lui, pensait qu'elle en avait après ses fautes administratives, une erreur logique vu à quel point elle fondait dans le décor environnant. Elwyn put respirer convenablement lorsqu'elle annonça qu'elle n'était pas là pour le détrousser. D'ailleurs, il s'interrogeait sur les origines de ce mot et envisageait de visionner à nouveau le documentaire sur les mots insolites inventés par nos ancêtres, que du fun en perspective. Ce n'était, néanmoins, pas le moment d'y penser puisqu'il était question d'un mariage à organiser, dans sa boutique, oui. De quoi le rendre complètement extatique et en vue de sa réactions, il n'y avait pas à se tromper, il adorait l'idée. "Mais c'est merveilleux un mariage! Je vais ressortir les décorations de World of Warcraft, puis quelques touches de Warhammer pour le fond. C'est bien ça? Ou alors, je lâche totalement les chevaux et c'est la folie My Little Pony... Je suis pas fan spécialement mais je sais que leur fille vient là que pour les petites figurines de ce truc. Vous vous y connaissez en poneys, vous?" Sans queue ni tête. Comme souvent avec Elwyn qui relançait sa moue réflexive dans la conversation, prêt à retrousser les manches pour cette occasion si spéciale. "Au fait, c'est quand? Que j'organise pour la boutique, que j'invite tous les clients pour la petite fête, ça va être super. Vous ferez un tour, que je vous note? Enfin, je sais pas votre nom, tiens, c'est difficile d'écrire rien sur un petit carton..." Oui, il pensait à l'aspect pratique avant tout... Ou pas.

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Si Lullaby était interrogée sur la situation et qu’elle devait être honnête, elle vous dirait qu’elle n’aurait jamais imaginé une telle réaction de la part de son interlocuteur, alors que ce dernier semble particulièrement emballé par l’idée d’organiser un mariage dans sa boutique. Parce qu’il réfléchit déjà au thème, à la décoration, il pense aussi vite qu’il parle, ou ses pensées vont encore plus vite que sa bouche ? C’est ce que la demoiselle se demande, quand elle essaie de le couper pour obtenir son attention, mais l’homme n’écoute pas le moins du monde quand elle tente de reprendre les rênes de la conversation, comme il continu de suivre le flot intarissable de ses pensées. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il déborde d’énergie celui-ci, la jeune femme n’a pas le temps de reprendre la parole qu’il est déjà des mètres et des mètres de pensées plus loin, rendant assez délicate la tâche de suivre le cour de ses pensées.

«- Non mais je…»

Un mariage sur le thème de my little pony, rien que ça. La demoiselle n’en revient toujours pas de la capacité que cet homme a à partir loin dans ses pensées, loin dans son délire. Il est déstabilisant, vraiment, elle s’en fait la remarque une fois de plus. Il demande si elle s’y connait en poney et la jeune femme cherche encore comment il a put en arriver là. Il la déconcerte autant qu’il l’amuse, et la demoiselle reste comme deux ronds de flan pendant deux secondes. Elle secoue la tête, s’apprête à répondre.

«- Je euh…»

Mais il ne lui laisse même pas le temps de répondre comme il suit encore le flot de ses pensées et il passe déjà à autre chose, parlant d’inviter les clients, demandant la date de l’événement. Comme si selon lui, ce dernier était imminent. Mais un mariage se prépare des mois à l’avance le plus souvent et l’heureux couple ne se dira pas oui avant un long moment encore.

«- Ce sera en décembre, le 14. Mais ils auront leurs invités, leurs familles, vous sav…»

L’a-t-il seulement écouté, encore une fois ? Elle ne doute, Bee, alors que l’homme part déjà sur autre chose, parlant de la noter, évoquant un petit carton. La demoiselle ne comprend pas où il veut en venir, ce qu’il veut dire. Et elle suppose qu’elle a mal compris.

«- Pardon, me noter ?» questionne-t-elle. «J’ai bien peur de ne pas vous suivre.»

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On abandonnait la lutte avant la fin de la bataille avec Elwyn Cadburry, à une ou deux exceptions près. La majorité du temps, il occupait la conversation par ses commentaires abracadabrantesques, enchaînant les thèmes sans se rendre compte qu'il parlait tout seul. Parfois même, ses interlocuteurs quittaient les lieux avant même qu'il n'ait eu le temps de ponctuer sa première phrase. Dire qu'il était usant était un parfait euphémisme et il n'y avait que ses soeurs qui étaient en mesure de le calmer lorsqu'il se lançait dans un monologue d'une ampleur semblable à celui qu'il utilisait avec la jeune femme actuellement. La pauvre ne pouvait même pas placer trois mois, le quarantenaire passant de Warhammer à My Little Pony, sans honte et sans même justifier un quelconque lien entre les deux entités, si ce n'était que la gamine du futur couple de mariés en était une fan des premiers jours. Oui, Elwyn était le genre de personnes à connaître ce genre de détails sur ses clients et pourtant, il n'était pas invité chez eux. Il arrivait à trouver des références dans leurs phrases lancées sans prétention et avec son intelligence multiple, il arrivait à repérer les connexions et trouver de véritables conclusions. C'était de cette manière qu'il avait pu comprendre que la jeune femme fasse à lui était certainement l'organisatrice de mariages dont il avait eu l'appel quelques jours auparavant. Enfin, si seulement il était silencieux trois secondes et demi pour qu'elle puisse faire son travail, ce serait merveilleux pour l'humanité toute entière. "QUOI EN DECEMBRE?! Mais, il y a le temps que le monde soit chamboulé jusque là. Et si les martiens attaquent? Si les zombies prennent possession de notre gouvernement? On n'est pas prêts pour tout ça, pas du tout même. Ils seront jamais mariés pour le coup et ça, ce serait tragique, tellement tragique. Laissez moi vous aider. Qu'est-ce que je peux fair,e hein hein hein?" On pourrait croire qu'il avait avalé trois litres de café avant de venir ce matin là mais non, il s'était contenté de son bol de Miel Pops journalier avant de sortir son sourire de dandy du jeudi, particulièrement efficace celui là d'ailleurs. "Dans la liste des gens présents pour le mariage. J'allais pas vous donner une note sur vingt, je vous rassure. Je serai un piètre professeur de toute façon, j'ai toujours trouvé que les encarts pour les commentaires étaient trop petits..." A méditer, moue réflexive le retour. Qui allait bien pouvoir l'arrêter, exactement, qui?

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Décembre, il semble que ça fasse loin pour le propriétaire du magasin mais en effet, organiser un mariage prend toujours un peu de temps pour que tout soit parfait et beaucoup n’imaginent pas la charge de travail que cela peut représenter. Il ne s’agit pas seulement de trouver une robe, une église, une salle et un traiteur, il y a énormément d’autres choses à préparer pour un mariage et il faut souvent réserver les lieux en avance pour avoir ce que l’on souhaite. Alors non le mariage n’est pas pour tout de suite et cela semble contrarier le maître des lieux. Mais ça ne tarie absolument pas le flot de ses paroles en revanche et l’homme reprend le débit comme tout à l’heure. En parlant de martiens et d’une attaque sur le gouvernement, dessinant le scénario d’un vrai film catastrophe de science fiction, digne de la planète des singes, pourquoi pas. Ou independance day, un truc qui en jette, un peu héroïque. Comme tout à l’heure, la demoiselle ne parvient pas à reprendre la parole avant que l’homme tarisse lui-même le flot de ses mots, en demandant comment il pourrait l’aider.

«- M’aider pour ? Que ça aille plus vite ?» questionne la demoiselle. «Un mariage s’organise toujours en avance vous savez, pour avoir les salles, le DJs ; ça nécessite de s’y mettre des mois et des mois à l’avance et puis il faut que les proches aient le temps d’anticiper l’évènement, soient sûrs, ainsi, de pouvoir être présent… C’est la date que souhaitent les mariés vous savez, je ne peux pas faire grand-chose sur ce point. »

Mais il prenait quoi celui-là, pour avoir autant d’énergie à son âge ? Quand on vous dit que les quadra sont tous à demi acariâtre, renfermés et frustrés par leurs quarante ans… les statistiques ne connaissent de toute évidence par ce drôle de numéro que peut être Elwyn Cadburry. Parce qu’il parle de note, avant de passer à un petit carton, si rapidement que la demoiselle est larguée, contrainte de demander des précisions. Il veut la noter sur une liste de personnes présentes, tout simplement. Mais elle ne suivait plus l’allure rapide de l’esprit vif d’Elwyn.

«- Ah euh oui. Je vous transmettrais le nombre de convives plus tard si vous le voulez bien, lorsque j’aurais connaissance du nombre exact de participants et de confirmations.» commence la demoiselle.

Parce qu’ils vont devoir travailler de concert, pour la partie qui concerne son magasin en tout cas. Si encore, il la laisse travailler, ce qui déjà ne semble pas si évident que ça aux yeux de la jeune femme.

«- Vous disposerez de toutes les informations nécessaires en temps et heures. Tenez, voici ma carte, si vous avez besoin de me contacter.» annonce la demoiselle en lui tendant une élégante carte sobre, épurée, à son nom. Avant qu’elle n’oublie de la lui remettre, perdue dans le flot de mots qu’elle le sait, à présent, capable de débiter à la minute.

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Elwyn était une bonne patte, même s'il fallait suivre, ce qui n'était pas donné à tout le monde, loin de là même. Il y avait, à vrai dire, très peu d'individus qui étaient en mesure de calmer ses ardeurs ou de pouvoir y contribuer. Cadburry avait le cerveau qui fourmillait constamment d'idées et il avait bien du mal à contenir le flot de ses pensées. En général, il n'essayait même pas et laissait les mots sortir sans qu'ils ne fussent passés par l'option filtrage auparavant. C'était pour cette raison que ses discours étaient rarement intelligibles, le quarantenaire se perdant entre My Little Pony et les cartons d'invitation pour un mariage qui aurait lieu dans bien trop longtemps pour qu'il puisse y survivre. Comme il était encore un grand gamin dans l'âme, il fallait qu'il marque son impatience en exagérant quelque peu, se retrouvant presque à taper du pied par terre pour que décembre arrive plus tôt. Autant dire que Lullaby allait avoir besoin de courage pour travailler en harmonie avec un homme comme lui. Enfin, dans le fond, Elwyn était gentil comme peu de personnes se targuaient de l'être, toujours prêt à rendre service, à prêter le décor de sa boutique pour un événement aussi exceptionnel que celui d'un mariage même s'il n'y connaissait fichtrement rien en la matière. Il apprendrait sur le tas, comme la physique ou les mathématiques, il n'y avait qu'en se lançant dans l'aventure qu'on pourrait réellement progresser. Clairement, Elwyn aurait dû être professeur, ses élèves auraient eu de quoi rire, ce qui ne devait pas être le cas de Lullaby en cet instant. "Excusez moi, je me suis un peu enflammé mais je suis tellement excité à l'idée d'organiser un mariage ici que je contrôle plus rien. Promis,je vais me calmer et vous laisser faire votre travail. Je reste juste une contribution pour vous si vous avez besoin d'autre chose que ma boutique. Je garde ma liste d'invités de côté parce que oui, la famille, hein... J'espère qu'il y aura assez de place pour tout le monde. Après tout, c'est qu'une noble boutique d'accessoires pour geeks, on est loin du palace parisien. Enfin, ça ira, vous pensez?" Et voilà qu'il se mettait à douter de la capacité de faire tenir tout le monde dans les quelques mètres carrés qu'il louait à l'année. Ce cher Elwyn était particulièrement intenable et il n'était même pas sous caféine ou LSD, il valait mieux éviter de penser à ce qui arriverait si un jour, c'était le cas. Personne ne voulait être témoin de ce genre de spectacles, absolument personne. En attendant, il attrapa la carte de la jeune femme, redressant à nouveau ses lunettes sur ses yeux pour y voir plus clair. "D'accord, vous me direz si vous avez besoin de quoi que ce soit... Dites, Lullaby, c'est joli comme prénom, vous savez pourquoi vos parents ont choisi ça? Non, parce que personnellement, j'adore les berceuses, j'en connais plein alors ça m'intéresse d'avoir leur catalogue à ce sujet." Est-ce qu'il se tairait un jour? Probablement pas. Il mourrait en parlant. Il userait même les morts, ensuite, de son babillage incessant.

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Il n’est pas évident à suivre, Monsieru Cadburry, c’est le moins que l’on puisse dire et la jeune femme a un peu de mal. Mais en soit, au moins il accepte de prêter son magasin et ça c’est un bon point même si ça veut aussi dire qu’elle va devoir travailler avec lui et ce sans perdre le fil de ses pensées, le fil de ce qu’elle doit faire, ce qui ne s’annonce pas évident de prime abord et elle sent déjà que ça risque d’être un peu compliqué. Parce que l’homme est toujours en train de penser, toujours en train de parler, aussi. Et comme un enfant capricieux, il lui semble que le mois de décembre est beaucoup trop loin pour qu’il puisse tenir jusque là. La jeune femme est décontenancée par son attitude. Et elle finit par rire, devant la mine qu’il arbore, digne d’un enfant de sept ans. Quand il a… peut-être bien six fois ces sept ans. Un peu moins ? Elle ne sait pas le dire.

«- Je crois qu’enflammé est le mot. Mais je suis désolé de vous décevoir par mon triste retour à la réalité.»

La demoiselle observe les lieux, jauge de la place à disposition, comme l’homme lui demande s’il y aura suffisamment de place pour que le mariage puisse avoir lieux ici. La jeune femme n’a pas connaissance du nombre exact de participant encore, mais elle essaie tout de même de faire une estimation rapide des lieux. A force d’organiser des mariages, la demoiselle sait repérer rapidement ce genre de choses.

«- En poussant un peu les murs, ça devrait passer…» lance-t-elle en essayant un train d’humour, avant de reprendre son sérieux. «Je pense que ça devrait suffire oui, peut-être en poussant quelques meubles si vous avez un espace de stockage pour les entreposer…» propose la demoiselle.

Il faudra qu’elle s’occupe de la logistique assez rapidement pour voir un peu les solutions qui s’offrent à eux. Mais la demoiselle le tiendra de toute façon au courant de tout cela en temps et heure, dès qu’elle aura les réponses aux questions que l’homme se pose, dès qu’elle saura exactement ce qu’elle doit faire et comment. Elle lui donne une carte, pour répondre à ses questions s’il en a, qu’il puisse l’appeler. Et l’homme s’arrête sur son prénom.

«- Ma mère est fan de Mozart. Et je crois que sa Lullaby est la seule musique qui pouvait faire office de prénom pour un enfant.» indique la demoiselle. «Et laquelle a votre préférence, alors ?» questionne la jeune femme intriguée comme il dit connaître énormément de berceuses.

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Si elle arrivait à suivre le flot intense de ses idées, tant mieux sinon, tant pis. Lullaby avait eu le mérite d'essayer, plus encore que d'autres personnes qui étaient venues tenter le challenge jusqu'au fond de sa boutique. Il pensait à tous ces vendeurs de jeux et de figurines en tous genres qui avaient dû supporter deux heures d'affilée ses récits plus que personnels avec l'objet qu'ils venaient simplement lui vendre. Autant dire qu'avec Cadburry, ils perdaient plus de temps qu'ils ne gagnaient d'argent. Ce serait certainement la même chose avec l'organisatrice de mariage, pauvre jeune femme qui n'avait pas l'air de pouvoir suivre son côté volubile des plus développés. Cela dit, Elwyn tâchait de se calmer, plus ou moins, même si cela ne durait pas très longtemps, en règle générale. Il fallait qu'il fasse des efforts pour convenir à Lullaby, sinon le mariage serait très certainement organisé à un autre endroit, un crève coeur pour l'âme ô combien romantique de Cadburry. "Non, mais c'est rien, vous faites bien sinon je peux partir dans un délire de quatre ou cinq heures et personne ne veut ça. Vraiment." Il ne croyait pas si bien dire vu qu'il avait bien du mal à s'en empêcher habituellement mais il était avant tout question de business et comme il entendait encore Seymour lui hurler dessus, il devait faire bonne impression pour augmenter la clientèle du magasin. S'il était un bon gérant, c'était le plan de base en tout cas. "Mince, vous croyez que je dois prévoir un agrandissement? Ah ça c'est con, j'ai rendu ma location de tractopelle il y a deux jours... Non, mais au pire des cas, je ferais stocker les meubles dans la réserve à côté. A condition que rien ne soit cassé dans la manoeuvre, ça me tuerait de perdre ma figurine collector de Deadpool..." Oh oui,s son bien aimé Deadpool, l'homme au spandex rouge flamboyant et à l'humour ravageur. Encore un qui parlait définitivement trop mais qui constituait un modèle pour Elwyn... Oui, quelle atrocité pour le reste du monde. "Mozart. Wow. Ouais, c'est quand même plus sympa que Lacrimosa, on doit le dire. Baa baa black sheep évidemment mais je suis pas certain qu'on ait envie d'en faire un prénom. Quoique Baa Baa sur votre carte de visite, ça en jetterait, faudrait proposer à votre graphiste." Il venait tout juste de la rencontrer et déjà, il s'autorisait à faire des plaisanteries de ce goût là, Elwyn n'avait vraiment aucun filtre, c'en était franchement désespérant pour autrui.

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«- Vous avez l’énergie nécessaire pour tenir quatre ou cinq heures comme ça, vraiment ? Mais vous tournez à quoi, monsieur Cadburry ?» s’enquit la demoiselle amusée.

Lullaby est loin d’être le genre de fille coincée et pince sans rire. Elle aime bien rire, aime biens s‘amuser. Elle n’a encore que vingt-cinq ans après tout et le désir que la vie ne soit pas seulement une succession de devoirs à accomplir. Mais il est des moments comme celui-ci où la jeune femme garde un air et un ton sérieux. En partie tout du moins. Parce qu’il n’en reste pas moins que la demoiselle est en train de travailler, présentement.

«- Personne, vraiment ?»

Pourquoi ? Cela fait du bien de rire et de délirer, de ne pas toujours être trop sérieux. Le monde a besoin d’un peu de folie aussi, peut-être que les choses tourneraient mieux, si les adultes prenaient parfois le temps de se comporter comme des enfants, de rire et s’amuser. De profiter de la vie tout simplement, parce que tout peut s’arrêter bien vite. Trop vite. Ce n’est pas le délire qui est gênant. C’est d’avantage le moment, probablement, qui peut gêner les interlocuteurs du quadragénaire.

La demoiselle observe la pièce, tente de faire une plaisanterie qui provoque quelque peu l’inquiétude de l’homme et la jeune femme l’entend tout de suite embringuer sur la casse de ses effets. Non, évidemment, elle espère bien que rien ne sera cassé et quand il mentionne qu’il mourrait si sa figurine collector de Deadpool était abîmée, elle le trouve même attachant, avant de dessiner un fin sourire sur ses lèvres.

«- J’suis pourtant certaine que même Ryan Reynolds ne vous en voudrai pas ! Deadpool est le premier à se casser lui-même de toute façon, non ?»

Elle n’est pas très calée en super-héros mais pour d’obscures raisons, pas si obscures que cela, elle s’y connaît un peu plus quand il est question de l’homme à l’humour un brin potache et beauf en tenue rouge. Elle manque probablement d’objectivité sur ce point mais peu importe. Ils discutent rapidement du mariage et comme elle tend sa carte, l’homme part déjà dans ses réflexions sur le nom de la demoiselle pour affirmer qu’elle devrait ajouter Baa Baa devant son nom sur sa carte.

«- Je ne suis vraiment pas sûre pour le coup.» mais tente-t-elle réellement de le convaincre de ça ? L’homme partira sur autre chose encore dans cinq minutes. «J’suis plutôt Bella’s Lullaby, si vous visualisez. Enfin, faudrait déjà que les histoires d’amour un peu niaises entre une humaine et un vampire qui brillent au soleil soient votre truc.»

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Rien ne pouvait déterminer comment cette entrevue allait bien pouvoir se terminer. Avec Elwyn, c'était même un sentiment général quand on restait en face de lui plus de deux minutes, et encore, c'était un exploit personnel que celui de tenir aussi longtemps. Il ne pouvait jamais se taire plus d'une demie seconde et il était incapable de rester dans un seul sujet tellement il avait de choses à dire. A l'heure actuelle, ce n'était pas la stratégie qu'il devait adopter afin de garder quelques minutes supplémentaires Lullaby dans sa boutique. Elle n'avait pas l'air fondamentalement intéressée par les produits qu'il avait à vendre mais cela dit, elle avait suffisamment de répartie pour calmer ses ardeurs de volubilité. Restait à savoir combien de temps elle pourrait tenir la marée avant de se retrouver avec une migraine carabinée et une envie de meurtre des plus vives. Avec ce cher Cadburry, tout était possible au fond. "Ah mais largement, plus même! A vrai dire, à rien... Enfin, sauf à Geo magazine, National Geographic et deux ou trois émissions scientifiques par ci par là. Trois fois rien et très loin de ce que vous pensez, dans tous les cas." De toute évidence, il n'avait pas besoin de LSD ou de cocaïne pour paraître totalement perché, c'était un effet complètement naturel chez lui, même si l'humanité ne pouvait pas le comprendre. Peu de personnes passaient leurs nuit à regarder des documentaires animaliers tout en faisant des grilles de mots croisés insolubles. Elwyn, si. "Y a bien une ou deux exceptions mais dans les nouvelles rencontres, personne..." Non, personne n'avait envie de le voir déblatérer des heures sur des savoirs inutiles en tous genres. On allait très probablement envisager de le jeter du haut d'un canyon sous peu pour ne plus avoir à ne serait-ce que regarder son corps babiller jusqu'au repos éternel. "Certes mais Deadpool se régénère, ma figurine, je suis pas sûr, mais après, ce qui compte, c'est l'avis de Ryan Reynolds avant tout, vous avez raison." Il allait regarder le film pour la cinquantième fois ce soir-là à tous les coups, Elwyn devenait vite inarrêtable lorsqu'il entendait parler de son héros préféré... Si on pouvait appeler cela un héros, pour être honnête. "C'est quoi cette histoire de vampires? Je connais bien Dracula, Lestat et compagnie mais j'ai jamais entendu parler de vampires qui brillaient au soleil. C'est scientifiquement impossible vu qu'ils meurent dès qu'ils se trouvent au soleil. Quelle est cette aberration? Expliquez moi, je vais défaillir." Et comme Elwyn était un bon comédien, il commençait déjà à faire semblant d’hyper-ventiler. Il y avait des limites à la bêtise de son point de vue. Le problème, c'était que, bien souvent, le genre humain n'était pas en mesure de s'arrêter avant le drame. Comme cette histoire de vampires brillants au soleil. Il allait vomir, sérieusement.

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«- Largement plus ?» questionne la jeune femme à moitié surprise et à moitié amusée. «Mais vous dormez, de temps en temps, ou ça se passe comment ?»

Parce que tenir cinq ou six heures à ce rythme, ça lui semble déjà fou à la demoiselle, alors s’il sait tenir plus de temps que ça, comme ça… Elle se demande comment il fait, dans ce cas, pour ne pas s’épuiser lui-même parce que ce doit pourtant être pas mal compliqué de se suivre lui-même en fin de compte, non ? C’est ce à quoi elle pense tout à coup. Elle songe qu’avec un esprit aussi vif et prompt à changer de pensées, à évoluer dans ses réflexions, on doit avoir rapidement un peu mal à la tête, non ?

Il lui semble étrange, cet homme et la demoiselle est sûre et certaine de n’avoir jamais croisé personne comme lui au cours de sa vie. Au moins, on ne doit pas s’ennuyer avec quelqu’un comme lui dans les parages, la demoiselle n’en doute pas une seconde. Mais dans un même temps, il ne semble pas que grand monde puisse supporter cela. C’est ce que l’homme lui apprend et ce qu’il confirme quand elle demande si vraiment personne ne veut le voir partir dans de tels délires aussi longtemps. Y’a bien une ou deux personnes qui peuvent le supporter, d’après ce qu’il dit. Mais pas les nouvelles rencontres. Il surprend un peu. Et il n’est pas méchant. Mais les gens n’ont peut-être tout simplement pas le temps.

«- Peut-être que le moment est seulement mal choisit au goût des gens ?» suggère la demoiselle.

Parce que tout le monde n’a pas le temps d’écouter l’homme se perdre dans ses pensées, voire dans ses délires quand il est questions de martiens. Après tout, la demoiselle est ici pour le travail et elle n’a pas vraiment le temps de l’écouter pendant cinq heures, parce qu’elle a encore des choses de prévues dans sa journée. Mais si elle avait la journée pour elle, si elle ne travaillait pas, l’écouterait-elle ? Probablement. Peut-être pas aussi longtemps néanmoins. Mais les pensées de l’homme retrouvent finalement la direction du mariage qu’ils essaient d’organiser ici pour dans plusieurs mois et ils discutent rapidement de la place disponible, ce qui semble inquiéter son interlocuteur.

«- Mais oui voilà, c’est le premier à rire et se moquer de tout, Ryan. Ça lui inspirerait sûrement une blague bien sentie ! J’suis sûre qu’avec un peu de colle, votre Deadpool aussi peut se régénérer.» assure la demoiselle.

La jeune femme lui adresse un sourire qui se veut rassurant, avant de chercher à changer de sujet, pour se remettre à travailler tout en évitant de s’éterniser sur le cas de l’acteur à l’humour ravageur, considérant que ce n’est clairement pas le moment. Elle se fait rapidement la réflexion en tendant sa carte de visite, d’ailleurs, que ce type y ressemble un peu, avant de chasser cette pensée, comme il la questionne sur son prénom, avant qu’ils ne parlent musique. Et cinéma, de nouveau.

«- Me dîtes pas que vous avez vraiment réussit à passer au travers de la hype Twilight y’a quelques années, pour n’avoir jamais entendu que le canon de la saga brille au soleil ? De mémoire, ça a pourtant été genre… une méga polémique. Et le film un big succès. Même si Harry Potter c’est clairement mieux.» explique-t-elle, en rétablissant au passage la vérité. Team sorcier à lunette pour l’éternité.

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Le changement, ce n'était très franchement pas pour maintenant avec Cadburry. Il avait bien essayé une ou deux fois d'adoucir son caractère mais cela avait été un échec tout à fait retentissent. Il s'avérait qu'il était incapable d'être une autre personne que ce sacré Elwyn, celui qui se perdait dans des élucubrations interminables en prédisant la fin du monde lorsque les escargots s'éteindraient. Et pourtant, dieu qu'il les aimait ces petites bêtes hermaphrodites, elles étaient parfaitement fascinantes et que ferait-il, cet univers, sans une espèce telle que celle-ci? Elwyn préférait être dans la tombe plutôt que d'assister à un tel carnage écologique. Il avait beau avertir les gens sur leur mode de consommation excessif et les abus des gouvernements, il finissait toujours par retrouver des détritus de McDonald's à tous les coins de rue. Infamie. Un jour ou l'autre, l'humanité finirait par faire volte-face pour de vrai mais Cadburry espérait sincèrement qu'il ne serait pas trop tard pour changer ce terrible mode de vie. En attendant, il continuerait à narrer les faits à grand renfort de statistiques et tableaux à double entrée à l'appui. Tant pis s'il fatiguait chaque individu qui croisait son chemin, il se donnait cette mission pour la sauvegarde des escargots. Tous, sans exception. Heureusement, il tâchait de se contenir un minimum face à Lullaby, elle méritait qu'il soit à peu près calme pour pouvoir organiser ce mariage plus ou moins sereinement. Qu'était la sérénité avec Elwyn Cadburry? Vous avez quatre heures. "Il paraîtrait que je parle même en dormant du coup j'ai pris le parti de me filmer pour vérifier très prochainement." Quel aveu faisait-il exactement? C'en était maladif, même endormi, ses cordes vocales faisaient des siennes. Du moment qu'il ne devenait pas la Castafiore en chantant sur du Eddie Mitchell, il y avait encore un espoir que le ciel ne leur tombe pas tout à fait sur le coin de la tronche. "Tout le temps? Je sais pas, faudra que je fasse mon enquête à ce sujet, ça tombe bien, je manquais de sujets d'études." Et le pire, c'était qu'il croyait réellement à ce qu'il disait. Comme si c'était parfaitement logique de commencer un questionnaire sur le logiciel Sphinx avant d'envahir les boites mails de ses connaissances pour qu'il lui indique à quel point il était lourd sur une échelle de un à dix. Génial. "Il sera plus jamais aussi beau après et ça, c'est pas possible... Enfin, tant que c'est pas Wonder Woman qui est atteinte, j'y survivrais." L'amour de sa vie. Le seul et l'unique. Sous toutes ses formes. Ce cher Elwyn n'avait même pas de secrets pour les inconnus apparemment. Cette pauvre Lullaby n'avait très certainement pas envie de connaître des détails intimes sur lui. Non, juste préparer un mariage tout à fait normal dans une boutique classique. Rien de plus. "Mais qu'est ce-que c'est que ce délire? On peut dire que je prends du LSD mais là, c'est le stade au dessus, madame, hein.Ils ont pas fait un remake dégueulasse de Harry Potter, au moins? Je me méfie maintenant que vous m'avez parlé de ce truc de vampires, pas envie de vendre des trucs horribles dans ma boutique..." Il entendait déjà les groupies de Twilight venir lui réclamer un tee shirt à strass et paillettes. Beurk, sauvez le.

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Il parle même en dormant ? La jeune femme doit avouer qu’elle n’ose pas imaginer ce que ça donne que de dormir avec lui et elle imagine une seconde les demoiselles qui, partageant une potentielle nuit avec lui, ne s’étaient pas attendues à ça. En même temps que la jeune femme les plaint sans même les connaître, elle entend que l’homme projette de s’enregistrer un de ces quatre pour pouvoir vérifier l’information par lui-même et la demoiselle imagine une scène incroyable de l’homme, dans un canapé, occupé à s’écouter parler et elle se demande, un instant, s’il se couperait pour se répondre, avec son esprit qui va à vive allure comme il le fait depuis qu’elle est entrée dans sa boutique. Ce serait comme avoir… deux lui ? Quelque chose comme ça. La jeune femme esquisse un sourire à son attention.

«- Et vous êtes certain que vous arriverez à vous écouter aussi longtemps sans vous auto-interrompre ?»

La demoiselle n’aime pas s’écouter parler. Quand elle vérifie une vidéo avant de la publier sur youtube, elle est toujours trop critique avec elle-même, avec sa voix, qu’elle juge trop douce et en même temps, pas assez mélodieuse. Une voix qui manque de tonalité, d’après elle. De relief. Enfin bref, elle déteste s’écouter, alors être obligée de le faire l’agace déjà bien assez, sans qu’elle ne le fasse en prime pour voir si elle parle la nuit, au risque d’entretenir une discussion avec nul autre qu’elle-même.

La jeune femme ne pensait pas, par ses mots, le lancer dans une grande étude pour savoir si sa malchance avec les gens relève simplement d’une question de temps, de moments, ou s’il est seulement lourd. Quelque part, ça attriste la demoiselle d’imaginer que les gens puissent le fuir parce qu’il parle beaucoup. Ça lui crève le cœur même, alors qu’elle n’en sait rien dans le fond, qu’elle ne sait de la vie de son interlocuteur que ce qu’il veut bien lui en dire. Mais quand elle s’imagine les gens le fuyant pour ne pas subir son énergie pendant des heures, la solitude qu’elle lui imagine lui fend le cœur.

Il est dans son monde, Elwyn, même quand ils parlent de boulot, mais il ne fait de mal à personne. Il est au moins honnête, il est au moins vrai. Sans détours, sans faux-semblant. Il dit ce qu’il pense, tout simplement, sans filtre, en toute honnêteté. Il parle de ses figurines, comme si elles étaient précieuses, comme si elles étaient ses bébés et alors qu’il s’inquiète pour Deadpool, il se préoccupe bientôt de l’état de Wonder Woman. Bee sourit.

«- Mais si, il serait toujours aussi beau ne vous inquiétez pas !» assure la demoiselle avant d’arborer une petite moue. «Mouai, Wonder Woman est surcôté, si vous m’permettez, je préfère Black Widow.»

Parce qu’elle connait un peu les supers-héros. Tout du moins elle les connait de visuel et un peu de nom, c’est déjà pas mal. La veuve noire, il est difficile d’être passé à côté et de ne pas connaître ce personnage, à vrai dire, d’autant que l’actrice a fait sensation dans son costume, s’attirant quelques commentaires bien lourds. Mais aussitôt évoqués, les supers-héros disparaissent de la conversation au profit de la musique et rapidement, la jeune femme doit expliquer Twilight dans les grandes lignes.

«- Non, pas de remake d’Harry Potter à ma connaissance, seulement une pièce de théâtre qui fait suite et qui n’est pas géniale. Enfin, à mon goût. J’pense pas que vous vendrez du Twilight maintenant, la hype est bien retombée, c’était y’a… dix ans tout ça.»

Ouai ça date, Bee était encore une gamine à cette époque là. Quinze piges et les yeux rivés sur Edward. Ouai, le même qui avait joué Cédric dans Harry Potter. La grande guerre entre filles au collège visant à désigner qui d’Edward ou Jakob était le meilleur. Elle n’a plus vu la saga depuis des années, à présent.