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Il espérait qu'elle allait tenir la marée encore quelques minutes supplémentaires, au moins cela,histoire de se conforter dans l'idée qu'il n'était pas si fou qu'il en avait l'air. Elwyn savait que c'était peine perdue: les premières fois, il était toujours déroutant pour autrui et il avait tellement besoin de combler les silences gênants qu'il était bien incapable d'arrêter son petit manège. Il fallait qu'il se reprenne, qu'il fasse preuve d'un peu de volonté car le monde avait besoin de lui. Oui, dans la notion de monde, il n'y avait que deux de ses clients mais Cadburry était un maître dans l'art de l'exagération et s'il n'avait pas été gérant d'une boutique et informaticien à ses heures perdues, il aurait très bien pu se lancer dans une carrière d'acteur. Oh, il aurait très certainement fait chou blanc vu qu'il était trop volubile pour plaire à un quelconque directeur de casting mais au moins, il aurait fait rire une ou deux âmes désespérées sur son chemin. Lullaby n'était pas désespérée, enfin, elle n'en avait pas l'air mais elle se prêtait au jeu d'Elwyn sans en être trop tourmentée, même si elle avait eu un peu de mal au départ. "C'est super perspicace comme réflexion, ça! Dans le pire des cas, ça peut devenir un jeu de paris, celui qui trouve combien de temps je peux m'écouter sans m'interrompre peut gagner un goodie de la boutique. Bon plan, non?" La clientèle allait très vraisemblablement trouvé la réponse rapidement vu qu'elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il était rare qu'il se taise. Alors, s'entendre parler dans son sommeil ravirait bien trop Elwyn pour qu'il tienne le coup très longtemps, à moins qu'on le bâillonne évidemment, même si c'était très frustrant pour lui, forcément. "QUOI?! Non, Jamais. Wonder Woman forever, elle est trop belle, on peut pas dire ça!" Il fit une moue outrée. Black Widow ne valait pas grand chose à ses yeux, parce que Diana Prince était the real deal même s'il était plus que content d'avoir son propre modèle à la maison. Nea était tout aussi jolie que ce fantasme là, même plus encore. En tout cas, elle ne le forçait pas à lire ce machin Twilight et pour cela,Elwyn li en serait toujours extrêmement reconnaissant. "Il y a dix ans? Ouf! J'étais pas encore vendeur ici, ça doit être pour ça que je connais pas. J'étais perdue dans les cartes mère... Des ordinateurs, hein, à pas mal interpréter. Et vous, vous étiez où y a dix ans?" Il allait très certainement déprimer de la réponse vu qu'elle avait l'air si jeune à côté de lui, mais c'était la logique de la vie. Il fallait des jeunes et des vieux et ce pauvre Elwyn se dirigeait joyeusement vers la seconde catégorie.

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L’idée de mettre l’homme face à un enregistrement de lui-même, la demoiselle n’est pas certaine que ce soit l’idée du siècle en soit. Et elle se demande même si l’homme supporterait l’expérience. Alors elle lui pose la question, en se demandant combien de temps l’homme pourrait s’écouter sans s’interrompre et s’auto faire la conversation. Il en serait capable ? Elle songe que oui, tout à coup, ce qui donnerait facilement un tableau on ne peut plus déconcertant, déroutant. Et elle se demande combien de temps il pourrait tenir, comme ça. Lui, il s’imagine même faire un concours avec ça. Un paris entre ses clients pour gagner un goodie de la boutique. La demoiselle esquisse un sourire.

«- Même pas cinq minutes, j’suis sûre.» souligne la jeune femme amusée, le taquinant un peu au passage.

Elle ne le croit pas capable de s’écouter longtemps, non. Son cerveau irait trop vite, il devancerait les réponses que son double apporterait par après et ne manquerait pas de le questionner après quelques minutes seulement. Elle ne l’imagine pas capable de tenir en place, tout simplement. Car l’homme ne donne pas l’impression que ce soit dans sa nature, tout simplement.

«- J’imagine que ça va être asse serré dans les réponses mais ça reste une idée de jeu-concours… pour le moins originale.»

Ils discutent de nouveau du mariage, de la place, puis de Deadpool et finalement de Wonder Woman comme il craint de casser ses figurines en agençant la pièce. La demoiselle n’est pas d’accord avec lui. Parce qu’elle préfère la veuve noire à Wonder Woman. Mais elle manque peut-être un peu d’objectivité sur la question.

«- Black Widow est tellement plus belle !» annonce la jeune femme.

Elle rougit immédiatement, comme si elle avait peur que ce simple aveu signale sa bisexualité à son interlocuteur. Une bisexualité que la demoiselle n’assume plus depuis des années. Depuis Lene et la méchanceté qu’elle avait subit à l’époque de la part d’homophobes dans ses followers et dans la presse. Alors elle tente de se raccrocher aux branches comme elle peut, la demoiselle.

«- Enfin toute façon, Deadpool passe devant.» assure-t-elle. «Enfin j’veux dire, Ryan. Parce que bon…»

Elle s’enfonce un peu la demoiselle là, elle en a conscience. Alors elle préfère revenir sur le sujet du boulot, comme elle peut, en assurant qu’il saura tout en temps et heure. Lui donner sa carte est encore l’occasion pour l’homme de se montrer volubile à souhait, pour finalement discuter de Twilight après avoir parlé de musique. Et il semble soulagé d’apprendre que c’est vieux, signalant qu’il n’était pas là il y a dix ans, avant de questionner la demoiselle sur ce qu’elle faisait il y a dix ans.

«- Oula… j’étais encore sur les bancs de l’école à m’ennuyer sans savoir quoi faire de mon avenir. Je n’avais même pas encore ouvert mon blog ou mon youtube à cette époque !»

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Le temps passait à une vitesse folle et ce n'était pas Elwyn qui allait dire le contraire et ce, même s'il connaissait toutes les théories sur le sujet entre toutes les galaxies et tout le toutim. Il était fortement intéressé par les thèses des scientifiques d'ailleurs mais il n'allait tout de même pas le dire à tout le monde. La plupart des gens ne connaissaient pas les plus grands noms du domaine des sciences. Qui pourrait les blâmer? Au lieu de diffuser les dernières recherches qui allaient bouleverser le monde,l les chaînes publiques se perdaient sur les Anges de la Téléréalité ou quelque chose du même acabit. Si Elwyn se mettait à suivre ce genre de programmes, ce serait simplement pour faire une analyse affinée du problème psychologique et de la déficience de quotient intellectuel chez ses participants. Il pouvait être sûr qu'il allait faire fureur s'il publiait un écrit dans ce domaine mais Cadburry n'avait probablement pas de temps à tuer avec tout cela. Il avait quarante ans et à cet âge là, on n'allait plus se perdre sur des émissions pour adolescents pré-pubères simplement pour une vulgaire étude. A la place, on faisait des enfants, on construisait une maison, on arrêtait de se comporter comme un môme... Oui, tout ce qu'Elwyn était parfaitement incapable de faire à l'heure actuelle. On ne lui avait jamais précisé dans le mode d'emploi de la vie qu'il allait devoir grandir à un moment donné. Et puis quoi encore? Dessiner des limaces sur le mur des voisins? Oui, là il était plutôt d'accord mais il allait devoir se retenir encore quelques heures puisqu'il était au travail. Enfin, c'était vite dit à vrai dire. "Cinq minutes et une seconde, je tiens le pari." Il allait perdre, se ridiculiser et tout ce qui allait avec mais Elwyn avait l'habitude de tout cela. Après tout, il organisait des courses de tortue dans le jardin de sa résidence les week end de beau temps et l'événement durait un temps très long. Très très long même, alors cinq minutes lui paraissaient atrocement faciles à tenir sans dire un mot, le fou. "Avec moi, on fait toujours dans l'originalité, je déteste m'ennuyer." En témoignait l'état de son appartement au moins un jour sur deux puisqu'il se lançait dans des aventures chimiques désastreuses, oui, juste pour passer le temps. C'était infernal pour les autres, surtout pour sa colocataire qui devait supporter des heures de nettoyage rien que pour ses beaux yeux. Oups. "On sera pas d'accord, je crois. Mais tant mieux, ça en fait pour tout le monde." Oui, parce que Cadburry tenait à garder Wonder Woman pour sa poche. Il l'avait trouvée en premier, na. Gamin jusqu'au bout, il constatait toutefois qu'il y avait peut être pire que lui dans ce bien étrange univers. "Là, on sera d'accord sur ce point." Pas de commentaires en plus sur Reynolds, son dieu vivant. "Mon dieu, t'étais sur les bancs de l'école? Mais je suis un vieillard, aidez moi. Est-ce qu'y a un remède contre le temps? Voilà ce que je dois inventer. Ou me transformer en Benjamin Button. Au choix. J'hésite encore." Et voilà qu'il recommençait à déblatérer à n'en plus finir, faisant perdre un temps précieux à la jeune femme en posant sa main sur son mouton dans une moue de réflexion digne de son sourire de dandy du samedi. C'était du propre, encore une fois.

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Cinq minutes et une seconde sans parler, sans s’interrompre lui-même. Est-ce qu’il peut le faire, Elwyn ? Est-ce qu’il peut ne rien dire pendant si longtemps ? La jeune femme en doute fort car il lui semble que l’homme devrait, pour réussir, mettre son cerveau en off, alors même que celui-ci semble toujours être en activité. La jeune organisatrice de mariage a du mal à croire qu’il se tairait, alors, s’il se trouvait face à un double de lui-même et ce serait peut-être pour certains, le début de l’apocalypse revisitée, comme il a assuré un peu plus tôt que les gens avaient du mal avec cette part de lui, malheureusement. Ça lui fou un coup à Bee, ça lui fou un coup énorme d’imaginer que les gens puissent le fuir, le laisser seul, parce qu’ils ne supportent pas sa manière d’être, un peu trop volubile. Mais elle ne sait rien de lui, ou si peu, qu’il n’est peut-être pas si seul qu’elle se l’imagine à présent. La demoiselle l’espère, de tout son être.

«- Vous me direz quand vous ferez ça, que je puisse venir vérifier tout ça ! Il nous faudra un juge pour trancher, en cas de victoire serrée et difficile à départager !»

Il décrète qu’on ne s’ennuie jamais avec lui et qu’il fait toujours dans l’originalité. Bee n’en doute pas une seconde, à le voir ainsi dans sa boutique, débordant d’énergie, l’esprit toujours emporté par la valse de ses pensées. Il ne doit pas manquer de ressources et elle ne doute pas qu’il puisse parfois avoir des idées loufoques, comme celle-ci finalement, originales, tant et si bien que l’on ne peut s’ennuyer avec lui. Mais elle espère surtout qu’on ne rit pas à ses dépends, de toutes ces idées un peu farfelues qui peuvent traverser son esprit et elle se rend compte que ce concours, peut-être, pourrait faire naître quelques moqueries, de le voir si volubiles. Et elle regrette aussitôt d’avoir put, d’une manière ou d’une autre, lui suggérer une telle idée.

«- Je vois ça !»

Ils se disputent un peu tout les deux, pour savoir qui de Wonder Woman ou de Black Widow est la meilleure, dans un esprit bon enfant et l’homme ne fait aucune remarque sur le commentaire de la jeune femme. Pas plus qu’il n’en fait sur Ryan Reynolds, considérant simplement qu’ils sont d’accord sur la question Deadpool. La wedding planner lui en est reconnaissante, reconnaissante de ne pas s’attarder sur la question et de ne pas faire ainsi durer son malaise, quand il aurait put, avec sa manière d’être, mettre les deux pieds dans le plat, quoiqu’elle les ait déjà bien plongés elle-même.

«- Voyez la chose autrement, c’est peut-être seulement moi qui suis jeune ! Parce que pour un vieux, vous êtes plutôt bien conservé.» souligne la demoiselle. «Mais j’suis pas sûre que Benjamin Button ce soit l’idée du siècle, sauf si vous avez envie qu’en fin de vie, votre chérie vous berce dans ses bras comme un bébé. Je ne suis pas sûre d’envier Benjamin et Daisy pour le coup…» objecte-t-elle

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Elle aurait mieux fait de faire demi tour avant d'entrer dans sa boutique, oui, se raviser aurait semblé être une bien meilleure option que de supporter les dires délirants de son interlocuteur du moment. Ce cher Elwyn n'était pas l'homme le plus terre à terre de cette planète: en fait, il était très paradoxal car c'était un rêveur invétéré mais il était tout autant un scientifique aguerri. Ces deux facettes de lui-même entraient bien souvent en contradiction, d'où les expériences désastreuses qu'il faisait dans sa cuisine ou dans son salon, au nom de la science. Sauf qu'essayer de recréer des toiles d'araignée ou faire son propre shampoing avec du métal n'était pas l'idée la plus cartésienne du siècle. Elwyn n'arriverait jamais à être le génie qu'il aurait dû être: du moins, c'était ainsi qu'on l'avait qualifié au MIT avant d'envisager mille fois de le jeter dehors pour troubles à l'ordre public... Non, il ne s'était pas mis tout nu et n'avait pas insulté le doyen. Au contraire, il avait juste voulu tester des mélanges chimiques peu recommandés dans la bibliothèque de la section des livres rares de l'université. Oupsy. On pourrait croire qu'avec le temps, il se serait assagi, aurait au moins fait un poil plus attention aux conséquences de ses actes, mais c'était mal connaître Elwyn Cadburry. Il avait toujours refusé de grandir, pire encore de vieillir. Alors, il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour rester un grand enfant, de la lecture de comics à la peinture de figurines collectors de Warhammer. Cela dit, des gens envisageaient tout de même de se marier au sein de sa boutique, ce qui signifiait qu'il n'était pas totalement en train de rater l'affaire. Il arrivait juste à en barber une bonne partie, pas Lullaby apparemment. Pas encore, en tout cas. "Vous vous portez volontaire dans le rôle du juge? Wow, quel courage! J'envisageais Juanita mais ça risque d'être un poil lent au niveau du rendu de la décision. J'aurais dû adopter un guépard plutôt qu'une tortue aussi." Ladite tortue faisait partie de tous ses plans diaboliques alors qu'elle n'avait très certainement rien demandé. La rampe devant l'immeuble, C'était Elwyn qui l'avait fabriqué pour elle, pour qu'elle puisse s'entraîner à la course en vue de sa défaite lors du dernier tournoi. Juanita était une tortue de compétition, elle méritait au moins cet honneur-là. Lullaby ne comprendrait probablement pas tous ses délires mais Cadburry n'allait pas changer pour une inconnue, tout de même. De toute manière, il était bien incapable de contrôler le flot de ses pensées. La plupart du temps, il était royalement dépassé par les événements, en témoignait cette histoire de Benjamin Button. Après Twilight et le mariage sous l'égérie de Mon petit Poney, il aurait été bien incapable de trouver une connexion dans ce fatras sans nom. "La notion de conservation... On m'a mis dans du gros sel, vous pensez? Comme dans les pratiques moyen ageuses, c'est d'un sexy tout ça. Ah ouais, non, pas bête. J'ai pas tellement envie de couiner dans les bras de la femme de ma vie. Va falloir trouver une autre solution pour rester fringant. J'ai encore la possibilité d'inventer l'élixir de jeunesse. C'est mieux que rien." Pas sûr que le tout fonctionne à merveille. Il risquait surtout de provoquer un dérapage sismique d'envergure. Oups I did it again.

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La jeune femme tient le pari, elle se doute que l’homme ne tiendra pas très longtemps avant de se couper lui-même dans ses mots, pour parler à son enregistrement et refaire le cheminement de pensées qu’il aura pourtant eut pendant la nuit de l’enregistrement. La demoiselle se demande bien ce qu’elle pourrait gagner mais comme il envisage de faire un concours au sein de sa boutique, elle ne tarde pas à apprendre qu’en cas de victoire, elle gagnerait un goodies. L’homme accepte le pari, en songeant qu’il pourrait tenir cinq minutes et une seconde mais la jeune femme n’en est vraiment pas certaine peu importe, ils auront besoin d’un juge pour vérifier le bon respect de ce pari. Parce qu’elle ne doute pas une seconde que l’homme, se perdant dans sa conversation, n’en descendrai pas avant un moment et ne saurait pas, alors, à partir de quand il aura décroché. Il leur faut un juge pour évaluer la chose, alors.

«- Oula, non. Je viendrai seulement savourer ma victoire.» assure la demoiselle. «Mais il nous faut un juge pour savoir qui l’emporte. Si je vous laissais faire, vous perdriez trop rapidement le fil pour faire attention à quel moment vous avez coupé votre propre enregistrement.» objecte la jeune femme. «Nous avons donc besoin d’un juge, d’une personne en qui nous pourrons avoir tout deux confiance pour évaluer les termes de notre compétition.»

Parce qu’elle ne croit pas qu’une tortue, ni même un guépard, puisse constituer un bon juge. Ils ne comprendraient ni les termes du pari, ni les enjeux de celui-ci et la demoiselle n’est pas certaine qu’ils auraient le temps d’attendre les résultats de la tortue : il serait déjà tellement perdu dans son monde qu’il ne ferait pas même attention à sa défaite.

«- Je ne pense pas qu’on vous ai mis dans du gros sel non.» elle rit un peu. «Je ne suis pas certaine que ce soit très bon pour la peau, niveau hydratation.»

Finalement, l’idée de devenir Benjamin Buton ne le tente pas plus que ça. Ça ne l’étonne pas, la demoiselle. Parce que quand on y pense, le destin de Benjamin et Daisy n’a rien d’enviable. Ils n’auront pas put vieillir ensemble et s’aimer dans leurs vieux jours. Qui veut vraiment vivre à contre-courant comment ça ? Bee grimace à cette seule idée. Qu’importe le temps qui passe et l’âge qu’elle a, ce n’est qu’un chiffre. Elle esquisse un sourire, de nouveau.

«- Un élixir de jeunesse, rien que ça. Vous mettriez quoi dedans ? Un peu d’essence de Deadpool, trois gouttes de Wonder Woman ?» questionne la demoiselle. «L’élixir de jeunesse, c’est peut-être de le rester dans sa tête.» souligne la demoiselle.

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L'arrêter au beau milieu de sa tirade était aussi difficile que de marquer un but au basket... Oui, impossible donc puisque, étymologiquement parlant, cela n'avait aucun sens. Elwyn aimait jouer avec les mots, c'était un fait avéré depuis bien longtemps déjà. Il était toujours le premier à lancer des plaisanteries avec pour seul but de combler le vide ambiant. Le silence était son pire ennemi mais c'était peut être dans la logique des choses quand on avait été élevés dans la maison la plus bruyante au monde. Il n'y avait jamais une journée sans une dispute quelque part, parfois à cause d'Elwyn et ses idées saugrenues, parfois à cause des vengeances d'une de ses soeurs. Dans tous les cas,les résultats étaient toujours les mêmes; des cris ornaient ce doux silence recherché par les deux parents Cadburry. Pas si étonnant qu'ils avaient tenu à peine deux minutes après le début de leur retraite pour prendre la route. Ils ne revenaient en ville qu'une fois l'an, pas forcément pour les fêtes et Elwyn devenait le plus vieux portant le nom de Cadburry. De quoi le ravir, assurément. "On peut prendre Nea. Elle saura me descendre et tout bien tout honneur et comptabiliser les points sans équivoque. Bon, par contre, je peux pas vous dire que ça se finira pas en bataille de polochon ou de pistolets Nerf. Ma... Copine a cette tendance à la violence." C'était la première fois qu'il osait appeler Nea ainsi face à un quelconque public. Pourtant, c'était une réalité: ils n'étaient plus seulement des colocataires, ils étaient ensemble pour le meilleur, mais aussi pour la pire des luttes dans une colocation unique. "Ah oui, en effet, j'avais pas pensé à l'hydratation dans l'affaire... Même si après le gros sel, on me baigne dans la crème hydratante anti rides?" Oui, anti rides parce qu'il commençait à se rendre à l'évidence. Quarante ans. Voilà ce qu'il devait accepter, pas si facile que cela alors qu'il cherchait toutes les parades possibles pour rester jeune mais quelque part, la jeune Watson avait raison. Tout cela n'était que dans la tête et dans la sienne, justement, c'était un beau tintamarre de gamin de quatre ans, pas plus. "Dis comme ça, c'est bon, j'viens de perdre trente cinq ans facile. Merci, vous m'avez rassuré. Je vous en dois une. Enfin, je suppose que je vous l'ai déjà rendu avec cette histoire de mariage. A moins que je vous en dois une autre parce que c'était avant du coup ça comptait pas mais là, je sais pas, ça se complique. Va falloir me dire." Et voilà, il recommençait. C'était interminable. Insolent, à ce stade.

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Elle allait demander qui est Nea, elle allait réellement le demander, Bee, en pensant qu’il s’agissait peut-être d’une tortue aussi. Ou d’une girafe. D’une figurine. Est-ce que ça la surprendrait vraiment ? Pour être honnête, au vu de l’énergumène qui se tient devant elle, pas vraiment. Ça ne la surprendrait pas le moins du monde, même. Mais non, il semblerait que Nea soit une vraie personne et non des moindres, la propre compagne de son interlocuteur. Il y a donc une brave femme, quelque part dans Brisbane, pour supporter autant d’énergie vive chaque jour que Dieu fait. Sainte femme. Et en même temps Bee songe que cette dernière ne doit pas s’ennuyer. Qu’elle a peut-être un peu de chances, aussi. D’autant plus qu’à écouter l’homme, elle lui ressemble un peu, cette femme. Ce qui semble assez essentiel pour supporter l’autre ? Elle espère néanmoins que cette femme ne parle pas autant que lui, sinon elle n’ose pas imaginer une discussion entre ces deux là.

«- Je suis navrée si, à cause de moi, vous écopez d’une telle bataille. Je prierai pour votre salut si tel est le cas ! »

Parce que la bataille ne la concerne pas, surtout celle de polochon et elle préfère laisser cette partie là enfermée dans l’intimité de leur chambre, ça vaux bien mieux certainement. Si sa copine a de tels accès de violence avec des polochons, ça reste à lui de le régler. Mais de fait, l’homme a quelqu’un dans sa vie, si bien qu’il ne serait pas si enviable que ça, en fin de compte, de rajeunir au fur et à mesure comme le fait Benjamin Buton, pour mourir tel un bambin, dans les bras de son aimée.

«- Je ne suis vraiment pas certaine que Nea apprécierait que vous ressembliez à un pruneau séché même si on vous passait ensuite dans la crème hydratante… Vous êtes très bien comme ça, ne vous en faite pas.»

Pour un type de quarante ans, il fait jeune encore. Peut-être parce qu’il l’est dans sa tête, alors ça irradie le reste, tout simplement. Mais il veut trouver la recette de l’élixir de jeunesse et la demoiselle tente de l’aider en demandant ce qu’il mettrait. Faut croire qu’elle le trouve, cet élixir, car l’homme prétend rajeunir immédiatement, d’au moins trente-cinq ans.

«- Dans la mesure où le mariage est un échange de bon procédés et que vous en tirez autant parti que moi… je dirais que vous m’en devez toujours une.» elle rit.

Car s’il lui avait bel et bien tiré une épine du pied en acceptant, il semblait tant y trouver son compte au final, qu’ils devaient sûrement être sur un pied d’égalité à ce niveau.

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Il n'y avait pas deux relations pareilles à la leur dans ce bas monde. Elwyn et Nea, c'était avant tout l'histoire d'un homme et d'une femme qui avaient dû apprendre à cohabiter sans s'entre-tuer, entre les idées merdiques du premier et les sautes d'humeur de la seconde. L'affaire aurait pu très mal se passer et le corps de Cadburry se retrouver dans le caniveau le plus proche pour passer à un stade de décomposition avancée. Du fun en perspective. Rien de tout cela n'était arrivé, personne n'était mort et à enterrer. Non, ils avaient été idiots bien sûr, terriblement idiots en s'amusant avec les nerfs de l'autre juste pour s'éviter des déconvenues amoureuses. Elwyn avait bien tenté de résister, lui qui était absolument nul pour gérer une relation amoureuse de plus de deux heures et demi. Avec Nea, il était hors de question de déraper à ce point là, il la respectait bien trop pour oser la toucher sans avoir envie de l'épouser juste derrière. Au bout du compte, l'histoire s'était bien terminée et ils avaient décidé de plonger dans la grande et belle aventure qu'était une relation amoureuse, autant dire que c'était folklorique au moins un jour sur deux. Leur dynamique de fond n'avait pas spécialement changé cela dit, en témoignait les mots du vendeur. "Ah non, mais moi je suis habitué, c'était pour vous que je disais ça! C'est toujours un peu déroutant au début alors c'était pour vous préparer..." Il n'y avait certainement pas d'autres personnes capables de les supporter lorsqu'ils se retrouvaient ensemble alors, Elwyn n'était pas certain que cette affaire de juge pour un ridicule concours ne se termine pas en bain de pistolets Nerf. Pauvre Lullaby, triste dommage collatéral de quelque chose qui la dépassait certainement. "Vivre l'amour véritable, c'est accepter de vivre avec un pruneau séché, non? C'est pas vers ça qu'on se dirige tous de toute façon?" La vision parfaitement utopiste d'Elwyn sur la vieillesse, du grand art. Pas si étonnant qu'il désire rester jeune à tour prix. Il n'aimait pas particulièrement les petites vieilles qui étaient sourdes et ne comprenaient rien quand il les aidait à traverser. Résultat des courses: un traumatisme crânien à cause d'un poteau et une conversation en langage Ewok qui n'avait mené à rien. Apogée de son existence. "Merde, je vous dois quoi, du coup? Allez y,hein, vous refrénez pas, y a toujours de quoi faire dans la boutique... Et là haut aussi." Et par là haut, il entendait son cerveau qui lui jouait de multiples tours, toujours prêt pour de nouvelles inventions. Toujours présent pour rendre les autres complètement fous.

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Elle s’étrangle légèrement, Lullaby, comme l’homme dit avoir l’habitude et vouloir seulement la préparer elle. Parce qu’elle ne compte pas participer à quelque bataille de polochon que ce soit, ou que ce soit, en compagnie d’un couple. Parce qu’elle ne survivrait peut-être pas à leur folie. Et pourtant, elle n’est pas la dernière pour rire ou s’amuser, Bee. Il n’empêche qu’elle se voit mal affronter un couple dans un combat de pistolet nerfs ou de polochons, au choix. Parce qu’elle se verrait mal affronter leur dynamique de duo, de paire. Elle se sentirait de trop, voilà le mot. Mais ça peut vraiment arriver que tout dérape comme ça, juste pour un concours de durée de conversation sans qu’il ne s’interrompe ? Tout ça lui semble fou, à Bee. Mais s’ils sont heureux ainsi, c’est le principal.

«- Je m’éclipserai en douce dans ce cas ne vous inquiétez pas.» assure-t-elle avant qu’ils ne poursuivent sur un sujet plus sérieux, si tant est que quoi que ce soit puisse rester sérieux, en présence d’Elwyn Cadburry.

Parce que le sujet dérape de nouveau en fin de compte quand l’homme s’inquiète de savoir ce que faisait son interlocutrice il y a dix ans, apprenant donc que celle-ci était à l’école et réalisant donc, au passage, qu’elle était jeune. Ou lui vieux. Au point de vouloir devenir Benjamin Button, mais la demoiselle doute fortement que ce soit l’idée du siècle, il vaut sûrement mieux réfléchir à autre chose sans quoi il devrait mourir dans un corps de bébé, bercé par Nea. Si leur amour parvient à survivre à ça, évidemment, alors que tout deux empruntent des chemins contraires. Mais pour un vieux, il est plutôt bien conservé, Bee le lui assure et c’est pour lui l’occasion d’un autre délire.

«- Vous n’avez pas tord. Mais peut-être pas à trente-huit ans ou… enfin, peu importe l’âge que vous avez, vous êtes encore trop jeune pour arborer un effet raisin séché !» assure la jeune femme.

En attendant, il lui en doit une, comme elle lui sauve la mise en lui donnant la recette d’un élixir de jeunesse qui, s’il n’a pas eut le temps de mijoter dans un chaudron, semble fonctionner sur son interlocuteur. Mais qu’est-ce qu’elle pourrait obtenir en échange ? Pour être honnête, la demoiselle n’en sait rien et elle affiche une petite moue pensive.

«- Alors ça je dois bien vous avouer, que je n’en ai absolument aucune idée !» avoue la demoiselle. «Mhhh qu'est-ce que vous pensez que j'mérite ?» questionne-t-elle toute à ses pensées.

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Pas sûr que les gens avaient envie de lier une quelconque relation avec Elwyn Cadburry, les gens sains d'esprit tout du moins. Lullaby Watson faisait-elle partie de cette catégorie? Comme elle avait l'air d'entrer dans le petit jeu du quarantenaire, il y avait nécessairement des raisons de s'interroger mais le principal intéressé ne faisait pas plus attention que cela. En réalité, il était intensément concentré sur les propos de la jeune femme, se disant qu'en effet, s'il y avait bien ce concours qui avait lieu avec Nea en juge, elle avait toutes les raisons valables de fuir avant la cloche qui annonçait la fin. Quand ils se retrouvaient tous les deux dans la même pièce, l'apocalypse menaçait de poindre à chaque instant et personne n'avait envie de voir le monde se déchirer en cent mille morceaux à cause d'un couple d'idiots. Cela dit, ils s'étaient bien trouvés puisque Elwyn put hocher la tête avec vigueur pour suggérer qu'elle faisait le bon choix en décidant d'opter pour la fuite. Puis, la conversation prit des teintes plus sérieuses: dès qu'on parlait de son âge, Elwyn ne pouvait que l'être, tout effrayé qu'il était à l'idée de se rapprocher un peu plus chaque jour du dépérissement le plus total. Une horreur. La damnation, même mais il faisait plus jeune qu'il paraissait apparemment... Bon, de deux ans tout juste mais c'était deux années de plus avant de mourir, fact. "Vous êtes gentille mais j'ai atteint les quarante là, faut lancer la procédure Q10+, on verra si la pub avait raison, allez!" Le côté marketing de l'affaire l'intriguait au plus haut point et pour sûr que ce serait une aventure scientifique d'envergure s'il se lançait dans un tel processus... Il était prêt à le faire en tout, c'était le pire, effectivement. "Et bien, je ne sais pas... Peut être pas la figurine Deadpool tout de suite, faut prouver sa valeur avant. Un autographe, ça va pas tellement vous intéresser... Euh, le droit de vous marier dans ma boutique quand le moment sera venu?" Quelle offre majestueuse et sacrément ridicule mais Elwyn avait l'air convaincu que c'était l'idée du siècle. Un génie, vous avez dit?

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Il a déjà quarante ans ? Non, ce n’est pas possible ? Quoique ci, à bien y penser et ce n’est pas parce que l’homme est capable de s’amuser comme un gosse, qu’il travaille dans une boutique de geek, en faisant des paris un peu risqués et stupides entre deux batailles de polochons ou de pistolets nerfs, qu’il ne peut pas avoir atteint les quarante ans. Mais elle ne l’aurait pas cru. Ou l’a-t-elle inconsciemment rajeunit volontairement ? Elle déteste estimer les âges, Bee. Elle a toujours peur de se tromper et de vieillir quelqu’un, ce qui n’est jamais bien vécut par la personne concernée en général. Elle préfère éviter ce genre d’erreurs qui pourraient la mettre mal à l’aise. Mais cette fois, elle a estimé au rabais l’âge de son interlocuteur.

"- Vous comptez vraiment mettre ça sur votre peau ?"

Elle le questionne, les sourcils levés. Bee a beau être influenceuse, elle n’est pas du genre à vanter les mérites de toutes les grandes marques pour refiler un code promo à la con, loin de là. La demoiselle préfère largement être honnête avec ses followers, ce qui lui vaux d’être à ce point suivie et écoutée. Elle leur recommande seulement les marques en lesquelles elle a confiances, celles en lesquelles elle croit. Mais la jeune femme n’est pas particulièrement convaincue que les marques qui font le plus de bruits, à grand renforts de partenariats et spots publicitaires, soient ce qui se fait de mieux.

"- Y’a une petite boutique à deux pas d’ici, la gérante propose des masques naturels et sur mesure, tenant compte du type de peau que vous avez, de l’effet que vous cherchez… Un masque frais, sans trois tonnes de conservateurs dedans..." se permet-elle d’ajouter. "Les trucs tout chimiques et ultra transformés, les soit disant crèmes magiques vous savez, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux. Vous saviez qu’il y a des billes de plastiques dans les gels exfoliants ? Quand on peut faire un gommage avec un peu d’huile et du sucre par exemple..."

Si les supers héros c’est le rayon de l’homme, la question du lifestyle et des petites astuces beautés, ça c’est plutôt le domaine de Bee.  Et elle aime autant proposer des petites astuces toutes simples avec des ingrédients que tout le monde a pour pas cher dans ses placards et qui, en prime, ne déglinguent pas l’environnement à chaque rinçage.

"- Je pense que Deadpool serait en effet cher payé." admet la demoiselle en riant. "J’espère que vous n’êtes pas trop pressé pour organiser ce second mariage ici, le prince charmant ne s’est pas encore présenté, je ne sais pas ce qu’il attend, faut croire qu’il a décidé de suivre le lapin blanc." note la jeune femme avant d’ajouter. "Cela dit, je prends l’invitation. Ajoutez l’autographe avec on sait jamais, si vous découvrez la recette de jouvence, ça vaudra peut-être de l’or un jour, comme signature !"

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   {I’m not crazy but i need to organize a wedding here…}
   crédit/ psychotic bitch

Parfois, il apparaissait comme un fou, comme un personnage de bande dessinée, oui, le savant fou, celui qui faisait rire mais en qui on n'avait pas nécessairement confiance. C'était certainement l'image la plus probante pour décrire Elwyn, il était toujours un peu perdu dans son monde, à écumer les milliers de kilomètres de ses pensées sans trouver le chemin qui l'amènerait à bon port. Il aurait dû être plus terre à terre, apprendre à faire attention à ses dires mais Cadburry n'avait jamais eu aucune limite donnée par ses parents. De toute manière, ils n'avaient pas été très présents pour son éducation: Elwyn s'était forgé tout seul et il avait dû s'occuper de ses trois soeurs. Autant dire que l'équilibre chez les Cadburry était une notion très abstraite et dès qu'on rencontrait l'aîné, on s'en rendait compte par la force des choses. Elwyn passait toujours du coq à l'âne, incapable de rester sur la même fréquence pour tenir une conversation sur la durée, ce qui devait gêner la plupart de ses interlocuteurs en règle générale. Lullaby semblait s'accrocher à la barre et ce, même si elle ne comprenait certainement pas tout à fait où il voulait en venir. En tout cas, Elwyn l'écoutait patiemment alors qu'elle parlait de produits de beauté, probablement un des seuls domaines où le quarantenaire n'avait aucune compétence. Forcément, alors, il était fort intéressé par l'affaire, hochant la tête à intervalles régulières en buvant la moindre des paroles de la jeune femme. "Je sais pas si j'ai compris un traître mot de ce que vous venez de dire. Non, mais je vais peut être rester un type de quarante ans, c'est le cercle de la vie après tout de vieillir." L'accepter était beaucoup plus dur que de le vivre, Elwyn ne pouvait pas dire le contraire. Le temps passait, les rides s'accumulaient et les années qui le séparaient de l'enfance s'éloignaient également. Heureusement, il était resté un gamin dans l'âme, toujours prêt à proposer ses idées farfelues à qui voulait bien l'entendre, comme cette histoire de mariage dan sa boutique. "Promis, j'essayerai d'être patient pour vous. Parfait, je note tout ça dans ma mémoire d'éléphant... Du coup, vous voudriez qu'on se revoit pour organiser plus amplement la cérémonie ou c'est bon pour vous? De toute manière, vous passez quand vous voulez, les horaires sont sur la porte." Si elle passait à l'improviste, elle risquait juste de tomber sur les lubies d'Elwyn du moment mais rien de très grave au final. Avec lui, ce n'était jamais très grave, non.

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   {I’m not crazy but i need to organize a wedding here…}
   crédit/ psychotic bitch

Peut-être qu’accepter de fait de vieillir, c’est ce qu’il y a de mieux à faire, mais ce n’est pas facile pour tout le monde, d’en arriver à cette résignation. Même si oui c’est le lot de tout le monde. Vieillir nous attend tous, en théorie. Et il vaux mieux avoir la chance de vieillir, d’ailleurs. Certains se désolent d’être condamnés à partir bien avant d’avoir put se voir couverts de cheveux blancs. C’est une chance, en fin de compte. Une chance que de pouvoir vieillir, une chance trop mal apprécié par les mortels en général qui cherchent sans cesses à masquer les signes de l’âge plutôt que d’afficher fièrement leur sagesse. Car on dit des personnes mûres qu’elles sont de plus en plus sages à mesure que le temps passe. De plus en plus expérimentées. Elles connaissent la vie, après tout et cette expérience joue sur leur manière de voir les choses, de les appréhender.

"- Et ça ne vous va pas mal, ne vous en faîtes pas."

Il peut bien avoir quarante ans, Elwyn, il est loin de ressembler à un raisin sec, décrépit, dégarni, abougri, flétrit. Loin de là. Il semble plutôt dans la force de l’âge et bourré de charme. Et puis, il se dégage de lui cette énergie qui le caractérise, qui chasse un peu le temps qui passe. Il est plus jeune que ses quarante ans, Elwyn, parce qu’il ne les a pas dans la tête, ces années là. Alors peu importe l’âge qu’il peut bien avoir, parce que ça ne compte pas. Ce n’est qu’un chiffre, comme un poids sur une balance : ça ne caractérise pas la personne qu’il est.

"- Il y a des trentenaires qui semblent plus vieux que vous."

De ceux qui regardent l’âge avancer en se faisant du soucis, en se laissant envahir par le sérieux et les problèmes d’adultes. Ceux-là sont nettement plus vieux qu’Elwyn, parce qu’ils ont laissé le temps, l’âge, un chiffre, prendre le pas sur leur vie. Lui il est encore jeune et par quelques mots, Bee compose pour lui la recette de jouvence, à grand renfort de Deadpool et de Wonder Woman, ce qui vaut à l’homme de lui être redevable. Et il propose un curieux arrangement, alors, qui ne manque pas de la faire rire. Parce que s’il veut la voir se marier ici, Elwyn, il doit s’armer de patience. Parce qu’il n’y a personne dans sa vie, à Bee.

"- On se reverra sûrement, je vous appellerai avant de passer ! Je ne voudrai pas interrompre une bagarre nerf !" souligne-t-elle amusée. "Je vais vous laisser, monsieur Cadburry. J’ai déjà bien abusé de votre temps et sérieusement empiété, je le crains, sur votre pause déjeuner. Bonne journée !"

Elle s’éclipse finalement, le laissant vaquer à ses occupations, à ses pensées peut-être, tandis qu’elle-même fonce déjà chez un traiteur pour son prochain rendez-vous.