Let's drop the act !

Feat Noa Jacobs & Léonie Tremblay

Je ne fais jamais venir un client à la maison. Jamais ! C'est ma règle numéro 1. J'ai plusieurs raisons.
La première est toute bête : maman n'est pas au courant de mon activité annexe. Ma cousine l'est. Mais elle n'est pas encore totalement à l'aise à l'idée de m'entendre ou me voir dominer quelqu'un dans le salon. La raison deuxième raison, c'est pour la tranquillité. Je ne veux pas qu'un client déboule à la maison à un moment où je ne suis pas disposée à mettre des fessées. Je tiens quand même à me reposer ! Car entre mon travail à l'hôpital et cette activité, je n'ai plus beaucoup de temps libre. Et je suis un être humain. J'ai besoin de dormir ! Quant à la raison principale, elle est toute simple. C'est pour ma sécurité et celle de ma famille ! On ne sait jamais, si un jour, un client s'avère être un taré ! C'est déjà facile de traquer les gens grâce aux réseaux sociaux. Alors je ne compte pas faciliter la tâche en les amenant directement chez moi.

Sauf que aujourd'hui, je n'ai pas le choix. Mon donjon est inaccessible. Une panne électronique empêche la porte d'accès de s'ouvrir. Le digicode a un souci. Le propriétaire est sur l'affaire. Mais j'ai une séance aujourd'hui. J'ai besoin d'un espace pour bosser ! Et mon client du jour ne peut pas me faire venir chez lui. Sa femme n'est pas au courant qu'il aime mettre être dominé.

Cette semaine, je suis toute seule à la maison. Maman est en voyage à Adelaïde pour voir des clients. Ma cousine est partie un mois en voyage en Asie. Du coup, je fais venir mon client à la maison. Je l'ai ligoté, je lui ai bandé les yeux et je l'ai mis dans le coffre de ma voiture. Comme ça, je suis certaine qu'il ne localise pas l'adresse de la maison. Après, je ne crains rien ! Mon client, c'est Hari ! Mon bon vieux Hari ! Mon tout premier client, ma bonne pâte. Celui qui vient me chercher n'importe où, n'importe quand, chaque fois que j'ai besoin d'être récupéré quelque part. Je claque des doigts, et il est là ! Je me demande parfois comment il justifie tout ça à sa femme.

J'ai récupéré Hari à la sortie de son travail. Il m'attendait avec un sac rose. Un cadeau pour sa Maîtresse, apparemment. Dedans, il y a un magnifique coffret de produits de beauté. J'adore les cadeaux ! Mais cela ne me rendra pas plus clémente pour autant. Hari le sait. Et je suis certaine que ce cadeau a justement pour objectif de me rendre encore plus sévère que d'habitude. Le petit filou ! Il me connait bien !
Sauf que je n'utilise pas la moitié des produits de la boite. Je sais ! Je vais les partager avec Noa !
Je récupère le sac sans dire un merci et le mets sur le siège arrière. Je fais entrer Hari dans le coffre, je le masque et lui ligote les mains. Il commence déjà à sourire bêtement. Il lui en faut peu ! Je referme le coffre et m'installe derrière le volant. Je sors mon téléphone et écrit un SMS à Noa. Rien de mieux qu'une amie et une Beauty Box pour passer une bonne soirée entre filles ! Il y aura bien sur Netflix un film intéressant à regarder pendant que nos masques hydratants feront leur travail !

J'adore Noa ! Je ne pensais pas pouvoir m'entendre aussi bien avec une autre fille que ma cousine. La plupart de mes amis sont des mecs. Je sais, c'est louche ! Mais en plus d'être une voisine, Noa est une super amie ! Un coup de mou ? Un SMS et elle est là ! Un ragot sur le quartier à partager ? Noa est là ! Du shopping, c'est avec Noa ! Malgré notre petite différence d'âge, on s'entend vraiment bien ! Il nous est déjà arrivée de nous râler dessus, c'est normal ! Mais jamais de prise de becs ! Elle est géniale !
Je me souviens quand on est croisée pour la première fois dans le quartier, je crois qu'elle m'avait vu me battre avec un chat qui faisait mes poubelles. Elle avait bien ri. Pas moi, car le chat avait gagné la bataille...

Une fois arrivée à la maison, je traîne Hari jusque dans le salon et je pose la Beauty Box dans la cuisine. Je donne à Hari l'ordre de ne rien dire et de reste assis par terre comme un brave chien. Il est toujours ligoté, bâillonné et les yeux bandés. Puis je monte me changer. J'aime bien le laisser poireauter.

C'est en tenue de Maîtresse Maze que je descends l'escalier en silence. Je surgis dans le salon en criant "bhou". Hari fait un bond, je suis morte de rire ! Je lui ai retiré les liens, le bâillon et le bandeau. Je lui arrache l'intégralité de ses vêtements et lui offre un tablier de servante pour seul habit.
"Au boulot !" m'exclamai-je en lui jetant un chiffon à ménage. "Et je ne veux plus voir un grain de poussière !" ordonnai-je en faisant claquer une cravache sur la table basse.
Avec un thé dans une main et ma cravache dans l'autre, je m'affale sur le canapé qui se trouve sous la fenêtre. Fenêtre à laquelle j'ai complètement oublié de tirer les rideaux !
Si j'ai tout bien calculé, j'ai le temps de dominer Hari , l'abandonner à un arrêt de bus quelconque et prendre une douche avant que Noa arrive, une fois sa journée de travail terminée. Sauf que je n'ai pas pensé qu'un imprévu pouvait bouleverser mes calculs !

Léonie Tremblay

Spoiler:

Aujourd’hui j’étais en formation, et si j’étais censée finir assez tard, c’était sans compter sur le formateur qui devait se barrer à toute vitesse parce qu’il avait personne pour récupérer ses gosses à la sortie de l’école. Nous voilà donc libéré à 15h pour le reste de la journée. J’avais l’impression d’être cette gamine qui pouvait quitte tôt le collège parce qu’un prof était malade. La journée était à moi mais j’avais à peu près aucune idée de ce que je pouvais bien faire à une heure pareille. Deux, trois magasins ne seraient pas de trop même si j’avais besoin d’absolument rien ce moment. Peut être que ce serait plus raisonnable d’aller à l’association pour reprendre deux trois dossiers en main ? Franchement, non, j’avais pas envie. Bon, j’allais rentrer et ensuite, une fois posée je verrai bien ce qui me branchait plus. Sur la route, je reçois un message de Léonie, ma voisine, devenue carrément une amie à force de se côtoyer. S’il y avait bien une chose importante dans la vie : bien s’entendre avec ses voisins et si on pouvait en faire des amis, il n’y avait pas mieux encore. Ca avait commencé par une guerre acharnée entre un félin et elle le jour où les poubelles jonchaient le sol peu de temps avant le passage des ripeurs. J’avoue que ça m’avait particulièrement fait rire mais beaucoup moins de son côté. Je lui avais proposer de venir nettoyer les griffures chez moi, ignorant qu’en réalité, on habitait l’une à côté de l’autre. La fois suivante, je m’étais rendu chez elle demandant des œufs alors que j’étais en pleine recette d’un gâteau aux chocolat – j’avais presque mélangé tous les ingrédients – avant de me rendre compte qu’il me manquait ça… elle m’avait sauvé la vie en acceptant de m’en donner. J’étais passée plus tard pour lui donner une part restante, c’était le minimum et de là, tout s’était enchainée.
Je profites d’être à un feu rouge pour lire son sms et lui réponds avec entrain, je savais ce que j’allais faire à présent : aller chez mon amie pour tester des produits beautés et avant ça, j’allais passer prendre une tarte aux fraises pour dévorer devant Netflix pendant que les produits poses. Je m’en frottais les mains. J’étais partie du principe qu’elle était disponible maintenant… sans avoir de réponse de sa part, mais je n’étais pas forcément étonnée, contrairement à moi, son téléphone n’était pas une extension de ses membres. Et au pire, si elle n’est pas chez elle tout de suite, j’irai patienter chez moi jusqu’au top départ.
Je me gare dans ma cour et sort avec ma boite de pâtisserie dans les mains, direction trente mètres plus loin. Je frappe à sa porte et comme d’habitude, je n’attends pas une réponse pour entrer. A force, nos habitations respectives étaient devenue des annexes de l’une et l’autre. « C’est moi ! » la porte étant ouverte, je m’annonce quand même pour pas la faire flipper. Je vire mes pompes dans l’entrée et je me dirige directement vers le salon et là… je lâche la boite blanche qui s’écrase par terre et je reste bouche bée. «Oh !! » qu’est ce que j’vois ? Je me rabaisse pour récupérer la tarte. « Je repasse ! » merde Noa, t’aurai du attendre sa réponse !! « A tout à l’heure ! » je sais pas si j’ai envie de rire après avoir vu ca ou si j’ai envie de flipper. Non flippe pas, chacun ses délires, t’es juste arrivée au mauvais moment…

Let's drop the act !

Feat Noa Jacobs & Léonie Tremblay

Je peux officiellement ajouter une nouvelle raison à la règle numéro 1 : se faire surprendre par les amis. Et pire : par une amie proche !

Mon plan était pourtant parfait. Tout chronométré, bien synchronisé. Je n'ai pas imaginé ça. Noa en avance. Elle devait être de formation aujourd'hui ! Et je n'ai pas vu son SMS sur mon téléphone. Elle arrive pour le goutter. Quelle poisse ! J'ai honte. J'étais tellement occupée à martyriser Hari que je n'ai pas fait attention à mon téléphone ni à l'heure ! Je me sens tellement ridicule. Qu'est-ce qu'elle va penser de moi ? Je porte ma tenue en latex en plus ! Mais quelle idée j'ai eu de faire venir Hari ici ! Ho... Hari...

J'ai honte pour Hari aussi. Non, rectification. J'ai honte DE Hari. Hari n'a pas honte du tout. Cet abruti fait le fier devant Noa alors qu'il ne porte qu'un tablier. Je toussote et je lui jette un regard significatif. Il a compris parce qu'en un éclair, il avait enfilé ses vêtements et prit la poudre d'escampette en se faufilant dans la porte entrouverte. En passant près de Noa, il me dit : "Au revoir, Maîtresse. Merci Maîtresse !"
Je cache mon visage entre mes mains et me lève finalement d'un bond. Mais il ne peut pas se la fermer cet idiot !
Je cours vers Noa et la rattrape avant qu'elle ne parte.

"Je peux tout t'expliquer, Noa ! Ce n'est pas ce que tu crois, il n'y a rien de sexuel... Enfin si... pour lui... Mais pas pour moi. Je reste habillée, je ne mets pas mes mains n'importe où, ni rien d'autre !" dis-je à vitesse grand V tandis que j'ai encore ma cravache en main. Qu'est-ce que je raconte ! Bien sûr que c'est sexuel ! Une Dominatrice, c'est dans l'univers des travailleurs du sexe. Même si je ne me considère pas comme tel. Je trouve que nous sommes vraiment différentes !

Je referme la porte avant qu'elle ne sorte. Je vois la boite à gâteau cabossée. Pauvre gâteau ! Je reconnais la boite. Je sais ce qui m'attend dans cette boite : mon estomac va prendre son pied. Enfin non. Il ne risque pas, vu la situation !
Bon sang j'ai chaud ! Je dois être toute rouge. Je tremble comme une feuille. Pourquoi est-ce que j'ai aussi honte ! Je pensais mieux assumer que ça mon activité. Quoi que... je l'assumerais vraiment, je ne le cacherais pas à tout le monde, ou presque tout le monde. Je l'assumerais vraiment, j'arrêterais de bosser à l'hôpital pour ne faire que ça. Surtout que je peux en vivre.
"Je..." J'avale difficilement ma salive et réessaye de le dire. "Je suis..." Il faut que ça sorte. "Je suis une Dominatrice ! Des gens me payent pour les dominer !" Je lui offre mon plus beau visage de Chat Potté à la Shrek. J'essaye de faire les yeux larmoyant. De faire la moue, de l'implorer du regard. J’espère que mon visage parle et lui dit de ne pas partir. Et aussi de me montrer comment est le gâteau.
Je lui montre le canapé du doigt. Je lui fais des signes de tête pour qu'elle s'approche du salon.
"Il n'y a rien eu de compromettant sur ce canapé. A moins que ma mère et ma cousine cachent aussi des choses... mais je suis au courant de rien."

Léonie Tremblay

J’me met à la place de Leonie, j’ai l’impression que celle qui sera le plus gênée de nous deux, c’est elle. Enfin j’en sais rien mais comme elle m’a jamais vraiment parlé du fait d’aimer le latex et les délires sado maso… j’étais peut être pas censée le voir aujourd’hui. Ah, ca m’apprendra à entrer chez les gens comme dans un moulin… mais c’était aussi notre mode de fonctionnement. Pourquoi t’as pas fermé ta porte ? Bon, j’me retrouve avec ma tarte aux fraises que j’ose même pas regarder… j’espère qu’elle a pas pris trop cher. J’m’en fou, ca se mangera quand même et elle est dans son carton, c’est pas comme si elle était tombée directement par terre…
Le mec avec qui Leonie était me passe devant « Au revoir, Maîtresse. Merci Maîtresse ! »Maitresse ? What ? Putain j’ai aucune idée de comment réagir. J’crois que j’ai envie de rire, j’me contente de sourire… un sourire franc. J’ai envie de me cacher. Mais quelle cruche. Et Léonie semble me courir après, j’me retourne et à voir sa tête, je confirme, elle est bien plus gênée que moi. « Je peux tout t'expliquer, Noa ! Ce n'est pas ce que tu crois, il n'y a rien de sexuel... Enfin si... pour lui... Mais pas pour moi. Je reste habillée, je ne mets pas mes mains n'importe où, ni rien d'autre ! » J’comprends rien, elle se justifie, elle s’explique mais ouais, je comprends rien. « Pas sexuel… » je fais les gros yeux genre, te fou pas de moi meuf… j’hausse les épaules, ca m’fait beaucoup trop marrer. « Je suis… Je suis une Dominatrice ! Des gens me payent pour les dominer ! » Je reste de marbre, c’est pas vrai… si je l’avais pas vu de mes propres yeux, je l’aurai absolument pas cru. «  tu t’fou de moi ? » que je demande parce que j’ai besoin d’une nouvelle confirmation, même si je peux que la croire à ce propos… « Attends… » je fais demi tour, j’ai un milliers de question à lui poser là…
On va dans son salon à nouveau et elle me fait rire avec sa remarque sur le canapé. « Si le canapé te fais flipper, viens pas chez moi… » je dis en riant, il s’en est passé des choses sur celui-ci ! «J’ai besoin de m’assoir… » je pose la tarte sur la table et pose mon cul sur le canapé. « J’ai loupé quel épisode, en fait ? Depuis quand tu fais ça ? C’est bien payé j’espère… » y avait peut être un business a lancer...

Let's drop the act !

Feat @Noa Jacobs & Léonie Tremblay

Pour plus de tranquillité, je ferme la porte à clé dès que mon client franchit la porte On ne sait jamais ! Je ne me vois pas me faire humilier une seconde fois dans la même journée. Le pire, ce serait Hari qui réapparaît pour récupérer ce qu'il aurait potentiellement oublié. Ce serait tout lui. D'ailleurs, en pensant à lui, il faut que je règle ce souci plus tard. Qu'il comprenne bien l'interdiction de revenir ici.
Mais ma priorité reste mon amie Noa.
Je lui dois des explications. Et je pense qu'il y a pas mal de choses qui vont avoir un sens maintenant. Comme le fait que j'ai deux téléphones portables. A moins qu'elle n'ait jamais remarqué que parfois, je réponds à des SMS sur un autre téléphone. Ou que j'ai pu m'acheter une voiture neuve un peu chère pour mon salaire d'infirmière. J'avais dit que mes économies y sont passées et que je me suis permise un petit crédit. C'était mon excuse pour tout le monde. Maman l'a gobé. Ma cousine a levé les yeux au ciel. Avouons-le ! Quelle infirmière célibataire pourrait se payer une voiture hybride neuve ?

Noa a beaucoup de questions et je veux bien la croire. Il va de soi que je répondrai à tout. Sans prendre de gants, s'il le faut. Je la suis jusqu'au canapé et m'assoie à côté d'elle. J'ai l'impression que cette découverte la préoccupe quand même un peu.  Elle me demande si c'est bien payé. "Bien payé ? Vois-tu... ça l'est suffisamment pour me payer ma voiture cash." avouai-je doucement. J'ai presque honte d'autre chose maintenant. Pas d'être prise la main dans le sac. Mais honte de pratiquement pouvoir en vivre. "Je fais ça depuis longtemps maintenant. Depuis avril 2016. Au début, c'était juste pour Hari, le mec que tu viens de croiser. Mais depuis que j'ai quitté les urgences l'année dernière, depuis que mon travail à l'hôpital est moins lourd, j'ai développé cette activité annexe. C'est Hari qui m'a envoyé des amis à lui, des collègues. Puis des amis des amis sont venus. Et maintenant, j'ai quasiment une séance de domination par jour de repos et quelques unes en semaines."

Je me mordille les lèvres et regarde mes pieds. J'ai l'impression d'être une gamine qui se fait gronder après avoir été prise en train de piquer dans le porte-monnaie de sa mère. Ben en fait, j'ai l'impression de revenir vingt ans en arrière ! Quand j'ai vraiment piqué de l'argent à ma mère et que j'ai été prises littéralement la main dans le sac.
"Ma cousine sait. Elle a trouvé quelques outils de travail. Maman ne sait pas. Donc tu es la seconde personne au courant. Jusqu'à maintenant, j'essaye de garder ça secret. Ce n'est pas le genre de chose facile à révéler. Ce n'est pas non plus le genre de chose bien vue. Quand tu te fais trainer de prostituer, tu évites de l'ébruiter. "

Au début, je trouvais ça amusant de me faire traiter de pute quand, le soir, je me promènes avec des jambières et un imperméable. Même si dessous je suis habillée, les gens font vite des amalgames. Au début, j'avoue que c'était drôle. Mais avec le temps, cela me met en rogne ! Vraiment très en colère. Je ne me sens pas comme telle ! Des nouveaux clients ont aussi osé me dire que j'en suis une. De suite, je m'en débarrasse. Et j'abandonne la personne qui m'a envoyé ce con aux idées reçues. "Une Dominatrice ne vend pas son corps. Elle vend son talent pour dominer les autres et leur apporter ce que la société ne leur offre pas. Tu n'as pas idée du nombre d'hommes qui me demande de les faire pleurer comme des mauviettes. Rien que pour échapper aux carcans de la société, qui veut faire d'eux des hommes virils et puissants. Il y a vraiment une femme en chaque homme et ils cherchent tous à la découvrir." révélai-je à Noa. "Que veux-tu savoir ?"

Mine de rien, je suis assez fière de libérer ces hommes, et même parfois ces femmes, de la pression qu'ils ont sur leurs épaules.

Léonie Tremblay

Mais oui ! La voiture … j’avoue qu’à par me dire qu’elle avait une sacrée veine d’avoir pu se payer une si belle voiture, j’ai pas cherché bien loin à savoir comment elle aurait pu la financer. Un crédit c’est vite fait et c’est assez commun… rien de bien étonnant, bien qu’en effet, c’est pas un modèle qui cours les rues. « cash… » en plus. J’en reviens pas. Je lui dis alors en riant. «J’vais me foutre à mi-temps au taf ! » quelle grande gueule j’étais, incapable de faire ce qu’elle faisait. J’avais une image sans doute totalement fausse suite à ce que je venais de voir et pour ne me faire aucune illusion à son sujet et ne pas me permettre de juger, forcément, je devais en savoir plus… « Ma cousine sait. Elle a trouvé quelques outils de travail. Maman ne sait pas. Donc tu es la seconde personne au courant. Jusqu'à maintenant, j'essaye de garder ça secret. Ce n'est pas le genre de chose facile à révéler. Ce n'est pas non plus le genre de chose bien vue. Quand tu te fais trainer de prostituer, tu évites de l'ébruiter. » étonnant que sa mère soit pas au courant. On m’a toujours dis que les mères avaient le flaire pour sentir ce genre de petit secret. J’en ai pas vraiment, j’ai jamais pu vérifier mais un truc me dit qu’elle préfère peut être fermer les yeux plutôt que d’affronter la vérité. J’crois que si un jour ma fille me dit qu’elle est travailleuse du sexe… j’peux le prendre assez mal. C’est con sans doute, et j’me dis que Léonie a raison de faire ça si elle le souhaite mais j’aurai juste pas envie que ma fille le fasse.
J’me sens presque honorée maintenant de faire partie du cercle très serrée de celles qui savent… même si, c’est pas une annonce officielle et en bonne et due forme. J’ai quand même pris Léonie en flagrant délit. J’comprends qu’elle se sente mal à l’aise ,d’ailleurs, elle a l’air d’une vraie gamine prise la main dans l’sac. «promis, ca restera entre nous ! » j’trouvais ça bien trop risquer d’aller le répéter à quelqu’un en réalité. J’imagine que c’est le genre de taf pas cent pour cent sécure… j’ai pas envie qu’à cause de moi il puisse lui arriver quelques choses. Parce que si les hommes qui faisaient appel à elle avait besoin d’elle, j’pourrais mettre ma main à couper que certains pourraient avoir de mauvaises intentions. J’espère qu’elle garde ça en tête et qu’elle est très prudente. Déjà qu’elle fasse ça chez elle… pas terrible. Merde, je commence à juger ! « Une Dominatrice ne vend pas son corps. Elle vend son talent pour dominer les autres et leur apporter ce que la société ne leur offre pas. Tu n'as pas idée du nombre d'hommes qui me demande de les faire pleurer comme des mauviettes. Rien que pour échapper aux carcans de la société, qui veut faire d'eux des hommes virils et puissants. Il y a vraiment une femme en chaque homme et ils cherchent tous à la découvrir. » Faudrait qu’à l’occasion je demande à Andy s’il cherche lui aussi à trouver la femme qui est en lui mais j’crois que j’ai mon idée : il l’a trouvé depuis longtemps. « Que veux-tu savoir ? » déjà ses explications m’ont semblé être assez claire. Mais quand j’la vois dans sa tenue entrain de me parler très sérieusement, j’avoue que la sensation est étrange. « ça t’arrives jamais que des nanas te contactent ? » après tout, pourquoi il n’y aurait que les hommes qui voudraient pleurer ? Le délire masochisme ca peut aussi plaire aux nanas surtout depuis Christian Grey. « Pour tout te dire, j’trouve ca extrêmement … courageux ! T’as jamais eu peur ? » j’crois que j’ai plutôt tendance à penser à ce qui pourrait lui arriver de pire.

Let's drop the act !

Feat @Noa Jacobs & Léonie Tremblay

Je commence à me sentir un peu mieux. Moins tendue et moins honteuse. Je suis rassurée de voir Noa plus curieuse que juge de mon activité. Cela me donne un sentiment de respect. Venant d'une très bonne amie, on pourrait trouver ça logique. Mais en fait, ce genre de découverte peut, à mon avis, changer la donne dans une amitié. J'ai la sensation que cela ne va pas être le cas. Je sens que, au contraire, cela peut ajouter un petit bonus à notre amitié. Une nouvelle forme de complicité. Je le sens, et je l'espère vraiment !
Sinon, elle ne me questionnerait pas de cette façon. Je ne sens pas sa curiosité comme étant malsaine ou teintée de préjugée.

"Des nanas ?" répétai-je. Je marque un temps bref de réflexion et commence un rapide calcul dans ma tête. "Si je ne dis pas de bêtise, les femmes forment un tiers de ma clientèle. Il y en a pas mal, après réflexion." Au début, je n'avais que des hommes. "La première femme m'avait contacté pour son mari, à la base. Et finalement, c'est elle que je vois pendant les séances."
C'est assez surprenant comme démarche. Quand cette femme m'a contacté, j'ai tombé des nues ! D'abord parce que je recevais une femme dans mon donjon. Ensuite parce qu'elle venait pour son mari. Puis parce qu'elle voulait le voir se faire dominer. A ce moment, je me suis demandée si son mari voulait vraiment de ces séances. Au final, j'ai vu juste. Toutefois, je ne m'attendais pas à voir sa femme prendre la place du dominé.

Noa trouve mon activité courageuse. Je ne sais pas si c'est du courage. Une chose est certaine, c'est inconscient de le faire seule.  "J'ai déjà eu peur, oui. J'ai déjà eu affaire à des types difficiles à contenir."
Je me suis déjà fait quelques peurs. J'avoue.

"Tu sais, j'ai même songé à prendre un binôme. Comme la partenaire du magicien. Qui est là pour seconder le magicien.  Je me suis dit que l'aide d'un homme assurerait ma sécurité. Mais je ne crois pas que les hommes dominés accepteraient d'être vu par un autre homme en train de se faire dominé. J'ai donc songé à une nana. Sauf que..."

Sauf que... qui ? Je ne vais pas mettre une annonce dans le journal : Dominatrice recherche assistante pour la seconder dans ses séances BDSM, pour aider dans la gestion de l'agenda des rendez-vous et dans l'entretien du donjon.
"Ce n'est pas évident de faire ce genre de recherche. Et qui accepterait de travailler pour une Dom ? Mine de rien, il faut être pas mal disponible. Car j'ai de plus en plus de client. Je fais parfois des dominations surprises en dehors des séances programmées. Je n'en suis pas encore au point d'ouvrir un bureau de la Domination. Quoi que... mon donjon commence à se faire petit. "

Je regarde la boite du gâteau et je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer son contenu. Est-il abîmé ? Même cabossé, ce gâteau doit être bon ! Je me lève et file chercher assiettes et couverts dans le buffet. "Tu veux boire quoi avec le gâteau. J'allais te proposer un thé ou un café. Mais peut-être une boisson plus forte ? "

Léonie Tremblay

Okay, donc c’est pas uniquement les gars qui la sollicitent, mais y a aussi des femmes. Alors, là, j’avoue être surprise. J’étais persuadée que les femmes qui recherchaient à être dominée se tourneraient davantage vers les hommes mais en fait, j’en ai aucune idée. J’me suis jamais penchée sur la question parce que j’avoue que c’est pas forcément quelques chose qui m’atire. J’suis assez conventionnelle quand on y réfléchit. Okay, j’peux autant coucher avec des femmes que des hommes mais après, j’suis pas dans l’excentrisme. J’ai jamais fais des choses très folles concernant le sexe. « Si je ne dis pas de bêtise, les femmes forment un tiers de ma clientèle. Il y en a pas mal, après réflexion.La première femme m'avait contacté pour son mari, à la base. Et finalement, c'est elle que je vois pendant les séances. » Et je bois ses paroles tellement je trouve ça fascinant et curieux. Donc, des femmes appelles Léonie pour dominer leurs maris… et les regarder faire. Okay… j’suis vraiment très loin de tout ça. « C’est fou… » ca me parait fou en tout cas. Je souris, elle doit quand même avoir envie de rire parfois, c’est pas possible autrement. « et t’arrives à être sérieuse ? Tout l’temps ? T’as jamais envie de rire ? Tu peux pas, ca décrédibilise tout… » ou alors, elle est toujours très concentrée et là, chapeau bas !
Mais forcément, y a aussi des gens malades qui font ça sans doute dans un esprit malsain plus que pour vraiment le côté sado maso, d’avoir envie d’avoir juste mal. Moi je suis pas comme ça, je supporte déjà rarement les claques sur le cul… alors un coup de fouet. Nop. « J'ai déjà eu peur, oui. J'ai déjà eu affaire à des types difficiles à contenir. » et elle est toute seule pour ça, j’trouve ca quand même risqué. « Tu sais, j'ai même songé à prendre un binôme. Comme la partenaire du magicien. Qui est là pour seconder le magicien. Je me suis dit que l'aide d'un homme assurerait ma sécurité. Mais je ne crois pas que les hommes dominés accepteraient d'être vu par un autre homme en train de se faire dominé. J'ai donc songé à une nana. Sauf que... Ce n'est pas évident de faire ce genre de recherche. Et qui accepterait de travailler pour une Dom ? Mine de rien, il faut être pas mal disponible. Car j'ai de plus en plus de client. Je fais parfois des dominations surprises en dehors des séances programmées. Je n'en suis pas encore au point d'ouvrir un bureau de la Domination. Quoi que... mon donjon commence à se faire petit. » Une assistante… ou un assistant. « j’suis sûre que quelqu’un qui est vraiment en recherche d’un taf pour payer ses factures, il serait pas regardant. Mais j’imagine que tu peux pas confier ce genre de taf à n’importe qui, faut de la confiance quoi… » imagine on t’envoie un taré pour la défoncer. « Si j’étais pas en pleine formation et avec un taf qui me prenait autant de temps, j’pense que j’me serai proposé. » ca doit pas être désagréable comme taf. Prendre des rendez vous, gérer les envies des gens, ca me ferait marer aussi je crois, alors que c’est pas le but. Faut être sérieux quand même, j’veux pas que Léonie pense que j’prenne tout ça à la légère. «Tu veux boire quoi avec le gâteau. J'allais te proposer un thé ou un café. Mais peut-être une boisson plus forte ? » ah mais oui, la tarte, je l’avais presque oublié. « c’est une tarte aux pommes ! » j’ouvre la boite en craignant le pire à l’interieur mais finalement, ca allait, elle était juste cassée en deux, rien de grave. « ah, ca va, je m’attendais à avoir de la compote… » je pousse un peu la boite au milieu de la table. « j’veux bien un thé oui, à la menthe, celui de l’autre fois ! »

Let's drop the act !

Feat @Noa Jacobs & Léonie Tremblay

La stupeur de Noa après m'avoir prise sur le fait laisse maintenant place à la stupéfaction sur ma clientèle. J'avoue que moi aussi, quand je fais ma comptabilité, je suis souvent surprise par mon pourcentage de client féminin. Oui, je tiens une comptabilité ! J'ai un business sérieux ! Un business clandestin, mais mes affaires sont florissantes, très lucratives... Merveilleuse, même !
Tout ça, c'est très sérieux pour moi. Même si ce n'est pas toujours facile de garder mon sérieux. Combien de fois j'ai eu envie d'éclater de rire lors d'entretiens de découverte. Quand je rencontre pour la première fois un potentiel client et qu'il m'avoue avoir un fantasme bizarre qu'il souhaite assouvir. Car mon job, ce n'est pas que dominer. C'est aussi permettre à des gens d'assouvir leur fantasme les plus tordants.
"Oui, parfois c'est dur de ne pas rire. Cela peut en effet décrédibiliser la séance. Parfois, j'aide des gens à répondre à un fantasme, sans forcément faire de la domination. Des fantasmes qui revêtent pour eux un caractère sexuel la plupart du temps. Sans rien de sexuel pour autant. Par exemple, j'ai un client qui m'a avoué penser aux combats de pingouins quand il fait l'amour avec sa femme. Mais il n'ose pas lui en parler. Il m'a demandé à demi mots s'il pouvait se déguiser en pingouin. J'ai accepté à condition qu'il loue le costume et paye double tarif. Il a loué des costumes et j'ai payé un dominateur que je connais pour faire le combat avec le client. Je l'ai payé avec la moitié de ce que mon client m'a donné pour la séance. Mon client a pu faire un vrai combat de pingouin, pendant que je filmais. Figure-toi que la séance suivante, mon client m'a avoué avoir dû acheter le costume de pingouin parce qu'il a joui dedans et qu'il ne pouvait plus le rendre aux magasins de costumes tellement il avait honte. Je me mordais les joues pour ne pas rire quand je filmais mais aussi quand il m'a avoué ça. Je crois que..."
Je me lève et attrape pour téléphone de Dominatrice. Je farfouille dans les vidéos. Oui, je garde tout ! Cela peut toujours être utile pour faire pression sur un client qui devient menaçant. Je trouve la vidéo ! !
"Est-ce que tu veux voir le combat de pingouin ? Je vais faire bouillir l'eau, tu peux regarder si tu veux."

Je laisse le téléphone avec la vidéo à l'écran, prête à être lancée, et je m'éclipse en cuisine pour mettre la bouilloire sur le feu. Je prépare un plateau avec deux tasses, deux assiettes, du sucre et des couverts pour manger la tarte aux pommes. Je retourne au salon avec le plateau et me réinstalle dans le canapé.
Noa m'avoue qu'elle aurait accepté de m'aider si elle le pouvait. Je souris. Evidemment qu'elle m'aurait été si je lui en avais parlé. Elle est comme ça, Noa, en amitié. Elle aide ses amis !
"Je pense que je vais me pencher sur une annonce. Je me demande même si je ne vais pas officialiser tout ça auprès de ma mère. Et faire du libéral au lieu de travailler à l'hôpital. Comme ça, je peux faire mi-temps infirmière, mi-temps Dom. Si ça marche, je recrute une assistante et je loue un vrai bureau. Et si cela ne fonctionne pas, je peux toujours faire un temps complet en libéral ou retrouver un job dans une clinique. J'ai de plus en plus envie de donner davantage de temps à mon activité secrète. Et j'ai du mal à continuer de garder le secret dessus. T'as pas idée du bien que ça me fait de pouvoir en parler avec toi, maintenant que j'ai été prise sur le fait !"

Je souris. Le hasard a bien fait les choses aujourd'hui ! Le bruit de la bouilloire qui siffle m'appelle. Je vais en cuisine et remplie la théière d'eau chaude. Je mets le thé à la menthe à infuser dans le filtre et reviens auprès de Noa avec le précieux liquide.

"Et si mon business explose, je m'offre une pub télévisée. Tu sais, comme les pubs des concessionnaires automobiles, avec leur grosse mascotte dégueulasse et leur blonde siliconée !"

J'éclate de rire. Ces pubs sont vraiment ridicules !

Léonie Tremblay

Spoiler:

j’suis du genre ouverte, très ouverte comme nana, j’veux bien tenter de nouvelle expérience et être tolérante sur les pratiques des uns et des autres mais je pense sincèrement que ces pratiques la ne sont pas faites pour moi. Cependant ça m’intrigue reellement et j'ai une image tellement sage de Léonie que ça contraste tout. C’est genre le jour où la nuit. Si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux je n’y aurai pas cru, et pourtant tout était bien réel, j’avais vu ce mec au milieu de son salon et Léonie dans sa tenue. Peut être que je pose trop de question j'en sais rien mais elle y répond et j'suis encore loin de penser à tout ce qui peut traverser l'esprit des gens… un costume de Pingouin… vraiment ? J’en reviens pas de ce que j’entends. C’est drôle, dégueu et flippant. « j'y crois pas… » c’est impossible.. "Est-ce que tu veux voir le combat de pingouin ? Je vais faire bouillir l'eau, tu peux regarder si tu veux." Je prends son télephone en m'attendant à voir des vrais Pingouins , quelle se moque juste de ma naïveté mais je regarde cette vidéo Et voila que je veux deux adultes déguisés qui se battent... « mais non ! » je repose le téléphone en ayant peur d'en voir plus, il se passe encore rien de sexuel mais je sais pas ce que reserve l'autre partie de la vidéo et je suis pas prête pour ça. J'attends qu’elle revienne, le temps de m'en remettre. « Je comprends pas ce qu’il se passe dans la tête de certaines personnes… d’où peuvent venir ces fantasmes improbables. J’veux dire, le dominant dominé c’est un grand classique, je comprends. Mais la les Pingouin… les gens normaux veulent faire l’amour sous une cascade, dans les bois, faire des plans à trois… mais pas ça ! » Et j'imagine qu’elle doit avoir d'autres exemples dans le genre. J’ai pas tellement envie de savoir. Ou je sais pas …
Je prends ma tasse de thé après l'avoir remercié et l'ecoute à propos de ses projets. "Je pense que je vais me pencher sur une annonce. Je me demande même si je ne vais pas officialiser tout ça auprès de ma mère. Et faire du libéral au lieu de travailler à l'hôpital. Comme ça, je peux faire mi-temps infirmière, mi-temps Dom. Si ça marche, je recrute une assistante et je loue un vrai bureau. Et si cela ne fonctionne pas, je peux toujours faire un temps complet en libéral ou retrouver un job dans une clinique. J'ai de plus en plus envie de donner davantage de temps à mon activité secrète. Et j'ai du mal à continuer de garder le secret dessus. T'as pas idée du bien que ça me fait de pouvoir en parler avec toi, maintenant que j'ai été prise sur le fait !" Si je peux aider à la soulager d’une manière ou d’une autre. Tant mieux, moi je mettrai peut être un peu de temps à me remettre de tout ça
"Et si mon business explose, je m'offre une pub télévisée. Tu sais, comme les pubs des concessionnaires automobiles, avec leur grosse mascotte dégueulasse et leur blonde siliconée !" Je ris. « la pour la pub j’veux bien faire figuration ! Je suis pas blonde mais j'peux porter une perruque ! Et pour le silicone on s’arrange ! * » Je rigole « pas sur que mes bosses apprécient me voir dans ce genre de pub non plus ! » ça fait mauvais genre chez les Beauregard. « j'etais tellement à mille lieux d’imaginer tout ça… comment tu compte l'annoncer à ta mere du coup ? J'trouve que c’est encore plus dure que quand j'ai dis à ma famille que j'etais bi ! »

Spoiler:

Let's drop the act !

Feat @Noa Jacobs & Léonie Tremblay

Quand je reviens, je vois bien que Noa a vu la vidéo. Son visage est clair. Elle a regardé et elle doit penser à des choses différentes. Peut-être même très contradictoires. Peut-être oscille-t-elle entre curiosité et malaise. Roxanne a été comme ça, aussi. Quand ma cousine a su et vu la première fois. Les pingouins l'avaient laissée perplexe. Il faut dire qu'on ne s'attend pas à voir deux adultes déguisés faire des combats de pingouins. C'est un peu plus dérangeant que deux adultes en costume de sumotori qui luttent l'un contre l'autre.

Sa remarque sur les fantasmes est logique et compréhensible. Oui, on s'attend à des fantasmes comme le dominant et le dominé. Faire l'amour dans une cabine d'essayage dans un magasin de fringues... dans le coin sombre d'une ruelle. Au début aussi, j'étais perplexe. Mais je m'y suis faite. "J'ai moi aussi été surprise par les fantasmes bizarres de certaine personne. Mais au fil du temps, je suis moins dubitative. Je me dis, peut-être à tord, que c'est comme un jeu de rôle. Tu sais, le truc de l'infirmière et du patient. Du patron et de sa secrétaire. Des couples se déguisent pour leurs parties de jambes en l'air. J'essaye encore de me convaincre que c'est la même chose, mais sans sexe."

Oui. J'essaye encore de me convaincre. Mais même en disant cela à Noa, je ne me sens pas convaincue par mes propres paroles.

Je rigole avec Noa sur ma blague publicitaire. Ce serait franchement drôle, de voir ce type de pub à la télé. Entre une pub pour la nouvelle Barbie et pour un désodorisant pour WC. Je crois que j'en serai morte de rire !
"T'inquiète pas, ce n'est pas les déguisements qui manquent ! Je mettrai même les pingouins en fond derrière moi tout en latex, qui vante les mérites d'une bonne flagellation."
J'éclate de rire tout en mimant le geste.

Je perds mon rire et mon sourire quand Noa me parle du fait d'apprécier ce genre de pub et encore plus quand elle demande comment je compte l'annoncer à ma mère.
"Pas grand monde apprécierait ce genre de pub. Quant à ma façon de l'annoncer à ma mère, j'ai envisagé plusieurs scénario. Avec l'aide de ma cousine. Si elle veut bien m'aider. Je me suis dit que je mettrai une tenue de dominatrice pas trop hard. Et je lui montre la vidéo des pingouins. Ou une vidéo similaire. Ce n'est pas ce qui me manque. Ensuite, j'avais pensé à un beau cadeau pour faire avaler la pilule."

J'esquisse de nouveau un sourire malicieux. "Sinon je refais la même chose qu'aujourd'hui ! Je fais revenir mon client pour qu'elle nous surprenne. Mais de façon intentionnelle, cette fois. "

Léonie Tremblay

  « J'ai moi aussi été surprise par les fantasmes bizarres de certaine personne. Mais au fil du temps, je suis moins dubitative. Je me dis, peut-être à tord, que c'est comme un jeu de rôle. Tu sais, le truc de l'infirmière et du patient. Du patron et de sa secrétaire. Des couples se déguisent pour leurs parties de jambes en l'air. J'essaye encore de me convaincre que c'est la même chose, mais sans sexe. » Ok.. donc, pas de sexe. C’est purement et simplement des fantasmes qui se réalisent mais sans sexe… « quand tu dis sans sexe, c’est genre, rien du tout ? Tu les touche pas, ils te touchent pas ? c’est uniquement un truc de dominant dominé, un coup de fouet de temps en temps et ca leur suffit ? T’as jamais personne qui a tenté d’aller plus loin ? » si c’est pas le cas, ca m’interroge… j’me dis que forcément, y a des gens qui peuvent se tromper, ne pas comprendre les règles… « j’espère que tu fais gaffe, sur les personnes avec qui tu fais ça… » parce que ça reste inquiétant et que des pervers sexuels, y en a même à Brisbane. « Si jamais il t’arrive un truc un jour, tu m’appelles, tu hurles, je sais pas, mais fais en sorte que quelqu’un puisse débarquer et vite. C’est pas plus mal que t’en parles à des gens, que certains soient au courant de ce que tu fais, je trouve ça rassurant… » j’pars tout de suite dans des idées noires, du glauque mais on sait pas, on sait jamais sur qui on peut vraiment tomber. Et c’est vrai que depuis l’année dernière, j’avais tendance à voir les mauvais côtés d’une situation bien plus rapidement qu’avant, j’étais toujours  optimiste mais j’étais plus balancée quand même.
L’image de cette pub avec Léonie en gros plan et des pingouins qui se dandinent derrière, ca m’fait marrer. J’pourrais pas m’empêcher de revoir cette vidéo en parallèle, mais c’est marrant. Mais je suis avant tout curieuse de savoir comment Léonie pourrait annoncer ça à sa mère. Et son premier scénario me laisse perplexe… autant dire qu’elle passerait pas par quatre chemins pour lui annoncer. « Sinon je refais la même chose qu'aujourd'hui ! Je fais revenir mon client pour qu'elle nous surprenne. Mais de façon intentionnelle, cette fois. » je souris, ça non plus, ca m’emballait pas comme genre d’annonce. « tu crois que ça passerait ? » je fais une légère grimace. « Ca reste ta mère, pas sûre qu’elle veuille de voir comme ça. Tu sais, y a un monde entre ce que le parents sont prêt à accepter, à entendre… et ce qu’ils sont prêt à voir vraiment. » et c’était pas que les parents. Ca pouvait être général en vrai. « Dis-lui, autour d’un café… apporte les gâteaux, evite juste de lui dire quand elle en mange un, histoire qu’elle s’étouffe pas. Faut glisser ça, naturellement… nan ? »

Let's drop the act !

Feat @Noa Jacobs & Léonie Tremblay

Quand Noa me demande confirmation pour le "pas de sexe, je me mets à hocher la tête de haut en bas à une vitesse folle ! Mon cerveau est comme dans un shaker. J'en ai presque le tournis ! Je comprends son besoin de confirmation. Roxanne m'a fait la même chose. En pire ! Roxanne était vraiment menaçante. Pire que ma mère ! D'ailleurs, comment serait-elle, en l'apprenant ? Serait-elle menaçante ou inquiète ? Les deux, sûrement.
"Pas de sexe, pas de tripotage. Je ne les touche pas. Sauf quand je les gifle.  Le contact physique s'arrête là. Et eux, ils ont interdiction de me toucher. Même ne serait-ce l'épaule. Il y en a bien qui ont tenté. Même une femme ! Mais je les refroidie vite. Et je les raye de ma clientèle, direct. Toutes limites dépassées, c'est l'exclusion d'office."

Pour rassurer davantage Noa, je sors mon téléphone personnel, cette fois. Pour lui montrer une nouvelle vidéo. Mais cette fois, pas de pingouin en pleine baston. Ce genre de vidéo, ce n'est que sur mon téléphone secret. Il s'agit en réalité du retour image de ma caméra de surveillance.
J'explique à Noa que la caméra est installée à l'intérieur de mon donjon. Qu'elle filme continuellement les lieux. Avec ou sans ma présence. Je lui explique aussi que j'ai installé une alarme. Elle me signale les potentielles intrusions. Cela m'évite qu'un client insatisfait y fasse des conneries. Ou s'y cache pour m'y attaquer.
Noa se fait un film glauque. Mais j'y ai aussi songé. Dès ma première séance. Elle était carrément glauque ! Le lieu, le type... Et dire qu'aujourd'hui, il est mon meilleur client, celui en qui j'ai le plus confiance. En un sens, c'est un ami. Et il a été découvert aujourd'hui dans une situation inconfortable. Pauvre Hari !
"Cette caméra est connectée en continue à mon téléphone perso et mon ordinateur. Les images sont stockées sur le Cloud. Ma cousine a accès au Cloud. Je lui ai donné le mot de passe. Et pour quand mes séances se font en extérieur, j'ai une caméra cachée sur moi en permanence. Une caméra type bouton. Aussi connectée au Cloud. Et la localisation de mon téléphone est activée."

Noa énonce maintenant le sujet épineux ! L'annoncer à maman. Je ne peux pas m'empêcher de soupirer entre deux gorgées de thé. Je regarde dans le vide et imagine en express plusieurs scénarios. Sans succès, rien ne me plait ! Tout finira de la même façon. L'idée de Noa est à mon sens la meilleure. Café, gâteau, annonce.
"Je pense que tu as raison. Le plus simple sera le plus efficace. Je pourrais demander à ma cousine d'être là. Un tiers à la table, ça peut aider. Surtout qu'elle sait. Elle a subi ce passage difficile. "

En fait, je crains autre chose que la réaction de ma mère à mon égard. Je m'en rends compte maintenant. J'ai peur que ma mère en veuille à ma cousine. "En fait, ce n'est pas pour moi, que j'ai peur. Je crains surtout que ma mère s'en prenne à ma cousine parce qu'elle sait et qu'elle a gardé le secret. "

Léonie Tremblay

Léonie m’explique plus en détail, interdiction formelle de la toucher… c’est sans doute une façon pour elle de se protéger. J’comprends pour elle, mais alors, je ne comprends absolument pas pour ses clients… « Donc, tu les maltraite… si j’peux me permettre. Y a un rapport de dominant, dominé, mais ils ont pas l’droit de te toucher… » je pense avoir bien résumé la situation. « C’est quoi l’interet ??? » j’crois que j’pourrais rester ici des heures et des heures à tenter de comprendre, à poser des questions. « franchement, dis moi, si j’suis chiante ! » que je dis en riant.
Ensuite, les explications quant à sa sécurité, c’est bien là le plus inquiétant je crois. En matière de sexe, les gens peuvent être parfois complètement taré et on sait que les crimes sexuels existent malheureusement, bel et bien… Une caméra connectée, reliée à son téléphone et son ordinateur… et une caméra cachée à la façon de mission impossible. « C’est dingue… bon, j’imagine que tout est pensé pour optimiser la sécurité. Tu crois que ta cousine se connecte à ton cloud souvent ? » je fais encore ma curieuse. « Bon, j’espère que c’est uniquement pour voir si tout va bien ! t’as pas genre, un bouton que tu peux enclencher le jour où ça tourne mal ? » parce que si au contraire, sa cousine ne se connecte jamais à son cloud, il pourrait lui arriver milles soucis avant que quelqu’un s’en rende compte.
J’suis tout aussi intriguée de savoir comment elle peut faire l’annonce à sa mère, bien que sa proposition de se faire surprendre en pleine séance me branche pas vraiment, ca risque d’être un vrai carnage pour sa mère et pour elle aussi. Il y a les choses qu’on est capable d’entendre mais que pour autant, on a jamais envie de voir. Je suis capable d’entendre que mes parents fassent l’amour, pour autant, ai-je envie de les voir ? Jamais ! « Je pense que tu as raison. Le plus simple sera le plus efficace. Je pourrais demander à ma cousine d'être là. Un tiers à la table, ça peut aider. Surtout qu'elle sait. Elle a subi ce passage difficile. » bonne idée pour sa cousine oui, ca m’semble déjà plus raisonnable et plus confortable. « En fait, ce n'est pas pour moi, que j'ai peur. Je crains surtout que ma mère s'en prenne à ma cousine parce qu'elle sait et qu'elle a gardé le secret. » j’hausse les épaules. « T’as qu’à dire à ta cousine de faire comme si de rien n’était. Comme si tu leurs annonçais en même temps, et à la fois, tu vois avec ta cousine pour que sa réaction soit pas si terrible et qu’elle puisse apaiser ta mère, en cas… et on limite les dégats ! Et si jamais ca va trop loin, j’peux être dans le coin et débarquer à la rescousse. Je sais pas comment, mais ça s’envisage ! »

Let's drop the act !

Feat @Noa Jacobs & Léonie Tremblay

Noa soulève une question pertinente. Quel est l'intérêt de dominer et martyriser les autres s'ils n'ont pas le droit de me toucher. Je ne me suis jamais posée cette question. Pourtant j'ai déjà la réponse. L'intérêt est de satisfaire quelque chose de masochiste pour mes clients. Que cela se présente sous la forme d'une envie, d'un fantasme voire d'un besoin. L'intérêt est de répondre positivement à une tendance vue comme étant déviante par la société. Avec le temps et la pratique, un nouvel intérêt s'ajoute à celui de mes clients. Il y a le mien, d'intérêt. Je dirais même les miens. Un intérêt financier et un intérêt purement personnel. Celui de répondre à mon goût du pouvoir dominant, qui s'est développé avec le temps.
Je souris quand Noa rigole et me dit être chiante. Elle n'est pas chiante. Elle est curieuse. Et surtout inquiète. J'ai, avec elle, un petit aperçu d'une réaction que peut avoir ma mère si j'arrive à le lui dire un jour.
Je me réponds néanmoins à la question de Noa : "Je crois que l'intérêt est, pour les personnes qui viennent vers moi, d'avoir quelque chose que la société ne peut pas leur apporter parce que ce serait mal vu, mal interprété voire réprouvé par les mœurs, les croyances ou toute autre forme de pensée".
C'est quoi cette réponse d'intello ! J'écarquille les yeux. Je m'étonne moi-même. "Wouha ! La réponse philo que je viens de sortir !" J'éclate de rire. Elle pousse loin, cette réponse !

Quand Noa me demande si j'ai un bouton à pousser en cas de besoin, je me rends compte qu'en fait... je n'en ai pas ! Donc en effet, si Roxanne ne farfouille pas sur le Cloud comme je l'imagine faire, cela peut être problématique. J'hoche négativement la tête au sujet de bouton et prends note de la remarque de Noa.
"J'en parlerai à ma cousine et lui proposerais de faire semblant. Je te prêterai un costume de Wonder Woman, pour voler à mon secours si ça tourne mal avec ma mère."

Je goûte enfin au délicieux gâteau porté par Noa. Puis une question me traverse l'esprit. Elle est davantage dans la lignée de nos conversations lors de nos moments "filles" Netflix/plaid/gâteau.
"Sinon... tu as pensé quoi du fessier de Hari ? Tu crois qu'il fait du vélo pour en avoir un comme ça ? Ou des squats en série..."
Je cache mon sourire coquin derrière ma tasse de thé.

Léonie Tremblay