Andy m’avait glissé à l’oreille qu’il serait là à cette soirée. J’ai cru comprendre que j’avais pas trop le choix que de le retrouver. Seulement, ça faisait maintenant plus d’une heure que je l’attendais. J’étais pas loin de partir, ma patience ayant des limites, j’étais bien gentille, je pouvais comprendre certains retard mais à croire que j’étais bien moins tolérante que je ne l’ai déjà été. La soirée était cool, c’est pas la question, mais j’avais l’impression d’être prise pour une idiote écervelée. Je pouvais de toutes façons m’en prendre qu’à moi, je sais pas ce qu’il m’avait pris d’être aussi accrochée. Oui, on se voyait pas mal ces derniers temps et justement, j’avais besoin d’être raisonnée. Ramenée à la réalité. La réalité c’est qu’Andy est pas forcément un mec fiable et que j’aurai du garder en tête mes sentiments premiers. Me méfier. J’avais plongé, tête la première, bien plongé…
« Aller, j’y vais ! » je lance un regard à Matt qui m’avait dit qu’il allait arriver. Ce serait bête qu’on se croise, qu’il vienne quand je parte, peut être qu’il était de bonne foi, peut être qu’il était en route mais moi, j’étais sur le départ, un poil énervée. « J’t’ai dis qu’il arriverait… » me sort Matt en regardant vers l’entrée. Andy passe la porte comme une fleur et j’ai l’impression qu’il est bourré. Je lève les yeux au ciel, putain j’lui en voudrais presque plus d’être arrivé, même si j’étais soulée. Noa, si tu te réveillais ? Il s’approche de moi et j’ai l’impression qu’il va me dévorer. Je le stoppe nette avant qu’il n’aille plus loin, faut pas déconner. Et moi, j’ai ma dignité. « T’abuse Andy… une heure que j’suis arrivée… » il a pas l’air de bien comprendre, comme s’il savait même pas l’heure qu’il était…

T’as voulu jouer le management de ton temps et ne pas la prévenir de ton retard. T’as eu une grosse fin de journée au boulot avec des trucs à terminer pour le lendemain qui ne pouvait donc pas attendre. Comme c’était des gros clients t’as pas pu leur dire fuck off même si t’en avais très envie. T’as d’autre chose à faire. Tu bosses en freelance de plus en plus en ce moment parce que tu veux justement leur dire fuck off à Action Studio et te mettre enfin intégralement à ton compte. Mais pour l’instant financièrement parlant tu peux pas. Alors tu te bouges le cul, tu clos ce dossier comme un king parce que ouais, ils savent à Action Studio que t’es doué. Pas seulement en photo mais comme t’es un gars assez flemmard au fond, tu trouves toujours toutes les techniques du monde pour gagner du temps. T’es aussi un perfectionniste du coup c’est toujours parfait sans vouloir te venter. Ces derniers temps ton boss arrête pas de te dire que t'es le plus éclectique de toute l'équipe. T'as pas encore pris le temps de regarder dans le dico ce que ce mot voulait dire, mais ça sonne bien.

Et t'as tellement le nez dans ton boulot que t'as pas regardé quand tu t'as ouvert la brique de jus de fruit qui était posé à côté de ton bureau. Elle est là depuis 100 ans. Et quand le jus, avec des grumeaux, se retrouve dans ton gosier, t'as un frisson qui te parcours la colonne vertébrale. T'espères que ça va pas te rendre malade cette connerie.

C’est bien avec une heure de retard que t’arrives au DBD et t’es content de voir que Queen Noa est encore là. Elle a l’air énervé et toi t’as la tête un peu ailleurs parce que sérieux t’as grave fait marcher ton cerveau pour réussir tes délais et pas être ici trop tard. T’as les cheveux décoiffé même un peu, t’as pas pris le temps de t’arranger avant de partir. Cette aprem a été longue. Tu passes presque automatiquement tes bras autour d’elle alors qu’elle te repousserait presque la conne.

« T’abuse Andy… une heure que j’suis arrivée… »

« J’ai été retenu au boulot. »

Et tu cherches pas à te justifier plus parce que c’est la vérité. Tu vas plonger ton visage sur le sien pour poser tes lèvres sur les siennes parce que tu peux. Parce que tu veux aussi. Tu serres tes bras autour d’elle. Toujours en train de presser ta bouche contre la sienne. Tu te détaches juste un peu pour articuler quelques mots.

« J’ai besoin de quelques shots et ce pigeon va nous les offrir. »

Tu parles de Matt bien évidemment. Tu parles mal de lui mais c’est juste parce qu’il est un ami. The best one. L’amour vache c’est votre truc. Tu sais pas si elle sait. Tu te détaches pour que vous alliez au comptoir passer commande. Ton bras toujours autour de Noa.

« Comment était ta journée ? Ca s’est arrangé avec le groupe ? »

Andy tu te rends même pas compte combien Noa et toi avez tout d’un couple à cette seconde très précise. Tu t’intéresses à sa vie. Tu te souviens ce qu’elle t’a raconté la veille. Tu viens aux nouvelles parce qu’elle était emmerdé et t’as pas aimé la voir comme ça.

Et je rage et je rage et il suffit qu’il ouvre une fois, une seule fois ma bouche pour me faire redescendre. Oui, j’ai attendu une heure, surement impatiente de le voir, surement impatience d’être avec lui, j’avais fini par craquer, prête à me défiler, prêtre à partir au risque de tout foutre en l’air, j’m’en fou, ca aurait pas été de ma faute. Mais là, il est là, il est devant moi et il a une bonne excuse en plus. Le taf… combien de fois j’aurai pu être en retard pour le taf aussi ? Combien de fois j’aurai pu faire attendre quelqu’un pendant une heure ? Il a l’air crevé, il dit vrai. Il est pas bourré, il est juste crevé. Ok, j’prends sur moi. Et ses lèvres et ses mains, il est là alors j’ai besoin de me plaindre encore ? Et ma fierté ? J’m’en fou, aller, je reste.
« J’ai besoin de quelques shots et ce pigeon va nous les offrir. » le pigeons en question c’est Matt et alors qu’Andy mâche pas ses mots, j’suis presque gênée pour lui. Matt réagit pas, comme si c’était normal, bon, peut être que ça l’est, peut être que c’est comme ça qu’ils se parlent entre eux. « Comment était ta journée ? Ca s’est arrangé avec le groupe ? » Je hoche la tête, accoudée au comptoir pendant que Matt nous prépare les shots demandés par Andy. « Mieux oui ! » C’est vrai que j’ai l’impression que ces derniers temps il arrive pas mal de chose à devoir gérer en urgence au taf, j’étais vraiment à miles lieux de m’imaginer qu’il pouvait arriver autant de merdes en si peu de temps. Entre la dernière fois où les gosses ont été paumés en forêt, il y a deux jours où j’ai du remplacer un bénévole pour aller au parc d’attraction - même si j’avoue, y a pire quand même – et là, hier un groupe de dix personnes qui fait deux heures de routes pour aller visiter une réserve naturelle et une fois arrivé, la réserve était fermée… comment expliquer ça à trois familles qui comptait sur ça. J’avais pas mal de plaintes de la part des parents des mômes malades, soit disant que les bénévoles faisaient mal leurs taf. On pouvait pas leur rappeler que justement, ils étaient là bénévolement et que c’était pas leurs travail mais qu’ils donnaient de leurs temps persos pour occuper les mômes ? Fallait souvent garder son calme. « Ça va qu’a même pas une demie heure de là, y avait une journée médiévale dans un vieux village avec des reconstitutions et spectacles de rues… Ca a sauvé la journée et finalement, ils ont arrêtés de se plaindre. » Mais si non j’avais aussi une bonne nouvelle. «J’avais pas trop calculé mais il me reste un mois de formation et après ça, je serai officiellement la directrice de l’association Beauregard Brisbane. » j’en revenais toujours pas d’ailleurs. Même si j’occupais le poste déjà, ce n’était pas vraiment officiel. « L’association a fait son gala le weekend dernier… James m’a présenté à l’ensemble des partenaires et à son père, le grand chef… le boss final ! » Les shots sur le bar, j’en saisi un aussitôt et le lève devant Andy. « On peut fêter ça ? »

Franchement tu sais pas si c’est un élan de vitalisme ou juste parce qu’elle est bonne, que t’es autant collé à cette meuf. Tu veux toujours pas savoir. Jamais. Elle a pas remis le sujet sur le tapis. Parfait. En vrai t’es tellement présent que tu vois pas comment elle pourrait douter que tu veux véritablement rester plus avec elle après avoir tiré ton coup. Je reste juste pour en tirer un deuxième. Oui, on va dire ça Andy. Ca vaut mieux pour la paix de ton âme. Lé déni. Le gros déni. Faut pas s’attarder sur la phénoménologie derrière tout tes actes. Ca fait beaucoup, beaucoup trop peur. Parce que t’es encore là, tes mains sur elle, partout. Tes lèvres aussi. Et elle dit rien. Elle kiffe. Pour ça que tu t’arrêtes pas aussi. C’est de sa faute tout ça.

Et puis tu prends le temps de l’écouter, sans l’embrasser. Parce que apparemment, t’arrives à faire ça aussi. Mais tu la bouffes des yeux en même temps. T’arrives juste pas à faire autrement. Tu te rends même pas compte. T’es aveugle. Tu veux rien voir. Rien savoir. Tu suis juste le flow. Tu kiffes. Sans réfléchir. Ton bras toujours bien autour d’elle alors qu’elle t’explique sa journée qui s’est plutôt bien passer.

«J’avais pas trop calculé mais il me reste un mois de formation et après ça, je serai officiellement la directrice de l’association Beauregard Brisbane. »

« Directrice ? Rien que ça. »

« L’association a fait son gala le weekend dernier… James m’a présenté à l’ensemble des partenaires et à son père, le grand chef… le boss final ! »

« Tu m’as pas invité au gala ? »

Tu fais genre t’es blessé. Mais ouais gala truc là, ça sonne comme une quinceañera où il faut venir accompagné ou quoi. Les shots sont là. Tu souffles un baiser à Matt.

« Merci, je t’aime. »

Synonyme de ’salut c’est gentil de pas me faire payer’. Mais tu dis à ce gars que tu l’aimes à toutes les occasions et y’en a toujours une. Pas besoin d’excuse. T’aimes juste trop ça. Tu prends un shot en même temps qu’elle. « On peut fêter ça ? »

« Yeah, c’est mon truc préféré de fêter. »

Tu trouverais n’importe quelle excuse pour se faire. Alors tu descends ton shot sans attendre qu’elle s’y mette aussi. T’as bien envie de te mettre la mine ce soir. Surtout si Matt paye tout. Et il va tout payer clairement. Tu reposes ton shot vide sur le comptoir alors que t’as plus vraiment de contact avec elle là. Tu t’es détacher. Faut pas déconné nan plus. Si t’es pas à l’aise, tu peux réussir à te décoller d’elle. Mais tes yeux par contre, c’est une autre histoire.

« T’es venue en voiture ? »

Regardez le moi celui là à avoir peur qu’elle prenne le volant bourré. Nope, c’est moi qui veut être bourré. Mais elle a l’air d’être charmée par l’idée. Nope. Par moi. Ouais. Ca aussi. Et puis tu fais ‘non’ de la tête en réalisant un truc.

« On aura qu’à dormir ici si on arrive plus à bouger. »

Parce que tu sens que ça peut être le cas. Mais franchement Andy qu’est ce qui t’arrives ? Tu veux tant que ça dormir avec elle ? T’as même pas pensé qu’elle pouvait juste rentrer chez elle en Uber par exemple.

« Ce weekend j’ai un shoot à Gold Coast. »

Et maintenant tu lui dis tes plans sur un peu plus long terme. Parce que apparemment tu la vois beaucoup à ce point là. Apparemment elle a besoin de savoir pourquoi vous allez sûrement pas vous voir ce weekend.

« Tu veux venir? »

Ah ouais ok Andy. Ok. T’es comme ça. T’es grave. Tu te rends même pas compte/

« Directrice ? Rien que ça. » cache ta joie Andy. Bon moi aussi ca m’avait surprise, moi aussi j’avais du mal à y croire, d’autant plus après l’épisode prison dans ma vie. James ne me connaissait finalement pas tant que ça pour me confier une telle tâche et j’avais été très émue de voir qu’il me faisait tant confiance. De toutes façons, j’étais aussi sur un siège éjectable, si je ne faisais pas l’affaire, on me remercierai sans préavis et bye l’association. « C’est un grand mot quand même… » sachant que bon, toute la partie financière, c’est pas moi qui allait la gérer. C’était plutôt une remise à niveau et une nouvelle répartition des tâches. James devait quitter Brisbane et il fallait bien quelqu’un qui mène la barque sur place. Mais bon, directrice, ca m’allait aussi. Ca voulait aussi dire grosse promotion et les tunes qui vont avec et ça merde, c’est pas négligeable ! Mes vacances avec Isaac pourraient se concrétiser et pas la peine d’aller au casino pour tenter le diable. « Tu m’as pas invité au gala ? » oops. C’est surtout que j’étais bien flippée d’y aller et que j’avais l’intention d’y aller seule pour gérer ça comme une grande, alors que finalement c’est Stephen qui m’y avait accompagné en débarquant chez moi en dernière minute.
Voilà qu’on descend le premier shot aussi vite que Matt ne les a posé sur la table. Je les comptes, il en reste dix… wow. J’vais finir par terre, ca va être compliqué. « j’suis venue en bus… » et tant mieux. Je sentais que j’allais pas être capable de repartir en voiture. J’viens rarement au DBD en voiture de toutes façons. « On aura qu’à dormir ici si on arrive plus à bouger. » « Dormir ici ? » où ? Quoi ? Chez Matt ? J’sais même pas où il habite en réalité. « Ce weekend j’ai un shoot à Gold Coast. » en parlant de shoot… « Tu veux venir? » Serait-ce une invitation en bonne et due forme ? Je hoche la tête sans me faire prier. « j’ai rien de prévu ce weekend ! Dis ! Nos clichés sont où ? » y a pas une semaine qu’on s’était mis à kiffer à faire des photos ensemble. Photos dénudée, carrément hot mais tellement classe, j’avais tellement aimé le résultat. « tu les as ? » les voir sur l’ordinateur c’est une chose, mais Andy m’avait dit qu’il les ferait imprimer… j’ai trop envie de les voir.

« C’est un grand mot quand même… » Elle se diminue sur ce titre qu’elle va avoir dans pas longtemps. Elle a pas l’air habitué à ce genre de truc. T’as encore plein de trucs à apprendre sur elle. Et tu te surprends à t’y intéresser. Tu te surprends à déjà te dire que tu vas l’encourager quand elle aura le job officiellement. Elle a pas besoin de ça. Elle a pas besoin de moi.

« Dormir ici ? » T’hoches la tête comme si c’était la chose la plus naturelle qu’il soit. T’avais dormi là quand tu l’as croisé l’autre jour. Elle a pas capté que tu venais de te lever vu ta coupe sur le moment ? T’es toujours beau même au saut du lit avec une légère gueule de bois ? On dirait bien. Ca te plaît. « j’ai rien de prévu ce weekend ! Dis ! Nos clichés sont où ? Tu les as ?  » Elle perd pas le nord. Mais tu n’as pas loupé qu’elle était ok pour venir avec toi.

« Elles sont pas encore imprimés. J’ai pas eu le temps. »

Tu resserres ton bras autour d’elle et tu penches ton visage vers le sien pour l’embrasser encore un peu. Te souvenir de ce photoshoot te fait kiffer parce que c’était vraiment super fun comme moment. Elle a beaucoup aimé elle aussi, ça se voyait sur le moment, ça se voit encore maintenant. Tu sais pas si elle se rend compte à quel point ça te fait plaisir ce genre de truc. Clairement deux de tes centres d’intérêt réunis, c’est un combo magique. Ca te rend heureux. Elle te rend heureux. Hahha nope. Sauf que si Andy.

« J’essaie de faire ça en rentrant si je suis assez sobre. »

Tu parles contre ses lèvres parce que apparemment t’as pas envie de te décoller plus que ça d’elle. Elle te rend heureux. Hahah nope.

Ok il a pas les photos, c’est pas imprimé, pas grave, j’vais être patiente. Et bon, j’ai l’impression qu’il a pas envie de parler de ça. Il est proche, très proche de moi et mes lèvres ont du lui manquer pour qu’il s’y accroche comme ça, j’suis okay, ca m’dérange pas, pas du tout même. J’suis bien là, j’suis mieux qu’il y a encore cinq minutes, j’suis surtout faible. J’suis cruche, j’étais à deux doigts de péter un cable et maintenant, j’suis zen et j’vais aller boire des shooter comme ca fait longtemps que j’en ai pas bu. J’me suis calmée ces derniers temps, même si j’sors encore pas mal, j’reste à la bière, au vin, aux cocktails, ca cogne pas la tête. Mais les shots, c’est de l’alcool pure limite, ca va me monter direct au front. Surtout Noa, contrôle-toi !
« On en reprend un ? » et j’attends pas qu’il me réponde, je saisi un second verre et hop, direct dans le gosier. « Tu sais que ca fait longtemps que j’ai pas bu des shooter cul secs comme ça ? Mon dieu, j’ai l’impression d’être une vieille qui se tape le jeune du bar. » bon, on a quoi 5 ou 6 ans d’écarts ? J’en sais rien, quel âge il a ? Aucune idée, j’sais même pas ça , mon dieu je craint. « Je sais quoi de toi Andy Rivera ? » j’hausse les épaules et prends le troisième. « Pas grand-chose ! Qui est ce mec qui me rends dingue depuis quelques temps… » question rhétorique. « Pourquoi tu parles jamais de toi ? » pourquoi j’ai l’impression que ces shooters me montent bien trop vite à la tête ? On va dire que c’est juste une excuse pour me permettre des questions que j’avais jamais abordé jusqu’à présent.

Elle veut boire. Tu l’as senti en arrivant, elle te le confirme là. Elle veut boire et tu vas la suivre. Parce que ici c’est gratuit et t’as aucune volonté pour te retenir face à ça. « Tu sais que ca fait longtemps que j’ai pas bu des shooter cul secs comme ça ? Mon dieu, j’ai l’impression d’être une vieille qui se tape le jeune du bar. » Tu éclate de rire quand elle dit ça. Le jeune du bar. « Je sais quoi de toi Andy Rivera ? » Okay, elle va par là. Ca te fait sourire toujours. Pour l’instant. Le jeune du bar. Tu as bien retenu ces mots là qui sont hilarant. « Pas grand-chose ! Qui est ce mec qui me rends dingue depuis quelques temps… » Me gusta. Ouais, t’aimes beaucoup l’entendre dire ça. Rendre dingue les gens c’est ce que tu préfères. Tu le sais même pas mais la vérité c’est que t’essaies toujours de faire en sorte que les gens tombent amoureux de toi. Parce que t’as besoin d’une bitch (de n’importe quel sexe) à tes pieds. Sauf que la vérité c’est que là, t’es aussi la bitch en question. Tu te rends pas compte de tout ça. « Pourquoi tu parles jamais de toi ? »

« Je suis le jeune du bar. »

Et t’éclate de rire de ta connerie. Ton bras toujours bien autour d’elle. C’est hallucinant comme t’es accroché à elle. Comment tu fais genre tu t’en rends pas compte alors que tu t’en rends très compte. Tu veux juste faire comme tu le sens et pas réfléchir parce que c’est beaucoup mieux comme ça. Mais tu comprends qu’elle veuille en savoir plus sur toi. Tu prends un shot et tu le bois cul sec avant de reprendre la parole.

« Qu’est ce que tu veux savoir ? »

Parce que t’es pas fou. Tu vas pas lui dire des trucs auquel elle aura pas penser. Tu sais même pas si tu vas vraiment lui répondre mais t’es curieux de voir ce qu’elle recherche. Au fond tu sais que tu vas être honnête. Je sais pas pourquoi je suis comme ça avec elle. Parce que t’es bien Andy. T’es vraiment bien. Tu te sens bien.

 Bon visiblement Andy aime se savoir jeune mais il me rassure même pas sur le fait que j’me sente vieille moi. Peut être qu’il pense la même chose mais que ça lui plait de se dire qu’il se tape une nana un peu – juste un peu – plus âgée que lui. Y en a c’est leur kiff. J’veux même pas savoir s’il s’est déjà tapé une vieille genre, vraiment vieille ou un vieux, genre vraiment vieux. Non, j’veux pas trop savoir dans quel délire il kiff aller, pas maintenant. On verra plus tard, quand on aura bu encore trois autres shooters. Bientôt quoi. Non, ca m’intéresse vraiment pas.  « Qu’est ce que tu veux savoir ? » et j’me sens piégée, parce que en fait, j’veux tout savoir. Bon sauf ce dont j’viens de parler. Il me pose une colle quand même. «  Tout ! » j’réponds juste ça mais ca va pas lui suffire. Par quoi j’ai envie de commencer ? « Qu’est ce que tu fais ici… à Brisbane. Pourquoi t’as quitté ton pays natal ? » est ce que j’peux me permettre cette question là ? C’est intéressant, un peu sérieux, un peu profond mais à la fois pas trop. J’espère qu’il ne fuit pas les autorités locales. Non, impossible, il peut être con, mais Andy n’est pas méchant. «  T’es pas un criminel ? » que je lâche, comme si fallait que j’en sois sûre, mais j’le sais déjà. J’suis bête, est ce que l’alcool me monte déjà à la tête ? Et je m’approche un peu plus de lui. « Je sais que t’es pas un criminel, c’est bon. » Je fixe ses lèvres. « Andy Rivera, combien de personne tu vois en même temps ? » merde, je change carrément de sujet là. Mais j’ai le droit de demander c’que j’veux, il me demande ce que je veux savoir. J’veux savoir ça, j’veux savoir à quoi m’attendre.

« Qu’est ce que tu fais ici… à Brisbane. Pourquoi t’as quitté ton pays natal ? » Ah ouais elle veut savoir autant. Enfin, des trucs genre, des trucs sur ta vie vraiment. Pas des trucs superficiels. Tu vas te prendre un autre shot parce qu’elle en descend elle aussi et tu veux pas qu’elle te distance.  «  T’es pas un criminel ? » T’éclates de rire. Gosh. Tu ris trop Andy. Elle dit n’importe quoi tu te marres. Elle est drôle ok ?

« Parce que je suis colombien je suis un criminel. »

Ca te fait trop rire ce préjugé. « Je sais que t’es pas un criminel, c’est bon. » Elle se reprend mais tu t’en fou, ça te fait marrer qu’elle ait pensé à ça direct. « Andy Rivera, combien de personne tu vois en même temps ? » Elle part sur tout autre chose. T’aimes bien voir les différences de genre entre ses questions. Y’en a vraiment pour tous les niveaux là. Elle a fait un rapide tour. Mais tu vas répondre. A tout. Si elle la ferme enfin. Et oui. Elle te laisse la parole.

« Ok alors, on va faire dans l’ordre. »

Tu te détaches d’elle pour aller choper une bière qui vient d’être servi de l’autre côté du bar et qui a été apparemment oublié. Ca c’est maintenant à toi. Tu bois une gorgée avant de reprendre la parole.

« Je suis venu pour mes études. Je suis resté 4 ans et la vie ici est beaucoup mieux que celle de Bogota. J’ai pas fait une dépression mais presque quand je suis rentré à la fin de mon visa. Quand j’ai réussi à en avoir un nouveau je suis revenu et voilà. Je suis là. »

T’es pas dans le détail, y’a beaucoup plus derrière tout ça mais voilà, elle a posé tant de question, tu veux pas pousser trop dans les informations non plus.

« Je suis avec personne. »

T’es vague là aussi. Parce que clairement t’es avec elle là. Et t’as quelques autres fuck friends que tu vois plus du tout récemment.

« Mais c’est toi qui prend le plus de mon temps… »

C’est elle que tu fais passer en premier. Souvent. Très souvent. Elle le sait.

« Autre chose ? »

Tu bois une gorgée de ta bière. Parce que tu sais qu’elle en a d’autres de questions.

C’est pas tant le fait qu’il soit colombien, c’est juste qu’il se soit barré de son pays d’origine. J’aurai eu la même remarque s’il venait d’Ecosse ou d’Afrique du Sud. Mais c’est vrai que la Colombie, les Narcos et tout ça… ouais, le raccourcit est facile, mais vraiment, c’était pas l’but. Bon, ca l’a fait rire au moins. « Je suis venu pour mes études. Je suis resté 4 ans et la vie ici est beaucoup mieux que celle de Bogota. J’ai pas fait une dépression mais presque quand je suis rentré à la fin de mon visa. Quand j’ai réussi à en avoir un nouveau je suis revenu et voilà. Je suis là. » c’est vrai quand on était en coloc ensemble, il était encore étudiant. Et après quand j’suis partie j’avais l’impression de plus le voir. Comme s’il avait disparu et en vrai c’était aussi bien comme ça. Parce qu’on fréquentait pas mal les mêmes coins et ça me soulait. « T’as déprimé ? » je m’arrête sur ça… c’est étonnant de lui, si y a une personne que j’vois pas en dépression, c’est lui. Le mec qui a l’air toujours sûr de lui et si fort. « Je suis avec personne. » Okay, très bien… il est avec personne, mais j’vois bien qu’il a contourné ma question. Parce que j’lui ai pas demandé s’il était vraiment avec quelqu’un. J’lui ai demandé combien de personne il voyait en même temps. « Mais c’est toi qui prend le plus de mon temps… » donc y a bien quelqu’un qui lui prend du temps aussi. J’hoche la tête, je prends note. Aucun scrupule si demain un mec ou une nana me branche et que j’me laisse aller. Si j’aurai des scrupules, mais j’devrai pas. « Autre chose ? » j’hausse les épaules et lui pique sa bière pour quelques gorgées. « Bah oui ! » oui j’ai un millier de questions mais quoi là maintenant ? « Moi j’vois que toi en ce moment. » que je lâche comme ça c'est pas une question en plus! « Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve. » putain mais qu’est ce que j’suis conne. J’veux vraiment jouer à ça ? peut être ! j’veux juste voir sa réaction.

« T’as déprimé ? »

« Pas vraiment mais ouais un peu. »

Mais après t’as réussi à faire tomber Enrique amoureux de toi et ça allait un peu mieux. T’avais ta bitch à disposition. Ta bitch qui a même tellement cru en vous. Alors que je lui donnais juste beaucoup de très bon sexe. Ouais. Non. Vous aviez l’air d’un couple parfois en soirée. Pas vraiment non. Parce que t’es dans le déni toujours. Je ressentais rien pour lui. Pas vrai. Rien à voir avec Noa. Ouh. Mais il a tellement cru qu’il t’a même demandé en mariage. Ouais. Je me souviens très bien de ça. Le stop que tu lui as mis a été la fin de vous deux. Heureusement t’as eu ton visa pas longtemps après parce que ça allait pas trop.

« Moi j’vois que toi en ce moment. » Ok combien de temps avant qu’elle me demande en mariage elle aussi ? Tu penses ça en rigolant mais tu le penses vraiment au fond. « Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve. » T’as toujours un sourire aux lèvres parce que cette fille te file juste le sourire tout le temps. C’est bizarre d’ailleurs.

« Qui sait ? Pas moi. »

Tu te mords la lèvre et tu vas récupérer ta bière dans ses mains pour en boire une gorgée. Tu reprends quand même. Légèrement plus sérieux. Parce que tu sais l’être. Tu sais que si elle parle de ça et que ça à recouper avec Enrique dans ta tête, vaut mieux discuter un peu plus.

« J’ai jamais été exclusif. Je sais pas si je suis fait pour ça. Tu me connais… »

Mais… Qu’est ce que tu sous entends là Andy ? Je sais même pas moi même.

« J’ai eu quelques histoires qui peuvent s’approcher d’une relation. Mais… Jamais exclusif. »

Ouh. Ok. Andy. Ok. Quoi ? T’es honnête. Elle est bourré. Ca va sûrement aller bien loin tout ça. Elle est pas bourrée.

« J’ai jamais été exclusif. Je sais pas si je suis fait pour ça. Tu me connais… » j’hausse les épaules. Exclusif de quoi ? Comment j’dois prendre ça ? Pourquoi il me parle d’exclusivité. Parce que à partir du moment où on peut parler d’exclusivité ca engage un petit truc non, un mini truc ? Genre, même s’il me dit qu’il est pas exclusif, rien que d’énoncer ce mot, ca annonce quelques chose ? EST-CE QUE JE SAIS ME FAIRE COMPRENDRE ? Ok, je reprends un shot, le dernier sur la table. Après, Andy redemandera une tournée à son Matt chéri, son Matt d’amour, son Matt qui lui offre tout. « T’es exclusif à Matt ! » j’vois bien ce qu’il se passe entre ces deux là. Je les regarde tour à tour, et l’autre derrière son bar avec son sourire aussi large qu’une banane. Putain, j’suis bourrée, je débite beaucoup trop de connerie à la minute. Je pense trop aussi, je pense beaucoup trop. « Exclusivité alors… » je répète le mot, ca me perturbe beaucoup trop qu’il dise ça. « J’ai eu quelques histoires qui peuvent s’approcher d’une relation. Mais… Jamais exclusif. » Il est entrain de me dire quoi ? Quelques histoires qui se rapprochaient se relations… nous ? Lui et moi ? On est quoi ? J’fais la conclusion : une relation ? « On sera pas exclusif, pas de problème. » je lève les mains comme si j’insistait sur le fait que c’était all good for me. All good rien du tout, que j’le croise pas avec quelqu’un, je montre les crocs. Mais tant que j’vois rien, c’est ok, c’est ok… Je le regarde droit dans les yeux. « J’suis pas jalouse, tant que j’vois rien… » j’avoue quand même. « Fais c’que tu veux, j’veux juste rien savoir en fait. » Est-ce que là, j’étais entrain d’énoncer à demi-mot qu’on pouvait dire qu’on était ensemble pour de bon ? Mais sans l’exclusivité, j’ai compris ça… merde, j’suis paumée. Ca veut dire quoi une relation si c’est pas de l’exclusif ?

« T’es exclusif à Matt ! » T’éclates de rire. Franchement c’était même pas drôle Andy. Tu crains à te marrer à tout ce qu’elle dit. Tu crains trop. Arrête de sourire comme ça là aussi sérieux. Ca fait bizarre. Elle est drôle ok ? Elle est bourré. «  Exclusivité alors… » Elle réfléchit fort malgré tout. Ca te fait marrer de la voir comme ça. « On sera pas exclusif, pas de problème. » Ok ça c’est une très bonne chose de dite. Mais elle est bourré Andy. Elle a aucune crédibilité là. Demain elle va réfuter tout ça. Ou elle va plus s’en rappeler du tout ouais. « J’suis pas jalouse, tant que j’vois rien… Fais c’que tu veux, j’veux juste rien savoir en fait. »

« Noté. »

T'allais rien lui dire de toute façon. Tu racontes pas tes histoires de cul. T’as bien compris qu’un truc vient de se passer là. Un vrai truc. Tu sais pas si tu mets des mots à voix haute là dessus ou si tu laisses couler. Laisse couler. Ouais elle est bourrée de toute façon. Je répèterai tout demain. Quoi ? Sérieux ? Tu vas lui remettre tout ça sous le nez. Ca me donne une idée.

« J’aurai dû filmer tout ça parce que tu vas rien te souvenir demain avec la gueule de bois que tu vas te taper. »

Et tu souris encore Andy. Pfff. T’es trop beau en plus. T’es énervant. Tu sors ton téléphone en même temps que tu parles. Tu mets sur le mode caméra.

« Je te filme, tu répètes notre accord ? »

Oh mon dieu Andy. Tu parles vraiment d’accord là ? Comme un contrat ? Comme un mariage ? Ca te donne une idée. Tu lances l’enregistrement, la caméra braqué sur elle.

« Est-ce que tu veux une histoire non exclusive avec moi ? »

Est-ce que tu viens vraiment de faire ça Andy ? Sérieux ? L’alcool m’a fait faire ça. Tu parles, t’es pas bourré du tout. Tu kiffes cette demande en relation non exclusive. Tu réalises doucement que c’est la première fois que tu mets les choses autant au claire avec quelqu’un et bizarrement, tu le sens bien. J’ai grandi. Ouais ça doit être ça. Ou peut être juste que tu la prends beaucoup plus en considération que tous les autres que tu baisais. Tu les aimais pas. Ta gueule.

 « J’aurai dû filmer tout ça parce que tu vas rien te souvenir demain avec la gueule de bois que tu vas te taper. » trop tard Andy, fallait y penser plus tôt. Et bon, t’insinue quoi ? Que j’suis si bourée ? Détrompe toi, je me souviens de toutes mes soirées et je me souviens toujours de ce que j’ai pu dire, même si c’est des conneries plus grosse que moi. Mais j’crois pas que j’sois entrain de dire des conneries, on peut dire que j’dis des choses que j’assumerai peut être pas, mais pas des conneries. J’suis juste trop paumée parce que j’sais pas quoi faire, j’crois que j’dois faire des compromis si j’veux pouvoir profiter encore de cette situation. De cette RE-LA-TION comme il dit, enfin, il a juste dit le mot, moi j’en ai conclus qu’on était en relation lui et moi.
« Je te filme, tu répètes notre accord ? » Ah ! Et je rigole et je secoue la tête. «Tu vas pas faire… » IL SORT SON TELEPHONE LE CON ! « mais ! » mais mais tu fais quoi ?! il filme, il se met à filmer, l’objectif de son mobile droit sur moi. «Je préfère les Selfies ! » Je crois que je rougis devant la caméra. « Est-ce que tu veux une histoire non exclusive avec moi ? » Je choppe le téléphone et change l’objectif de la caméra. Le selfie c’est mieux. Je vais à côté de Andy pour qu’on soit tous les deux dans le cadre. « Andy, oui, je veux une histoire non exclusive avec toi ! » que je répète mot pour mot. UNE HISTOIRE ! on a dit HISTOIRE ! Je le regarde et j’éclate de rire. « tu vas utiliser ça contre moi, je le sais. » Je reprends mon serieux et je le regarde. Je prends une voix grave et encore plus serieuse. « Vous pouvez embrasser la non exclusive ! » j’suis pas fan du terme mais c’est mieux que mariée et j’ai rien d’autre qui me vient en tête de toutes façons. « Arrête tes conneries et embrasse-moi idiot ! »