« Hopelessly reaching. » Tu captes la ref. Tu as vécu pas mal en UK et c’est genre un classique là bas. T’as déjà passé une soirée avec les gars. C’est ton rayon. Mais tu te contentes d’un simple sourire à sa phrase. Le gars il connecte tout en chanson. Ca te plaît parce que toi, tu sais t’exprimer qu’en chanson aussi. Le fond de tes pensées. Ce que tu ressens. Tu dis jamais rien. Tu le chantes. Tu l’écris. Avec lui ? « No need. I don't easily forget these types of invitation. » Peut être bien que oui. Il sort son carnet. Tu pensais pas écrire dans un bar. Tu sais pas si t’es prêt à dire tes pensées les plus profondes dans un lieu public.  « Where do you wanna do it? » Ok donc peut être pas ici. Ca te rassure. Et quand tu proposes carrément un album, le gars il te quitte pas des yeux et il te répond par l’affirmative. « Deal. » Tu n’aurais pas cru que ce serait si simple de l’embarquer là dedans. Il lance son carnet devant toi. Tu poses une main dessus parce qu’il allait peut être tomber par terre si tu n’avais pas arrêté sa course. Tes yeux toujours bien dans ceux de Levi. Am I allowed to open this? Do I think there’s stuff written on there? Do I dare thinking stuff about me? « Do you have any other offers like this one? What do you wanna do, right now? Or make? » Ca faisait longtemps que Levi t’avais pas secoué avec ce genre de question. Ta main toujours posé sur son carnet que tu as l’impression est une extension de sa personne. Comme si t’étais en contact avec lui parce que tu as très envie de le toucher mais tu le fais pas. Not here.

« I think it’s already a pretty big offer… »

Il veut quoi de plus le gars? Tu viens de lui dire tu veux faire un album avec lui. T’as son carnet dans les mains. T’as l’impression d’avoir un bout de son âme. If there’s something written in there. Parce que sinon, ce n’est que des pages blanches. That I’m gonna fill up with him.

« Do you want more ? »

Et puis… Tu commences à ouvrir le carnet… Tes yeux se déviant des siens. Is there something in there…?

Tu joues, l'interpelles en chanson, l'invites du regard, le précipites vers la vie. Tu as besoin plus que jamais d'intensité, de flamber les minutes pour en faire crépiter du bonheur à l'état pur, réaliser des rêves à foison, exaucer des vœux sans ménagement. Tu n'as plus rien à perdre et sans scrupule aucun, tu poses ton notebook sur la table à laquelle vous êtes installée. Ton méli-mélo de paroles et partitions, parce que même si t'as été incapable de décrocher le moindre diplôme, tu maîtrises le solfège.

Il te propose un album et tu romps brutalement, à t'en briser l'âme, tes engagements. La promesse de te restreindre vole en fumée, tu crains qu'il y ait un compteur agissant en réelle épée de Damoclès au-dessus de ta tête et quitte à te faire du mal, autant que tu souffres tête première. Tu tangues. T'as plus de temps à perdre, tu rayes le long-terme ainsi que le moyen-terme de ton vocabulaire. Il n'y a plus que le jour présent et aucune barrière vis-à-vis d'Asher. Carpe Diem. Le pouvoir qu'il a sur ta personne te terrifie, mais t'es prêt à sombrer dans cette sphère-là. Tu le veux. Tu le nécessites.

Alors tu t'enquières sur ce qu'il désire maintenant. Tu ne veux pas que la machine s'arrête, que vous restez en suspens. Chaque minute compte, chaque heure est doté d'un but. Tu as l'impression qu'il s'efface, peut-être roules-tu trop vite pour lui ? « I think it’s already a pretty big offer… » Tes yeux passent du garçon au livret, un sentiment de déception mêlé à l'appréhension de le perdre intoxique tes veines, ralentit ton cœur. Ne voulais-tu pas que vous ne vous voyez plus, de toute façon ? Pourquoi ça t'atteint tant, Levi ? Pourquoi tu te prends la tête autant pour lui ? « Do you want more ? »

Les secondes deviennent des minutes, le silence s'allonge, se perpétue, s'éternise. Comme une sentence, comme un aller simple vers une autre dimension. Tu poses ta main sur la table, il ouvre le cahier, en parcourt les pages noircies. What about you, Asher ? Do you want more ? « I do. » Tu réponds en décalé, tu te sens presque hors-sujet. Tu le fixes, attends qu'il érige le profond de ses yeux vers toi pour t'y plonger, t'y noyer, t'y envelopper. « I want you. » Tu déglutis, les termes flottant devant toi, la sémantique agitant tes synapses.Tu es mitigé entre ce que tu désires et ce que tu penses que lui veut. Tu t'oublies, te rattrapes, perds la raison, tentes de te justifier par tes sentiments. You're a fool, Levi. You're gonna break it all. You're gonna break your heart. Ton souffle est court, ton organisme tout entier palpite périlleusement. I don't want to lose you. I don't want to hurt you. Please forgive me. Please understand what I don't have the strength to tell you. Please, save me.

Tu lis ses phrases. Parce que y’en a. Beaucoup. T’as ouvert ce carnet et tu lis. Et tu ressens beaucoup trop de choses. Tu prends tout pour toi alors que tu sais que ce n’est pas le cas, mais ça fait moins mal que d’imaginer que c’est pour quelqu’un d’autre. I’m not the only one in his life. C’est cute comme tu es si sûr que y’a un vous alors qu’il veut faire aucune promesse. T’avais oublié Asher ? Can’t forget that. Nope. C’est pour ça que tu lui as fait également aucune promesse en retour. Tu vois ses mots. Son écriture. His handwriting… Ca te fait ressentir des choses. T’as un kink pour les écritures et celle de Levi vraiment elle se place en haut de la liste là. Ouf. Mais la vérité c’est que n’importe quoi venant de lui ça te fait des choses parce que ce mec il te fait tourner la tête comme personne dans ta vie. « I do. » Tu relèves les yeux vers lui parce que tu t’attendais plus à une réponse de sa part vu tout le temps qui s’est écoulé. Did you need all that time to make up your mind? « I want you. » God. Tu l’avais pas vu venir celle là mais au fond, t’es pas surpris parce que c’est Levi. Il trouve toujours tous les mots qu’il faut pour te déstabiliser. And it works. T’essaies de rester maître de tes émotions mais ces mots là dans sa bouche. Ton coeur a fait un truc bizarre dans ta poitrine et tu te sens frissonner. Et ses yeux dans les tiens et tu sais pas ce qu’il est en train de penser mais il a l’air d’avoir plein de truc qu’il ne dit pas.

« Ok. »

Hein ? C’est quoi cette réponse Asher ? I don’t know. Mais ton coeur en peu vraiment plus là dans ta poitrine, tu vas faire un malaise si jamais en plus de ces mots il vient te toucher physiquement. Even tho you are craving for his body next to yours. Tu sais absolument pas dans quel contexte il te veut mais il te veut. Tu sais le plus important. Tu sais dans quel contexte toi tu le veux. Want him in my life.

Tu t'imagines écrire à l'encre de ses yeux, piocher toutes les émotions qui traversent ses orbites, gravitent dans tout son être indécemment, pour les coucher sur papier, les élucider afin de mieux les assimiler. Tu as envie d'y apposer son cœur, ses émotions, ses méninges qui semblent tourner beaucoup trop vite, de manière à le découvrir, le redécouvrir, le connaître tout entier. Tu veux arpenter ses désirs, ses souhaits, ses peurs, ses craintes, ses secrets. You want it all. You want him. Mais il ne dit rien. Il te fixe, te scrute, te dévisage. Les minutes défilent et tu t'essouffles. Ton rythme cardiaque ralentit, une fissure invisible s'y glisse. You knew, Levi. You did that to yourself. Tu perds pied, t'imagines le pire, t'en convaincs. You're the only one to blame here.

« Ok. » Ok. Zero kill. Tu le perçois en habit militaire, au beau milieu d'une guerre mondiale, à inspecter les domiciles pour inscrire des OK sur les portes défoncées. Pas de victime. Pourtant, t'as l'impression d'en être une, à rester en stand-by, avide de lui, impatient de brûler les étapes même si tu risques d'en souffrir, d'en crever. Ok. Un faible sourire sans joie étire tes lippes. Ok. Tu romps le contact visuel, observes longuement la tache de café au fond de ta tasse. Ok. Tu ne le regardes plus, t'en as plus la force. You're hurting. Alors tu te lèves, il a toujours sa boisson à moitié pleine devant lui. « I'm gonna get coffee. » La tasse crisse sur la surface de la table, tes doigts la traînent par son anse. Tu t'orientes vers le bar, approches Charlie qui interprète derechef ta volonté du moment. It's not OK. I'm not OK. La rouquine te promet la boisson dans quelques minutes, démarre une nouvelle cafetière. Tu t'appuies sur le mobilier, extirpes ton téléphone pour affronter la passivité-agressivité via SMS d'Ariane. What have you done, Levi. Why do you allow all of it to hurt.

Tu le quittes pas des yeux et après avoir dit ces deux lettres pour approuver son désir, y’a un truc qui se passe. Il veut pas que tu le vois. Il fait le gars chill. Mais t’as vu un truc dans son regard. I read him better than others. Not true Asher. Tu lis ce que t’as envie de lire. Tu le connais pas assez bien. Tu le ressens par contre. Ca c’est indéniable. Et là, y’a eu un truc. Mais tu sais pas quoi. Le sourire qu’il t’offre confirme tes doutes. « I'm gonna get coffee. » He’s running away. No he is just going to get coffee. He is running away. Tu le sens, parce que tu ferais pareil. Et tu le regardes filer. T’as dit un truc qui va pas mais tu sais pas quoi. Mais ça lui va pas. He can fuck off then. Parce qu’il t’en a dit aussi des trucs qui t’ont pas été. He doesn’t do promises that motherfucker but he wants me. Ok. Et tu sors un stylo parce que toi aussi t’as de quoi écrire avec toi. Parce que c’était ça le plan de la soirée. Ecrire. And you fucking do. You write. On his notebook tho. You feel it it like that. You. Write. You let it all go on paper. That ink. That piece of your soul. Cos that’s what it is. All the songs you wrote. A piece of you. And you want to mix that with some of his. Cos that’s what it is for you. His notebook it’s part of him. And you are trying to blend in there.

Citation :

I told myself I liked being alone but I lied
Now I’m across the world trying to find out why
Not sure I’ll find the cure but I need to try
Or watch myself die
I told my mum I was leaving to get help
Before I burn all the love in my family house
I always take the easy way out
But I’m not giving into doubt.
I’ve got a heavy heart
But I want to make it light
My dark pushes and pulls
But I swear that I’ll still fight
When the world and I collide
I said I liked being alone but I lied to myself
Cause it scares me more than anything else
And I think I need to get some help
But I want to keep this hell to myself
I’ve got a heavy heart
But I want to make it light
My dark pushes and pulls
But I swear that I’ll still fight
When the world and I collide

Et tu ajoutes une note en bas.

Citation :

You’re the world Levi.

Tu sais pas combien de temps s'est passé. Tu te relis. T'as la mélodie en tête. T'es trop inspiré holy shit.

Tu ne t’assois qu'à moitié à l'un des abominablement inconfortables tabourets du bar de Matt. Tu suis du regard Charlie qui, armée de ton indéniable mug pigeon, fait couler du café frais. Ton regard dérive sur ton téléphone qui vibre rageusement, les SMS s'entrechoquent, tu sens Ariane au bord du précipice, au bord de l'implosion. Tu l'invites à cracher franco ce qui la taraude, vous vous donnez ultimement rendez-vous dans la soirée pour la plus grande beuverie de 2019. Ta journée est éreintante, tu ignores si tu tiendras jusque là, mais tu te promets d'essayer aussi férocement qu'il t'en est possible.

Le café coule encore, tu ajoutes mentalement l'idée cadeau d'une nouvelle machine à café pour Matt au prochain Noël. Ton regard brillant se pose sur un miroir fantaisiste, mais ce n'est pas ton reflet que tu dévisages. Plutôt, tu scrutes Asher qui s'évertue à écrire, qui ne s'arrête pas, qui semble en véritable transe. Il y couche son cœur, ses émotions, une part de lui-même, sans scrupule ni cérémonie. Le crayon n'arrête pas, il noircit les lignes, comme si tout coulait de source, tout était issue de l'évidence même. Comme s'il s'agissait d'une nécessité, d'une vérité générale à éterniser. Ecrit-il sur toi ? Dois-tu vraiment te poser ce genre de question ? La barmaid te sert enfin ta nouvelle dose de caféine, tu y trempes tes lèvres en la remerciant brièvement mais sincèrement. Tu aimerais que quelqu'un d'extérieur à la situation soit là pour te conseiller, t'énoncer les faits et ce qu'ils signifient au sein de ta relation avec Asher parce que t'as le sentiment de ne plus voir clair. Tu t'es tant noyé dans un océan de sentiments dédiés entièrement à son égard que ta vue en est impétueusement brouillée.

Tu rejettes ces pensées. Il est impératif que tu te ressaisisses. Y a-t-il tant de regrettable au fait d'avoir clamé ce que tu désirais ? Ce que tu aspirais ? Comment tu te sentais ? Ce que tu ressentais ? Tu inspires profondément, soupires doucement. T'as le mérite d'être clair, continuellement. Sa réaction ne t'a pas plu, mais elle lui appartient exclusivement.

Tu embarques ta tasse et te réinstalles sur la banquette. Tu clignes des yeux à quelques reprises, t'es totalement explosé. « Who's your muse? » Tu questionnes, sourire malicieux, regard provocateur, tes doigts évoluant vers le calepin qu'il a investi. Tu ne vas pas lui dérober, tu n'es pas du genre à lui arracher quoi que ce soit : œuvres comme aveux. Tu prends une nouvelle gorgée de café. T'as tout dit, mais t'as rien dit non plus. T'es fixé. Tu te ressaisis - ou essaies de. Go back to normal, Levi!

« Who's your muse? » Et tu lèves la tête sans sortir de ta bulle pour autant. Non. Tu le fais entrer à l’intérieur avec toi parce que c’est juste ça depuis toujours avec Levi. Il est entré dans ta vie et tu gères comme tu peux avec tout ce qu’il secoue sur son passage. Il le fait encore là. Il te pose une question même s’il sait la réponse. Il veut que tu lui dises ? Il veut quoi ? Il veut se sentir important ? He is so important. But does he know it ? He knows. Ton coeur bat vite de cette chanson que tu viens de coucher sur son papier. Un bout de ton âme. De ton jardin secret qu’il a déjà foulé plusieurs fois. Le seul. L’unique. Tes yeux sont sur lui depuis qu’il est revenu en face de toi. He came back. Mais tu réponds pas à sa question Asher. Who’s your muse ?

« Some guy I kissed one night I was drunk and I thought he was a she. » Is you.

Ton coeur bat beaucoup plus vite parce que tu viens juste d’avouer à voix haute que t’as embrassé un gars. C’est la première fois de ta vie que ces mots là sortes de ta bouche. Que tu l’avoues. Que tu lui donnes du crédit. Que tu te laisses aller à tes véritables désirs sans avoir peur de les nommer. Et tu commences à le connaître ce petit con de Levi, il va jouer sur les mots. Il va faire genre il a pas compris que c’est de lui qu’il s’agit. Tu ne veux pas qu’il en ait l’opportunité.

« And that guy is right in front of me now. »

Mais still, t’es obligé de dire tout ça de manière détournée. Tu sais même pas pourquoi tu fais ça. Mais ça sort plus facilement de cette façon, alors tu prends cette option. Tant qu’il a compris. Tant qu’il sait. Tant qu’il ressent. You want me but do you feel as much as me? Parce que t’as toujours pas compris de quelle manière il te veut véritablement. Can have me anyway he wants. Tu le quittes pas des yeux. Ce gars te fait ressentir beaucoup trop… Et tu vas glisser le carnet sur la table, pour le mettre devant lui. It’s yours. It’s all you. It’s all me.

Tu inspires profondément, bois une nouvelle gorgée de café. Tu as l'impression que ta tête comme ta vessie vont exploser avec toute la caféine que tu absorbes sans retenue. Parfois, tu te sens comme dans un rêve, propulsé violemment en dehors de la scène, l'observant de loin, dans un état second. Puis tu réapparais, happé par le camaïeux de sensations généré par le réel. Alors, toutes les sensations t'étreignent, t'éprennent, t'étripent sans merci aucune. Tu t'y perds, tu t'y fixes, t'essaies d'évoluer, de garder constance, mais en réalité, chaque émotion te façonne, chaque soleil te prodigue son lot d'éléments qui définissent ta trajectoire.

Et t'as besoin de certain, désormais. Tu nécessites cruellement des rocs, des assurances, des garanties. Tu veux pouvoir jouir de phares dans ta vie lorsque tu te noies dans la mer agitée de ton avenir. Des bouées te sont indispensables, des flotteurs fixes qui ne changent en aucun cas de coordonnées, qui demeureront toujours à tes côtés, coûte que coûte. Tes vœux sont pieux, et même si tu autorises Asher à te brûler sauvagement le cœur présentement, il te faut clarifier la situation, la nature de votre duo. Si ton futur proche divergeait de l'auguré, tu ne serais pas si exigent. Cependant, scrutant la vérité en face, tu ne te donnes pas d'option.

« Some guy I kissed one night I was drunk and I thought he was a she. » Un rictus étire discrètement tes lippes. Tu sais de qui il parle, forcément. Tu as l'impression que ton cerveau te joue des tours, que tu élabores des interprétations erronées juste parce que tu es persuadé que tu vas en baver. « And that guy is right in front of me now. » « Is he now? » Tu nargues alors qu'il glisse le calepin vers toi. Tu inspires profondément, dégages les mèches de ton visage pâle, aux traits tirés par l'exténuation. « Is that guy your boyfriend? » Tu te maudis intérieurement, t'as l'impression d'avoir cinq ans. Qu'est-ce qu'elle changerait, cette étiquette ? Une chose : s'il répond par l'affirmative, s'il envisage si sérieusement un avenir avec toi, t'auras pas le choix d'être franc avec lui sur la probable tenue des prochaines semaines, des prochains mois, peut-être même des prochaines années.

Tu le vois qui réagit à ta phrase. Le sourire est léger, mais il n’y a que lui pour toi là. Tu es focalisé sur sa personne qui se trouve devant lui. Tu ne le quittes pas des yeux. Tu veux tout de lui. Parce que son corps et ses paroles c’est deux choses très importantes pour décortiquer le gars. Ce gars qui te fait tant ramer parce qu’il fait exprès de taper à côté à chaque fois. S’il y a de la place pour le doute, il le prend direct. Tu ne veux pas que ça soit le cas là. C’est de lui que tu parles. Il le sait. Ca te fait plaisir de voir que c’est un sourire qui en découle et pas une grimace. Mais tu veux que ce soit encore plus claire et tu t’expliques un peu plus. « Is he now? » Mais ça ne lui suffit pas. Il veut des mots plus clair encore. C’est ton tour de sourire. D’être amusé. Parce que bien sûr qu’il te questionne encore. C’est Levi. C’est tout ce qu’il fait depuis qu’il est entré dans ta vie. Qu’il le veuille ou non. Toute son existence remet la tienne en question. Il chamboule tout. Tout le temps. It started out with a kiss. How did it end up like this? It was only a kiss, it was only a kiss. Was way more… Et… Tu veux répondre à sa question. Oui il est juste devant toi maintenant mais pour une raison obscure tu ne t’autorises pas à sortir ces mots simple. A la place, tu vas chercher le contact avec lui parce que tu te rends compte que t’en crèves d’envie depuis que vous êtes dans la même pièce tous les deux. Et c’est comme ça que ton pied va chercher son mollet sous la table. « Is that guy your boyfriend? » T’appuies un peu plus le contact en entendant sa phrase. Tu t’y attendais pas.

« I don’t know if it’s how he considers me… »

Ton. Coeur. Bat. Si. Fort. Ca se ressent dans ta voix.

« But I told my brother about him and I did say I was in a relationship… »

Si. Fort. Tu te sens fébrile d’avouer tout ça.

« But he doesn’t do promises so I don’t think he thinks the same. »

T’es tellement traumatisé par ces mots qu’il t’a dit. Ces mots qui prouvent qu’il y a absolument aucun espoir à se faire sur vous deux. Tu es littéralement en train de crever sur place Asher. Cette conversation que vous êtes en train d’avoir. C’est pas grand chose pour certains, mais là, c’est tellement. Tu rêves de Levi constamment et tu le veux dans ta vie. Vraiment. Officiellement. Ton pied a arrêté sa pression sur son mollet parce que là, clairement, tu peux pas faire deux choses si intense à la fois. Mais ton pied est contre sa jambe quand même. T’as besoin de ce contact. I am talking about you. C’est juste une confirmation que tout est à propos de lui dans cette conversation. De vous. Là tu le regardes. Là tu te tiens les mains sur la table. Là tu le regardes avec milles questions mais tu sais que t’es pas claire avec tes détours et qu’il en joue à tous les instants.

« Am I your boyfriend ? »

Holy. Shit. Ton coeur vient d’exploser d’avoir dit ces mots à voix haute à Levi qui est juste là. Il est juste là. C’est à lui que tu parles. Lui qui est tellement important pour toi. Lui que tu aimes beaucoup trop et ça te fait peur parce que tu pensais pas pouvoir ressentir un jour le centième de ce que tu as pour lui. Am I your boyfriend ? Ces mots résonnent si fort dans ta tête. Am I your boyfriend ? Tu veux tellement savoir. Am I your boyfriend ?

« Because I want. »

Dear. God. Needed to be even more clear with that motherfucker. Tu commences à bien le connaître. Tu veux pas qu’il tourne autour du pot dans cette réponse qu’il va peut être te donner. He won’t. T’as tellement zéro attente après lui. He gives a lot. But he gives only what he wants. When he wants. Et peut être que là, il a pas envie d’être comme ça. Parce que t’es pas en plein breakdown. Il a pas besoin de te chanter une chanson pour te calmer. Il peut continuer à faire le petit con… Et tu aimes tellement quand il fait ça. It’s just him. And you love everything about him. His flaws more than the rest.

Dans ton dessein de destruction, le voilà prêt à te retenir, te rescaper, finalement. Il invoque le passé, des souvenirs qui te semblent provenir d'une autre vie. Toutefois, tu n'as pas le sentiment que le temps a filé ; mais uniquement celui que ton histoire a connu une réelle rupture, un schiste indéniable et assassin qui bouscule impétueusement tous tes repères. Tu souffles doucement, distrait comme discret sourire sincère pendu aux lippes comme ton ouïe l'est à sa bouche. « Is that guy your boyfriend? » Tu provoques, tu réclames, goulu, avide. Son pied contre ton mollet te paraît louper une trajectoire, réagir un peu trop sensiblement à ton interrogation brute.

« I don’t know if it’s how he considers me… » Tu fronces le sourcils, le scrutes désormais sans merci. Tu le fixes, traques les pensées et sensations que son regard pourrait exhiber. Tu le sens dérouté, aux prises de sentiments. That could only be the beginning. « But I told my brother about him and I did say I was in a relationship… » Et c'est à ton tour d'être désorienté. La surprise se lit aisément sur ton visage, tes lèvres s'entrouvrent. Tu ignores à quel point Asher est proche de son frère, mais le fait qu'il parle de toi à Autrui - et surtout sa famille - te surprend - très agréablement. « But he doesn’t do promises so I don’t think he thinks the same. » Tu cilles, n'abaisses toutefois pas le regard. Il n'a pas tort, Baxton. Refuser de promettre quoi que ce soit est incompatible avec tout engagement. Ton sourire s'élargit, insolent satisfait doublé d'attendrissement.

La sémantique s'écroule, le doute s'invite, les remises en question priment. Sa jambe demeure contre la tienne, vos prunelles s'accrochent, s'entremêlent.

« Am I your boyfriend ? » There it is. A trop jouer avec le feu, l'on s'y brûle. Que veux-tu, Levi ? Tu déglutis. Es-tu capable d'assumer une telle relation? Peux-tu t'investir, t'engager, sans même être sûr de ton futur? Veux-tu vraiment lui faire subir tout cela? As-tu vraiment l'égo de songer que tu le mérites? C'est une question ouverte. Oui ou non. Pourtant, aucun des deux termes ne parvient à franchir la barrière de tes lèvres. Tu désires Asher, tu le veux à tes côtés, mais tu refuses lui nuire. Est-ce que tous les couples songent ainsi? Ce dilemme cornélien relève-t-il de l'amour?

« Because I want. » Un rire nerveux file entre tes lèvres, faisant écho à ton euphorie, ta fierté, mais aussi ta terreur et ta culpabilité. Puis, tu vois la perce tendue. Tu la saisis, mesquin couard. Rictus provocateur, arrogant, joueur, tu répliques, comme il l'avait fait plus tôt quand tu lui avais avoué I want you. « OK. »
Et tu vous trouves encore plus poétiques, plus mélodiques, plus harmonieux, que toutes les paroles de vos notebooks.
OK. Zero kill.
Could it become your motto?
Your code? Your chord?
Your story?