Ce que tu lui as dit la fait réagir. Ca sent pas bon. Cette façon qu’elle a eu de se retourner d’un coup. Ca sent pas bon. Et ça se confirme. « Tu te tire si je continue comme ça… » T’as jamais cru que tu aurais eu les mots juste. Je dis juste ce que je pense. Non Andy. Y’a mille trucs que tu dis pas. « Et me faire penser que si ca marche pas, j’pourrais m’en prendre qu’à moi. Idiote du village qui est pas foutu d’accepter de voir son gars rouler des pèles et se faire tater le cul par n’importe qui… » Tu soupires de nouveau. Elle revient là dessus. Noa… Tu pensais pas qu’elle ferait autant une fixette avec ça parce que c’est juste qui tu es. Si elle t’acceptes pas comme ça franchement, tu peux rien faire. Si… Eh si. Y’a quand même des trucs que tu peux faire mais… Est-ce que t’en as envie? Les compromis, ces conneries là ? T’en as envie ?

« J’suis chill Andy, la meuf la plus chill que tu connaisse y a pas de problème…. » Laisse moi rire… Parce qu’elle est tout sauf ça là. Vraiment. Ca te fait grave chier parce que ce putain de sac volé a fait ressortir ses démons. Tu le sais. Tu le sens. Et c’est le scénario du festival de sport qui est en train de se rejouer depuis hier soir en fait. Fuck. Eh oui Andy. Tu t’en rends compte que maintenant mais c’est ça depuis le début. Noa elle va pas. Elle avait l’air d’aller ces derniers temps. Jusqu’à ce que tu la trigger avec ce dude sous ses yeux. Fuck me. Eh ouais Andy. « J’vais apprendre à gérer mes conneries seule, t’en fais pas… » Et voilà que tu te sens super con.

« Nan… »

Mais elle s’est défait de toi. Elle part pas. Et ça, tu te dis que c’est une bonne chose. Tu sais pas ce que tu veux dire mais non, tu veux pas qu’elle gère ses conneries toutes seules. T’es là pour elle depuis qu’elle a craqué dans tes bras. Parce que tu t’inquiètais pour elle à l’époque. Tu t’inquiètes pour elle toujours. Tu vas passer ta main dans son dos.

« Je veux être là pour toi. »

Ta main va jusqu’à son bras. Glisse sur sa peau. Va chercher sa paume. Enlace tes doigts avec les siens. Si elle me laisse…

Nan quoi ? Faut juste savoir ce que tu veux Andy. Je lui tourne toujours le dos, le cœur serré dans ma poitrine. Il me dit que ca va s’arrêter si j’continue comme ça, mais ca va continuer, ca va pas s’arreter. Peut être demain oui mais ca finir par ravenir. J’encaisse, je garde, j’accumule, j’ai toujours fais ça depuis que j’suis petite, depuis que j’suis baladée de famille en famille ou foyer en famille ou peu importe. Jusqu’à ce que les Jacobs m’accueillent pour de bon et m’adopte. J’ai jamais été une gamine chaleureuse, heureuse de vivre, la joie, le bonheur, je les ai connu bien après grâce à Astou qui a débarquer dans notre famille et a su nous donner une belle leçon à tous, grâce à Arthur, à Isaac et Nicolas, mes amis de toujours. J’aime ma vie actuelle, j’aime chacune des personnes qui m’entoure et j’ai su composer les meilleures choses pour moi mais je contrôle pas toujours tout et parfois, quand c’est trop ça explose. Et ca explose de plus en plus souvent, j’suis fragile, j’aime pas ça, j’ai jamais aimé, j’ai toujours prétendu le contraire.
Et sa main dans mon dos, je frissonne et me redresse doucement dans le lit. Pour autant, je reste là, je la retire pas. « Je veux être là pour toi. » Je sais pas, je suis pas certaine, je comprends pas. C’est pas ce qu’il veut, une nana qui pète un cable comme ça et le pire c’est que c’est même pas prévisible, c’est qu’autant à certains moment ça pourrait passer, autant à d’autres, c’est mort. C’est quitte ou double, y a pas de règle. C’est ça le plus compliqué. Y a pas de règle. Je garde ses doigts entrelacés dans les miens et ramène sa main à ma poitrine. « Ca dure un temps… » C’est comme une fatalité. « Ce sera pas la dernière fois Andy… » et j’imagine qu’il le sait. Mais j’aimerait tant que lui aussi il ait des éclats de voix, qu’il soit capable de dire un truc, n’importe quoi. Et finalement, je lâche ses doigts pour me retourner et coller mon front contre le sien, je ferme les yeux un instant. « j’vais te perdre… » ca arrivera. « Ca va faire mal… » et il le sait autant que moi, juste qu’il l’admette, une fois. « tu veux réellement tenter ça… »

Ca te fait du bien de voir qu’elle réagit physiquement à toi. Tu la sens frémir. T’essaies de te raccrocher à ça. Vos corps vont bien l’un avec l’autre. Vous ressentez. C’est juste physique. Ouais bien sûr Andy. On va dire ça « Ca dure un temps… » De ? T’es pas sûr de comprendre ce qu’elle veut dire. Ca dure qu’un temps que tu veuilles être là pour elle ? Non. « Ce sera pas la dernière fois Andy… » Que tu me pètes une crise de jalousie hystérique ?  « j’vais te perdre… » Fuck that. « Ca va faire mal… » Non. Si. Non. Eh si pourtant. « tu veux réellement tenter ça… » Tu soupires encore. Tu fais que ça soupirer. Tout ça te saoule tellement… Mais tu sais qu’il faut y passer parce qu’elle a mis le sujet sur le tapis, parce qu’elle vit mal tout ça, parce que fallait bien y arriver un jour. T’es pas complètement con non plus. N’empêche que tu mets un moment avant de lui répondre. Parce que tu cherches les mots justes. Parce que tu sais même pas quels sont ces mots surtout. Mais ta main serre la sienne doucement.

« Tu sais que je suis toujours là si t’as besoin… »

Est-ce que…? Est-ce que t’es en train…? Est-ce que t’es en train de la laisser filer ? Mais putain Andy quel tête de con celui là ! Tu dis tellement rien c’est effrayant Andy. Mais ta main laisse pas filer la sienne. Parce que c’est ça que tu veux au fond. Tu veux pas qu’elle parte, pourtant c’est quand même ce qui est en train de se passer. Elle croit qu’elle est fucked up ? Elle t’a pas encore vu réellement. Mais ça surprend personne en même temps, parce que tu dis juste rien Andy. Tu détestes ça quand même... Parce qu'elle est pas bien et que tu vas plus aller chez elle à l'improviste avec un McDo ou des sushi pour la nourrir. Pour voir si elle va bien. Si elle va tout court. Parce que là, elle est de nouveau dans une sale pente. T'aimes pas ça. Sérieux. T'aimes pas du tout ça. Ca va faire mal. Ca fait déjà mal.

Je le sens pas, je sens que tout m’échappe, il répond pas, il réagit toujours pas. Je sais pas ce que j’fous là. Si je sais, je m’accroche à rien, je m’accroche à lui mais dans quel but ? C’est quoi la finalité de tout ça ? Et il fini par briser le silence. « Tu sais que je suis toujours là si t’as besoin… » wow. Je m’accroche tant que ça pour que ça fasse si mal une fois en chute libre ? J’ai le cœur qui palpite mais c’est pas bon, c’est pas positif ça. Toujours là si j’ai besoin, ca sonne faux, ca sonne mal. Ca somme comme la fin. Je me raidie dans le lit, je lâche tout. Sa main, mon front se décolle du sien. Pourquoi j’suis encore là. Je dis rien, je reste silencieuse, je me tourne. Pourquoi je reste ? J’vais aller où ? J’sais même pas quelle heure il est… J’ai plus qu’à espérer que le temps passe vite, que les minutes ne deviennent pas des heures, que j’parte, que j’puisse aller travailler, fuir et oublier cette nuit. Ca fait quoi, trente secondes que j’me suis tournée et c’est déjà trop long. Je me découvre, retire la couette de mes jambes, j’ai chaud, j’suis pas bien. C’est fini, je le sais. C’est finis à cause de moi, parce que j’ai pas été capable d’accepté le deal. Parce que j’ai fais semblant que ce serait ok pour moi. J’ai fais semblant d’être ce genre de nana chill comme il dit, qui se prend pas la tête alors qu’il sait pas comme c’est compliqué parfois pour moi. J’ai 36 ans, toujours pas casé, chacune de mes relations finis en vrai fiasco, de quoi en prendre un coup, de quoi faire du mal à son égo. C’est quoi le problème avec moi ? C’est toujours autre chose, toujours du nouveau. J’me lève, enfile mon pantalon que j’avais enlevé. « bonne nuit Andy. » et je dévale ces escaliers, j’veux pas qu’il continue à me retenir ou quoi. J’m’en vais, je sais pas où j’vais mais j’reste pas ici.

Et elle se détache. Et elle est sur le départ. Tu le vois. Elle laisse aucun place au doute en même temps. Elle se rhabille. Et toi t’es là. Tu bouges pas, mais t’aimes pas ça. C’est le milieu de la nuit et elle a nulle part où aller sauf si elle va chez elle qui est pas safe. « bonne nuit Andy. » Et t’es comme un con parce que tu dis rien. T’es juste en train de réaliser que vous allez plus vous voir. Ou du moins, plus comme ça. Mais en vrai, tu veux la voir, même pas ‘comme ça’. Tu veux qu’elle soit en sécurité. Tu veux qu’elle soit bien. Et là, il est 4h du mat’ ou pas loin. Ca va juste pas. Mais tu bouges pas alors que tu viens de te faire le film dans ta tête de ta personne qui va courir après elle pour la rattraper et faire en sorte qu’elle est en sécurité ce soir. Mais non. Rien de tout ça. Rien du tout.

Tu fermes les yeux et tu te surprend à demander à Dieu de veiller sur elle. Si ta mère croit autant en Dieu c’est que ça doit pas être complètement des conneries nan ? Elle croit aussi que t’es 100% hétéro et c’est de la grosse connerie Andy. Touché. Mais t’as rien d’autre pour t’accrocher à l’idée qu’elle va aller bien ce soir. Pour le reste de cette nuit. C’est une grande fille. Elle aurait dû rester quand même. T’aurais dû la retenir quand même. Je sais… Mais c’est trop tard. Yup.

Et comme t’arrives pas à dormir, tu te lèves, t’allumes ton ordi et tu vas bosser. T’as pas mal de photos à éditer. Ta main se pose sur une pochette posé à côté. Tu la prends, tu l’ouvres. Damn fuck. Les photos que vous avez pris ensemble y’a quelques semaines. T’avais oublié t’avais été les récupérer la veille. Damn. Ca fait bizarre de tenir autant à quelqu’un Andy hein ?