Les gens vont et viennent devant elle dans les allées de la ville. Elle les aperçoit qui entrent dans les bars enchantant et riant. C’est l’heure de l’happy hour et il nepouvait pas mieux porter son nom. Lene, de son côté, attendait. Elle devait retrouver Lullaby pour boire un verre. Charlotte et compagnie devait les rejoindre mais n’étant que très peu intéressée par leurs venues, Lene n’avait pas demandé à quelle heure, elle avait juste assumé qu’elles se verraient que Lulla ferait la communication. Seulement, il avait fallu que la secouriste soit en avance et sa seule source d’occupation, maintenant qu’elle avait passé en revu instagram, consistait à observer les gens qui allaient et venaient devant elle. L’un d’entre eux – un enfant – avait laissé tomber sur son chemin un caramel. Elle avait eu le cœur brisé en regardant le petit garçon tenter de rattraper sa friandise avant que sa mère ne tire sur son bras pour lui dire de laisser ça par terre, que c’était sale. Peut-être que c’était les hormones mais elle en avait le cœur pincé que de voir déchirure entre ce petit garçon qui sera privé de bonbon et le fameux bonbon qui va finir sa vie seul, à fondre au soleil à moins d’être piétiné par les passants. Ses yeux ne quittent pas le petit caramel, et pour patienter, elle se prend à prier à chaque minute pour que les pieds de passants ne l’écrasent pas et le laisse continuer sa vie de bonbon abandonné. C’est ce moment là que choisit Lullaby pour apparaitre, Lene était déjà totalement perdue dans ses pensées à imaginer les aventures suivantes. « Hello ! Tu vas bien ? » demande t-elle à l’adresse de son ancienne petite amie avant de se rendre compte que celle-ci était seule. Elle n’allait pas crier amen, mais presque tant elle était soulagée. « Tu es toute seule ? Je croyais que les filles venaient avec toi ? »
La petite robe noire. Un classique, qui fait toujours son petit effet quand il s’agit de sortir. Ou la rouge ? Bee hésite un moment. Même si elle sort juste pour prendre un verre. Bee se sait scrutée assez régulièrement, du fait de sa notoriété et elle mentirait si elle disait que ça ne met pas un petit coup de pression, que ça ne l’oblige pas à sortir en étant impeccable chaque fois, de peur d’avoir des remarques sur son physique, sur son allure, sur les réseaux sociaux, alors que beaucoup aiment faire la remarque que telle ou telle influenceuse est, en vrai, trop ceci, trop cela, pas assez si ou pas assez ça. Et puis, elle devait admettre qu’elle avait envie d’être jolie, envie de se sentir jolie, pour se sentir en confiance. Elle manquait souvent de confiance en elle et devant Lene, cette confiance pouvait s’envoler à n’importe quel moment, comme un vestige de leur relation d’antan et du pouvoir que Lene avait sur elle. Optant finalement pour la rouge, elle s'empresse de se préparer, surveillant l'heure.
Lene l’attend, le regard rivé sur le sol et Bee jette un regard à sa montre, surprise. Parce qu’en apercevant Lene déjà là, la blondinette s’imagine être en retard quand il n’en est rien, elle est tout juste à l’heure. Pas en avance, mais c’est suffisant. Elle approche de Lene et la salut, en se gardant de faire la moindre plaisanterie sur l’avance de la jeune femme, alors que Charlotte lui a finalement rapporté la discussion qu’elle avait eut la dernière fois avec Lene, quand celle-ci était venue à la crémaillère d’Emilie.
"- Tu vas bien ?" s’enquit-elle. Et comme Lene s’étonne de ne pas voir les filles avec elle, Bee hausse les épaules. "Charlotte a une gastro, donc Leslie est restée avec elle et Emilie a rencontré un nouveau mec, tu vois le délire."
Parce que malheureusement pour Emilie, avec son coeur d’artichaut, les relations amoureuses ne durent jamais bien longtemps.
"- Du coup… il n’y a que moi ouai.. Pourquoi, Charlotte te manque ?" elle esquisse un sourire.
Ses yeux avaient quittés le p’tit bonbon qui pouvait maintenant poursuivre sa route et tenter de survivre entre les pas d’inconnus. L’attention de Lene était ailleurs et c’était une agréable de surprise que de savoir qu’elle allait pouvoir profiter de l’happy hour sans les rires idiots de ses copines mais avec juste Lullaby. "- Tu vas bien ?" Elle fait oui de la tête. Elle va beaucoup mieux que la dernière fois qu’elles se sont croisées au parc si c’est que Lullaby cherche à savoir. Lene a dormi la nuit dernière ce qui a aidé sa journée à se passer tranquillement (enfin, si on retire les désagréments classique de son état, chose qu’elle compte continuer d’épargner à son entourage pendant encore un moment) "Charlotte a une gastro, donc Leslie est restée avec elle et Emilie a rencontré un nouveau mec, tu vois le délire." Elle essaie de ne pas rire et de ne pas faire de blague au sujet de Charlotte qui pour une fois, se fait chier elle-même. « Aaah je vois le genre. » répond t-elle au sujet d’Emily qui n’avait été branchée copines dès qu’un copain était dans l’équation. Un comportement de la jeune femme qui avait tendance à bien blaser Lene même si avec le temps, elle s’était faite à l’idée qu’il n’était juste pas possible de compter sur elle. "- Du coup… il n’y a que moi ouai.. Pourquoi, Charlotte te manque ?" Lene se forcerait presque à rire avant d’ajouter. « Non, ça va. » Non pas que la jeune femme la dérange, autrement, elle ne serait pas amie. Enfin, elle pouvait noter que Lullaby devenait vachement téméraire vu que là, elle s’apprêtait à boire un verre avec son ex au beau milieu de totals inconnus qui pourraient la juger sans qu’elle ne le voit. « On entre ? » demande t’elle en pointant du doigt le premier bar.
Si Lene a l’air absorbée par le contemplation du sol aux yeux de Lullaby il n’en est rien, mais cette dernière ne remarque pas le bonbon qui fond au soleil, dans l’indifférence générale. Elle ne remarque pas ce petit carreau de caramel rendu mou par les rayons du soleil hivernal de Brisbane. Caressé par les rayons du soleil, le petit carré s’étend lentement mais sûrement sur le trottoir et bientôt, il ne sera plus qu’une tache sur la chaussée, piétinée par les pas pressés des civils. Il ne restera de lui que la trace éphémère de son passage et l’image d’un petit garçon en larmes dans l’esprit de Lene. Telle est la vie des petits caramels abandonnés, ceux qui tombent des mains des enfants et finissent leurs chemins non pas sur quelques papilles mais dans une poubelle. Bee ne lui accorde pas plus d’importance que les autres tout autour. Ce n’est qu’un caramel.
Bee est venue seule au rendez-vous. Parce que les filles qui devaient venir ont lâché l’affaire au dernier moment. Alors elle a prit son courage à deux mains Bee, pour se pointer quand-même à l’adresse convenue. Seule, en tête à tête avec Lene, au milieu d’inconnus. Au milieu d’inconnus qui peuvent la connaître, qui peuvent voir qui elle est, qui peuvent se souvenir, peut-être, du visage de la brune, parce que huit ans, ce n’est pas si loin que ça non plus. Qu’ils pourraient la juger, les gens, la critiquer. Comme autrefois. Mais elle est venue, quand-même. Elle ne s’est pas trouvée d’excuse. C’est déjà un effort, non ? Elle hoche la tête quand Lene propose d’entrer.
"- Après toi."
Elles entrent, s’installent à une table dans un petit coin tranquille, non pas pour essayer de se dissimuler au regard des autres, mais pour être un peu tranquille, pas trop dérangées par le bruit des conversations des uns et des autres ou le passage des serveurs.
"- Alors, comment va notre petit protégé ? Et Patacitrou… non… Pata" elle réfléchie, mais le mot d’Harry Potter s’impose dans sa tête. "Ah oui, Patacroute !"
Et bien, il ne reste qu’à prendre ce verre et au lieu de rester à discuter dehors comme deux idiotes, Lene invite son ancienne petite amie à entrer à l’intérieur du premier bar. Des gens étaient déjà installés partout mais les deux jeunes femmes pouvaient trouver deux sièges de disponible un peu en retrait. Une bonne chose. C’était maintenant trop tard pour qu’une des filles se décident à les rejoindre et sans attendre, Lene commande son premier verre au serveur qui passe. Ce sera une limonade, le mojito n’était pas franchement d’occasion à cet instant. "- Alors, comment va notre petit protégé ? Et Patacitrou… non… Pata" demande Lullaby, amenant une mine surprise sur le visage de Lene qui ne comprend qu’au moment où elle parle de quoi son ex est en train de lui causer. "Ah oui, Patacroute !" « Patacroute ? » Elle est surprise, parce qu’il va bien et qu’il est toujours allé très bien. « C’est mon chien, le premier. » Elle hésitait encore avec le prénom du deuxième, qu’elle venait tout juste d’adopter. Si Pata avait été nommé rapidement, Lene devait au moins avoir le même level d’inspiration pour le second. « Mais, le p’tit nouveau va très bien. Le véto a dit qu’il souffrait pas. J’aurais limite pu le laisser où il était. » souffle Lene en riant avant d’ajouter. « Par contre, il a été très mal élevé. J’ai pris Pata quand ce n’était qu’un chiot donc je n’ai pas bataillé avec mais celui là ne connait pas la discipline. » A son grand regret, parce que maintenant qu’elle allait être maman, ce n’était pas plus dans ses projets que de s’occuper d’un animal à tête de mule. C’était pourtant trop tard pour la décision et dans le fond, Lene n’allait pas se plaindre de voir sa famille s’agrandir de deux membres.
Un serveur passe et Lene l’arrête pour commander, s’orientant sur une limonade. Bee lui emboîte le pas en demandant un diabolo, décidant de rester sage et préférant garder l’alcool pour plus tard, peut-être. Une fois de plus, Lene ne boit pas et Lullaby n’y fait pas réellement attention, alors que Lene n’avait pas de soucis avec la boisson il y a huit ans. Mais les gens peuvent changer, en quelques années et la jeune femme suppose simplement que la brune a peut-être ralentie le rythme. Elle est loin du compte, mais comment le soupçonner ?
La jeune femme demande des nouvelles du chien qu’elles ont sauvé l’autre jour et, puisqu’elle parle animaux, elle en demande sur le chien de Lene, aussi, le petit Patacroute. Bee hoche la tête. Apparemment leur petit protégé se porte bien et coule des jours heureux chez Lene. Une bonne chose, ce petit père a bien le droit d’être heureux après avoir été lâchement abandonné. Connaissant Lene, la demoiselle sait bien que le toutou ne sera absolument pas malheureux dans sa nouvelle vie.
"- Je vois oui. Ça va venir, il a juste besoin de temps, mais c’est toujours long de rééduquer un chien qui l’a mal été au départ. Essaie de voir un éducateur canin peut-être pour corriger les mauvais comportement ? Certains sont biens, avec de bonnes techniques d’approches !"
Certain oui, pas tous. Un bon éducateur canin c’est à peu près aussi facile à trouver qu’un bon gynécologue. Mais ça existe et ça peut considérablement aider Lene à rectifier le tir avec son nouvel ami à quatre pattes, dont Bee ignore encore le nom, d’ailleurs. Alors elle pose la question, tout de go, tout simplement. Le meilleur moyen d'obtenir une réponse, après tout.
"- Tu lui a trouvé un petit nom ou tu hésite toujours ?"
Le sujet du chien qu’elles avaient sauvé – ou kidnappé selon les versions – tombe très vite sur le tapis. En même temps, comment oublier ce petit excès de folie que Lene se prend à regretter un peu maintenant qu’elle a une petite bête à poil qui fout tout le bordel chez elle. Il était un risque à dé-dresser Patacroute si cela est une réalité mais c’était trop tard, Lene l’avait voulu, elle le garderait. Il ne lui reste qu’à faire en sorte qu’il sache se tenir tranquille d’ici à ce que le bébé vienne au monde. Un sacré challenge. "- Je vois oui. Ça va venir, il a juste besoin de temps, mais c’est toujours long de rééduquer un chien qui l’a mal été au départ. Essaie de voir un éducateur canin peut-être pour corriger les mauvais comportements ? Certains sont biens, avec de bonnes techniques d’approches !" conseille Lulla, ce qui ne convainc pas Lene qui préfère cent fois s’occuper elle-même de ses animaux. Pour elle, confier le dressage de son chien, c’est juste aussi bête que confier l’éducation de ses enfants à quelqu’un d’autre. Ça n’a que très peu de sens. « Non non, je vais le faire. J’ai bien réussi à dresser Pata. » dit-elle comme si la tâche serait la même alors que pas du tout. « Ça sera juste plus difficile parce que Pata était chiot et pas celui-ci, mais bon. » Là encore, elle se sent à la hauteur de la tâche qui va lui tomber sur les épaules et puis, si jamais, en dernier recours, elle fera appel à un professionnel. Elle est réellement en train de vivre une grand période de zenitude de l’extrême. "- Tu lui a trouvé un petit nom ou tu hésite toujours ?" demande Lullaby. Le nom du chien, c’était un sacré challenge. Elle voulait quelque chose d’au moins aussi atypique que Patacroute mais n’avait que très peu d’idée, de plus fallait qu’il répondeà son nouveau nom. « Pas vraiment. J’ai essayé des mots au hasard, gonochorisme, abnégation, pisciculture. Il répond à rien. Je commence à me dire que ce sera Fifi et c’est tout ! »
Lene ne veut pas de l’aide d’un professionnel, elle veut le faire elle-même, de corriger les mauvais comportement de l’animal. Soit. Bee lui souhaite de parvenir à éduquer l’animal. Effectivement elle y est parvenu avec Patacroute mais ce n’est pas la même chose de dresser un animal bébé et de le dresser quand il est adulte. Enfant, il a tout à apprendre. Mais une fois qu’il est grand, il a tout à oublier, c’est assez compliqué à faire. Mais avec de la ténacité, Lene devrait y arriver, c’est certain. Bee aurait simplement pensé qu’un éducateur pourrait lui filer un coup de main. Mais ce ne sont pas ses affaires, ça ne la regarde pas et Lene fait bien comme elle veut, pour s’occuper de l’animal. Ce ne sont pas vraiment les affaires de Bee, puisque Leny a adopté le chien c’est sa responsabilité et sa vision qui prime, évidemment.
Et en parlant de l’adorable petite boule de poil, Bee se demande s’il a enfin un nom, alors qu’elles n’en ont pas vraiment trouvé la dernière fois. Et Lene lui fait savoir qu’elle a essayé plein de nom, sans trouver celui qui convienne tant au chien qu’à elle. Un vrai parcourt du combattant pour nommer le petit animal, apparemment. Elle se prend peut-être un peu la tête Lene, non ? Bee le pense en tout cas, elle cherche peut-être trop loin, trop original, mais elle ne le dira pas. Toutefois elle ne peut pas s’empêcher de rire un peu face aux noms essayés par Lene, parce qu’ils ont de quoi surprendre, mais le dernier, malgré son côté classique, est encore pire.
"- Fifi ? Mais c’est même pas un prénom acceptable pour une serpillère alors pour un chien ! Pauvre bête !" elle rit encore.
C’était un point d’honneur pour Lene que de faire les choses elle-même. Elle n’était pas fille à demander de l’aide et surtout quand elle avait la confiance nécessaire en elle pour savoir que ce n’était utile. Lene ne fuyait pas devant la difficulté, point barre. Elle allait donc prendre en charge l’éducation de son nouveau chien toute seule exactement comme elle s’apprête à le faire avec le bébé qui commence à prendre ses aises dans son ventre. Elle aurait l’impression d’avouer ses limites avant même d’avoir enfanté et ça, quand on a la fierté d’Adams, ce n’est pas possible. Pour l’instant, elle en était encore à découvrir l’animal et ses manies. Lene patiente parce qu’elle sait qu’elle ne pourrait pas le changer tout d’suite. Une fois encore, elle ne va pas tenter de s’énerver en y repensant. Déjà, tant qu’elle n’a pas de nom à lui donner pour qu’il apprenne à y répondre, elle n’est pas bien avancée. "- Fifi ? Mais c’est même pas un prénom acceptable pour une serpillère alors pour un chien ! Pauvre bête !" En vrai, Lene, ça la faisait rire Fifi. C’est totalement ridicule, on est bien d’accord, mais la jeune femme est du genre à donner des noms ridicules. Ce qui promet pour sa progéniture. « Heey ! J’te signale que tant que y’a des gens assez bête pour appeler leur môme Timéo, tu laisses Fifi tranquille ! » dit-elle, mi-vexée mi-taquine parce que faut dire que ça sonnait hyper bien pour la minuscule boule de poil qu’elle avait adopté. « Après, ça lui irait mieux si je lui donnais un nom complet tu vois, comme Fifi Långstrump » Elle essaie l’accent mais visiblement, le suédois n’est pas dans ses cordes. « Ou alors, j’essaie un nom de mst, genre gonorrhée. Si tu sais pas ce que ça veut dire, ça peut sonner hyper bien ! » Et le pire, c’est qu’elle est sérieux.
De toute évidence, Lullaby et Lene ne sont pas d’accord sur la beauté du prénom Fifi et si Lene pourrait réellement appeler son chien comme cela, ce n’est pas le cas de Bee. Mais ce n’est pas un problème, parce qu’il s’agit du chien de Lene, alors le choix du prénom de celui-ci, même si elles l’ont sauvé à deux, revient à la brune. En d’autres temps, il aurait put s’agir de leur chien. Mais plus aujourd’hui, plus depuis longtemps, alors que la vie les a séparé. Pour mieux les remettre, aujourd’hui et depuis quelques temps, l’une sur la route de l’autre. Bee passe une main dans ses cheveux et elle jette un regard à Lene, comme elle ne voit pas le problème qu’il y a à appeler son enfant Timéo.
«- Je n’appellerai pas mon fils Timéo mais je ne vois pas le problème de ce prénom ?» interroge la demoiselle, curieuse de savoir ce que Lene peut avoir contre ce dernier et elle poursuit la conversation, comme Lene a suggéré de donner u nom composé à son chien. «Mais pauvre toutou ! Tu imagine le pauvre véto qui va devoir écrire son nom dans le carnet de santé ? Tu as de ces idées de prénoms… je plains ton gamin !»
Elle dit ça sur le ton de la plaisanterie, Lullaby et ce sans savoir que justement son ex compagne est enceinte de son dernier petit ami. Sans savoir que la vie a commencé à grandir juste sous ses yeux, en restant totalement invisible encore. Mais elle n’est pas au bout de ses surprises et elle écarquille les yeux, en accompagnant le geste d’une grimace, quand Lene propose un nom de mst pour son compagnon.
«- Tu veux pas plutôt l’appeler Patmol ? C’est plus classique j’te l’accorde mais moins dégoûtant !» elle rit. «J’veux pas savoir l’effet que fait cette maladie, avec son nom barbare. Tu veux pas l’appeler papillomavirus aussi ?» elle rit encore.
Elles ont ce qu’on pourrait appeler des divergences d’opinion concernant les noms et c’est fort dommage parce que Lene s’en amuse énormément de la possibilité d’appeler son chien n’importe comme. Elle l’avait déjà fait avec Patacroute et le referais sans hésiter avec le petit dernier. Il ne lui reste maintenant plus qu’à trouver ce que ce serait. Visiblement Fifi ne fait pas l’unanimité même s’il fait rire Lene. C’est là qu’elle s’en rend compte : Lullaby est bien trop sérieux. Elle l’était déjà quand elles étaient ensemble et elle trouve ça triste aujourd’hui de se rendre compte que ça n’a pas changé. «- Je n’appellerai pas mon fils Timéo mais je ne vois pas le problème de ce prénom ?» ajoute-t-elle alors que Lene lance un tacle facile à ce prénom que nombre de personne ressentent le besoin d’affubler à leurs enfants. Lene est déçue que Lulla n’ait pas attrapé la perche voulant les amener à se moquer de toute sorte de prénoms ridicules. « C’est moche et dénué d’originalité. » Soutient Lene avant de passer à autre et de proposer de prendre carrément un nom de maladie sexuellement transmissible pour ce chien, il faut l’admettre, si elle venait à l’appeler Gonorrhée pour qu’il rapplique, ça amènerait tous les gens à se retourner vers elle. Ce serait drôle. «Mais pauvre toutou ! Tu imagine le pauvre véto qui va devoir écrire son nom dans le carnet de santé ? Tu as de ces idées de prénoms… je plains ton gamin !» Plaint Lulla, avec une dernière réflexion qui efface tout sourire à Lene. Si elle l’aurait pris à la rigolade en tant normal, maintenant qu’il y’a un gamin à venir, elle est très susceptible sur le sujet. « Mon gamin se portera très bien. » Qu’elle appuie d’un ton allant de neutre à passif-agressif parce qu’il est hors de question qu’à peine en cours de formation, les autres individus se permettent ce genre de réflexion. La seule raison qui pousse à ne pas s’énerver mais à rester plutôt froide est le fait que Lullaby ne soit pas au courant et que sa remarque soit au final, plutôt innocente. «- Tu veux pas plutôt l’appeler Patmol ? C’est plus classique j’te l’accorde mais moins dégoûtant !» Ouais, c’est comme Timéo. Banal. L’amusement que pouvait éprouver Lene à chercher un prénom est redescendu. Au moins, elle sait déjà qui elle ne viendra pas voir pour l’aider à nommer son bébé. «J’veux pas savoir l’effet que fait cette maladie, avec son nom barbare. Tu veux pas l’appeler papillomavirus aussi ?» « Non, je vais lui trouver un nom barbant, c’est mieux. » finit-elle par renvoyer, sèchement.
Elle a fait une bêtise en ouvrant la bouche Bee, de toute évidence, une bêtise que Lene ne laisse pas passer comme elle affirme que son gamin se portera très bien. Bee ne doit pas le contraire, seulement – et pour rire – qu’elle redoute le prénom que Lene pourrait vouloir lui donner. Naturellement la demoiselle ne sait pas comme le sujet des enfants, qui lui semble encore abstrait et hypothétiques, est particulièrement sensible de fait de la grossesse secrète de son ex compagne. Bee ne voulait pas froisser Lene, mais c’est ce qu’elle a fait de toute évidence bien malgré elle et quoiqu’elle tente de se rattraper tant bien que mal, l’expression du visage de Lene ne change pas, se faisant plus sauvage, plus froide, comme elle affirme qu’elle trouvera à son chien un nom barbant.
Elle prend la mouche si rapidement, Lene, que Lullaby se demande laquelle la pique. Elle a beau connaître le caractère de Lene, elle avait jusqu’ici put se targuer d’avoir rarement goûté à son caractère flambant, sauf, bien entendu, quand elle avait mis un terme à leur histoire, s’attirant les foudres de Lene par la même occasion. Mais aujourd’hui, ce caractère lui explose à la figure sans que la demoiselle n’ait vraiment vu le coup venir.
«- Je suis désolé je ne voulais pas te vexer, ça n’était qu’une plaisanterie…» avance la blondinette en présentant ses excuses à Lene. Il se pourrait que la soirée tourne plus court que prévue. Tout dépendra de Lene, probablement. «Je suis désolé que tu l’ai mal prit…»
Bee se mord la lèvre inférieure, en scrutant le visage contrarié de Lene et rapidement, elle se demande qu’elle position adopter, s’il vaux mieux qu’elle reste ici, ou qu’au contraire elle laisse la brune en paix, maintenant qu’elle n’est plus d’humeur. Choix cornélien, comme elle se demande ce que Lene voudrait. Un seul faux pas pourrait lui être fatal, elle le sait. Comme quoi avec Lene, on sait rarement sur quel pied danser.
L’innocente remarque de Lullaby jette un froid dans la conversation qui se voulait à la cool et civilisée. C’est plus fort que Lene. Depuis que cette grossesse a commencé, elle ne peut s’empêcher de penser aux retours qu’elle aura lorsqu’elle se verra dans l’obligation de partager la nouvelle – ou quand la situation fera que tout le monde sera capable de le déduire – et ce n’est pas glorieux. Elle devine déjà les remarques qu’elle recevra et sait déjà que beaucoup remettront en question sa capacité à élever ce bébé. Elle est déjà sensible sur le sujet et si Lullaby ne sait encore rien de ce qu’il se trame, ça n’empêche pas sa remarque d’atteindre Lene, comme si même alors que le bébé n’est pas né, les autres pouvaient se permettre de déjà la juger. «- Je suis désolé je ne voulais pas te vexer, ça n’était qu’une plaisanterie…» Voici le genre de situation où elle peut comprendre qu’une simple remarque puisse être en apparence innocente mais bien blessante. Lene reste silencieuse, le temps de se raisonner parce qu’elle se rend compte que sa remarque a été provoquée par un léger accès de colère qui aura été soudain. C’est chiant, bientôt plus personne ne pourra lui parler parce qu’elle se vexera d’un rien. «Je suis désolé que tu l’ai mal prit…» ajoute Lulla, dépourvue par la situation vu que la conversation vient de prendre un virage à 180° degré à cause des humeurs de la brune, qui toujours un peu vexée se contente de répondre en grognant. «- Je euh… tu veux que je m’en ailles ?» Elle la regarde. Elle ressent encore un peu de colère mais elle ne veut pas que Lulla parte, elles viennent à peine d’arriver. Elle hoche la tête, se sentant un peu con. « Non non, ne pars pas. » soupire Lene avant de se reprendre. « C’est moi qui suis désolée, je suis beaucoup à fleur de peau en ce moment. Je ne voulais pas te faire profiter mes humeurs. »
Bee ne s’attendait pas vraiment à ça et pourtant, elle connait le caractère quelque peu particulier de celle qui partageait, un jour, sa vie. Elle sait comme Lene a un caractère bien à elle, un caractère de feu, diraient certains, et que la demoiselle n’est pas le genre de personnes qui va se poser une centaine de questions avant de dire ce qu’elle a à dire et foncer dans le tas. Bee le sait depuis huit ans déjà, elle le sait depuis qu’elles sont sorties ensemble. Mais elle ne s’attendait certainement pas à en être la victime malheureuse aujourd’hui. Pour quelques mots malheureux, qui se voulaient être une plaisanterie. Bee ne sait plus où se mettre et comme Lene grogne en réponse à chacun de ses mots, la demoiselle songe qu’il vaudrait peut-être mieux qu’elle s’en aille, qu’elle lâche l’affaire et rentre chez elle. Quand elle le propose à son interlocutrice, elle s’attend à ce que cette dernière accepte cette proposition… mais il n’en est rien. Au contraire. Et Lene présente même des excuses, réalisant qu’elle a réagit un peu trop vivement, étant apparemment à fleur de peau ces derniers temps, à en croire ses dires.
«- Ce n’est rien, ça arrive à tout le monde d’avoir ses sautes d’humeur.» assure la demoiselle.
Au final c’est malheureux, c’est un mauvais moment à passer, mais ce n’est pas un drame, il n’y a pas mort d’homme. Elles peuvent continuer de papoter, trouver un sujet à évoquer, quelque chose de plus neutre que le prénom du chien ou de l’enfant potentiel de Lene un jour. Bee se creuse les méninges, cherche un sujet de conversation. Quelque chose de safe mais…
«- J’ai…. J’ai appris pour ta maman et je… je n’avais pas encore eut l’occasion de te présenter mes condoléances.» souffle Bee. «Nos dernières rencontres ne s’y prêtaient pas. En tout cas, je suis désolé…»
Si sa situation avait été autre, Lene aurait sûrement rebondi sur la blague de Lullaby. Jusqu’à maintenant, les enfants, c’était un futur hypothétique et elle riait toujours de bon cœur, n’hésitant pas à faire preuve de cynisme en la matière tant la possibilité d’enfanter n’était rien d’autres à ses yeux qu’une porte de sortie pour des nanas qui ne trouveraient jamais rien de mieux à faire de sa vie que de pouponner. Forcément, quand on a tenu de tel propos, dès que le sujet tombe sur la table alors qu’elle est elle-même devenue une de ses nanas, ça l’amène à régir un peu violemment. Lene avait toujours été impulsive, maintenant, elle est pire. Dieu merci, la brune arrive tout de même à s’en rendre compte et à mettre de l’eau dans son vin. La remarque de Lullaby l’avait piqué mais Lene est capable de mettre assez d’eau dans son vin pour comprendre qu’il n’y avait rien d’intentionnel là-dedans. De plus, la personne qui a inventé la blague pieds dans le plat qui blesse au lieu de faire rire, c’est elle. «- Ce n’est rien, ça arrive à tout le monde d’avoir ses sautes d’humeur.» Sauf qu’il ne s’agit pas de sautes d’humeur classique. Etant donné que ça fait deux fois que Lullaby en est victime, elle se dit qu’elle pourrait très bien lui dire les raisons. Lene est même certaine qu’elle comprendrait mais, c’est trop tôt. Pour le moment, ils sont trois personnes à le savoir et c’est très bien pour elle. Quitte à devenir une vache à lait, elle aimerait ne pas le faire savoir trop vite. Les autres le découvriront bien assez tôt. «- J’ai…. J’ai appris pour ta maman et je… je n’avais pas encore eut l’occasion de te présenter mes condoléances.» ajoute Lulla, surprenant Lene au passage qui ne s’attendait pas à ce que ce sujet-là tombe sur la table. Elle baisse immédiatement les yeux. La mort de maman est encore un sujet flou pour elle. «Nos dernières rencontres ne s’y prêtaient pas. En tout cas, je suis désolé…» dit-elle, amenant un léger sourire sur le visage d’une Lene qui est dans le fond assez reconnaissante à Lullaby qu’en dépit qu’elle sache la nouvelle, elle n’ait pas cherché à l’inonder de bons sentiments. « Je te remercie, ça me touche. » Elle est sincère. Beaucoup de monde devait avoir adresser leurs condoléances à ses frères et sœurs mais elle, on avait oublié qu’elle était sa fille aussi. « Tu sais, je l’avais pas vu depuis dix ans. J’étais un peu faite à l’idée de ne jamais la revoir. » explique Lene, en jouant avec sa serviette de table pour occuper ses doigts. Depuis qu’elle avait été mise à la porte, elle avait été sans nouvelle. « C’est bête mais des fois, j’oublies que c’est arrivé vu qu’elle était déjà absente. » Elle reprend. « Enfin, c’est plutôt moi qui était absente à vrai dire. »