Parler de la mère de Lene, celle-ci étant décédée il y a encore peu, n’est pas forcément la meilleure des choses que la jeune femme a à faire alors qu’elle tente au contraire d’éloigner l’orage et, l’espace d’une seconde, elle songe qu’au contraire, parler de ce sujet maintenant n’est pas vraiment indiqué. Seulement, la demoiselle n’a déjà pas osé en parler les fois précédentes et elle ne peut pas non plus attendre indéfiniment, sans quoi il sera Noël avant que la demoiselle n’ait eut le temps de présenter ses condoléances à son ex compagne. Alors le moment est peut-être venu de se jeter à l’eau tout simplement, parce qu’aucune occasion entre elles ne semblent opportunes.
«- C’est normal.» assure la jeune femme.
Ouai, elle se doute que Lene n’a pas vu sa mère depuis un bout de temps, cela faisait déjà deux ans que c’était ainsi, lorsque les deux jeunes femmes avaient commencés à sortir ensemble et Lullaby n’avait jamais rencontré les parents Adams. Néanmoins, le fait que cela ai perduré, depuis, est triste, d’autant plus que Lene savait déjà, depuis longtemps, comme elle s’y était préparé, qu’elle ne reverrait plus sa mère. Une situation qui est loin d’être facile et Lene avoue que parfois, de fait, elle oublie que sa maman est décédée, puisque cette dernière ne faisait déjà plus partie de sa vie, depuis un long moment.
«- Je suis désolé que les choses se soient passées ainsi entre vous et que ça ne se soit pas arrangé avec le temps…» souffle la jeune femme en observant leurs verres, avant d’adresser un sourire compatissant à son interlocutrice. «Même si on a des différents avec sa maman, j’imagine que la perdre, savoir que c’est définitif, ce n’est pas facile…» souffle la jeune femme. «Si tu as besoin d’en parler un jour, sache que je suis là… Je ne te ferai pas l’affront de te dire que je comprend parfaitement, quand j’ai encore la mienne mais… j’imagine ce que c’est…»
Lene ne s’était pas épanchée sur la mort de sa mère. Hormis Tommy dont elle avait eu besoin du réconfort, elle n’avait pas éprouvé le besoin de traiter cette information avec qui que ce soit d’autre. Son ressentiment est privé et de toute façon, il n’y a que très peu de chose à en dire vu qu’elle ne l’avait pas revu depuis des années et que sa mère n’avait pas jugé utile de prendre contact avec elle alors qu’elle se savait mourante. Ce dont Lene faisait le deuil, c’était de la possibilité et de l’espoir caché qu’elle avait qu’un jour, sa mère l’accepterait telle qu’elle est et que les choses iraient mieux avec elle mais elle lui en avait privé et pour ça, le jeune nourrit un intense ressentiment qu’elle cache sous une couche de fausse indifférence. «- Je suis désolé que les choses se soient passées ainsi entre vous et que ça ne se soit pas arrangé avec le temps…» Elles étaient déjà en mauvais termes à l’époque où Lene fricotait avec Lulla. C’était encore assez frais d’ailleurs et Lene, depuis qu’elle l’avait revu n’avait jugé utile de l’informer de là où en est toute sa situation avec les Adams : c’est pire, de toute façon. « C’était son choix. En ce qui me concerne, elle n’a eu que trois enfants. » lâche Lene, même si elle se doute bien que ses propos plein de dureté ne feront que perdre la jeune femme. Arlène n’avait rien d’une mère et ce sentiment est encore plus intense au moment Lene s’apprête à le devenir à son tour parce que si c’est difficile pour elle de gérer le tsunami émotionnel qu’est cette grossesse, une chose est sûre : elle serait incapable d’oublier son bébé comme s’il n’avait jamais exister. «Même si on a des différents avec sa maman, j’imagine que la perdre, savoir que c’est définitif, ce n’est pas facile…» Lene hausse les épaules parce que Lullaby marque une vérité mais de là à ce que la brune l’admette à haute voix. «Si tu as besoin d’en parler un jour, sache que je suis là… Je ne te ferai pas l’affront de te dire que je comprends parfaitement, quand j’ai encore la mienne mais… j’imagine ce que c’est…» « Merci, c’est gentil. » dit-elle avant de reprendre. « Mais je crains qu’il n’y ait pas grand-chose à en dire. Son décès, ça n’a fait que rendre officiel le fait qu’elle ne fait pas partie de ma vie. C’est tout. »
Lullaby est désolée pour Lene, alors que cette dernière a récemment perdu sa mère. Mais elle l’est plus encore d’apprendre que jamais, mère et fille, ne se sont rabibochés. Ce décès avait réduit à néant les chances que la jeune femme puisse un jour revoir sa mère, lui parler de nouveau et elles s’étaient quittés presque comme deux étrangères, en fin de compte, tandis que le trépas privait Lene de la possibilité que sa mère fasse un pas vers elle un jour. Bee était désolée, désolée que les choses se soient passées ainsi pour Lene, désolée parce qu’elle sait que ce ne doit pas être facile d’enterrer sa maman. Il n’y a jamais un âge auquel on est réellement près à cela, mais la trentaine d’années, c’est si jeune. Bee remercie le ciel que la sienne se porte bien, même si elle ne comprend pas toujours sa fille et juge cette dernière, de par le métier qu’elle a décidé d’occuper.
«- Tu ne pense pas ce que tu dis…» souffle Bee.
Tout du moins, elle n’espère pas. Ce serait si triste, si les mots de Lene étaient vrais. Elle ne se considère pas, plus, comme la fille de sa mère, alors ? Voilà une pensée qui ne manque pas de tristesse et d’amertume. On peut vraiment un jour, se sentir à ce point mal vis-à-vis d’un parent, qu’on ne se conçoit plus comme étant de sa progéniture ? Lullaby en est attristée, attristée pour Lene.
«- Oui… j’imagine… Et dans un même temps il…»
Bee bute, cherche ses mots, ne sachant pas comment elle peut formuler sa pensée en même temps qu’elle tente de ne pas mettre les pieds dans le plat, de sorte à ne pas provoquer la peine ou la colère de son ex compagne. Elle se plonge dans l’observation de son verre quelques instants avant de se jeter à l’eau, hésitante.
«- Disons qu’en même temps il fait que la situation ne s’améliorera jamais. Et… je ne sais pas, j’ai pensé que ça pouvait être assez dur… En tout cas, je suis là si tu as besoin.» assure la demoiselle.
Même si c’est pour ne parler de rien, même si c’est juste parce que Lene a besoin d’un peu de compagnie, d’une présence à ses côtés pour lui remonter le moral et lui rendre le sourire.
«- Tu ne pense pas ce que tu dis…» Lene lève les yeux vers son ex-copine. Son regard lui soutient que si, elle pense parfaitement ce qu’elle dit et il faudrait être vraiment stupide ou très peu connaitre Lene pour ne pas croire ce qu’elle affirme quand elle annonce que quelqu’un – mort ou vif – est totalement effacé de sa vie parce que c’est le cas de sa mère. La brune ne voit absolument pas en vertu de quoi elle devrait la considérer comme autre chose que celle qui l’a mis au monde vu le potentiel maternel qu’elle lui a démontré. « Bien sûr que si. » pointe Lene, le ton qui devient tranchant parce qu’il est hors de question qu’elle écoute un discours plein de bons sentiments sur le fait que l’on ne puisse pas haïr ses parents. Lene en est capable et le fait savoir parce que sa mère en décédant sans chercher à rattraper quoique ce soit avait gravé dans le marbre ce ressenti. Elle ne s’exprime pas plus sur le sujet. Son ressenti est propre et Lullaby est bien trop jeune et naïve pour comprendre toute la haine que Lene est capable de ressentir. Ce par quoi elle conclue c’est par le côté définitif que ce décès impose lui impose et l’absence de retour en arrière qui fait que Lene n’a plus qu’à avancer dans la vie plutôt qu’à pleurer une femme qui n’en aurait pas fait autant si elle était décédée. «- Oui… j’imagine… Et dans un même temps il…» Elle lève un sourcils, attendant que Lulla termine sa phrase. «- Disons qu’en même temps il fait que la situation ne s’améliorera jamais. Et… je ne sais pas, j’ai pensé que ça pouvait être assez dur… En tout cas, je suis là si tu as besoin.» Elle hausse les épaules. Lene reste une personne peu expressive, consciente du fait qu’on vit, qu’on meurt et que celui qui reste derrière n’a qu’à gérer à sa façon et la sienne, c’est de ne pas se préoccuper de toute ça. « Je te remercie, mais je t’assure que y’a rien de plus à en dire. Ça fait plusieurs semaines, j’étais triste sur le coup mais j’en suis revenue à ma vie qui n’a pas changé d’un poil avec cette information. » Elle ajouterait bien qu’elle s’en fout, mais de le dire à haute voix, ça ne serait que donner raison à ses frères et sœurs qui présument son ressenti comme s’ils la connaissaient vraiment. « Je sais que ça peut choquer ce que je dis, mais c’est comme ça. »
Que l’on puisse détester ses parents, considérer que ces derniers n’existent plus pour nous, c’est assez difficile à concevoir pour la demoiselle. Et pourtant elle admettait sans mal devant Hadès il y a peu de temps encore que parfois la famille de cœur était prépondérante sur la famille de sang. Cependant, quand on a grandit avec ses parents, élevés par eux, la demoiselle a du mal à se protéger dans l’idée qu’on puisse ne pas les aimer, à ce point qu’on considère qu’ils n’existent plus. Mais elle n’a pas d’ennuis de famille, la demoiselle et toutes ces questions restent relativement abstraite pour elle. Dans le fond, elle croit encore que tout au fond de soi, peu importe la situation, on garde un certain attachement à sa famille, à ses racines.
Mais Lene semble très sérieuse quand elle parle de tout ça et le ressentiment semble bien grand, alors que la mort de sa mère cristallise le fait que la mort les ait séparées fâchées, sans qu’il ne puisse y avoir le moindre retour en arrière, alors. Et peut-être qu’elle a besoin de parler de tout cela, la situation étant loin d’être évidente. Alors Bee se propose pour l’écouter, la conseiller, essayer d’éloigner ses tourments et ses peines. Lene refuse son aide néanmoins, comme sa vie semble avoir reprit son cours sans que cela ne change rien pour elle, pour son existence. Bee baisse la tête. Ça l’attriste. Ça l’attriste que Lene ait put être aussi mal avec sa mère, elle-même ne connaissant pas vraiment ce genre de chose, son seul désaccord avec cette dernière résidant dans son métier, désapprouvé par sa maman certes, sans que cela ne sépare la fille de la mère.
«- Disons seulement que c’est quelque chose que j’ai du mal à envisager.» reconnait la demoiselle. «Qui tient au fait que je n’ai pas à me plaindre, réellement, de mes propres parents même s’il nous arrive d’avoir nos différents… C’est difficile à envisager, difficile de se projeter… d’imaginer que ça puisse être.. si différent.» avoue la demoiselle avant de changer de sujet. «Au fait tu t'ai décidé pour ta course ?»
Elle reste pragmatique. Les liens du sang n’ont aucune valeur aux yeux de Lene et l’entièreté de la famille Adams avait validé ses propos de par leur comportement. Depuis l’âge de quinze ans, elle avait cessé d’évoluer avec eux et si elle avait toujours pensé que d’une façon ou d’une autre et même en étant le petit canard, il restait une place pour elle, la mort de sa mère avait tout changé. Lene n’en croit toujours pas ses yeux qu’avant de décéder Arlène n’avait pas fait le nécessaire pour faire la paix avec sa fille, ou au moins pour avoir une conversation avec elle pour mettre les choses à plat. Désormais, de leur lien il ne reste plus rien, elle n’est plus uniquement la femme qui ne l’avait pas soutenu alors qu’elle aurait du tout faire pour elle, elle était celle qui l’avait sciemment abandonné et alors qu’elle s’apprête à devenir mère à son tour, Lene ne comprend pas cette décision. C’est pourquoi sa mère n’est plus rien, au même titre que sa famille. Les liens du sang ne valent rien. Ils n’ont pas poussé sa mère vers elle et ça, la brune en sera toujours très rancunière. Tout ça l’amène à n’avoir que très peu de considération pour les propos de Lulla. Même si ceux-ci partent d’une bonne intention et d’un bon fond, cela ne rivalise pas avec le côté très terre à terre de Lene. «- Disons seulement que c’est quelque chose que j’ai du mal à envisager.» Lene hausse les épaules. Elles n’ont pas la même famille, pas le même caractère et pas la même histoire. Forcément. «Qui tient au fait que je n’ai pas à me plaindre, réellement, de mes propres parents même s’il nous arrive d’avoir nos différents… C’est difficile à envisager, difficile de se projeter… d’imaginer que ça puisse être.. si différent.» Lene ne dit rien, de peur d’être trop cassante. «Au fait tu t'ai décidé pour ta course ?» Elle hausse les épaules. « Non, pas du tout. J’ai quelques petits trucs à faire avant. » Accoucher, par exemple.
Malheureusement parfois, les histoires de familles sont compliqués, très compliqués et prennent de telles proportions, qu’elles ne sont jamais réparées, parce que ça n’est pas possible. Naturellement, Lullaby a du mal à imaginer cela, du mal à se projeter, elle qui est toujours si positive, qui voit très souvent le verre à moitié plein. Il n’y a bien que dans ses affaires de cœur, que cet optimisme se fait la malle, assurément. Alors elle a du mal à imaginer que l’on puisse considérer qu’un parent n’est plus notre parent. Si elle a des différents avec sa mère, ça n’est rien de comparable avec ce que Lene et d’autres ont put vivre. Tout ça pour elle est trop abstrait.
Lullaby préfère changer de conversation, essayer de les guider, peut-être, sur un terrain moins glissant, sur une discussion qui sera moins un champ de mine. Là, elle le sait, il faut qu’elle marche sur des œufs si elle ne veut pas s’attirer les foudres de Lene. Et la demoiselle préfère éviter de s’attirer une fois encore, ce soit, l’agacement ou la colère de celle qui est son ex. Alors elle la branche sur la navigation, se souvenant que Lene avait évoqué une course qu’elle souhaitait faire. Mais ses projets ont semble-t-il changé, maintenant. Elle a des choses à faire, avant. Cette information pique la curiosité de Lullaby.
«- Ah ? Quoi donc ? Une grande compétition de surf en approche ?» s’enquit-elle.
Le surf, bien sûr. Ou un sport quelconque. Le boulot, peut-être ? Mais un bébé ? Bee est vraiment à des lieux de se douter que cela puisse concerner un petit être qui grandit sagement sous le t-shirt de Lene. A des lieux de se douter que Lene puisse être une heureuse future maman et que l’agacement facile dont elle fait preuve aujourd’hui relève tant de ses hormones que de son habituel caractère vif.
Lullaby venait de lui rappeler avec sa question innocente que Lene allait devoir remettre à plus tard certains projets. La gestion de cette grossesse et de tout le stress qui l’entoure avait balayé tous ses rêves que de partir à la conquête des mers avec son voilier. Certes, elle pouvait faire partie de ces parents qui emmenaient leurs enfants en bas âge partout, mais elle n’est pas sûre qu’Anwar y consente et elle ne voudrait pas de toute façon faire courir un risque à sa progéniture. La navigation, c’est le pied, mais ça reste un sport très demandant et très dangereux. Il suffit de rater une info pour se retrouver pris au beau milieu d’une tempête avec un bateau qui n’a pas été conçu pour. Lene allait devoir revoir ses projets, elle le réalise maintenant. «- Ah ? Quoi donc ? Une grande compétition de surf en approche ?» Le surf aussi, ça allait faire partie des choses en suspens vu que Lene allait bientôt être incapable de se poser sur le ventre. Est-ce que Lullaby a un sixième sens qui lui permet de deviné parce que sans le vouloir, la douce vient tout juste de rappeler deux mauvaises nouvelles à Lene. « Non, c’est pas prévu. » Elle hoche la tête, avant d’expliquer. « Tu sais, passé la trentaine, en amateur, il ne se passe plus grand-chose dans le domaine. » Elle l’avoue à contre cœur même si elle sait qu’en cherchant bien, elle trouverait, mais elle ne peut pas. Le surf sera en suspens aussi, à son grand dam parce que Lene n’a jamais eu aucune autre passion que celle-ci et qu’elle jure beaucoup avec son état. Tous sports extrêmes allaient devoir être reconsidéré, et même après l’accouchement. Elle ne le dit pas à haute voix mais sur son visage, cela peut se voir qu’elle se sent bien coincé. Encore une chose à ajouter à ses angoisses. « Je vais garder ma vie monotone pour un moment, puis j’ai un chien à dresser je te rappelle. » Et ça, ça allait être une sacrée compétition jusqu’à ce que le bébé arrive vu le caractère du bétail.
Lullaby lève un sourcil, comme elle cherche à comprendre ce que Lene veut bien vouloir dire, quand elle évoque avoir des petites choses à faire avant, qui ne lui permettent pas de partir naviguer comme elle y pensait, ou disait y penser, il y a de cela quelques mois. Lullaby émet des suppositions, imaginant que la brunette va peut-être participer prochainement à une compétition de surf, mais ce n’est pas ça qui empêche Lene dr partir. A cause de son âge, si Bee en croit ce que la jeune femme dit. Comme quoi l’âge est une donnée importante et relativement chiante dans beaucoup de domaine. Lullaby se doute bien qu’un jour, elle aussi aura à faire une croix sur le patinage artistique ou sur certains sauts, en tout cas, parce que son corps ne suivrait plus. Mais trente ans, en revanche, elle trouve cela jeune encore.
Il semble à Lullaby que Lene cache quelque chose et elle s’inquiète de l’air contrarié affiché par son ex petite amie, quand cette dernière prétend qu’elle va devoir garder sa vie monotone un moment, d’autant plus qu’elle a un chien à dresser. Bee lui adresse un regard par en-dessous, persuadée qu’il y a quelque chose qui lui manque, quelque chose que Lene n’a pas dit. Elle affiche une mine trop contrariée pour qu’il n’y ait rien et Lullaby a l’impression d’avoir allumé quelque chose, en Lene. Quelque chose de désagréable pour celle-ci. Un poids semble l’accabler, à présent.
«- Quelque chose ne va pas Lene ?» s’inquiète Lullaby.
Il y a forcément quelque chose, sans quoi Lene n’aurait pas affiché cette petite moue. Quelque chose que Lullaby ne comprend pas mais qui a l’air important : elle le sent, au plus profond d’elle-même. Parce que même si le temps a passé, elles ont été assez intime toutes les deux, à un moment donné de leur vie. Bee connaît Lene, au moins encore un peu. Mais elle ne met pas le doigt sur ce qui ne va pas, loin d’imaginer que Lene puisse être en passe de devenir maman, n’imaginant pas que ce soit dans ses projets immédiats.
Le surf n’allait pas être d’actualité avant un bon moment. Lene le savait et Lene en était aussi profondément soulée mais les médecins avaient été assez formels qu’à son niveau de pratique, le surf risquait de présenter un sacré danger pour le bébé. Elle ne s’en rend pas forcément compte mais foncer dans la mer quand les courants sont violents, ça peut avoir des conséquences désastreuses. C’est pourquoi les questions de Lullaby sur le sujet l’irrite un peu, comme si elle cherchait vraiment à la faire sortir de ses gonds ce que Lene se retient de faire parce qu’elle fatigue déjà de passer pour la folle de service à cause des hormones. «- Quelque chose ne va pas Lene ?» La jeune femme parait inquiète. Lene a horreur qu’on s’inquiète pour elle comme si elle n’était qu’une petite chose qui a besoin d’attention et si elle pourrait répondre que tout va bien, qu’elle est juste un peu lunatique parce qu’un idiot est parvenu à la féconder, elle ne s’y résout pas. Elle n’a pas envie d’annoncer sa grossesse. Entre les réjouissances, les félicitations et autres conversations sur le sexe du bébé qu’elle aimerait avoir, elle sait qu’elle entrerait dans un cercle auquel elle veut se tenir. Surtout que Lullaby est une vraie fille, elle pourrait être vraiment trop à fond sur ces sujets dont Lene n’a que très peu envie de parler. Le silence est mieux, surtout que les médecins ne conseillent pas de le dire trop tôt, au cas où. Elle soupire avant de justifier en haussant les épaules. « Non, tout va très bien. » Puis de se lever de sa chaise pour reprendre juste après. « Mais, je pense que je vais y aller, je suis fatiguée et j’ai de grosses journées qui m’attendent. Merci de ton inquiétude, on se tient au courant. » dit-elle avant de déposer une bise sur la joue de son ex et de prendre ses affaires pour rentrer chez elle.
Il y avait quelque chose qui n’allait pas, dans le discours de Lene. Quelque chose que Lullaby ne parvenait pas à comprendre mais qui était pourtant là, juste sous ses yeux. Et ça l’inquiète un peu, Lullaby. Lene a toujours aimé le surf, d’aussi loin qu’elle se souvienne et cette grimace sur son visage demeure alors incompréhensible pour la demoiselle. Mais Lene ne veut rien en dire, quand Lullaby la questionne et elle se lève. L’influenceuse lève un sourcil en observant son ex, ne comprenant pas les réactions successives de cette dernière. Lene parle de partir, étant fatigué ces derniers temps. Bee a pourtant surtout l’impression qu’elle cherche à fuir la conversation, sans comprendre pourquoi. Qu’a-t-elle dit de mal, la wedding planner, pour provoquer la fuite de la brune? Elle n’en sait rien, mais se garde de questionner Lene et se lève simplement à son tour afin de la saluer, comme Lene dépose un baiser sur sa joue avant d’attraper ses affaires.
«- Ok bon courage pour ces journées, repose toi bien. Et prend soin de toi, surtout !» s’enquit encore la demoiselle en adressant pourtant un regard suspicieux à son interlocutrice. «Tu donnera une grattouille aux toutous de ma part.»
Lullaby regarde la brune s’éclipser, quelques secondes, avant de se rasseoir sur son siège, observant quelques instants la porte par laquelle Lene vient tout juste de disparaître et elle semble pensive, un court moment, à refaire le film de la soirée dans sa tête pour tenter d’y comprendre quelque chose. En vain. Se levant finalement, la demoiselle attrape ses affaires à son tour, quittant rapidement les lieux pour retrouver la douceur et le confort de son foyer, où son esprit reste pourtant tourné vers cette étrange soirée, cherchant à découvrir le mystère Lene. Lullaby jette un regard à son téléphone, se promettant d’envoyer un message le lendemain pour demander si la brune se porte mieux. Et elle espère que Lene se souvient qu'elle peut lui parler si ça ne va pas. Il y a forcément quelque chose derrière tout ça. Bee en est persuadée.
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Parler de la mère de Lene, celle-ci étant décédée il y a encore peu, n’est pas forcément la meilleure des choses que la jeune femme a à faire alors qu’elle tente au contraire d’éloigner l’orage et, l’espace d’une seconde, elle songe qu’au contraire, parler de ce sujet maintenant n’est pas vraiment indiqué. Seulement, la demoiselle n’a déjà pas osé en parler les fois précédentes et elle ne peut pas non plus attendre indéfiniment, sans quoi il sera Noël avant que la demoiselle n’ait eut le temps de présenter ses condoléances à son ex compagne. Alors le moment est peut-être venu de se jeter à l’eau tout simplement, parce qu’aucune occasion entre elles ne semblent opportunes. 
Lene ne s’était pas épanchée sur la mort de sa mère. Hormis Tommy dont elle avait eu besoin du réconfort, elle n’avait pas éprouvé le besoin de traiter cette information avec qui que ce soit d’autre. Son ressentiment est privé et de toute façon, il n’y a que très peu de chose à en dire vu qu’elle ne l’avait pas revu depuis des années et que sa mère n’avait pas jugé utile de prendre contact avec elle alors qu’elle se savait mourante. Ce dont Lene faisait le deuil, c’était de la possibilité et de l’espoir caché qu’elle avait qu’un jour, sa mère l’accepterait telle qu’elle est et que les choses iraient mieux avec elle mais elle lui en avait privé et pour ça, le jeune nourrit un intense ressentiment qu’elle cache sous une couche de fausse indifférence. «- Je suis désolé que les choses se soient passées ainsi entre vous et que ça ne se soit pas arrangé avec le temps…» Elles étaient déjà en mauvais termes à l’époque où Lene fricotait avec Lulla. C’était encore assez frais d’ailleurs et Lene, depuis qu’elle l’avait revu n’avait jugé utile de l’informer de là où en est toute sa situation avec les Adams : c’est pire, de toute façon. « C’était son choix. En ce qui me concerne, elle n’a eu que trois enfants. » lâche Lene, même si elle se doute bien que ses propos plein de dureté ne feront que perdre la jeune femme. Arlène n’avait rien d’une mère et ce sentiment est encore plus intense au moment Lene s’apprête à le devenir à son tour parce que si c’est difficile pour elle de gérer le tsunami émotionnel qu’est cette grossesse, une chose est sûre : elle serait incapable d’oublier son bébé comme s’il n’avait jamais exister. «Même si on a des différents avec sa maman, j’imagine que la perdre, savoir que c’est définitif, ce n’est pas facile…» Lene hausse les épaules parce que Lullaby marque une vérité mais de là à ce que la brune l’admette à haute voix. «Si tu as besoin d’en parler un jour, sache que je suis là… Je ne te ferai pas l’affront de te dire que je comprends parfaitement, quand j’ai encore la mienne mais… j’imagine ce que c’est…» « Merci, c’est gentil. » dit-elle avant de reprendre. « Mais je crains qu’il n’y ait pas grand-chose à en dire. Son décès, ça n’a fait que rendre officiel le fait qu’elle ne fait pas partie de ma vie. C’est tout. »