Elle jette un dernier regard critique vers l'ouvrage inscrit provisoirement sur la chaire de celui qu'elle aime. Elle l'acte, l'approuve, l'estime à la juste valeur de son talent comme de son affection. Puis, le sablier contenant le temps leur étant alloué l'étreignant sans merci, elle opte pour se lover chèrement contre lui. Ses mains caressent sa peau, parcourent des sillons que ses doigts connaissent par cœur mais desquels ils ne se lassent jamais. « T'es beau. T'es tout le temps beau. » Son regard le couve, elle se redresse pour mieux l'admirer, enregistrer son portrait encore et encore dans sa mémoire alors qu'il figure sur cette bande qu'elle jure indélébile. « Je sais. » Il approuve, dédramatise, banalise. Elle inspire profondément, discrètement, doutant de son assurance. A t-il vraiment conscience d'être beau aussi physiquement que psychologiquement ? Sait-il à quel point il est parfait quand il lance ses âneries et les martèle de nouvelles répliques alors que la tension est palpable et que son cœur peine à tenir bon ? Reconnaît-il qu'il est maître dans l'art de lui faire garder le cap, qu'il est celui qui lui a appris à goûter aux bonheurs de la vie sans jamais s'en enivrer toutefois parce que cela signifierait s'en chagriner ? Doute-t-il qu'il est son seul et unique à elle ? Il s'attribue des prix de beauté, s'entiche de sa mâchoire issue de gênes impeccables. Son regard se voile quelques secondes à peine quand il mêle son patrimoine génétique à la conversation, un lourd secret le détenant reposant à portée de ses mains.

« J't'aime, McGrath. » A tel point qu'elle est incapable de lui en vouloir ou d'aspirer à essayer de le faire rester à ses côtés. A tel point qu'elle se refuse de lui demander s'il l'a envisagé, de demeurer à Brisbane, avec elle. A tel point qu'elle s'interdit de le questionner sur son éventuel retour en Australie. Matt est Matt, elle l'adore pour qui il est, pour ses décisions, les cornéliennes comme les imbéciles. Elle ne veut pas l'altérer par une potentielle influence, même si ça lui maltraite jusqu'à l'âme de le voir partir. Il est parfait comme il est, sa magie à elle. « J’t’aime encore plus. » Il soupire, le malaise comme la peine se faufilent. Ses fins doigts effleurent sa dite mâchoire divine avant qu'elle ne pose sa tête contre son épaule, à la recherche d'une étreinte au creux de ses bras, au chœur de sa chaleur, bercée par son parfum. « Des lettres, alors? » « Des lettres. » Elle promet, nouant ses doigts à ceux du surfeur.