T'essayes de faire des efforts, autant que tu peux pour la bichonner, faire en sorte qu'elle aille bien, qu'elle se sente bien, mais elle est difficile. Tu te dis que tu aurais pu tomber sur mieux pour la mère de ta fille, mais c'est comme ça, parfois, il faut se dire que le monde ne tourne pas aussi rond qu'il le faudrait, mais tu t'étais fait à l'idée de passer le restant de ta vie avec elle. De toute façon, c'était ta fille, alors tu ferais partie de sa vie et la chambre que tu allais préparer pour elle le signifier véritablement. Même si tu ne l'avais pas prévu, même si tu ne désirais pas d'enfant parce que tu n'avais pas réellement le temps pour ça avec le boulot, et puis ... Depuis qu'elle t'avait dit qu'elle était enceinte, tu t'étais fait petit à petit à l'idée même si tu prenais ton temps pour agir véritablement. Tu ne voulais en tout cas pas écraser ta fille par mégarde si jamais elle dormait dans votre lit. Elle te disait qu'il n'y avait pas de risques avec ça, mais sur ce coup là, tu n'y croyais pas du tout, mais peu importe, elle dormirait dans son lit, simplement, que le lit soit dans votre chambre ou la sienne. Tu prépares le repas, et après quelques petites manoeuvres, tu le juges prêt pour qu'elle puisse le dévorer. Tu lui donnes son assiette, avec son prénom et le prénom de ta fille, mais elle ne semble pas comprendre, ça ne semble pas lui plaire. Elle connait le sexe du bébé depuis un petit moment, ça ne t'étonnerait pas que le choix soit déjà fait, tu espères que ça te plaira, c'est tout. Elle te fait comprendre que Noami c'est moche alors que c'est ton prénom préféré, tu as déjà du lui en parler en plus mais sa mémoire pour certaines choses semble très courte, comme si elle avait juste fait le tour du bocal et qu'elle ne se souvienne plus de ce qu'elle faisait. Tu ne crois pas que le prénom fasse américain non plus, mais bon, avant de partir en vrille là dessus, tu attends le verdict du prénom et il finit par tomber. Tu n'es pas pleinement convaincu par celui-ci mais tu ne le trouve pas non plus horrible. Et tu la vois dévorer comme une morfale son assiette qui semble presque déjà engloutie. Elle change de sujet donc, elle te fait presque un compliment, alors tu ne vas pas chipoter sur le prénom.

" Bon appétit alors Ailis. "

Et tu commences à manger à ton tour parce que tu as faim aussi, et c'est vrai que c'est bon, tu ne t'es pas raté sur la cuisson et la garniture. Tu n'es pas un cuisinier hors pair non plus, mais ça tu maitrises bien.

Tu te demandes encore parfois comment cela est arrivée, parce que finalement vous êtes assez opposés sur pas mal de points. Tu sais t'énerver, tu sais hausser le ton, mais tu ne cherches pas forcément à avoir le dernier mot, parce que tu n'as pas envie que ça soit un volcan en permanente éruption à la maison. Eavan à ce caractère là, bien plus volcanique que le tien, et au fond, tu as réussi à t'y faire comme maintenant. Elle n'aime pas Naomi, elle a déjà choisi Ailis, et même si ça ne te convient qu'à moitié, tu es prêt à faire ce compromis là pour ta fille. Alors, tu n'en dis pas plus et tu commences à manger le contenu de ton assiette tout en disant un bon appétit Ailis, puisque c'est le prénom qu'elle portera. Comme presque prise de remords, elle propose donc Ailis, avec Naomi en deuxième prénom, ce qui te convient très bien. Tu ne vas pas chipoter pour ça, ce n'est pas comme si la petite allait avoir des prénoms impossibles à porter, ou en tout cas difficile à porter. Ailis Naomi c'est un bon compris.

" Oui, en deuxième prénom ça lui très bien, bon appétit Ailis Naomi. "

Tu lui souris, parce que tu ne veux pas que ça parte dans des proportions impossibles à maîtriser, comme si finalement, pour ce soir, tu n'avais plus envie de jeter de l'huile sur le feu de votre amour, parce que ça ne servirait à rien du tout. Elle vient déposer un bisou sur ta joue, et le repas continue, elle semble avoir faim, si bien qu'elle finit son assiette avant toi. Et finalement, après avoir fini ton assiette, elle vient poser sa tête contre toi, tu sens qu'elle n'a plus tellement la force de lutter contre ce qui s'appelle le sommeil et ça te fait sourire. Tu ne sais pas réellement à quoi elle pense, mais une larme roule sur sa joue. Elle est plus prompte que toi pour l'essuyer. Et tu restes là, avec Eavan blottie dans tes bras, à l'abri du reste du monde, comme si plus rien ne pouvait vous importer. Il faudra néanmoins faire la vaisselle, car sinon, ça risque de s'accumuler dans l'évier, et ça ne plaira à aucun de vous deux.