| | | (#)Lun 5 Aoû 2019 - 11:40 | |
| ≈ ≈ ≈ {forward} crédit/ crackshipforya (tumblr) ✰ w/ @edge price Après être descendue de sa chambre dans laquelle un bazar tout relatif régnait, le sol constellé de plusieurs cartons qu'elle avait commencé à remplir, certains en préparation de son déménagement pas encore confirmé, mais imminent, certains pour des dons réservés aux bonnes œuvres, Yasmine souhaita bonsoir à ses parents. Elle avait une idée plutôt précise de la façon dont sa mère gérait l'information de sa recherche d'appartement, et au lieu d'assainir l'atmosphère, cette décision irrévocable, cheminement tout naturel de l'enfant qui prend sa vie en mains, ne faisait que confirmer qu'il s'agissait-là du meilleur moment pour elle de redevenir aussi indépendante qu'elle l'avait été avant de partir pour le Niger. Toutes les excuses étaient bonnes pour s'éclipser, ainsi celle de ce soir-là était la pile de livres qu'elle tenait dans les bras et qu'elle devait rendre à Sloan. Il lui avait demandé de les déposer dans son casier à l'Hibiscus Sport – casier duquel elle avait la clef, un gage de confiance de la part du jeune homme qui marquait définitivement son entrée dans la courte liste de ses amis très proches. Elle lui devrait sa réussite après tout, lui qui avait passé tant de mois à la conseiller sur la meilleure façon d'optimiser sa matière grise pour étendre ses connaissances en médecine. Même si sa tendance à la gaver de sucre pour la maintenir alerte l'avaient rendue accro à toutes sortes de cochonneries, leur petite séance de révisions lui manquerait très probablement. D'un pas déterminé, elle dévala la volée de marches du perron, se dirigeant vers l'allée du garage pour rejoindre sa Jeep dans laquelle elle monta en poussant un léger soupir. L'impression de respirer un peu mieux ici qu'entre les murs de la maison de son enfance se soumit à elle, l'ambiance pensant trop lourd pour que ça ne lui demande pas trop d'efforts. Le besoin de penser à autre chose devenant irrésistible, elle largua enfin sa pile de bouquins sur le siège passager. Elle rassembla ses longs cheveux sur un côté de son épaule, remonta le col de son pull en grosses mailles vert foncé qui suffirait à la maintenir au chaud le temps de son petit trajet jusqu'au club, puis vérifiant qu'elle n'avait pas oublié son téléphone portable et la clef du casier de Sloan qu'elle avait tous les deux glissés dans l'une des poches arrières de son jean, elle démarra après une pétarade qui fit aboyer le chien des voisins et sursauter la vieille dame, trop curieuse, du bout de la rue. Profitant d'un trafic plutôt fluide à cette heure de la soirée, Yasmine s'inséra sur le parking de l'Hibiscus Sport en fredonnant un titre de Beyoncé choisi au hasard – Haunted. Le volant entre les mains, les yeux furetant pour trouver la meilleure place à occuper, elle remarqua aussitôt une Mustang qu'elle connaissait bien parquée tout à côté. La présence de la voiture d'Edgerton devant le club à cette heure la fit soupirer en roulant des yeux tandis qu'elle installait sa Jeep à quelques pas de là, manœuvrant son créneau avec son doigté habituel. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi ça la contrariait autant qu'il prenne sa santé pour acquise, s'asseyant sur les conseils de son médecin qui l'avait enjoint à lever le pied sur la pratique de son sport de prédilection à cause de la tendinite dont il l'avait mise au courant par texto, comme ils l'avaient plus ou moins convenus. Aussi, une chose était certaine, elle s'obstinait à considérer qu'il jouait avec le feu, et ses pensées dérivaient parfois pour se demander s'il allait bien, et si la façon dont ils s'étaient quittés l'autre fois n'avait pas été trop brutale pour qu'elle se permette de répondre à son texto avec pointe de légèreté – l'action même de répondre à son message lui avait laissé une drôle de sensation, puisqu'elle avait fait en sorte de ne pas répondre à tous ceux qui avaient précédés leur rupture, deux ans plus tôt. Elle avait répondu pourtant, lui souhaitant un prompt rétablissement, et se retenant de lui proposer son aide s'il avait besoin de quoi que ce soit. Ce n'était pas son problème, après tout… en même temps, ça lui avait fait froncer les sourcils d'apprendre qu'il s'était récemment lancé dans un combat avec un adversaire qui en voulait, et alors qu'elle descendait de sa voiture, ses livres dans les bras, et le pas la menant sans détour vers l'entrée du club, elle se promit de ne pas se laisser tenter par cette petite voix qui lui soufflait de le fustiger pour son attitude irresponsable. Elle se souvenait trop bien que son choix de vocabulaire lors de leur dernière conversation s'était soldé par la fuite du jeune homme et ça, encore plus que sa tendinite qui ne se rétablirait jamais s'il continuait de cette façon, ça la contrariait davantage.
"T'es vraiment un idiot, Price." Sa promesse, elle la rompit sans même avoir essayé, et même si son entame était pleine de douceur et de gentillesse, elle n'en pensait pas moins dans le fond. Yasmine détestait ce genre de patients, des patients qui prenaient les conseils de leur soignant par-dessus la jambe sous le prétexte qu'ils se pensaient assez costauds pour s'en sortir sans faire de concessions. Ils ne se connaissaient peut-être pas aussi bien qu'ils auraient dû si on considérait leur proximité passée, Yasmine savait cependant qu'Edgerton faisait partie des gens qui envisageait la douleur comme une faiblesse sur laquelle il n'était pas nécessaire de s'appesantir. Il boxait depuis des années, il connaissait ses limites, Yasmine se demandait s'il ne surestimait pas toutefois, sans doute parce qu'elle s'inquiétait à son sujet… sans doute, mais ce n'était pas nécessaire de l'exprimer à haute et intelligible voix, et dans ce cas-là, la déformation professionnelle était une excuse qu'elle n'hésiterait pas une seconde à dégainer si on pointait du doigt à quel point elle paraissait intéressée par la bonne santé de son ex-petit-ami. Les gants aux poings, ce dernier se trouvait à quelques mètres d'elle, frappant de toutes ses forces contre un sac de sable installé au centre d'un ring qu'elle rejoignit en à peine quelques secondes. La tête penchée sur le côté, ses livres serrés tout contre sa poitrine, elle plissa les yeux en retenant l'esquisse d'un sourire "Le jour où ton médecin te forcera à prendre ta retraite anticipée, tu pourras pas prétendre que je t'avais pas prévenu d'à quel point ça peut être grave, ce genre de bobos." Elle haussa une épaule avec un soupçon d'espièglerie, consciente que c'était un fait qui pourrait arriver très bientôt s'il ne prenait pas un peu de repos pour laisser le temps à sa main de se remettre "Sloan m'a raconté ton dernier combat, j'aurais aimé être là." fit-elle un court instant après, chassant une mèche de son visage du bout du doigt où elle avait passé l'anneau de ses clefs de voiture. Consciente que ça détruisait toute sa bonne volonté à lui faire entendre raison à propos de sa blessure, elle ajouta avec un brin de précipitation "Mais je ferais mieux d'attendre que tu te sentes mieux pour assister au prochain. Je supporterais pas que tu perdes à cause d'une tendinite mal soignée." Elle tenta un clin d'œil pour appuyer son propos gorgé de taquinerie, mais échoua lamentablement comme toujours, clignant des deux yeux en laissant percer un léger sourire que son ton sérieux vint vite chasser, quand elle conclut "Je suis sérieuse, Edgerton. Tu devrais vraiment lever le pied." Et elle fronça les sourcils, histoire de montrer à quel point elle était exaspérée par son attitude… mais aussi par le fait qu'à chaque fois qu'ils se croisaient, elle se sentait obligée de tourner autour du pot pour maintenir une conversation qui, elle l'espérait, ne tournerait pas aussi court que la dernière. |
| | | | (#)Mar 6 Aoû 2019 - 2:01 | |
| "I'm the only lady here, still the realest nigga in the room... I break the internet, top two and I ain't number two .... My body, my ice, my cash, all real, I'm a triple threat..." La musique résonne fortement dans tes oreilles et tu sais que tu peux estimer heureux que tes écouteurs puissent suivre le rythme que tu leur imposes, et ce, quotidiennement. Un jour, tu finiras très certainement par calculer combien tu dépenses pour pouvoir écouter ta musique tout en te déchaînant sur un objet inanimé, mais pas ce soir, non... Tu sembles en vouloir personnellement au dit objet inanimé. Et tu es bien content d'avoir poussé les portes de l'Hibiscus Sport ce soir et d'avoir trouvé la salle de sport pratiquement vide. Non pas que la compagnie des autres te dérange loin de là, tu es capable de t'entraîner seul ou de participer au cours, tu apprécies l'esprit de communauté qui se forme ici et cela t'amuse de parler de tout et de rien en assénant des coups à la personne en face de toi. Une drôle de pratique qui ne trouve sa place qu'ici, et dans un sens, c'est un peu la même chose avec toi. Le commun des mortels a sûrement des activités un peu plus saines, un partenaire, une famille, des projets... toi tu as tes gants et tes deux poings. C'est la réalité, c'est ta réalité en somme et ce n'est pas la première fois que tu viens ici et trouve la salle désertée. La vie d'homme célibataire ? Oui, quelque chose comme ça, encore une fois, il serait hypocrite pour toi de te plaindre, tu ne cherches pas chaussure à ton pied et ça fait bien depuis des mois, voir même presque un an ou deux que tu ne fais plus vraiment d'efforts dans ce département-là. Tu n'es pas naïf au point de croire que les choses vont se faire toutes seules, cependant, tu n'as pas la moindre idée d'où commencer et tu ne considères pas cela comme un échec. Et ça te laisse plus de temps pour venir ici, te défouler et oublier ta journée. Qui n'était pas plus éreintante qu'une autre, mais les heures ont eu l'air de s'étirer et une fois que tu t'es retrouvé au volant de ta Mustang, tu as poussé un profond soupir, incapable d'imaginer te détendre sur ton canapé. Pas quand ton cœur bat à ce rythme-là, pas quand le vacarme dans ta tête est aussi bruyant et pas quand tu as littéralement envie de dire non à tout. Ce n'est pas rationnel ou justifié comme sensation, tu en as bien conscience, tu ne cherches plus à essayer de comprendre vient d'où vient cette rage, elle est juste à, jamais bien loin, elle t'accompagne partout, fait bouillir ton sang lors de très rares occasions et parfois tu franchis le point de non-retour. Pas ce soir cependant, tu as assez de bons sens pour ne pas rentrer chez toi et à la salle de sport, tu retrouves ton casier et les affaires que tu as abandonné il y a à peine deux jours de cela. Et dire qu'un médecin t'a conseillé de te reposer pour les prochaines semaines à venir... Seule Yasmine connaît le verdict, tu as partagé l'information avec elle, car elle t'en a fait la demande explicite, et ensuite ton poignet ne te fait pas si mal que ça. Une fois changé - fort heureusement la boxe n'est pas un sport qui recquiert le port d'une chemise, contrairement à ton boulot - et devant ce punching ball, la douleur parait minime, elle n'existe plus, ou alors elle se mêle avec tout le reste. Tout ce qui t'écrase sous tes poings, tout ce qui ne devrait pas t'habiter ou te hanter... C'est pour cette raison que tu mets quelques secondes à te rendre compte que Yasmine est la personne dans ton champ de vision et qu'elle s'adresse à toi. Tu retires un de tes écouteurs de tes oreilles et tu ne peux t'empêcher de froncer les sourcils en entendant les mots retraite anticipée. Tu ne peux décidément pas faire semblant et prétendre que tu fais attention maintenant qu'elle t'a surpris en flagrant délit. "Retraite anticipée?... Oh c'est mal me connaître Khadji." Tu commences sur un ton léger, parce que certaines choses ne changeront jamais, et le deuxième écouteur quitte tes oreilles alors que vos regards se croisent. Tu n'as pas vraiment d'excuse à lui donner, tu n'as pas envie de te lancer dans un grand discours et lui expliquer pourquoi il est si important que tu sois là, ici, en sécurité dans cette salle et pas au-dehors. Ici, il y a des règles... et c'est mieux. Pour qui ? Pour toi-même bien entendu. La brune a également eu vent de ton dernier combat, tu maudis intérieurement Sloan d'être bavard, avant de réaliser qu'il n'est pas à blâmer, ce sont tes choix. Tu passes sous silence ce détail évidemment, et la nuit de beuverie qui a suivi avec Ariel. Pas que tu en aies honte, tu n'es pas certain que Yasmine comprendrait. Tes faux pas et les siens sont bien différents... ça, tu le sais déjà. "Pour ma défense, c'est une faveur qu'on m'a demandée, pour faire un peu de pub pour la salle... " Tu révèles tout simplement, haussant négligemment les épaules, car c'est la vérité et que tu ressens le besoin de te justifier. Comme si l'avis de la brune comptait. Peut-être un peu. Légèrement. "Ensuite, je ne suis pas certain que son récit ait pu rendre justice à ma victoire... écrasante soit dit en passant, merci de demander." Yasmine ne pose pas la question, elle est sérieuse, l'ambiance est différente, surtout comparée à votre dernière conversation et tu hais la sensation qui t'habite, cette espèce de culpabilité ... oui, elle est infirmière, c'est son métier, sauf que vous n'êtes pas sur son lieu de travail, elle n'a pas son uniforme et de légères réprimandes ne vont pas t'empêcher de sauter la tête la première dans le vide. Il en faut plus que ça. "... Mais une pause de pratiquement un mois...? Je veux dire... non?" Argument non-recevable? Probablement. Le soupir qui te quitte ensuite est plus bruyant et tu finis par te surprendre toi-même et retirer tes gants, le geste lent au possible, ton regard ancré dans celui de Yasmine. Signe plus qu'évident que la brune est la cause de cet arrêt soudain. Les gants tombent dramatiquement sur le sol et tu es content de ton petit effet maintenant que tu y penses. "Fine. Je peux être persuadé. Éventuellement. D'en faire un peu moins." Pour ce soir, penses-tu intérieurement, tu fais un pas dans la direction de Yasmine, seulement pour te pencher et attraper ta bouteille d'eau. "J'te dois un café de toute façon donc..." Tu bois une longue gorgée avant de faire un geste de la main vers les livres qu'elle tient. "Je suppose que Sloan t'a envoyée?" Demandes-tu, curieux de savoir ce que la brune fait ici.
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| | | | (#)Jeu 8 Aoû 2019 - 12:02 | |
| ≈ ≈ ≈ {forward} crédit/ crackshipforya (tumblr) ✰ w/ @edge price "Une faveur qui a dû te demander telleeeement de sacrifices, j'en pleurerais presque." rétorqua d'emblée la jeune femme, feignant un très long soupir inspiré par la réponse d'Edgerton avec qui elle échangea un regard, paupières plissées. Son argumentation était aussi invalide que l'idée qu'elle puisse émettre un avis aussi tranché que celui qu'elle s'échinait à lui donner chaque fois qu'ils se croisaient… et c'était souvent, ces derniers temps. Il ne lui devait rien, et peut-être qu'elle ressentit un léger sentiment de culpabilité lorsqu'elle décela l'ombre d'une justification au travers de la réponse qu'il lui accorda après une expiration. Elle arrangea le col-roulé de son pull, dissimulant le bas de son visage dedans, et trouvant un réconfort relatif à la chaleur et à l'odeur vanillée qui émanaient des mailles épaisses. C'était à ce moment-là qu'elle aurait dû le rassurer sur le fait qu'il n'avait pas d'explications à lui fournir, et lui avouer qu'elle ne se servait de sa tendinite que pour venir vers lui, grossissant un peu le trait de l'infirmière si engagée et si dévouée à soigner son prochain, qu'elle ne réussissait pas à se raisonner lorsqu'il s'agissait de faire des réprimandes et donner des conseils aux patients aussi récalcitrants que lui. Mais elle n'en fit rien, gardant précieusement ses états d'âme pour elle, consciente que, quelque part, ils étaient un peu malvenus. De toute façon, et c'était ça l'important, la conversation était lancée, et avec elle vint l'envie curieuse qu'elle éprouva de ne pas vouloir tourner les talons tout de suite ; parce qu'entre retourner à son quotidien lourd et pesant et s'abreuver de la quiétude instinctive de son interlocuteur, son choix était vite établi. Ainsi, ce sont les pieds profondément ancrés dans le sol qu'elle l'observa se départir de ses gants de boxe avec une lenteur qu'elle savait étudiée pour renforcer son effet dramatique. Elle fût à deux doigts de lui accorder une salve d'applaudissements, vraiment. Mais elle se retint, préférant lui sourire en secouant la tête de droite à gauche, le jugeant probablement un peu pour faire preuve d'autant de dramaturgie. Yasmine se redressa, abandonnant la sécurité de son col-roulé pour mieux dresser l'un de ses sourcils épais, mais bien dessinés, en accent circonflexe "Un mois, ça te laisserait la possibilité de t'intéresser à autre chose, pourtant. T'as l'air doué pour la comédie, essaye le théâtre. Il paraît que c'est aussi libérateur que la boxe tu sais ; il suffit juste de ne pas cogner sur ton partenaire, tu devrais t'en sortir." lança-t-elle en le regardant s'avancer vers elle pour prendre sa bouteille d'eau tandis qu'elle poursuivait, ses yeux menant une embardée fugace sur la silhouette qu'il lui présentait. Brillant d'une pellicule de sueur du plus bel effet, et haletant sous l'effort qu'il venait de produire, Edge et ses atouts lui apparurent comme un bon moyen de faire de l'humour. C'était simple, mais assez efficace pour percer l'espèce de tension qui régnait dans l'air, et qui était trop dense à son goût. Aussi, elle s'y risqua avec pointe de malice à la Khadji "Le seul problème, c'est qu'il faut au minimum porter un t-shirt. Je sais que ça équivaut à de la torture pour toi, mais pense un peu au commun des mortels. C'est… impressionnant, Edge." finit-elle par dire en posant, résolument cette fois, ses yeux sur le buste du jeune homme. Davantage pour se donner bonne contenance que par véritable intérêt pour la question ; encore que, elle remarqua tout de même qu'il avait pris de la masse depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu dans pareille accoutrement – une pensée vague qui la distrait une seconde, la faisant s'auto-congratuler d'avoir les mains occupées à tenir ses livres contre sa poitrine. Elle releva enfin la tête, gardant un petit sourire affiché sur le visage, un petit sourire un peu moins assuré cependant. Après qu'elle eut vérifié l'heure à son poignet, elle lui dit, ajoutant aux points de suspension qui s'étaient tracés dans l'atmosphère lorsqu'il avait terminé sa phrase "Il est un peu trop tard pour le café, mais j'ai saisi l'idée." fit-elle dans un murmure exagéré, le nez se fronçant sous son emphase. Elle finit par suivre du regard la direction qu'il pointa du doigt, baissant le menton pour replacer ses livres correctement, et lui répondre dans la foulée, la main tenant ses clefs trifouillant dans ses cheveux pour les coincer derrière une oreille bardée de bijoux "Ouais, j'avais quelques petits trucs à lui rendre. Il bosse ce soir, et comme j'ai la clef de son casier…" Une explication qu'elle aussi laissa en suspens, continuant à regarder ses livres en s'apercevant que la conversation tournerait sans doute court à un moment où un autre, car elle ne pourrait pas indéfiniment se servir de son poignet pour la relancer sous peine de faire tourner le dialogue en rond.
Edgerton avait probablement un planning d'entraînement à suivre, ou le cours de sa vie à mener. En d'autres termes, rien ne l'obligeait à supporter la compagnie de son ex-petite-amie ; encore moins depuis leur dernière conversation durant laquelle il lui avait donné la sensation de ne pas apprécier les sujets de conversations qu'elle avait lancé à l'aveuglette, menée par sa nervosité et son souci de ne pas rendre les choses plus compliquées qu'elles ne l'étaient. Elle y avait souvent repensé depuis, et elle s'était aperçue à quel point elle avait été maladroite en mentionnant Hassan et sa fiabilité. Elle n'avait pas compris tout de suite, induite en erreur par les griefs pas si secrets que le photographe éprouvait à l'encontre du jeune homme, mais à force de réflexion, elle avait fini par saisir à quel point elle avait manqué de tact en usant de ce choix de vocabulaire en particulier. La fiabilité, n'était-ce pas ce qui les avaient menés à rompre, en définitive ? Yasmine se souvenait qu'à l'époque, elle lui avait injustement reproché de s'être joué de la confiance qu'elle lui avait accordée, et le sentiment de trahison qui, comme un poison, s'était répandu en elle lorsqu'il lui avait appris qu'il l'avait trompée avait vicié son jugement, biaisé les vrais problèmes qu'ils couvaient depuis qu'ils s'étaient mis ensemble et qui n'avaient rien à voir avec un quelconque manque de fiabilité de l'un ou de l'autre. C'était plus profond, trop intime pour qu'ils le partagent, et ce même s'ils éprouvaient de l'affection l'un pour l'autre, une affection insuffisante pour que ça fonctionne, néanmoins. Il lui avait fallu un voyage à des milliers de kilomètres de chez elle et deux longues années pour se l'admettre à elle-même, à défaut de le faire en face du principal concerné ; alors oui, elle avait fait une erreur de débutante en vantant les qualités indiscutables d'Hassan et en déclamant la confiance qu'elle lui accordait les yeux fermés… mais elle ne l'avait pas fait sciemment, et plus elle y pensait, plus il lui semblait important qu'Edge le comprenne et ne le prenne pas pour lui. "Tiens, aide-moi à grimper pour que je puisse m'asseoir." lui demanda-t-elle tout à coup, s'animant d'un même chef, et s'avançant vers les abords du ring qu'il venait de quitter. Elle déposa ses bouquins, ses clefs et son téléphone portable au bord du ring légèrement surélevé, se disant, après un silence, que l'occasion ne pouvait pas être meilleure pour revenir sur leur discussion de la dernière fois, et plus précisément sur la façon dont elle s'était terminée. Elle attendit qu'il lui prête mains fortes, puis se risquant à laisser un nouveau sourire lui échapper quand il la hissa sans trop de difficultés jusqu'au bord, elle se dandina pour mieux s'asseoir. Après avoir manœuvré pour se glisser entre les cordes du ring histoire qu'elles ne la gênent pas sur la durée, elle posa ses avant-bras dessus, et faisant mine de rien, elle le regarda, un battement de cils suivant la question qu'elle lui posa "Ça t'ennuie si je reste un peu ?" Finalement, sa réponse lui importait peu, puisqu'elle était déjà installée. Une jambe repliée sous ses fesses, les bras confortablement maintenus sur la corde, et ses mains cachées sous ses manches épaisses, elle donnait l'impression de ne pas lui laisser vraiment le choix. Pourtant, s'il lui disait qu'il préférait qu'elle s'en aille, elle ne discuterait pas et irait faire ce pourquoi elle était là. Elle ne laissa pas le temps au silence de s'insérer dans l'espace qui les séparait, même si elle se mordilla brièvement la lèvre avant de reprendre, la tête légèrement penchée sur le côté pour mieux capter son regard "J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas, hein ? La dernière fois, je veux dire ?" Son ton porta fort et loin dans la salle vide ; son était léger toutefois. En revanche, ses yeux étaient assez fixes, verrouillés aux siens, pour traduire à quel point c'était important pour elle qu'il sache qu'elle n'avait pas voulu le faire fuir l'autre fois. |
| | | | (#)Ven 9 Aoû 2019 - 14:18 | |
| Sans tes gants autour des poings, tu te sens presque un peu stupide, et même un peu plus vulnérable. Comme s'il manquait quelque chose pour compléter l'équation, quelque chose de fondamental. Surtout face au regard de Yasmine qui semble être capable de voir par dessus ta façade et tes sourires plus que travaillés. Surtout. Tu fais de ton mieux pour croiser les bras sur ta poitrine et ne pas perdre ta décontraction habituelle, ça serait dommage de flancher dans un moment pareil ou de faire face à tout ce que tu essayes d'éviter en venant ici. À force de tout remettre à plus tard et de tout pousser loin, tu vas finir par imploser, c'est certain; pas ce soir, tu décides de te focaliser sur la voix de Yasmine. Qui devrait s'estimer heureuse de sa victoire d'un soir car te faire enlever tes gants ? C'est un énorme pas, sûrement dans la bonne direction et elle mérite bien plus qu'une médaille dans ce cas-là. Tu ne sais pas pourquoi ce sont ces mots à elle et pas ceux de ton médecin, un autre professionnel, qui réussissent à faire effet, mais vous en êtes là alors qu'elle te conseille un autre hobby. Le sourire qui se dessine sur ton visage la seconde suivante est sincère, et toujours aussi toi, et bien décidé à lui prouver que tu as toujours raison, tu ne peux pas t'empêcher d'ajouter un : "Ne pas cogner sur son partenaire.... pfff.... c'est quoi l'intérêt alors... ?" tout aussi dramatique. Tu entends l'argument cependant, tu n'es pas d'accord, ne lui expliqueras pas pourquoi tu as autant de mal à décrocher, mais tu comprends l'argument. Il y a bien des choses que tu n'es pas prêt à admettre à voix haute et faire des confessions à Yasmine ne faisant décidément pas parti de ton programme de la soirée. Pas du tout d'ailleurs, tu es capable de parler pendant des heures pour ne rien dire, dès qu'il s'agit d'un sujet un peu plus personnel cependant, tu fais des pirouettes pour ne pas répondre. Ce n'est pas de la vanité mal placée ou que tu es quelqu'un de particulièrement secret non, tu te connais bien et tu connais tes propres limites, tu n'as tout simplement pas envie de faire fuir les gens. Ou, dans le cas de Yasmine, lui parler de tes problèmes comme si c'était sa responsabiité... Non, comme à ton habitude, tu préfères tout porter sur tes épaules à toi plutôt que d'impliquer quelqu'un, de concerné et d'important pour toi certes, car ce ne serait pas juste. Non, te reposer sur elle ne serait pas juste du tout. Tu chasses cependant toutes ces pensées bien loin, un peu comme une boite de Pandore que tu n'ouvriras jamais -no really, denial is your best friend- un autre sourire pour Yasmine. Qui a remarqué ton absence de t-shirt. "Figure-toi que je pense souvent au commun des mortels, d'où ma tenue, j'aime bien donner de mon temps et de ma personne... figure-toi." Blague facile à faire pour toi qui ne connaît pas la timidité ou la pudeur, non, ce sont des mots bien loin de ton vocabulaire et porter des vêtements est plus contraignant qu'autre chose. Si le prix à payer, ce sont les yeux de la brune qui dérivent sur ton torse eh bien... tant pis. Tu n'es pas désolé pour le coup. Tu hoches la tête quand elle t'explique la raison de sa venue, ou qu'il est beaucoup trop tard pour un café. Ce n'est pas une invitation que Yasmine te lance là, elle se contente juste d'énoncer des faits et oui, introduire de la caféine dans ton système aussi tard ? Pas une bonne idée. Aider Yasmine à monter sur le ring ? Facile à faire. "Okay." C'est ta seule réponse avant que tu ne viennes lui prêter mains fortes, littéralement, la brune ne pèse absolument rien et tu n'utilises qu'un seul bras pour l'aider à se hisser sur le ring et te rejoindre. Ton sourire est un reflet de celui qui trône sur le visage de Yasmine et tu finis par t'asseoir en tailleur à côté d'elle, vu qu'il est plus qu'évident que ton entraînement du soir est terminé. Sourire qui faiblit légèrement lorsque les questions arrivent, la première, il est facile d'y répondre, vraiment, pour ce qui est de votre dernière rencontre... Oui, tu as légèrement fuit quand Hassan a été mentionné, tu as eu le temps de faire la paix avec toi-même depuis sur ce sujet, mais elle t'a pris par surprise et... et tu n'as pas d'excuses, tu as eu une réaction débile. "Pourquoi ça m'ennuierait ? Arrête de poser des questions stupides Khadji..." commences-tu tout simplement, soucieux de surveiller tes mots. "Et je pensais avoir été plus subtile mais..." Tu roules des yeux et tu finis par tourner la tête, préférant fixer les cordes du ring plutôt que la brune. Il y a quelque chose dans la façon dont elle te fixe, quelque chose d'un peu trop intense et honnête, et tu n'as pas envie d'y faire face là tout de suite. Tu hausses les épaules, dépourvu de mots, pour une fois, tiraillé entre ton envie de passer à autre chose et par toute la tension palpable dans l'air. "Je pourrais mentir et te dire que j'avais une longue journée qui m'attendait et qu'il fallait absolument que je rentre chez moi. Pour m'occuper de mon potager ou quelque chose comme ça. Ce qui n'est pas vraiment un mensonge maintenant que j'y pense... le jardinage ça prend du temps jeune fille." Tu ne regardes toujours pas Yasmine lorsque ta voix s'élève enfin, peut-être que c'est un peu lâche, tu t'en fiches un peu à cette seconde. Être aussi sincère semble te coûter beaucoup alors... "Mais je m'égare... je pourrais détourner l'attention justement. Et te demander comment se passe ta recherche d'appartement, ou te demander des nouvelles de Molly ou parler de Sloan mais..." Mais tu ne vas pas le faire. Parce que tu as trop de respect pour elle, parce qu'il ne sert à rien de te torturer de la sorte et de ruminer dans ton coin. Quand tu fixes de nouveau Yasmine, tu sembles avoir pris la décision avant même que tu ne reprennes la parole. "On a dit qu'on essayait tous les deux et ça serait sympa de pouvoir te ranger dans la catégorie de mes amis proches. Je veux dire, ouais, ça n'a pas marché entre nous, on est pas obligés de se détester le reste de notre vie ou de s'éviter, pas vrai?" En tout cas, tu n'as pas l'intention de le faire. "Donc je dirai juste que certains sujets sont plus sensibles que d'autres. Pour le moment. Mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas prêt à passer à autre chose ou à t'écouter." Tu n'as pas répondu à sa question, elle le remarquera très facilement... Et pourtant, quand on sait comment tu fonctionnes, tu en as déjà révélé beaucoup. Un peu trop à ton goût et tu ajoutes un: "Et c'est tout ce que tu obtiendras de moi pour l'instant Khadji." très rapidement car tu n'aimes pas la tournure que votre conversation a prise. Non, vraiment, vous êtes tous les deux des adultes et votre histoire semble remonter à une éternité. Tu ne veux pas qu'elle se sente obligée de surveiller ses discours autour de toi, non, tu veux juste... tu veux juste qu'elle soit Yasmine autour de toi, qu'elle continue de sourire, de s'en faire pour toi et tous ceux qui ont su avoir son respect, de ranger ses mèches brunes derrière ses oreilles à chaque fois qu'elle semble être prise d'une émotion un peu trop forte ou qui risque de trahir ce qu'elle pense vraiment. Tout ça, toutes ces petites choses que seul un idiot ne peut ne pas remarquer, tout ce que tu as remarqué... Tu finis par pousser un soupir, audible et sûrement mal placé, sauf que c'est le seul moyen que tu as de traduire tout ce que tu ressens à cette seconde précise. ".... Mon dieu. Je rêve ou on est beaucoup trop sérieux ? On va respirer un grand coup tous les deux et arrêter d'être aussi fatalistes et dramatiques parce que vraiment, je crois qu'on en a besoin." Du moins, tu en as besoin. Et tu ne vas pas tenir si toutes vos conversations se finissent avec un goût aussi amer. Sans vraiment lui laisser le temps de répondre ou probablement de réfléchir à tout ce que tu viens de lui dire, tu finis par te lever, te retournant simplement pour lui tendre la main. "Donc nouvelle idée, va déposer les livres de Sohan, je vais me changer, un crime je sais, et j'te paye ce fameux café. Ou quelque chose de plus consistant, je meurs de faim." Ou ta manière de dire qu'il vaut mieux que vous alliez de l'avant. Vraiment.
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| | | | (#)Sam 10 Aoû 2019 - 7:09 | |
| ≈ ≈ ≈ {forward} crédit/ crackshipforya (tumblr) ✰ w/ @edge price Il y avait quelque chose dans l'atmosphère qui laissait croire à Yasmine que c'était le bon moment pour aller dans le fond des choses. Ils ne l'avaient jamais vraiment fait, probablement à cause de la manière dont leur histoire s'était terminée ; pas assez bien pour se donner une chance d'aplanir le terrain dans l'idée de poursuivre leur vie chacun de leur côté, se servant de cet échec pour avancer et se promettre à eux-mêmes de ne plus jamais recommencer. Elle n'était pas particulièrement en paix avec le fait de se lancer dans de grands débats à cœurs ouverts, ayant le sentiment de le faire beaucoup trop souvent depuis quelques temps, mais il y avait des moments où c'était important de mettre les pieds dans le plat, juste pour savoir à quoi s'en tenir, et ne plus supputer au point d'en perdre le sommeil ; sommeil auquel elle avait renoncé il y avait bien longtemps déjà. Pour d'autres raisons certes, toujours est-il que cet instant privilégié, à triturer ses pensées, enfouie sous ses draps pour se protéger des craintes de la nuit, s'était redistribué de lui-même, prenant ses quartiers à des moments où sa concentration se devait d'être maximale. Yasmine pensait à tant de choses à la fois, que très souvent, elle se perdait dans le fil de son propre raisonnement, malmenée par tous ses songes qui la hantaient du matin au soir, branchée sous mode automatique, le corps et l'esprit manquant de sommeil et d'énergie. Il ne s'agissait pas seulement de son histoire avec Edgerton. Depuis quelques semaines, Yasmine essayait d'être plus honnête avec tous ceux à qui elle avait donné l'impression d'être plus absente, plus maladroite aussi. L'envie de réparer ses erreurs s'affirmant chaque jour un peu plus, incisant profondément le peu d'amour propre qu'elle couvait comme tout un chacun, elle avait pleinement conscience qu'elle devrait passer par des moments pénibles pour s'amender honorablement de tout ce qu'elle avait pu laisser entrevoir et qui ne lui ressemblait pas, ou de tout ce qu'elle avait pu dire qui ne lui correspondait pas. Ele avait encore beaucoup de travail à faire, mais elle aimait penser qu'elle tenait le bon bout. Ainsi, ses paroles avaient dépassé ses pensées l'autre fois, c'était aussi simple que ça. Alors non, elle n'aimait pas que sa question instaure un silence pesant entre elle et le jeune homme, mais elle avait besoin qu'il ne lui en veuille pas d'avoir simplement manqué de contrôle lorsque la conversation avait dérivé sur un sujet qu'il aurait sans doute préféré éviter. Elle ignorait pourquoi c'était si important pour elle qu'il sache qu'elle regrettait qu'il soit parti comme il l'avait fait, mais puisque la question avait été posée, elle ne pouvait plus faire marche-arrière en prétendant qu'elle n'était pas curieuse à ce sujet. Elle l'était, Yasmine voulait savoir. Après qu'il eut rompu le silence, elle attrapa doucement les gants qu'il avait laissé tomber au sol, se contorsionnant en grimaçant pour les atteindre et rompant par la même le contact visuel qu'elle avait initié entre eux. Elle finit par les enfiler, se battant un court moment pour trouver la meilleure façon de parvenir à faire entrer ses petites mains à l'intérieur ; ce qu'elle réussit à faire juste à temps pour lui répondre dans la foulée, empruntant un ton faussement courroucé lorsque l'adjectif stupide claironna dans l'espace qui les séparait.
"Inutile d'être aussi agressif, Edgerton." fit-elle en lui assénant une bourrasque du bout de ses gants, en plein sur l'épaule droite. Elle se demanda s'il avait senti quelque chose, comprit rapidement que non, et comme de toute façon, ce n'était pas dans son intention de lui faire mal, elle ne s'en désola pas vraiment. Cet éclaircissement mental s'imposant à elle, Yasmine se départit vite des gants, la sensation d'entrave la rendant nerveuse. Elle les reposa au centre du triangle formé par ses jambes, haussant les épaules en laissant un soupir la parcourir pour mieux l'exhaler avec plus ou moins de sérénité, puis elle agrippa la corde du ring sur laquelle elle posa délicatement son menton. Elle rit le temps de laisser Edge considérer sa question de la meilleure façon à ses yeux, et bien que le début de sa réponse la fît sourire en biais, elle n'émit aucun commentaire audible pour ne pas le perturber. Dans sa tête cependant, elle se mit à cogiter. Même si elle aurait aimé respecter le choix qu'il avait fait de laisser vriller son regard sur autre chose que son visage, elle, elle ne put s'empêcher de le regarder avec flegme, les yeux s'accrochant aux détails qu'elle avait presque oubliés, et qu'elle retrouvait soudain, sa mémoire ayant juste besoin d'une piqûre de rappel pour se souvenir qu'il avait été quelqu'un à qui elle avait accordé beaucoup d'attention, à un moment donné. Elle l'avait souvent observé de près, sa tête reposant à quelques centimètres de la sienne, s'extasiant à propos de la longueur de ses cils ; là, elle retrouvait ses habitudes, même si elles étaient timides, moins aguerries que lorsqu'ils s'étaient quittés, deux ans plus tôt. Tachant de déceler sur son visage les nuances de son discours pour décider si oui ou non ils réussiraient à se dire les choses sans tendre vers le sous-entendu ou la devinette, elle le fixa. Longtemps. Jusqu'à ce que quelque chose dans sa tirade la fit se redresser juste un peu et froncer les sourcils, avant qu'elle ne l'interrompe avec douceur – toujours avec douceur "Je t'ai jamais détesté." Elle attendit l'instant précis où il tourna la tête dans sa direction pour cesser de le regarder. Même si elle s'évertua avec détermination à ne pas lui rendre le regard qu'il avait enfin posé sur elle, elle poursuivit avec franchise "Je t'en ai beaucoup voulu, c'est vrai. Mais je t'ai jamais détesté, et j'ai pas l'intention de te détester maintenant. Ce serait pas juste, c'était il y a trop longtemps." Une éternité, finalement. Elle laissa un rire furtif s'égarer, pendant qu'elle continuait en secouant la tête et en haussant légèrement les sourcils, basculant tout doucement en arrière pour faire bonne figure, et ne pas paraître trop guindée, car la conversation était devenue sérieuse et que c'était un peu étrange, tout à coup "Tu sais, je suis fatiguée d'éviter les gens sous le prétexte que j'ai peur de ce qui pourrait se passer, alors je suppose que t'as raison dans le fond." Elle consentit enfin à le regarder de nouveau. Décidant de ne pas pousser son avantage jusqu'à lui faire admettre que les sujets dont il parlait sans les nommer avaient vaguement était mentionné lors de leur dernière conversation, elle lui dit "Si je dois m'engager à ne pas entamer ces fameux sujets sensibles, ce sera compliqué… mais je peux toujours essayer. T'auras qu'à brandir le drapeau rouge si je manque de vigilance. Parce que ça arrivera probablement… hey, je suis pas parfaite, tu le sais." Une conclusion qu'elle pouvait se permettre de faire, parce que c'était ce que faisait les amis : admettre leur faiblesse sans craindre d'être jugé et en rire avec bienveillance, même si la vérité était atrocement douloureuse "Pour l'instant, c'est moi qui t'écoute. Je ne fais que poser des questions. Stupides, j'ai compris ; je te rends tes gants. Quoique je devrais pas, t'es censé te reposer." Pourtant, elle les lui tendit, passant sous silence la réflexion qu'elle se fit au moment où il lui dit qu'elle n'obtiendrait rien de plus que ce qu'il venait de lui donner. Il ne voyait probablement par les choses de la même façon qu'elle, mais de son côté, Yasmine s'estimait heureuse d'avoir grapillé autant de petits faits de la bouche du jeune homme. Il n'avait pas directement répondu à sa question, mais elle avait compris tout de même, et d'une certaine manière, elle n'avait pas besoin qu'il rentre davantage dans les détails pour être satisfaite ; et à ce sujet, sans doute que le rire franc qu'elle laissa filer à propos du sérieux de la conversation reflétait un soupçon d'euphorie. Seulement, elle avait le rire et le sourire tellement facile Yasmine, que c'était difficile à déceler, malgré la lueur particulière qui faisait briller ses yeux vert clair. Elle glissa une petite mèche de cheveux derrière son oreille, dépliant ses jambes en même temps "Tu vois que j'ai raison quand je te conseille de faire du théâtre. T'es une vraie drama queen, c'est presque ridicule." Elle accepta la main qu'il lui tendit, se levant avec souplesse en riant tout doucement. Elle chassa plusieurs mèches que son relatif effort avait déplacé devant son visage du bout de sa manche, lui répondant sans véritablement y penser "J'ai déjà dîné." Elle ferma brièvement les yeux, agitant une main devant son visage en fronçant le nez lorsqu'elle s'aperçut à quel point elle était idiote, trop spontanée. Elle se reprit en troisième vitesse, changeant son fusil d'épaule en comprenant que c'était dans son intérêt d'accepter son invitation "Maaaais je serais pas contre un milk-shake. Tu vas prendre des frites de ton côté ? Elles sont toujours meilleures dans l'assiette des autres, c'est un fait." Un grand sourire accompagna la réouverture de ses paupières, et tandis qu'elle n'attendit pas qu'il lui réponde, elle empoigna ses bouquins, son portable et ses clefs, ajoutant en même temps "On se rejoint sur le parking. Ne pars pas sans moi, tu m'as donné faim." Et quand elle passa à côté de lui pour le contourner et rejoindre l'endroit qu'elle convoitait, elle lui donna un coup de hanche qui le fit à peine basculer. |
| | | | (#)Sam 10 Aoû 2019 - 12:48 | |
| Dans un sens, tu es content que Yasmine ait osé poser une telle question. Et te pousser un peu dans tes retranchements par la même occasion. Rares sont ceux qui le font, ou qui osent le faire. On a souvent peur de te brusquer ou de te voir perdre ton sourire, il en faut beaucoup pour t'atteindre dans tous les cas et tu essayes toujours de rester le plus loin possible de toutes les situations où tu peux être vulnérable. Ce qui n'est pas réaliste en soit et prouve à quel point tu n'es pas équipé pour tout ça, ou même pour la vie en règle générale, mais pour le moment, tu t'en sors bien. Et tu as bien conscience que le but de Yasmine n'était pas de te piéger en venant ici ce soir, elle n'aurait même pas dû tomber sur toi, tu ne devrais pas être ici, si tu étais raisonnable et capable d'être raisonné, tu prendras soin de toi et tu resterais le plus loin possible de ce ring et de tes gants. Ce n'est pas le cas, c'est un peu un mal pour un bien au final et tu es certain que dans un futur proche, la brune finira par te remercier. Car vous avez enfin réussi à parler et ce, en étant francs et honnêtes tous les deux, pour la première fois depuis... depuis votre rupture ? Non même bien avant cela, cette conversation-là ne signe la fin de rien, il n'y a pas vraiment d'enjeux, absolument rien à perdre et pas de pincettes à prendre. Car vous n'êtes pas un couple et sans cette barrière-là, les choses semblent bien différentes. Que ce soit pour toi ou pour Yasmine et elle en a forcément conscience, sinon, elle ne ferait pas des confessions elle-même. Et tu hoches la tête face à ces mots-qui en ont manqué il y a des années de cela, non, l'infirmière ne te déteste pas. Tu as envie de lui répondre, presque automatiquement, que toi tu t'es détesté pour ton geste, car tu n'as pas seulement trahi sa confiance, tu as aussi blessé deux femmes au passage et ce n'est pas quelque chose que tu as oublié. Une erreur un peu gravée dans la pierre, un bon rappel pour toi, pour te souvenir constamment qu'il ne te faut pas te précipiter et que peu importe ce que tu ressens, tu ne peux pas contrôler les émotions des autres ou leur demander d'avancer à la même vitesse que toi. Certaines choses sont faites pour fonctionner ensemble et d'autres non. "Merci. D'être aussi honnête je veux dire... je crois que j'avais besoin de l'entendre de vive-voix." Réponds-tu rapidement, car cela te semble être la chose la plus mature et responsable à dire dans ce cas-là. Tu aides Yasmine à se relever, considérant le sujet clos, tu aimerais ajouter qu'elle peut parler de qui elle veut sans craintes, mais c'est sous-entendu. Tu feras des efforts et oui, il y aura des conversations plus faciles et plus légères que d'autres, oui, ça ne fait pas de toi quelqu'un de foncièrement mauvais ou de lâche que de l'admettre. Tu es juste humain, voilà tout. "Et j'te conseille d'essayer la boxe un de ses jours... peut-être la prochaine fois que tu monteras sur un ring?" Car la façon maladroite avec laquelle la jeune femme a enfilé tes gants pendant quelques secondes ne t'a absolument pas échappé. Et pas de doutes que tu pourrais lui donner des cours et lui apprendre à asséner des vrais coups et même comment faire mal à quelqu'un... Même si ça ne correspond pas vraiment à l'image que Yasmine renvoie les trois quarts du temps, est-elle capable de se mettre en colère? Tu n'en doutes pas, sauf que cela doit être pour de bonnes raisons et quand il est déjà trop tard. La brune est loin d'être en colère à cette seconde précise et tu ris légèrement quand elle te répond qu'elle a déjà dîné, tu as envie de lui dire que c'est la deuxième fois qu'elle rejette une de tes invitations. De manière adorable, certes, mais la deuxième fois tout de même. Elle semble cependant comprendre où tu voulais en venir, avec quelques secondes de retard et tu pourrais te moquer d'elle, tu pourrais le faire sans aucun problème, mais tu laisses passer l'écart car cela ne serait pas juste. "Yasmine, on va pas se mentir, tu es mignonne, tu le sais. Tu sais également que je t'apprécie et j'ai beaucoup de faiblesses mais... tu vas commander tes propres frites." Parce que la brune peut se permettre de t'appeler par ton prénom complet de temps à autre -okay, souvent-, mais personne ne pique dans ton assiette. À moins de vouloir perdre un doigt ou deux. Chose qu'elle va très vite apprendre. "Et je pars pas sans toi Khadji, t'inquiète." Que tu ajoutes, déjà prêt à descendre du ring, tu remarques le coup de hanche qu'elle te donne, sans doute pour te faire perdre ton équilibre et tu ris de nouveau car non, elle n'a pas l'air de trop t'en vouloir dans l'immédiat. Certes, elle ne t'a pas fait bouger, il lui faudrait un peu plus de force que ça pour le faire, il est désormais plus que clair que vous êtes passés à autre chose. Tu aides la brune à descendre du ring avec le même sourire et cet air serein sur le visage, et tu l'informes que tu n'en as que pour quelques minutes. Tu attrapes ton sac qui était posé aux pieds du ring et tu diriges vers les vestiaires. Tu te changes le plus rapidement possible, abandonnant ton très confortable short de sport pour ton jean préféré (à comprendre celui avec des trous au niveau des genoux) et une chemise bleu marine. Tu te gratifies d'un peu de déodorant avant de fourrer toutes tes affaires dans ton sac, de nouer ta veste en jean autour de ta taille et d'emprunter le chemin du parking. Où Yasmine et sa Jeep t'attendent déjà, et tu sors les clés de ta propre voiture de la poche de ton jean, prêt à faire une remarque sur le contraste saisissant entre vos deux voitures, elle a un véhicule fonctionnel et toi c'est uniquement pour la frime. Et ce même si tu aimes ta mustang de tout ton cœur, tu l'as simplement achetée après avoir perdu un pari, donc oui, ça en dit beaucoup sur toi. Tu préfères ouvrir ta propre voiture, et tout en mettant ton sac sur le siège passage, tu lances un: "Le retour de la chemise, je sais, t'es déçue, c'est pas grave, le milkshake que je vais te payer va t'aider à oublier tout ça." Et non, elle ne t'a probablement jamais vu comme ça, elle ne connaît pas vraiment ce côté-là de ta personnalité, car vous n'avez jamais été amis. Vous avez flirté, vous êtes sortis ensemble, avez connu beaucoup de déceptions pour enfin devenir des étrangers l'un pour l'autre. Plus maintenant semble t-il. "Tu me suis? Je connais un endroit pas loin."
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| | | | (#)Sam 10 Aoû 2019 - 19:22 | |
| ≈ ≈ ≈ {forward} crédit/ crackshipforya (tumblr) ✰ w/ @edge price "Hum, je crois pas. C'est vraiment pas pour moi tout ça." Comme tout un tas d'autres choses pour lesquelles elle ne se trouvait pas assez aguerrie, pas assez douée, pas assez capable ; le manque de confiance chez Yasmine était un vrai état d'esprit, une pathologie qu'elle couvait en silence, parce que c'était comme ça que ça devait être. Chaque fois qu'elle exprimait un doute sur quoi que ce soit la concernant, elle soupçonnait son interlocuteur de penser qu'elle faisait dans l'excès de fausse modestie, alors elle avait appris à ronger son frein et à alimenter ses nombreuses insécurités dans l'intimité de son propre jugement. Enfin, cette déclaration officielle la fit légèrement pouffer de rire, consciente qu'elle n'aurait rien à offrir à un adversaire, même à un adversaire de sa carrure. Elle avait bien caressé l'idée de s'inscrire à des cours d'auto-défense à un moment donné, quelques temps avant de partir pour le Niger, mais elle avait craint que ça mettrait trop en lumière le traumatisme de son agression qu'elle essayait tant d'étouffer, n'en ayant parlé à personne d'autre qu'à Hassan dont la promesse de ne jamais mentionner quoi que ce soit à ce sujet avait été loyalement respectée, même plusieurs années après. Yasmine comprenait que d'autres expriment le besoin de se défouler de cette façon, mais elle, elle ne se sentait pas de taille à le faire de son côté, sans doute parce qu'elle préférait intérioriser, se déchargeant à peine du poids qui pesait sur ses épaules et considérant les fois où elle se laissait aller à un petit peu de lâcher prise, poussant le volume de ses écouteurs jusqu'à son maximum, comme une bonne technique, la meilleure, pour apaiser son esprit. Ça ne l'était pas tout à fait, elle aimait simplement se faire croire que ça l'était, et comme elle s'en sortait bien finalement, pensait-elle, pourquoi se diriger vers quelque chose qui ne lui ferait probablement pas que du bien ? Elle préféra ne pas se lancer dans ce débat, sachant de toute façon qu'elle ne partageait pas le même avis qu'Edgerton à ce propos. Etant donné que leur conversation prenait un tournant inattendu, plus agréable que celui qui les avait poussés à se parler avec plus de sincérité que jamais auparavant, elle estima qu'il était tout bonnement inutile de s'y arrêter plus que nécessaire. Et puis concrètement, s'il était aussi doué qu'elle, ayant réussi à lui faire entendre ses conseils à propos de sa tendinite, peut-être arriverait-il à la faire boxer au moins une fois dans sa vie… mais il n'avait pas besoin de comprendre tout ça, et elle s'obstinerait à refuser son offre de monter sur le ring chaque fois qu'il la remettrait sur le tapis, au moins pour conserver le plus longtemps possible l'impression qu'elle avait qu'il lui laissait véritablement le choix. Pour l'heure, ce n'était définitivement pas dans ses projets immédiats ou futurs de devenir la prochaine valeur sûre de la boxe amateur, et tandis qu'elle acceptait enfin l'invitation qu'il venait de lui soumettre, elle l'observa avec un sérieux un peu enfantin, se hâtant d'ajouter entre deux bribes de phrases qu'il prononça "Certains disent même que je suis adorable." Et elle battit des paupières, ses longs cils fendant l'air avec théâtralité. Passant sur l'ignominie que représentait à ses yeux l'idée qu'elle était pleinement consciente de ses atouts, elle consentit à ce qu'il l'aide à descendre du ring.
Elle opina volontiers du chef quand il lui indiqua qu'il ne serait pas long. Elle non plus, lui fit-elle savoir, après l'avoir à peine fait basculer à l'aide de sa hanche. C'est commodément qu'elle se retourna pour entamer son chemin jusqu'aux casiers, dissimulant le sourire distrait qui se mit à flotter sur son visage, et qu'elle se reprocha sévèrement à l'instant où elle croisa son propre reflet dans le miroir de courtoisie que Sloan avait scotché à la porte de son casier. Tout de suite après y avoir déposé les livres qu'elle était initialement venue rendre à son partenaire de révisions, Yasmine évita de jeter un nouveau regard dans le miroir. Laissant une courte inspiration la soulager de quelques grammes d'air emmagasiné pour dire de, elle referma la porte du casier, rebroussant chemin en vérifiant d'abord qu'elle n'avait rien oublié ; et elle fit tinter ses clefs, les glissant en même temps que son téléphone portable dans l'une des poches-arrières de son jean. Elle n'était pas aussi nerveuse qu'elle l'avait été lorsqu'ils s'étaient croisés ces deux dernières fois, et ça lui faisait vraiment du bien de considérer que les choses avaient évoluées dans un sens qu'elle n'aurait jamais osé imaginer, il y avait quelques jours à peine de ça. C'était sans doute ce que l'on éprouvait quand on devenait vraiment adulte : le sentiment que le dialogue était la clef, même des situations qui, au début de tout, paraissaient pourtant sans issue. Et étrangement, ça la réconfortait aussi que, pour une fois, elle avait été capable d'explorer une problématique sans envisager qu'elle était peut-être la seule et l'unique responsable de tout ça. Ça lui changeait de comprendre que la personne en face d'elle partageait les torts sans chercher à se dédouaner de quoi que ce soit. Même si ce n'était que mentalement pour cette fois, elle remerciait sincèrement Edge pour ça. Elle l'attendit patiemment, frottant le bout de son ne contre le col épais de son pull. Adossée à la carrosserie de sa Jeep dans laquelle elle s'était rapidement engouffrée pour récupérer son sac qu'elle avait passé en bandoulière, elle croisa les bras sur sa poitrine. Ne souriant pas tout de suite lorsqu'elle le vit arriver vers elle, l'humour aussi au point que les coups qu'il portait au sac de sable à qui il avait faussé compagnie pour la rejoindre, elle émit un long soupir factice à la place, rejetant la tête en arrière en déclarant, presque en geignant "Super déçue, ouais. Il va me falloir au moins deux milk-shakes pour que je me fasse à l'idée." Elle exagérait à peine, mais c'était ça qui était drôle, non ? C'était rafraîchissant aussi de prendre les choses du bon côté et de s'apercevoir qu'il y avait une manière plus naturelle et détendue d'appréhender la situation. Si elle devait être tout à fait honnête avec elle-même, elle ne se souvenait pas que ça avait été le cas lorsqu'ils étaient en couple. Peut-être parce qu'ils avaient sauté quelques étapes au passage ; ils ne feraient pas la même erreur avec leur amitié naissante. Quand bien même elle savait que ce ne serait pas toujours simple, les humeurs variants et les sensibilités aussi, elle avait l'intuition qu'il lui laisserait une marge d'erreurs et l'occasion de se rattraper lorsqu'elle se fourvoierait – ça la rassurait, plus qu'elle n'oserait le lui avouer "Tu comptes me faire monter dans ta voiture ?" Elle fût tentée d'ajouter ta voiture de frimeur, mais elle s'abstint, déplaçant un long rideau de cheveux bruns de l'une à l'autre de ses épaules. Se décollant de sa carrosserie pour lui adresser un regard goguenard suivit d'un rire qui l'était tout autant, Yasmine le suivit sans plus de cérémonie "Je pensais que t'en changerais. Je me suis toujours demandé comment tu faisais pour rentrer dedans, ça doit être si inconfortable quand on est aussi…" D'un coup de menton, et de bas en haut, elle désigna la silhouette du jeune homme. Laissant son examen rapide de sa carrure parler pour elle, elle le regarda une seconde de trop, sans doute, le détaillant en même temps qu'ils s'avançaient vers la Mustang. Puis, elle se contraignit à détourner le regard un instant, se retournant très brièvement pour jeter un coup d'œil à sa Jeep qui resterait en veille sur le parking du club. Retenant un sourire, elle finit par harponner l'anse de son sac qui barrait sa poitrine, se retournant dans le bon sens en même temps "Tu vas pas regretter cette petite sortie improvisée, demain matin ? Je sais que t'es grognon quand tu loupes une ou deux heures de sommeil, et il est déjà tard." lui demanda-t-elle, usant d'informations qu'elle avait conservé de l'époque où ils se côtoyaient. Elle ne laissa pas le temps au jeune homme de le réaliser – ou de revenir sur sa décision spontanée de passer le reste de la soirée avec elle, préférant son lit à la montagne de graisse et de sucre que laissait présager leur imminente, et tardive, collation. Pendant qu'elle se dirigeait vers la portière passager, d'un pas plus sautillant que la petite marche tranquille qui l'avait menée jusqu'ici, et les bras s'agitant pour qu'elle puisse frapper très furtiement dans ses mains, elle lui lança "Je choisis la musique. T'as pas le choix, c'est moi l'invitée." |
| | | | (#)Dim 11 Aoû 2019 - 20:26 | |
| Est-ce que tu aurais imaginé ta soirée prendre une telle tournure il y a des heures de cela ? Probablement pas. Et ce même si quelqu'un te l'avait dit, tu n'y aurais pas vraiment cru. Yasmine qui s'apprête à te suivre et qui grimpe volontairement dans ta mustang ? Ça a des allures de déjà-vu, comme un mauvais flashback ou même une histoire qui se répète en boucle pour le plus grand malheur des spectateurs. Sauf que ce n'est pas le cas, il y a une ou deux notes qui ont changé, quelques nouvelles scènes qui se sont introduites dans ce tout nouveau film, comme les derniers mots que vous avez échangé, quand vous étiez encore sur le ring. Ça, c'est définitivement nouveau et il y a deux ans de cela, vous auriez bien été incapable d'avoir une telle conversation. Et ce malgré tout ce que la jeune femme représentait déjà pour toi à l'époque. Il s'agit toujours de Yasmine cependant, un peu moins réservée certes, mais c'est bien elle. Elle qui répond à tes piques avec une facilité déconcertante et tu retiens le rire cristallin qui menace de quitter tes lèvres alors qu'elle te demande si c'est bien dans cette voiture-là qu'elle doit monter. "... Des remarques à faire sur mon véhicule ? Attention, il n'y a qu'un certain mécano qui a le droit." Répliques-tu automatiquement, ayant une brève pensée pour Ezra, qui aurait certainement très mal pris tout commentaire péjoratif sur la dite voiture. Surtout pas vu les heures qu'il a passées dessus, ou sous le capot ou même sous le châssis de la voiture. Et tu ne peux tout simplement pas l'expliquer, pari perdu ou pas, tu as une certaine affection pour cette voiture et tu ne te vois pas conduire autre chose. C'est peut-être cliché, tape à l'œil, montre que tu as quelque chose à compenser mais... tu t'en fiches complètement, pour une fois, tu acceptes le cliché avec le sourire aux lèvres et toutes les remarques qui vont avec. Y compris celles de Yasmine sur ton physique; et la brune a bien de la chance que tu ne t'offusques pas de ce genre de détails mais quelqu'un de plus censé pourrait lui faire remarquer qu'elle s'attarde un peu trop sur ton physique. Quelqu'un. Ça ne sera pas toi et certainement pas ce soir. Au lieu de cela, tu te contentes de lui faire signe de monter dans la voiture, roulant intérieurement des yeux alors qu'elle t'annonce que c'est elle qui va choisir la musique. Ce qui n'est pas vraiment comment tu procèdes d'ordinaire, tu préfères rester en contrôle de la stéréo, prêt à maudire sur dix générations quiconque n'approuverait pas tes playlists ou quiconque oserait remettre en cause la perfection vocale de Beyoncé. Sauf que tu es de bonne humeur, vous avez décidé de partir du bon pied alors tu jettes un sourire à Yasmine alors que t'installes sur ton propre siège, lui prouvant par le même coup que non, ce n'est pas inconfortable, et que le grand garçon que tu es peut très bien rentrer dans sa voiture. "... You done? Non parce que je les vois arriver les piques sur mon âge et ma voiture... qui est parfaite comme moi. Donc sur ce. Allons-y. Et pour ce qui est de la musique, il me semble qu'on a les mêmes goûts, non...?" Tu dis cela en bouclant ta ceinture et en démarrant le véhicule, la chanson retentit dans le même temps dans tout l'habitacle et tu lui adresses un sourire grandissant, la mettant au défi de trouver une meilleure chanson. Il y a des choses qu'on oublie pas, et quand il s'agit de Yasmine, tu t'es forcé à ne pas oublier, justement. "Donc... ta ceinture s'il te plaît, on ne voudra pas qu'il t'arrive quelque chose hmm?" Le timbre de ta voix redevient sérieux, juste pendant quelques secondes, et tu vérifies d'un simple coup d'oeil qu'elle est bien attachée et une fois que tu es satisfait, tes deux mains serrent un peu plus fortement le volant. "Et maintenant allons-y.... et pardon qu'est-ce que tu disais sur ma voiture déjà ?" Avant même de laisser à Yasmine l'occasion de répondre ou de songer à une réponse, tu appuies volontairement sur la pédale d'accélérateur, laissant la voiture à l'arrêt cependant, juste histoire de faire rugir le moteur de la mustang. Et de sûrement donner raison aux dires de Yasmine. Ou de lui montrer tout ce qu'une voiture comme ça pour faire. Ou juste pour que Ezra soit celui qui te maudisse et te demande des explications lors de ta prochaine visite à son garage. Ou tout simplement parce que tu peux le faire, et c'est en te traitant mentalement d'idiot que tu finis par reporter ton attention sur ton pare-brise et tu quittes enfin le parking de l'Hibiscus Sports pour les rues quasiment désertes de Brisbane. "Bon milkshake, frites et probablement un cheeseburger pour moi, on devrait pouvoir trouver quelque chose d'ouvert..." Tu marmonnes plus les mots suivants pour toi que pour Yasmine et tu fais intérieurement une liste des quelques bons restaurants et autres bars où vous pourrez trouver de quoi vous contenter. Quoi que tu images très mal Yasmine dans un bar, aux dernières nouvelles la consommation d'alcool de la brune est proche du zéro absolu. "Au fait comment va le boulot ? Et ta recherche d'appartement ?" Tu lui poses la question quand vous êtes arrêtés à un feu rouge, véritablement curieux. Et puis ce que font les amis, ils discutent de tout ce qui se passe dans leur vie respective et ce sans aucune gêne. Tu prends donc de ses nouvelles car tu n'as pas oublié votre conversation à l'hôpital d'une part, et ensuite pour lui montrer qu'elle peut parler d'absolument tout en ta compagnie. Et ce même si cela implique de ramener Hassan sur le tapis. Tu es un peu mieux préparé que la dernière fois où Yasmine t'a prise par surprise. "Tu sais que s'il faut porter des cartons je suis toujours disponible. Mon physique n'est pas là que pour la frime hein, donc n'hésite pas t'as toujours mon numéro." L'offre est innocente et absolument sans aucun engagement de sa part ou même de la tienne et tu l'as fait avec une facilité certaine, te disant intérieurement qu'on a jamais assez de mains pour un déménagement de toute façon... alors ton offre n'est pas si ridicule que ça. "Et voilà." annonces-tu une dizaine de minutes plus tard alors que tu te gares enfin devant un autre lieu. Un peu plus éclairé et un peu plus animé que la salle de sport, et tu n'en doutais pas vu que tu as choisi un dinner plutôt réputé. Tu as déjà vu l'endroit plus bondé que ça, vous serez suffisamment tranquille pour avoir une conversation. "Je crois qu'on est chanceux il n'y a pas trop de monde." Tu sors de la mustang tout aussi rapidement et tu contournes ton propre véhicule rapidement pour ouvrir la porte à Yasmine. "Donc on est d'accord Khadji, tu commandes tes frites." Te sens-tu obligé de lui rappeler sur le chemin jusqu'au restaurant, où l'attente est des plus courtes, vous semblez être arrivés au bon moment et enfin assis, tu retires t'empares du menu en déclarant: "La prochaine fois il faudra aussi qu'on invite Sloan, sinon il va croire que je fais du favoritisme." Même si n'importe qui en te voyant pourrait comprendre que c'est trop tard et que Yasmine part avec quelques points d'avance.
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| | | | (#)Mer 14 Aoû 2019 - 13:58 | |
| ≈ ≈ ≈ {forward} crédit/ crackshipforya (tumblr) ✰ w/ @edge price "Je suis pas du genre à faire de l'humour sur l'âge des autres." Hassan ne serait sans doute pas du même avis "Mais Edgerton, t'as un potager quand même." Comme si cet argument se suffisait à lui-même, Yasmine n'en prononça pas davantage, agrandissant légèrement le regard cependant, tandis que dans son for intérieur, elle continuait à considérer ce genre d'humour comme un privilège auquel il n'avait pas le droit d'accès. Edge avait encore quelques étapes à franchir à ce sujet, et même si elle ignorait lesquelles, ne tenant pas du tout à se lancer dans la rationalisation de cette invitation impromptue, il avait toutes les chances d'y parvenir, en bonne force tranquille qu'il était ; en dehors du ring, du moins. Un paradoxe qui, si elle devait être tout à fait honnête avec elle-même, lui avait beaucoup plu à l'époque, beaucoup plus que le physique sur lequel elle s'évertuait à se reposer pour user de son humour maladroit, mais efficace – ça ne gâchait rien, certes, ce n'était pas ce pourquoi elle s'était intéressée à lui, toutefois. Elle sourit en biais, prenant place dans la voiture du photographe. Ne manquant pas de grimacer tant elle la trouvait basse comparée à sa bonne vieille Jeep, c'est sous son regard appuyé qu'elle boucla sa ceinture de sécurité "Ma mère t'en voudrait pour le restant de ses jours, donc vas-y mollo sur l'accélérateur, chauffeur." fit-elle, grossissant le trait de l'inconfort en se dandinant sur son siège pour trouver la meilleure position à adopter. Mais ce n'était qu'un menu détail, puisqu'elle se sentait plutôt bien en vérité. La musique qui emplit l'habitacle y était aussi pour quelque chose – il avait su viser juste. Remuant la tête en rythme, elle lui lança avec appréciation "Je dois reconnaître que tes goûts musicaux sont meilleurs que tes goûts en matière de voitures, et je le dis en toute objectivité." Elle tendit la main pour monter un peu le volume, avant de doucement froncer le nez et de rouler des yeux face à sa démonstration. Il venait de faire rugir le moteur de sa voiture, ce qu'elle trouva passablement… "Ridicule." Et encore, elle fit preuve de clémence "Il a beau en avoir dans le ventre, il tiendrait même pas deux minutes sur un terrain impraticable, ton jouet." Pour faire bonne mesure, elle lâcha un pffff accompagné d'un autre roulement d'yeux. Désignant la route devant eux d'un geste leste de la main, la tête rentrée dans ses épaules pour parfaire le tout, elle l'invita théâtralement à arrêter de se donner en spectacle et à enfin prendre la route.
Ça ne lui était pas arrivée depuis un sacré bout de temps de ne ressentir aucun poids inconvenant peser sur son corps. Pourtant, c'était aussi sûr que le sourire qui fendait son visage : Yasmine éprouvait un agréable sentiment de légèreté qui, s'installant au fur et à mesure qu'ils discutaient, lui faisait oublier pourquoi elle avait quitté la maison, insupportée par l'ambiance lourde qui régnait entre les quatre murs de chez elle, indisposée par les soupirs de sa mère qui battait en retraite pour le moment, mais chez qui la détermination de la faire rester dans le cocon familial finirait par ressurgir tôt ou tard. Les derniers jours avaient été compliqués pour la jeune femme, mais c'était souvent le cas depuis qu'elle était de retour du Niger. Chaque jour était devenu une montagne d'épreuves qu'elle se félicitait de réussir à gravir, attirée par la promesse du repos qui ne venait jamais vraiment. Les occasions de se changer les idées étaient rares, se cantonnant à ses joggings avec Sohan et à ses heures de bénévolat au service pédiatrique du St-Vincent ; auxquelles s'ajoutaient parfois ses visites chez les Davis, ses longues conversations téléphoniques avec Molly et ses pauses gourmandes chez le glacier avec Sloan. Yasmine ne sortait pas souvent, et bien qu'elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même à ce sujet, elle regrettait les petits moments imprévus qu'elle passait avec Hassan. Pendant longtemps, il s'était vu attribuer l'étiquette de porte de sortie, de bouffée d'air revigorante vers qui elle se tournait immanquablement lorsqu'elle se sentait dans l'impasse, accablée par tout et son contraire, mais depuis un moment, chaque fois qu'ils se voyaient, Yasmine avait la sensation de manquer d'air ; aussi même cette assurance d'avoir toujours quelqu'un pour la soulager un peu s'était étiolée, la faisant se sentir plus seule qu'elle ne l'avait jamais été. Ce n'était toutefois pas l'instant rêvé pour s'en désoler, même si comme pour sa fatigue et ses angoisses, elle avait tendance à penser que cet éloignement avec le jeune homme ne cessait de lui tourner dans la tête aussi inlassablement que la mélodie qui s'élevait des enceintes de la voiture d'Edgerton, et qu'elle se mit à fredonner tout bas, appréciant l'harmonie parfaite entre les trois divas qu'elle admirait tant.
Alors qu'elle avait tourné la tête du côté de sa vitre, observant le paysage urbain défiler sous ses yeux sans s'y arrêter tout à fait, Yasmine fit une pause dans le couplet. Elle entendit Edge lui poser une question à laquelle elle mit un peu de temps à répondre. Se gorgeant d'air avant toute chose, elle étira ses doigts devant elle. Puis, haussant les épaules pour relâcher une tension invisible, elle commença "La routine. J'enchaîne pas mal d'heures depuis que je suis rentrée d'Afrique. Comme je potasse pas mal à côté, j'ai l'impression de jamais avoir de temps-libre." Elle lui adressa un regard tout en prenant conscience qu'il n'était pas au courant pour ses projets. Dans la continuité de sa phrase, elle lui dit "Je vais reprendre la fac." Elle opina du chef pour appuyer ses paroles, mais elle ne s'y arrêta pas plus que ça. Tout en reprenant quasi-immédiatement, elle arqua un sourcil en laissant l'arrière de son crâne reposer sur l'appui-tête, les yeux toujours tournés dans la direction du jeune homme, concentré sur sa conduite "J'ai commencé à faire quelques cartons en attendant d'avoir le coup de cœur pour un appartement. C'est pas encore le cas, et à cause de mes horaires, j'ai pas trouvé le temps de vraiment me lancer dans les visites…" Elle fit en sorte de ne mentionner qui que ce soit ; ni Molly qui continuait à jouer les chercheuses de biens immobiliers entre deux admissions, ni Hassan qu'elle avait mis récemment au courant de son choix de reprendre son indépendance. Se mordant légèrement la lèvre inférieure pour chasser le sourire qui s'était installé sur son visage, Yasmine détourna les yeux après un long examen du profil du jeune homme. Regardant résolument par-delà le pare-brise, la voix un peu lointaine, et la tête toujours confortablement posée sur le haut de son siège, elle ajouta "Ça prendra du temps, mais j'ai bon espoir." Elle laissa un court silence s'installer, puis riant légèrement, elle se redressa en même temps ; le cuir de son siège bruissa sous son mouvement "J'ai pas beaucoup de choses à moi tu sais. Le tour va être vite fait, mais… je note, je note." conclut-elle, posant sur lui un nouveau regard en demi-teinte, les paupières subtilement plissées "Je te trouve bien curieux, Edge." Ou alors, c'était elle qui ne l'était pas assez, se retenant de lui retourner ses questions, ou de lui en poser d'autres qui impliqueraient de comprendre comment ça se faisait qu'il était disponible pour une sortie de ce genre un jour de semaine, et pourquoi il passait toujours autant de temps au club après le travail. Discrètement, Yasmine fit quelque chose qui échappa à sa vigilance, alors que ses yeux coulèrent un regard furtif aux mains du jeune homme, à sa main gauche plus précisément. Derechef, et dans un sursaut, elle s'intéressa de nouveau au paysage qui défilait. "C'est drôle, j'ai du mal à t'entendre tout à coup." déclama-t-elle en sortant de la voiture, feignant une surdité fort commode lorsque Edgerton lui rappela qu'il faudrait qu'elle commande sa propre portion de frites. Attendant qu'il se glisse derrière elle, elle bascula la tête en arrière pour lui lancer une œillade par-dessus son épaule ; un regard qui aurait tout aussi bien pu dire dans tes rêves, mon grand. En même temps qu'ils entrèrent dans le dinner, dont ils investirent un coin sans attendre, elle rit en sourdine. Se départissant de son sac par la tête, elle le posa dans un coin de la banquette sur laquelle elle se glissa, puis, tirant sur les manches de son pull, elle finit par s'accouder à la table "Oh, parce que c'est pas le cas ?" rétorqua-t-elle avec malice, doutant vraiment que Sloan trouve une quelconque injustice dans le fait qu'il soit absent à ce moment-là. Elle se reprit bien vite cependant, ne souhaitant pas que son excès de zèle fasse retomber la bonne ambiance qui s'était instaurée entre eux "Il travaille beaucoup aussi cela dit, c'est parfois difficile de prévoir quoi que ce soit avec lui." Elle se laissa doucement tombée en arrière. Le dos touchant la banquette, elle se mit à rassembler ses longs cheveux qu'elle attacha au-dessus de sa tête avec l'aide d'un bracelet-élastique qu'elle portait au poignet. Signe évident qu'elle était à l'aise, ne ressentant pas le besoin de dissimuler sa nervosité en tripotant ses longues mèches épaisses, Yasmine s'appliqua ; curieusement, elle préférait avoir le visage dégagé. Attendant que le jeune homme termine avec le menu, elle arrangea son chignon sans y prêter plus d'attention, et satisfaite, elle s'inclina dans l'autre sens pour de nouveau trouver appuis au bord de la table. Le menton dans ses mains, elle lui demanda "Et toi, alors ? Comment ça se passe au poste ?" Il était peut-être temps qu'elle arrête de prétendre que ça ne l'intéressait pas de savoir ce qu'il faisait désormais. Ainsi, c'est avec une volonté farouche qu'elle s'interdit de laisser son regard vadrouiller de nouveau du côté de son annulaire gauche, même si dans le fond elle avait définitivement remarqué qu'il était toujours dépourvu d'anneau. |
| | | | (#)Dim 18 Aoû 2019 - 19:59 | |
| Tu écoutes toujours tes amis proches avec une attention certaine, et là pour le coup, il s'agit de Yasmine alors tu t'efforces de prêter attention à tout justement et de ne pas oublier les détails. Cela te sera certainement utile pour le reste de la soirée et... le reste de vos interactions, vu qu'il semble que vous repartiez de zéro et pour de bon cette fois-ci. La sensation est à la fois familière et étrange, car tu la connais sans la connaître, l'as déjà vue sans la voir en fait et pourtant il s'agit de quelqu'un de complètement différent. Tu as l'impression de regarder les négatifs de quelques clichés que tu viens de prendre, et tu es un peu perdu à tenter de recréer l'image d'origine. Un exercice impossible à faire, car il manque des détails, des informations cruciale pour justement avoir une image complète. C'est la seule analogie qui te vient à l'esprit pour décrire ce qui t'habite et ce qui semble se passer à cette seconde précise. Ou alors c'est toi qui décide de réfléchir un peu trop et il s'agit juste d'une soirée passée entre amis. Ça ne peut qu'être ça. Tu sais déjà que si la brune ne voulait pas se trouver ici, elle aurait décliné ton offre, avec sa politesse habituelle, et tu te serais contenté de rentrer chez toi en lui souhaitant une bonne soirée, ni plus, ni moins. Il en va de même pour toi, personne ne peut vraiment te forcer à faire quoi que ce soit au final, tu es la personne la plus têtue et bornée que tu connaisses et si tu as fini par quitter la salle de sport, c'est en parti car tu es intrigué. Et également curieux. Curieux de savoir s'il est vraiment possible pour Yasmine et toi d'être amis, sans que cela ne soit bizarre, sans que cela ne frise le domaine du ridicule, surtout après tout ce qui s'est passé entre-vous et tous les non-dits qu'il y a eu dans votre relation. Peut-être, il est encore trop tôt pour le dire, la brune évoque son voyage en Afrique avec une assurance certaine, et tu sais qu'il s'agit d'une première ; elle n'est pas partie dans les meilleures conditions et vous n'en avez jamais vraiment discuté. Si tu es au courant de cette partie-là de sa vie, c'est uniquement grâce à Sohan. Que tu devras remercier proprement un de ses jours, pas de doute là-dessus. Tu écoutes cependant, pas très surpris d'apprendre que les journées de Yasmine sont principalement occupées par son boulot, c'est le cas pour toi et tu sais que tu renvoies l'image du type qui a une vie sociale prenante, mais ce n'est pas le cas. Une fois qu'on t'enlève la salle de sport, il ne reste plus grande chose, tu es souvent chez toi après le boulot, les moments où tu te perds dans les bars ou autres endroits animés de Brisbane avec Ariel ou tout autre connaissance sont bien rares au final. Et tu as presque envie de rire, vraiment, quand tu entends Yasmine te parler de sa recherche d'appartement avec une retenue certaine, ne mentionnant pas une certaine personne, comme si. Tu pourrais ajouter qu'elle est adorable de faire autant d'efforts pour toi et ton ego de mâle, mais cela reviendrait à admettre que le dit ego a été blessé la première fois. (Un raisonnement stupide ? Oh que oui et tu en as parfaitement conscience) Mais tu ne le fais pas, justement et une fois que vous êtes installés dans le restaurant, tes yeux vont directement sur le menu, tu n'exagérais pas en disant que tu avais faim et quand tu relèves enfin le regard, c'est juste pour faire face à l'air taquin de Yasmine. Bon, peut-être qu'elle est de meilleures compagnies que Sloan, mais tu ne vas pas l'admettre à voix haute. "... Cette question est une trappe, on le sait tous les deux, donc je refuse catégoriquement d'y répondre Miss Khadji." Tu ponctues ta phrase par un clin d'œil avant de soudainement trouver la liste des boissons proposées fascinantes. Soudainement. Tu hausses cependant les épaules à la prochaine question de Yasmine, tu ne parles jamais de ton boulot, ça c'est une constante qui n'a pas changé. Mais au vu du métier que tu fais... tu préfères garder les aspects les plus compliqués pour toi. Ça et le fait que tout compartimenter t'aide à faire la part des choses pour ne pas commencer à penser à telle ou telle affaire quand tu es loin de la station de police. "La routine." Tu peux entendre le mensonge dans ton propre ton et tu roules intérieurement des yeux avant d'ajouter : "Rien de nouveau, on pourrait penser que Brisbane est une petite ville tranquille mais il y a assez de ... problèmes pour qu'on soit occupés au poste. Ce qui n'est pas forcément une bonne chose si on y réfléchit bien... Mais tu risques de déprimer si tu y penses vraiment donc je te conseille de ne pas le faire." Hochement de tête vigoureux de ta part, tu ne parles pas de ton métier pour cette raison précise, cela a légèrement tendance à plomber l'ambiance et ce à chaque fois. Tu cherches donc un autre sujet de conversation, disposé, pour une fois, à parler un peu de toi. "Sinon quoi d'autre... Je passe toujours chez Mecanor embêter Ezra, mon mécano préféré, de temps en temps, et puis faut bien que je côtoie quelqu'un qui apprécie ma voiture... hmm?" Même si lui non plus n'est pas un fan de ma conduite, te retiens-tu d'ajouter, sauf que Yasmine n'a pas besoin de le savoir. "Et j'essaye de prévoir mes prochaines vacances figure-toi, mais la destination est un peu vague. Ma mère veut retourner aux États-Unis et je préférerais aller me perdre là où il y a un peu plus de soleil." Tu te surprends toi-même à révéler ce détail-là, non pas que tes voyages avec ta mère soient un secret, tu rentres avec suffisamment de photos pour embêter le reste de ton entourage pendant des semaines. Sauf que d'ordinaire tu te contentes d'un message à l'aéroport, cinq minutes avant ton départ, pour indiquer que ton canapé et ton frigo ne seront pas disponibles pour les prochains jours. "Et... c'est tout. Désolé de te décevoir mais je n'ai pas la vie la plus passionnante du monde... surtout maintenant qu'une certaine infirmière m'a explicitement interdit de pratiquer mon sport préféré." Ton ton est plus joueur qu'accusateur et il est immédiatement suivi par un rire, rire qui se transforme en sourire pour la serveuse qui vous aborde la seconde d'après, prête à prendre votre commande visiblement. "Yep. Je vais prendre deux cheeseburgers... Non. Trois. Des frites, une montagne de frites si possible, vu que je vais devoir partager, et un milkshake à la vanille. Et ce sera tout pour moi." Tu fais un signe de la main vers Yasmine, indiquant que c'est son tour de commander et une fois que la serveuse s'éloigne, tu reprends la conversation. "Et tu vas retourner à la fac, vraiment ? Tu as bien du courage, s'il y a bien quelque chose que je ne referai pas c'est ça."
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| | | | (#)Lun 26 Aoû 2019 - 9:36 | |
| ≈ ≈ ≈ {forward} crédit/ crackshipforya (tumblr) ✰ w/ @edge price "Je suis infirmière aux urgences, Edge." Et soudain, elle réalisa qu'ils avaient tous les deux choisi une carrière où leurs émotions étaient constamment malmenées, les obligeant à compartimenter leur vie respective pour préserver leur santé mentale. Ce fût comme une révélation, de doucement, soigneusement plus encore, relier les points laissés orphelins après leur séparation. Elle qui était si précautionneuse d'habitude, elle n'eut même pas besoin de s'armer de sa gomme d'écolier pour parer aux erreurs engrangées par les quelques suppositions qui se mirent à s'établir d'elles-mêmes dans son esprit tandis que, dans l'intimité de ses pensées, elle s'échinait à résoudre – au feutre noir, rendant les erreurs impossibles à réparer – l'énigme Edgerton Price. Lui procurant un léger sentiment de satisfaction à l'instant où elle sentit qu'elle venait de mettre le doigt sur quelque chose, le regard qu'elle lui lança fût plus insistant encore. Après un moment à le fixer en train d'étudier avec attention la carte du restaurant, elle retrouva un peu de savoir-vivre, et se souvenant brusquement que fixer les gens de cette manière ne se faisait pas, quelque chose qu'elle avait tendance à oublier lorsqu'il était là d'ailleurs, elle baissa progressivement les yeux pour les poser sur la surface lisse, pas moins imparfaite cependant, de la table, un léger sourire réhaussant l'une de ses pommettes. Cette phrase anodine, lancée sur le ton de la plaisanterie, venait tout juste de lui faire comprendre pourquoi il semblait si attaché à la pratique de la boxe. Ce n'était pas qu'un moyen de frimer, elle l'avait soupçonné maintes fois à dire vrai. Seulement, en avoir la confirmation avec autant de simplicité, c'était sacraliser l'idée que frapper dans quelque chose devait l'aider à gérer les choses terribles qu'il voyait la plupart du temps. Aussi sûrement que lorsqu'elle avait été troublée après lui avoir de nouveau adressé la parole suite à deux longues années de silence, elle ressentit un élan particulier d'affection pour lui ; elle le vivait au quotidien elle aussi, ainsi elle réussissait à mieux comprendre l'importance que ça avait pour lui et pourquoi sa blessure, aussi anodine qu'elle fut en réalité, lui importait si peu. Edge avait besoin de cette échappatoire, elle était son équilibre, et peut-être qu'elle l'envia un peu de l'avoir trouvée pendant qu'elle, de son côté, démontrait tant de difficultés depuis qu'elle était rentrée du Niger. Yasmine se concentra résolument sur les défauts de la table, les suivant distraitement du bout de l'index. Elle l'avouerait sans mauvaise volonté, elle n'avait jamais vraiment songé à tout ça auparavant. Il fallait dire qu'ils n'avaient jamais eu ce genre de conversations non plus, leur intérêt se portant sur d'autres aspects de leur vie à l'époque où ils étaient ensemble… à croire qu'ils avaient tous les deux pris à cœur leurs efforts communs pour reconstruire par-dessus les ruines de ce qu'ils avaient laissés derrière eux. Cette conclusion aussi la fit sourire un peu, et disperser les restes de nervosité qui courraient dans son sang chaque fois qu'elle repensait, même furtivement, à ce qu'ils avaient été autrefois.
La tête toujours baissée, le doigt continuant son tracé précis avec la même fluidité que lorsqu'elle soignait une plaie, elle laissa un rire franc filer à la mention d'Ezra et de sa supposée bonne opinion de la voiture d'Edgerton. Elle ne remettrait jamais en doute la parole d'un professionnel, mais en même temps, elle le jugeait silencieusement de l'encourager dans la voie du véhicule si peu fonctionnel qu'il en devenait inconfortable. C'était un truc d'hommes dans le fond. Aussi avait-elle appris en en côtoyant beaucoup trop, son entourage proche grouillant de bonhommes obsédés par leurs bécanes – prenant la forme d'un deux roues, ou même d'un ordinateur suréquipé –, qu'il valait parfois mieux garder son jugement pour soi histoire de préserver la paix dans le monde. Ce à quoi elle tenait assurément, davantage à ce moment très précis, heureuse du chemin emprunté par sa soirée qui avait si mal commencée ; mais ce n'était pas dit qu'elle ne geindrait pas plus tard, quand il l'obligerait à se plier en quatre pour s'asseoir sur le siège passager. Pour le moment, elle se tut, préférant s'arrêter sur les projets de vacances qu'il lui déroula avec un naturel qui la désarma un peu. Cette détente instinctive qui émanait de lui, c'était contagieux, et ce n'était pas un mal bien au contraire, c'était juste qu'elle avait perdu l'habitude de sentir que la personne de l'autre côté était totalement ouverte au dialogue, sans prétendre connaître ce qui se cachait derrière ses paroles ou ses intentions. Ça lui faisait du bien, la sortait d'une zone qu'elle avait cru confortable toute sa vie, mais qui l'était bien moins que ce qu'elle avait toujours pensé. Son intérêt se raviva doucement. Affirmant la pression de son coude contre le bord de la table, Yasmine cessa ses esquisses du bout du doigt, et releva le regard pour affronter celui d'Edge. Lui décochant un sourire en coin, elle lui dit "Parce que l'Australie manque tellement de soleil que t'as besoin d'aller en chercher ailleurs, hum ?" Elle faillit crocheter sa lèvre inférieure avec ses dents pour retenir le second sourire qui étira ses lèvres, mais elle n'en fit rien. Elle choisit plutôt de regarder sur le côté pour suivre le trajet de la serveuse qui s'activait derrière son comptoir et qu'elle soupçonnait de se préparer à venir prendre leur commande. C'était toujours mieux que de s'entêter à fixer les mains du jeune homme avec un intérêt qu'elle jugea déplacé, mais pour lequel elle ne se blâma pas trop sévèrement – pas tout de suite, en tout cas. Après une très courte pause silencieuse, elle reprit sur le même ton détaché, un peu rieur, mais gorgé d'un enthousiasme aussi communicatif que le sourire qui ponctua les quelques mots qu'elle ajouta à l'adresse du jeune homme "J'ai pas beaucoup voyagé en dehors d'ici, je crois pas que je te serais utile dans ta quête de la destination parfaite. Mais puisque t'en parle, j'exige de voir les clichés que tu ramèneras de votre expédition. C'est pas négociable, n'essaye même pas." Il en aurait des tas, de clichés, et s'il y avait une chose dont elle était sûre à propos d'Edge, Yasmine, c'était qu'il était aussi talentueux pour la photographie que pour la boxe. Elle laissa son petit doigt s'aventurer près de ses lèvres, traduisant un soupçon d'hésitation lorsqu'elle grignota le bout de son ongle peint en rouge foncé. Elle finit par lui demander, presque l'air de rien, mais la voix un peu trop aigue pour que ce soit tout à fait désintéressé "Vous comptez partir combien de temps ?" L'arrivée de la serveuse près de leur table fit se redresser la jeune femme, qui resserrant son chignon avant toute chose, passa outre le sentiment qu'elle donna de redouter un peu sa réponse. Néanmoins, elle chassa rapidement l'expression de son visage pour accorder à la jeune femme qui prit la commande d'Edgerton un sourire éclatant qu'elle agrémenta d'un "Dites-lui vous, qu'elles sont meilleures dans l'assiette des autres." quand il lui parut évident qu'il supportait à peine l'idée qu'elle vienne piocher dans son assiette de frites, et après avoir commandé un milk-shake à la vanille elle aussi – pour commencer, elle était bien moins affamée que le vorace qui lui faisait face –, elle lui accorda un froncement de nez à la place de la grimace qu'il méritait pourtant, et reprit le fil de la conversation. Une main posée sur la table, l'autre sur sa cuisse, elle réprima un haussement d'épaules "Vraiment, ouais. Je pensais pas le refaire non plus, ça me fait un peu peur pour être honnête." avoua-t-elle sans trop y porter d'attention, l'air distrait. Elle sortit de sa rêverie pour prendre une longue inspiration tout en refronçant le nez une nouvelle fois. Se penchant en avant pour rejoindre le bord de la table, elle continua sur le ton de la confidence, sa voix baissant légèrement, et créant une toute nouvelle intimité entre eux. Elle maintint sa tête entre ses paumes de mains ouvertes "Mais si j'essaye pas, je saurais jamais… et, c'est peut-être un peu suicidaire de ma part, mais j'ai envie de savoir si je suis capable d'aller jusqu'au bout, tu vois ce que je veux dire ?" Elle fit vriller son regard, accordant une attention particulière aux expressions du jeune homme, tout en poursuivant "Même si je suis consciente d'avoir un trop gros pourcentage de chance de me vautrer, c'est vrai. Au moins je tomberais pas de trop haut, et je pourrais définitivement tourner la page sur des faits concrets, pas uniquement sur le manque d'objectivité de mes proches qui pensent que je peux régler le problème de la faim dans le monde en claquant des doigts." Elle laissa un rire sec s'échapper, rajustant en même temps ses mains autour de son visage, et tapotant le bout de ses doigts sur le haut de ses pommettes piquetés de taches de rousseur. Dans un souffle un peu plus surjoué, elle reprit la parole, plissant tout doucement les yeux en cherchant ceux d'Edgerton "Décidément, je nous trouve bien trop sérieux ce soir. C'est ton côté over dramatic qui déteint sur moi, ça. J'ai toujours su que ton influence était néfaste." Elle se laissa gracieusement tomber en arrière, puis son sourire s'affadissant subtilement, elle se souvint comme elle avait tendance à parler trop vite parfois. Comme le sens de ses paroles n'avaient bien souvent pas vocation de blesser qui que ce soit, et qu'elle gardait un arrière-goût de la dernière fois où elle avait laissé sa langue fourcher en présence du jeune homme, elle se précipita d'ajouter en penchant la tête sur le côté, le regard s'appliquant à ne pas perdre ceux qu'elle s'obstinait tant à soutenir "Je plaisante, je suis contente d'être ici." Vraiment, fût-elle tentée de conclure, mais elle estima ne pas avoir besoin de faire dans le superlatif pour qu'Edge saisisse qu'elle ne regrettait pas d'avoir accepté son invitation. Par correction, par pudeur aussi compte tenu de ce qu'elle venait de lui dire, Yasmine baissa enfin les yeux, un sourire effilant les coins de ses lèvres pendant qu'elle se rasseyait un peu plus droite. |
| | | | (#)Mer 28 Aoû 2019 - 12:19 | |
| Oui et moi je suis photographe à la technique judiciaire de la ville, voilà ce que tu te retiens d'ajouter mais tu ne le fais pas. Pour deux raisons, déjà, cela reviendrait à prendre Yasmine pour une idiote, un mot que tu n'as jamais associé avec l'infirmière et chose que tu ne feras jamais. Ensuite, tu es de trop bonne humeur pour plomber l'ambiance en ramenant ta profession sur le tapis et en lui faisant remarquer que vous faites des métiers bien différents. Et ce malgré le fait que vous devez tous les deux voir des quantités astronomiques de sang, de larmes et de personnes brisées... Ce n'est tout simplement pas pareil. Yasmine fait partie de la ligne de défence, ceux qui célèbrent la vie et qui aident à la préserver, les tragédies ne sont pas censées arriver dans son monde, elles doivent être rares et ponctuelles pour ne pas déranger le semblant de paix qui règne dans les couloirs de l'hôpital parfois. Ton quotidien à toi? Il est un peu plus mouvementé et quand tu dois saisir ton appareil, c'est qu'il est déjà trop tard. La tragédie, et l'horreur justement, sont déjà là, elles ont déjà frappé et il faut quelqu'un de suffisamment impartial et neutre pour documenter tout ça et offrir un semblant de clarté. Ni plus, ni moins, tu fais ce métier depuis suffisamment longtemps que tu sais faire la part des choses, que tu ranges ce genre de photos dans leur catégorie spéciale dans ton esprit et tu sais d'expérience que ce ne sont pas les mêmes images qui peuplent le quotidien de Yasmine. À quoi bon en parler maintenant ? L'atmosphère est légère, tu n'as pas vraiment envie de jouer les martyrs et surtout, tu ne veux pas voir un certain regard passer sur son joli visage à elle. Mais si, celui que tu vois parfois sur les traits de tes collègues, de la pitié mêlée à une certaine mélancholie et... Non, ce n'est pas vraiment quelque chose que tu as envie d'associer à Yasmine, alors tu décides de garder tes vérités pour toi et la laisser tirer ses propres conclusions. Vous êtes interrompus par la serveuse tandis que Yasmine te fait remarquer que Brisbane et l'Australie en général ont beaucoup de soleil et tu roules des yeux, affectueusement, car bronzer n'est pas juste le but de tes vacances. Ni boire ton poids en piña colada d'ailleurs, elle ne peut pas, et d'ailleurs elle n'arrivera pas, à te convaincre que passer toute sa vie au même endroit est quelque chose de sain, ça ne l'est tout simplement pas. Tu as presque envie de lui tendre une invitation, et le billet d'avion qui va avec, car elle n'en aurait bien besoin et que tu soupçonnes que ta mère et Yasmine s'entendraient bien. Une simple supposition... La brune a besoin de changer d'air, elle sera toujours Yasmine sur un autre continent, toujours aussi sérieuse et un brin anxieuse, il suffit tout simplement de l'écouter parler de son possible retour à la fac, tu sais déjà que si elle n'avait pas noué ses mèches brunes il y a quelques secondes de cela, elle serait en train de les rabattre derrière son oreille. À cause du stress et parce que certaines choses ne changent pas. Mais pourquoi parlez-vous, encore de sujet aussi sérieux... bonne question. "C'est parce qu'on est adultes Miss Khadji, on se sent obligés de parler de nos boulots respectifs, nos crédits, nos voitures, même si je connais déjà ton opinion sur mon véhicule hein..." Et non, ce n'est pas un détail que tu prends à la légère ou même que tu comptes oublier. On ne se moque pas impunément de ta mustang, pas de doute là dessus. Sauf qu'il s'agit de Yasmine et que tu ne lui en veux pas, absolument pas d'ailleurs, c'est même déjà oublié, l'expression joueuse que tu réserves à tes amis proches remplacée par un sourire un peu plus sincère face aux nouveaux mots de la brune. Oui, tu content de te trouver ici, tu es surtout content de vous voir essayer et en parti réussir à être amis, il ne s'agit que d'une seule soirée, autant ne pas s'emballer, pas vrai ? "Quoi qu'il en soit, tu es bien courageuse, mais je vois ce que tu veux dire. Parfois il faut se lancer et essayer. Ce n'est pas comme si tu avais quelque chose à perdre dans le fond et tu vas devoir gérer tout ça en plus de ton boulot actuel donc vraiment chapeau." Tu pourrais probablement ajouter que la plupart de ses proches ont tort de lui mettre autant la pression, mais tu peux comprendre, les Price ne sont pas la famille la plus objective du monde non plus et l'échec, autant financier que professionnel est mal vu. Et ceux qui concernent la vie de tous les jours, c'est bien pire... Tu ne parleras pas de tes grands-parents avec qui tu ne t'es jamais bien entendus, sûrement à cause de leur avis bien arrêté sur la situation de mère célibataire de ta propre génitrice. Parfois, il faut juste oublier tout le bruit qui nous entoure et tout simplement avancer, c'est surtout ça que tu as appris de la femme qui t'a mis au monde et ça qui t'a permis d'aller de l'avant et de faire le métier que tu fais désormais. Qui avait paru stupide aux yeux de beaucoup à l'époque, mais des années plus tard, personne ne t'imagine faire autre chose. Ironique? Oui, mais il faut souvent pousser des portes, physiques et métaphoriques parfois, pour avoir ce qu'on veut et pouvoir se regarder dans le miroir le matin. Yasmine a les épaules larges, tu ne l'as jamais vue comme quelqu'un d'impressionnable ou même de faible, il faut avoir une certaine stabilité et recul pour faire le métier qu'elle a choisi et bien, et surtout une certaine force. Pourtant, tu sais très bien que si tu lui demandais de se décrire, là tout de suite, sans y réfléchir à deux fois, elle n'emploierait jamais ces adjectifs-là pour parler d'elle-même... Et cela ne serait pas de la fausse modestie dans le cas de Yasmine, non, elle n'y songerait pas car elle est véritablement humble, une qualité plus que rare. "C'est bien d'avoir de la perspective et de vouloir avancer. Tu t'en sortiras très bien et si tu veux te plaindre des cours ou autre, tu sais où me trouver." Car tu n'es définitivement pas la personne la plus studieuse du monde et si tu as survécu à l'université, c'est principalement car tu as une très bonne mémoire et pas autre chose, tu en es convaincu. La serveuse choisit ce moment précis pour refaire son apparition les bras chargés, avec vos boissons respectives et les fameuses frites, et t'informe que le reste de la commande est en route. Tu la remercies rapidement et une fois que Yasmine et toi êtes de nouveau seuls, tu pousses lentement l'assiette de frites dans sa direction. "Tiens, mais ce n'est pas juste moi qui te donne des frites, c'est un emprunt. Que tu devras rembourser quand tu seras médecin avec dix milles spécialitées, que tu seras archi-occupée et que je devrais faire semblant d'être malade pour venir te voir." Ta façon à toi de l'encourager? Probablement, tu ne fais jamais les choses comme tout le monde de toute façon, et tu refuses de lui mettre encore plus la pression. Suggérer que vous en serez encore à partager des frites dans les prochains mois et annés à venir, est sans doute un peu plus réaliste. Tu n'hésites pas à t'attaquer aux dites frites, car tu vas les payer dans un premier temps et que tu es de bien meilleure compagnie avec l'estomac plein. "Et si tu veux tout savoir, ma mère et moi on part généralement une quinzaine de jours, et on oublie un peu le reste du monde et nos responsabilités. Ma mère a été particulièrement occupée cette année à cause d'une certaine crise économique qui pointe le bout de son nez grâce à un certain président mais ouais..." Tu as hâte de pouvoir oublier les rues de Brisbane et ce pour quelques jours, oui tu y es chez toi, mais avoir un pied-à-terre ne signifie pas que tu aimes moins les voyages ou visiter des musées ou tout simplement dormir dans des chambres d'hôtel... Tu es un Price, tu as un peu la bougeotte dans le sang, comme tout le reste de ta famille. "... Ce n'est pas qu'une question de soleil. Je ne sais pas vraiment l'expliquer... Ça a quelque chose de particulièrement reposant d'aller dans un pays où on ne parle pas la langue, où personne ne sait qui on est vraiment et n'attend absolument rien de nous. C'est un peu effrayant mais d'une bonne manière..." Tu hausses les épaules, les yeux dans le vide, fixant un point au dessus de l'épaule de Yasmine, t'étonnant toi-même d'en dire autant à cette seconde précise. Oh well, penses-tu, I guess there is no going back now. "Ça me permet de recharger mes batteries et de découvrir plein de trucs... Comment dire excusez moi où sont les toilettes dans douze langues différentes par exemple." La blague est facile et tu éclates de rire face à ta propre bêtise, presque sauvé le moment d'après par la serveuse qui t'apporte le reste de ta commande et le reste de ta dose de protéines quotidiennes. "Et bien sûr que je prendrais des photos... De magnifiques photos qui devraient finir dans National Geographic d'après ma ma mère, hmm, true story." lances-tu avant de mordre dans ton premier hamburger comme si tu n'avais pas mangé depuis trois jours.
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| | | | (#)Jeu 29 Aoû 2019 - 10:29 | |
| ≈ ≈ ≈ {forward} crédit/ crackshipforya (tumblr) ✰ w/ @edge price "Il manquerait plus qu'on se plaignent de nos enfants et de nos conjoints respectifs pour compléter le cliché de l'adulte de base." approuva-t-elle en se rasseyant convenablement face à Edge. Sans autre arrière-pensées que de rebondir sur les propos du jeune homme, elle lui adressa un sourire entendu, se retenant de justesse de mimer une nausée subite lorsqu'il lui parla de nouveau de sa voiture. Elle avait bien compris qu'il lui en voudrait jusqu'à sa mort de ne pas trouver sa Mustang plus extraordinaire que ça, aussi comme il était de notoriété publique que Yasmine Khadji avait conservé quelques mauvaises manies de son enfance passée à devoir s'imposer face à un trio de bonhommes aux caractères bien définis et qui partaient avec l'avantage considérable, d'après la société, d'avoir un truc entre les jambes, elle se ferait un plaisir non-dissimulé de le taquiner à ce sujet chaque fois qu'ils se verraient. Et si la soirée continuait de se passer aussi paisiblement, elle espérait que ce serait plus souvent qu'au cours de ces deux dernières années de silence complet "On est devenus ennuyeux, c'est triste." ajouta-t-elle en grossissant le regard par pur souci d'emphase, ses sourcils suivant le mouvement en se haussant légèrement dans la foulée. S'apprêtant à passer une main dans ses cheveux, elle se souvint un peu trop tard qu'ils étaient attachés. Mais pas à l'aise face aux compliments prononcés par le jeune homme, elle éprouva le besoin soudain de se rassurer elle-même. Cependant, elle ne trouva rien que du vide, ce qui l'obligea à s'amuser à enrouler les petits cheveux sur ses tempes du bout des doigts, ses bagues de phalanges rendant la manœuvre moins fluide au fur et à mesure qu'elle s'obstinait à répéter inlassablement ce geste-doudou. Elle n'aurait pas aimé ajouter le jeune homme à la liste des personnes qui comptaient tellement sur elle, qu'ils finissaient par manquer cruellement de jugement à l'égard de ses capacités. Qui étaient certaines, mais depuis son retour du Niger, elle n'était plus tout à fait sûre d'être faite pour ce rêve qu'elle avait entretenu quasiment toute sa vie. Ses angoisses répétées ne l'aidant pas, c'était l'une des raisons pour lesquelles elle s'était tant montrée hésitante à l'idée de postuler à l'examen d'entrée à l'école de médecine. Yasmine se disait souvent qu'elle s'était, pour la première fois de sa vie d'après sa mémoire, sans doute un peu trop surestimée sur ce coup-ci. Seulement, Edgerton avait raison : qu'avait-elle à perdre en définitive, si ce n'était le peu d'amour propre qu'elle se réservait ? Elle fit en sorte de ne pas s'attarder sur ses encouragements, gênée par l'idée qu'il puisse se sentir obligé de la rassurer, alors qu'elle avait perdu ce droit à l'instant-même où elle lui avait dit que c'était terminé entre eux. Après tout, leurs efforts pour conservés une bonne relation depuis quelques temps étaient encore trop jeunes pour qu'elle en attende autant de sa part, et même si elle lui en fût reconnaissante, elle ne put repousser l'impression qui s'imposa vigoureusement à elle et qui lui fit redouter l'idée qu'ils allaient peut-être un peu trop vite en besogne. Ils avaient fait le point certes, reste que tout un tas de petites choses étaient toujours sagement enfouis dans leur jardin secret respectif – comme la violence des reproches qu'ils s'étaient faits l'un à l'autre avant de rompre pour de bon, et qui avaient poussés Yasmine à choisir de partir à des milliers de kilomètres de chez elle pour accepter le fait qu'elle s'était complètement perdue à cette époque précise.
Ce fût presque avec soulagement qu'elle accueillie l'arrivée de la serveuse qui déposa leur commande avec la dextérité qui était sienne. Yasmine lui demanda avec politesse "Vous pourrez m'apporter un verre d'eau aussi ?" Un doigt triturant toujours la petite mèche ondulée au niveau de sa tempe, elle la glissa résolument derrière son oreille en opinant du chef en direction de la jeune femme qui lui répondit que bien sûr, tout de suite. Elle se pencha alors pour aspirer une courte gorgée de son milk-shake, si frais qu'elle en frissonna sous son pull épais. Enfin, ce fût sous l'autorisation du jeune homme qu'elle pécha sa première frite avec un sourire qu'elle put difficilement contenir "Je veux me spécialiser en chirurgie pédiatrique. Je suis désolée de briser tous tes espoirs, mais ça fait bien longtemps que tu peux plus passer pour un petit-garçon, Edgerton. Tu vas devoir trouver autre chose." Elle mordit dans le bout de sa pomme de terre, se délectant de ce simple fait. Avant d'avaler cette minuscule bouchée, qui se mêla à l'arôme très prononcé de vanille qui avait empli sa bouche à la seconde où elle avait tiré sur son milk-shake, elle loucha sur le bout de sa frite, le menton levé pour s'intéresser à la découpe nette qu'avait tracé ses dents. Elle reprit "En fait, t'auras pas à simuler quoi que ce soit. Je m'engage à te rendre ton dû en temps voulu." Sur ses bons mots, elle goba le reste de sa frite. Se frottant les mains l'une contre l'autre sans attendre davantage, c'est par-dessus la table qu'elle dressa son petit doigt de la main droite par-dessus la table – un gage indiscutable de bonne volonté, jamais elle n'en démordrait, qu'importe qui elle avait en face d'elle – pour qu'ils puissent sceller l'accord qu'elle venait de lui proposer "Allez, petit doigt. Dans les règles de l'art, sinon c'est pas une vraie promesse." Ça la fit émettre un tout petit rire tout de suite après qu'il lui parut évident qu'elle avait désormais une dette à lui régler, aussi dérisoire qu'elle fût. Toutefois, elle signifiait d'autant plus de choses que l'entendre émettre la possibilité que leurs bons rapports perdure dans le temps lui fit quelque chose, mais elle aurait été bien incapable de dire quoi exactement.
Au lieu de s'en inquiéter, s'obstinant à rendre sa promesse plus solennelle en le regardant très brièvement dans les yeux, Yasmine retrouva un semblant de sérieux. Elle récupéra son doigt, puis elle posa ensuite sa main sur sa propre cuisse avec une décontraction étonnamment instinctive, si on considérait à quel point elle avait été nerveuse la dernière fois qu'elle avait senti la paume de sa main contre la sienne. Leur interaction devenait plus naturelle, elle-même le sentait sous la couche poisseuse de fébrilité qui la rendait un peu gauche en sa présence, plus qu'en présence des autres. Elle vint pêcher une autre frite dans son assiette, et se faisant la réflexion qu'elle ne l'avait jamais autant entendu parler – de sa mère, de son travail, de tout, de façon générale –, elle l'écouta attentivement. Ça la combla d'un sentiment inédit de satisfaction dont elle se délecta autant que la seconde gorgée de milk-shake qu'elle prit, et qu'elle avala cul-sec pour pouvoir prendre part aux nombreuses choses qu'il partageait avec elle "Ça doit pas être évident pour elle en ce moment." fit-elle tout d'abord, se mordillant le coin des lèvres en attrapant le bout de sa paille qu'elle remua dans son milk-shake en s'en voulant un peu de penser que quinze jours coupés du monde, c'était un peu long, à son humble avis. Ne se laissant pas le temps de s'appesantir dessus, elle fût brusquement interpellée par ce qu'il ajoutait. Son discours la fit sourire en biais "J'ai jamais eu besoin d'aller très loin pour avoir l'impression d'atterrir dans un autre monde. Quand j'étais petite, j'ai toujours eu la sensation que je vivais dans deux univers différents : l'école et la maison. Une fois passée la porte de chez moi, j'étais plus vraiment en Australie, et pourtant j'ai jamais quitté le pays. Pas avant le Niger." A partir de ce moment-là, sa perception des choses avait changée, tout comme celle qu'elle était. D'ailleurs, elle le fit savoir au jeune homme, lui adressant un sourire sans vraiment le vouloir "Quand je suis rentrée, j'ai eu envie de repartir aussi vite. J'ai pensé m'en aller suivre mes études ailleurs, pour te dire." A Melbourne, d'ailleurs, ayant gardé en tête les fois où le jeune homme lui avait parlé de sa ville natale, quand ils étaient encore ensemble. Elle garda ça sous silence cependant, arquant un sourcil en relevant doucement les yeux, jusqu'alors occupés à fixer les va-et-vient de sa paille dans son verre. Yasmine observa Edgerton un court instant, couvant la surprise que ça lui faisait de le découvrir sous un jour différent. A demi-mots, elle partagea le ressenti qu'elle avait cru déceler sous la masse de paroles sous laquelle il venait de l'engloutir "Ça peut vite devenir suffoquant ici, ouais. Je crois que je comprends pourquoi c'est si important pour toi de partir de temps en temps." C'était la soirée des découvertes, visiblement, mais cette fois elle n'avait pas eu besoin de jouer les oracles de misère pour mettre le doigt sur la solution au mystère qui lui faisait face. Elle opina du chef avant de lui avouer, papillonnant des paupières, et baissant les yeux en même temps sur son verre "Je t'envie juste un peu de l'avoir compris avant moi, et d'avoir surmonté le côté effrayant de tout ça pour en faire quelque chose dont tu peux plus te passer. T'es pas si idiot finalement, Price." ajouta-t-elle, revenant sur les paroles qu'ils les avaient emmenés jusqu'ici, et avec lesquelles elle l'avait interpellé en entrant à l'Hibiscus Sport. Pendant quelques secondes, elle n'en dit pas plus, distraite par ses propres pensées. Elle continua un petit instant à remuer le contenu de son milk-shake par automatisme, puis s'extirpant peu à peu de sa bulle, elle l'accompagna timidement dans son éclat de rire, rompu par l'arrivée de la serveuse qui donna le reste de sa commande à Edge, et son verre d'eau à Yasmine. S'accoudant au bord de la table, elle se réinséra dans la conversation avec un froncement de nez dont elle seule avait le secret "Elles sont toutes les mêmes, les mères." A savoir qu'elles manquaient toutes de recul sur leurs propres enfants. La sienne avait du mal à réaliser que sa petite-fille avait tant grandi, et qu'elle était la seule maîtresse de ses pensées et de sa destinée ; elle aurait voulu avoir voix au chapitre, ce que Yasmine lui donnait de moins en moins l'occasion de faire "Mais j'ai du mal à la blâmer, je me souviens de certains de tes clichés." Et de la façon avec laquelle elle l'avait si souvent suppliée de poser son appareil lorsqu'il le dégainait dans sa direction, et comme elle échouait presque à chaque fois malgré son obstination à le corrompre avec tout un tas de petites choses qu'elle ne rechignait pas à lui céder, malgré sa pudeur. Le menton pesant dans la paume de sa main, elle conclut doucement, distraitement, baissant graduellement les yeux sur l'assiette de frites dans laquelle elle piocha une nouvelle fois "T'aurais aimé le Niger." |
| | | | (#)Dim 1 Sep 2019 - 20:09 | |
| "Dude, put that away, I have a reputation..." avais-tu simplement répondu sur un ton joueur en voyant la brune lever le petit doigt dans ta direction, pour une promesse digne d'une cour de récréation d'école primaire. Et puis, tu as les mains prises au moment où elle veut sceller votre promesse et tu as presque envie de lui dire que tu ne vas pas oublier son air joueur de si tôt. Et, chose que tu ne vas pas avouer devant elle ce genre de promesses est d'ordinaire réservée à ta nièce Emma, qui serait très déçue d'apprendre que son tonton Edgerton scelle des promesses de cette manière-là avec quelqu'un d'autre. Et ce même si la demande de Yasmine est tout à fait légitime et qu'elle est presque aussi mignone que ta nièce, presque. Tu préfères te concentrer sur toute la nourriture grasse que tu viens de commander, te disant intérieurement que si tu ne vas plus à la salle de sport et que tu fréquentes de plus en plus Yasmine, tes adbos ne vont certainement pas tenir le coup. (Mais tout le monde traine avec toi à cause de ta personnalité pas vrai?) Tu es cependant content de constater que Yasmine se sent suffisamment à l'aise avec toi pour partager ses plans pour le futur, et ce même s'il ne s'agit que d'une simple bribe d'information, elle vient de la brune en personne et ce n'est pas juste quelque chose que tu as demandé à Sohan ou surpris au détour d'une conversation qui ne t'était pas destinée. Tu n'as aucun mal à l'imaginer travailler avec des enfants, qui, de ton expérience sont de bien meilleurs juges de caractères et beaucoup plus honnêtes que la plupart des adultes que tu connais. Le fait qu'ils n'ont absolument pas de filtres est rafraichissant dans un sens et pour Yasmine qui brille le plus souvent par son honnêteté et une naïveté candide que beaucoup associe à de l'ignorance, ce sera un environnement parfait. Épuisant certes, mais parfait. La brune et toi vous êtes pareils dès que vos carrières sont concernés, et les efforts ou les apparentes difficultés ne semblent pas vous faire reculer. Ce qui est un mal comme un bien, penses-tu amèrement, te rappelant des quelques fois, douloureuses, où tu as dû être confronté au psychologue de la station de police pour tes évaluations régulières. Mais pas besoin de songer à tout cela maintenant, non, vraiment pas, tu ne peux qu'espérer que tout se passe bien pour la brune et le reste de sa carrière. Tu l'écoutes parler de ses propres expériences en matière de voyages, d'une oreille attentive, hochant vigoureusement la tête lorsqu'elle évoque une sensation d'étouffement. Tu ne l'aurais pas mieux décrit, si la boxe te permet de canalyser toutes tes pensées et les émotions négatives qui t'habitent parfois, prendre ton passeport, un sac à dos et te retrouver dans un avion te permet de respirer tout simplement. Et aussi de te rappeler qu'il n'y a pas que toi, que tes problèmes sont bien insignifiants et que prendre du recul fait du bien. Dans le fond, tu comprends pourquoi elle a quitté Brisbane juste après votre rupture, la coupure a été douloureuse, dans les deux sens et tout ce que vous n'avez pas osé vous dire... Ça n'a pas disparu, non, c'est probablement resté dans l'air de Brisbane pendant quelques temps, le rendant toxique. Alors l'annonce du départ de Yasmine, tout aussi douloureuse, a été logique au final... Car tu ne peux pas imaginer que les choses se seraient bien terminées si une semaine après l'avoir traitée d'hypocrite ou encore accusé d'avoir inconsciemment saboté votre relation, tu l'avais simplement croisée à un détour de rue, ou au commissariat à parler avec Sohan, ou encore à la salle de sport à attendre Sloan. Comme si tout allait bien. Vous ne seriez probablement pas là aujourd'hui, et il aurait été plus difficile de tenter de reprendre le contact dans de telles conditions. Partir est souvent important, revenir encore plus dans ce cas précis. "De temps en temps oui, tous les trois ou quatre mois, en fonction de mon compte en banque et de mes disponibilités, ce qui est pas mal dans le fond." Tu ne peux pas te plaindre dans ce département-là et tu sais que tu es chanceux, tu gagnes bien ta vie et tu n'es pas franchement dépensier, en dehors de l'entretien constant de ta Mustang, tes dépenses sont rares. Assez pour décider de partir sur un coup de tête ou juste parce que tu en as besoin. Si tu ne pouvais plus le faire du jour au lendemain, pas de doute que tu serais perdu. "Et puis parfois je vois des gens qui passent toute leur vie sur leur route, je suis légèrement jaloux, il faudra que je le fasse un jour... Juste un an ou deux, pas toute une vie, je pense que je deviendrais fou si je n'avais aucun endroit où revenir." Mais cela fait toujours parti de tes projets sur le long terme, partir sans avoir l'intention de faire demi-tour au bout de trois semaines, juste avec un sac à dos, une très bonne paire de baskets et probablement une dizaine d'appareils photos ou quelque chose comme ça. Une très bonne expérience selon toi, cependant tu as déjà promis à ta mère que si tu te lançais dans une telle aventure, ça ne serait pas sans la prévenir au préalable. Histoire qu'elle puisse se faire à l'idée de ne pas te voir pendant une aussi longue période de temps. Même si Tamara est souvent en déplacement et que sa demeure principale est à Melbourne, vous restez tout de même proches; pas assez pour lui raconter tous les détails de ta vie (tu as, par exemple, omis de lui parler de ta dernière visite à l'hôpital et des résultats que tu as obtenus) mais suffisamment pour l'appeler toutes les semaines. Chose que tu justifies toujours en te disant que contrairement à beaucoup, toi tu n'as qu'un seul parent, alors il faut bien que quelqu'un vérifie si tu es toujours en vie. Donc Yasmine a probablement raison en disant que les mères sont toutes les mêmes, tu imagines que la sienne s'inquiète tout autant que Tamara, lui dit souvent qu'elle en fait trop et pas assez à la fois... Ce genre de choses. Tu as cependant remarqué le compliment déguisé en insulte dont elle t'a affublé et tu finis enfin par y répondre une fois que ton premier hambuger a disparu. "Et merci pour le compliment Khadji ça me va droit au coeur, vraiment, la prochaine fois que j'ai besoin d'un pep talk, tu seras la première que j'appelle." Tu laisses échapper un léger rire la seconde d'après, signe que non, tu ne lui en veux pas vraiment et elle ne sera pas la première, ni la dernière d'ailleurs, à réaliser que tu n'es pas un idiot fini. À force de l'entendre, on finit par s'habituer, pas vrai? Ton regard fini par croiser celui de Yasmine lorsqu'elle parle du Niger, un sujet qui aurait pu être tabou pour vous, mais qui ne semble plus l'être à en juger par légereté de son ton. Vous essayez pas vrai ? Il serait tellement hypocrite de lui reprocher son départ et pourquoi en plus ? Elle n'a absolument aucun compte à te rendre, vous n'êtes plus ensemble, vous êtes amis, du moins... Sur le point de l'être. "...Je vais te croire sur parole et l'ajouter à ma liste de pays à visiter. Sur le continent africain pour le moment j'ai fait: la Côte d'Ivoire, le Mali qui n'est pas très loin, l'Égypte et l'Afrique du Sud... Mais ça ne sera pas pour les prochaines vacances j'ai bien peur, ma mère veut retourner en Arizona mais j'aimerais éviter le pays de l'oncle Sam pour des raisons plus qu'évidentes." Tu pourrais parler de tout ça pendant des heures en fait, de tous les pays que tu as visités, les personnes rencontrées, les souvenirs ramenés et les tonnes de photo prises. Qui sont disposées sur les murs de ta maison, du couloir au salon en passant par ta chambre, tout ce qui est important est toujours immortalisé, pas forcément de la façon la plus artistique possible, pas pour un simple post sur une quelconque platforme afin de récolter de l'amour virtuel non... Tu prends des photos de tout ce qui mérite d'être vu selon toi, un petit détail insignifiant comme une pièce d'une monnaie étrangère sur le sol, ou le bleu un peu trop captivant d'une étendue d'eau, ou un sourire naissant caché par deux paumes déterminées à le faire disparaitre... L'objectif n'est ni punitif et encore moins moralisateur et les clichés montrent un passé qui n'existe déjà plus, ces mots-là sont probablement dignes d'un étudiant en art un peu trop prétentieux mais c'est ainsi que tu vois les choses dès qu'un de tes appareils est concerné. "J'ai encore du temps pour planifier tout ça et prendre un billet d'avion." ajoutes-tu distraitement, plus pour toi-même que pour Yasmine, haussant les épaules, te concentrant quelques secondes sur ton second burger avant de froncer les sourcils. "... Je rêve où tu es en train de manger plus de frites que moi? Heureusement que tu vas me les rendre, hmm?" And this, this is why we can't have nice things, te retiens-tu d'ajouter avec l'ombre d'un autre sourire sur le visage, pas du tout distrait par l'air pseudo-innocent de Yasmine. Ou alors très légèrement. "La prochaine fois, on invitera vraiment Sloan, comme ça on pourra manger ses frites à lui... Mais hein si quelqu'un me pose la question, je dirais que c'est ton idée et je déclinerais toute responsabilité." Avec le sourire justement. Au moment où tu ajoutes cela, la serveuse rentre de nouveau dans ton champ de vision, s'approchant de votre table, surement pour s'assurer que le service et autre sont impeccables. Tu fais alors un signe de tête à Yasmine, posant déjà la question à la brune: "Tu veux autre chose?"
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| | | | (#)Lun 2 Sep 2019 - 10:43 | |
| ≈ ≈ ≈ {forward} crédit/ crackshipforya (tumblr) ✰ w/ @edge price Pourquoi s'échiner à éviter le sujet du Niger ? Les huit mois qu'elle avait passé loin de Brisbane, aussi difficiles qu'ils avaient pourtant été, faisaient entièrement partie d'elle désormais. Des images terribles de là-bas, Yasmine en avait conservé des tas, elle faisait néanmoins tout son possible pour ne pas réduire son long séjour au traumatisme qu'elle s'obstinait à couver, taisant les flashbacks et les cauchemars autant que ses crises d'angoisses répétées. D'un certain côté, son expédition avait été formatrice pour la jeune femme trop douce et un peu naïve qu'elle était en partant. Elle était revenue avec sur le visage, une expression qui altérait très légèrement le sourire constant qu'elle distribuait sans rien demander en échange, éduquée dans le respect de l'autre et l'optimisme. Oui, Yasmine avait changé – quiconque la connaissant un tant soit peu s'en était aperçu malgré ses efforts pour paraître et rassurer. Bien que l'après-coup semblait plus difficile à gérer que les huit mois d'investissement auquel elle s'était contrainte de bonne volonté, propulsée dans un univers à mille lieues de celui dans lequel elle avait toujours évoluée, coupée de sa famille et de ses amis proches, elle ne tarissait jamais d'éloges sur ce qu'elle avait vécu. Sans exagération, elle vantait la magnificence des étendues de sable qu'elle n'avait fait qu'imaginer jusqu'alors, admirative à l'écoute des nombreuses histoires que son propre père lui racontait sur la vie qu'il menait à l'époque avec son épouse, quand leur ville natale n'avait pas encore été détruite, et que l'Australie représentait tout ce qu'ils ne pourraient jamais atteindre. C'était ce qui l'avait fascinée le plus en arrivant – se déployant à perte de vue, elle les avait foulées pour la première fois à sa descente du bus qu'elle avait pris pour rejoindre le camp juste après son atterrissage. Et puis, il y avait eu l'éclectisme revigorante des jours de marché – ils représentaient les seuls moments où les bénévoles s'autorisaient un peu de quiétude et de légèreté, malgré la présence de la milice armée, prête à dégainer en cas d'attaque fortuite. Elle y avait découvert des variétés d'épices improbables, et forte de ces découvertes, elle s'était promis d'en parler avec sa mère et de les lui faire découvrir à son tour une fois qu'elle serait rentrée – mais leurs rapports avaient décliné depuis son retour, alors elle ne s'y était pas encore vraiment lancée. Evidemment, il y avait surtout eu la bonté, même dans la détresse, des patients désorientés, souffrants physiquement et mentalement d'avoir tout perdu en si peu de temps. C'était l'impression désagréable d'être trop chanceuse à côté des enfants qui l'avait beaucoup contrariée. Fascinés par la texture soyeuse de ses cheveux et la couleur translucide de ses yeux, ils restaient suspendus à ses lèvres lorsqu'elle se lançait dans des récits pour leur changer les idées, se calant sur le rythme que son père lui avait enseigné pour déclamer ses histoires. Finalement, elle en parlait beaucoup du Niger, se rendit-elle compte tandis que, le regard perdu dans les bulles de lait de son milk-shake, elle se disait, sans doute un peu trop tard, que face à Edgerton, elle aurait peut-être dû mieux préparer le terrain à ce sujet. A l'heure de son départ, elle n'avait pas pris le temps de le prévenir, mais elle avait toujours deviné que quelqu'un de leur entourage commun avait fini par le prévenir. Ils évoluaient dans le même cercle, aussi elle aurait été la première à s'apercevoir de son absence si les rôles avaient été inversés, alors elle avait pensé qu'il finirait bien par se rendre compte qu'elle avait disparu. Il avait été l'une des raisons pour lesquelles elle avait préféré voguer dans d'autres eaux, se remettant péniblement de la marée de reproches sous laquelle il l'avait noyée. A raison, bien qu'à ce moment-là, il avait été plus aisé pour elle de prétendre que c'était lui le responsable de leur rupture ; il lui avait donné matière à réfléchir, affirmant définitivement cette sensation qu'elle avait de ne pas être capable de grand-chose, pas même d'aimer quelqu'un qui le méritait. Devait-elle s'expliquer sur le fait qu'elle se soit échappée aussi loin, pendant aussi longtemps ? A entendre le jeune homme parler de ses expéditions très régulières, elle jugea que ce n'était pas vraiment nécessaire. Du temps s'était écoulé depuis et il avait la tête assez bien faite pour établir certaines conclusions de lui-même : l'impression de suffoquer sous le ciel de Brisbane, cherchant à expliciter les raisons sous-entendus qu'il venait de partager avec elle, elle avait su l'exprimer sans avoir à se donner beaucoup de peine, aussi comprendrait-il que c'était cette même impression qui l'avait contrainte à partir, elle aussi. C'était tant mieux, elle n'avait pas envie d'y revenir, consciente dans le fond que ressasser cette soirée de rupture déséquilibrerait la balance qu'ils tentaient de trouver en improvisant sur leur toute nouvelle amitié.
Elle prit une grande inspiration pour sortir doucement de ses réflexions désordonnées. Elle lui dit alors, un petit sourire aux lèvres "Tu tiens ton objectif pour les prochaines années, on dirait." Elle inclina légèrement la tête pour venir triturer du bout des lèvres les rebords de sa paille en plastique. Le temps de lui lancer un regard à la dérobée, et de se faire les dents sur sa paille en prenant un air distrait dans la foulée, elle ajouta, retrouvant le fil de la conversation dans un tout petit sursaut "Tu devrais vraiment le faire si ça te tient autant à cœur. Ça ne peut qu'être enrichissant de toute façon." l'encouragea-t-elle, délaissant les tourbillons de son milk-shake pour poser son menton dans le creux de sa main en se retenant de laisser filer son cheminement de pensées – il n'avait aucun compte à rendre à personne, partir ne lui demanderait sans doute pas de sacrifier grand-chose, à l'exception peut-être de son travail et de ses petites habitudes… alors pourquoi ne pas le faire s'il en avait autant envie ? Elle plissa doucement et graduellement les yeux, se redressant en même temps "Si tu te perds du côté du Maghreb, je me porte volontaire pour jouer les traductrices." C'était sorti sans qu'elle n'y songe vraiment, mais c'était une proposition qu'elle ne regretta pas d'avoir suggéré sur le coup de la spontanéité. Toutefois, sa politesse légendaire obligée, elle se sentit forcée de compléter, rentrant la tête dans ses épaules "Si jamais ta mère te fausse compagnie pour vivre ses propres aventures de son côté, s'entend. Je voudrais pas m'imposer." Ça sonnait comme une farce, l'air qu'elle emprunta semblant bien trop malicieux pour être vraiment pris au sérieux, mais quand elle y pensait plus fort, l'idée était séduisante. Sans parler de visiter le Maroc, aller se perdre quelque part, même pas très loin d'ici, même pas pour très longtemps, lui ferait le plus grand bien. Cependant, s'envoler pour la terre de ses parents faisait partie des choses qu'elle ferait au moins une fois dans sa vie. D'ailleurs, elle en avait beaucoup discuté avec Sohan lorsqu'ils étaient encore assez jeunes pour sceller des pactes à la lueur des étoiles, la tête levée vers le ciel en se balançant distraitement sur leur balançoire. Là-bas, Yasmine ne serait pas dépaysée, mais ne s'en voudrait-elle pas de vivre cette expérience avec quelqu'un d'autre que ses parents, Sohan ou Hassan ? Elle évita de s'en inquiéter, repartant à la pêche aux pommes de terre en piochant dans l'assiette du jeune homme – ce qu'il ne manqua pas de remarquer "Tu crois que j'ai obtenu cette silhouette de rêve en me nourrissant uniquement d'eau et d'air ? Je suis marocaine. Gras et sucre, c'est ça, mon régime alimentaire depuis le berceau." dit-elle en délaissant un instant sa légendaire modestie, mais juste pour plaisanter. Sur ces bons mots, elle engouffra deux frites d'un coup, les arrosant d'une rasade de milk-shake qu'elle avala d'une lampée. Puis, l'index pointé dans la direction d'Edgerton en même temps qu'elle se laissait tomber en arrière pour mieux s'appuyer sur la banquette, elle lui fit remarquer "Puisque t'as pas daigné sceller la promesse que je t'ai faite, je suis pas obligée de la respecter, hein." Elle se trouvait si maline à ce moment-là. Le soupire théâtrale qu'elle laissa filer traduisait tout l'entrain qu'elle mettait à lui faire savoir qu'elle n'avait pas du tout apprécié qu'il refuse de crocheter son petit doigt ; une honte, soit dit en passant, sauf qu'elle avait l'habitude qu'on la laisse sur le carreau à ce sujet, depuis quelques temps. Elle haussa les épaules en même temps que ses sourcils, se penchant de nouveau vers la table pour maintenir sa tête sur ses deux paumes ouvertes "Je suppose qu'on va être obligé de se revoir une ou deux fois pour vérifier si je suis de bonne foi, ou si tu vas vraiment être contraint de partager ta nourriture avec moi jusqu'à ce que je décide de te rendre tout ce que je te dois. Et il m'arrive d'être trèèèès têtue, Edgerton." A d'autres, elle était déjà prête à lui commander une autre assiette pour faire amende honorable – mais il n'avait aucun moyen de le savoir. Elle lui sourit, le haut de son nez froncé "Je suis d'aussi mauvaise compagnie pour que tu veuilles à tout prix que Sloan se joigne à nous ? Je suis à deux doigts de mal le prendre." Même si elle avait rassemblé pouce et index pour quantifier sa pseudo-vexation, elle n'en eut pas tellement le temps de prendre mal les choses en vérité étant donné que la serveuse refit son apparition pour leur annoncer que le restaurant n'allait pas tarder à fermer. Yasmine passa sa main sur le haut de sa tête pour aplatir les quelques cheveux échappés de son chignon fait à l'arrache, et d'un signe de tête en direction du jeune homme, elle lui répondit, plus sérieusement "Ça ira, merci. On a assez abusé du temps de cette demoiselle." A qui elle adressa un sourire tout en fossettes, avant de retourner la tête en direction d'Edge "Puis je crois que t'es ravitaillé en protéines jusqu'à ton prochain repas." finit-elle par dire, désignant du menton son dernier burger, et en empoignant son verre d'eau pour noyer le énième sourire qu'elle laissa échapper à la fin de sa phrase. |
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