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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyDim 11 Aoû 2019 - 13:27


gaïa & vittorio
washing what you know out to sea

I stared up just to see, with all of the faces you were the one next to me. You can feel the light start to tremble, washing what you know out to sea., you can see your life out the window tonight. If I lose myself tonight, it'll be by your side. ☆☆☆



Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment lui en était-il arrivé là, lui qui ne pardonnait jamais, lui dont la rancœur n’égalait que la rancune, et qui voyait pourtant les deux s’envoler chaque fois qu’il mettait les pieds dans l’ascenseur qui le menait jusqu’à l’appartement de Gaïa ? Il aurait dû continuer de la haïr, aussi fort que lui manquaient Rome et son Italie, la faute à un exil dont elle était la cause … Et pourtant, loin de s’en sentir encore capable il avait même laissé malgré lui la journaliste devenir un ancrage rassurant dans l’existence en demi-teinte qu’il avait tenté de construire dans cette ville. Et il s’en voulait, autant de ne pas la détester à sa juste valeur que de s’habituer à sa présence, parce qu’elle finirait par repartir et qu’il refusait d’être celui qui donnerait l’air de le regretter. Il n’était pas dupe, il voyait bien sans qu’elle n’ait jamais eu à le dire clairement que sa présence sur le continent ne se justifiait plus – si tenté qu’elle se soit réellement justifiée un jour. Il voyait bien le creux des articles qu’elle rendait par email à son employeur de l’autre bout du monde, les sujets triviaux et l’écriture sans passion – il lisait, elle ne savait pas mais il lisait, guettait son nom dans les articles parus sur le site internet du quotidien – si loin des sujets de fond traités avec esprit et cette plume toujours incisive qui avait été la sienne. Il en avait été la cible, il était on ne peut mieux placé pour le savoir, et si cet épisode restait une tache indélébile entre elle et lui, il la savait capable de bien plus grandes choses que les articles de fond de tiroir qu’elle rendait à son rédacteur dans l’unique but de continuer à justifier le salaire qu’il lui versait chaque mois malgré sa fuite à l’autre bout du globe. Cela ne durerait pas éternellement, parce qu’il jetterait l’éponge ou parce qu’elle ne pourrait plus se contenter de gâcher ainsi le potentiel dont elle disposait, mais Vittorio savait les jours de la journaliste comptés pour ce qui était de son escapade australienne, et une partie de lui ne pouvait s’empêcher d’y penser avec un pincement dans la poitrine chaque fois qu’il tâchait de se faire une raison. C’eut été de toute façon mal le connaître que d’espérer qu’il l’admette, car ce regret l’italien ne l’assumait ni auprès de lui-même ni auprès de la principale intéressée – surtout pas auprès de la principale intéressée.

Alors il ne savait pas, comment ils en étaient arrivés là. Mais pourtant il y revenait toujours, jouant les éphèbes arrivé là presque par hasard, elle autant que lui semblant se satisfaire de cet accord tacite où ni l’un ni l’autre n’abordait le fait que le « hasard » n’en était plus un et que l’exceptionnel s’était peu à peu mué en habitude. Habitude rôdée au point qu’il puisse débarquer sans s’annoncer un sac de nourriture japonaise à la main, certain à la fois d’avoir visé juste quant à la commande destinée à Gaïa et d’être accueilli sans que sa présence ne soit plus en rien une surprise. Appuyé contre le cadran de la porte, il avait patiemment attendu qu’on vienne lui ouvrir après avoir actionné la sonnette, et bardé d’un de ces sourires de lover dont il avait le secret il avait prétexté « J’ai pas le mot de passe pour entrer. Mais j’ai des sushis, ça marche ? » avant de s’inviter dans l’appartement à peine s’était-elle décalée pour le laisser rentrer. Parfois, et de manière totalement psychosomatique, il avait presque l’impression de pouvoir encore sentir les effluves du whisky que sa colère lui avait fait répandre sur l’îlot central de la cuisine l’année précédente. Le temps passant, les souvenirs de ce soir-là étaient devenus confus, comme le fruit d’un rêve que l’on sentait nous échapper à mesure que le corps s’éveillait pour de bon ; N’avaient alors subsisté que les sensations, les odeurs, et un sentiment grisant qu’il tentait d’ignorer mais qui depuis ce soir-là s’emparait un peu plus de lui chaque fois qu’ils faisaient l’amour. Et à nouveau il se le demandait : comment en étaient-ils arrivés là ? « Tu bossais encore ? » Chassant tout ce qui parasitait ses pensées d’un vague mouvement de la tête, il venait de déposer le sac contenant leur repas sur le plan de travail de la cuisine lorsque sa vision périphérique avait remarqué l’ordinateur portable encore ouvert sur la table basse, et la tasse – probablement de café – abandonnée à côté.
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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyLun 12 Aoû 2019 - 11:42

Vittorio & Gaïa
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Cette conversation ne mènera nul part. C’est couru d’avance, et le simple fait d’avoir espéré que la discussion prenne une autre direction tôt ou tard m’a déjà fait perdre un temps précieux. Malgré tous mes efforts, ma mère ne peut s’empêcher de faire l’éloge de ma cousine Aria, de trois ans ma cadette, qui attend son deuxième enfant, puis de mon petit frère Pablo, qui vient apparemment de se fiancer. Mes parents n’ont jamais vraiment compris mon désir de faire carrière, quitte à souvent faire passer mes études avant les nombreuses fêtes de famille, et comme je sais très bien que ni l’un ni l’autre ne changera d’avis de sitôt, je me contente d’écouter ma mère déblatérer au téléphone, ne cherchant surtout pas à l’interrompre, de peur qu’elle finisse par dévier sur un sujet épineux. Sujet qui ne tarde pas à revenir sur le tapis, comme à chaque fois, tel un boomerang revenant toujours, et ce peu importe la force avec laquelle on le renvoie.
« Tu sais, ils ont choisi un endroit magnifique, je suis sûre que ça te plaira, tu verras, ce sera superbe j’en suis sûre. Ah, et ton frère voudrait savoir si tu vas venir accompagnée au mariage, il faut que Nina ait le bon nombre d’invités pour le traiteur, et… »
Subtil, très subtil. Mais je sais très bien que ce n’est pas mon frère qui est derrière cette question,  ce n’est pas son genre, mais bien mon interlocutrice, qui s’évertue à chaque appel à demander comment se porte ma vie sentimentale. Classique.
« Ma, on en a déjà parlé… »
Mais ça ne l’empêche pas de venir fouiner, à chaque fois. Comme si elle ne pouvait pas s’en empêcher, ce qui est sûrement vrai. Et bien sûr, suite à cela ma patience s’évapore à vitesse grand V, et je n’ai plus qu’une envie, raccrocher, pour pouvoir échapper à un interrogatoire dans les règles, alors qu’elle argumente pour m’inciter à lui en dire plus.
« Il faut que j’y aille, j’ai un double appel. Je téléphonerai bientôt à Pablo pour lui donner une réponse, c’est promis. Ciao. »
Je lui laisse à peine le temps de répondre raccroche, et soupire. Ce n’est pas totalement un mensonge, puisqu’il faut que j’appelle mon patron ce matin. Il faut que je lui parle de quelque chose d’important, et il risque de ne pas apprécier. Mais j’ai enfin réalisé qu’il fallait que les choses changent, professionnellement. Il m’a fallu du temps pour m’en rendre compte. Beaucoup trop. Du temps, et plusieurs dizaines d’articles presque bâclés, fades, sans passion. Presque 3 ans, à ramer de plus en plus pour écrire quelque chose de convenable, pour rendre des papiers que je n’aurais jamais osé renvoyer pour publication quelques années auparavant. Des heures d’appel vers l’autre bout du monde, à essayer de convaincre mon employeur que l’article suivant serait meilleur, que la distance n’affectait en rien mon travail, et que je serais bientôt de retour sur le sol italien. Foutaises. Plus les jours passent et plus l’inspiration s’effaçait. Irrémédiablement. J’ignore comment j’ai pu tenir jusque là, comment j’ai pu accepter de frôler la médiocrité, moi qui recherche toujours la perfection dans l’écriture. Oui, j’ai mis du temps à me décider. Mais je suis enfin sûre de ce que je dois faire. J’inspire un grand coup, reprend mon téléphone et compose le numéro d’un des derniers contacts que j’ai appelé.


Les yeux rivés sur l’écran de mon ordinateur portable, installée confortablement dans mon canapé, je relis pour la troisième fois l’article que je viens de terminer. Ce n’est pas encore ça. Je peux faire mieux, j’en suis certaine, il faut juste que je trouve une meilleure façon de tourner cette phrase. Un instant déconcentrée, mon regard dévie vers ma tasse de café, presque vide. Et au moment où je me lève pour aller la remplir, une sonnerie retentit. Je repose ma tasse sur la table basse, sachant très bien qui se trouve derrière la porte d’entrée en ce moment. Ça ne peut être que lui, étant donné que je n’attendais personne. Je sens mon corps se relâcher, débarrassé de la tension accumulée au cours de la journée, alors que je m’en vais lui ouvrir, oubliant presque immédiatement mon problème de phrase mal tournée. Et c’est bien lui, un sourire charmeur peint sur les lèvres, sac en plastique à la main, qui se pointe à une heure tardive, comme une fleur.
« J’ai pas le mot de passe pour entrer. Mais j’ai des sushis, ça marche? »
Je m’écarte avec un sourire, pour qu’il puisse passer, ce qu’il fait sans attendre. Je referme la porte derrière lui, alors que mon estomac se manifeste, se rappelant ainsi brusquement à mon esprit, qui tendait à l’avoir oublié depuis de matin.
« Ça ira pour cette fois, t’as de la chance. »
Ces visites nocturnes sont presque devenues une habitude, et c’est plaisant, il faut l’avouer. Il m’arrive même, certains soirs, d’espérer qu’il va débarquer à l’improviste, particulièrement quand la journée a été une catastrophe. Mais ça, pas question de lui avouer, quand je peine moi-même à le reconnaître. Vittorio fait son petit chemin dans l’appartement, déposant son sac en plastique dans la cuisine.
« Tu bossais encore ? »
Retournant vers la table basse, je ferme l’ordinateur, récupère la tasse de café froid, et le rejoins dans la cuisine.
Je vide le contenant dans l’évier, et entreprend de nettoyer la tasse.
« Plus ou moins. J’ai démissionné ce matin. »
Je pose la tasse propre sur l’égouttoir, et continue sur ma lancée, alors que les bruits de plastique froissés se sont arrêtés dans mon dos.
« J’ai répondu à une demande d’emploi, et ils avaient l’air intéressés, alors j’essaye d’écrire un petit article sur un sujet qu’ils m’ont proposé, une sorte de mise à l’épreuve pour voir ce que je vaux comme journaliste. Au vu de mes derniers articles, je les comprends… Comment j'ai pu me laisser aller à ce point, je me le demande...»
Heureusement qu’ils ont fouillé un peu plus loin dans mes écrits, sinon cette possible offre d’emploi me serait passée sous le nez. Je me retourne vers Vitto, et au moment où je m'apprête à me lancer dans un nouveau babillage inutile, je me rends compte qu'il s'est figé. Et j'en viens même à me demander s'il a entendu ce que je viens de lui dire.


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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyMar 1 Oct 2019 - 2:03

Contre toute attente, les escapades chez Gaïa étaient pratiquement la seule habitude dont Vittorio ne s’était pas encore lassé. La seule constante qui ne lui donne pas encore la sensation insupportable de tourner en rond et de s’enfoncer dans un quotidien fait de demi-satisfactions et de « faute de mieux » à n’en plus finir. Il restait en colocation faute de mieux, il travaillait dans une salle de sport faute de mieux, il étudiait le droit privé faute de mieux … L’italien avait l’impression de revoir sans cesse ses objectifs à la baisse, et pour quelqu’un d'aussi ambitieux rien d’étonnant au fait que cela s’apparente pour lui à une véritable torture. Aussi illusoire était-elle, la sensation qu’il retrouvait auprès de Gaïa d’un « comme avant » momentané le grisait suffisamment pour qu’il y revienne sans cesse, et s’il n’était clairement pas prêt à admettre que de quelconques sentiments pour la jeune femme puissent être impliqués eux aussi, il prenait en tout cas le parti d’en profiter tant qu’il en avait l’occasion. D’autant plus à mesure que le tic-tac de sa présence australienne semblait raisonner avec plus de vigueur, au rythme de la frustration qu’il pouvait percevoir chez la jeune femme chaque fois qu’il était question de près ou de loin de son travail. Mais encore bien loin de ces considérations, Vitto n’aspirait dans l’immédiat qu’à obtenir son laisser-passer habituel dans l’appartement de sa compatriote, et s’y était attelé à l’aide de sushis en provenance directe du traiteur au bout de la rue – un ticket d’entrée qui avait déjà maintes fois fait ses preuves. « Ça ira pour cette fois, t’as de la chance. » Appelons cela la chance, oui. Affichant un air satisfait, l’italien avait déambulé dans l’appartement avec habitude et déposé son butin sur le plan de travail de la cuisine, le poids de sa journée de travail semblant quitter peu à peu ses épaules avant que la bombe lancée par Gaïa ne lui explose presque au visage : « Plus ou moins. J’ai démissionné ce matin. » Pivotant pour reporter toute son attention sur la journaliste, Vittorio avait pris une seconde à peine de réflexion avant que ne lui échappe un « Tu as quoi ? » incrédule. Se détournant de l’évier dans lequel elle venait de déposer sa tasse, Gaïa avait posé les yeux sur lui et repris avec un calme presque olympien « J’ai répondu à une demande d’emploi, et ils avaient l’air intéressés, alors j’essaye d’écrire un petit article sur un sujet qu’ils m’ont proposé, une sorte de mise à l’épreuve pour voir ce que je vaux comme journaliste. » en noyant Vitto dans beaucoup trop d’informations pour qu’il ne parvienne à toutes les assimiler du premier coup. Il avait fallu attendre qu’elle assène « Aux vues de mes derniers articles, je les comprends … Comment j'ai pu me laisser aller à ce point, je me le demande ... » sur un ton plus dépité pour qu'enfin l’italien lui offre une autre réaction que la bouche bée et le regard bovin : « Il est toujours temps de redresser la barre. » Bien que la formule puisse sembler un peu abrupte, il s’agissait d’un compliment – d’un aveu qu’il la pensait capable de mieux, sans pour autant renier ses principes et le fait qu’il n’était pas du genre à enrober les choses avec gentillesse si elles ne le méritaient pas. Et l’écriture de Gaïa s’était laissée aller, c’était un fait et c'eut été une insulte de tenter de lui assurer l’inverse. « Mais du coup tu ... Ça veut dire que tu rentres ? À Rome, j’entends. » S’appliquant au mieux à ne pas trahir la déception que lui inspirait cette perspective, il avait joué la carte de l’indifférence et fait mine de s’intéresser grandement au contenu du sac de nourriture qu’il avait amené, quand en réalité il n’avait qu’une envie : obtenir plus d’informations. « On dîne et ensuite je promets de me faire tout petit et d’être sage comme une image pendant que tu termines cet article ... Deal ? » Il avait même de quoi réviser dans son sac, quitte à devoir donner le change jusqu’au bout. Tout pour ne pas avoir à admettre que la nouvelle le laissait mi-figue mi-raisin, de façon purement subjective et égoïste. « Je meurs de faim. » avait-il d’ailleurs affirmé en remettant le nez dans son sac plastique, étalant finalement le butin sur le plan de travail et séparant d’un côté son repas et de l’autre celui de Gaïa – là-dessus au moins il ne mentait pas, il était affamé, faute d’avoir pris le temps de déjeuner le midi.
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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyLun 28 Oct 2019 - 14:27

Vittorio & Gaïa
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Au vu de sa réaction, ma déclaration l’a secoué. Quand je lui dis que j’ai démissionné, il se sent obligé de me faire répéter, comme s’il pensait avoir mal entendu. Devant ses yeux vides et son air consterné, je continue sur ma lancée, le noyant sous une tonne d’informations sans même m’en rendre compte.
« Il est toujours temps de redresser la barre. »
Sa première réaction ne m’étonne pas le moins du monde. Parmi tout ce que j’ai débité, il a retenu la dernière phrase, toutes les autres ayant probablement quitté au moins partiellement son esprit, pour éviter l’encombrement. Je lui adresse un sourire triste.
« Je me demande si je n’ai pas trop attendu. Si tu avais lu ce que j’ai écrit dernièrement… Mais passons. Tu as raison, je ne peux pas me laisser abattre aussi facilement. »
Les yeux rivés sur le sac en plastique dans lequel il farfouille bruyamment, il finit par rompre le silence qui s’était installé, la voix égale.
« Mais du coup tu... Ça veut dire que tu rentres? À Rome, j’entends. »
Je le regarde, perplexe.
« Il faut que je te le dise en quelle langue? J’ai démissionné, Vitto. Donc non, je ne rentre pas à Rome, je n’ai plus rien à y faire. Pas pour l’instant en tout cas. »
Et bizarrement, l’avoir dit à voix haute, à Vittorio qui plus est, me décharge d’un poids. Je respire mieux, et je sens les muscles de mes épaules se détendre peu à peu. Toute la frustration et le stress accumulés ces dernières semaines sont en train de s’effacer lentement. Un léger pincement au coeur cependant, le paysage romain s'affichant un instant devant mes yeux, avant de disparaître. Même si je n’ai pas parlé sèchement, je ne peux pas m’empêcher de rajouter quelque chose, d’une voix plus douce.
« Cependant, je vais retourner en Italie quelques jours, d’ici la fin du mois. Mon petit frère se marie, ce qui annonce de grandes retrouvailles familiales. Et un interrogatoire en règle concernant ma vie sentimentale, de la part de ma mère. »
Je soupire. Vittorio connaît peu de choses sur ma famille, mais assez pour savoir que ces retrouvailles en grandes pompes ne m’enchantent pas, et que si je vais me confronter à ma famille -très- nombreuse, c’est uniquement parce que c’est important pour mon frère. Je secoue la tête, chassant cette idée contrariante de mon esprit. Il est trop tôt pour commencer à se tourmenter à ce sujet. Je retourne vers la table basse, vers mon ordinateur portable dont l’écran est resté allumé.
« On dîne et ensuite je promets de me faire tout petit et d’être sage comme une image pendant que tu termines cet article ... Deal ? »
Je ferme mon pc et vais m’assoir sur une chaise, non loin de Vitto qui est toujours debout et en train de se battre avec ses sacs en plastique.
« Deal. »
Il est en train de terminer de sortir les différents plats, les séparant distraitement en deux tas. La nouvelle de tout à l’heure, qui semblait l’avoir surpris, pour ne pas dire ébranlé, semble maintenant avoir complètement déserté son esprit.
« Je meurs de faim. »
Je ne réponds rien, et me contente d’attendre en l’observant attentivement, un léger sourire accroché aux lèvres. Il finit par venir s’assoir avec moi, posant ce qu’il a apporté sur la table faisant glisser une boîte dans ma direction. Je jette un oeil dedans, et souris. Il connaît parfaitement mes goûts, et je ne regrette pas le moins du monde de l’avoir laissé entrer, son laisser-passer du soir est plus que parfait.
« C’est bon tu es officiellement autorisé à rester. »
Parce que oui, s’il s’était planté, je l’aurais mis dehors. Ou en tout cas j’aurais essayé, sans grand succès probablement.


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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyLun 11 Nov 2019 - 10:17

Il était comme ça Vittorio, imaginant le pire par principe parce qu’il n’y avait rien qu’il détestait plus que l’idée d’être pris au dépourvu par une nouvelle désagréable. Et si le retour de Gaïa en terres italiennes n’était pas ce qu’on pouvait appeler le pire, cela restait une perspective peu réjouissante – bien moins qu’il ne l’aurait imaginé en tout cas. Face à une interrogation que l’homme estimait légitime, la journaliste avait donc adopté un ton teinté d’impatience, rétorquant aussitôt « Il faut que je te le dise en quelle langue ? J’ai démissionné, Vitto. Donc non, je ne rentre pas à Rome, je n’ai plus rien à y faire. Pas pour l’instant en tout cas. » Mais ce qui semblait couler de source pour elle continuait de sembler un brin étrange pour le juriste – qui voudrait rester sur ce maudit caillou plus que de raison ? Rien ne la retenait ici, ou du moins rien du calibre de ce qui retenait Vittorio à Brisbane. Nino était parti pour rester de façon indéterminée, et si son cadet restait là alors lui se devait d’en faire autant … Loyauté fraternelle, sans doute. Et Dieu sait pourtant qu’elle lui avait déjà coûté beaucoup. Incapable de trouver une réponse acceptable à fournir, refusant de témoigner d’un trop plein d’enthousiasme qu’il n’assumerait pas mais ne voulant pas non plus verser dans la totale indifférence, il avait été sauvé par le fait que Gaïa reprenne la parole pour ajouter « Cependant, je vais retourner en Italie quelques jours, d’ici la fin du mois. Mon petit frère se marie, ce qui annonce de grandes retrouvailles familiales. Et un interrogatoire en règle concernant ma vie sentimentale, de la part de ma mère. » lui permettant ainsi de noyer le poisson en reprenant son habituel air nonchalant et son sourire narquois. « Ça vend du rêve. » Il n’avait pas besoin de connaître la famille de Gaïa pour savoir qu’il s’agissait ni plus ni moins d’un traquenard – parfois il était presque reconnaissant à sa mère de ne pas avoir été une mère « normale » … parfois seulement. « Tu m'excuseras de ne pas être volontaire pour t’accompagner. » avait-il de ce fait préféré ajouter avec un brin d’ironie. « Mais tu n’auras qu’à dire à Mamma que tu t’es trouvé un petit banquier australien … Ça rassure, les banquiers. » Pas qu’il soit expert dans ce qui rassurait les mamans, mais enfin. Préférant noyer le poisson un peu plus, il avait proposé de remettre à plus tard la fin de son article et de contenter d’abord leurs estomacs, un plan auquel Gaïa avait adhéré d’un « Deal. » entendu avant de s’installer à table tandis que son compatriote déballait son butin du jour. Ils étaient devenus tristement prévisibles l’un et l’autre, le menu souvent le même sans qu’ils s’en soient encore lassés, la jeune femme se permettant même un « C’est bon tu es officiellement autorisé à rester. » narquois après avoir jaugé ce que Vittorio avait choisi pour elle. « Encore heureux, sinon j’aurais remballé toute ma marchandise avec moi. » Et il l’aurait très probablement fait dans le simple but de tenter d’avoir le dernier mot de leur chamaillerie. Fouillant dans un des tiroirs de la cuisine pour trouver le décapsuleur, il avait ouvert les deux bières que contenait le sac et en avait tendu une à Gaïa avant de s’installer en face d’elle de l’autre côté de la table. « Bon ap' » Là-dessus il n’avait pas menti, il n’avait pas mangé le midi et mourrait littéralement de faim, assez pour se jeter sur ses sushis sans demander son reste. Reste que la situation le faisait cogiter, le fait que Gaïa ait décidé de rester dans le coin, le fait qu’elle prévoit un bref retour en Europe – que lui n’osait plus espérer – et le fait qu’elle semble vouloir se jeter dans le grand bain en rebootant sa carrière … Tout cela le laissait pensif, pour tout un tas de raisons. « Ça ne te manque pas ? » avait-il finalement repris, après ce qui aurait bien pu être une éternité de silence. « Rome. Le pays, tout ça … » Elle avait le choix, elle. Elle pouvait retourner en Italie et choisir de ne finalement pas revenir, elle pouvait retrouver ses habitudes, ses repères … Et sans doute que si Vitto se questionnait autant c’était qu’il l’enviait d’avoir le choix.
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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyMar 12 Nov 2019 - 17:00

Vittorio & Gaïa
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Quand je finis par lui avouer que la perspective de subir un interrogatoire maternel lors de mon prochain retour en Italie, un sourire moqueur se peint sur son visage alors qu’il affiche son flegme habituel. J’aurais presque pu parier une réaction de ce genre.
« Ça vend du rêve. Tu m'excuseras de ne pas être volontaire pour t’accompagner. »
J’ai un léger pincement au coeur dans sa phrase arrive à mes oreilles. Cette idée m’a traversé l’esprit, le temps d’un court instant quand j’ai eu ma mère au téléphone ce matin même. Quand elle a abordé le sujet de ma vie sentimentale, remplie d’un vide sidéral à ses yeux. Une unique seconde, et j’ai du mal à me l’avouer à moi-même. Jamais je n’aurais osé lui proposer, c’est certain. Mais la présence de Vittorio m’aurait sûrement rassurée, en quelques sortes, peut-être qu’il aurait pu me servir de bouclier humain contre la curiosité dévastatrice de la plupart des femmes de ma famille. Mais sa réponse teintée de moquerie ne laisse planer aucun doute, et je m’efforce de noyer ce sentiment de déception naissant, surtout qu’il continue sur sa lancée.
« Mais tu n’auras qu’à dire à Mamma que tu t’es trouvé un petit banquier australien … Ça rassure, les banquiers. »
Je grimace. Pas sûr que ça la rassurerait, elle qui a toujours considéré les banquiers comme étant des escrocs manipulateurs au possible et sans coeur. Une femme éternellement sourde à tous les arguments qui pourraient la convaincre du contraire, laissant mon père s’occuper d’absolument tout ce qui touche à l’argent. Et puis de toute façon…
« Ça rassure certaines personnes, pas elle. Et puis ça m’enfoncerait encore plus, puisqu’après ça je devrais documenter le mensonge avec des photos ou je sais pas quoi encore, et je devrais au final trouver quelqu’un à lui ramener, pour espérer avoir enfin la paix. Et avant de faire une crise de nerfs surtout. »
Ce qui est sur, c’est qu’en ce moment son acharnement joue sur ma santé mentale. La raison de la présence de Vitto revient sur le tapis, et bientôt nous sommes attablés en face à face, mon article et mon anxiété envoyés au diable pour le moment. Je salive en voyant ce qu’il a ramené, lui intimant la seconde suivant qu’il peut rester, pour peu qu’il en ait douté à un moment donné.
« Encore heureux, sinon j’aurais remballé toute ma marchandise avec moi. »
Je n’ajoute rien, bien consciente que oui, il l’aurait certainement fait, en pure provocation. Il se lève et s’éloigne pour aller farfouiller dans les tiroirs de la cuisine, visiblement à la recherche de quelque chose, et je le suis des yeux, le détaillant du regard sans me priver. Il trouve rapidement ce qu’il cherchait, à savoir un décapsuleur et revient dans mes parages, pour décapsuler des bières qu’il sort d’un autre sac. Il m’en passe une, que j’accepte avec un fin sourire, avant de retrouver sa place à la table.
« Bon ap' »
Je lui rends la politesse, et le regarde se précipiter sur son repas comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours, avant de me focaliser sur mon propre repas. S’en suit un silence tranquille, me donnant presque envie de soupirer d’aise tant j’avais besoin d’une parenthèse apaisante. De temps en temps, je lève les yeux pour observer discrètement Vitto, sans pouvoir me résigner à interrompre le flot de pensées qui défile dans ses yeux. Et d’un coup…
« Ça ne te manque pas ? »
Si abrupt que sur le coup, je ne comprends pas. Silencieuse, j’attends qu’il continue, incapable de prononcer un mot ou de faire un mouvement tant qu’il n’a pas ajouté quelque chose.
« Rome. Le pays, tout ça … »
Déstabilisée, je prends mon temps avant de répondre, cherchant quoi lui dire, et surtout comment lui dire, alors que certains émotions reviennent m’étrangler subitement.
« Si. »
Je prends une longue inspiration.
« Bien sûr que ça me manque, comment je pourrais ne pas regretter tout ça. Cette ville, les gens, tout. »
La vie est tellement différente ici. Mais pas forcément en mal, quand on y réfléchit. Il y a des pour et des contre, le tout dans un équilibre qui n’a pas encore réussi à me faire fuir. Et la raison qui m’a poussée à venir jusqu’à cette île qui est tellement loin de chez moi, est floue. Toujours là quelque part, toujours ancrée, mais floue, voilée. Trop facilement remplacée par la nostalgie qui m’étreint le coeur depuis la question de Vittorio. Par les souvenirs qui ressurgissent.
« Je pensais pas rester aussi longtemps. Mais finalement changer de continent m’a permis de trouver les réponses que je cherchais, de fuir certaines choses et d’en retrouver d’autres… »
J’accroche le regard de Vittorio, avant de baisser les yeux sur mes mains.
« Ici j’ai trouvé une liberté que je n’arrivais pas à avoir là-bas, j’ai pu m’émanciper un peu plus encore. Faire le tri. Je vais peut-être même avoir la chance d’élargir mes horizons professionnels, après avoir fait du surplace pendant des mois… Je retournerais à Rome. Mais pour l’instant… »
Pour l’instant, je suis ici. Soulagée, je soupire, un poids en moins sur les épaules. Après un moment, je finis par relever les yeux, incertaine de la suite. Après tout ça, une question me brûle les lèvres, et pourtant, j’ai peur de la réponse qu’il pourrait donner, même si ça me tuerait de l’avouer.
« Et toi, pourquoi tu es encore là? »

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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyMar 12 Nov 2019 - 22:17

Tout cela était un peu abstrait pour lui. Le fait d’imaginer ce genre de famille où l’on se préoccupait tellement des autres membres qu’on pouvait en être étouffant, ce genre de parents qui s’intéressaient, se questionnaient, s’inquiétaient ou tout simplement avaient une opinion sur ce qu’il advenait de leurs enfants … Tous ces concepts étaient un peu étrangers à Vittorio, habitué depuis toujours à une indépendance poussée à l’extrême à la lueur de laquelle sa mère les avaient toujours poussés Gennaro, Nino et lui à faire preuve de débrouillardise pour ne pas l’importuner à tout bout de champ, l’intéressée estimant leur avoir déjà fait un cadeau suffisamment privilégié en les mettant au monde. Parce qu’il n’avait jamais connu rien d’autre et dû mettre cela en perspective avec l’absence d’un père et la ribambelle d’hommes peu scrupuleux dont sa mère s’était entichée bien trop de fois, il n’avait pas la sensation d’avoir manqué quelque chose d’indispensable … Il en avait voulu un temps à sa mère, bien sûr, avait détesté la paumée qu’elle était et le déchet qu’elle était devenue, mais malgré tout il pensait qu’elle avait fait de son mieux avec son peu de capacités, et il n’avait jamais été capable de la détester ni même de la mépriser. Il se demandait si Gaïa méprisait sa famille. Ce n’était ni un jugement ni une supposition, mais une question véritable – et que jamais il ne poserait. Mais il se disait qu’une famille qui mettait son nez dans les détails de son existence devait être une disait bien supérieure à une famille qui ne s’en donnait pas la peine … Quelque chose ne tournait sans doute pas rond chez lui. « Ça rassure certaines personnes, pas elle. » n’avait en tour cas pas manqué d’assurer Gaïa à propos de cette histoire de banquier. « Et puis ça m’enfoncerait encore plus, puisqu’après ça je devrais documenter le mensonge avec des photos ou je sais pas quoi encore, et je devrais au final trouver quelqu’un à lui ramener, pour espérer avoir enfin la paix. Et avant de faire une crise de nerfs surtout. » Autrement dit elle n’aurait véritablement la paix qu’après s’être fait passer la bague au doigt et avoir pondu deux ou trois mouflets. Deux garçons et une fille, tous sages – évidemment – doués à l’école et ne rechignant pas à aller au catéchisme le mercredi après-midi. « Pour une journaliste, je trouve que tu manques cruellement d’imagination. » Se moquant gentiment, il avait dégainé son téléphone portable et l’avait attrapée par la taille sans lui laisser le temps de réagir, immortalisant par un selfie maladroitement cadré le moment où ses lèvres étaient allées embrasser le coin de celles de la jeune femme. « Il ne te reste plus qu’à trouver un nom et un métier au bel Apollon que tu as péché sur une plage du Pacifique, et assurer qu’il serait venu avec plaisir s’il n’avait pas la phobie de l’avion. » Avait-il le moindre scrupule à lui suggérer ni plus ni moins de servir un tissu de mensonges à ses proches ? Absolument pas. Il comptait simplement sur elle pour trouver un prénom et un métier qui avaient de la gueule et lui rendent justice – pas Robert ou Roger, il valait mieux que ça. La photo transférée sur le téléphone de Gaïa la seconde suivante par SMS, l’italien avait eu un sourire en coin au moment d’ajouter l’air de rien « J’éviterais d’étaler les messages juste au-dessus de la photo en revanche, si j’étais toi. » À moins qu’elle ne souhaite également partager avec sa Mamma les échanges peu catholiques avec Apollon, ponctués de pêches et d’aubergines qui donnaient un tout nouveau sens à la suggestion de manger cinq fruits et légumes par jour.

Pas mécontents de commencer à manger, l’un et l’autre avaient gardé le silence un moment sans sentir le besoin de se forcer à la conversation – le silence n’était  pas toujours une mauvaise chose. L’esprit vagabondant de broutille en broutille, de question en question, Vittorio avait néanmoins fini par reprendre la parole en réalisant que les décisions de Gaïa le laissaient plus songeur et moins insensible qu’il ne l’aurait cru. « Si. » avait-elle alors admis sans tourner autour du pot, quant au fait d’avoir le mal du pays. « Bien sûr que ça me manque, comment je pourrais ne pas regretter tout ça. Cette ville, les gens, tout. » Mais pourtant elle décidait de ne pas y retourner, et comptait s’enterrer ici suffisamment longtemps pour y chercher un nouvel emploi. Et Vittorio ne comprenait pas pourquoi. « Je pensais pas rester aussi longtemps. Mais finalement changer de continent m’a permis de trouver les réponses que je cherchais, de fuir certaines choses et d’en retrouver d’autres … » Marquant une pause, elle avait semblé sonder son regard à la recherche d’une réaction puis avait fini par baisser les yeux avant de reprendre « Ici j’ai trouvé une liberté que je n’arrivais pas à avoir là-bas, j’ai pu m’émanciper un peu plus encore. Faire le tri. Je vais peut-être même avoir la chance d’élargir mes horizons professionnels, après avoir fait du surplace pendant des mois… Je retournerais à Rome. Mais pour l’instant … » mais de s’arrête presque au moment le plus important, provoquant chez son compatriote un brin de frustration. Pour l’instant, donc. Et s’il jalousait l’incertitude qui prouvait la possibilité toujours présente de rentrer chez elle un jour, le fait qu’elle questionne à son tour « Et toi, pourquoi tu es encore là ? » avait forcé l’italien à se poser lui-même véritablement la question. Pourquoi restait-il, quelle était la vraie raison parmi toutes celles plus ou moins valables qui lui venaient à l’esprit et qu’il hésitait à sortir en guise de réponse ? « Où est-ce que j’irai, sinon ? » Avait-il alors questionné à son tour, sans vraiment attendre de Gaïa qu’elle ne fournisse de réponse. « J’ai plus de carrière, plus de famille, ni à Rome ni en Campanie. » Et il estimait lui faire une fleur en ne rappelant pas à qui la faute, pour sa carrière tuée dans l’œuf. Hésitant quelques instants il avait fini par ajouter « Et mon frère a décidé de rester ici, lui. Alors … » Alors où Nino décidait de rester Vittorio décidait de rester aussi, cela ne surprendrait probablement personne, et pouvant déjà sentir le jugement dans le regard de Gaïa à ce sujet il s’était légèrement renfrogné et avait marmonné « Tu peux pas comprendre. » avant de baisser le nez sur sa rangée de sushis. Elle pourrait d’autant moins comprendre qu’elle n’avait pas toutes les cartes en mains, ignorait tout de la récente paternité de Nino qui l’enchaînait désormais pour de bon à ce pays de malheur, et de la promesse qu’avait fait Vitto d’aider son cadet, persuadé que cette fois-ci son frère avait réellement décidé de se ranger des voitures. Mais ça Gaïa n’y croirait jamais – Vittorio lui-même n’était pas toujours certain d’y croire.
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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyMer 13 Nov 2019 - 16:46

Vittorio & Gaïa
I STARED UP JUST TO SEE, WITH ALL OF THE FACES YOU WERE THE ONE NEXT TO ME. YOU CAN FEEL THE LIGHT START TO TREMBLE, WASHING WHAT YOU KNOW OUT TO SEA., YOU CAN SEE YOUR LIFE OUT THE WINDOW TONIGHT. IF I LOSE MYSELF TONIGHT, IT'LL BE BY YOUR SIDE.

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Quand je lui explique rapidement que ma mère ne cédera pas un pouce de terrain avant d’avoir quelques informations à se mettre sous la dent, mon objectif est de clore cette partie de la conversation au plus vite, avant que l’anxiété qu’elle a induite ne monte encore d’un cran. Mais c’est sans compter sur Vittorio, qui se lève.
« Pour une journaliste, je trouve que tu manques cruellement d’imagination. »
Et sans plus de manières, il m’attire à lui d’une main sur ma taille, et effleure le coin de ma bouche de ses lèvres chaudes, conservant au passage un souvenir de cet instant à l’aide de son téléphone portable. Je suis surprise, à tel point que je ne peux pas articuler le moindre mot sur le moment. Puis il me lâche, rompant le contact, et va se rassoir à sa place, alors que j’entends mon propre téléphone vibrer, la table sur laquelle il est posé servant de caisse de résonance.
« Il ne te reste plus qu’à trouver un nom et un métier au bel Apollon que tu as péché sur une plage du Pacifique, et assurer qu’il serait venu avec plaisir s’il n’avait pas la phobie de l’avion. »
Je lui lance un regard en coin, amusée.
« Je dois pouvoir inventer quelque chose de plausible avec ça, et vendre l’histoire avec assez d’aplomb pour avoir la paix quelques temps… En espérant qu’elle ne découvre jamais la supercherie, sinon je ne donne pas cher de ma peau. »
En me saisissant de mon téléphone, j’ouvre la notification qui m’indique un nouveau message, de Vittorio bien évidemment. Je souris en découvrant  la fameuse photo, et l’enregistre rapidement. Pour quelqu’un d’extérieur à nous, elle est sûrement convaincante…
« Tu préfère t’appeler Christian ou Eugène? »
Et je laisse échapper un rire devant son air outré, le nom controversé de son chien faisant brusquement irruption dans la conversation, placé ici d’une main de maître.
« Scherzo. »
Il a un sourire en coin quand il décide de lancer une nouvelle remarque, qui ne manque pas de faire rosir mes joues, bien malgré moi.
« J’éviterais d’étaler les messages juste au-dessus de la photo en revanche, si j’étais toi. »
Effectivement, je vais m’abstenir de partager nos précédents échanges plutôt osés, avec ma mère plus qu’avec les autres.
« Je n’en avais pas l’intention, rassure-toi. Je préfère garder tout ça pour mon plaisir personnel… »
S’en suit un début de repas dans un silence reposant, vite interrompu par les interrogations de Vittorio, qui apparemment lui brûlaient la langue. Après une brève réflexion, ponctuée d’une  nostalgie rappelée brutalement à mon bon souvenir, je finis par lui répondre, lui expliquant le pourquoi du comment quand il m’arrive encore de me le demander à moi-même. Ensuite, c’est à mon tour de lui poser la question, alors que je sais très bien que la réponse pourrait me déplaire. Les mots libérés, je l’observe et le regarde cogiter.
« Où est-ce que j’irai, sinon ? »
Malgré la tournure de phrase, ce n’est pas vraiment une question, ou alors une qu’il se pose à lui-même plutôt que de me la poser à moi.
« J’ai plus de carrière, plus de famille, ni à Rome ni en Campanie. »
Je n’ose pas l’interrompre, préférant largement qu’il continue sur sa lancée, lui qui semble avoir encore quelque chose à dire. Notant au passage que pour la première fois, il n’a pas appuyé le fait que s’il est ici aujourd’hui, c’est en grande partie ma faute. Et le fait qu’il ne le mentionne pas est surprenant, et m’intrigue énormément.
« Et mon frère a décidé de rester ici, lui. Alors … »
Et voilà autre chose.
« Qui ça, Nino? Sérieusement? »
Bizarrement, le fait de l’avoir encore dans les parages, et encore pour un long moment apparemment ne m’enchante pas. On ne peut pas dire que nos interactions soient cordiales, ça c’est sûr, et je ne pense pas être remontée dans son estime depuis la dernière fois, pas plus qu’il n’est remonté dans la mienne. En attendant, ça fait un moment que je ne l’ai pas croisé. Ce qui m’intrigue un peu, c’est comment Nino a convaincu Vittorio de prolonger son séjour. Il aime son frère, ça je le sais, et ce dernier l’aime en retour, j’en ai suffisamment fait les frais pour en être certaine. Mais de là à rester pour lui, à cause de lui…?
« Tu peux pas comprendre. »
« Je pourrais. »
Peut-être. Si j’en savais plus. Mais je sens qu’il me manque quelques informations, ou alors c’est que l’Italien a raison, que je ne pourrais jamais comprendre ce lien qui les unis, et ce malgré tous mes efforts. En regardant Vitto, je m’aperçois qu’il s’est renfrogné. Ma question semble l’avoir fait gamberger suffisamment pour qu’il se retrouve un brin déstabilisé.
« Donc tu restes aussi. C’est… Bon à savoir. »
Et ça me fait plaisir. Mais ça m’écorcherait la langue de l’avouer à voix haute. Je recommence à manger, malgré un appétit largement réduit, et  bois une gorgée de la bière offerte par Vitto, murée dans un silence obstiné.





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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptySam 16 Nov 2019 - 18:50

Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur le fait que pour Vittorio un petit mensonge valait parfois mieux qu’une grosse vérité. Une manière de fonctionner qu’il appliquait pour lui-même depuis toujours – ainsi aucun de ses camarades d’université n’avait jamais appris précisément d’où il venait, quant à Tilda elle n’aurait probablement jamais su, si leurs fiançailles n’avaient pas tourné court, qu’elle avait failli hériter de deux beaux-frères et non pas d’un seul, tant Gennaro n’était plus un « détail » que l’italien se donnait la peine de mentionner à personne. Et une manière de fonctionner, donc, qu’il n’avait aucune honte à suggérer à autrui, à la différence près que tous n’étaient pas aussi serein avec le concept, à l’image de Gaïa et de l’air un brin songeur avec lequel elle avait répondu « Je dois pouvoir inventer quelque chose de plausible avec ça, et vendre l’histoire avec assez d’aplomb pour avoir la paix quelques temps … En espérant qu’elle ne découvre jamais la supercherie, sinon je ne donne pas cher de ma peau. » rappelant ainsi que la majeure différence entre elle et lui résidait aussi dans le fait qu’elle se souciait suffisamment des membres de sa famille pour prêter de l’intérêt à leur avis. « Tu préfères t’appeler Christian ou Eugène ? » avait-elle néanmoins aussitôt embrayé, un fond de provocation dans le regard et un sourire satisfait sur le visage. Plissant les yeux d’un air faussement méfiant, il avait décoché un sourire lorsqu’elle s’était repris « Scherzo. » et avait adopté son air le plus innocent et pince-sans-rire pour faire remarquer « Enfin, tu m’as bien regardé ... est-ce que j’ai un physique à m'appeler comme le vieux tonton bourré habitué des mariages ? » tout en faisant un geste vers sa propre personne. Non, bien sûr que non. Il voulait bien être Tony le témoin qui trempait son biscuit chez toutes les demoiselles d'honneur de l’assistance, mais certainement pas Eugène le tonton bourré portant des toasts aussi gênants que son taux d’alcoolémie. Et il y avait assurément plus chez lui du Tony tombeur de ses dames dans la remarque qu’il s’était permis ensuite d’un ton narquois à propos de la teneur des messages que s’échangeaient Gaïa et lui. « Je n’en avais pas l’intention, rassure-toi. Je préfère garder tout ça pour mon plaisir personnel … » Et sans grande surprise Vittorio avait accueilli ce dernier fait avec un sourire on ne peut plus satisfait – et un clin d’œil qui valait tous les « et moi donc » possibles et imaginables.

Son estomac se rappelant néanmoins rapidement à son bon souvenir, l’italien avait entamé son repas de bon appétit, et ce malgré les dernières annonces de la journaliste et les questionnements intérieurs qu’elles n’avaient pas manqué de provoquer chez lui. Après Nino, elle était la seconde personne à décider de rester à Brisbane plutôt qu’autre chose, et si les raisons de son cadet lui semblaient claires comme de l’eau de roche – et lui faisaient dire qu’au moins, avoir pondu un mouflet par accident avait donné à son frère un nouveau sens des priorités – celles de Gaïa étaient plus floues, et ce malgré les explications qu’elle avait avancé lorsqu’il s’était finalement décidé à les lui demander. Tout à ses propres doutes, il ne lui avait même pas tenu rigueur du renvoi d’ascenseur qu’elle avait aussitôt opéré, et chose sortant encore plus de l’ordinaire il s’était gardé de toute remarque et de tout sous-entendu amer quant au rôle que la jeune femme avait joué dans son expatriation forcée. Pour autant, il s’était renfrogné lorsqu’elle avait commenté avec un certain dédain « Qui ça, Nino ? Sérieusement ? » sans en être vraiment étonné. Elle ne pouvait pas comprendre, personne ne pouvait comprendre de quoi était réellement faite la relation qui liait les deux frangins entre eux, et sans doute que Vitto s’était bien trop caché derrière cette excuse pour justifier les innombrables situations dont il avait dépêtré Nino quand il aurait objectivement mieux valu le laisser se débrouiller. « Je pourrais. » avait pourtant objecté la journaliste, et pendant un quart de seconde il s’était presque convaincu qu’elle pourrait  en effet. Mais à la seconde où il avait commencé par dire « Il a de bonnes raisons de rester … » il s’était ravisé, poussé par une méfiance maladive et une facilité à ne pas reproduire les mêmes erreurs visiblement beaucoup plus facile à mettre en œuvre lorsqu’il s’agissait de Gaïa que lorsqu’il s’agissait de son frère. « Je crois qu’il a rencontré quelqu’un. » avait-il alors prétexté un peu hasardeusement, se donnant bonne conscience en se persuadant qu’il ne s’agissait que d’un demi-mensonge – parce qu’après tout, sa fille était bien quelqu’un, quand bien même aux yeux de Vittorio un bébé se rapprochait plus de la chose que de la personne. « Peu importe. » Triturant sa portion de riz avec le bout de ses baguettes, il avait conclu « Je lui ai demandé de ne plus s’approcher de toi. Jusqu’à présent il a tenu parole, alors je vois pas pourquoi ça changerait. » Elle ne croyait peut-être pas en la bonne foi de Nino, mais lui si. Et elle avait probablement raison, mais ça Vittorio manquait bien trop d’objectivité pour l’admettre.

Peut-être parce qu’elle avait senti le froid jeté par la discussion, la jeune femme n’avait pas insisté, bien que son compatriote doute fortement qu’elle se soit contentée d’une explication aussi vaseuse et bancale que celle de la supposée vie sentimentale de Nino comme élément principal au fait que son frère n’aille pas voir si l’herbe était plus verte ailleurs. « Donc tu restes aussi. C’est … Bon à savoir. » Presque trop heureux de pouvoir changer de sujet et remettre séance tenante son masque de nonchalance un brin orientée, il avait forcé un sourire narquois sur ses lèvres et demandé d’un ton faussement innocent « Bon à savoir pour qui ? » Juste pour le plaisir de la regarder chercher une parade suffisamment convaincante. « Mais je reste, oui … Une chance pour toi. Ça demande un certain savoir faire de savoir exactement quoi commander au chinois du coin, ce n’est pas donné à tout le monde … » L’air de rien, son pied était allé glisser contre la cheville de la jeune femme, sous la table. Une seconde à peine, après quoi l’italien avait fait mine de rien, et ajouté de sa meilleure fausse modestie « Et puis, ma présence embellit grandement le charme de cet appartement, on ne va pas se le cacher. » Son charme naturel et son immense modestie, sans aucun doute. Reste que, leur repas touchant à sa fin, il avait repris un ton plus sérieux et secoué doucement la tête « Je vais débarrasser. File terminer ton article. » et qu’on se le dise, il était parfois plus loin qu’on le pensait le Vitto qui aurait estimé que le débarrassage de la table, au même titre que la vaisselle, était une tâche exclusivement féminine. Mais plus vite elle terminerait son article plus vite elle aurait la tête à autre chose … Et pour l’heure, l’italien s’était octroyé un petit bout du canapé après avoir jeté tous les emballages vides à la poubelle et passé un coup d’éponge sur la table, extirpant de son sac à dos des fiches de révisions qui elles aussi méritaient bien le brin d’attention que la journaliste accordait, studieuse, à son ordinateur. Dire qu’à des milliers de kilomètres de là, on ne le considérait plus comme un étudiant depuis bien longtemps.
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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyDim 17 Nov 2019 - 7:20

Vittorio & Gaïa
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Je vois clairement son visage qui s’assombrit quand je mentionne Nino, en cherchant à cacher un dédain qui au final ne fait que ressortir encore plus. Malgré tous mes efforts, il est toujours là, ce sentiment presque méprisant qui revient me coller à la peau dès que quelqu’un fait mention du frère de Vitto. Je n’y peux rien, la simple pensée de me retrouver dans la même pièce que lui ou au même endroit au même moment me met mal à l’aise. Vittorio reprend rapidement la parole, m’assénant presque sèchement que je ne pourrais jamais comprendre, ce à quoi je réponds du tac au tac que si, je pourrais. S’il se donnait la peine de m’expliquer. Et contre toute attente, en voyant l’expression du visage de l’Italien qui change, pendant une seconde je crois que c’est ce qu’il va faire.
« Il a de bonnes raisons de rester … »
Une seconde seulement. Puisque celle d’après, il me sert une raison bateau, probablement encore plus floue que celles que je lui ai donné un peu plus tôt, et qui me laisse complètement perplexe.
« Je crois qu’il a rencontré quelqu’un. »
J’ai énormément de mal à imaginer Nino en fleur bleue, et avec assez de sentiments pour une quelconque personne pour que ça le pousse à rester. Moi qui l’ai toujours imaginé comme étant un grand solitaire, sans attaches affectives autre que celle qu’il porte à son frère, je suis dubitative. Mais après tout, ce n’est pas comme si je le connaissais, le portrait que j’en ai tiré, je le tiens de nos brèves rencontres, qui ont souvent viré au règlement de compte en plus, et de ce que m’a dit Vitto. Autant dire qu’il y a possiblement des failles dans ma représentation de Nino.
« Peu importe. »
Il fuit mon regard, préférant détailler le riz comme s’il était en train d’en compter tous les grains.
« Je lui ai demandé de ne plus s’approcher de toi. Jusqu’à présent il a tenu parole, alors je vois pas pourquoi ça changerait. »
Là, il a éveillé ma curiosité. La voilà enfin, la possible raison pour laquelle Nino n’a pas réapparu dans ma vie depuis un long moment maintenant. Parce que son frère, cet être si cher à son coeur, le lui a demandé. Ce qui m’intrigue énormément, c’est comment Nino a réagit face à la demande de son frère, puisqu’on ne peut pas dire que le cadet me porte dans son coeur. Je brûle d’envie de lui demander quand il lui a demandé ça, et ce que Nino lui a répondu. Je brûle de savoir comment ce dernier a réagit face à son frère lui demandant de me laisser en paix, en train de me défendre sachant ce que je lui ai fait il y a quelques années. Mais je préfère garder le silence, mon désir d’effacer le froid de la discussion pour l’instant plus fort que celui d’avoir des réponses moins incertaines. De toute façon, j’aurais les explications que je souhaite tôt ou tard, il me suffit d’être patiente. Mais pour le moment, autant repartir sur un sujet plus sympathique.
« Donc tu restes aussi. C’est … Bon à savoir. »
Son expression se réchauffe immédiatement, et un sourire moqueur vient étirer ses lèvres.
« Bon à savoir pour qui ? »
Déstabilisée par sa question, alors que j’aurais dû le voir venir, je réfléchis à toute vitesse pour pouvoir lui servir quelque chose de plus élégant que « secondo te, stupido ». Heureusement pour moi, il poursuit avant que j’aie pu dire quoique ce soit.
« Mais je reste, oui … Une chance pour toi. Ça demande un certain savoir faire de savoir exactement quoi commander au chinois du coin, ce n’est pas donné à tout le monde … Et puis, ma présence embellit grandement le charme de cet appartement, on ne va pas se le cacher. »
Troublée, alors que son pied vient d’effleurer ma cheville, bien discrètement, sous la table, je mets quelques longues secondes avant de trouver enfin quelque chose à lui rétorquer.
« Es-tu en train de suggérer que mes goûts en matière de nourriture asiatique sont si compliqués que personne d’autre que toi ne pourrait faire un sans faute? N'exagère pas non plus... »
Son manque de modestie calculé pour la provocation me fait rire.
« Attention Vitto, si tu prends trop la grosse tête tu ne pourras plus passer la porte et tu resteras prisonnier de l’appartement que tu embellis… »
Que ce serait bête… Avec un large sourire, et comme si de rien n’était, je laisse à mon tour mon pied caresser le bas de sa jambe, puis remonter, un peu, beaucoup, le temps de terminer mon repas. Le sien également terminé, Vitto se lève et secoue la tête, se reconstituant une attitude au passage.
« Je vais débarrasser. File terminer ton article. »
Sans protester davantage malgré le léger étonnement que je dissimule, je me lève à mon tour et repars en direction du canapé où je m’affale après avoir récupéré mon pc abandonné sur la table basse.
« Bien chef! »
Et je me replonge dans les lignes que j’ai déjà écrites, cherchant la faille, me questionnant à propos de certaines tournures de phrases, et comment améliorer tel ou tel passage. Blottie dans un coin du canapé, complètement absorbée par mon article, j’entends à peine mon compatriote s’installer à l’autre bout du canapé, en silence. Le temps passe, sans que je daigne à un moment donné lever les yeux pour observer ce qui m’entoure, ou pour connaître l’heure, peu importe. Concentrée, je suis bien décidée à terminer cet article aujourd’hui, avec un style parfait qui accrochera l’attention du lecteur, et ce malgré le sujet relativement banal qu’on m’a confié comme mise à l’épreuve. Je m’accorde simplement un court intermède, le temps d’aller me faire un café, compagnon obligatoire de boulot. Je ramène également une tasse pour Vitto, sans qu’il ait rien demandé, au cas où. Désireuse de ne pas troubler ses apparentes révisions quand il n’a pas perturbé l’écriture de mon article, je pose le mug près de lui, sur la table basse, en silence, avant de retourner m’assoir. Le temps recommence à s’égrainer lentement, tandis que je sirote distraitement la boisson brûlante en relisant et corrigeant les dernières lignes de l’article, attentive au moindre défaut qui pourrait venir ternir le contenu. Parfait. Finalement, je repose ma tasse, vide, sur le table basse, suivie de près par mon ordinateur que j’ai rabattu après avoir sauvegardé le fruit de mes efforts. S’en suit alors une contemplation silencieuse de Vittorio, toujours plongé dans ses fiches.


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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyJeu 21 Nov 2019 - 2:43

Peu importe qu’il ne s’agisse que d’un demi-mensonge – ou d’une demi-vérité, selon ce que l’on choisissait de retenir – il savait que son explication sonnait faux, malgré tout. Probablement parce que lui-même peinait à trouver crédible l’idée selon laquelle Nino se serait suffisamment entiché de quelqu’un pour que cela le persuade de continuer à croupir ici. Et ce n’était même pas qu’il ne l’en croyait pas capable cette fois-ci : il n’imaginait simplement pas son frère du genre à être le canard d’une gonzesse, quelle qu’elle soit. Ça ne collait pas à l’image qu’il se faisait de son cadet. Et malgré tout une partie de lui savait que cela ne voulait rien dire, et qu’il ne connaissait plus de son frère que les embrouilles dans lesquelles il s’était trop souvent fourré … Il ne savait plus qui était son frère, et ce serait un mensonge que d’affirmer que Nino en était l’unique responsable. Si Gaïa avait trouvé la justification de Vitto bancale ou douteuse, elle n’en avait rien dit, et trop heureux de pouvoir s’en contenter l’italien n’avait pas renchéri sur le sujet, préférant de loin saisir au vol l’occasion qu’elle lui donnait de faire à nouveau le malin. L’idée que la journaliste s’attarde à Brisbane de façon indéterminée lui plaisait, bien qu’il ne l’aurait jamais admis dans ces termes, et sans doute pour les mêmes raisons elle n’avait pas été plus loquace sur le sujet, préférant lui offrir de fausses protestations « Es-tu en train de suggérer que mes goûts en matière de nourriture asiatique sont si compliqués que personne d’autre que toi ne pourrait faire un sans faute ? N'exagère pas non plus ... » pour contrebalancer l’expression apparue sur son visage lorsqu’il avait utilisé son pied pour aller caresser sa cheville, l’air de rien. « Attention Vitto, si tu prends trop la grosse tête tu ne pourras plus passer la porte et tu resteras prisonnier de l’appartement que tu embellis … » Posant le plat de sa main contre son torse comme si elle l’accusait de quelque chose de parfaitement injuste, il avait fait mine de jouer les choqués tout en accueillant avec un brin de satisfaction dans le regard l’appel du pied rendu – littéralement – par la jeune femme. « C’est une proposition ? » Quant à savoir s’il faisait plutôt référence à ce qui se passait sous la table ou bien à la possibilité d’être coincé ici, il laissait à Gaïa le soin de décider ce qu’elle préférait comprendre. En ce qui le concernait, le « Bien chef ! » claironné lorsqu’elle avait quitté la table avait suffi à contenter momentanément son égo de mâle alpha, et les restes de repas débarrassés il était studieusement allé rejoindre la journaliste sur le canapé pour se mettre lui aussi au travail.

Si d’ordinaire il n’était pas évident de sortir Vittorio de sa bulle lorsqu’il se plongeait dans un dossier – ou comme ici, dans ses révisions – il ne se sentait ce soir-là pas aussi concentré et studieux qu’il ne l’était habituellement. À plusieurs reprises son regard avait discrètement glissé vers Gaïa pour le simple plaisir de l’observer à la dérobée tandis qu’elle se concentrait ; C’était comme ça qu’il la préférait, comme ça qu’il la trouvait le plus belle. Quand elle semblait tellement concentrée qu’elle aurait pu écraser tel un bulldozer tout ce qui se mettait en travers de son chemin, et qu’elle écrivait en donnant l’impression que sa vie dépendait des mots qu’elle faisait se succéder au bout de son clavier. Che stupido. Secouant vaguement la tête, il s’était replongé dans ses fiches en tentant d’y mettre un peu plus du sien, et sans doute avait-il fini par y parvenir puisqu’il avait à peine prêté attention à l’italienne lorsqu’elle avait quitté le canapé pour préparer du café, son inconscient simplement programmé pour se saisir de toute tasse de caféine fumante posée à portée de sa main. Reviendrait-elle vraiment d’Europe ? À nouveau il songeait à Gaïa, et se rendait coupable de méfiance chronique tout en admettant qu’elle n’avait aucun intérêt à lui servir autre chose que la vérité. Mais la confiance de Vittorio n’était jamais totale, particulièrement lorsqu’on l’avait déjà piétinée une fois, et la pléiade de Et si … qui rimaient avec le retour prochain de l’italienne sur leurs terres natales parasitaient son esprit. Sa tasse de café terminée, il avait tenté de se reconcentrer à nouveau, passant à une nouvelle fiche avec la désagréable impression d’étudier quelque chose dans lequel il ne trouverait jamais un intérêt total. Et finalement, l’impression d’être épié avait terminé de le sortir de sa concentration, un sourire entendu s’étirant sur ses lèvres sans qu’il ne prenne d’abord la peine de lever les yeux vers Gaïa. « Cosa stai guardando ? » Maître dans l’art de poser des questions qui ne nécessitaient pas de réponse, il avait fini par la regarder, d’abord avec un brin de provocation puis la seconde suivante de manière plus sérieuse, constatant la tasse vide posée sur la table basse et l’ordinateur refermé juste à côté. Quelqu’un avait assurément été plus efficace que lui, ce soir. « Terminé ? » À en juger par l’air satisfait qu’elle arborait, il supposait que oui, mais était prêt à la laisser savourer sa victoire en l’affirmant à voix haute. « Ça tombe bien, j’avais besoin d’un massage des cervicales. » D’accord, la laisser savourer sa victoire ET titiller un peu sa patience par la même occasion … Il avait une réputation à entretenir, après tout. « Tu ne voudrais quand même pas que Mamma pense que tu ne t’occupes pas bien d’Eugène ? Faut savoir rendre son mensonge crédible. » Bref, toute envie de continuer de réviser s’était envolée, au cas où elle n’aurait pas bien saisi le message.
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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptySam 23 Nov 2019 - 18:02

Vittorio & Gaïa
I STARED UP JUST TO SEE, WITH ALL OF THE FACES YOU WERE THE ONE NEXT TO ME. YOU CAN FEEL THE LIGHT START TO TREMBLE, WASHING WHAT YOU KNOW OUT TO SEA., YOU CAN SEE YOUR LIFE OUT THE WINDOW TONIGHT. IF I LOSE MYSELF TONIGHT, IT'LL BE BY YOUR SIDE.

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Je n’ai pas à le regarder très longtemps avant que l’expression de son visage ne change. Un sourire vient s’accrocher à sa bouche, alors qu’il ne lève toujours pas les yeux. Il sait pertinemment que je suis en train de le détailler, il doit sentir mon regard lui brûler la peau. Et c’est pour ça que pendant encore quelques secondes, il feint de s’intéresser à ses fiches alors qu’il a échoué à garder une attitude neutre.
« Cosa stai guardando ? »
Comme s’il ne le savait pas. Son sourire l’a trahit avant même qu’il ne prenne la parole, parce que ça m’étonnerait que le contenu de ses révisions ne soit assez drôle pour lui arracher une mimique. Je me garde bien de répondre, et continue à l’épier en silence, alors que son regard à lui dévie rapidement sur mon pc éteint et ma tasse vide, sur la table basse.
« Terminé ? »
À mon tour de sourire. Je me redresse, ramène mes jambes pour me mettre en tailleur, sans chercher à me rapprocher de mon compatriote, pour l’instant.
« Oui. C’était long, mais ça en valait largement la peine. Je l’enverrais demain matin, ce soir il est trop tard. »
Et pour la première fois depuis un sacré long moment, je me sens bien par rapport à mon travail - ou mon absence de travail. Je n’ai pas honte de ce que j’ai écrit, pas honte de le rendre, j’en suis même fière, pour être honnête. Et j’ai repris plaisir à écrire, alors que ces derniers mois c’était presque devenu un calvaire. Alors il n’y a que du positif, pour une fois. C’est le moment que choisit Vitto pour venir me provoquer gentiment.
« Ça tombe bien, j’avais besoin d’un massage des cervicales. »
Forcément. Je ne bouge pas. Il va falloir faire mieux que ça pour me convaincre de me lancer sur ce terrain. Je croise les bras, joueuse.
« Et tu as besoin de moi pour ça? Si tu en as tant besoin, tu aurais dû le faire pendant que je terminais de bosser, au moins tu n’aurais pas attendu pour rien… »
Mais j’attends de voir comment il va réagir, il ne va pas en rester là, penser le contraire aurait été mal le connaître. Je suis curieuse de voir quelle excuse il va invoquer, avec quoi il espère me convaincre.
« Tu ne voudrais quand même pas que Mamma pense que tu ne t’occupes pas bien d’Eugène ? Faut savoir rendre son mensonge crédible. »
Ah. Pas mal. Ce n’est pas vraiment une excuse valable, surtout que ma mère n’est pas avec nous ce soir - et heureusement. Donc, aucun moyen qu’elle puisse me réprimander d’avoir refusé. Dans une autre situation, et avec quelqu’un d’autre, je n’aurais pas cédé. Plutôt mourir! Mais ici… Je me laisse trop facilement convaincre, ce soir. Comme beaucoup d’autres soirs d’ailleurs. Je le fixe encore quelques instants, avant de me lever.
« Si c’est pour la crédibilité de l’histoire alors je n’ai pas le choix… »
Je me rapproche de l’Italien, qui reste dos à moi, le canapé nous séparant. Je pose mes mains sur ses épaules, les laisse glisser doucement de gauche à droite, de droite à gauche, avant de commencer à exercer des pressions circulaires, cherchant vaguement d’éventuelles tensions. Je sens la chaleur qu’il dégage à travers son t-shirt. Après tout, peut-être qu’il en a vraiment besoin, que ce n’est pas uniquement un prétexte. Je sens ses muscles se détendre au fur et à mesure que je progresse le long de ses épaules, pour remonter encore et commence à masser sa nuque. La chaleur de sa peau sous mes doigts s’intensifie, la barrière de tissu n’étant plus présente à cet endroit. Et elle se répand dans mon corps, passant de mes mains à mes poignets, de mes poignets à mes bras, et remontant. Je m’applique encore un peu, avant d’immobiliser mes mains. Ça suffira, pour l’instant du moins. Prise d’une soudaine impulsion, je me penche vers lui et dépose un baiser sur le côté de son cou, à gauche, m’y attarde. Je change de côté, pour aller effleurer de mes lèvres le côté droit de sa gorge, cette fois. Avec cette proximité, je peux l’entendre respirer distinctement. Et je jurerais que son souffle se fait plus court, sans certitude toutefois puisque ce que j’entends le plus ce sont mes propres battements de coeur. Je profite de l’instant. Puis je me redresse, à peine, pour pouvoir chuchoter à son oreille.
« Eugène est-il satisfait de son traitement de faveur? »
Une seconde de plus, et je finis de me redresser, mes mains tardant sur son corps, avant de le quitter pour de bon. Je refais le tour du canapé, me retrouvant du même côté de Vitto, avec l'intention de ramener nos tasses vides en cuisine. Je sens son regard sur moi, mais cette fois-ci, c’est à mon tour de faire comme si de rien n’était, essayant de faire abstraction de la chaleur qui m’a envahie et qui semble ne plus vouloir me quitter.





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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptySam 7 Déc 2019 - 21:48

Il ne savait pas comment elle parvenait à faire ça. Mais le fait était que lorsque Gaïa posait les yeux sur lui, il pourrait jurer qu’il sentait son regard lui chauffer la surface de la peau – une sensation qui lui plaisait autant qu’elle n’avait aucun sens, assurément. Qui lui plaisait assez en tout cas pour lui tirer un sourire mutin, malgré qu’il se forçait à conserver ses propres yeux vissés à sa fiche de révisions, quand bien même son esprit n’était absolument tourné vers l’emmagasinement de connaissances. Accordant finalement à la journaliste toute son attention, il avait questionné sur l’avancement de son article avec un intérêt sincère, bien que l’air serein qu’elle arborait alors que son ordinateur était désormais éteint fasse déjà office de réponse. « Oui. C’était long, mais ça en valait largement la peine. » avait-elle en tout cas indiqué tout en ramenant ses jambes en tailleur. « Je l’enverrais demain matin, ce soir il est trop tard. » Elle semblait satisfaite, plus qu’il n’en avait le souvenir de l’avoir vue jusqu’à présent en faisant son travail depuis qu’ils étaient là, à l’autre bout du monde. Acquiesçant, bien que n’ayant absolument pas fait attention à l’heure qu’il était – suffisamment tard pour que la nuit soit entièrement tombée, en tout cas – il avait tout de même fini par demander « J’aurai le droit de jeter un œil ? » avec un brin de curiosité. « Une fois que tu l’auras envoyé. Que je te porte pas la poisse. » Superstition mise à part, il ne disait pas non au fait de lire ce qui sortait de sa plume – ou son clavier, en l’occurrence – autrement qu’en furetant sur le net à son insu. Mais puisqu’elle en avait en effet terminé pour ce soir, et que la motivation de l’italien à réviser semblait s’être envolée en même temps que l’attention de Gaïa n’avait plus été accaparée par son écran, il avait laissé le naturel revenir au galop et quémandé de l’attention dans une absence totale de subtilité. « Et tu as besoin de moi pour ça ? Si tu en as tant besoin, tu aurais dû le faire pendant que je terminais de bosser, au moins tu n’aurais pas attendu pour rien … » Il aurait bien eu envie de répondre que se contorsionner ne l’aiderait probablement pas à se sentir mieux, mais au lieu de ça il avait préféré papillonner du regard en prétextant « Je crois bien que c’est en relevant la tête vers toi que je me suis fait un début de torticolis … ça mérite bien une petite compensation pour le fait d’être indirectement la fautive dans cette histoire. » Et parce que l’italien n’était pas la moitié d’un cliché lorsqu’il s’agissait de se faire le représentant de ce que ses compatriotes avaient de pire, il avait ajouté une couche de comédie supplémentaire et s’était presque attendu à ce que Gaïa lui conseille d’aller prendre une douche – froide – pour remettre ses cervicales en place tout seul … Mais non. Bien lunée, ou parce qu’au fond cela ne la dérangeait pas tant que ça, la journaliste avait soupiré d’un air résigné en répondant « Si c’est pour la crédibilité de l’histoire alors je n’ai pas le choix … » et quitté le confort de sa place pour passer derrière le canapé. Passé le premier frisson lorsque les doigts de la jeune femme étaient entrés en contact avec sa peau, Vitto avait laissé sa tête retomber en avant et un soupir d’aise lui échapper à chaque nœud sur lequel passait la journaliste ; Il avait joué un peu la comédie, tenté de tirer avantage de la situation, mais maintenant que Gaïa avançait il réalisait qu’il était crispé à longueur de journées. Yeux clos, il s’en serait peut-être satisfait sans broncher si contre sa peau la jeune femme n’avait pas finalement substitué ses mains par ses lèvres, lui tirant un nouveau sourire satisfait et lui faisant pencher la tête sur le côté pour lui laisser plus de latitude. Remontant l’une de ses mains vers elle un peu à l’aveugle, il avait passé une main dans ses cheveux avec un brin de tendresse et s’était délecté de son souffle contre sa peau jusqu’à ce qu’elle murmure « Eugène est-il satisfait de son traitement de faveur ? » et ne le libère de son étreinte avant de s’éloigner. « Eugène est satisfait, il dit qu’il reviendra. » Se laissant glisser un peu plus contre le dossier du canapé avec paresse, Vittorio l’avait observée débarrassant leurs tasses désormais vides, et avait suivi sa silhouette d’un regard envieux sur son chemin jusqu’à l’évier. Le coude posé sur l’accoudoir et la main appuyée contre sa paume, l’italien avait continué d’observer Gaïa d’un air pensif ; Un je ne sais quoi continuait de le chiffonner sans qu’il ne veuille l’admettre. Quittant à son tour le canapé, l’italien avait fait quelques pas dans le salon, pour finalement aller se poster devant la baie vitrée du salon, bras croisés. Il pouvait observer le reflet de la jeune femme dans la vitre, et alors qu’elle jetait à son tour à nouveau un regard dans sa direction il avait demandé  « À part ta famille, y’a d’autres personnes au courant que tu rentres ? » Le front plissé d’un air préoccupé, il avait fait demi-tour pour lui faire à nouveau face. « Mon frère a laissé un sacré boxon sur son passage en partant … Et je sais pas vraiment dans quelle mesure il a balancé ton nom, la première fois. » Il n’avait même jamais osé demander de détails au sujet de ce qui s’était passé la première fois ; Il doutait qu’elle lui aurait fourni une vraie réponse, de toute façon. Jusqu’à maintenant ils avaient s’en étaient surtout tenus à éviter les sujets qui fâchaient. « Tu seras prudente ? » Rarement jusqu’à présent n’avait-il eu l’occasion de lui servir un regard aussi grave et sérieux. Mais la vérité c’est qu’il s’inquiétait, conscient que ses histoires de familles avaient déjà fait leur lot de dégâts, et désireux de ne pas voir le nom de Gaïa s’ajouter à la liste des dommages collatéraux.
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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyDim 8 Déc 2019 - 14:51

Vittorio & Gaïa
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Le petit sourire espiègle qui s’affiche sur son visage alors même qu’il est toujours focalisé sur ses fiches me prouve que j’ai bel et bien réussi à capter son attention, même s’il tente de faire croire le contraire. Heureusement, il ne tient pas très longtemps, et finit par relever la tête pour me demander si j’ai terminé, comme mon ordinateur clapet fermé le laisse supposer. Fière, avec un sourire sincère, je lui avoue que j’ai tout bouclé pour la soirée. Et je me sens bien plus légère maintenant.
« J’aurai le droit de jeter un œil ? »
Surprise, je le regarde dans les yeux. Je ne m’attendais pas à ça, c’est certain.
« Une fois que tu l’auras envoyé. Que je te porte pas la poisse. »
De ce que j’ai compris, c’est de la pure curiosité. Et j’en suis un peu étonnée, en fait. Je ne pensais pas que ça l’intéresserait, surtout que le sujet donné n’est pas incroyable, il est plus que banal même. Mais sa réaction me fait plaisir, et un petit frisson d'orgueil parcourt ma peau.
« Je vois pas pourquoi tu me porterais la poisse… Alors bien sûr que tu as le droit. Je t’en enverrais même une copie, si tu veux le lire en avant-première. Je ne suis pas superstitieuse. Mais si toi tu as peur, tu n’auras qu’à ouvrir la pièce jointe après la publication. »
Un clin d’œil et un changement de sujet plus tard, il quémande un massage des cervicales, dont je doute qu’il ait réellement besoin. Je n’ai pas envie de céder à sa demande si facilement. Alors je le cherche, et naturellement, il me suit.
« Je crois bien que c’est en relevant la tête vers toi que je me suis fait un début de torticolis … ça mérite bien une petite compensation pour le fait d’être indirectement la fautive dans cette histoire. »
Mais bien sûr… Je secoue la tête, amusée. Et comme si ça ne suffisait pas, il en rajoute une couche, cette fois-ci en impliquant ma mère et notre petit mensonge à propos d’un certain Eugène. Ce n’est pas une excuse valable, loin de là. Rien de ce qu’il m’a dit ne serait une excuse valable, étant donné que je sais qu’il ne faisait que jouer. Mais pourtant, je  me laisse convaincre. Trop facilement. Mais il sera temps de m’en vouloir plus tard pour cette petite faiblesse. Pour l’heure, je me lève, capitulant d’une phrase, avant de faire le tour du canapé, l’utilisant comme séparateur. Je me rends vite compte en sentant son corps sous mes doigts qu’un massage n’est peut-être pas si inutile finalement. Je ne suis pas la seule à être tendue en ce moment. Lentement, je laisse glisser mes mains sur sa peau, essayant de délier les noeuds, m’attardant sur les points les plus raides. Je le sens se détendre au fur et à mesure, si bien qu’au bout d’un moment, après avoir apaisé la grande majorité des tensions qui l’habitaient, je décide d’aller effleurer ma gorge de mes lèvres. Chose qu’il semble apprécier, puisque qu’il bouge légèrement de façon à dévoiler plus de peau à venir embrasser. Il lève une main, la passe doucement dans mes cheveux, avec une délicatesse qui me laisse ébranlée. Je mets fin à cet instant tendre pour aller chuchoter à son oreiller, et sa réponse me parvient alors que j’ai refait le tour du canapé pour me rapprocher de lui à nouveau.
« Eugène est satisfait, il dit qu’il reviendra. »
J’ai un petit rire. C’est presque trop facile. Je récupère nos tasses, vides, et me dirige vers la cuisine. Un bref coup d’oeil dans la direction de l’Italien, qui n’a pas bougé du canapé, me confirme l’impression qui ne me quittait pas: il est bel et bien en train de m’observer. Je nettoie rapidement les récipients, reportant mon attention dessus pour éviter la casse. Je mets le tout à sécher, et quand je me retourne, Vittorio a changé de place. Bras croisés devant la baie vitrée du salon à laquelle il fait face, décalqué sur le fond sombre de l’extérieur nocturne, c’est pourtant moi qu’il regarde, si j’en crois son reflet.
« À part ta famille, y’a d’autres personnes au courant que tu rentres ? »
Sur le coup, sa question me prend au dépourvu. Pourquoi est-ce qu’il me demande ça? Plus que sa phrase, c’est son ton qui me décontenance.
« Quoi? Pourquoi? Enfin, il y a quelques amis aussi qui le savent, mais sinon je ne pense pas, je ne l’ai pas crié sur tous les toits… »
Je ne comprends toujours pas, et attend patiemment qu’il s’explique. Quand il se retourne vers moi, son air soucieux m’inquiète.
« Mon frère a laissé un sacré boxon sur son passage en partant … Et je sais pas vraiment dans quelle mesure il a balancé ton nom, la première fois. »
Le sujet abordé me touche plus que je le voudrais, et je me renfrogne immédiatement. Les souvenirs remontent sans que je puisse rien y faire, et je me mets à trembler légèrement. Déstabilisée, je revois mon reflet après l’agression, bleu et violet. Le fait est que je ne sais pas non plus ce que Nino avait dit aux agresseurs. La seule chose que je peux déduire, c’est qu’ils n’avaient pas pour ordre de me tuer, sinon ils l’auraient fait. Dans la réalité, ils se sont simplement contentés de m’envoyer à l’hosto, avec des images suffisamment marquantes pour me filer des insomnies puis des cauchemars pendant des mois, et encore aujourd’hui, à de rares occasions.
« Il n’a pas commandité mon assassinat, c’est ce qu’il faut retenir. Mais il a réussi à m’envoyer à l’hosto, ce qui est déjà pas mal de mon point de vue. S’il n’y a pas eu d’autres représailles après ça, c’est sûrement que c’était tout. »
J’ai mis les pieds dans le plat, alors qu’on avait évité d’en parler jusqu’à maintenant. Mais puisqu’il a lancé le sujet, autant crever l’abcès tout de suite. J’espère ne pas avoir jeté un froid.
« Tu seras prudente ? »
Je me rapproche de lui, jusqu’à me retrouver en face, si près que je peux l’entendre respirer.
« Serais-tu en train de t’inquiéter pour moi? »
Il ne bronche pas, son visage affichant une gravité que je lui ai rarement vu. Moi qui pensais accompagner ma phrase d’un sourire espiègle je laisse tomber, compte tenu de la tournure sérieuse prise par la conversation.
« Bien sûr que je serais prudente. C’est promis. »
Ceci étant dit, je laisse mes mains glisser sur ses bras et remonter jusqu’à encadrer son visage. Je prends un instant pour l’observer, avant de venir déposer un baiser sur ses lèvres, comme pour sceller la promesse que je viens de lui faire. Promesse que je n’ai pas formulé à la légère, et que je compte bien respecter. Je me recule légèrement, sans rompre le contact physique.
« Tu sais, si tu es vraiment inquiet, le meilleur moyen de t’assurer de mon bien-être serait de m’accompagner… »
Je souris, redonnant un peu de légèreté à notre conversation. Je n’ai pas pu m’empêcher de revenir là dessus, peut-être parce qu’au fond j’aimerais qu’il change d’avis. Uniquement pour avoir un allié dans ce mariage, bien sûr, et pas pour une quelconque autre raison. Et alors que je m’apprête à rajouter quelque chose, pour changer de sujet, je  commence à rire en voyant son expression.




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Message(#)(vittaïa) washing what you know out to sea EmptyLun 6 Jan 2020 - 18:00

On pourrait bien moquer sa méfiance excessive, Vitto avait appris à toujours envisager les plus mauvais scénarios afin de ne pas se laisser surprendre. Et bien qu’il doutait que l’influence ou les finances de Nino lui permettent de s’assurer une fidélité de service aussi longue, il connaissait aussi la tendance de son frère à mettre le doigt dans des engrenages bien trop gros pour lui dès lors qu’on lui faisait miroiter des miettes. Sous la nonchalance des débuts, l’italien se sentait donc plus soucieux à mesure qu’il réfléchissait à ce qu’impliquait le retour de Gaïa sur leurs terres natales, comme s’il y voyait un mauvais augure. « Quoi ? Pourquoi ? » s’en était automatiquement méfiée la concernée lorsqu'il avait osé questionner, avant de néanmoins répondre « Enfin, il y a quelques amis aussi qui le savent, mais sinon je ne pense pas, je ne l’ai pas crié sur tous les toits … » avec prudence. Semblant ne s’en satisfaire qu’à moitié, Vitto avait affiché une moue dubitative avant de finalement consentir à lui livrer le fond de sa pensée. Un exercice qui lui donnait l’impression de jouer au funambule, tant ils avaient jusque-là tout fait l’un comme l’autre pour éviter d’avoir cette discussion, adoptant de manière tacite la même technique de l’évitement. « Il n’a pas commandité mon assassinat, c’est ce qu’il faut retenir. » avait alors fait remarquer la jeune femme, sans qu’il ne sache bien dire si elle ironisait ou non. « Mais il a réussi à m’envoyer à l’hosto, ce qui est déjà pas mal de mon point de vue. S’il n’y a pas eu d’autres représailles après ça, c’est sûrement que c’était tout. » L’italien n’avait pas su retenir le rictus venu barrer son visage, partagé entre l’envie d’en savoir plus et la certitude que cela ne ferait que fragiliser ses relations déjà compliquées avec Nino. « Sans doute ... tu as raison. » Difficile de dire qui il tentait le plus de convaincre entre elle et lui. Mais sentant qu’il avait mis Gaïa mal à l’aise, il avait secoué la tête « Oublie, c’est moi qui vois le mal partout. » et s’était contenté de s’assurer à demi-mot qu’elle ferait preuve de prudence. Allant à pas feutrés le rejoindre près de la fenêtre, elle avait arboré son air le plus léger pour insinuer « Serais-tu en train de t’inquiéter pour moi ? » sans obtenir toutefois l’effet qu’elle semblait escompter. Il s’apprêtait à lui faire remarquer sa désinvolture, mais reprenant « Bien sûr que je serais prudente. C’est promis. » d’un ton plus sérieux elle avait laissé ses mains remonter le long de ses bras tandis que lui passait les siens autour de sa taille en acquiesçant « S’il te plait. » Il préférait qu’elle pêche par excès de prudence que par excès de confiance – et être sur ses gardes ne faisait jamais de mal. Scellant sa promesse par un baiser, elle avait fait un pas en arrière pour le jauger, et Vitto quant à lui avait tenté de retrouver un semblant de nonchalance. « Tu sais, si tu es vraiment inquiet, le meilleur moyen de t’assurer de mon bien-être serait de m’accompagner … » Arquant un sourcil d’un air surpris, il avait d’abord attendu qu’elle démente toute seule, puis voyant qu’elle ne le faisait pas il avait demandé d’un ton incertain « Tu … sérieusement ? » Plus que déplaisante, la perspective lui paraissait surtout … incongrue. Comme si, malgré le fait qu’il ait plaisanté à ce sujet un peu plus tôt dans la soirée, il n’avait pas un seul instant envisagé cette possibilité. « Je pense pas que ce soit une bonne idée. » Le regard fuyant, l’air soudainement mal à l’aise, l’italien s’était fait plus bourru qu’il ne l’aurait souhaité dans sa manière de répondre et n’avait compris sa maladresse qu’à la manière dont Gaïa l’avait regardé en retour. « Non mais, je disais pas ça pour toi … » Saisissant les mains de la jeune femme dans les siennes, plus concerné qu’il ne voudrait l’admettre par la possibilité de l’avoir froissée, il avait démontré d’une certaine hésitation avant de reprendre la parole, cherchant une meilleure manière de présenter les choses. « Je préfère pas remettre les pieds en Campanie. Pour tout un tas de raisons. » Il n’était pas certain qu’il trouverait le courage de revenir s’enterrer ici ensuite, pour commencer. Sans compter que parmi les gens qui ne manquaient plus désormais de vouloir faire la peau à Nino, il y en avait sans doute bien quelques-uns que plomber l’un de ses frères en compensation ne dérangerait pas … Mais ça, il préférait le garder pour lui. « Et puis tu m’imagines vraiment tenir le crachoir à Dieu sait quel membre de ta famille, devoir expliquer comment on se connait, tout ça … ? » La question avait un côté purement rhétorique, car lui ne l’imaginait pas du tout. Sans compter que cela donnait à sa relation avec Gaïa une dimension à laquelle il n’était pas préparée, un caractère officiel dont il n’était pas certain de vouloir pour la simple et bonne raison que la zone grise et incertaine dans laquelle ils se trouvaient actuellement lui convenait suffisamment pour ne pas avoir envie de bousculer les choses. « Fais juste attention à toi quand tu seras là-bas. » Puisque ses mains tenaient toujours celles de la journaliste, il en avait fait remonter une jusqu’à sa bouche et avait déposé un baiser sur ses doigts avec la visible intention d’en faire un point final à la discussion.
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