I STARED UP JUST TO SEE, WITH ALL OF THE FACES YOU WERE THE ONE NEXT TO ME. YOU CAN FEEL THE LIGHT START TO TREMBLE, WASHING WHAT YOU KNOW OUT TO SEA., YOU CAN SEE YOUR LIFE OUT THE WINDOW TONIGHT. IF I LOSE MYSELF TONIGHT, IT'LL BE BY YOUR SIDE.
Je ne mets pas longtemps avant d’accepter d’être prudente, et c’est n’est pas uniquement parce que c’est lui qui me le demande. Il a émit des inquiétudes, légitimes au vu du passé, et ça n’a fait que me convaincre de rester sur mes gardes une fois là-bas, puisqu’on ne sait jamais. Je m’en veux même de ne pas avoir pensé avant lui que la situation pourrait dégénérer. Je lui propose quand même de m’accompagner, prétextant qu’ainsi il pourrait s’assurer qu’il ne m’arrive rien et que ça soulagerait son inquiétude, alors qu’en vérité la plus grosse motivation de cette demande est que j’ai envie qu’il m’accompagne, tout simplement. Même si je ne l’avouerais pas à voix haute, puisque c’est déjà dur de me l’avouer à moi-même. Sa réaction ne se fait pas attendre.
« Tu … sérieusement ? »Il a clairement l’air surpris, et devant l’effet que ça lui fait, j’essaye de ne pas perdre contenance, laissant échapper un petit rire qui sonne faux. Subitement, il détourne le regard, comme s’il ne se sentait plus capable d’affronter la situation.
« Je pense pas que ce soit une bonne idée. »Blessée plus que je l’aurais cru par une réponse dont j’aurais pu me douter, je me crispe et lutte pour ne pas détourner les yeux à mon tour. Je ne réponds rien, et c’est sûrement à cause de ça qu’il semble finalement remarquer mon trouble, et prend un air coupable, essayant de se rattraper, pour ce qu’il a dit, ou pour la façon dont il l’a dit.
« Non mais, je disais pas ça pour toi … »Il attrape mes mains et les emprisonne dans les siennes, quand je décide de les lui laisser. Tenter de les retirer, tout comme lui en vouloir de sa réponse, aurait été puéril. Il semble incertain, il a l’aspect de quelqu’un qui cherche ses mots pour ne pas envenimer une situation.
« Je préfère pas remettre les pieds en Campanie. Pour tout un tas de raisons. »Un tas de choses dont il ne préfère pas me parler pour l’instant, et c’est un choix que je respecte. Si un jour il décide de m’en parler, ce ne sera certainement pas parce que je lui aurais tiré les vers du nez. Alors même si je brûle d’envie de savoir, je n’ajoute rien et attend patiemment qu’il continue.
« Et puis tu m’imagines vraiment tenir le crachoir à Dieu sait quel membre de ta famille, devoir expliquer comment on se connait, tout ça … ? »Pour être honnête, imaginer la situation qu’il vient d’évoquer est assez étrange. Je lui ai proposé de m’accompagner, c’est vrai, mais je n’avais pas visualisé l’évènement. Et imaginer ma mère, mes tantes ou n’importe quel autre membre féminin de ma famille en train de cuisiner Vittorio sur un tas de choses, en lui demandant détails et précisions en tout genre me met vaguement mal à l’aise.
« Tu as raison. Ce serait trop compliqué, alors oublie d’accord? C’était juste une idée en l’air. »Pas de quoi polémiquer pendant des heures. Tant pis. Je sais d’avance que juste une petite photo, un prénom et une histoire vague ne convaincra pas à 100% ma mère, mais ça suffira pour combler les trous pour mes quelques jours de présence. Et puis il y aura suffisamment de monde pendant le mariage pour que je puisse éviter certaines entrevues. Mon attention revient vers Vittorio, qui a gardé mes mains dans les siennes jusqu’à présent.
« Fais juste attention à toi quand tu seras là-bas. »Je hoche la tête, alors que l’Italien m’arrache un frisson quand ses lèvres viennent embrasser l’une de mes mains.
« Ne t’inquiète pas pour moi. Je serais prudente, et bien entourée pendant ces quelques jours. Je penserais à t’envoyer des preuves, pour que tu ne te ronges pas les sangs en mon absence. »Je lui fais un clin d’oeil, taquine. La discussion étant close pour de bon, je me détourne légèrement vers la cuisine, cherchant l’horloge. Dans la pénombre qui s’est installée, j’ai un sourire en prenant conscience de l’heure tardive, alors que je me retourne vers Vittorio.
« N’espère plus repartir à cette heure. Tu risques de manquer à ta colocataire, mais en tant que privilégié, tu auras droit au petit déjeuner demain matin… »Comme d’habitude. Entrelaçant mes doigts aux siens, je l’attire vers moi et l’entraîne au ralenti vers la chambre à reculons, l’une de mes mains se libérant pour passer sous son t-shirt et caresser sa peau. Trouvant ses lèvres et obtenant un premier soupir, le premier d’une longue série nocturne, je ferme les yeux.
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