“Sometimes love is not enough and the road gets tough. ”
« Il faut que t’arrête de toujours me mettre sur un piédestal en te disant que je suis parfait et que tu me mérites pas. Parce que c’est faux. Je suis loin d’être parfait Alex. Je t’aime avec tes qualités mais avec tes défauts aussi. » Je t'aime ! Moi aussi je t'aime. Je veux lui crier ces mots, mais au fond il le sait déjà parce que j'ai du lui dire dans mon flot continu de paroles. Mais lui me le dit, il me dit ces mots si symboliques, et surtout il m'aime avec mes qualités et mes défauts. Et bien au moins avec l'une des deux catégories il est servit. Et il peut me répéter encore et encore qu'il n'est pas parfait, et au fond j'en ai conscience, mais à coté de moi, il ressemble tout de même au mec parfait. Parce que même ses défauts sont mignons à lui. Il n'a pas mon caractère destructeur, c'est même tout l'inverse. Il n'est pas lâche, il assume ce qu'il fait. Il ne baisse pas les bras, il se bat pour ce qu'il désire. Il ne fait pas souffrir ses proches, il les soutient. Il n'est pas moi, il est même tout l'inverse de moi et c'est ce qu'il me plaît tant chez lui. Alors il pourra me répéter encore et encore que j'ai tord de penser que je ne le mérite pas, je sais qu'au fond, lui mérite mieux qu'une fille comme moi. Il mérite quelqu'un qui puisse prendre soin de lui, quelqu'un qui puisse lui apporter la stabilité qu'il recherche, pas quelqu'un comme moi en somme. « Mais tu peux même pas t’imaginer à quel point j’ai eu mal le jour où j’ai compris que tu reviendrais pas. » Et prends ça Alex. Une phrase gentille et derrière un reproche. Et je baisse les yeux honteuses. Je l'ai fais souffrir à l'époque, je le fais souffrir en ce moment. Finalement c'est notre histoire, on est voué à s'aimer mais à se faire souffrir ? Enfin à souffrir tout les deux par ma faute ? Et j'ose lui demander s'il pense pouvoir me pardonner. J'ose lui demander malgré le fait qu'il m'ait avoué avoir souffert par ma faute. J'ose parce que j'ai besoin de sa réponse. Besoin de savoir. Il me regarde, silencieux. Et chaque seconde de silence semble me serrer le cœur un peu plus. J'attends la sentence qui ne devrait plus tarder à arriver. J'attends son verdict pour savoir de quoi sera fait ma vie. Je sais que je le veux, lui, je sais que c'est de lui dont j'ai besoin et envie dans ma vie. Lui et personne d'autre et s'il venait à me demander de renoncer à lui, je ne sais pas comment je pourrais gérer l'avenir. J'ai peur de le voir ouvrir la bouche pour parler, et pourtant j'ai besoin de cette réponse. Depuis cette nuit avec lui, et cette journée passée en sa compagnie dans son appartement coupée du reste du monde, j'ai compris que mes sentiments pour lui n'avaient jamais faiblis. Et je suis destinée à l'aimer toute ma vie ? Est-ce que je crois d'abord en ces choses là moi ? Est-ce que je crois au coup de foudre ? Est-ce que je crois en la notion d'âme sœur ? Non je n'y crois pas, et merde pourquoi je me questionne sur ça maintenant ? Parce qu'il met trop de temps à répondre et que j'ai peur de ce que ce silence cache. Est-ce qu'on peut être lié à une seule et même personne toute sa vie ? Est-ce que je peux vivre en renonçant à l'idée d'aimer un jour quelqu'un comme j'aime Caleb ? Malgré la distance, malgré l'absence, malgré les secrets et la douleur de notre histoire. Pourquoi il faut que mon cœur soit toujours aussi obnubilé par ce type ? Pourquoi, j'ai pas su résister à ce type il y a un mois ? Pourquoi je n'ai pas su rester loin de lui ? Pourquoi quand je le regarde, je sais que c'est de lui dont je suis amoureuse ? Je n'ai aucune certitude dans ma vie. JAMAIS. Je doute de bien trop de choses, cherchant à oublier mes incertitudes dans mon comportement à risque. Je ne suis jamais sûr de rien, mais pourtant je suis sûr que c'est lui que je veux aimer, que je veux embrasser, à qui je veux confier mon corps et ma vie. Et son silence me plonge dans bien trop d'incertitudes et de questionnements dont je me serais bien passé sur le moment. Je me demande pourquoi de tout les mecs que j'avais laissé me toucher, je n'avais pas pu ressentir la moindre étincelle pour l'un d'eux, pourquoi aucun n'avaient réussi à me faire oublier ce gars de Warwick ? Pourquoi aucun n'avait réussi à m'avoir complètement, j'aurais pu l'oublier et m'éviter ce moment affreux, j'aurais pu tourner la page et peut être arrêter de penser au passé, de penser à lui et à ce que j'avais fais pour le perdre. Peut être qu'on aurait pu vivre heureux tout en étant séparés ? Il avait réussi lui, avant que la vie ne soit cruelle avec lui, mais il a prouvé qu'on pouvait être heureux l'un sans l'autre. Du moins lui le peut et je crains qu'il ait cette pensée en tête avant de me répondre. Je crains qu'il comprenne que je lui apporte plus de malheurs que de bonheurs. Je crains qu'il n'ait été lassé de moi, de mes craintes, de mon instabilité émotionnelle, de mes choix impossibles à comprendre. Je crains qu'il pense que la douleur que je lui inflige constamment ne vaille pas le coup de se battre pour nous. Et est-ce que je pourrais le blâmer ? Je reviens dans sa vie pour tout détruire après l'avoir laissé détruit après mon départ. Alors qui pourrait vouloir s'infliger encore tout ça une nouvelle fois ? Il m'a vu telle que je suis devenue, une fille qui boit seule dans les bars, une fille qui se drogue, une fille incapable d'être stable, alors pourquoi il voudrait gâcher sa vie avec moi ? Parce qu'il m'aime ? Parce qu'il me la dit ? Mais est-ce qu'il m'aime assez pour me pardonner ? C'est visiblement la question qu'il se pose alors que ce silence commence à devenir réellement intenable. Il baisse les yeux, après m'avoir fixé de longues secondes, ou minutes, ou heures j'en sais rien, juste que c'est bien trop long. « Je sais que je peux te pardonner. Mais je vais avoir besoin de temps. » Et il relève la tête vers moi. « J’ai besoin de temps. » Et heureusement qu'il le répète parce que mon esprit est resté sur ces mots 'je sais que je peux te pardonner'. Il ne dit pas qu'il va me pardonner, mais qu'il est certain d'en être capable. Il en est capable, est-ce qu'il le veut maintenant ? Il peut le faire, mais en a t-il envie ? Mais s'il n'en avait pas envie, il ne m'aurait pas dit ça comme ça non ? Je reste muette, il a réussi à me faire taire. Moi qui parle beaucoup trop quand je suis stressée, anxieuse, inquiète, là je ne sais quoi lui dire. Sûrement par peur de tout gâcher encore ? Et pourtant j'en aurais tellement des choses à lui demander. Et la première serait sans doute, 'tu as besoin de combien de temps ?'. Mais c'est pas une question qui se pose et encore moins une question à laquelle il pourra m'apporter de réponse. Je le sais, j'ai encore un semblant de lucidité, je suis sobre rappelons ce fait devenu si rare ces derniers temps. Je le suis parce qu'il me l'a demandé. Alors je peux réfléchir avec logique, même si prêt de lui, j'en perds parfois la cohérence de ma pensée. Comme le jour ou je l'ai embrassée chez lui. Mais non, je ne dois pas le faire là, pas ici, pas comme ça. Mais il peut me pardonner ? Il peut vraiment tout me pardonner. « Est-ce que tu pourras m'aimer à nouveau ? » Et c'est tellement con comme question, mais c'est irréfléchie, instantanée. Je n'aime pas celle que je suis face à lui, là maintenant. Parce que je me sens si vulnérable, si fragile. Mais je me dois de lui poser cette question, elle s'impose à moi sans que je puisse y trouver un sens. Mais elle est dite et j'en comprends la nécessité. Parce qu'au fond son pardon, sans son amour est-ce que ça pourrait me suffire ? Je sais que non, mais suis-je quand même capable de me contenter de ça ? De savoir qu'il a accepté mes erreurs, qu'il m'a pardonné et qu'il ne m'en veut plus ? Suis-je capable de le laisser vivre sa vie sans moi et suis-je capable de vivre ma vie sans lui ? Suis-je capable d'accepter enfin mon passé si lui le fait ? « J'ai besoin de toi. » Et je suis sûre de lui avoir déjà dit, mais je lui redis parce que même s'il a besoin de temps pour me pardonner, je veux qu'il sache que j'ai réellement besoin de lui. Non, non, je ne lui mets aucune pression, ce n'est pas mon genre, et on va y croire à celle là. Je vais accepter (du mieux que je peux), le temps dont il a besoin, le temps qu'il lui faudra pour digérer cette vérité, cette réalité et pour me pardonner. Mais avant de le voir partir pour une durée indéterminée, je veux être sûre qu'il sache que je tiens à lui. « Moi aussi j’ai besoin de toi Alexandra. Et j’ai vraiment pas envie de te perdre. » Alexandra, ça fait très solennel ça Caleb, un peu trop pour ce genre de déclaration non ? A moins que ce soit une déclaration d'amour ? Parce que l'usage de mon prénom est soit pour des choses très positives, soit très négatives, comme le jour ou j'ai appris que j'étais enceinte de lui, c'était Alexandra Clarke et pas juste Alex. Comme le jour ou j'ai assisté à l'enterrement de ma mère et que mon prénom entier était annoncé par le prêtre ? Alexandra. Comme le jour ou il m'a dit je t'aime pour la première fois, Alexandra. Parce que pour tout le reste c'était Alex, enfin la plupart du temps. Et je grave ces mots dans ma mémoire. J'ai besoin de toi, j'ai vraiment pas envie de te perdre. Ça semble positif ça non ? Tout ce que je sais, c'est que ce qu'il dit me donne envie de l'embrasser, de m'accrocher à lui et de lui demander de ne pas partir. Mais, il m'a répété à deux reprises qu'il avait besoin de temps, et j'ai déjà rendu les choses compliquées un nombre de fois incalculables. Alors je me retiens, je reste stoïque, je garde mes espoirs à l'intérieur, je garde mon envie de sentir son torse contre moi, je garde mon envie de me blottir contre lui. Je garde tout mes désirs des plus simples ou plus fous, je reste juste devant lui à le regarder. Parce que si j'ai pu avoir des moments ou le regarder me demandait un effort surhumain, désormais c'est détourner le regard qui me semble impossible. Et j'ai peur. Peur de ce que je ressens, parce que je ne suis pas cette fille, enfin je ne suis plus cette fille. J'ai peur parce que je suis face à lui, vulnérable et bien trop fragile. Peur parce que je réalise que je viens de me dévoiler totalement à lui et que j'ai réussi à le retenir. Et ça ne devrait pas me faire peur au fond, parce que c'est ce que je voulais non ? C'est ce que je veux, qu'il sache que je tiens à lui. Qu'il m'écoute et entende mes mots, mes sentiments pour lui. Mais j'ai peur, parce que maintenant il est prêt à me pardonner, il me l'a dit et s'il est prêt à faire ça, c'est parce qu'il tient encore un peu à moi. Parce qu'il n'a pas été assez déçu ou blessé par mon comportement pour ne plus vouloir me laisser une chance. Et je n'ai finalement peut être pas tout fais foirer, je n'ai peut être pas tout gâché et au fond j'ai peur, parce que je veux qu'il soit prêt de moi, mais je ne veux pas le blesser. Putain de contradictions. Est-ce que je peux l'aimer sans le blesser ? Est-ce que je peux juste l'aimer sans lui faire du mal ? Sans nous faire du mal ? Et merde, j'ai peur de moi même. « Je veux pas te perdre Caleb, je ne veux plus être loin de toi. Mais promets moi de te protéger de moi, je ne veux pas te faire du mal, je ne veux plus te faire de mal, mais j'ai peur d'en être incapable. » Et merde, pourquoi je lui dis ça moi ? Pourquoi je lui dis de se protéger de moi, il ne m'a même pas encore pardonné, il a encore besoin de temps et moi je lui dis de se méfier de moi. Rappelez-moi de ne jamais être mon propre avocat en cas de soucis, je serais capable de m'accuser moi même … « Je ne voulais pas dire ça Caleb. Mais je suis tellement perdue par moment, et je ne veux pas que mes problèmes t'affectent. Mais je te promets une chose, je ne fuirais plus, Jamais. » C'est une bien maigre promesse, mais c'est actuellement la seule que je peux lui faire. Avant d'en savoir plus sur ses intentions pour nous. « Et je te laisserais le temps dont tu as besoin. » Encore une promesse que je ne suis pas certaine de pouvoir tenir, mais si je dois rester loin de lui, pour lui, à sa demande, je pourrais le faire. J'ai envie de lui prendre la main, de pose ma tête contre lui une dernière fois avant de le voir partir. J'ai besoin de le sentir contre moi, que tout ceci soit réel, que ces mots soient réels. Mais je ne fais rien, je reste toujours face à lui, et je joue maladroitement avec mes mains. Je crois que ça fait bien longtemps que je ne me suis pas sentie aussi fragile, aussi dépendante de quelqu'un. Mais j'accepte de remettre la suite de ma vie entre ses mains. Et en attendant qu'il prenne le temps nécessaire, je devrais trouver un moyen d'avancer sans lui. Mais que c'était dur de réaliser qu'au fond j'avais cessé d'avancer et d'être quelqu'un de bien le jour ou je l'avais sorti de ma vie ? Que c'était dur de se rendre compte que mon bonheur ne semblait s'écrire qu'avec lui. Mais merde, il a le pouvoir de m'adoucir et je ne sais pas si je suis prête à être sensible, douce, parce que cette vie est bien trop dur … Et que je ne sais pas encore gérer ma souffrance avec dignité et force.
“Sometimes love is not enough and the road gets tough. ”
Elle a réussi à complètement me déstabiliser. Simplement avec quelques mots, quelques phrases qui peuvent pourtant paraître anodines. Elle est désolée, pour tout un tas de choses, elle était heureuse avec moi, elle m’aime, elle m’aimait, elle avait besoin de moi. Pourtant ça ne l’a pas empêché de partir et de me laisser derrière elle comme la dernière des merdes. Les mots qu’elle vient de me dire sont en contradiction totale avec tout ce qu’elle m’a dit juste avant que je ne me lève pour la laisser en plan à la table de ce café. Elle m’a dit qu’on aurait jamais pu être heureux, qu’elle ne croyait pas en nous, et pire encore ; qu’elle avait fini par être d’accord avec tout le monde sur le fait que nous ne sommes pas faits pour être ensemble. Et c’est ça qui m’a le plus fait mal. Je ne comprends pas comment elle a pu penser ça. Et donc j’ai cette désagréable impression que durant cette année où nous avons été ensemble, j’étais très certainement le seul investi dans cette relation. Le seul qui y croyait un minimum. Au final elle a peut-être raison, on aurait pas pu être heureux. C’est ce que j’ai fini par lui dire, et honnêtement ? Non je ne regrette pas ces mots. Parce que c’est vrai. Si elle pense vraiment tout ce qu’elle m’a dit, on aurait pas pu être heureux non. Et on ne pourra pas non plus l’être dans un futur tout à fait hypothétique. « Est-ce que tu pourras m'aimer à nouveau ? » À quoi bon ? Pour encore une fois être le seul d’entre nous investit dans cette relation ? Pour être le seul à être prêt à tout pour que ce « nous » puisse fonctionner ? Pour lui laisser encore la possibilité de me faire du mal ? Pour me retrouver encore complètement fou amoureux de cette femme, lui donner absolument tout ce que j’ai pour au final me réveiller un matin et me rendre compte qu’elle m’a encore abandonné ? Pour lui laisser la chance de me faire encore un peu plus mal ? Pour qu’elle puisse continuer à m’enfoncer ? Comme si j’en avais pas assez bavé comme ça ces dernières années ? Franchement, je ne suis pas sûr d’avoir envie de tout ça. De toute façon je n’ai plus aucune confiance en elle. Elle m’a pris pour un con depuis qu’on s’est retrouvés. Même si je sais que ce n’était pas forcément volontaire de sa part, le résultat c’est le même. Je suis encore peut-être un peu trop long à répondre à sa question. Sûrement parce que je ne sais pas quoi lui dire. Je n’ai pas envie de lui donner une réponse négative parce que moi contrairement à elle, je ne peux pas supporter de la faire souffrir, de lui faire le moindre mal. Mais je ne peux pas lui répondre positivement et lui donner de faux espoirs. Je sens qu’elle me regarde mais alors que moi j’avais toujours le regard baissé, je finis par la regarder. « J’en sais rien Alex. » Tu m’en demandes beaucoup trop en si peu de temps. Et je ne sais pas si elle s’en rend compte. Je suis complètement perdu et je sais qu’elle pourra facilement le voir sur mon visage. « Je sais pas, je peux pas répondre à ta question. » Pas tout de suite, pas maintenant. Je lui ai dit que j’avais besoin de temps et ça compte aussi pour ce genre de question. Je l’aime, ça c’est sûr. Mais je ne sais pas si un jour je serais capable de me lancer dans une relation avec elle. J’ai pas envie de souffrir, encore. J’en ai marre d’en prendre toujours plein la gueule. Peut-être que je devrais arrêter d’être si gentil, parce que la gentillesse ça ne me réussit pas. Je fais tout pour protéger ceux que j’aime et au final, c’est toujours moi qui finit par souffrir. « J'ai besoin de toi. » Et je la regarde, sans rien dire au début. Elle a besoin de moi. Oui moi aussi j’ai besoin d’elle et c’est bien ça le problème. Ce serait tellement plus simple si je n’avais pas toujours ces foutus sentiments pour elle. Si j’étais capable de lui demander de partir et de me laisser tranquille, lui dire que je n’ai plus jamais envie de la revoir. Mais c’est tellement faux. Je veux encore passer du temps avec elle, encore et encore. Et je ne veux surtout pas la voir partir. Pas encore. Pas une deuxième fois. Ça a été assez douloureux comme ça la première fois. Je n’ai pas vraiment envie de retenter l’expérience. Je finis par lui répondre que j’avais aussi besoin d’elle, et que je ne voulais pas la perdre. Tout en utilisant son prénom entier. Et ça a été assez naturel, l’appeler Alexandra. Parce que moi au fond, son prénom je l’ai toujours beaucoup aimé et je sais que personne ne l’appelle comme ça. Peut-être aussi inconsciemment une manière de ma part de lui montrer à quel point je suis sérieux. À quel besoin j’ai vraiment besoin d’elle. « Je veux pas te perdre Caleb, je ne veux plus être loin de toi. Mais promets moi de te protéger de moi, je ne veux pas te faire du mal, je ne veux plus te faire de mal, mais j'ai peur d'en être incapable. » Je fronce les sourcils en l’entendant me dire ça. Je rêve ou elle me demande de me tenir éloigné d’elle ? Je comprends plus rien. Non mais vraiment, je ne la comprends définitivement plus. Il y a encore quelques minutes elle est sortie de ce café pour m’empêcher de partir et là elle me demander de me protéger d’elle ? J’ai trente ans et j’ai toujours rien compris à la psychologie féminine. Ou bien simplement à celle d’Alex Clarke. Je ne sais pas trop. « Je ne voulais pas dire ça Caleb. Mais je suis tellement perdue par moment, et je ne veux pas que mes problèmes t'affectent. Mais je te promets une chose, je ne fuirais plus, Jamais. » Elle me fait une deuxième promesse. Elle me promet de ne plus jamais partir. À croire qu’elle parvient à lire dans mes pensées parce qu’il s’agit bien de l’une des choses qui m’effraie le plus. La revoir partir. Entre nous deux, j’ai toujours été le moins bavard et le plus discret. Et je pense que si quelqu’un nous observe depuis tout à l’heure il l’aurait facilement compris. Je ne lui réponds pas. Parce que je ne sais pas ce que je peux bien lui dire. Elle me fait cette promesse, ok d’accord je la retiens. Mais ça n’empêche pas que je vais toujours avoir peur de la voir partir à nouveau. « Et je te laisserais le temps dont tu as besoin. » Une nouvelle fois, je la regarde mais je ne lui réponds pas. Je ne dis rien. Et pourtant là elle ne fait pas comme tout à l’heure et elle me laisse la possibilité de parler. Mais je reste muet, par choix. J’aimerais tellement que ça soit plus simple, que j’arrive à lui pardonner facilement et qu’on puisse redevenir comme avant. Caleb et Alex, ce couple carrément improbable, mais on s’aimait ça se voyait et ça personne ne pouvait le nier. Elle joue avec ses mains. Elle est gênée, ou mal à l’aise. Je pose une main sur ma nuque et je la regarde, parce que je lui ai dit que j’allais avoir besoin de temps, et je ne sais pas dans combien de temps je vais la revoir. Alors j’essaye me m’imprégner de chacun des traits de son visage. Et je finis par m’avancer vers elle, et je la prends dans mes bras. Enroulant mes bras autour de son corps, je la serre contre moi. Sans rien dire au début et je finis par enfin prendre la parole. « Prends soin de toi Alex. » Je ferme les yeux quelques secondes, profitant de la sentir contre moi. « Fais attention à toi et arête de faire n’importe quoi s’il te plaît. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour moi. Je veux qu’elle arrête la drogue, qu’elle arrête de sortir et de boire comme elle le fait. J’ai envie qu’elle se calme et qu’elle arrête de se détruire à petit feu. Parce qu’en agissant de la sorte, elle ne m’aide pas. Elle ne nous aide pas. « Parce que je tiens à toi, et je veux pas que tu continues à te faire souffrir comme ça. » Parce qu’en se faisant mal à elle-même de la sorte, elle me fait mal à moi aussi. Je n’ai pas envie de la lâcher. On est en plein milieu de la rue et je suis là, à la serrer dans mes bras comme si on se voyait pour la dernière fois de notre vie. « Tu vas me manquer… » Je lui murmure cette dernière phrase et la garde contre moi encore un peu. Mais je finis par la lâcher tout doucement et je viens déposer un baiser sur son front. J’ai envie de tout oublier. Oublier toute cette histoire et qu’on redevienne comme avant. Sauf que c’est impossible, et je vais avoir besoin de temps pour accepter cette vérité qu’elle m’a avouée. Mais je ne sais pas combien de temps. Peut-être deux semaines, un mois, deux mois, voire même plus. J’en sais rien et c’est sûrement ça le plus dur.
“Sometimes love is not enough and the road gets tough. ”
C'est fou comme il a un pouvoir énorme sur moi, je ne sais même pas s'il en a encore conscience, s'il sait tout ce que ça provoque en moi de simplement le regarder ? Je ne sais pas s'il réalise réellement comme je suis perdue face à lui, perdue parce qu'il me fait voir les choses avec un autre regard, le sien, et ça compte beaucoup trop à mes yeux. Et devant lui, avec lui, j'ai envie d'être quelqu'un de différente, j'ai envie d'être quelqu'un de bien et je réalise face à lui que je ne suis pas cette personne que je voudrais être. Que j'en suis même très loin, parce que j'ai accumulé sur mon chemin un nombre incroyable de mauvais choix, et toutes mes erreurs viennent me rappeler encore et encore comme je peux être horrible parfois. Avec moi même, mais surtout avec les autres. Parce qu'encore me faire du mal, je considère que je le mérite, c'est bête à dire, horrible et s'il m'entendait, il serait fou, mais c'est la vérité. J'ai mal agis dans ma vie, je me suis parfois comportée comme une connasse, comme une égoïste, comme une salope, j'ai poussé des gens dans des situations dangereuses, j'ai jamais réussi à assumer quoique ce soit dans ma vie. Alors oui, je pense mériter cette souffrance qui ne me quitte plus et que je me dois de tenter de noyer par tout les moyens. Mais par contre, j'en ai marre de faire souffrir les autres, j'en ai marre de voir la déception dans leurs regards, la honte, la haine parfois. J'en ai marre d'être cette fille là, et c'est à cause de lui si je ressens tout ça. Et j'aimerais pouvoir tout oublier, et le pire c'est qu'avec lui, j'arrive pendant quelques temps à oublier. Comme cette nuit dans son lit, dans ses bras. J'avais douté, j'avais pleuré et puis je m'étais blottie contre lui et j'avais juste oublié cette souffrance au profil de sentiments plus beaux. Il n'a sans doute pas conscience de tout cela au moment ou il me dit qu'il ne sait pas s'il pourra m'aimer à nouveau. Il ne sait sans doute pas, que cette question n'a qu'une seule réponse possible pour moi et il n'est pas en mesure de ma la donner. Et je ne peux même pas le blâmer, parce que la seule à blâmer c'est moi, encore et toujours MOI. Parce que j'avais tout pour être heureuse, je l'avais lui. Et j'ai quand même réussi à m'enfuir. Je ne l'ai même pas perdu, il ne s'est pas lassé de moi comme les gens avaient pu le croire, non. Je l'avais quitté de mon plein gré. J'ai fais cette erreur et désormais je lui demande de me pardonner et de m'aimer ? Mais je suis vraiment irrécupérable enfaîte.
Un pas en avant, deux pas en arrière, trois en avant, un en arrière. Et je sais que je le fatigue, je sais qu'il cherche encore à me comprendre. Il fronce les sourcils et je sais qu'il cherche à savoir pourquoi je lui demande de se protéger de moi, pourquoi je lui cours après, pourquoi je lui dévoile mes sentiments en le retenant pour l'obliger de m'écouter et pourquoi après tout ça, je lui fais cette demande. Il me comprends pas, et je ne me comprends pas non plus, c'est bien là le problème. Parce que si j'ai toujours eu du mal à contrôler mes émotions, c'est bien pire depuis quelques années. Mon mode de vie à fait des ravages sur ma confiance en moi, sur mon estime de moi même et sur cette insécurité que je ressens depuis bien trop longtemps. Et dire qu'avec lui, j'avais réussi à construire un climat assez sécuritaire pour pouvoir m'exprimer librement. Et dire qu'avec lui, j'étais souriante, joyeuse, toujours prête à rire avec lui. Toujours prête à le taquiner, à lui dévoiler cette partie de moi que j'ai refoulé depuis. Et son rire me manque, son air interrogateur quand je lui faisais une blague et qu'il n'arrivait pas à savoir si je plaisantais ou si j'étais sérieuse. Son regard plein de désirs quand je m'amusais à le provoquer alors que la situation ne s'y prêtais pas du tout. Et j'étais tellement bien avec lui. Un couple improbable aux yeux du monde parce que personne ne nous connaissait comme on se connaissait. Personne ne l'aimait comme je l'aimais. Et tout cela me manque, lui me manque, notre vie me manque, nos jeux me manque, notre complicité me manque. Il me manque. Ses mots rassurants, ses mots tendres, ses mots susurrés dans l'oreille pour m'exciter, tout ça me manque terriblement. Et maintenant que mes souvenirs sont revenus, maintenant que mes sentiments sont ressentis et assumés, son absence dans ma vie me semble compliquée à gérer. Et j'en viens à me demander si tout cela n'est pas nocif au final. Si ressentir autant de choses pour une même personne n'est pas dangereux ? Mais aimer ne devrait pas être dangereux non ? Je suis perdue, encore une fois. Dans mes doutes, dans mes questionnements, mon esprit me joue des tours et m'envoies explorer d'autres éléments de réflexion. Je vais encore me perdre ensevelis sous un trop pleins de craintes, d'incertitudes auxquelles je ne peux donner de réponses. Et sans réponses, les doutes ne vont qu'amplifier encore et encore jusqu'à ce que je finisse désemparée et fatiguée de lutter contre les pensées moroses qui viendront pour combler les trous de mon esprit. Je cherche à me concentrer sur autre chose, je cherche à distraire mon esprit pour ne pas tomber dans cette spirale, mais je sens que je suis en train de perdre. Et je joue avec mes mains encore un peu plus pour tenter de me concentrer sur quelque chose de concret, mais ça fait longtemps que mes mains n'ont plus semblé attrayants pour mon esprit. Une bouteille d'alcool dans la main, là oui mais mes mains seules, non.
Et là il fait disjoncter mon cerveau, sans le savoir. Lorsqu'il me prends dans ses bras et me serre contre lui. Je ferme les yeux et je me laisse aspirer contre lui, je laisse mon corps venir se coller à lui. Ma tête sur le creux de son épaule. Je ne comprends pas pourquoi il fait ça, mais je ne dis rien, je ne parle plus, je ne sais même pas si j'en suis encore capable. J'ai tellement parlé pour le retenir un peu vers moi, j'ai lutté contre mon désir de me blottir contre lui et finalement c'est lui qui initie le mouvement. Et je ne réfléchis plus, j'en ai tellement besoin de ce moment, mon corps en a besoin, mon esprit en a besoin, enfin j'en ai besoin même si au fond de moi une voix moqueuse essaye de venir tout gâcher en me répétant que ce n'est qu'un câlin d'adieu. « Prends soin de toi Alex. » Et j'ai envie de lui dire que je veux que ce soit lui qui prenne soit de moi, il est le seul à savoir le faire. Mais je ne dis rien, parce qu'il n'y a rien à dire à ça. Une promesse encore de prendre soin de moi serait attendue, mais je ne veux pas lui promettre quelque chose que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir. Enfin, non je ne veux pas lui promettre quelque chose que je suis sûre de ne pas faire. Parce que prendre soin de moi, ça fait huit ans, allez même plus que je ne sais pas le faire. « Fais attention à toi et arrête de faire n’importe quoi s’il te plaît. Parce que je tiens à toi, et je veux pas que tu continues à te faire souffrir comme ça. » Une larme roule sur ma joue, discrète, et solitaire. Je ne le veux pas non plus, mais est-ce qu'il pourrait comprendre ça ? Comprendre que je ne veux pas me faire du mal, mais que je ne sais pas gérer ma vie autrement ? Encore un non-sens. Mais toute cette souffrance, toute cette douleur, toute cette culpabilité a eu raison de moi il y a longtemps et maintenant je ne fais que payer le prix de mes choix de vie passés. Et je ne cherche pas à me faire souffrir, juste à alléger la souffrance par des mauvais douteux mais les seuls que je connaisse. « Tu vas me manquer… » Un murmure dans mon oreille, son souffle dans mon cou, cette putain de voix avait encore raison. C'est bien le câlin d'adieu que je suis en train de vivre intensément. « Tu vas me manquer aussi. » Je n'ai pas la force d'en dire plus, pas l'envie non plus. Parce que je sais que je ne ferais que rendre les choses encore plus compliquées. Et il finit par me lâcher, je sens qu'il relâche un peu son étreinte sur moi, je sens qu'il me laisse tomber. Il va partir et je ne peux rien y faire. Parce qu'il a besoin de temps pour me pardonner, parce qu'il a besoin de temps pour digérer tout mes secrets, toute notre histoire. Parce que finalement c'est la seule chose que je puisse faire pour le respecter. Respecter son choix, respecter ses besoins, respecter ce silence et cette distance qu'il a décidé de mettre entre nous. Il dépose un baiser sur mon front, un dernier câlin, un dernier baiser et la seule crainte que j'ai à ce moment, c'est que tout soit fini. Définitivement fini. Que ce câlin soit le dernier, que ce baiser soit le dernier. Je ne suis pas prête à le laisser partir, mais je n'ai pas le choix je crois. « Prends soin de toi Caleb. » Je lui dépose un baiser au coin des lèvres et je lui tourne le dos parce que je ne peux pas attendre qu'il le fasse. C'est lâche, mais je n'ai pas la force de le regarder partir. C'est beaucoup trop m'en demander. Je lui ai promis de respecter son choix, de lui laisser le temps dont il avait besoin, mais ça ne change rien à ce que je ressens. Je lui ai avouer mes sentiments, j'ai accepté que je l'aime encore, et il me demande de le laisser partir, de le laisser vivre sa vie. Et, j'accepte ça même si j'en ai pas envie. J'accepte parce que c'est moi qui suis partir il y a huit ans sans lui laisser le choix, il a souffert de mon choix. A mon tour de souffrir. Je m'en vais, d'un pas rapide pour éviter de faire demi-tour, pour éviter de réfléchir. Et je m'allume une cigarette pour me concentrer sur quelque chose, pour calmer mon corps aussi. Putain Caleb, comment veux-tu que je prenne soin de moi alors que tu m'imposes ça ? Et je réalise peut être enfin la véritable douleur que je lui ai infligé à l'époque. Et je me déteste parce qu'au fond, si je souffre encore aujourd'hui, c'est pas à cause de lui, mais à cause de moi. Le karma est violent, mais j'accepte. De toute façon, je suis maintenant dépendante de lui, de ses choix. A croire que la dépendance c'est l'histoire de ma vie. Et je sors mon téléphone de mon sac, un dernier message. « Ne m'oublies pas. Au-revoir Caleb. »