| QUINN&FREYA • listen with curiosity |
| | (#)Mer 14 Aoû 2019 - 20:59 | |
| Elle a fait une connerie. Elle a fait une belle et incroyable connerie. Elle a laissé sa volonté de côté et elle y a retouché. Goûté à nouveau qu'elle avait presque réussi à résister depuis une décennie entière. Et pourtant, il a fallu une soirée, une jeune femme et un putain de sachet pour qu'elle se laisse embrumer et emporter. Promis, elle ne recommencera plus. Non, dis le plus fort, essaie d'y croire, mets du cœur dans tes propos parce que là, on n'y croit pas.
Freya se sent mal. Salie, trahie par la pire des personnes : elle même. Elle ne peut pas blâmer Alex ou Sky de ne pas l'avoir arrêtées. Elles ne savent rien, elles ignorent son passé tumultueux, cette adolescence qui a failli la briser, la terminer entre quatre clous d'un de ces cercueils dont elle prend soin à longueur de journée. Et pourtant, Doherty grogne entre ses dents des injures destinées à des ancêtres qu'elle ne connaît pas. A cette fichue malchance typiquement Dohertyienne. A ce putain de mauvais karma qui les suit et les poursuit. Elle a décrété de faire le tour trois fois de la ville à vélo. Parce qu’il fait bon, parce qu’il fait plutôt frais et surtout parce qu’elle a besoin de se défouler. Son vélo n’est pas de première fraîcheur, récupéré (emprunté à vie) au détour d’un café un soir. Il est rafistolé de partout, la roue de devant manque de partir à la dérive à chaque instant et ses freins répondent à l’appel une fois sur deux. Autant dire, c’est une petite bombe humaine sur un petit danger à deux roues.
Freya s’épuise à pédaler dans le vide, sans aucune destination précise en tête pourvu que ça la libère d’un certain poids et que ça apaise son esprit le temps de quelques instants. Pour une fois, elle n’a pas pris son crayon et son carnet parce qu’elle n’a pas la patience. Elle est trop fébrile et elle met tout ça sur le compte de la fatigue, de l’énervement, d’être sur les nerfs à longueur de temps. Il faut dire qu’elle a bu au moins quatre cafés en quatre heures et si les palpitations lui indiquent une chose, c’est qu’elle est allée trop fort, trop vite. Une véritable catastrophe. Comme quoi, elle n’a besoin d’aucun alcool, aucune drogue pour se foutre en l’air. C’est désespérant.
Ses roues et son guidon la traînent sans vraiment sans rendre compte vers Bayside. Son œil artistique apprécie toujours les paysages qui s’y offrent, entre les vignobles et les quartiers qui forment des villages dépareillés. Le McTavish qu’elle ne connaît que trop bien, elle ne s’y arrête pas. Tout défile à une allure alarmante et c’est dans un coup de frein bruyant et pas discret qu’elle s’arrête au 54. Freya ne sait pas trop pourquoi ses pas – enfin ses roues – l’ont guidé jusqu’ici mais le message est clair : elle a besoin de parler. A quelqu’un de confiance, quelqu’un de mature, quelqu’un de raisonnable et quelqu’un qui ne la jugera pas.
Alors Doherty coince son vélo derrière les plantations – parce que son vieux vélo, il a beau avoir mauvaise mine, elle ne se résout pas à ce qu’on le lui vole (l’arroseur arrosé, vous connaissez?) - avant d’aller frapper à la porte de la jeune femme. Pleine après midi, Freya ose espérer qu’elle ne dérange pas mais surtout, que l’hôte des lieux se trouve sur place.
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| | | | (#)Ven 16 Aoû 2019 - 17:38 | |
| Postée devant le miroir de la salle de bains, j’esquisse une grimace alors que mes doigts viennent tâtonner mon arcade encore gonflée. La douleur est moins vive mais toujours présente. J’ai rendez-vous la semaine prochaine avec Isaac pour constater l’évolution et retirer les fils. Le reste de mon corps commence aussi à aller mieux : je me sens moins courbaturée et ce, sans avoir pris aucun médicament. Maintenant que le côté physique rentre dans l’ordre, il faut que je me concentre sur le côté plus compliqué, à savoir le psychologique. Je dors un peu mieux, mais j’ai fait des cauchemars par deux fois en l’espace de cinq nuits, chose qui ne m’arrivait jamais auparavant. Je me réveille alors en sursaut et en sueur, effrayant au passage Alpha qui dort toujours au pied de mon lit. Chaque chose en son temps, je soupire en me passant un peu d’eau sur le visage. La journée a été longue et je suis malgré tout bien contente d’être rentrée à la maison. J’ai envie de me reposer, pas de me flinguer le moral avec des choses qui me sont de toute façon impossibles à contrôler. Cette histoire aura quand même eu un seul et unique côté positif : ma nouvelle voiture professionnelle, que j’ai eu l’occasion de tester aujourd’hui même, puisque le CMS m’en a confié les clés ce matin. Il s’agit du tout dernier Toyota Hilux, d’un bleu profond, plein de gadgets. Ils m’ont présenté ça comme un cadeau de leur part, mais je n’ai pas hésité à leur rappeler que si je l’avais voulu, j’aurais pu les mener au tribunal – et gagner haut la main – compte tenu des circonstances dans lesquelles j’ai été blessée. Ce qui a bien évidemment fait son effet, puisqu’ils se sont empressés de se confondre en excuses pour la dizième fois depuis l’accident. Je ne suis ni mauvaise, ni profiteuse, mais il est hors de question que je laisse mes supérieurs minimiser une situation qui aurait pu être beaucoup plus grave. Au moins, à partir de maintenant, ils mettront un point d’honneur à surveiller leurs véhicules de beaucoup plus près afin d’éviter que cela ne se reproduise. Et en toute franchise, c’est tout ce qui m’importe. Des coups contre la porte d’entrée me sortent de mes pensées. Étrange, je n’ai entendu aucun véhicule entrer dans l’allée. Encore plus étrange, Alpha ne montre aucun signe de méfiance et n’aboie pas : c’est donc quelqu’un qu’il connaît et qui est déjà venu ici à plusieurs reprises. Lorsque j’ouvre à mon visiteur, je me retrouve face à Freya, et un sourire chaleureux illumine mon visage abîmé. « Freya ! Je suis contente de te voir, et je ne suis pas la seule, visiblement ! » Je ne peux retenir un rire alors que mon Saarloos me passe entre les jambes pour se jeter sur la jeune femme, impatient de recevoir son câlin. Je ne saurais l’expliquer, mais Alpha a adoré Freya dès leur rencontre, et il n’hésite pas à l’exprimer à chaque fois qu’elle vient à la maison. Sans doute a-t-il senti que derrière ce caractère difficile se cache un cœur d’or… Je me pousse et invite Freya à entrer. Alpha la suit sans cesser de remuer la queue et je sais que je n’existerais plus à ses yeux tant que ma bénévole préférée sera dans les parages. Il lui voue une affection et une confiance qu’il n’accorde que très rarement. Je trouve ça attendrissant au possible. « Comme d’habitude ? » Je demande à mon invitée, tout en me dirigeant vers le coin cuisine pour nous servir quelque chose à boire. Inutile de lui faire signe de s’installer, Freya sait qu’elle est ici comme chez elle, et que ce sera toujours le cas. @Freya Doherty |
| | | | (#)Sam 17 Aoû 2019 - 13:32 | |
| Quand la porte s’ouvre, c’est un visage un peu abîmé et un jappement de joie qui accueillent Freya. Cette dernière ne peut s’empêcher de sourire – une première victoire et elle vient tout juste de débarquer. « Freya ! Je suis contente de te voir, et je ne suis pas la seule, visiblement ! » La jeune femme hausse les sourcils avant d’être attaquée par une créature à quatre pattes qui capte directement son attention. « Hey, ça fait toujours plaisir d’être aussi bien accueillie ! » Se mettant à la hauteur du chien, Freya lui grattouille les oreilles et le cou avant de déposer un baiser entre ses deux yeux. Il n’y a rien de mieux que de l’affection animale pour rebooster un peu votre égo et votre amour propre. Les animaux sont thérapeutiques, c’est bien connu. Plusieurs fois, durant ces visites chez des psychologues, on lui avait suggéré d’aller dans les centres animaliers. Les animaux calment, apaisent, vous soulagent et franchement, Freya aurait pu le faire avec plaisir si l’idée d’aller dans un refuge avec des animaux abandonnés ou sans famille pour les apprécier à leur valeur ne lui faisait pas mal au coeur. Doherty est une grande tendre quand il s’agit des animaux, considérez cela comme son talon d’Achille. Et à la possibilité d’avoir un animal de compagnie, même un poisson rouge, a été rayé de l’équation avant même d’avoir été une possibilité. Déjà que sa famille a toujours eu du mal à joindre les deux bouts, ce n’était pas la peine de rajouter une autre bouche à nourrir.
Alors Alpha est à peu près le seul contact animalier et canin que Freya possède. Et cette dernière lui retourne toujours sans retenu cette grande marque d’affection qu’il lui démontre à chaque fois. Franchement, il n’y a pas à dire, quand des animaux vous apprécient, c’est limite si vous vous sentez touché par la grâce d’une force supérieure. Freya finit par se redresse pour rejoindre Quinn chez elle. Tout était tellement grand chez elle. Tellement lumineux. De grandes baies vitrées laissant entrer une lumière incroyable et surtout, une vue sur l’océan que Freya lui envie. Jamais elle ne pourrait rêver habiter une baraque comme celle là. Quinn est une battante, une ambitieuse, une dévouée à sa cause. Si elle a tout ça, c’est qu’elle s’est donnée les moyens. Même si Freya sait très bien que son amie ne recherche pas l’opulence ni le matériel. Sa passion pour son métier est bien trop grande pour se soucier de ce genre de détails. Et Freya l’admire grandement pour ça.
« Comme d’habitude ? » La jeune Doherty secoue la tête tout en allant s’affaler sur un des canapés bien trop invitant pour être ignoré. « Si t’as un café bien noir, bien amer où j’pourrai noyer ma connerie, je t’en serai super reconnaissante. » Elle a décrété qu’elle ne toucherait pas à l’alcool. Pas cette après midi, pas aujourd’hui, pas maintenant. Ambition quand tu nous tiens. C’est à peu près jusqu’où Freya est capable d’aller. Elle jette la tête en arrière avant de sentir un souffle sur sa main. Elle sourit et se met à caresser machinalement le compagnon à quatre pattes de Quinn. « Dis donc, toi, qu’est-ce qu’est arrivé à ta maîtresse pour qu’elle se tape une telle cicatrice ? » Comme si Alpha sait de quoi elle parle, il eut un aboiement avant de poser sa tête sur le canapé. Freya continue à le gratter tout en regardant Quinn revenir de la cuisine. « Est-ce que les baleines ont fini par t’attaquer ?, dit-elle dans un sourire amusé. »
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| | | | (#)Mer 21 Aoû 2019 - 16:11 | |
| « Un café bien noir et amer, un ! » Je m’exclame en entrant dans la cuisine, laissant volontairement la double-porte ouverte pour ne pas me couper de mon invitée. J’ai évidemment retenu son envie de « noyer sa connerie » dans son breuvage et je réalise alors que Freya n’est pas venue me rendre visite par simple courtoisie. Il s’est passé quelque chose, et elle souhaite m’en parler. J’espère qu’il ne s’agit de rien de grave, et suis heureuse que la jeune femme ait décidé de se tourner à nouveau vers moi, que ce soit pour de l’aide ou une oreille attentive. Comme Alpha – et peut-être d’ailleurs un peu grâce à lui, j’ai appris au fil du temps à passer outre les défenses plutôt bien rôdées de Freya (à savoir son caractère difficile) et à lire entre les lignes. Elle n’a pas eu, et n’a toujours pas, une vie des plus faciles. Malgré cela, elle fait de son mieux pour avancer chaque jour avec les cartes qu’on lui a données. Sa force et sa volonté m’inspirent un profond respect. Bien sûr, je ne sais pas tout sur elle, mais le peu qu’elle m’a laissé entrevoir jusque-là me prouve qu’en dépit de ses erreurs et de la carapace qu’elle s’est forgée – certainement par la force des choses, elle fait partie des bonnes personnes. Le café coule et je l’aperçois à travers la verrière : assise dans l’un des canapés, elle grattouille Alpha, qui ne demande sans doute pas mieux. J’entends ce dernier aboyer lorsqu’elle s’adresse à lui à propos de ma blessure, comme pour lui dire qu’il n’est pas content de me voir comme ça non plus. Ceci dit, cela fait pratiquement dix jours maintenant : ce n’est pas encore très joli mais beaucoup moins choquant que le lendemain de l’accident, après que mon ami Isaac m’ait recousu aux urgences. Les deux boissons prêtes, je retourne auprès de Freya, qui me demande alors si les baleines ont fini par m’attaquer. Je lâche un rire franc et lui réponds sur un ton faussement sérieux. « C’était un avertissement. La prochaine fois, elles m’avaleront toute crue. Elles ont l’air sympa mais en réalité, faut pas trop les chercher. » Je lui tends son mug au nom de la fondation et m’installe à ses côtés. Je ne veux pas trop m’étendre sur le sujet, je lui explique donc en quelques mots ce qui s’est passé. « J’ai eu un petit accident de voiture. Mais à part quelques douleurs, qui ne sont déjà plus qu’un souvenir, et cette future belle cicatrice, » dis-je en montrant mon arcade du doigt, « tout va bien. » Ce qui n’est pas tout à fait vrai dans le fond, mais je préfère le garder pour moi. Mon rôle, c’est de prendre soin de Freya, et pas l’inverse. Je bois une gorgée de ce fameux café noir et amer. Je l’ai fait légèrement plus fort que d’habitude à la demande expresse de ma bénévole, mais le goût est loin de me choquer. Au quotidien, je le consomme sans sucre, et je n’arriverai jamais à comprendre comment certain(e)s peuvent boire leur café ou leur thé sucré. A mes yeux, c’est le dénaturer complètement. « Alors dis-moi, est-ce que je peux t’aider d’une quelconque manière à noyer ta connerie ? » Une façon pour le moins indirecte de lui poser la question qui me brûle les lèvres depuis son arrivée. Je ne veux pas la froisser et je sais que se confier à une tierce personne est une épreuve pour elle, même si c’est devenu un peu plus simple avec moi avec le temps. Et puis, peut-être est-elle ici simplement pour se changer les idées, pas nécessairement pour me parler de ses soucis. Quelle que soit sa décision, je ferai ce que j’ai toujours fait : je la respecterai. @Freya Doherty |
| | | | (#)Mer 21 Aoû 2019 - 20:00 | |
| Du canapé, Freya observe les lieux d’un œil absent. Elle se remémore comme tout semble élégant et beau, ici. La lumière extérieure lui donne des fourmilles dans les doigts et elle regrette pour une fois de ne pas avoir de quoi dessiner. L’inspiration peut venir à tout moment, à tout instant, à chaque détour, en une millième de seconde. Et là, voir l’océan se mouver au grand des arbres sous les couleurs hivernales – mais douces puisqu’on reste en Australie – ça l’apaise. Elle pourrait presque penser que ses malheurs n’existent plus si elle possédait une telle baie vitrée tous les jours en rentrant chez elle. Elle se posterait dans le jardin et elle laissera son poignet vagué jusqu’à ce qu’elle en ait mal.
Parce que chez Freya Doherty, même une simple passion peut se transformer en souffrance. Mais les artistes ont toujours eu un petit grain de folie pour accomplir leurs grandes œuvres, c’est bien connu.
Quand la propriétaire revient vers elle tout en lui tendant son mug, la jeune femme retourne à la réalité et sourit à son amie tout en prenant la tasse fumante. Elle hume un moment son café tout en soufflant dessus alors que Quinn répond de façon ironique à sa question qui l’était d’autant plus. « C’était un avertissement. La prochaine fois, elles m’avaleront toute crue. Elles ont l’air sympa mais en réalité, faut pas trop les chercher. » Freya eut un léger rire. « C’est des femmes, ça m’étonne pas. » Comme si cela justifie tout. Mais la blonde sourit et finit par tenter de tremper ses lèvres dans le liquide avant de grimacer. Merde, limite si elle ne vient pas de se brûler la lèvre. « J’ai eu un petit accident de voiture. Mais à part quelques douleurs, qui ne sont déjà plus qu’un souvenir, et cette future belle cicatrice, tout va bien. » Freya fronce légèrement les sourcils tout en penchant la tête. « Pourquoi tu m’as pas prévenu ? C’était y a longtemps ? Personne d’autre impliqué ? » A sous entendre, pas de dommage collatéral à déplorer. Pas que Doherty s’intéresse plus que ça au sort d’autrui – quand elle ne connaît pas, elle s’en fiche éperdument. Mais Quinn a dû supporter tout ça toute seule, comme d’habitude. « J’sais que t’aimes bien faire ta grande dure devant moi mais quand ce genre de trucs arrive, j’veux savoir, Quinn. » C’est aussi de sa faute. Si elle n’avait pas été égoïste, à regarder juste son nombril, si elle avait appelé ou envoyé un message, peut être que Quinn lui aurait dit.
Il faut vraiment qu’elle se sorte les doigts du cul et qu’elle apprenne à faire attention à ceux qui lui tiennent à coeur.
« Alors dis-moi, est-ce que je peux t’aider d’une quelconque manière à noyer ta connerie ? » Voilà, comme Quinn le fait dès à présent. Elle a senti que quelque chose ne va pas et c’est honteuse que Freya descend son regard sur le liquide noir flottant dans son mug. « Tu t’rappelles quand je t’ai dit que j’suis sevrée depuis mes dix huit piges ? » A cette période où elle s’est forcée d’arrêter la poudre dans le nez et les pilules sous la langue. Une longue agonie, une descente aux enfers mais elle pouvait s’estimer fière d’avoir réussi quelque chose dans sa vie. Ce n’est pas pour rien que son comportement de la soirée dernière la travaille constamment. « J’ai tout foutu en l’air en une soirée. » Perte de volonté, Freya avait bu et elle… Bref, elle n’a pas vraiment d’excuse à vrai dire, à part celle de s’être laissée entraînée dans la danse – spirituellement et physiquement. Elle regarde son amie avec une mine réellement soucieuse. « Tu t’rends compte, Quinn ? Huit putains d’années et j’me laisse avoir en une seule fois. Bordel que j’me sens encore plus conne en le disant à voix haute. » Elle finit par se masser le front, soupirer puis tremper de nouveau d’un geste moins téméraire ses lèvres dans le café. Cette fois, la température est parfaite et c’est avec délice qu’elle laisse le liquide énergisant rouler dans le gosier.
Pour une fois qu’elle ne prend pas quelque chose qui va la pourrir. Quoique, avec elle, même le café peut être létal. « Ton café est une vraie tuerie. »
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| | | | (#)Lun 26 Aoû 2019 - 18:55 | |
| Je souris à la réflexion de Freya sur ma fausse querelle avec les baleines et ne peut m’empêcher de lui répondre un « Exactement ! » bien appuyé. Car derrière cette petite phrase se cache notre second combat en commun – même si chacune le mène à sa manière : l’égalité des sexes. Non, une femme n’a pas besoin d’un homme dans son quotidien pour être heureuse, ni même pour survivre. Nous sommes bien assez fortes et débrouillardes, merci beaucoup. Un point qui nous tient à cœur à l’une comme à l’autre, dont on vient même à discuter parfois, lorsque l’on se retrouve pour effectuer quelques tâches pour la fondation. C’est d’ailleurs l’une des nombreuses raisons pour lesquelles j’aime passer du temps avec Freya : nos conversations peuvent passer des sujets les plus légers à une refonte complète de notre monde en l’espace d’une heure. Du haut de sa trentaine pas encore atteinte, et bien qu’elle fasse son maximum pour le cacher à son entourage – mais surtout à elle-même, Freya Doherty a de la sagesse à revendre. Je lui raconte finalement en quelques mots l’accident de voiture qui m’a valu ma belle blessure à l’arcade et elle fronce les sourcils en me demandant si quelqu’un d’autre a été impliqué. « Non, personne. » Je reste volontairement vague. Je ne veux pas lui mentir, mais je ne suis pas prête à tout lui raconter. Pas encore. Du moins, cela ne resterait pas sans conséquences pour moi. « C’était il y a presque deux semaines. » Et je remarque aussitôt son air presque choqué. Elle aurait voulu que je la mette au courant et je le comprends très bien. J’espère ne pas l’avoir déçue. « Si ça avait été grave, je t’aurais prévenue, mais je n’avais pas envie de t’alarmer pour si peu. » Je soupire. Ce n’est pas suffisant. Elle mérite mille fois que je me montre complètement honnête. Je prends mon courage à deux mains et lui avoue. « Ça a été assez éprouvant même si au final, il n’y a pas eu de blessé grave – ou pire. Laisse-moi un peu de temps pour m’en remettre et promis, je te raconterai. » Le coin de mes lèvres se relève et mes yeux pétillent soudain. « C’est pas encore aujourd’hui que tu auras le plaisir de me voir en chemise de nuit d’hôpital, les fesses à l’air, à me plaindre de la nourriture industrielle. » Je suis devenue une experte dans l’art d’utiliser l’humour pour dissimuler mes véritables émotions. Le sujet étant clos en ce qui me concerne, je demande à mon invitée quelles sont ses dernières nouvelles. Je ne m’attends pas à quelque chose de positif compte tenu de ses propres mots en arrivant, mais je dois bien admettre que ce qu’elle m’avoue me laisse d’abord sans voix. Freya, cette force de la nature, cette volonté de fer, qui reste clean depuis ses dix-huit ans malgré les tentations, vient de replonger. Je l’observe avec l’expression neutre de la personne qui attend la suite et la laisse s’exprimer. Il serait complètement inutile pour moi d’intervenir. Pour l’instant, ce dont Freya a besoin, c’est d’évacuer. Lorsqu’elle m’annonce que mon café est une tuerie après un court silence, je sais que c’est mon tour. Je commence par la remercier de son compliment avant de bifurquer sur le sujet le plus important. « Trouve-moi une seule personne ayant pris un chemin aussi difficile que le tien et qui est allée au bout sans jamais trébucher. Et là, je pourrais éventuellement songer à te blâmer. » Je ne lâche pas son regard alors que je reprends la parole pour la rassurer. Je veux qu’elle sente que je suis honnête avec elle, comme toujours, même si elle n’a aucune raison d’en douter. « Ce qu’il faut que tu comprennes surtout, c’est que tu es ici, et que tu m’en parles, alors que tu aurais pu ne rien dire et être déjà en train de chercher ton prochain fixe. » Je secoue la tête pour indiquer mon désaccord avec elle. « Tu n’as pas tout foutu en l’air. Loin de là. Et je crois te connaître assez bien pour savoir que tu seras même encore plus prudente à partir de maintenant. » J’ai confiance en Freya mais le sujet reste sérieux et je ne veux pas le prendre à la légère. « Est-ce je peux faire quelque chose pour toi à ce niveau-là ? » Je pense à lui proposer de s’installer temporairement ici, si elle a peur de se laisser encore aller dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Ou à l’appeler à des moments choisis, quand elle décide de sortir, afin de m’assurer que tout se passe bien. Néanmoins, je ne dis rien de plus. Si elle a besoin, elle me demandera d’elle-même. Car encore une fois, je la connais, la belle et sauvage Freya. Ses qualités comme ses défauts. Et si ces idées ne viennent pas d’elle, il y a de fortes chances pour qu’elles soient refusées en bloc. Aider quelqu’un équivaut aussi, parfois, à savoir garder le silence… @Freya Doherty |
| | | | (#)Mer 28 Aoû 2019 - 16:59 | |
| Non, personne. Voilà qui est déjà rassurant. Si quelqu’un d’autre avait été impliqué, Quinn n’aurait pas pu garder un visage aussi impassible et détaché. D’ailleurs, Freya ne comprend pas vraiment pourquoi son aînée semble décidée à vouloir rester flou sur ses propos. Elle n’est pas dupe, Quinn essaie de noyer le poisson d’une façon ou d’une autre. Si ça avait été grave, je t’aurais prévenue, mais je n’avais pas envie de t’alarmer pour si peu. Freya penche la tête, les yeux lui indiquant clairement de ne pas se foutre d’elle et de cracher le morceau. Après tout, à quoi servent les amis si on ne peut tous se dire – ou presque ? Elle qui n’a presque aucun secret pour Quinn, la jeune femme est presque vexée du manque de confiance – ou autre chose si ce n’est pas ça – de la part de Quinn. Ça a été assez éprouvant même si au final, il n’y a pas eu de blessé grave – ou pire. Laisse-moi un peu de temps pour m’en remettre et promis, je te raconterai. Freya souffle légèrement sur son café pour le refroidir un peu avant de grommeler. « Y a intérêt. » Et elle n’oubliera pas. Sa mémoire sélective s’en rappellera, foi de Doherty. C’est pas encore aujourd’hui que tu auras le plaisir de me voir en chemise de nuit d’hôpital, les fesses à l’air, à me plaindre de la nourriture industrielle. Freya se met quand même à rire face à cette remarque. « Tant mieux, alors, car j’aime vraiment pas les hostos. Mais si c’est le cas, j’te ramènerai un paquet de cadeaux tous les jours, va, histoire que tu fondes pas comme neige au soleil, hein. »
Une fois qu’elles abordent le sujet Doherty, Freya se sent comme une gamine en pleine faute. Et c’est le cas. La nuit en question avait été vaporeuse, floue, des mains qui se baladent, des baisers égarés et surtout cette sensation d’euphorie qu’elle n’avait plus senti depuis presque une décennie. Et ça, elle s’en rappelle. Très bien même. Surtout du lendemain compliqué, de la tête dans la cuvette des toilettes, des larmes de rage qui ont suivi, une sensation de honte et de fureur envers elle même se mélangeant. Et pourtant, ce n’était qu’une soirée, pas besoin de fouetter un chat. Oui mais elle qui a engueulé son cousin anciennement alcoolique parce qu’il a bu un verre, elle se retrouve donc mal placé pour lui avoir fait la morale, pour le coup. Alors Quinn lui trouve des raisons de ne pas s’en vouloir. Pardonne toi à toi même d’abord et après on avisera. Freya soupire légèrement tout en prenant quelques gorgées de café. « Mon prochain fixe me pend tous les jours au nez, Quinn. Avec Tobias... » Son jumeau, petit délinquant abruti, dealer à ses heures perdues (autrement dit, tout le temps). « J’imagine que t’as pas tord. » Elle tourne le verre doucement entre ses mains alors que Quinn lui dit qu’elle a confiance en elle pour être plus prudente la prochaine fois. Freya eut un fin sourire tout en levant les yeux vers elle. « T’es bien une des rares personnes à m’associer avec la prudence. » Elle étire ses jambes avant de grattouiller Alpha qui n’a pas bougé sa tête du canapé. « Mais c’est juste que j’peux pas m’empêcher de me dire que c’est… Enfin, c’est tellement facile de replonger. J’me rappelle que le sevrage a été particulièrement difficile, malgré ma volonté d’vouloir arrêter. Mon corps s’en rappelle. Du coup, ça me terrifie totalement qu’une fois suffirait pour tout foutre en l’air. » Elle relève ses yeux sur son amie. « J’ai vraiment pas envie de recommencer tout ça. » Quand Quinn lui demande ce qu’elle peut faire pour elle, Freya secoue la tête négativement tout en lui souriant une nouvelle fois. « T’es déjà une oreille attentive, y a pas autre chose à faire pour moi pour l’instant. » Puis elle laisse sa tête se balancer en arrière. « Faudrait vraiment que je viennes dessiner de chez toi. T’as une lumière de dingue ici. »
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| | | | (#)Sam 7 Sep 2019 - 14:25 | |
| Je promets de ne plus rien lui cacher et Freya accepte mes explications, non sans grommeler pour la forme. Je pourrais presque sourire de sa réaction. J’ai onze longues années de plus, mais elle montre un côté protecteur envers moi qui me touche profondément. Je sais qu’elle n’oubliera pas. Mais je sais aussi que ce n’est pas de la curiosité mal placée ; elle ne veut pas connaître les détails de mon accident pour savoir, elle veut au contraire pouvoir juger elle-même de la gravité des événements, et être certaine que je vais bien. Ou, dans le cas contraire, m’apporter son soutien. Encore une preuve que cette brunette au caractère compliqué cache un véritable cœur d’or. Malgré tout, Freya ne manque pas l’occasion de me taquiner sur cette histoire d’hôpital. Je sais qu’elle tiendrait certainement parole. « Y’a intérêt. » Je lance, sourire malicieux à l’appui, faisant écho à ses propres mots. Freya m’avoue la raison de sa visite et le sérieux revient aussitôt dans notre discussion. Elle se sent mal d’avoir craqué après toutes ces années et elle a peur de replonger complètement. J’essaie de me mettre à sa place mais ce n’est pas évident, car je n’ai jamais vécu ce qu’elle vit. J’ai, en revanche, parfaitement conscience des risques, des conséquences que cela pourrait avoir si Freya se laissait à nouveau entraîner dans la drogue et ses dangers. Malgré cela, j’ai confiance en elle, en sa capacité à prendre du recul, à analyser la situation et à en tirer les conclusions qui s’imposent. Elle a en elle la force de résister à une seconde tentation. Si elle est ici, ce n’est pas pour que je la convainque ou l’empêche de faire une bêtise. Elle n’en a pas besoin. Il ne lui faut rien de plus qu’un coup de pouce et elle fera très bien le reste, j’en suis persuadée. Je partage cela avec Freya. Elle ne me détrompe pas mais me rappelle une chose importante qui m’était pourtant sortie de l’esprit. Car si je peux avoir confiance en elle, impossible pour moi de dire la même chose de son entourage direct. Freya peut sans problème évincer de sa vie ceux qui ont une influence négative sur elle et qui mettent en péril son choix de rester clean. Mais elle ne peut pas en faire de même avec son propre frère. « Oui, c’est vrai. » J’admets finalement. C’est pour ça que je voulais te proposer de rester ici les prochains temps. Je me retiens de le dire à voix haute. Je ne veux pas la brusquer. Si elle sent que vivre avec Tobias devient trop difficile suite à cette soirée, et qu’il lui faut du temps, j’espère qu’elle saura poser ses affaires chez moi sans aucune hésitation. Elle avoue que je suis l’une des rares personnes à l’associer à la prudence. Un petit rire s’échappe de ma gorge. « La majorité n’a pas toujours raison. » J’affirme, sûre de moi, avant d’ajouter. « Et puis ça dépend des circonstances. » Il est vrai que ce n’est pas un trait principal de sa personnalité, mais il s’applique dans ce cas précis et il est important qu’elle le sache. « Comment tu crois avoir réussi à tenir toutes ces années ? Là, tout de suite, tu te concentres sur ton échec, et je le comprends. Mais il ne faut pas pour autant oublier tes réussites, tous les instants où tu as été assez prudente pour ne pas te laisser l’occasion de craquer. » Je crois que Freya sent mon honnêteté, car elle s’ouvre davantage encore, revenant sur son sevrage et sur la douleur que cette épreuve lui a fait ressentir. Enfin, elle lève un regard que je devine plein d’appréhension sur moi : elle ne veut pas recommencer, revivre tout ça. Et elle a beau me dire que je suis déjà assez présente pour elle simplement en jouant le rôle de l’oreille attentive, je ne peux pas me contenter de ça. Pas alors qu’elle vient de me révéler sa plus grande peur. Je prends une gorgée de café chaud pour me donner du courage, et Freya en profite pour changer radicalement de sujet. Je rebondis dessus pour embrayer et aborder la question qui risque de mettre le feu aux poudres. « Pourquoi tu ne commencerais pas aujourd’hui ? » Je prends une grande inspiration et ajoute, sans lui laisser l’occasion de réagir. « Freya. Je ne veux pas me montrer insistante, et tu sais que même si tu comptes beaucoup pour moi, je ne suis pas là pour m’immiscer dans ta vie ni te dire quoi faire. Mais… Je pense sincèrement que ça te ferait du bien de t’éloigner un peu de chez toi pour l’instant. » Néanmoins, je ne veux pas qu’elle prenne ma proposition pour ce qu’elle n’est pas : un manque de confiance. « Comme je te l’ai déjà dit, je pense que si tu es là, maintenant, à m’en parler à cœur ouvert, c’est que tu n’as pas l’intention de replonger. Tu as trop conscience de ce par quoi il faudrait passer si c’était le cas. Je crois en ta volonté et ta force. » Je finis par soupirer. Je rends les armes, et tant pis si le cœur d’or se transforme en tornade à cause de moi. J’assumerai jusqu’au bout. « Mais malgré cela, le risque zéro n’existe pas. Alors prends un peu de temps pour toi, et pour te remettre de ce qui s’est passé. Juste quelques jours. Ou plus si tu as besoin. »Je finis par me taire, attendant l’orage avec le mince espoir qu’il passe à côté. @Freya Doherty |
| | | | (#)Ven 13 Sep 2019 - 15:53 | |
| Quinn, c’est la force tranquille. C’est la gentillesse, la bonté, la bienveillance même. Un sourire et vous vous sentez comme la meilleure version de vous-même. Elle vous pousse vers le meilleur de vous-même et sans vraiment faire trop d’effort. Freya sait qu’elle ne veut pas la décevoir, comme elle a pu décevoir par le passé bon nombre de personnes. Quinn a pris une place importante dans sa vie sans qu’elle s’en rende vraiment compte, à vrai dire. L’océanographe – même son métier est un signe de maturité, d’accomplissement et de réussite – s’est fondue dans l’océan de sa vie et elle s’est creusée son petit nid pour ne jamais en partir. Jamais elle ne l’a brusqué, jamais elle ne l’a forcé à quoique ce soit. Elle a été d’un respect incroyable, ne s’aventurant jamais dans des terrains qu’elle savait trop tumultueux et risqués. Freya s’est tournée vers elle de plus en plus, naturellement et sans aucune arrière-pensée. Un lien qui s’est construit malgré elles, la vision d’une grande sœur qu’elle n’a jamais eu à chaque fois qu’elle la regarde. Alors ce n’est pas étonnant qu’elle se retrouve chez Quinn, le moral dans les chaussettes et les doutes qui se perdent dans une tête réduite mais bien trop vaste.
Dans sa sagesse, Quinn lui rappelle toutes ces années où elle a tenu. Où elle a été assez forte pour ne pas céder – il faut dire que Freya a nourri une haine féroce envers la drogue, que ce soit sous n’importe quelle forme. Une détestation viscérale, qui lui donnait envie de vomir. Pourquoi cette soirée là ne s’est pas passée comme ça ? Elle s’est laissée emporter, par une inconnue en plus. Une pilule et adieu les années de sevrage. Purée et après, elle fait des leçons de moral à son jumeau pour qu’il minimise un peu ses conneries. C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité. « J’sais pas, Quinn. J’ai toujours essayé de naviguer entre tout ça. J’croyais avoir créé une haine permanente envers tout ça et ça me faisait complètement ignorer l’truc. » Puis Freya lève des yeux alarmés sur son amie. « Si ça, ça s’barre, comment j’suis censée faire ? Est-ce que j’ai vraiment été prudente ou c’est juste un refus automatique que j’ai développé après l’overdose de mon copain de l’époque ? » Parce que ça, ça a été l’élément déclencheur. Terrence qui tombe et qui vacille contre ce voile invisible entre la vie et la mort. L’image hante son esprit à jamais. Mais si ça ne lui suffit plus, qu’est-ce qui l’empêcherait de recommencer, de replonger ?
La jeune femme but à son tour dans son breuvage avant de s’étouffer légèrement, les sourcils relevés de surprise, quand Quinn lui propose- qu’est-ce qu’elle lui propose ? De venir chez elle ? Pour le dessin ? Non, pour plus que ça. Pour ‘prendre soin d’elle’ et ‘se remettre’. Freya la regarde et une seconde passe, puis deux avant qu’une minute entière soit restée en suspendue. « Je- Enfin, c’est gentil, Quinn mais je- » Son cerveau turbine d’une vitesse folle pour tenter de savoir ce qu’elle veut. Dire et faire. « J’peux pas laisser Tobby tout seul. Il est trop irresponsable, faut que j’garde un œil sur lui… Et mon travail, enfin, celui au cimetière parce que j’ai perdu celui du casino, il est pas loin de chez moi. » Est-ce qu’elle essaie de se trouver des excuses ? Certainement. Mais en même temps, Doherty ne se voit pas laisser son jumeau tout seul. Elle a beau le décrier tous les jours, ils ont toujours été ensemble. « Nan je peux pas, Quinn. Vraiment c’est généreux mais,… Par contre, venir dessiner me dérangerait pas. J’me ferrai toute petite, tu remarqueras pas ma présence. » Freya espère que ça suffira à Quinn comme arrangement.
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| | | | (#)Ven 4 Oct 2019 - 19:02 | |
| Je sens toute sa détresse, toute sa peur et sa colère envers elle-même pour avoir finalement craqué lors de cette malheureuse soirée. Freya est en proie à tellement de questions, tellement de doutes. Et si cela n’était que le début d’une longue série de moments de faiblesse ? Et si elle était devenue incapable de dire non, maintenant ? De mon côté, je ne peux m’empêcher de songer au pire. J’ai beau avoir confiance en Freya, ses yeux alarmés, ses mots si emprunts d’appréhension commencent à me faire douter aussi. Le problème est que je crois en sa force, mais cette dernière reste soumise à beaucoup d’éléments extérieurs que ni elle ni moi ne pouvons contrôler, en particulier le comportement des autres. Des proches, tel que son frère, ou des moins proches, comme celles et ceux qui étaient présents à la « fête » qui a mal tourné pour Freya. « Je ne peux pas répondre à ça pour toi avec certitude, mais je pense que quoi qu’il en soit, il n’y a pas seulement cet automatisme développé après le choc que tu as vécu. Autrement, tu aurais craqué bien plus tôt. » Quand on est accro, j’imagine qu’un traumatisme, aussi fort qu’il soit, ne fait pas le poids bien longtemps face à la drogue. Evidemment, je ne suis pas experte en la matière et je peux me tromper. Seul un professionnel pourrait sans doute aider Freya à ce sujet, mais lui suggérer cette solution reviendrait à me tirer une balle dans le pied. Je risquerais de la perdre complètement et ça ne servirait à rien, mis à part m’empêcher d’être à ses côtés pour lui apporter mon soutien. Comme il m’est impossible de rester les bras croisés malgré tout, je décide de sauter un pas différent : et si elle venait vivre à la maison quelques temps ? Le dessin, les balades avec Alpha, l’atmosphère moins « tentante » que lorsqu’elle est avec son frère… Cela permettrait à Freya de changer d’air, de se poser pour mieux réfléchir à la situation et comprendre ce qui a bien pu se passer. De plus, ce ne serait pas la première fois et elle sait que je ne suis pas du genre à l’étouffer ou à la forcer aux confidences, bien au contraire. D’un autre côté, je suis consciente que cette proposition risque de la fâcher. Freya déteste qu’on la materne – ce que je peux comprendre, après tout elle est une adulte, libre de ses choix. Et elle pourrait voir cette idée comme une manière de la surveiller. D’ordinaire, ce n’est pas moi qui l’invite à dormir : c’est elle qui décide quand elle en a besoin, et ce revirement de situation pourrait bien me coûter cher. La minute durant laquelle seul le silence me répond me semble une éternité. J’essaie de lire sur son visage ce qui peut bien lui passer par la tête, sans succès. Je n’y décèle que de la surprise. Enfin, d’une voix posée, Freya me répond : elle ne peut pas laisser son frère, et son travail – celui sur les deux qu’elle a encore – est plus proche de son propre logement que du mien. J’accuse le coup de la nouvelle concernant ses emplois. Et je fais face à ses excuses sans me décomposer. Après tout, je m’attendais à une réaction bien plus virulente, je ne vais pas me plaindre. J’esquisse un sourire à son attention. « OK, ça marche. » Sans rien ajouter, je me lève, me dirige vers le meuble de l’entrée, et lorsque j’ai récupéré ce que je cherchais dans le tiroir, je retourne m’asseoir près de Freya. « Tiens, comme ça tu pourras venir n’importe quand, même si je ne suis pas là. » Je lui tends la clef de la maison. Aucun risque vis-à-vis d’Alpha, ce n’est pas comme si Freya était une inconnue pour lui. « Tu seras peut-être même plus au calme pour dessiner. » Finalement, cette envie de venir pratiquer son art ici me donne une belle occasion de lui remettre cette clef sans avoir l’impression de faire du forcing. Une victoire pour moi. Maintenant, Freya est en mesure de venir chez moi n’importe quand, qu’elle ait simplement envie de s’adonner à sa passion, ou qu’elle soit en recherche d’un endroit où se réfugier. « Je te sers un autre café pendant que tu m’expliques ce qui s’est passé au casino ? » Je lui demande finalement. J’aimerais être décontenancée pour elle mais je n’arrive pas à passer outre mon ce sentiment de soulagement qui m’enveloppe. Ce lieu n’avait rien de recommandable de toute façon. « Tu as d’autres pistes pour la suite ? » Je continue, l’air détaché, pour lui faire comprendre que ce n’est rien de plus que de la curiosité, et surtout pas une forme de pression. @Freya Doherty
Dernière édition par Quinn Callahan le Mer 9 Oct 2019 - 17:55, édité 1 fois |
| | | | (#)Mar 8 Oct 2019 - 19:32 | |
| « Je ne peux pas répondre à ça pour toi avec certitude, mais je pense que quoi qu’il en soit, il n’y a pas seulement cet automatisme développé après le choc que tu as vécu. Autrement, tu aurais craqué bien plus tôt. » Freya passe la main sur son visage. « J’sais pas, j’y comprends rien. J’suis pas spécialiste de ce genre de trucs. Et même eux ont jamais servi à rien, t’façon. » Parce que des psychologues, elle en a vu. Les jumeaux sont passés de main en main, des cas fascinants et complexes mais dont on ne sortait jamais totalement indemne. La fille au mutisme percutant et le garçon au excès de colère qui a retourné plus d’un bureau. Sûrement qu’il doit y avoir le dossier ‘‘jumeaux Doherty’’ quelque part à l’hôpital, un nom à bannir de la bouche de quiconque. A part peut-être pour Wren, valeureux pompier de profession qui sauve des vies plutôt que d’en détruire. La roue tourne. Enfin pour lui. Les deux autres restent au même stade depuis des années, sans aucune volonté de changer. Enfin, pas vraiment. « J’aime bien croire que j’ai été assez forte par moi-même mais… J’sais pas. » Elle n’a jamais rien su, elle n’est qu’un vide intersidéral, un néant profond où les automatismes prennent les rennes et la font bouger, ressentir, acter.
La jeune femme tient sa tasse plus fermement entre ses mains. Comment en vouloir à Quinn qui veut seulement être une main compatissante ? Lui offrir un hébergement, chez elle, dans sa demeure près de l’eau, évidemment que c’est tentant. Il fait bon de vivre par ici, elle qui n’a toujours connu que les bas quartiers de Brisbane. La vue est somptueuse et c’est calme. Mais ça reste en dehors de la ville, loin du cimetière et loin de Tobias. Peut-être que Doherty essaie seulement de se construire une petite pile de galets d’excuses pour ne pas venir envahir un territoire qui n’est pas le sien. Même si elle connait l’habitante – et son compagnon à quatre pattes – elle n’est pas chez elle et elle peut vite se montrer mal à l’aise quand elle n’est pas dans son élément. « Tiens, comme ça tu pourras venir n’importe quand, même si je ne suis pas là. » Freya regarde Quinn, les clés, puis Quinn de nouveau avant de tendre la main pour les attraper. « Tu seras peut-être même plus au calme pour dessiner. » La jeune suédoise a un fin sourire qui vient dessiner ses lèvres tout faisant sautiller le trousseau dans sa main avant de le fourrer dans sa poche. « J’vois quand même ce que tu fais, Quinn. C’est une tentative d’amadouement subtile, ça. » Et ça fonctionne parce qu’elle reviendra, pour sûr. Elle prétextera une nouvelle fois que son café est bon, qu’Alpha est trop mignon, que le panorama est vraiment trop chouette.
« Je te sers un autre café pendant que tu m’expliques ce qui s’est passé au casino ? » Freya baisse les yeux et son café a déjà disparu. Elle secoue la tête. « Pour une fois, c’était pas d’ma faute. » Parce que fuir ses responsabilités, c’est plus facile. Mais pour cette fois, c’est la vérité. « J’ai un… Ami qu’est venu me voir. Et… Disons que c’est compliqué. Il a pété un câble et il a foutu en l’air chai pas combien de bouteilles d’un grand cru ou un truc du genre. Du coup… J’ai payé les peaux cassées, il faut croire. » Freya se lève et se met à marcher dans la pièce tout en haussant les épaules et regardant l’extérieur. « De toute façon, je savais que j’allais pas rester vitam aeternam à c’poste. » Comme tous les autres, il a fini à la poubelle. Un an, quand même, ce n’est pas rien pour elle.
« Tu as d’autres pistes pour la suite ? » La jeune femme pose ses yeux sur Quinn tout en souriant faiblement. « C’est un interrogatoire, Queenie ? » Elle n’aime pas ce surnom, elle le sait mais ça l’amuse quand même. Freya finit quand même par répondre à sa question. « Ouais, tu es en présence de la nouvelle gardienne du cimetière de Toowong. L’ancien proprio est parti un peu précipitamment genre fin juin pour l’armée et pouf, comme pour toi, j’me suis retrouvée les clés dans la main. » Expliquer comme ça, ça a l’air dingue car Freya n’a ni la carrure ni l’expérience et encore moins les connaissances pour s’occuper d’un cimetière. « Enfin, disons qu’il m’a un peu formé quelques jours ici et là, même si former est un grand mot. Enfin, bref, tout ça pour dire que j’ai une piste solide pour l’instant. Et puis, si ça s’arrête, je rebondirai. T’as pas besoin de t’inquiéter pour moi, t’es bien placée pour savoir que j’rebondis toujours. » Freya lui fait un petit sourire censé la rassurer avant d’aller gratter les oreilles d’Alpha. « J’crois que j’vous ai assez embêté pour aujourd’hui, nan ? »
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| | | | (#)Jeu 10 Oct 2019 - 15:14 | |
| Je me sens tellement impuissante face aux doutes de Freya. Je ne sais pas ce que je donnerais si je pouvais simplement agiter une baguette magique et lui enlever tous ses problèmes. Elle ne saura jamais combien je la trouve courageuse. Dans des discussions sérieuses comme celle-ci, je ne manque pas de le lui dire directement. Le plus souvent cependant, je lui laisse sous-entendre par des phrases plus ou moins détournées. Pour qu’elle n’oublie pas. Avec l’espoir qu’un jour, mon lavage de cerveau finisse par avoir un impact direct et qu’enfin, elle prenne confiance en elle. Il ne lui manque pas grand-chose pour rendre la monnaie de sa pièce à une vie qui n’a eu de cesse de s’acharner sur sa personne jusque-là. L’allumette est là, il ne manque plus que l’étincelle. Mais c’est un élément qui doit venir d’elle-même, pas des autres. Moi, j’essaie seulement de la guider dans la bonne direction. « Tu l’es. » Je lui assure donc de nouveau, refusant de la laisser baisser les bras. Je lui tends le double des clefs et sa réaction me fait rire. Une tentative d’amadouement subtile ? Pas si subtile que ça, apparemment ! Je lève les mains en guise de défense et affiche une expression faussement choquée. « Non non, tu te trompes de coupable ! » J’indique Alpha du menton : son museau n’est plus posé sur les jambes de Freya, pire encore, il est maintenant couché sur le tapis du salon, à moitié sur ses pieds. Je serais prête à parier n’importe quoi qu’il espère ainsi l’empêcher de se lever du canapé pour repartir. « Lui, en revanche… Je pense qu’il est passé expert en la matière ! » Encore aujourd’hui, je ne m’explique pas cette proximité qu’il partage avec Freya. On pourrait presque croire qu’il me montre à sa manière qu’elle vaut largement la peine que je m’intéresse à elle, et que je la soutienne autant que possible. Evidemment, cela fait bien longtemps que je n’ai plus besoin de l’opinion assez tranchée de mon Saarlos sur le sujet Freya Doherty, mais on dirait qu’il aime me le rappeler, juste au cas où. Ou peut-être qu’Alpha est juste un chien comme un autre, qu’il trouve Freya très sympathique, que je lui prête des intentions qu’il n’a pas, et que si je devais en parler à qui que ce soit, on me conduirait certainement en hôpital psychiatrique. Je finis par proposer une seconde tasse de café à ma protégée, tout en lui demandant davantage d’informations sur son licenciement du casino. Et quand elle m’explique les circonstances de ce dernier, la surprise se lit aisément sur mes traits. Heureusement, je tourne le dos à Freya, occupée à remplir nos mugs. C’est en revenant auprès d’elle et en lui tendant sa boisson chaude que je lui demande. « Un ami ? Et tu le connais bien ? » Parce que j’avoue qu’une personne capable de « péter un câble » au point de détruire complètement le contenu d’un bar ne m’inspire pas franchement confiance. Il faudrait s’assurer qu’il se contente de passer ses nerfs sur des objets. Bien sûr, face à toutes ces questions, Freya se sent un peu acculée et me le fait savoir avec un humour bien placé, supplément surnom insupportable. Je fais mine de lui jeter mon regard le plus noir, mais mes yeux restent rieurs. « Attention, tu es à deux doigts de finir en offrande aux baleines pour qu’elles cessent de me torturer. » Je m’exclame, faisant référence à ma blessure et à notre discussion de tout à l’heure sur le sujet. Malgré cette impression d’interrogatoire, Freya répond néanmoins et m’annonce qu’elle est devenue la nouvelle gardienne du cimetière de Toowong. Bien que formée très peu de temps, elle semble optimiste et entreprend même de me rassurer si jamais ça devait ne pas fonctionner. « Je sais. » Je lui réponds avec le même sourire. « C’est plus fort que moi, mais je sais. » Je m’en ferai toujours pour elle, et rien ne changera jamais ça. Il faut simplement que j’essaie de ne pas trop le lui montrer. Lorsqu’elle évoque la fin de sa visite, je hoche la tête. Inutile de lui dire qu’elle ne nous embête pas et qu’elle est toujours la bienvenue, elle le sait. C’est simplement une façon polie de sa part de prendre congé. Maintenant qu’il a apprécié les grattouilles, Alpha se relève : il a senti que sa seconde humaine préférée était sur le point de le quitter, et son regard nous laisse tout le loisir d’apprécier sa tristesse. « T’en fais pas un peu trop, chenapan ? » Je l’interroge, levant les yeux au ciel de dépit. Je me tourne vers Freya, espiègle. « Tu vois que le pire des deux, c’est pas moi. Si ça ne tenait qu’à lui, tu ferais tes valises et tu emménagerais ici H24. » Bon, si ça ne tenait qu’à moi, ce serait pareil, mais j’ai entendu dire qu’accuser les autres pour détourner l’attention de sa propre personne, c’est sensé plutôt bien marcher… @Freya Doherty |
| | | | (#)Ven 18 Oct 2019 - 22:00 | |
| « Non non, tu te trompes de coupable ! Lui, en revanche… Je pense qu’il est passé expert en la matière ! » Feya eut un léger rire tout en grattant la tête d’Alpha après s’être accroupie à ses côtés. Elle n’aime pas franchement les humains – ou alors une petite palette d’entre eux – mais les animaux, ils savent l’amadouer tellement facilement. « C’est vil, sac à puces. Mais ça fonctionne tellement bien. Qui je suis pour dire non à une bouille pareille, mmh ? » Alpha penche la tête et Freya sourit. Ils savent tous les trois que ces mots sont adressés plus à la propriétaire des lieux que de la bête à quatre pattes. Mais la jeune femme joue le jeu. « Un ami ? Et tu le connais bien ? » Freya lève la main pour poser son mug chauffant sur la table basse à côté d’elle alors qu’elle croise ses jambes à côté d’Alpha. Elle se mord la lèvre tout en regardant Quinn. « J’t’ai déjà parlé de mon meilleur ami, nan ? Elias ? J’le connais depuis les couches culottes. Et c’est celui là même qui m’a fait renvoyée. Je l’ai peut-être un peu provoqué. » Parce que Freya est douée pour ça, pour tirer là où il fait, pour appuyer là où ça fait mal. Et avec Elias, la tempête ne cesse de monter, de grandir, les rendant aussi dingues l’un que l’autre. « C’est compliqué avec lui depuis plusieurs mois. On arrive plus à se comprendre, il y a eu… Des trucs qui se sont passés que j’ai dû mal à lui pardonner. » Elle ne va quand même pas dire à Quinn que son meilleur ami a tiré sur son ex en début d’année. Certes, c’était pendant une intervention sur un braquage mais il n’empêche qu’il lui a caché la vérité. « Est-ce que j’ai raison de lui en vouloir de m’avoir menti, Quinn ? La confiance, c’est quelque chose d’important, on est d’accord ? Il l’a trahi, je lui en veux toujours mais j’ai l’impression de prendre les choses trop à cœur, de faire une montagne pour pas grand-chose. » Parce qu’encore une fois, Freya ne sait pas ne pas être à moitié. Elle fait le tout ou elle ne fait rien. Et elle a rompu avec Elias, dans tous les sens du terme possibles. Mais avec les jours puis les semaines, Freya se demande si elle n’est pas allée trop loin. Parce que pour une fois, Elias ne revient pas vers elle. Il fait bloc et silence radio. Elle avait osé espérer le contraire. Petite imbécile qu’elle est. Alors qu’elle lui a demandé de virer de sa vie, Freya trouve le moyen de lui reprocher quelque chose. De l’écouter, de ne pas insister plus, de ne pas revenir vers elle et lui faire sentir qu’elle reste importante. C’est con.
« Attention, tu es à deux doigts de finir en offrande aux baleines pour qu’elles cessent de me torturer. » Pour cette réflexion, Freya laisse échapper un rire franc. « Si ça peut aider la cause animale, j’peux me dévouer. » Puis Quinn lui fait la remarque sur elle-même. « C’est plus fort que moi, mais je sais. » Doherty regarde chaudement son amie. « Ouais, j’le sais aussi, Quinn. Mais je t’assure que ça va aller. Dans la famille, on a l’habitude des imprévus et des bavures. Ce qui serait bizarre, ça serait que tout se passe bien. » Son ton est léger mais elle n’en pense pas moins. Les Dohertys n’ont jamais connu une vie normale, c’est un fait. « T’en fais pas un peu trop, chenapan ? Tu vois que le pire des deux, c’est pas moi. Si ça ne tenait qu’à lui, tu ferais tes valises et tu emménagerais ici H24. » Alpha avait fini par se redresser et Freya lui fait un baiser entre les yeux quand il leur fait son regard qui fait craquer n’importe quel humain normalement constitué. « Bien sûr. T’es la faute de beaucoup d’choses, Alpha, hein. » fit-elle remarquer en regardant Quinn d’un œil souriant. « Promis, je passerai plus souvent. Et je viendrai un week end entier vous embêter. Et on établira un plan contre les vilaines baleines qui t'embêtent. » Parce que ça faisait un moment qu’elle n’était pas venue les voir et qu’elle se sent presque coupable de venir toquer à sa porte quand ça ne va pas. Ce n’est pas comme ça que c’est censé fonctionner.
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| | | | (#)Jeu 31 Oct 2019 - 16:30 | |
| Freya et moi, on se connaît depuis assez longtemps pour que ce prénom, Elias, ait effectivement été mentionné au cours d’une ou deux de nos conversations. Ce qui me rassure un peu, bien que je ne connaisse pas personnellement cet ami en question. Je hoche la tête en écoutant Freya me donner quelques détails supplémentaires sur le pourquoi de son renvoi. Rien de bien précis cependant, mais je tiens à respecter sa vie privée. Elle sait que si elle a un jour envie – voire besoin – de se confier davantage, elle pourra le faire sans aucun problème. En attendant, mon rôle est de tendre l’oreille et éventuellement apporter un avis, ou un soutien, si elle le demande. Dans ce cas précis, Freya est en pleine remise en question : Elias a menti et trahi sa confiance, justifiant le froid entre eux et, visiblement, la scène qui a mené à son licenciement du casino. N’était-elle pas trop émotive sur le sujet ? J’esquisse une grimace. Il est difficile pour moi de lui répondre en restant objective. « Tu me connais. J’aurais tendance à approuver ton choix. Tu sais bien que pour moi aussi, la confiance est la base d’une relation, quelle qu’elle soit. Et que piétiner la première revient à mettre un terme à la seconde, sans retour en arrière possible. » C’est à cet instant précis qu’un visage très familier me vient à l’esprit et me jette ma propre hypocrisie en pleine face. « D’un autre côté, si j’avais refusé de faire une exception à cette règle quelques années plus tôt, l’un de mes amis les plus proches ne ferait plus partie de ma vie. » Je soupire. « Je suppose qu’on a tous droit à une seconde chance, même si c’est plus difficile de l’accorder quand on a été directement touché. » Je réalise que je ne l’aide pas beaucoup, au final. « Si tu penses qu’Elias la mérite, ne la lui refuse pas par fierté. Ce serait dommage pour tous les deux. » Je préfère tout de même tempérer, ne connaissant pas les tenants et les aboutissants de leur lien, et encore moins de l’objet de leur différend. « Après, si ce n’est pas la première fois qu’il te blesse… » Je laisse ma phrase en suspens. J’en ai bien assez dit pour que Freya déduise le reste seule. D’une manière ou d’une autre, j’espère l’avoir assez aiguillée tout en lui laissant le soin de décider par elle-même si Elias mérite son pardon ou non. Intérieurement, j’espère qu’ils réussiront à régler leurs problèmes pour repartir sur de bonnes bases, comme Marius et moi l’avons fait avant eux… Tout en grattouillant Alpha – et en me taquinant au passage, mais que serais-je sans les douces moqueries de ma jeune protégée ? – Freya me promet de revenir à la maison un week-end entier pour m’aider à lutter contre les baleines mangeuses d’Hommes. J’éclate de rire avant de répondre sur le même ton. « Elles n’auront aucune chance face à nous ! » L’ambiance est légère, mais intérieurement, mon cœur est touché, et mon émotion, bien réelle. Entre deux blagues, j’ai surtout retenu que Freya allait passer plus souvent, ce qui me remplit de bonheur. Et parce que je ne lui souhaite que le meilleur, j’espère que lors de sa prochaine visite, elle m’annoncera que son nouveau boulot lui convient, que tout s’est arrangé avec Elias, et que la famille Doherty continue à se comporter bizarrement – autrement dit, à rester loin des imprévus et des bavures. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, quand bien même elle aurait à nouveau besoin d’une épaule sur laquelle se reposer, je serais là pour elle. Toujours. « Et en attendant, comme d’habitude, je t’appelle dès qu’il me faut un coup de main pour la fondation. C’est calme pour l’instant, et je suis bien occupée au CMS – migration des baleines oblige – mais bien sûr tu es toujours mon premier coup de fil. » Je me fais la promesse de voir avec Charlie dès cette après-midi afin de lui trouver quelque chose au plus vite. Car je sais qu’avec tout ce qui se passe dans sa vie en ce moment, et en particulier cette soirée qui ne l’a pas laissée indemne, Freya aurait bien besoin de se changer les idées… @Freya Doherty |
| | | | (#)Dim 3 Nov 2019 - 19:23 | |
| Quinn est la sage de son entourage. Un repos sur lequel Freya sait qu’elle peut se poser. Ce n’est pas pour rien qu’elle est arrivée instinctivement ici, perdue et chamboulée, ne sachant pas quoi faire de cet enfer dans lequel elle ne cesse de retomber. Le sujet déviant sur Elias, elle n’est pas très sûre si au final, elle n’aurait pas préféré rester sur le sujet de la drogue et sa soirée décadente qu’elle a eu. Mais la jeune femme écoute tout de même son aînée aux sages paroles, celle qui donne la sensation de toujours savoir quoi dire et quoi faire d’un calme et d’une exemplarité rares. Et tout ce que lui dit Quinn résonne dans sa tête comme un mantra, comme des paroles d’évangile dont elle s’abreuve et se nourrit. Elle pourrait être une gamine qui la regarde avec de grands yeux candides lui demandant de lui raconter le mystère du monde que le résultat serait le même. Elle hoche la tête, elle se mordille la lippe de façon automatique et elle entend les points de suspension de son amie. « C’est qu’il a toujours été présent dans ma vie, que ce soit pour les hauts et les bas. C’qui est ironique, c’est que c’est moi qui lui ai demandé de partir. J’ai pas forcément de fierté mais je cherche peut-être à ne pas tuer ma crédibilité, tu vois ? Et pourtant, il me manque tous les jours. J’ai toujours des réactions trop vives, il passe son temps à me traiter de gamine. » Ses yeux ébènes se perdent dans le vide un moment avant qu’elle les repose sur la jolie blonde en face d’elle. « Mais c’est mon meilleur ami. J’pense que j’serai capable de lui donner toutes les chances du monde parce que… » …je l’aime. Comme un ami, comme un protecteur, comme celui qui a toujours été là pour elle. Ce baiser est loin dans les oubliettes, il est dans le ravin de leur amitié et il faudra beaucoup, beaucoup d’eau pour faire remonter tout ça à leur niveau.
« Evidemment qu’elles n’ont aucune chance face à nous. On est bien plus impressionnantes qu’elles ! » C’est une foutaise, deux poids plumes comme elles face à des baleines. Mais au moins, ça a eu le don de réchauffer un peu l’atmosphère qui s’était un peu trop assombri à son goût. A cause d’elle, parce qu’elle n’est douée que pour cela de toute façon. A trainer ses petites casseroles et ses gros boulets, telle une prisonnière à vie de sa propre existence et du fardeau familial. Mais Freya ne se laisse pas abattre pour autant, elle finit toujours par rebondir par la force des choses, souvent de façon surprenante, toujours sans grand feu d’artifice. Doherty sourit tout en se redressant sur ses jambes alors que Quinn lui affirme de l’appeler pour le besoin de l’association. « Tu peux toujours compter sur moi, gardienne des océans. Les animaux marins ont d’la chance d’avoir une sirène aussi passionnée pour prendre soin d’eux. » Et elle le pense sincèrement malgré la main droite qu’elle met sur sa tempe, tel un signe militaire. Freya admire son amie de tout ce qu’elle peut accomplir au quotidien. Participer à son association lui permet de se dire qu’elle fait au moins un petit quelque chose d’utile pour quelque chose sur cette planète. La suédoise s’avance de quelques pas, pose sa tasse et enlace Quinn. « Merci pour le café, Quinnie. J’te dirai bien de passer quand tu veux chez moi mais bon, on va éviter. » Elle s’éloigne d’elle en souriant puis sort les clés en les faisant gigoter dans sa main. « J’espère que tu regretteras pas d’me les avoir confiées. J’risque d’être envahissante. » Parce que cette vue, ce calme, cette solitude, ce paysage, cet air, tout inspire et respire le bien-être ici. Freya passe la main dans ses cheveux tout en se dirigeant vers la porte. « Fais bien attention de me garder du café en réserve… Ou au moins du chocolat chaud, hein. » dit-elle en souriant avant de faire un signe de la main. « Je t’envoie un message quand j’suis chez moi, d’accord ? » Question de la rassurer peut-être, ou se rassurer elle-même, elle ne sait pas trop. Et juste comme ça, Doherty sort de la maison de Quinn, attrape son vélo et repart le cœur un brin plus léger qu’à l’arrivée. Elle vient de se trouver un refuge pour les moments difficiles. Elle ne peut pas être plus reconnaissante envers son amie.
- Spoiler:
c'est fini pour moi, à toi de voir si on archive ou si tu veux conclure
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| | | | | | | | QUINN&FREYA • listen with curiosity |
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